Circulaire Sarkozy : au moins 6000 régularisations
23 juillet 2006
Dans un entretien au Figaro de lundi, le ministre a précisé qu'environ 30% des dossiers devraient aboutir à la régularisation des étrangers. "Si les premiers dossiers examinés sont représentatifs de l'ensemble des demandes", cela se traduirait par la régularisation de 6000 personnes, sur les 20000 dossiers attendus, précise le ministre.
Demain, à l'occasion d'une rencontre avec les préfets, une conférence de presse est prévue au ministère de l'Intérieur, au cours de laquelle Sarkozy devrait notamment préciser les chiffres concernant l'application de la circulaire du 13 juin. Cette circulaire prévoyait une régularisation pour les familles ayant des "attaches fortes" en France, c'est-à-dire dont les parents habitent dans l'Hexagone depuis 2 ans, dont les enfants sont nés en France ou sont arrivés avant l'âge de 13 ans, et qui sont scolarisés depuis septembre 2005. Mais on sait déjà que cette circulaire a été violée par le ministre lui-même.
J'aimerais vous faire partager, sur le sujet des sans-papiers, les soucis que nous donne l'attitude d'une partie du clergé belge.
Voici ce que j'ai écris à mon curé et qui, mutatis mutandis, devrait convenir à certaines paroisses françaises.
Lettre ouverte à mon curé (et ami)
Cher Michel,
comme tu le sais, je ne partage pas du tout tes choix dans la question de la gestion de l'ensemble du problème de l'immigration clandestine.
Comme tu fais appel à tous pour participer à une manifestation, et que je fais partie, aux yeux de tous (et avec plaisir), de ta «garde rapprochée», surtout ne le prend pas mal, mais j’estime à mon tour ne pas pouvoir me taire.
Non seulement je pense qu'il ne faut pas participer à cette manifestation du 17, « en faveur des sans papiers », mais je crois que tu fais fausse route à ce sujet, tout comme une partie de l'Eglise de Belgique.
Il est évident que des cas individuels "émouvants et même tragiques" comme tu dis dans ton message, peuvent et doivent nous toucher, mais ce n'est pas une raison pour tout mélanger, pour utiliser nos églises à ce à quoi elles ne doivent pas servir (Ah, si les sans papiers invitaient tous les chrétiens à les y rejoindre pour prier ensemble... mais je crains que la prière, tout comme d'ailleurs le moindre respect pour la maison du Seigneur, soient à mille milles des soucis de la toute grande majorité d'entre eux et surtout de ceux qui les manipulent). Ce n'est surtout pas une raison pour lancer l'Eglise et ses fidèles dans une action politique dictée par de "bons sentiments".
Que les chrétiens et l'Eglise rappellent au politique son devoir d'humanité dans la gestion du dramatique contentieux que représente aujourd'hui l'immigration en Europe, je le conçois volontiers et avec la plus grande sympathie, mais que nous confondions devoir de chrétien et bons sentiments, cela s'appelle de l'infantilisme.
Certains ont sans doute une arrière pensée de type démagogique et espèrent, en ouvrant leurs portes, donner une image généreuse à l'Eglise. Je crois qu'ils se trompent gravement . Je crois que rien ne peut justifier des actions qui, non seulement sortent totalement de notre mission spirituelle, mais qui y nuisent grandement. Combien de chrétiens ne s'écartent-ils pas d'une église dont les prêtres s'épuisent (regardez-vous dans la glace et voyez les cernes sous vos yeux) dans des combats qui ne sont pas les leurs, qui acceptent qu'on profane les lieux du culte pour des revendications matérielles et idéologiques ? Tu es, pourtant, le premier à reconnaître que vous n’avez plus la disponibilité suffisante non seulement pour animer nos églises, mais même pour enseigner Jésus à nos enfants, et l'Evangile aux jeunes générations. Je regrette d'avoir à être désagréable mais cet engouement de certains chrétiens, de prêtres, et mêmes d'évêques, pour la cause de l'immigration clandestine ressemble furieusement, me semble-t-il, à une fuite en avant oublieuse de leur devoir d'état.
S'il s'agit de se préoccuper d'abord des plus malheureux, je signale qu'il y a déjà largement de quoi s'occuper chez nous, sans favoriser pour autant l'importation de la misère du reste du monde. Nous ne manquons absolument pas de cas "émouvants et tragiques" et nous n'avons, par ailleurs, absolument pas les moyens de nous préoccuper de tous les cas "émouvants et tragiques" qui se présentent à chaque seconde partout dans le monde. Et, sans le moindre égoïsme, je refuse de me culpabiliser pour cela.
Par contre, je voudrais quand-même insister sur l'incohérence qu'il y a à mobiliser furieusement les catholiques pour une action politique en faveur d'un minimum de confort matériel pour certains étrangers, alors que les mêmes ne bougent même plus quand nos responsables politiques se permettent d'édicter chez nous, des lois, arrêtés et règlements, qui vont diamétralement à l'opposé des bases mêmes de la morale chrétienne, de l'enseignement de l'Eglise et du message de l’Evangile.
Je rappelle à mes frères dans le Christ que chaque jour sont tués légalement dans notre pays des êtres humains par dizaines, par centaines, qui n'auront jamais l'occasion d'avoir droit à des papiers, sous prétexte que leur naissance nous mettrait dans l'embarras. Je rappelle qu’on supprime légalement dans notre pays les vieillards, et sans doute bientôt les handicapés, parce que la dégradation de leur capacité à vivre nous dérange. Je rappelle que des expérimentations sur la vie et sur la procréation nous rapprochent chaque jour, en parfaite légalité, des méthodes d’eugénisme les plus monstrueuses. Je signale que tout un arsenal législatif a été progressivement mis en place pour détruire la famille comme cellule fondatrice de nos relations sociales, qu’on favorise sans cesse le divorce alors que tout est fait pour dissuader le mariage, mariage qu’on ridiculise en prétendant y amener légalement les homosexuels qu’on autorise dans la foulée à adopter des enfants, etc.… etc.…
Ah si nos prêtres nous mobilisaient pour occuper nos églises 24h sur 24, pour y prier sans discontinuer jusqu’à ce que l’Esprit éclaire nos élus et que soient revues et corrigées toutes ces législations de mort, j’y verrais une merveilleuse cohérence, et je ne serais pas le dernier à participer avec enthousiasme. Hélas, nous devons le reconnaître car nous en sommes tous responsables : notre foi et notre espérance ne sont pas assez fortes pour cela.
Mais alors, au lieu de nous lancer dans d’autres combats « politiques » qui ne nous appartiennent pas, ne devrions-nous pas nous interroger d’avantage sur les raisons de notre désespérante faiblesse dans les combats les plus urgents, les plus nécessaires, qui devraient être les-nôtres et ne pas nous laisser une seconde de répit ?
Mon cher Michel, j’espère que la présente, loin de briser quoi que ce soit, ne fera que souder d’avantage l’estime que nous nous portons mutuellement, ... à force de partager le chemin.
PASCAL.
Rédigé par : Pascal de Roubaix | 24 juillet 2006 à 10:08
J'aimerais aussi vous signaler un lien qui me tient à coeur: celui du site de l'Institut Thomas More, un "think tank" européen que j'ai eu le plaisir de fonder avec des amis français:
WWW.institut-thomas-more.org
Rédigé par : Pascal de Roubaix | 24 juillet 2006 à 10:11
J'ai lu l'édition papier du Figaro d'aujourd'hui. A part le Carnet du jour, toutes les pages contiennent un article sur les problèmes liées à l'Islam : pb de délinquance en France, terrorisme en Irak, guerre au Liban...
On dirait que l'histoire s'accélère.
Rédigé par : | 24 juillet 2006 à 17:16