Une "Autorité politique mondiale" n'est pas un "super-Etat mondial"
08 juillet 2009
Les médias s'étant longuement arrêtés sur le §67 de l'encyclique, voire n'ayant retenu que celui-ci, il convient de s'y pencher. Benoît XVI ne réclame pas un gouvernement mondial, ni la fin de l'autorité des nations... Il y écrit notamment, après avoir réclamé une réforme de l'ONU :
"il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale [...]. Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun, s’engager pour la promotion d’un authentique développement humain intégral qui s’inspire des valeurs de l’amour et de la vérité. Cette Autorité devra en outre être reconnue par tous, jouir d’un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits. Elle devra évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux. En l’absence de ces conditions, le droit international, malgré les grands progrès accomplis dans divers domaines, risquerait en fait d’être conditionné par les équilibres de pouvoir entre les plus puissants. Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour la gouvernance de la mondialisation et que soit finalement mis en place un ordre social conforme à l’ordre moral et au lien entre les sphères morale et sociale, entre le politique et la sphère économique et civile que prévoyait déjà le Statut des Nations Unies."
C'est une critique à peine voilée -au moment où s'ouvre le G8- de la confiscation et l'utilisation des organes internationaux par quelques uns. Voici ce qu'en écrivait le pape Jean XXIII dans Pacem in Terris (§145), cité en note de la nouvelle encyclique :
"Nous désirons donc vivement que l'organisation des Nations Unies puisse de plus en plus adapter ses structures et ses moyens d'action à l'étendue et à la haute valeur de sa mission. Puisse-t-il arriver bientôt, le moment où cette Organisation garantira efficacement les droits qui dérivent directement de notre dignité naturelle, et qui, pour cette raison, sont universels, inviolables et inaliénables."
A l'heure actuelle, on sait que différents organes de l'ONU tentent de garantir plutôt le crime de l'enfant à naître ou le délitement de la famille... Contrairement à ce que semblent penser les médias, l'idée d'une Autorité mondiale n'est pas nouvelle, elle existe déjà dans le Compendium de la DSE [§ 441 à 443], également cité en note de l'encyclique de Benoît XVI, ce qui permet d'expliciter ce qu'entend le Pape :
"Il est essentiel que cette autorité soit le fruit d'un accord et non d'une imposition, et qu'elle ne soit pas comprise comme « un super-État mondial ». [...] Il n'appartient pas à l'autorité de la communauté mondiale de limiter l'action que les États exercent dans leur sphère propre, ni de se substituer à eux. Elle doit au contraire tâcher de susciter dans tous les pays du monde des conditions qui facilitent non seulement aux gouvernements mais aussi aux individus et aux corps intermédiaires l'accomplissement de leurs fonctions, l'observation de leurs devoirs et l'usage de leurs droits dans des conditions de plus grande sécurité".
Enfin, le texte fait également référence à l'encyclique de Jean-Paul II Sollicitudo rei socialis (§42) où l'on peut notamment lire (mais le reste du § est également à lire) :
"Les Organisations internationales, selon de nombreux avis, semblent se trouver à un moment de leur histoire où les mécanismes de fonctionnement, les frais administratifs et l'efficacité demandent un réexamen attentif et d'éventuelles corrections. Evidemment un processus aussi délicat ne peut être mené à bien sans la collaboration de tous. Il suppose que l'on dépasse les rivalités politiques et que l'on renonce à la volonté de se servir de ces Organisations à des fins particulières, alors qu'elles ont pour unique raison d'être le bien commun. Les Institutions et les Organisations existantes ont bien travaillé à l'avantage des peuples. Toutefois, affrontant une période nouvelle et plus difficile de son développement authentique, l'humanité a besoin aujourd'hui d'un degré supérieur d'organisation à l'échelle internationale, au service des sociétés, des économies et des cultures du monde entier."
Merci pour cet article.
L'encyclique vient à point.
Rédigé par : Question | 08 juillet 2009 à 10:00
Certes oui.
Mais quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend, n'a-t-on pas raison de penser ce qu'on pense ?
A savoir que l'on donne des verges pour se faire battre et qu'il ne faudra pas venir se plaindre si cette autorité politique mondiale se met au service de l'antéchrist et de sa politique de mort. Ne soyons pas trop irénistes et n'oublions pas la marque du péché originel.
[Et cessons d'agir car le péché originel est une fatalité... Plus sérieusement, le Pape met les institutions internationales, et en particulier l'ONU, face à leurs contradictions. MJ]
Rédigé par : Tonio | 08 juillet 2009 à 10:08
A propos de l'importance du rôle des nations, on peut se reporter aux propos du pape devant les évêques de France à Lourdes en septembre dernier:
vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=jbGyAD3Xywk
et texte ici: http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/06/lue-selon-beno%C3%AEt-xvi.html
Rédigé par : Guillaume | 08 juillet 2009 à 10:30
Je ne suis ni juriste, ni théologien et donc je ne peux, ni ne veux parler en tant que tel !
Mais ce que je sais, c’est qu’une Autorité réelle, ne se partage pas ! [Faux : l'autorité réelle doit respecter le principe de subsidiarité, ce qui est bien rappelé ici. MJ]
Si demain existe une Autorité politique mondiale, elle ne pourra exister qu’au détriment des autorités nationales !
J’avoue ne pas voir ou Sa Sainteté Benoît XVI veut nous emmener.
Tous les problèmes du monde aujourd’hui, ne peuvent être résolus que par des solutions nationales !
A quoi peut donc nous servir une autorité de plus ?
Cela me paraît complètement utopique de penser pouvoir mettre d’accord le monde entier car chacun, dans le meilleur des cas, recherche prioritairement son intérêt.
Le conflit, entre autres, israélo-palestinien, n’en est qu’un seul exemple !
Ce que souhaite Benoît XVI, va arriver mais dans la pire des version possible !
Toutes les instances mondialistes tel que l’Onu ne sont faites que pour préparer l’arrivée de l’Antéchrist, qui demain sera l’Autorité politique mondiale. Tout est fait, programmé, organisé pour lui
Espérer, souhaiter, que cette fameuse Autorité politique mondiale soit l’inverse de l ‘Antéchrist, c’est bien, mais c’est juste souhaiter la Parousie !
A priori, ce n’est pas pour demain.
[Cette dernière remarque peut s'appliquer à tout ce que dit l'Eglise : le respect de la vie, de la famille, le primat de la morale sur la technique... sont tout aussi utopiques que cette fameuse autorité politique mondiale... MJ]
Rédigé par : HB | 08 juillet 2009 à 10:31
Il est trop facile de déconnecter "autorité" de "gouvernement". [Encore une fois, cette Autorité ne doit pas être confondue avec un super-Etat mondial, comme le rappelle le compendium de la DSE auquel ce passage fait référence. MJ]
Cette encyclique appelle en effet à un renforcement des pouvoirs de l'ONU, car qui dit autorité dit pouvoir de règlementer, et donc force d'intervention auprès des récalcitrants [A ceci près que cette Autorité "doit être reconnue par tous" MJ]. Sinon, ce serait encore des coûts de fonctionnement sans but, et donc une fonctionnarisation mondiale de plus, après l'européenne et la française.
Or l'ONU est l'outil du tiers monde contre l'occident, et surtout celui des socialistes de tout poil contre l'économie libre. [D'où la nécessité de sa réforme, souhaitée par le Pape... MJ]
C'est à dire un ennemi mortel que nous avons eu la folie de mettre en place en 1945, et surtout de continuer à financer.
Que le pape aille dans cette direction peut être congruent avec le destin de l'église, mais absolument pas avec ceux des Français en particulier et des peuples d'orgine européenne en général.
Toute les nuances de la pensée papale, n'auront pas grande incidence sur ce qui sera retenu [c'est à nous, catholiques, qu'il s'adresse en priorité. Il serait dommage que les catholiques ne distinguent pas les nuances... MJ] : une autorité économique qui devra règlementer, c'est à dire interdire ou sanctionner, les actes des entrepreneurs considérés comme des criminels ou des imbéciles. Et par qui? Par des fonctionnaires de bric et de broc [Pourquoi faire dire au Pape ce qu'il n'a pas dit ? MJ] dont les pays sont de magnifiques exemples d'incompétence en la matière et depuis des milliers d'années.
Il n'y a aucune révérence à avoir pour un européen devant l'arrogance de ces fonctionnaires mondiaux qui nous haïssent ou n'ont aucune conscience de ce que le mot risque signifie. [La réforme de l'ONU devra alors prendre en compte cet aspect. Ne croyez pas que le pape soit naïf : le Saint-Siège est présent à l'ONU et sait bien ce qui s'y passe. C'est bien pourquoi le pape réclame une réforme des institutions internationales. MJ]
Rédigé par : Clément | 08 juillet 2009 à 10:42
[@ Noe : je n'ai pas validé votre commentaire car vous prenez un malin plaisir à opposer Benoît XVI à ses prédécesseurs. Ce qui signifie d'ailleurs que vous n'avez pas lu le premier chapitre de cette encyclique.
Vous voulez voir cette "Autorité" comme une copie conforme de ce qui existe actuellement alors que justement, le Pape prend soin de demander une réforme de l'ONU !
Vous traitez les autres commentateurs de "naïfs ou stupides", ce qui ne vous grandit pas. Lisez l'encyclique et revenez sereinement la commenter si besoin. Mais ne comptez pas sur ce Salon pour vous offrir une tribune antipapiste.
Michel Janva]
Rédigé par : Noe | 08 juillet 2009 à 10:46
merci à Michel Janva pour sa pédagogie charitablement ordonnée.
Rédigé par : Sancenay | 08 juillet 2009 à 11:13
Je suis tombé récemment sur un texte de l'Eglise qui rappelait la nécessité de "la vérité dans la charité." La vérité seule n'existe pas ; la vérité dans la charité permet des miracles. J'avais besoin de m'en rappeler dans ces temps de chaos.
J'y songe beaucoup en ce moment, et ce texte doit être lu et compris à travers cela je pense.
Rédigé par : Okapi T | 08 juillet 2009 à 12:03
moi je verrais bien le Pape dans ce rôle....
Rédigé par : Lisa | 08 juillet 2009 à 12:05
Une autorité mondiale, pourquoi pas s'il y a un bien commun mondial, il faut bien un autorité mondiale.
Mais les institutions ne valent que par la conscience de ceux qui les forment et donc les dirigent. Si c'est pour imposer l'avortement comme un droit et bientôt un devoir, ce sera pire que pas d'autorité, mais si c'est pour lutter contre la faim, pour le développement contre l'avortement, pour la vie et contre les guerres et les génocides, pour les droits de l'homme et contre les dérives idéologiques ou les pathologies religieuses, alors oui !
La solution serait que les peuples du monde demandent le règne de Christ, il serait alors plus difficile que l'autorité mondiale favorise l'injustice et le mensonge et viole les droits de l'homme.
Rédigé par : Denis Merlin | 08 juillet 2009 à 12:19
@ Lisa,
C'est bien la raison pour laquelle la franc-maçonnerie tape exclusivement sur les catholiques depuis plus de deux siècles.
L'ECR est l'organisation type trans-nationale avec une vision humaniste non dépendant d'intérêt privé.
C'est donc un déjà un organisme directeur au niveau mondial (et en l'occurrence, on peut dire que le très saint Père prêche... pour sa paroisse dans son encyclique).
Les mondialistes et autres cathophobes le savent très bien.
Rédigé par : PK | 08 juillet 2009 à 14:36
Je ne suis pas étonnée que les antipapistes de tout poil soient déjà au créneau, sabre au clair...
De telles notions sont déjà complexes et difficilement saisissables (comme le montrent les commentaires précédents) pour des papistes, qui ont pourtant un a priori positif... alors qu'attendre d'autre que des cris d'orfraie de la part d'anticatholiques primaires qui ne pensent que par slogan ?
Rédigé par : AncillaDomini | 08 juillet 2009 à 21:50
A Michel Janva,
Désolé d’insister, mais dans la réalité du monde d’aujourd’hui, l’Autorité, de fait, ne se partage pas ! Il y a une différence de fait importante entre ce qui devrait se faire et ce qui de fait, se fait !
Qui peut réellement penser que demain l’Autorité Politique Mondiale respecterai ce principe de subsidiarité ?
On peut croire au miracle, les espérer, c’est mon cas, mais il est fortement déconseillé de croire au Père Noël !
Entre les autorités étatiques (les gouvernements) les autorités super étatiques (l’U.E. et de fait les USA) les autorités mondialistes (ONU OTAN) et les véritables autorités mondialistes (Bildenberg, trilatérales etc., etc..) il va être extrêmement difficile à Benoît XVI de nous expliquer la réelle utilité d’une autre Autorité Politique Mondiale !
Une overdose de gouvernants en tout genre n’arrangera rien, et comment penser que celle ci serait du bon coté ?
Les états sont faits à taille humaine !
Je ne connais qu’un seul vrai Roy du monde, et c’est Dieu !
Je ne connais personne d’autre que Satan pour vouloir prendre sa place !
De fait, très concrètement une Autorité Politique Mondiale nous conduira très directement à l’Antéchrist !
Comment le Pape pourrait-il éviter ça ?
D’ou vient cette idée d’APM ?
Le mondialisme est en marche, et nous devons tous lutter contre !
Dites-moi si je me trompe, mais les apparitions de La Salette sont reconnues par l’Eglise !
Alors que personne n’oublie son message! Il est humainement effrayant!
[Désolé d'insister mais dans la réalité du monde d'aujourd'hui, la vie de l'enfant à naître ne tient qu'à un fil... Il me semble que vous n'avez pas saisi l'intérêt d'une encyclique car à ce petit jeu, tout est utopique.
Cette idée d'APM est bien ancienne, comme je le montre. Et elle remet en cause le fonctionnement de tous les organismes supranationaux en leur rappelant leurs droits et leurs devoirs. MJ]
Rédigé par : HB | 08 juillet 2009 à 22:23
A Michel Janva,
Exact, je n'ai pas saisi l'importance, non de l'encyclique, (que je n'ai pas encore lu dans sa totalité) mais seulement du paragraphe 67 sur l'APM!
Même si je peux accepter ce que dit Sa Sainteté Benoît XVI, sans même le comprendre, j'aimerai qu'Il développe son idée et surtoutqu'Ils nous parle des moyens concrets pour la mettre en oeuvre!
[Le pape a dit lui-même que l'Eglise ne donne pas de moyens techniques. Mais lisez les §57 et 41. Il ne faut pas mélanger mondialisation et mondialisme. MJ]
Rédigé par : HB | 09 juillet 2009 à 00:05
à HB
vous avez évidemment raison de souligner à votre façon que nous ne sommes pas au Paradis, cependant notre devoir est de tendre à nous y rendre justement en le préparant ici-bas.
Le Saint-Père nous propose une sorte de guide ,dans la ligne de la tradition séculaire de l'Eglise, pour y contribuer au plan politique à un moment où qu'on le veuille ou non le monde est entrain de se réorganiser, sortant enfin réellement du statu quo -peu alléchant- né de la deuxième guerre mondiale.
Certes la partie semble rude et pas toujours bien engagée , pour employer une litote, cependant les difficultés ne manquent pas non plus aux puissants et aux superbes, et la parole du Saint-Père peut porter d'autant plus en ces temps de remise en cause obligée.
Il serait dommage que les modestes guetteurs que nous sommes se mettent à douter et ne s'en fassent pas , tout au contraire l'écho, avec Espérance et hardiesse.
Que Dieu vous garde dans ce sens .
Rédigé par : Sancenay | 09 juillet 2009 à 14:45
Pour bien comprendre pourquoi le Pape parle d'"autorité mondiale", il faut se référer au ( surtout connaître PARFAITEMENT droit naturel et bien comprendre le principe de subsidiarité. Cela permet de mettre en évidence les enjeux et les différences entre gouvernance mondiale, qui sera alors politique et subjective, et autorité mondiale qui s'appuie sur des droits objectifs inscrits dans tout les Hommes. S'oppose deux idéaux: Diviser pour régner ou Ordonner et rassembler pour garantir la Liberté effective de chacun.
Rédigé par : Ulysse | 09 juillet 2009 à 16:18