[L'écart entre les deux candidats qui s'affronteront dimanche se resserre dans les sondages : le catholique conservateur Lech Kaczynski (PiS) ne serait plus qu'à 6 points derrière le libéral Donald Tusk, auquel le président sortant, communiste reconverti, vient d'apporter son soutien.
Notre "correspondant" Marek nous décrit l'ambiance délétère de la campagne.]
En Pologne, la Wehrmacht est venue prendre part aux élections présidentielles. L'un des lieutenants de Lech Kaczynski, Jacek Kurski, a en effet révélé que des sources sérieuses provenant des bords de la mer Baltique (région d'où est originaire Donald Tusk) ont été transmises au QG du parti Droit et Justice (PiS). D'aprés ces informations, le grand-père de Donald Tusk aurait servi l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale sous l'uniforme de la Wehrmacht, et ce en tant que volontaire.
Cette nouvelle a provoqué un grand émoi au sein de la population d'un pays dont on sait combien il a souffert des nombreuses guerres et des partages au cours de son histoire, et en particulier des blessures provoquées par le Nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Jacek Kurski a été désavoué pour ce geste jugé "peu courtois", y compris dans son propre camp, et expulsé du parti aprés un procés interne - mais un deuxième procès aura bientôt lieu.
En effet, s'il n'est pas encore confirmé que le grand-pére de Donald Tusk ait été volontaire pour servir la Wehrmacht, il l'a néanmoins bel et bien servie, d'après une enquête réalisée par la télévision polonaise TVP et TVN. Les services allemands qui gérent l'identité des soldats ayant servi Adolf Hitler refuseraient de collaborer à l'enquête, mais de nombreux témoins affirment que le grand-père du candidat libéral avait signé de manière volontaire.
Il pourrait paraître étrange, d'après le quotidien Nasz Dziennik ("Notre Journal") dans son édition du 15 octobre 2005, de voir que Donald Tusk, historien de formation, n'ait pas été au courant du passé de sa propre famille alors qu'il savait par ailleurs pertinemment que le frère de son grand-père avait servi la Wehrmacht, et ce tout en connaissant l'importance que joue l'histoire au sein de la population polonaise (Source).
L'hebdomadaire Gazeta Polska ("Gazette Polonaise") vient par ailleurs de révéler qu'une manipulation avait été mise en place pour discréditer aux yeux de l'opinion publique Lech Kaczynski ainsi que Zbigniew Wassermann, membre (PiS) d'une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée au domaine pétrolier PKN Orlen, et donc au pouvoir post-communiste en place jusqu'à présent. Selon Zbigniew Ziobro (PiS), l'affaire, qui consistait à faire parler l'un des principaux témoins de la mafia du pétrole, Andrzej Czyzewski, a échoué (Source).
Comme le souligne le journaliste de la chaîne Polsat Tomasz Lis, aucun des deux candidats n'est à l'abri d'une révélation compromettante à quelques jours, voire à quelques heures, du second tour. Pour le journaliste, l'effet maximal serait obtenu en révélant une information "choc" juste avant le silence électoral qui prévaut le samedi, et pourquoi pas à 17h vendredi, pour ne pas donner le temps au candidat concerné de riposter. L'information passerait alors une dernière fois dans les journaux du soir à 20h et 21h, et les électeurs auraient toute la journée de samedi pour la digérer.
Tomasz Lis rappelle ainsi l'élection présidentielle américaine de 1980 : le Président démocrate Jimmy Carter avait été à cette époque en lutte contre le républicain Ronald Reagan alors qu'au même moment les otages de l'ambassade américaine étaient retenues par des terroristes iraniens. La libération des otages aurait sans aucun doute donné la victoire aux démocrates, mais c'est au moment de l'investiture du nouveau président républicain que les otages américains étaient libérés.
Finalement, il arrive souvent qu'une élection présidentielle se joue à peu de choses. Espérons que celle du 23 octobre en Pologne se joue dans un esprit sain malgré tout, en évitant des scandales empreints de calomnies...
Marek