La Commission des Episcopats de la Communauté Européenne (COMECE) a salué dans un communiqué l’annonce d’un accord sur un nouveau Traité institutionnel pour l’Union européenne :
" Malgré les menaces qu’ont fait peser jusqu’au dernier moment les revendications nationales sur l’issue des négociations, la COMECE salue le fait que le souci du bien commun et l’intérêt de 500 millions de citoyens l’aient finalement emporté (...) La COMECE note avec intérêt que le Traité modificatif introduit un préambule au Traité sur l’Union européenne qui reconnaît les héritages culturels, religieux et humanistes de l'Europe (...) Le Secrétariat de la COMECE encourage les chrétiens à s’approprier dans les prochains mois les questions et les enjeux du débat européen. Le Traité modificatif, malgré ses lacunes et sa complexité, représente pour l’UE élargie une solution institutionnelle satisfaisante (...)."
Nous passerons sur le manque de reconnaissance de la COMECE envers le pays européen défendant le plus ardemment les valeurs chrétiennes, à savoir la Pologne, visiblement visée par les allusions aux "menaces" des "revendications nationales". En revanche, nous nous permettrons quelques rappels qui ne seront pas forcément agréable pour les membres de cette commission.
1- L' appréciation que la COMECE fait du traité ressemble beaucoup à celle formulée en 2005 par la même COMECE sur le projet de constitution. La commission semble s'en satisfaire pour les mêmes raisons. Il s'agit pour elle de saluer l'article 15b qui stipule que :
"L'Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les églises et les associations ou communautés religieuses dans les États membres".
Mais faut-il se réjouir de voir évoquer "les églises" et les "communautés religieuses" alors même que la reconnaissance des racines chrétiennes de l'Europe reste toujours exclue de ce traité ? Pour les évêques de la COMECE, y-a-t-il des églises ou une église, Une Sainte Catholique et Apostolique ?
2- Plus grave encore, avec ce nouveau traité, la Charte des Droits Fondamentaux s'applique désormais de droit. Or, il est triste de constater que la COMECE ne voit pas les dangers véhiculés dans cette charte. D'une part, l’esprit du texte restreint le domaine de la protection du respect de la vie humaine et atténue la portée du droit à la vie et d'autre part elle ouvre la voie par exemple à une légalisation du "mariage" entre personnes de même sexe dans l'ensemble de l'UE comme peut le laisser envisager la lecture de l'article III-21 où est :
"interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race (...) ou l'orientation sexuelle"
3- Enfin, La COMECE "encourage les chrétiens à s’approprier dans les prochains mois les questions et les enjeux du débat européen". Mais n'ayant aucune existence canonique, la COMECE aurait donc dû se limiter à cet encouragement et laisser les laïcs juger, à défaut de pouvoir se prononcer (sauf en Irlande).
Quant à monseigneur Hippolyte Simon, évêque français et membre de la COMECE, le déni de démocratie imposé aux Français ne semble pas le déranger le moins du monde... Imposer par voie parlementaire un traité quasi identique à celui refusé par plus de 55% des Français il y a à peine deux ans et demi doit sans doute s'expliquer par "le souci du bien commun et l’intérêt de 500 millions de citoyens".
Philippe Carhon