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Pie XI, le Pape contre cinq dictateurs

P11 Dans un article intitulé "Un pape et cinq dictateurs" publié dans l'Osservatore Romano, le cardinal Tarcisio Bertone a évoqué le « courage » et la « détermination » avec lesquels Pie XI (1922-1939) a mené sa mission ecclésiale, à une époque « sombre » de l'histoire :

"La mission ecclésiale de ce pape s'est déroulée dans un scénario qui ne pouvait être plus sombre (...) [Pie XI a dû affronter quelque] cinq dictateurs :
Mussolini, qui accéda au pouvoir huit mois après son élection,
Salazar au Portugal,
Hitler en Allemagne,
Franco en Espagne,
Staline en URSS ;
la crise financière de 1929 ;
la persécution des catholiques au Mexique et la guerre civile en Espagne ;
la conquête italienne de l'Ethiopie ;
les lois raciales  (...)
Dans ce contexte difficile, le pape agit avec détermination et courage".

Zenit rapporte encore :

"Le secrétaire d'Etat a aussi rappelé que Pie XI avait condamné le nazisme à travers l'encyclique Mit brennender sorge - « le réquisitoire le plus ferme et précis jamais écrit contre le nazisme » - mais aussi le « communisme athée » avec l'encyclique Divini Redemptoris".

Ces précisions sur l'histoire de l'Église et sur la vérité de ces dictatures ou l'on retrouve pêle-mêle les deux totalitarismes athées si proches que ce sont le nazisme et le communisme sont les bienvenues.

Lahire

Addendum 11h30 : Comme c'était prévisible, les propos du cardinal Bertone (et non de Zenit) provoquent de vives réactions parmi nos lecteurs.

En effet, aligner Hitler, Staline et Salazar sur les rangs des dictateurs a de quoi surprendre, tant les fondements des politiques d'Hitler et Staline d'un côté et de Salazar de l'autre sont radicalement différents. Même Larousse reconnaît que Salazar s'est inspiré des encycliques pour gouverner le Portugal.

Mais le Secrétaire d'Etat du Saint-Siège qui limite son propos à la période 1922-1939, a sans doute voulu mettre en exergue ce que Salazar qualifiait lui-même de "dictature provisoire" (1930).

Commentaires

Trophyme

Oui, mais mettre Salazar et Franco dans la même catégorie que Hitler & Staline est de très mauvais goût ... manquer à ce point d'esprit de finesse me semble lamentable.

Seb

Bonjour.
Je ne suis absolument pas d'accord sur Salazar, dirigeant du portugal de 1928 à 1968, comme dictacteur. Ce fut un homme d'état (resté célibataire pour son oeuvre), l'Etat nouveau (non maçonnique) fort efficace pour le portugal (rétablissement des finances du pays en un an, déjà fortement dégradé par quelques années d'instabilité politiques des F.M.. Qui a fait comme lui, avec la crise actuelle?): la Foi, les moeurs chrétiennes, le travail, sont autant de point que Salazar lui-même incitait avec les dirigeants de l'époque. Il fit tout pour le retour de l'Eglise dans le pays (signature d'un concordat). Cela fait de lui un dictacteur?
C'est injuste.

Staline, Hitler, ok!
Franco et Mussolinni, je ne connais pas leurs oeuvres en dehors de la désinformation du programme de l'éducation nationale.

A tantôt.

Berg

Mettre Salazar, ce grand chef d'état catholique, dans la même liste que Hitler ou Mussolini, c'est un gigantesque mensonge historique.

Il est du devoir du SB de rétablir la vérité.

Berg

C'est un second mensonge que de dire que Pie XI a dû affronter Salazar. En quelles circonstances ??? à quel sujet ??? C'est l'exact contraire qui est vrai : il suffit de lire les textes de l'Eglise à cette époque, à commencer par l'épiscopat portugais.

Le texte de Bertone est mensonger sur les faits, et fallacieux sur la finalité : son but est de faire accroire que c'est la dictature en tant que telle qui est mauvaise.

Berg

La déclaration de Bertone s'inscrit dans un vaste contexte : celui qui consiste à dire : "les dictateurs sont des méchants, les démocraties sont des gentils".

Ce refrain court depuis 1945, il est passé à l'état de dogme intangible du monde moderne.

Jean Paul II a eu le courage de dénoncer cela dans un interwiew accordé à des journalistes dans un avion qui le menait en Argentine. En substance, il a dit : l'essentiel n'est pas la forme du gouvernement, mais ce que fait le gouvernement : mieux vaut une dictature qui assure le bien commun et le règne de notre Seigneur, pluôt qu'une démocratie qui assure le mal commun et le règne du démon.

Pour revenir à Pie XI : bien sûr qu'il a lutté contre les mauvais régimes. Mais rappelons que le régime stalinien était républicain !!! ainsi que le régime hitlerien (la république de Weimar). Rappelons enfin que la république française, dans la première moitié du XXe siècle, s'est fait l'ennemie du Saint Siège !

Conclusion : ne tombons pas dans les deux pièges :
1) opposer les dictatures aux démocraties, car les dictatures stalinienne ou hitlérienne étaient démocratiques !
2) identifier "dictature" à "mal" et "démocratie" à "bien".

Marc

Le cardinal Bertone démontre bien que le Saint-Siège continue, comme sous Paul VI et Jean-Paul II, à analyser la démocratie libérale comme le meilleur des régimes et à condamner plus ou moin explicitement les régimes autoritaires (distingués des régimes "totalitaires" nécessairement contraires à la foi). Pourquoi une telle erreur ? Je préfère de beaucoup la position du Patriarcat de Moscou et de Sa Sainteté Kyril Ier qui n'ont jamais donné l'impression d'accepter la démocratie "à l'occientale", fille les Lumières et du relativisme.

Philippe Edmond

Comme si le nazisme et le communisme ne suffisaient pas à l'inquiéter , Pie XI dut encore faire face aux persécutions religieuses déclenchées par le gouvernement mexicain de Plutarco Elias Calles. Fermeture des écoles catholiques, limitation du nombre de prêtres par habitants, interdiction de vote pour le clergé, défense de porter un signe distinctif en dehors des églises, interdiction d'administrer publiquement les sacrements : de 1924 à 1937 le Mexique est en proie à des persécutions religieuses maçonniques De nombreux prêtres sont pendus ou fusillés. Une révolte populaire sans précédent éclate au nom du Christ Roi. On la nommera guerre des cristeros . Le clergé local sera divisé sur l'attitude à adopter : conciliation ou révolte. Le 11 décembre 1925, le pape promulgue l'encyclique Quas primas instaurant la fête du Christ-Roi qui encourage les catholiques mexicains à la résistance et l'encyclique firmissimam constantiam :
http://www.vatican.va/holy_father/pius_xi/encyclicals/documents/hf_p-xi_enc_19370328_firmissimam-constantiam_en.html

Julien


Les 5 furent bien des dictateurs (Bertone a de ce point de vue raison) mais ensuite il y a entre eux de significatives différences de degrés et de nature qu'il serait dangereux d'omettre (et là Bertone pourrait avoir manqué de sens de la nuance, je n'ai pas lu son article dans son intégralité)

- Dictatures totalitaires, athées et ayant tué chacune des millions de personnes (l'URSS encore beaucoup plus que l'Allemagne): Hitler et Staline. Un "peuple" à exterminer dans les deux cas: les Juifs pour Hitler, les paysans et "bourgeois" pour Staline. Des régimes intrinsèquement pervers. Un rappel: le communisme au XX ème siècle (URSS, CHine, etc): 100 millions de personnes assassinées.

- Dictature fasciste: Mussolini

- Régime très autoritaire nationaliste avec une inspiration catholique (et quelques aspects fascisants avec la phalange jusqu'en 1945), avec une évolution vers un régime autoritaire "classique" de droite vers la fin des années 50: Franco. Pendant la guerre civile, les deux camps commirent des atrocités. Après 1939 et jusqu'en 1945/1950, Franco eut la main lourde avec les vaincus. Il a cependant épargné à l'Espagne le communisme et contribué au développement économique de son pays à partir des années 60.

- Régime autoritaire de droite classique, avec une forte inspiration catholique: Salazar.

Il est en effet important de ne pas oublier ces différences essentielles que l'on enseigne à tout étudiant de Sciences Po.

Julien

Sur la conclusion de Berg: "les dictatures stalinienne ou hitlérienne étaient démocratiques": NON, on ne peut pas écrire cela.

Hitler est certes arrivé au pouvoir démocratiquement (élu par une majorité d'Allemands) mais en quelques mois l'Allemagne a cessé d'être une démocratie pour devenir un régime de plus en plus monstrueux. Quant à Staline, il n'est pas arrivé au pouvoir démocratiquement et ensuite son régime fut tout sauf démocratique et devint lui aussi monstrueux.

Pie IX et l'Eglise de l'époque ont été d'une grande clairvoyance et ont fait preuve d'un grand courage en dénonçant ces deux régimes monstrueux, totalitaires, différents par certains aspects mais tout aussi intrinsèquement pervers et inédits.

En revanche, oui tant Salazar que Franco ont apporté des choses positives à leur pays.

Carlos  Silva

Oui, mais mettre Salazar et Franco dans la même catégorie que Hitler & Staline est de très mauvais goût ...


Je suis portugais et ne suis pas d'accord de comparer Salazar a HItler.

Journé Nicolas

le gros inconvénient avec les blogs c'est que les passions se déchaînent sans avoir pris le temps du recul. Répondre trop vite a toujours été une erreur. Paar ailleurs, le préjugé favorable n'est pas un vain mot. Le Cardinal Bertone n'est pas n'importe qui, et il n'est peut être pas inutile de réfléchir sur le point de vue à partir duqel il s'exprime.
Que d'anathèmes contre les dirigeants de l'Eglise!!!

LaurentdeCaujac

Qui a un jour étudié sérieusement la vie et l'œuvre de Salazar ne peut qu'être atterré devant de telles comparaisons. Salazar logeait dans un appartement spartiate et il assistait à la messe tous les matins, il n'était pas militaire, n'a participé à aucun coup d'état et n'a jamais mis en place un culte de la personnalité. j'ajoute que Salazar n'était que ministre pendant toutes ces années, un président de la république était constitutionnellement parlant son "supérieur". Certes l'emploi du terme dictature a été fait pendant un temps mais mettre cette "dictature" à côté des régimes de Mussolini, Staline, Hitler et même Franco, c'est risquer un amalgame scandaleux. quand on sait tout ce que Salazar a fait pour l'Église dans son pays, de tels propos ont de quoi vous dégouter.

Romain Dyli

Franco, grand personnage de l'Histoire d'Espagne qui a su remettre l'Eglise Catholique à sa place. Savez-vous que seule les clercs avaient une totale liberté d'expression sous le regime francquiste?
Salazar, grand catholique... comment le salon beige ose mettre cote à cote le national-SOCIALISME, le communisme, et les regimes autoritaires catholiques de droite?

[Le Salon beige rapporte les propos du cardinal Bertone, propos d'ailleurs qui ne sont en la matière qu'un très court passage d'un discours pour l'instant inaccessible dans sa totalité. Ceci a été dit. Que cela déplaise soit une chose, que cela doit être tu en est une autre. Lahire]

Il faut à tout prix faire une distinction entre les dictatures totalitaires athées de gauche et les regimes autoritaires de droite!
Je suis vraiment déçu de Mgr Bertone qui met la ploutocratie sur un tel pied estal!

le Zouave

Dans un discours à l'Institut prononcé le 21 octobre 1997 intitulé "mémoire et oubli du bolchévisme" (annexe de son court mais dense ouvrage "Le malheur du siècle"), l'historien Alain Besançon explique que l'un des principaux succès du régime soviétique est d'avoir diffusé et imposé sa propre classification des régimes politiques modernes : le socialisme (le régime soviétique), les démocraties bourgeoises (libérales et sociales démocrates) et le fascisme (nazisme, fascisme mussolinien, régimes autoritaires divers en Espagne, Portugal, Autriche, Hongrie, Pologne, et les droites "extrèmes" des régimes libéraux). Une telle classification permet au communisme de relier Chiappe à Hitler en passant par Franco, Mussolini, etc. De plus, elle permet d'ancrer le fascisme à droite : il devient la droite absolue alors que le bolchévisme devient la gauche absolue. Le problème n'est donc pas tant l'usage qui est fait du vocable "dictateur" que l'utilisation d'une classification erronée (qui elle n'est pas faite). En effet, Mgr Bertone évoque cinq autorités politiques qu'il qualifie de "dictateurs", sans établir de parenté ou de communauté de pensée entre ces personnes, ni de hiérarchie entre les régimes qu'ils incarnent. Pour prendre une comparaison triviale : Napoléon et Charles d'Autriche sont deux empereurs, la Callas et Vanessa Paradis sont deux chanteuses, Bergman et Costa-Gavras sont deux cinéastes, etc.

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