Un évêque italien interdit un mariage
09 juin 2008
L'affaire serait passée inaperçue si elle ne s'inscrivait à la suite du mariage annulé par le TGI de Lille pour mensonge. De quoi s'agit-il? Un évêque italien a refusé que soit célébré le mariage d'un homme dont l'impuissance sexuelle est prouvée et notoire.
Avant que la presse ne veuille s'emparer de l'affaire et crier au scandale, un petit rappel de droit canonique :
"Can. 1084 - § 1. L'impuissance antécédente et perpétuelle à copuler de la part de l'homme ou de la part de la femme, qu'elle soit absolue ou relative, dirime le mariage de par sa nature même".
En effet,
"Can. 1055 - § 1. L'alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonné par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement".
L'évêque est donc dans son droit; même plus, dans son impérieux devoir.
Cela voudrait-il dire que toute les personnes stériles devraient être interdites de mariage ?
Et la fécondité spirituelle du couple vous en faîtes quoi ?
[1 - on parle d'impuissance et pas de stérilité.
2 - un mariage non consommé peut être dissous. Ca concerne l'impuissance et pas la stérilité. Lahire]
Rédigé par : Benoît | 09 juin 2008 à 09:47
Euh ... là faut me faire un dessin. Le mariage dirimer en cas d'impuissance, j'avais cru comprendre qu'on pouvait se "rabbatre" sur l'adoption ou en tout cas faire vivre la fertilité impossible via le don et l'ouverture aux autres (en gros, on s'occupe des enfants des autres, des enfants jetés ...)
Sans blagues, si quelqu'un peut m'expliquer, je suis preneur.
[Un mariage doit permettre la génération selon la nature.
Il est question ici d'impuissance et non de stérilité, ce qui est différent. Un mariage non consommé est-il valide? Non. Alors peut-on marier des gens qui ne meuvent consommer? Non. Dans le sacrement de mariage, le prêtre demande aux époux s'ils sont ouverts aux enfants que Dieu leur donnera. Ce qui montre la vérité du mariage élevé par l'Eglise au rang de sacrement. Voilà mes éléments de réponse, mais un théologien serait sans doute plus à même d'éclairer votre lanterne. Lahire]
Rédigé par : Vince | 09 juin 2008 à 10:13
Et si la femme accepte, en toute connaissance de cause, ce mariage ? En cas de refus définitif de l'Eglise, ce couple est-il donc "condamné" à ne se marier que civilement (si c'est possible, là aussi) ?
[Il ne peut y avoir de mariage que s'il y a conformément à la nature possibilité de procréation. Lahire]
Rédigé par : Agnès | 09 juin 2008 à 10:56
Bon, je n'avais pas vu qu'ils avaient mariés civilement. La question que je me pose donc est la suivante : les époux auront-ils le droit de recevoir la communion bien que n'étant pas mariés à l'Eglise ?
[Bonne question qui nécessite la réponse d'un théologien qui devrait connaître la nature exacte de leur relation et de la sexualité (s'il y en a une...) du couple. Ce n'est pas la simple vie commune qui empêche la communion, me semble t-il, mais la vie commune conjugale. Lahire]
Rédigé par : Agnès | 09 juin 2008 à 11:10
Suite à ce post, je me demandais de ce qu'il advenait des mariages dont l'un des époux (ou les deux) est stérile et que cette particularité soit bien sûr connue de l'autre.
Dans le lien que vous donnez on trouve la réponse : Can. 1084 - §3 La stérilité n'empêche ni ne dirime le mariage.
J'avoue que cela me laisse perplexe... Il faut pouvoir "copuler", même si on est stérile, pour pouvoir se marier. Cette personne tétraplégique a peut-être des spermatozoïdes en très bonne santé et sa femme pourrait être inséminée.
Eclairez ma lanterne sur cette partie du droit canonique que je ne peux m'empêcher de trouver...injuste pour dire le moins. Le rapport physique est à ce point indispensable même s'il ne peut donner de fruits ?
[On ne sait rien du cas précis de cet homme. L'évêque qui a décidé, lui le connaît. Un mariage est ordonné à la génération des enfants conformément à la nature. Je crois que tout est dit dans chacun de ces mots.
Ensuite il est question ici d'impuissance et non de stérilité. Mais je laisse volontiers la main à un théologien qui aura le temps et la manière d'expliquer tout cela. Lahire]
Rédigé par : Mathieu | 09 juin 2008 à 11:44
Suite à ce post, je me demandais de ce qu'il advenait des mariages dont l'un des époux (ou les deux) est stérile et que cette particularité soit bien sûr connue de l'autre.
Dans le lien que vous donnez on trouve la réponse : Can. 1084 - §3 La stérilité n'empêche ni ne dirime le mariage.
J'avoue que cela me laisse perplexe... Il faut pouvoir "copuler", même si on est stérile, pour pouvoir se marier. Cette personne tétraplégique a peut-être des spermatozoïdes en très bonne santé et sa femme pourrait être inséminée.
Eclairez ma lanterne sur cette partie du droit canonique que je ne peux m'empêcher de trouver...injuste pour dire le moins. Le rapport physique est à ce point indispensable même s'il ne peut donner de fruits ?
Rédigé par : Mathieu | 09 juin 2008 à 12:42
J'ai bien compris qu'il s'agit d'impuissance et pas de stérilité et c'est justement l'objet de ma remarque.
Vous dites :"Il ne peut y avoir de mariage que s'il y a conformément à la nature possibilité de procréation."
Or si la stérilité est avérée, ne reste qu'un simulacre de procréation dans l'acte sexuel (le mot est fort certes),il ne peut y avoir de procréation "naturelle".
[Reste sauf le don total de la personne dans le mariage. Lahire]
D'un autre côté, l'adoption est acceptée par l'Eglise et ce n'est pas non plus une manière "naturelle" d'avoir des enfants.
Je serais donc heureux d'entendre un théologien ou quelque personne compétente sur cette affaire. Et sur cette obligation de consommation comme condition essentielle au mariage et facteur d'indissolubilité de celui-ci.
[Je vous cite ceci "Can. 1142 - Le mariage non consommé entre des baptisés ou entre une partie baptisée et une partie non baptisée peut être dissous par le Pontife Romain pour une juste cause, à la demande des deux parties ou d'une seule, même contre le gré de l'autre" reprenant le fait que le mariage est un don total de la personne.
A défaut de théologien pour donner de son temps, je vous indique si besoin à Casti connubii, familiaris consortio, Evangelium vitae, humanae Vitae et ces extraits choisis :
http://www.preparation-mariage.eu/mariage/lire/gaudium.php ,
http://www.preparation-mariage.eu/mariage/lire/union.php
Je passe la main aux spécialistes de la question. Bon courage. Lahire]
Rédigé par : Mathieu | 09 juin 2008 à 13:11
"Et sur cette obligation de consommation comme condition essentielle au mariage et facteur d'indissolubilité de celui-ci."
Je ne suis pas un théologien,néanmoins je ne suis pas surpris par cette décision car je connaissais cette obligation de consommation du mariage. Il me semble que cela a à voir avec le choix fondamental entre une union entre époux ou une vie commune chaste, ce qui est trés différent.
Bien entendu, il peut y avoir "une" sexualité malgré ce handicap, ainsi qu'une possibilité de procréer grâce à la science d'aujourd'hui. Mais qu'adviendra t'il de ce mariage qui risque de s'avérer frustrant pour les deux époux ? Un mariage s'envisage sur la durée, n'y a t'il pas une réelle et profonde connaissance des Hommes derrière cette décision ?
Des élements de réponse doivent se trouver dans le catéchisme de Jean-paul II, où la sexualité des époux est envisagée comme moyen de procréer et comme moyen de communication entre eux...
Rédigé par : Okapi T. | 09 juin 2008 à 13:48
Donc un homme qui serait impuissant suite à son handicap (paraplégie par exemple) n'aurait pas le droit de se marier ?!
Rédigé par : Sophie | 09 juin 2008 à 13:52
En fait, la droit canon est plus subtil que ça: l'impuissance (antérieure au mariage) est bien un obstacle dirrimant au mariage, autrement dit une cause de nullité du mariage, parce que l'union charnelle est une des dimensions de la vie de couple (union et ouverture (non-refus) à la vie, même si l'on est infécond).
MAIS CE N'EST PAS UN OBSTACLE ABSOLU:
canon 1078: l'ordinaire du lieu (l'évêque) peut accorder une dispense (quand l'impuissance est connue avant le mariage).
Canon 1156: la "convalidation", c'est-à-dire la validation a posteriori du mariage, est possible, avec une dispense "après coup" de l'ordinaire du lieu et le renouvellement du consentement des parties.
Rédigé par : | 09 juin 2008 à 18:56
Si, l'impossibilité de copuler qu'elle soit de l'homme (impuissance) ou de la femme (p. ex. absence de vagin) rend le mariage nul et cela est considéré comme de droit naturel. Personne au monde, même pas le Saint Siège, ne peut donner de dispense.
En revanche les deux personnes peuvent être autorisées à vivre ensemble comme frère et soeur.
Rédigé par : Denis Merlin | 10 juin 2008 à 16:01
Le christianisme est la religion de l'incarnation. Aussi pour qu'il y ait mariage, il faut qu'il y ait oeuvre de chair. L'amour entre l'homme et la femme n'est pas seulement quelque chose d'intellectuel ou de platonique. Il a besoin de s'incarner dans la chair. S'il y a stérilité, c'est effectivement dommage et cause de souffrance pour les époux, mais cela n'altère ni leur union ni la validité du mariage.
Maintenant, comme l'indiquent les canons 1078 & 1156, l'Eglise peut accorder une dispense malgré l'impuissance. Mais l'union des époux restera imparfaite.
Rédigé par : MJ | 10 juin 2008 à 16:36
canon 1078: l'ordinaire du lieu (l'évêque) peut accorder une dispense (quand l'impuissance est connue avant le mariage).
Canon 1156: la "convalidation", c'est-à-dire la validation a posteriori du mariage, est possible, avec une dispense "après coup" de l'ordinaire du lieu et le renouvellement du consentement des parties.
Voilà des informations qui font plaisir. La porte reste donc ouverte !
[Oui à votre niveau. Mais dans le cas présent, l'évêque a déjà décidé. Lahire]
Rédigé par : Agnès | 10 juin 2008 à 17:22
Les empêchements dont l'évêque peut accorder la dispense sont uniquement des empêchement de droit ecclésiastique et non de droit naturel.
L'article 1078 du code de droit canonique ne peut donc recevoir application dans un tel cas.
Rédigé par : Denis Merlin | 11 juin 2008 à 02:50