Robien n'a pas supprimé la méthode (semi)globale
26 juillet 2006
On se souvient que le ministre de l'éducation, Gilles de Robien, voulait supprimer les méthodes dites globales ou semi-globales pour l'apprentissage de la lecture. Le docteur Wettstein-Badour montre qu'il n'en n'est rien, tant dans les directives ministérielles qu'à l'école. Les déclarations initiales du ministre étaient extrêmement fermes (interdiction de la méthode globale ou assimilée d'apprentissage de la lecture, retour aux méthodes syllabiques) et la circulaire du 5 janvier allait dans ce sens :
"Apprendre à lire résulte de la découverte du principe alphabétique de notre langue. [...] L'apprentissage de la lecture passe par le décodage et l’identification des mots conduisant à leur compréhension. L'identification des mots n'a rien à voir avec une devinette et son apprentissage se construit progressivement. [...] L'automatisation de la reconnaissance des mots nécessite des exercices systématiques de liaison entre les lettres et les sons et ne saurait résulter d’une mise en mémoire de la photographie de la forme des mots qui caractérise les approches globales de la lecture : j'attends donc des maîtres qu'ils écartent résolument ces méthodes."
Mais l'arrêté du 24 mars a plombé ce voeu. Extrait :
"pour ce faire, on utilise deux types d’approche complémentaires : analyse de mots entiers en unités plus petites référées à des connaissances déjà acquises, synthèse à partir de leurs constituants de syllabes ou de mots réels ou inventés."
Cette phrase décrit exactement les méthodes mixtes (encore appelées à départ global, semi-globales, naturelles, par hypothèses, et depuis peu intégratives) ! Plus ahurissant encore cette phrase interdit juridiquement l’utilisation des méthodes alphabétiques. Courant juin, toutes les écoles ont reçu du ministère une plaquette destinée aux enseignants et aux parents. A la page 3, on y trouve un texte intitulé "A compter de la rentrée scolaire 2006 les programmes de l’école primaire publiés en 2002 sont modifiés par l’arrêté ministériel du 24 mars 2006 (BO –n°13 du 31 mars 2006)." Curieusement ce texte ne contient pas la phrase clef analysée ci-dessus ! Ce qui a permis au ministre d'adresser début juillet cette plaquette à tous les parlementaires accompagnée d’une carte de visite sur laquelle on peut lire :
"J’ai le plaisir de vous transmettre la plaquette expliquant les méthodes de lecture applicables dès la rentrée prochaine, abandonnant les méthodes globales et assimilées."
C'est un peu facile. Et pourtant. Outre le fait que les enfants n'apprendront pas à lire, les parents sont désinformés. Les concepteurs de la méthode Lire avec Patati et Patata l'ont bien compris : ils présentent aux enseignants leur méthode semi-globale d'apprentissage de la lecture sous d'autres termes :
"Lire avec Patati et Patata était avant tout une méthode d'apprentissage du code. C'est une méthode à caractère syllabique originale et complète. [...] Le retour éventuel à une démarche syllabique exclusive nous inquiète !"
S'ensuit une stratégie de communication envers les parents :
- "On ne dira plus "acquisition globale de mots", mais "mémorisation de mots"."
- "A "reconnaissance globale des mots" on préférera désormais l'expression "lecture par voie directe"."
- "En principe, à partir de là, plus personne ne pourra dire que vous pratiquez la méthode globale ou semi globale."
Et oui, les dinosaures ont du mal à se transformer en libellules, même avec un bon déguisement et des ailes en papier crépon...
Il existe une autre méthode avec laquelle les enfants savent lire dès le mois de janvier (et savent même écrire avant de savoir lire) : c'est la méthode Montessori mais pour cela chers parents, il vous faudra inscrire vos enfants en écoles privées...
Rédigé par : mariemarie | 26 juillet 2006 à 15:49
Une fois de plus ceux qui nous gouvernent se déculottent devant la pression idéologique
Les parents ne s'y tromperont pas lorsqu'ils verront leurs boud'chous obligés de mémoriser un nombre impressionnants de mots pour leur faire croire qu'ils savent lire.
La lecture directe est une torture pour le cerveau en plein apprentissage qui n'est pas fait pour ça
Je sais de quoi je parle : J'étais isntitutrice suppléante dans le primaire sous contrat(jusqu'à il y a quelques semaines car depuis la direction diocésaine dont je dépends m'a fait comprendre que je ne faisais pas l'affaire)
J'ai vu mes petits élèves de CP pleurer sur une page d'un célèbre fichier de lecture (vous savez celui avec un fantöme...) où ils devaient décrypter un texte à l'aide de 5 ou 6 mots qui leurs étaient (en principe) connus par mémorisation :
"Maîtresse, c'est trop dur, j'y arrive pas"
....
Rédigé par : Maguelone | 26 juillet 2006 à 15:54
Une seule solution : tous dans le hors contrat !
Enfants, parents d'élèves, profs, soutenons les écoles privées hors contrat, les associations comme créersonécole.com de l'excellente Anne Coffinier...
Le mamouth n'est pas réformable de l'intérieur.
Il faut le briser de l'extérieur.
Rédigé par : Hugues Auffay | 26 juillet 2006 à 16:00
"lecture par voie directe" : en lisant la prose de nos experts xyloglotes (=langue de bois) je comprends mieux pourquoi après avoir passé toute leur enfance entre les mains de la Rééducation nationale les Français sont (pour la plupart, encore que je pense que c'est de moins en moins vrai) prêts à accepter beaucoup de choses inacceptables, pourvu qu'on emploie des termes choisis. Vive la lecture par voie indirecte !
Rédigé par : | 26 juillet 2006 à 16:04
franc maçonnerie quand tu nous tiens ...
Rédigé par : | 26 juillet 2006 à 16:11
Pour compléter Hugues Auffay :
N'oublions pas que les écoles hors contrat sont très très chères (là aussi je sais de quoi je parle)
Or, jamais les élèves ne sont refusés pour des questions d'argent. C'est donc l'école qui supporte le coût des scolarités que ne peuvent payer certaines familles.
Il faut donc soutenir l'Association Education Solidarité (Asseducsol) du P. Bonnet qui aide par des bourses ces familles.
Rédigé par : Maguelone | 26 juillet 2006 à 16:17
La subversion du langage est telle que l'on qualifie dans les textes branchés les méthodes de lecture comme suit :
* intégratives ( = semi-globale ; qui est contre l'intégration ? ) ou
* étapistes ( = syllabiques ). Il s'agit bien d'apprentissage par étapes, mais le mot le plus proche est gestapiste. Je ne pense pas que ce soit par hasard.
Le même utilisateur de ces concepts (Roland Goigoux, prof à l'IUFM de Clermont-Ferrand et le plus brillant successeur du regrettable Meirieu ) n'hésite pas à refuser la réalité en une phrase qui va faire bondir les lecteurs du Salon Beige ( Libération Vendredi 2 septembre 2005 sous-titré "La guerre des méthodes est finie" : " À l'entrée au collège aujourd'hui, les deux tiers des élèves, ceux qui décrocheront le baccalauréat huit ans plus tard, sont d'excellents lecteurs qui accèdent à une compréhension fine des textes, sachant lire l'implicite entre les lignes ; c'est un progrès significatif, même s'il reste insuffisant, que l'on doit à la rénovation de l'enseignement de la lecture, de la maternelle au CM2."
Rédigé par : Feravec | 26 juillet 2006 à 16:46
liberté du choix de l'école.
Un homme qui ne peut choisir l'éducation de ses enfants n'est pas un homme libre.
Rédigé par : hello | 26 juillet 2006 à 16:55
Merci pour cette précision Maguelone, je voulais citer les associations proposant la mise en place de financement pour aider les familles souhaitant mettre leurs gamins dans le hors contrat mais je n'avais pas la référence sous la main.
Je crois qu'il y en a une autre qui propose un système de financement par la répartition de produit de SICAV entre le souscripteur et l'école privée ?
Par ailleurs, il faut nuancer l'idée selon laquelle le hors contrat est hors de privé par rapport au privé sous contrat.
J'ai fait la comparaison entre les écoles hors contrat qui me concernent (Saint-Pie X à Saint-Cloud, Saint Dominique, Sainte Geneviève du Père de Blignières) et les écoles sous contrat similaires pour mes enfants et les coûts sont trés proches (il faut prendre en compte les frais d'inscription, certes, mais également le prix des cantines, les fournitures scolaires, etc... et souvent le hors contrat ne pousse pas aux dépenses annexes contrairement au privé sous contrat).
Rédigé par : hugues auffray | 26 juillet 2006 à 17:12
@ hugues Affray : c'est tout à fait vrai.
Reste que la somme mensuelle de la scolarité peut être quand même trés indigeste pour les familles à tout petit budget.
Rédigé par : Maguelone | 26 juillet 2006 à 17:38
je suis professeur.
Ca n'est pas la première fois que je me rends compte que les déclarations des personnalités ne correspondent pas ensuite aux circulaires ou arretés paraaissant dans le BO.
En outre qui sait que la gigantesque manifestation anti-Allègre de 1999 et 2000 ne concernait pas du tout les "moyens" mais les méthodes d'apprentissage et les coupes sombres dans les programmes, faites de surcroit n'importe comment ? Toutes les matières étaient concernées par les méthodes globales et les professeurs les refusaient. La grogne a duré beaucoup plus lontemps que ne l'ont dit les medias, les parents étaient très nombreux aussi.
Belle manoeuvre de désinformation...L'opinion publique s'est retournée durablement contre les professeurs...
Rédigé par : laure | 26 juillet 2006 à 20:20
rions un peu:
"Nous avons déjà établi un plan pour subjuguer les esprits, au moyen de l'enseignement intuitif (l'enseignement par les yeux), auquel on attribue la propriété de rendre les Gentils incapables de penser par eux-mêmes ; en sorte que, tels des animaux obéissants, ils attendent la démonstration d'une idée avant de chercher à la saisir. L'un de nos meilleurs agents, en France, est Bouroy [Les traductions allemande, américaine et polonaise donnent : Bourgeois.] ; il a déjà introduit dans ce pays le nouveau système de l'éducation intuitive".
Rédigé par : Serviteur | 27 juillet 2006 à 09:10
@ serviteur
Quelle est la source émettrice de ce texte? Merci
Rédigé par : mariemarie | 27 juillet 2006 à 10:16
un vieux truc... un faux notoire.
Rédigé par : Serviteur | 27 juillet 2006 à 10:35