Béatification? La polémique "Edmond Michelet" enfle d'elle-même 2/2
30 novembre 2009
Chrétiens dans la Cité est plus direct :
"La cause de béatification d'Edmond Michelet (1899-1970) a été ouverte officiellement en 2006 en raison de son comportement admirable comme résistant et déporté. Son petit-fils, Mgr Benoît Rivière, évêque d'Autun, est un ardent défenseur de la cause. Celle-ci semble néanmoins compromise par le comportement d'Edmond Michelet comme homme politique et surtout ministre de la Justice entre 1959 et 1961. Le 4 juin 1960, il signait une ordonnance, pour rétablir la peine de mort en matière politique, abolie depuis 1848. Puis il demandait qu’elle soit appliquée aux généraux Challe et Zeller en mai 1961. Ceux-ci n’ayant été condamné qu’à 15 ans de détention criminelle, il a qualifié de « détestable » le réquisitoire du procureur général qui n’avait requis que la réclusion criminelle à perpétuité et de « scandaleux » le verdict du Haut Tribunal militaire institué spécialement. C'est ce que rappelle Bernard Zeller, sixième enfant du général, dans un petit livre intitulé Edmond Michelet est-il un saint? (La Doller, 136 p., 10 €) Sans répondre à la place de l'Église, il offre une biographie qui rappelle des faits et pose des questions précises".
En dehors de ces questions politiques, c'est aussi un combat sous-marin qui semble se jouer et qui inquiète un de nos correspondants : Après avoir quitté l'Action française, Edmond Michelet est devenu une figure de proue de la démocratie chrétienne, pourtant condamnée par l'Eglise et jamais réhabilitée (encyclique Graves de communi re). Obtenir pour lui la gloire des autels fut-ce pour des actions précises entre 1940 et 1945 est attendu par certains comme une reconnaissance de la valeur de son cheminement politique et de sa philosophie religieuse.
Un des nombreux arguments qui plaident cependant en sa défaveur est sa soumission totale et aveugle au général De Gaulle qui ne pèse pas d'un poids très lourd dans la balance des vertus. La situation est cependant étrangement sauvée : un colloque vient d'être tenu les 14 et 15 novembre au Collège des Bernardins avec intervention du cardinal archevêque de Paris sur le thème : "Charles de Gaulle, chrétien, homme d'état". Si, si, vous avez bien lu : chercherait-on insidieusement à justifier la politique de De Gaulle par sa foi?... Les actes de ce colloque demeurent introuvables pour l'instant, mais nombreux sont ceux qui attendent par exemple, la justification chrétienne de l'abandon et du massacre des harkis.
Rapprocher ces deux faits (la cause de béatification de Michelet et le colloque sur De Gaulle) peut paraître risqué ou hasardeux. Cela ne l'est pas car l'un met l'autre en lumière : le piège ouvert par la séparation de l'Eglise et de l'Etat devenu celui de la laïcité à la française, autorise une praxis en désaccord avec le logos au nom de la schizophrénie des sphères intérieure et extérieure. Mais cette loi est celle de l'Etat, pas celle de l'Eglise. Là est le coeur de cette polémique "Edmond Michelet" :
Si certains actes politiques de Michelet ne semblent pas en accord avec la Foi, il serait odieux qu'après avoir été décidés au nom de cette séparation ou provoqués par aveuglement politique, ils soient aujourd'hui justifiés par ses défenseurs par la Foi intouchable au prétexte que nul ne peut sonder les reins et les coeurs. Car c'est bien cette dernière assertion qui interdit de jauger la Foi mais qui permet de juger les actes et leur conformité avec celle-ci. C'est le travail de l'Eglise, bien assez difficile pour qu'il ne soit pas embrouillé dans ce cas par des manoeuvres politiques ou cléricales aux motivations parfois douteuses (par exemple, la validation implicite de la démocratie chrétienne).
Le cardinal archevêque de Paris ferait mieux de s'occuper de sa charge d'évêque : évangéliser et enseigner correctement la doctrine catholique au catéchisme, rappeler à l'ordre les responsables politiques et autres élites chrétiennes qui violent les principes de respect de la vie défendus par le catholicisme, plutôt que de s'occuper une fois de plus de politique au nom de sa qualité inexistante d'"autorité civile". Cet empiétement régulier de l'épiscopat dans les affaires temporelles commence à devenir pénible.
Rédigé par : SD | 30 novembre 2009 à 17:20
pour reprendre une phrase biblique :
"je ne vois là aucun motif de....béatification " !!!
Rédigé par : youpi !! | 30 novembre 2009 à 17:47
L'action de De Gaulle est certes critiquable, mais c'est de loin le chef d'État français le plus chrétien du XXè siècle. L'abandon des harkis n'était-elle pas une maladresse, impardonnable devant l'Histoire, mais finalement assez isolée ? Par maladresse, je veux dire : De Gaulle savait-il ce qu'il faisait ?
Rédigé par : RL | 30 novembre 2009 à 18:01
Quels moyens avons-nous de protester contre cette tentative de canonisation ?
[Il n'y a pas de votation ni de referendum pour les béatifications et les canonisations. C'est le travail de l'Eglise éclairée par l'Esprit-Saint. Il convient de prier pour que les clercs soient éclairés et que l'issue soit conforme à la volonté de Dieu. Le reste ne nous appartient pas, à nous laïcs. Lahire]
Rédigé par : DALET | 30 novembre 2009 à 18:04
Et je dirais que la sainteté si elle n'est pas nécessairement le constat d'une vie entière exemplaire (cf St Augustin ou le bx Père de Foucault), il n'empèche qu'elle doit être la sanction de vertus héroïques, et d'un cheminement vers un mieux et non l'inverse. Ste Jeanne Béréta n'a pas été canonisée parcequ'elle était mère de famille, mais parcequ'elle a choisit de donner sa vie pour sa fille, le St Curé d'Ars n'est pas saint parcequ'il a été prètre, mais parcequ'il a exercé son héroïsme dans le jeun la prière et la pénitence, On ne peut canoniser simplement sur une bonne actio
Rédigé par : Jacques | 30 novembre 2009 à 18:18
Ce blog gagnerait à laisser de côté son anti gaullisme primaire.
Est ce vraiment le moment de raviver ce genre de divisions ??
[Beau procédé : diabolisation puis indignation. En d'autres mot, vous nous demandez - pour notre bien sans doute, mais sans arguments - de changer car nos propos vous dérangent. Ben oui, ça peut arriver.... Merci d'être passé. Lahire]
Rédigé par : catho | 30 novembre 2009 à 18:21
Ma Foi au Saint Esprit me fait affirmer qu'un miracle n'est pas prêt de lui être attribué. Or, au-delà des magouilles d'influence des clercs, c'est encore Lui qui a le dernier mot!
Même si on ne peut préjuger de la place au Ciel d'Edmond Michelet (qui relève du privilège incontestable de la Miséricorde divine, & qui, si elle était prouvée, montrerait qu'on peut être pardonné de beaucoup), je ne vois pas comment sa béatification peut être obtenue pour le bénéfice de l'Eglise ; or cet effet est recherché aussi pour toute béatification.
Au-delà de l'engagement politique (contestable ou non) qui ne saurait être la seule raison de sa béatification, cet homme a publiquement montré une haine féroce face aux adversaires qu'il se créait, a pratiqué une idolâtrie sans borne de son président & surtout a réduit sa Foi à la sphère privée (au minimum). On est quand même très très loin des vertues chrétiennes, & encore plus de st Thomas More, patron des hommes politiques.
Ceci dit, dans tous procès de reconnaissance des vertus, les opposants sont invités à écrire au responsable du dossier, en argumentant leur opposition. Hélie de Saint Marc l'a fait de manière plus que claire, c'est un bon exemple (à suivre) de sa responsabilité de chrétien.
Rédigé par : Laetitia de M | 30 novembre 2009 à 19:22
je m'interroge : les réactions des leteurs parlent du Michelet au moment des événements d'Algérie, très bien. Mais, au moment de la Libération, cet individu n'était pas garde des sceaux ou ministre de l'intérieur au moment de l'épuaration?et avec quel activismze pour faire fusiller...
Les rigolos qui veulent sa béatification m'ont toujours siderés.Ce n'est même pas un "petit saint " dont parlait Bernanos (je ne retrouve pas la reférence dans mes papiers, mais les chrétien cultivés savent de quoi je parle).
Rédigé par : ALM | 30 novembre 2009 à 19:45
@ RL
Dans l'affaire des Harkis, De Gaulle savait-il ce qu'il faisait? Hélas oui!
Lorsque l'abandon se précisa, le Bachaga Bouallam, député, plaida: "Mais mon Général nous allons souffrir", la réponse gaullienne ne fut pas édifiante : "Eh bien, vous souffrirez!"
D'autre part, Alain Peyrefitte rapporte ces propos du Général, relatifs à l'indépendance algérienne :" Si les populations européennes et musulmanes s’entre massacrent, on laissera faire.
Le massacre eut lieu, mais à sens unique, on ne se souvient pas d'avoir entendu Edmond Michelet protester chrétiennement...
Rédigé par : Exupéry | 30 novembre 2009 à 19:54
lu l'encyclique : le pape dit comment entendre l'expression "démocratie chrétienne" :
"...Quant aux moyens qui contribuent à ce résultat, peu importe qu'on les désigne sous le nom d'action chrétienne populaire ou sous celui de démocratie chrétienne, pourvu que les enseignements émanés de Nous soient observés intégralement avec la déférence qui leur est due..."
il ne rejette pas explicitement l'expression.
cdt,
[Oui, tout à fait... et alors? Lahire]
Rédigé par : RV | 30 novembre 2009 à 20:01
Drôlement rigolo de lire les commentaires.
Rédigé par : josette | 30 novembre 2009 à 20:04
Un petit rappel :
Qui a tué les Harkis :
- Les Algériens (et non De Gaulle).
Qui a approuvé l'autodétermination ?
- Les Français à 75 %
Qui a approuvé les accords d'Evian ?
- Les Français à 90 %
Donc si on estime que le vote des Suisses est légitime, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître la même légitimité pour le vote des Français en 1961/1962.
Rédigé par : PN | 30 novembre 2009 à 20:39
catho,
Pas très catho!
Pourquoi donc un anti gaulliste est-il toujours présenté comme primaire?
Au même titre d'ailleurs que les anti communistes!
De plus, pour être conforme à l'esprit du temps, vous devriez rajouter: et viscéral!
Un primaire est toujours viscéral!
Soyez précis que diable!
Rédigé par : HB | 30 novembre 2009 à 20:49
et alors ?!?
vous dites : "Après avoir quitté l'Action française, Edmond Michelet est devenu une figure de proue de la démocratie chrétienne, pourtant condamnée par l'Eglise et jamais réhabilitée (encyclique Graves de communi re)." et moi je ne vois pas de condamnation dans l'encyclique seulement une mise en garde sur le sens à donner au terme democratie chrétienne. Soyez précis svp. cdt,
[Eh bien, nul autre que l'auteur de cette encyclique ne pourrait mieux le dire. La première phrase de chaque paragraphe ci-dessous pourrait suffire :
" il serait condamnable de détourner à un sens politique le terme de démocratie chrétienne. Sans doute, la démocratie, d'après l'étymologie même du mot et l'usage qu'en ont fait les philosophes, indique le régime populaire ; mais, dans les circonstances actuelles, il ne faut l'employer qu'en lui ôtant tout sens politique, et en ne lui attachant aucune autre signification que celle d'une bienfaisante action chrétienne parmi le peuple. En effet, les préceptes de la nature et de l'Evangile étant, par leur autorité propre, au-dessus des vicissitudes humaines, il est nécessaire qu'ils ne dépendent d'aucune forme de gouvernement civil ; ils peuvent pourtant s'accommoder de n'importe laquelle de ces formes, pourvu qu'elle ne répugne ni à l'honnêteté ni à la justice.
Ils sont donc et ils demeurent pleinement étrangers aux passions des partis et aux divers événements, de sorte que, quelle que soit la constitution d'un Etat, les citoyens peuvent et doivent observer ces mêmes préceptes qui leur commandent d'aimer Dieu par-dessus toutes choses et leur prochain comme eux-mêmes. Telle fut la perpétuelle discipline de l'Eglise ; c'est celle qu'appliquèrent toujours les Pontifes romains vis-à-vis des États, quelle que fût pour ceux-ci la forme de gouvernement".
Lahire
Rédigé par : RV | 30 novembre 2009 à 21:09
"Comportement admirable comme résistant et déporté", qu'est-ce que cela veut dire exactement? Avait-il déjà une dévotion bouleversifiante et exemplaire au futur bienheureux Charles de Gaulle?
Rédigé par : Mingdi | 30 novembre 2009 à 23:43
Que pense Christine Boutin de :
"il ne faut l'employer qu'en lui ôtant tout sens politique, et en ne lui attachant aucune autre signification que celle d'une bienfaisante action chrétienne parmi le peuple. En effet, les préceptes de la nature et de l'Evangile étant, par leur autorité propre, au-dessus des vicissitudes humaines, il est nécessaire qu'ils ne dépendent d'aucune forme de gouvernement civil ; ils peuvent pourtant s'accommoder de n'importe laquelle de ces formes, pourvu qu'elle ne répugne ni à l'honnêteté ni à la justice."
Rédigé par : SD | 01 décembre 2009 à 11:51
[Ce que vous annoncez est faux : nous publions tous les commentaires, même ceux qui ne vont pas dans notre sens. Un exemple? ici :
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2009/11/et-le-sacr%C3%A9coeur-sur-le-drapeau-fran%C3%A7ais.html
Mais évidemment, il y a certaines conditions.
La première : la charité. Quand vous nous insultez dans votre premier (et le second, d'ailleurs...) commentaire, je ne prends pas la peine d'aller plus loin.
La seconde : l'apport au débat. Vos deux commentaires apportaient beaucoup et votre érudition était évidente.
La troisième : l'honnétêté. Ras le bol de vos procès d'intention : "vous n'aimez pas Boutin!" etc. Mais que c'est lourd : je cite une encyclique et vous en déduisez ce que j'ai dans le coeur ou dans la tête sans lire le dernier post élogieux sur mme Boutin. C'est lourdingue. Tout ça pour prouver que vous avez raison?
J'ai hésité et puis, j'ai refusé de les mettre en ligne : gentil mais pas idiot. J'ai préféré nous priver de votre apport dont un autre lecteur nous gratifiera (je ne me fais pas de souci), plutôt que d'exposer avec, vos passages exagérés. La science dans la fiente, non merci.
Voilà, tout est dit et clairement dit.
La même chose dans la charité, l'honnêteté intellectuelle et ça se passera bien.
Lahire]
Rédigé par : Hubert | 02 décembre 2009 à 18:12