Naissance de saint Jean Baptiste : Limbes et avortement
24 juin 2007
A lire ce commentaire de l'évangile du jour du père Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale. Extrait un peu long mais essentiel pour en saisir le fond :
"Nous avons une idée très réductive et juridique de la personne, qui engendre une grande confusion dans le débat sur l’avortement. Il semble qu’un enfant acquière la dignité de personne au moment où les autorités humaines la lui reconnaissent. Pour la Bible, une personne est celle qui est connue de Dieu et que Dieu appelle par son nom ; et Dieu, nous est-il dit, nous connaît depuis le sein maternel, il nous voyait alors que nous étions « encore inachevés », dans le sein maternel. La science nous dit que l’embryon renferme tout l’homme en devenir, projeté dans les plus infimes détails ; la foi ajoute qu’il ne s’agit pas uniquement d’un projet inconscient de la nature mais d’un projet d’amour du Créateur. La mission de Jean-Baptiste est entièrement tracée avant sa naissance : « Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies.
L’Eglise a estimé que Jean-Baptiste a déjà été sanctifié dans le sein maternel, par la présence du Christ ; c’est pour cette raison qu’elle célèbre la fête de sa naissance. Ceci nous donne l’occasion d’évoquer une question délicate, qui a pris aujourd’hui une importance particulière à cause des millions d’enfants qui, surtout en raison de la diffusion effrayante de l’avortement, meurent sans avoir reçu le baptême. Que dire de ces enfants ? Sont-ils eux aussi d’une certaine manière sanctifiés dans le sein maternel ? Il y a-t-il un salut pour eux ?
Sans hésiter je réponds : bien sûr que le salut existe pour eux. Jésus ressuscité dit également d’eux : « Laissez venir à moi les petits enfants ». L’idée selon laquelle les enfants non baptisés étaient destinés aux Limbes, un lieu intermédiaire dans lequel on ne souffre pas mais dans lequel on ne jouit pas non plus de la vision de Dieu, s’est répandue à partir du Moyen-âge. Mais il s’agit d’une idée qui n’a jamais été définie comme vérité de foi de l’Eglise. Il s’agissait d’une hypothèse des théologiens qu’à la lumière du développement de la conscience chrétienne et de la compréhension des Ecritures, nous ne pouvons plus maintenir.Cette opinion, que j’exprimai, il y a quelque temps, dans l’un de ces commentaires de l’Evangile, fut l’objet de réactions diverses. Certains exprimèrent de la reconnaissance pour cette prise de position qui leur ôtait un poids sur le cœur, d’autres me reprochèrent de donner trop de poids à la doctrine traditionnelle et de diminuer ainsi l’importance du baptême. La discussion est aujourd’hui close car récemment, la Commission théologique internationale, qui travaille pour la congrégation pour la Doctrine de la foi a publié un document affirmant précisément cela.
Il me semble utile de revenir sur ce thème à la lumière de cet important document pour expliquer certaines des raisons qui ont conduit l’Eglise à tirer cette conclusion. Jésus a institué les sacrements comme moyens ordinaires pour le salut. Ceux-ci sont donc nécessaires et celui qui, alors qu’il peut les recevoir, les refuse contre sa conscience ou les néglige, compromet sérieusement son salut éternel. Mais Dieu ne s’est pas lié à ces moyens. Il peut sauver également à travers des chemins extraordinaires, lorsque la personne, sans aucune faute de sa part, est privée du baptême. Il l’a fait par exemple avec les Saints Innocents, morts eux aussi sans baptême. L’Eglise a toujours admis la possibilité d’un baptême de désir et d’un baptême de sang, et tant de ces enfants ont vraiment connu un baptême de sang, même s’il est de nature différente…
Je ne crois pas que la clarification de l’Eglise encourage l’avortement ; si c’était le cas, ce serait véritablement tragique et il faudrait se préoccuper sérieusement, non pas du salut des enfants non baptisés mais de celui des parents baptisés. Ce serait se moquer de Dieu. Cette déclaration donnera en revanche un peu de soulagement aux croyants qui, comme chacun, s’interrogent, effarés, sur le sort atroce de tant d’enfants dans le monde aujourd’hui".
Ne pas confondre les Limbes et L'ENFER.Les Limbes sont un lieu de béatitude,l'Enfer , un lieu de malédiction.Les innocents morts sans Baptême ne sont pas des maudits.Mais le Baptême seul donne la plénitude de la participation à la Vie Divine qui s'appelle la Grâce.Il reste extrèmement important de baptiser les enfants le plus tôt possible, car ce Sacrement est aussi un exorcisme.
Rédigé par : senex | 24 juin 2007 à 13:02
Peut-on, en effet, considérer que ces enfants, faits à l'image de Dieu, sont tués en haine de Dieu et des humains, par conséquent, des martyrs ? Moi j'aurais tendance à répondre par "oui" sous réserve du jugement de l'Eglise auquel je me soumets par avance.
Le diable est "homicide depuis le commencement" Jean VIII, 44.
Rédigé par : Denis Merlin | 24 juin 2007 à 13:40
@ Senex : les limbes n'ont jamais été une vérité de foi, seulement un hypothèse de théologiens, hypothèse aujourd'hui abandonnée. Que serait un lieu de béatitude sans Dieu, pour l'homme qui ne peut être comblé que par la plénitude de Dieu? Y compris les tout petits d'hommes que sont les embryons... Ce qui n'exclue pas, évidement, de faire profiter au plus vite des petits enfants de la grâce du baptême, un sacrement qui aide à vivre avant d'aider à mourir.
Rédigé par : CH | 24 juin 2007 à 21:50
A Senex : ce que désignaient les limbes n'a jamais étré un lieu de béatitude. C'est un lieu de souffrance, mais sans la peine du dam.
Rédigé par : JG | 25 juin 2007 à 10:04
"Il y a plusieurs demeures dans la Maison de Mon PERE"
Rédigé par : senex | 25 juin 2007 à 13:10
Ne concluons pas trop vite que la discussion est close. La Commission théologique internationale n'a en rien engagé infailliblement l'Église. Le pape n'a pas jeté l'anathème contre quiconque refuserait les conclusions de cette commission. Donc, le débat reste plus que jamais ouvert.
Rédigé par : Jean-Louis d'André | 26 juin 2007 à 13:25
Mille pardons,JG.Je cite :Le dictionnaire de théologie du Père Louis Bouyer- article limbes."A la suite de St Thomas, la plupart des théologiens modernes tendent à admettre que, tout en étant privés de la béatitude surnaturelle, ces êtres, non seulement n'auraient pas de souffrance positive, mais jouiraient d'un bonheur naturel".A+
Rédigé par : senex | 26 juin 2007 à 20:52