La pilule pollue
02 mars 2009
D'Armelle Signargoud dans l'Homme nouveau sur la pilule contraceptive :
"En septembre dernier, une étude réalisée par une chercheuse de l’université de Montréal a montré que l’usine de traitement d’eau locale déversait 90 fois la quantité critique de certains oestrogènes dans le fleuve Saint-Laurent. Or, les femmes québécoises consomment pas moins de 128 millions de pilules contraceptives par an. Les tonnes d’hormones ainsi absorbées sont ensuite relâchées dans les eaux usées via l’urine contaminée. [...] En 2007, 85% des poissons-chats analysés près de Pittsburgh, en Pennsylvanie, présentaient un «genre ambigu» ; onze d’entre eux eurent en laboratoire un effet cancérigène spectaculaire sur des cellules humaines. En 2005, des biologistes du Colorado, financés par la très officielle EPA (agence fédérale de protection de l’environnement), avaient pêché au hasard 123 poissons dans un ruisseau près de Boulder, en aval de l’usine de traitement d’égouts municipale. Parmi les truites et autres salmonidés : 101 femelles, 12 mâles… et 10 «intersex», présentant certaines caractéristiques mâles et d’autres femelles ! «C’était la première fois de toute ma carrière que je voyais quelque chose d’aussi effrayant», reconnut alors un biologiste de 59 ans. Son équipe remonta le fil et trouva les coupables : les oestrogènes issus de contraceptifs.
[...] Qu’attendent les défenseurs de l’environnement pour alerter le public ? [...] À quand le boycott des fabricants de pilule ? Curieux silence. Briser le tabou exigerait de fracasser la puissante alliance entre les groupes prétendant protéger la nature, souvent aveuglés par le mythe de la surpopulation, et les profiteurs de la lucrative industrie de la culture de mort. Leur credo commun : la meilleure façon d’assister son prochain est de limiter à un ou deux le nombre de ses enfants. On ne s’étonnera pas qu’avant de mener le vert et influent Sierra Club, Carl Pope (photo) ait été le directeur politique du groupe «Zero Population Growth», qui milite pour une suicidaire stagnation démographique. [...] George Harden, membre du conseil d’administration de la Society of Catholic Social Scientists, basée à Steubenville, dans l’Ohio [indique]
«Les écologistes convaincus ne mangeraient pour rien au monde des chips contenant la moindre trace de pesticide. Mais c’est pour eux un droit sacré – une obligation, même – de consommer des produits synthétiques qui modifient les fonctions biologiques naturelles de la femme. Même si cette pratique menace la vie aquatique innocente dans le ruisseau voisin… ».
Mark LeChevallier, qui est chargé de la protection de l’environnement chez American Water (eaux usées) et enseigne depuis 25 ans, avec son épouse, les méthodes – non polluantes – de régulation des naissances prônées par l’Église, voit dans ce criant paradoxe «une nouvelle occasion d’évangéliser les jeunes».
MJ
Article bien intéressant. Quand osera-t-on ouvrir les yeux cette contradiction à l'écologie, que dénonce notre Saint Père lorsqu'il parle "d'écologie humaine"? On détruit tout par pur plaisir...
En revanche, je suis moins d'accord avec les conclusions tirées à partir de la pêche au hasard près de Boulder: ça ne prouve pas que les hormones aient déstabilisé le "genre" des poissons, mais simplement que les mâles sont plus malins que les femelles et ne se sont pas laissés prendre! Comme chez nous, plus de femmes se font prendre au radar que d'hommes.
Rédigé par : Tonio2 | 02 mars 2009 à 20:44
"Parmi les truites et autres salmonidés : 101 femelles, 12 mâles… et 10 «intersex», présentant certaines caractéristiques mâles et d’autres femelles ! «C’était la première fois de toute ma carrière que je voyais quelque chose d’aussi effrayant», reconnut alors un biologiste de 59 ans."
"Effrayant" ? Ce biologiste a-t-il bien mesuré ses mots ? Ses propos suintent une haine et un mépris que l'on croyait d'un autre âge pour les poissons transgenre. J'espère que les associations lesbiennes, bi gay et trans, ainsi que la Halde locale (ils doivent bien avoir ça au Canada) sauront sévir et faire ravaler à ce biologiste borné se propos hétéronormés.
Rédigé par : broke | 02 mars 2009 à 21:48
Rien d'étonnant à ce que ces grands écologistes ne se prononcent pas contre la pilule puisqu'ils sont malthusiens, notamment pour préserver les ressources, diminuer les déchets et la pollution, etc...
Rédigé par : Janua caeli 78 | 02 mars 2009 à 22:26
Un éminent chercheur du CNRS nous confiait que ses collègues étaient arrosés pour ne pas faire sortir certains rapports. Que leur train de vie n'avait plus rien à voir avec leurs modestes salaires de chercheurs. Il y a un rapport sur l'eau tellement catastrophique qu'il faudrait interdire aux enfants de boire l'eau. Du coup pour le moment le rapport ne sort pas mais s'il sort ce sera une bombe.
Rédigé par : Marion a perdu ses lunettes | 03 mars 2009 à 07:13
Ô le beau marronnier!
Reste que la question mérite d'être posée, dans le cadre plus large de la pollution des eaux par ce genre de produit chimique (il n'y a pas que les oestrogènes qui ne sont pas épurés par les stations d'épuration).
Cela dit, les partisans de la pilule diront que ce genre d'article est un prétexte pour réduire la liberté de la femme en matière de contraception - le Vatican avait sorti un truc du genre il y a quelque temps, et on a tout de suite soupçonné l'Eglise de vouloir museler les femmes.
@Marion: intéressant, ce que vous dites. Il semblerait que la question se pose aussi pour la nocivité des téléphones portables - après s'être posée pour la nocivité de la clope et, sans doute, de l'amiante.
Rédigé par : Daniel Fattore | 03 mars 2009 à 15:06