L'avortement dans la doctrine sociale de l'Eglise
18 octobre 2006
Le Conseil pontifical Justice et Paix et l’Association Internationale pour l’Enseignement Social Catholique ont organisé une conférence sur "La défense de la vie : une mission pour l’enseignement social catholique." Le Père Thomas D. Williams, doyen de l’école de théologie à l’université Regina Apostolorum de Rome, a présenté une réflexion sur le rapport entre la question de l’avortement et la doctrine sociale catholique :
"Dans sa lettre d’invitation, le cardinal Renato Martino avouait avec une grande franchise que "la doctrine sociale de l’Eglise, à nos jours, n’a pas suffisamment mis l’accent qui est lui est dû sur la défense de la vie, de sa conception à sa fin naturelle." [...] Traditionnellement l’avortement n’a pas été inclus dans la sphère de la doctrine sociale catholique. [Dans Evangelium Vitae] le pape Jean Paul II a lié de manière explicite la question de l’avortement à la pensée sociale catholique. Il dresse une comparaison entre l’avortement en tant qu’injustice sociale et la question ouvrière, traitée par Léon XIII en 1891. Voici les propres mots de Jean Paul II :
"De même qu’il y a un siècle, les classes ouvrières étaient privées de leurs droits fondamentaux et c’est l’Eglise qui, très courageusement, est venue à leur défense en proclamant les droits sacro-saints de l’ouvrier en tant que personne, de même aujourd’hui, alors qu’une autre catégorie des personnes est privée du droit fondamental à la vie, l’Eglise se sent tenue de s’exprimer avec le même courage au nom de ceux qui n’ont pas de voix" (numéro 5).
[...] Le principe de base qui gouverne le champ entier de la pensée sociale catholique est celui de la vertu de la justice sociale, qui s’articule autour des principes de solidarité, de subsidiarité et du bien commun. Le bien commun exige une organisation sociale qui prévoie et défende les droits de l’homme, au rang desquels le tout premier et le plus fondamental est le droit à la vie. [C]haque année, environ 46 millions d’avortements légaux ont lieu de par le monde, un chiffre qui, à lui tout seul, fait de l’avortement un problème social aux proportions gigantesques. En second lieu, il implique la mise à mort des membres les plus innocents et les plus vulnérables de la société. Troisièmement, ce mal est commis de manière à la fois systématique et légale et confère, de ce fait, à l’avortement un vernis de légitimité morale. [...] Quatrièmement, l’avortement renouvelle l’erreur historique qui consiste à prendre une classe entière d’êtres humains et à les reléguer à un statut de deuxième classe, privés de leur dignité humaine de base et des droits qui en découlent."
Messeigneurs les évêques Portugais n'auront plus de raison de se taire. Les Français non plus d'ailleurs...
Rédigé par : nono | 18 octobre 2006 à 10:21
Je viens de lire ce texte en entier et je le trouve remarquable. Il faut vraiment le faire connaître. Il désenclave la question de l'avortement de la catégorie bioéthique pour le remettre au coeur du débat de société. J'espère que tous ceux qui se préocupent surtout de combat social (et mettent de côté la question de l'avortement) le liront. Ils verront que leur combat n'a de sens que s'ils défendent en premier les droits des plus faibles de nos citoyens : les enfants dans le ventre de leur mère.
Rédigé par : Noel | 18 octobre 2006 à 13:50
L'avortement n'est pas qu'une question de morale de l'individu, c'est une des marques de l'élévation d'une civilisation dans sa conception de la dignité de l'être humain. Cela interpelle ceux qui dans la droite nationale pensent que pour faire peuple et séduire les électeurs dits de gauche qui votent "national" depuis maintenant 15-20 ans (et dont on se demande encore en quoi ils sont totalement de gauche), il faut adopter un discours calqué sur celui de la gauche en matière sociale et bio éthique : ce n'est pas en courant après le mal collectif et la décadence pour tenter de la rattraper qu'on se donne les moyens politiques et de morale commune pour les arrêter et commencer une oeuvre de redressement national : faire cela, c'est faire du Chirac, qui lui-même, avec le même raisonnement, fait le Thorez de 1945.
De telle sorte que la droite nationale, à force de se vouloir "populaire de gauche", n'est plus de droite, et n'est plus nationale. Et qu'elle renforce le discours socialiste et anti civilisationnel de la gauche. Ahurissant non ?
Rédigé par : Pascal G. | 18 octobre 2006 à 16:45