Ces paroles sont de Edward Green, anthropologue et directeur de l'Aids Prevention Research Project (site)de la Harvard School of Pubblic Health and Center for Population and Developement Studies (site), qui est intervenu le 25 août au Meeting de Rimini sur le thème "Le Sida, un problème culturel". Loin de la pensée unique, ce scientifique reconnu sera soit tu, soit lapidé.
Il y eut de grands moments dans cette intervention :
- Sur l'adaptation du préservatif à l'Afrique :
"Il n'y a aucune preuve que les préservatifs aient une quelconque efficacité dans la réduction à grande échelle du Hiv, en particulier en cas d'épidémies très étendues, comme en Afrique (...) C'est un instrument qui peut peut-être fonctionner pour de simples individus mais pas nécessairement pour des populations et des pays (...) Et pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas en Afrique ? Avant tout parce qu'il n'est pas utilisé régulièrement, parce qu'il y a une faible demande, parce que cela réduit le plaisir, parce que cela indique un manque de confiance au sein du couple et surtout parce qu'il y a ce que l'on appelle la ‘compensation du risque' ".
"Tous ces principes sont immuables et généraux et il ne suffit donc pas de dire ‘il faut que tout le monde utilise toujours le préservatif' parce que cela ne se passe pas comme cela (...) [En particulier] les stratégies centrées sur les préservatifs ont initialement été développées aux Etats-Unis, en pensant aux groupes les plus vulnérables, à ceux les plus exposés aux infections, c'est-à-dire aux homosexuels masculins, aux héroïnomanes et aux prostituées (...)
A ce moment-là, « les ressources pour la prévention étaient principalement utilisées pour la réduction du risque ou pour développer des solutions médicales (...) En réalité, il n'y avait aucune preuve que ces mesures préventives réduisent la diffusion du Hiv en Afrique, parce qu'elles n'ont pas eu d'impact général sur l'épidémie (...) la fidélité et la circoncision masculine semblent avoir eu de bons effets en Afrique, aboutissant à une réduction de 60 % dans la réduction du Hiv".
- Lobbies gays, liberté sexuelle et sens des affaires :
"Aux Etats-Unis, entre 1982 et 1985, quand on ne parlait plus du Sida comme de la slim disease, « les homosexuels et les héroïnomanes étaient considérés comme des groupes très stigmatisés et marginalisés » et « personne ne pouvait lancer de jugement moral sur leurs habitudes sexuelles parce qu'il s'agissait de la sphère privée et cela était donc intouchable ».
La liberté sexuelle, a souligné Green, était considérée par la communauté « gay » comme une conquête, fruit d'une longue bataille à laquelle on ne pouvait pas renoncer.
Quand ensuite les Etats-Unis ont commencé à lancer des programmes au niveau international, exportant le modèle centré sur le préservatif aux autres pays, indépendamment du mode de diffusion de l'épidémie, les personnes qui se sont montrées les plus intéressées ont été les activistes gays et les experts en planification familiale.
Le préservatif étant aussi une technologie à bas coût, a continué Green, « la prévention du Sida est devenue une sorte de business ».
- Pour finir un témognage :
"« Le monde d'aujourd'hui - a affirmé Rose Busingye - produit une manière de concevoir les personnes comme un agrégat de fragments et de segments » à soigner et à traiter séparément, si bien que l'on génère seulement « confusion et contradiction ».
« Mais je ne suis pas un détail - a-t-elle affirmé. Pour soigner un homme, on ne doit pas partir de la particularité du Sida. L'homme n'est pas une maladie, l'homme n'est pas le sexe ». « L'oto-rhino-laryngologiste n'est pas seulement face à un nez mais face à un homme avec un nez », a-t-elle plaisanté.
Au Meeting Point, les femmes de Rose - environ 2000 actuellement et presque toutes malades du Sida, avec autant d'enfants qui jouissent du soutien à distance de l'AVSI et d'autres projets - s'aident pour prendre les médicaments, et si l'une d'entre elles meurt, les enfants sont pris en charge dans une autre maison.
Ces femmes, a-t-elle continué, « sont malades et pourtant, à travers le virus, elles ont découvert qui elles sont vraiment, et quand tu découvres que la vie a de la valeur, tu la protèges ».
« La bataille -a-t-elle conclu - se joue pour la vraie valeur de la dignité humaine. Le problème est de trouver un sens à toute chose".