10 jours après la violente attaque policière contre la communauté paroissiale de Tam Toa (photo), le climat des relations entre catholiques et forces de sécurité n'a cessé de se détériorer. Dimanche 26 juillet, la mobilisation des 19 doyennés du diocèse de Vinh, second plus grand diocèse du Vietnam après celui de Xuân Lôc, a été complète. 170 prêtres, 420 religieuses et un demi-million de fidèles se sont rassemblés pour des protestations pacifiques. Cette manifestation populaire est la plus importante qu'ait jamais connue le Vietnam. Des heurts entre les communautés catholiques et les forces de l'ordre ont eu lieu ; plusieurs prêtres ont été l'objet d'agressions délibérées de la police et deux d'entre eux ont été grièvement blessés. Depuis l'attaque policière du 20 juillet, la paroisse est devenue un lieu de pèlerinage où des délégations paroissiales viennent prier et exprimer leur solidarité avec cette communauté agressée.
La police, accompagnée de groupes d'hommes de main, s'est montrée particulièrement agressive. Dans la matinée du 27 juillet, le P. Paul Nguyên Dinh Phu, curé de Du Lôc, faisait partie d'un groupe de quatre prêtres et d'environ 100 fidèles en visite à Tam Toa. Alors que les pèlerins essayaient de pénétrer sur le terrain de l'église en ruines, une rixe éclata entre eux et les policiers. Alors qu'il se portait au secours d'une femme tabassée par les policiers, le prêtre fut pris à partie et frappé à la tête et au visage par une trentaine de policiers. Il a été alors transporté à l'hôpital.
Dans l'après-midi du lendemain, le P. Pierre Ngô Thê Binh, au nom de l'évêché, avait pris rendez-vous avec un haut fonctionnaire dans l'établissement où était soigné son confrère. Au sortir de l'hôpital, le prêtre est tombé dans une embuscade tendue par une centaine d'hommes de main des autorités. Il fut, lui aussi, violemment agressé, jeté à terre et laissé gisant sur le sol.
Tout au long de ces jours de crise, l'évêché de Vinh a joué un rôle prépondérant dans le mouvement de protestation contre les violences policières. Des communiqués émanant de lui ont établi la version authentique des faits et ont réfuté soigneusement les fausses accusations portées par les médias officiels.