Catéchèse du Saint-Père sur un abbé de Cluny
15 octobre 2009
Donnée ce jour place Saint-Pierre :
"La figure de Pierre le Vénérable, que je présente dans la catéchèse d'aujourd'hui, nous ramène à la célèbre abbaye de Cluny, à sa « dignité » (decor) et à sa « splendeur » (nitor) (...)
Cependant, plus encore que ces aspects, la personnalité de Pierre rappelle la sainteté des grands abbés de Cluny : à Cluny « il n'y eut pas un seul abbé qui ne fut un saint », affirmait en 1080 le Pape Grégoire VII. Parmi ceux-ci s'inscrit Pierre le Vénérable, qui rassemble en lui un peu de toutes les vertus de ses prédécesseurs (...)
Pierre est une exemple admirable d'ascète rigoureux avec lui-même et compréhensif avec les autres. (...)
Nous pourrions dire que ce saint abbé constitue un exemple également pour les moines et les chrétiens de notre époque, marquée par un rythme de vie frénétique, où les épisodes d'intolérance et d'incommunicabilité, les divisions et les conflits ne sont pas rares. Son témoignage nous invite à savoir unir l'amour pour Dieu à l'amour pour le prochain, et à ne pas nous lasser en renouant des relations de fraternité et de réconciliation. C'est en effet ainsi qu'agissait Pierre le Vénérable, qui se retrouva à la tête du monastère de Cluny pendant des années qui ne furent pas très sereines, en raison de différentes causes extérieures et internes à l'abbaye, réussissant à être dans le même temps sévère et doté d'une profonde humanité (...)
Il nourrissait en outre attention et sollicitude également pour ceux qui étaient en dehors de l'Eglise, en particulier pour les juifs et les musulmans : pour favoriser la connaissance de ces derniers il fit traduire le Coran. Un historien récent observe à cet égard que : « Au milieu de l'intransigeance des hommes du Moyen-âge - même les plus grands d'entre eux - nous admirons ici un exemple sublime de la délicatesse à laquelle conduit la charité chrétienne » (J. Leclercq, Pierre le Vénérable, Jaka Book, 1991, p. 189). D'autres aspects de la vie chrétienne lui étaient chers, tels que l'amour pour l'Eucharistie et la dévotion envers la Vierge Marie. Sur le Très Saint Sacrement, il nous a laissé des pages qui constituent « un des chefs-d'œuvre de la littérature eucharistique de tous les temps » (ibid. , p. 267), et sur la Mère de Dieu il a écrit des réflexions éclairantes, en la contemplant toujours en étroite relation avec Jésus Rédempteur et avec son œuvre de salut (...)
Sa théologie plonge ses racines dans la prière, notamment liturgique, et parmi les mystères du Christ, sa prédilection allait à la Transfiguration, dans laquelle se préfigure déjà la Résurrection. C'est lui qui introduisit cette fête à Cluny, en composant pour elle un office spécial, où se reflète la piété théologique caractéristique de Pierre et de l'Ordre de Cluny, tout entière tendue à la contemplation du visage glorieux (gloriosa facies) du Christ, en y trouvant les raisons de cette joie ardente que distingue son esprit et rayonne dans la liturgie du monastère (...)
Chers frères et sœurs, ce saint moine est assurément un grand exemple de sainteté monastique, nourrie aux sources de la tradition bénédictine. Pour lui l'idéal du moine consiste à « adhérer avec ténacité au Christ » (Ep. 53, l.c., p.161) dans une vie de clôture se distinguant par l'« humilité monastique » (ibid.) et le dévouement au travail (Ep. 77, l.c., p. 211), ainsi que par un climat de contemplation silencieuse et de louange permanente à Dieu. La première et la plus importante occupation du moine, selon Pierre de Cluny, est la célébration solennelle de l'office divin - « œuvre céleste et la plus utile de toutes » (Statuta, I, 1026) - qu'il faut accompagner par la lecture, la méditation, la prière personnelle et la pénitence observée avec discrétion (cf. Ep. 20, l.c., p. 40).
De cette manière toute la vie résulte imprégnée d'un amour profond pour Dieu et d'un amour pour les autres, un amour qui s'exprime dans l'ouverture sincère au prochain, dans le pardon, et dans la recherche de la paix. Nous pourrions dire, pour conclure, que si ce style de vie uni au travail quotidien, constitue pour saint Benoît l'idéal du moine, celui-ci nous concerne tous également, il peut être, dans une large mesure, le style de vie du chrétien qui veut devenir un authentique disciple du Christ, caractérisé précisément par une forte adhésion au Christ, par l'humilité, par le dévouement au travail, par la capacité de pardon et de paix".
"Il nourrissait en outre attention et sollicitude également pour ceux qui étaient en dehors de l'Eglise, en particulier pour les juifs et les musulmans : pour favoriser la connaissance de ces derniers il fit traduire le Coran."
A méditer....
Rédigé par : pompignan | 15 octobre 2009 à 13:30
Peut-être la personnalité la plus méconnue de Cluny, à tort ! Espérons que cette catéchèse du Saint-Père aidera à voir en lui au-delà de la traduction du Coran et au-delà de la critique (assez roide, il faut l'avouer) des juifs.
Rédigé par : Stylus Phantasticus | 15 octobre 2009 à 14:33
Pas question pour les musulmans de traduire l'évangile ! Quant au "saint coran", il contient beaucoup de versets hostiles au christianisme et évoque la guerre qu'il faut lui faire jusqu'à totale disparition.Les papes, en véritables héros et parfois saints ont dans les siècles passés condamnés fermement les fausses religions et combattu l'islam comme il se doit lorsqu'on proclame la Parole de Dieu dans l'Evangile.
Rédigé par : louis | 15 octobre 2009 à 16:39
Disons que Pierre le Vénérable a eu l'honnêteté intellectuelle de lire le coran (d'où la traduction) avant de le réfuter : c'est surtout en cela qu'il doit être loué. La lettre-préface du traité sur l'islam est très intéressante, parce qu'il voit dans sa tentative de réfutation une croisade spirituelle. Les études actuelles considèrent qu'il s'adresse surtout à ceux qui pourraient être tentés par l'islam, en Espagne, ou en Sicile, à la cour de Roger II.
Pour ce qui est des juifs, il faut être honnête, le Saint-Père s'arrange un peu facilement de textes qui sont extrêmement vindicatifs et généralement injustes. C'est regrettable chez Pierre le Vénérable, qui était par ailleurs éminemment plus charitable et plus accessible au pardon et à la compréhension que saint Bernard (qui l'a largement conspué, tout "ami" qu'il s'en disait).
Une remarque importante : Benoît XVI reconnaît ici publiquement et à plusieurs reprises la sainteté de Pierre le Vénérable, qui n'a jamais été canonisé officiellement ; cela fera date !
Rédigé par : Stylus Phantasticus | 16 octobre 2009 à 01:01