08 avril 2005 : Mes "dernières JMJ" avec Jean-Paul II
10 avril 2005
De retour de Rome, je vous ouvre mon carnet de route. Il est certes un peu long, mais ces deux jours furent d'une très grande intensité et empreints d'une émotion très forte.
Henri vous le disait : l'entrée dans Rome jeudi en fin de soirée se faisait sans aucun souci. Vendredi, Rome était piétonne, toute circulation automobile était interdite. Des groupes derrières des bannières, des drapeaux convergent silencieusement vers les sites où sera retransmise la messe sur écrans géants. Rome, transformée en esplanade de pélérinage. Rome au rythme du pas de l'homme, pour une rencontre avec le Ciel. Rome la catholique.
Vendredi, je suis frappé dès 7h00 du matin par la ferveur et le silence de ces dizaines de milliers de catholiques, plongés dans la prière ou engoncés dans leur duvet, qui attendent de dire "à Dieu" à leur Pape : troupes scoutes, unités militaires polonaises, groupes constitués, individuels... Le Circo Massimo tranformé en camping se réveille doucement. Au milieu, un autel surélévé est entouré de dizaines de personnes à genoux. Il est bordé de centaines de bougies qui témoignent de la nuit de prières, autant de lumières qui ont brillé dans les ténèbres ... Un calme et un silence pleins de prières accueillent le lever du soleil dee ce 8 avril 2005. Le retour à la prière vers la lumière, fruit de l'oeuvre de Jean-Paul II.
A 08h00, je suis installé en bas de la via de la Conciliazone dans un silence impressionnant dans cette foule de plus de 300 000 personnes. Les douves du château Saint Ange voient des fidèles se réveiller ou continuer un sommeil réparateur. La fatigue se lit dans tous les regards. Les écrans géants montrent des images silencieuses qui retracent la vie de Jean-Paul II, la Pologne en guerre, son ordination, son pontificat, ses voyages, sa force et sa maladie. Le sacrifice de sa vie et l'esprit missionnaire, oeuvre de Jean-Paul II.
Un SMS me prévient à 09h30 qu'il reste de la place disponible sur la Place Saint Pierre. A 10h05, j'arrive donc sur ce site soi-disant inaccessible et trouve des places dans le tiers des pélerins les plus proches de l'autel entre un drapeau algérien, plusieurs polonais, sud-africains... La grâce de Dieu m'a donc permis d'assister dans les meilleures conditions à la messe d'enterrement du Saint Père. La même ferveur, la même peine, la même ambiance pleine de charité, de gentillesse de la part de tous les pélerins. Pas d'exubérance, de la profondeur. Pas de sanglots, des larmes discrètes entre deux Ave. Jean-Paul II se retrouve une nouvelle fois, une dernière fois, entouré de tous les jeunes qu'il était allé chercher sur tous les continents. Et ces jeunes, ces foules prient, communient, joignent le Ciel dans une ferveur et un silence indicibles. Et c'est bien là l'essentiel. Si haut et si loin des mesquineries, des erreurs, de la petitesse de ce bas monde... Le retour à une foi solide, à un dialogue avec Dieu, fruit de l'oeuvre de Jean-Paul II.
L'après-midi, les groupes se dispersent dans les différentes rues ou églises de Rome. Les prières continuent Place Saint Pierre, dans les basiliques consacrées, dans la rue... Les panneaux d'affichage mis en place pour la campagne électorale sont toujours en place et sont recouverts comme tous les panneaux publicitaires de grands portraits de Jean-Paul II avec des mots simples : "A Dio", "grazie"... Pas un magasin sans une photo du Saint-Père ou un mot de remerciements... Je ne peux m'empêcher de penser le coeur gros à la France, tristement, honteusement... mais le groupe décide de rester dans cette proximité du Ciel et dans l'ambiance de foi qui règne dans Rome, capitale mondiale de la chrétienté ce jour-là, et l'on passe dans des basiliques consacrées joindre nos dernières prières du jour à celles de ces catholiques de tous les pays. L'unité des catholiques du monde, fruit de l'oeuvre de Jean-Paul II.
"Entrez dans l'Espérance"
Samedi très tôt, le départ du Rome se fait sans encombre et le retour sur la France est difficile de réalisme :
"N'ayez pas peur!", allez à Rome, regroupez-vous autour du Pape dans le coeur de l'Eglise et dans la communion des Saints. Ce qui semblait folie pour l'homme, fut une oeuvre de la grâce. Tous les français rencontrés à Rome ont été touchés par la Grâce à l'image de ce couple parti de France jeudi à 18h00 et qui garait sa voiture à 200 m du Vatican à 04h00 du matin vendredi.
Jean-Paul II n'est plus. Nous avons vécu cette dernière journée autour de lui, avec lui, pour lui dire "à Dieu". Il nous a lancé sur la Route de la Nouvelle Evangélisation. Rentrons de Rome la catholique vers notre France, malade, renégate, impie, à la fois fille aînée de l'Eglise et enfant prodigue, pour continuer cette oeuvre de mission dans nos familles, nos quartiers, nos paroisses, nos rues... La tâche n'est pas facile, elle est miséricorde. On se croit peu nombreux. Qu'importe! On a la force de la Foi, la puissance de la prière et l'audace de la jeunesse. Jean-Paul II, aujourd'hui dans l'éternelle jeunesse, ne nous a-t il pas dit : "Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier"?