Le "vote utile" et le "prétendu moindre mal"
13 avril 2007
Le père Guarrigues clarifie certains points de son précédent article. Extraits :
"Le refus de voter pour des candidats dont le programme politique comporte des transgressions de valeurs éthiques fondamentales, que le Magistère de l’Eglise considère comme «non-négociables», ne signifie pas pour autant que l’on considère le régime politique qui est le nôtre et son gouvernement comme illégitimes. Ce qui l’est en revanche et qui réclame notre objection de conscience, ce sont certains points des programmes politiques de candidats à une élection et les lois correspondantes qu’ils feront voter s’ils sont élus. [...]
En démocratie le Législateur c’est à la base le corps électoral, lui qui donne la première détermination aux lois à travers les programmes électoraux qu’il choisit [...]. Déresponsabiliser moralement les électeurs serait extrêmement grave car cela irait dans le sens de cet amoralisme procédural que la Note dénonce comme la corruption même de la démocratie. Pour cette raison la Note, même quand elle s’adresse en premier aux élus, prend soin d’ajouter «comme pour tout catholique» (n°4 alinéa 2), ou «programme politique» à «loi» (n°4 alinéa 3), et de formuler son interdit de manière universelle en disant à deux reprises «personne» (n°4 alinéa 2 et 3). [...]
Mais l’électeur n’est responsable que des choix programmés qui sont soumis à son vote. En conséquence, le fait qu’un candidat s’accommode tant bien que mal d’un statu quo législatif déjà voté, alors que celui-ci transgresse des valeurs éthiques fondamentales, peut être considéré comme un moindre mal et ne pas empêcher en conscience de voter pour lui. [...]
Il faut bien comprendre que la responsabilité morale de l’électeur n’est pas engagée de la même manière face à une simple position personnelle d’un candidat et face à un choix programmé qu’il propose explicitement. En décidant de ne pas considérer dans son vote la position personnelle d’un candidat, l’électeur peut invoquer le moindre mal, car l’opinion personnelle du candidat n’engage pas de manière nécessaire le vote d’une loi immorale. En revanche, s’il accepte par son vote un choix programmé qui porte atteinte aux principes éthiques fondamentaux, l’électeur participe de manière effective à la loi qui sera votée ensuite. Dans le premier cas on n’est en présence que d’une intention, on reste dans le domaine du possible. Dans le second on pose un acte de coopération avec le mal, qui est bel et bien réel. C’est pourquoi dans ce cas l’objection de conscience s’impose moralement.
Je ne crois donc pas [...] qu’un catholique cohérent qui souhaite «voter utile» au second tour des prochaines élections présidentielles puisse invoquer en conscience soit l’irresponsabilité de son acte, soit la «coopération matérielle éloignée». Le pape Benoît XVI vient de mettre de nouveau en garde les Européens contre la tentation «d'adopter un comportement pragmatique, aujourd'hui largement diffusé, qui justifie systématiquement le compromis sur les valeurs humaines essentielles, comme si celui-ci était l'inévitable acceptation d'un prétendu moindre mal. Ce pragmatisme, présenté comme équilibré et réaliste, au fond ne l'est pas » (Discours de mars 2007 à l’occasion des cinquante ans de l’Union européenne)."
et pouf, Sarkozy , Bayrou et les promoteurs de l'homofolie au pilori !
Merci de cette précision !
Rédigé par : Petit Garçon | 13 avril 2007 à 16:04
"Le refus de voter pour des candidats dont le programme politique comporte des transgressions de valeurs éthiques fondamentales, que le Magistère de l’Eglise considère comme «non-négociables», ne signifie pas pour autant que l’on considère le régime politique qui est le nôtre et son gouvernement comme illégitimes >>
Et si la vraie et fondamentale question c'était justement celle de la légitimité du régime politique qui est le nötre ?
Et peut-être aurait-il opportun que ce bon père, qui veut nous enseigner dans un domaine où sa compétence vient en concurrence avec celle des laïcs, se rappelle que le premier et le plus célébre exercice de démocratie de notre ère est celui qui a eu lieu à Jérusalem, quand le peuple a eu à choisr entre Barrabas et Jésus !
Rédigé par : charles bories | 13 avril 2007 à 16:33