Dans Présent, Me Trémolet de Villers revient sur les gaffes à répétition de Ségolène Royal et sur le critère non négociable qui doit décider du vote des chrétiens :
"Telle la tortue, vat-elle, dans les sondages, tomber et crever aux pieds des regardants ? Ou devrons-nous admettre, au jour du scrutin, que, décidément, en France, le ridicule ne tue plus ? Je tiens, malheureusement, cette seconde hypothèse comme la plus vraisemblable, quand je vois ce qui reste du bon peuple chrétien applaudir à la conversion du candidat Sarkozy qui, la main sur le coeur, les yeux levés vers le visage d’un moine, dans les rues du Mont-Saint-Michel, lui déclare «j’ai changé», «j’ai changé», et, dans ma France aux yeux de tourterelle, avec l’épée de Jeanne et le verbe de Jean (Jaurès), tout fier de mon nouveau plumage, voyez en moi un nouveau personnage. Dans ses plumes pourtant, entre Péguy et Léon Blum, ce nouveau petit paon a placé l’image – ou même l’icône – comme dit Boutin, sa conseillère – de Simone Veil – Notre-Dame de l’Avortement.
Or, les chrétiens, dans notre monde tel qu’il est devenu, n’ont pas de grands efforts à faire pour reconnaître, dans le discours politique, où sont leurs vrais amis. Ils peuvent être divisés, ces chrétiens, sur le rôle de la fiscalité, le droit au logement, la pratique constitutionnelle et même les conditions d’accueil des immigrés. [...] Aucune famille politique ou religieuse ne connaît un débat aussi ouvert. C’est vraiment la maison de la liberté. Mais, il y a un point sur lequel ils ne peuvent pas transiger, une vraie pierre d’achoppement, un signe de contradiction : c’est le droit à la vie, de la conception à la mort naturelle. C’est l’interdiction légale de tuer un être innocent. C’est à ce signe qu’ils reconnaissent où sont – et où ne sont pas – leurs amis politiques. Tout le reste est calembredaine ou cymbale retentissante. [...]
«Montrez-moi patte blanche ou je n’ouvrirai point !» Il faut convenir que cette patte blanche de la défense de la vie, est un point, chez les loups, rarement en usage. Mais ce n’est pas une raison pour se laisser, une fois de plus, dévorer. Il y a, me semble-t-il, deux candidats – et deux seulement – qui, sur ce point vital (c’est le cas de le dire) et crucial (c’est encore plus le qualificatif qui convient), ont droit à nos suffrages. Deux sûretés valent mieux qu’une. Et le trop en cela ne fut jamais perdu."
Michel Janva