Affaire Gotovina : le scandale Del Ponte
11 décembre 2005
Le procureur du TPIY accusait en septembre le Vatican de cacher Gotovina dans un monastère croate, or il a été arrêté aux Canaries. A-t-elle pour autant menti ? Peut-être, dira-t-on, Gotovina était-il en effet dans un monastère croate en septembre, ou du moins Del Ponte le pensait-elle...
Il semble bien que Del Ponte, dans ses accusations contre le Vatican et la Croatie, ait délibérément menti. Le site d'actualité européiste Café Babel
... présume aujourd’hui que Carla Del Ponte savait, et ce dès le mois d’octobre, que Gotovina se trouvait en Espagne.
Mais cette version est démentie par Del Ponte elle-même, d'après l'Associated Press :
Del Ponte a déclaré jeudi qu'elle savait depuis septembre que Gotovina était en Espagne, mais elle en avait gardé le secret.
Rappelons donc la chronologie des étranges manoeuvres de Mme Del Ponte :
- Le 20 septembre, elle déclare dans une interview avoir "des informations selon lesquelles [Gotovina] se cache dans un monastère franciscain" en Croatie.
- "En septembre" (avant cette interview ? quelques jours après ?) , elle apprend que Gotovina est en Espagne. Elle ne retire à aucun moment ses accusations contre l'Eglise.
- Alors que le 30 septembre et le 1er octobre encore Del Ponte fait mine de reprocher à la Croatie son manque de coopération, le 3 octobre elle lève miraculeusement ses objections. L'ouverture de négociations d'entrée de la Croatie dans l'UE devient alors possible : c'était la condition pour que l'Autriche accepte que commencent celles avec la Turquie. Pour mesurer la soudaineté du retournement de Del Ponte, on se reportera à cette déclaration du ministre des Affaires Etrangères Douste-Blazy le 3 octobre :
[L]e Procureur du Tribunal pénal international, Mme Carla Del Ponte, nous disait, depuis plusieurs mois, que le gouvernement croate ne collaborait pas dans la recherche des criminels de guerre. Depuis quelques heures, Mme Del Ponte nous dit que le gouvernement croate collabore parfaitement avec le Tribunal.
Difficile de ne pas voir un lien entre les manoeuvres de Del Ponte et l'ouverture de négociations avec la Turquie, même si cela reste du domaine de la conjecture.
Yves Daoudal appelle Mme Del Ponte à "formuler ses plus plates excuses au gouvernement croate, aux Franciscains, à la Secrétairerie d’Etat, et au pape." Mais elle doit à notre sens davantage que des excuses : de sérieuses explications.
Un peu de la même manière qu'on accusait jadis le Vatican de cacher d'anciens criminels nazis. Bref, rien ne change sous le soleil et comme l'affaire a été très peu médiatisée, ça ne risque pas.
Rédigé par : florent | 16 décembre 2005 à 03:56