Réponse au député Valérie Boyer sur la circoncision
31 janvier 2009
J'avais relayé un extrait de Daoudal Hebdo sur la proposition du député Boyer, consistant à faire prendre en charge par l'assurance maladie la circoncision "rituelle" des musulmans. Un lecteur s'est étonné auprès du député, dont l'assistant parlementaire a répondu :
"Nous sommes assez supris de l'interprétation que vous faites de cette question au gourvernement et nous vous invitons à la relire avec la plus grande attention (et non pas des morceaux choisis tirer de leur contexte pour faire de la désinformation, comme c'est actuellement le cas sur certains blogs). [Sic]
Sachez que celle-ci est issue d'une large concertation avec des chirurgiens urologues confrontés chaque jour à ce problème et qu'elle a pour objectif de révéler une fraude à la sécurité sociale et d'essayer d'y pallier. Il est quasi impossible aujourd'hui de contrôler si un phimosis est médical ou religieux (à moins d'un contrôle avant chaque opération par un médecin controleur ce qui est trop couteux et matériellement impossible). Résultat, beaucoup d'opérations "religieuses" sont considérées comme médicales et c'est le contribuable qui paye.
Le souhait de Valérie BOYER est de révéler ce problème afin que l'on puisse prendre les mesures qui s'imposent, notamment, en proposant un contrat d'assurance à charge des personnes qui pourraient être concernées. Il s'agit bien de responsabiliser les personnes concernées et non pas de faire payer la collectivité [Sic]. Pour autant, comme pour tout type d'opération médicale, on pourrait imaginer une petite prise en charge par l'assurance maladie [re-sic !].
Car dans cette affaire complexe, il faut aussi garder à l'esprit que renvoyer certaines circoncisions religieuses dans les "caves" conduirait à des complications médicales nécessitant des opérations encore plus importantes et donc à des coûts pour l'assurance maladie encore plus importants (et encore une fois à charge des contribuables de la collectivité). 'espère que vous comprenez mieux la démarche de Valérie BOYER qui en aucun cas [re-re-sic !] ne souhaite que des pratiques religieuses soient financées par la collectivité dans un pays laïc. Et pourtant c'est ce qui semble être le cas aujourd'hui... [...] Je vous invite à ne pas toujours croire ce qui est écrit sur les blogs [re-sic]. Surtout quand ils vous fournissent une interpréation subjective des choses."
Subjective, vraiment ? Alors qu'on lit dans ce texte que Mme Boyer [son assistant, en l'occurence] affirme ne pas vouloir faire payer le contribuable pour affirmer l'inverse aussitôt après. Dans mon premier extrait, je n'avais pas cité toute l'analyse d'Yves Daoudal (et pour cause : abonnez-vous !), mais en voici l'argumentation :
"Les deux arguments de l’UMP sont aussi ahurissants que la demande: D’une part, cela mettrait un terme aux certificats médicaux de complaisance délivrés aux musulmans pour qu’ils puissent se faire rembourser la circoncision effectuée pour un faux motif médical. On retrouve là le même type de raisonnement tordu que celui selon lequel il fallait dépénaliser l’avortement pour éviter les avortements clandestins.
D’autre part, cela éviterait aux parents musulmans d’attendre exprès que leur enfant développe un «phimosis impliquant la prise en charge par l'assurance maladie». Comme si les enfants musulmans étaient à ce point sensibles au phimosis qu’il faille légiférer pour financer leur nécessaire circoncision… En outre, les spécialistes expliquent qu’en cas de phimosis (ce qui est loin d’être fréquent) la circoncision ne doit être adoptée qu’en dernier recours (car il y a d’autres moyens) et à l’âge prépubertaire (or elle est pratiquée autour de 6-7 ans chez les Maghrébins, et de plus en plus de pères font circoncire leur fils en bas âge, pour éviter qu’ils se souviennent de ce traumatisme, surtout si elle a lieu au cours d’une grande fête qui se termine en un sanglant cauchemar…) [...]
La réponse d’un ministre digne de ce nom serait de dire que l’Etat n’a pas à s’occuper de contrats d’assurance pour des actes qui relèvent de la religion, et que l’assurance maladie n’a pas à financer d’actes chirurgicaux qui ne relèvent d’aucune pathologie. Il faudrait aussi expliquer à Mme Boyer et à l’UMP que la circoncision musulmane n’est même pas « rituelle », en ce sens qu’aucune prière spécifique ne l’accompagne, car elle n’est pas un précepte du Coran. Elle fait seulement partie de la sunna (la tradition) par référence à Abraham. Et elle est un signe d’appartenance à l’oumma, la communauté musulmane. Reconnaître la circoncision musulmane, c’est aussi reconnaître l’oumma en France, avec tout ce que cela implique."