Avec le débat sur les aspects 'positifs' de la colonisation, pourquoi pas un débat sur les aspects négatifs de la Révolution ?...
Le président de la Confédération suisse en 2005, Samuel Schmid a reçu un camouflet lors d'une visite officielle à Paris, le 18 novembre. Ce jour-là, après une entrevue avec Jacques Chirac, le chef du Département fédéral de la défense s'est rendu au Musée de l'armée pour y dévoiler une plaque rappelant le martyr des gardes suisses de Louis XVI, massacrés aux Tuileries lors des émeutes révolutionnaires du 10 août 1792. Bien que répondant à une initiative prise par un organisme privé du nom de Fondation 1792, la cérémonie n'en revêtait pas moins un caractère officiel, puisqu'elle avait lieu à un échelon ministériel. Michèle Alliot-Marie n'y a pas assisté. Cet acte commémoratif avait pourtant été inscrit par l'ambassade de Suisse à Paris au programme officiel de la visite du président de la Confédération. Porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères, Lars Knuchel a déclaré : «La ministre française de la Défense s'est associée à la cérémonie en y délégant son secrétaire général, qui est le plus haut représentant administratif du ministère.»
Le problème, c'est que la plaque était destinée à la chapelle expiatoire, là où se trouve le charnier de plus de 600 gardes suisses morts dans des conditions effroyables. Prétextant un décompte des cadavres inférieur de quelques unités à celui retenu par le comité commémoratif, le Ministère de la culture, propriétaire de la chapelle expiatoire, a refusé la pose de la plaque à cet endroit.
La République n'assume pas son passé révolutionnaire, en particulier les tueries sauvages qui ont eu lieu. A la suite d'un article paru début décembre dans L'Action française 2000, une pétition a été lancée en France pour réclamer la pose de la plaque à l'endroit initialement prévu. Celle-ci est actuellement en dépôt au Musée de l'armée (Invalides), en attendant de trouver place dans des salles en réfection qui ne seront rouvertes au public qu'en 2008 !
La pétition, qui a déjà récolté 160 signatures (parmi lesquelles Jean Raspail et le Suisse Rodolphe de Pfyffer, dont plusieurs aïeux ont servi comme officiers dans la garde suisse des rois de France), sera remise au président de la Confédération, au maire de Paris ainsi qu'au ministre français de la Culture. C'est un Suisse de 27 ans, Matthias Georg Baumberger, diplômé de Sciences-po Paris, qui a créé en 2003 la Fondation 1792, dont le but est la pose à la chapelle expiatoire d'une plaque commémorant le sacrifice des gardes suisses. La fondation compte parmi ses membres, l'ancien ambassadeur à Paris Benedikt von Tscharner et l'excommandement de la Garde pontificale suisse Pius Segmüller.
Visiblement ennuyée par le tour pris par cette affaire, la France cherche à temporiser. «Aucune décision définitive n'est arrêtée, assure le directeur du Centre des monuments nationaux, Denis Berthomier. Nous poserons cette plaque là où l'Etat nous dira de la poser.»
Michel Janva