C'est aux parents d'éduquer leurs enfants
18 septembre 2008
Interrogé dans Valeurs Actuelles sur le rôle des parents dans l'éducation de leurs enfants, Aldo Naouri déclare :
"je condamne l’intervention des institutions. Il ne faut surtout pas légiférer. En entrant dans l’intimité de la relation parents-enfants, on nuit encore une fois aux parents, on altère leur position. Beaucoup d’enfants disent encore accepter l’autorité de leurs parents parce qu’elle est juste. Cela signifie que l’enfant perçoit que les limites posées fonctionnent comme des parapets autour de lui. Solides, justifiés et qui le protègent. Il remercie ses parents de les avoir construits et de lui donner une très grande sécurité. Parce que les limites posées sont rassurantes. Et c’est là le problème. Aujourd’hui, les parents, bien souvent, ne fabriquent plus ces parapets, ne placent plus ces limites avec leurs enfants au nom de l’idée selon laquelle il est fondamental de laisser l’enfant se déployer."
Quant au rôle de l'Education nationale :
"L’Éducation nationale, en septembre 2007, a relevé que 40 % des enfants arrivent en sixième sans maîtriser l’écrit ni le calcul. Et je crois que cela correspond aux parents ne sachant plus comment éduquer leurs enfants. Ce qui les met d’ailleurs en difficulté. Pourquoi j’associe ces deux phénomènes ? Parce que le système scolaire, qui est là pour délivrer un savoir, exige de l’enfant qu’il ne déploie plus sa toute-puissance infantile, qu’il ait intégré un certain nombre de règles. [...] Ce [que les parents] ne comprennent plus, c’est que l’école n’est pas là pour éduquer, même si l’on parle d’Éducation nationale. L’éducation doit être préalable à l’entrée à l’école et doit commencer au berceau. Ce n’est pas à l’école mais aux parents d’éduquer. L’école est là pour délivrer un savoir."
Il n'est pas conforme à la doctrine de la Sainte Eglise, de séparer les deux choses : d'un côté l'éducation aux parents, de l'autre l'instruction (ou la transmission des savoirs) à l'école.
En effet, s'il est incontestable que les parents ont un devoir éducatif, il est tout aussi vrai que l'Eglise a aussi une mission éducative, qui lui vient de son Fondateur. Une école ouverte et tenue par l'Eglise a un rôle éducatif qui lui est propre, et qui n'est pas une délégation de celui des parents.
Ceci est affirmé avec force et clarté dans maints documents pontificaux.
Il faut absolument maintenir le rôle éducatif des écoles catholiques, d'une part parce que c'est vrai (et cette seule raison suffit amplement), et d'autre part pour la raison suivante :
dans la louable intention de défendre le droit éducatif des parents, on en vient à ne voir que lui; il faudra alors s'attendre, lorsque l'échec des écoles étatiques sera patent, à un retour de balancier : on réaffirmera ledit droit des parents, et on le niera à l'Eglise dont on supprimera les écoles !
Une vérité (droit éducatif des parents) affirmée de façon exclusive des autres vérités (droit éducatif de la Sainte Eglise), devient une erreur et finira, dans la pratique, par nuire aux uns et aux autres.
Malheureusement, on voit trop de bons catholiques pas très formés, foncer dans le premier chiffon rouge agité par le torréador laïque ou maçon.
En outre : il ne faut pas nier le rôle éducatif de tous ceux qui ne sont pas les parents : les professeurs, les maîtres, les chefs d'entreprise ont, qu'on le veuille ou non, un rôle dans l'éducation. Par exemple : un "patron" a vis-à-vis de son apprenti un rôle non seulement d'apprentissage technique, mais aussi d'éducation aux valeurs du travail.
[Il convient de s'appuyer sur les textes de la DSE. Tel le Compendium :
"240. Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, mais pas les seuls. Il leur revient donc d'exercer avec responsabilité l'œuvre éducative, en collaboration étroite et vigilante avec les organismes civils et ecclésiaux: « La dimension même de l'homme, communautaire, civile et ecclésiale, exige et suscite une œuvre plus vaste et plus complexe qui est le fruit de la collaboration bien ordonnée des diverses instances éducatives. Toutes ces institutions sont nécessaires, même si chacune peut et doit intervenir selon sa compétence et apporter sa contribution propre ». Les parents ont le droit de choisir les instruments de formation correspondant à leurs convictions et de chercher les moyens qui peuvent les aider dans leur tâche d'éducateurs, notamment dans le domaine spirituel et religieux. Les autorités publiques ont le devoir de garantir ce droit et d'assurer les conditions concrètes qui en permettent l'exercice. C'est dans ce contexte que se situe avant tout le thème de la collaboration entre la famille et l'institution scolaire.
241. Les parents ont le droit de fonder et de soutenir des institutions éducatives. Les autorités publiques doivent faire en sorte que « les subsides publics soient répartis de façon telle que les parents soient véritablement libres d'exercer ce droit sans devoir supporter des charges injustes. Les parents ne doivent pas, directement ou indirectement, subir de charges supplémentaires qui empêchent ou limitent indûment l'exercice de cette liberté ». Il faut considérer comme une injustice le refus de soutien économique public aux écoles privées qui en ont besoin et qui rendent service à la société civile: « Quand l'État revendique le monopole scolaire, il outrepasse ses droits et offense la justice. (...) L'État ne peut sans injustice se contenter de tolérer les écoles dites privées. Celles-ci rendent un service public et ont en conséquence le droit à être économiquement aidées ».
MJ]
Rédigé par : Berg | 18 septembre 2008 à 13:09