L'unité de l'Eglise en France passe par Lourdes
31 octobre 2008
Lu dans Monde & Vie (à paraître lundi), suite au pèlerinage de la Fraternité Saint Pie X à Lourdes dimanche dernier :
"Le pape lèvera-t-il les excommunications frappant les quatre évêques présents ? Mgr Fellay demande à ses fidèles de réciter un million de chapelets entre le 1er novembre et le 25 décembre pour que cette perspective de paix se concrétise enfin. Pari fou ? Ou au contraire, comme le murmurent certains, geste purement théâtral de quelqu’un qui a déjà obtenu ce pour quoi il déclare faire prier ? Gageons que la vérité n’est ni d’un côté ni de l’autre. Une chose est certaine néanmoins à l’heure où nous écrivons : le texte latin de la levée des excommunications a déjà été rédigé, et on peut faire confiance à l’administration vaticane pour que les mots y soient pesés au trébuchet de la théologie la plus stricte. Mais il est loin d’être signé ! [...] Mgr Fellay si on lui laisse le temps d’unifier ses troupes, semble disposé à rentrer dans un processus irréversible de retour à la normalité juridique. C’est ce que paraît indiquer ce bouquet spirituel qu’il entend porter à Rome pour la Noël. [...]
Amour et désamour tiennent le devant de la scène, mais le vrai problème est plus profond: quelles garanties réelles Rome peut-elle apporter aujourd’hui à la Fraternité Saint-Pie X signant un accord ? Les fidèles transis qui suivent la messe dehors à Amiens, sans avoir obtenu un geste de l’évêque, Mgr Bouillerais, peuvent attester que les conditions psychologiques d’un accord fructueux ne sont pas encore réunies. Ce qui est embêtant, avec des symboles comme Amiens, c’est qu’ils banalisent l’absence de charité entre les protagonistes, au plus grand détriment de l’Eglise elle-même. C’est tout le contraire de ce que l’on a vu à Lourdes le weekend du Christ Roi [Mgr Perrier, évêque de Lourdes, avait mis à la disposition des pèlerins toutes les infrastructures du sanctuaire, avec une condition, qui sera scrupuleusement respectée : qu’aucune des messes publiques ne soit célébrée par un évêque].
Alors que les évêques français vont se réunir – c’est à Lourdes justement que cela se tient – au début du mois de novembre, on espère qu’ils feront un choix clair, en condamnant le scandale des divisions affichées en toute bonne conscience par certains d’entre eux, et en faisant, comme le pape le leur a demandé (c’était déjà à Lourdes au mois de septembre) le choix de la paix. Qu’ils répètent donc, après le Vicaire du Christ et au même endroit que lui, que «personne ne doit se sentir exclu dans l’Eglise». La solution réelle aujourd’hui est entre leurs mains."