Commémoration des fidèles défunts : de la perte du sens de la mort
05 novembre 2009
Antoine de Saint-Exupery écrivait :
" Ce pour quoi tu acceptes de mourir, c'est cela seul dont tu peux vivre" .
C'est bien la mort, porte de la Vie éternelle qui donne à notre vie et une direction et une signification. Ces jours-ci, coup sur coup, je tombe sur ces deux dépêches :
la première de l'AFP titrée "Face à la mort, les cérémonies laïques et civiles se multiplient" décrit les nouveaux rituels mis en place. Après avoir laïcisé le mariage, le baptême, c'est le tour des funérailles :
"Face au déclin des pratiques religieuses, les Français confrontés à la mort d'un proche ont de plus en plus recours aux cérémonies laïques et à leurs nouveaux rituels, réponse moderne à un besoin anthropologique fondamental (...)
Face à la perte de repères spirituels, souligne M. Nérard, "la société ne se saisissait pas du problème comme d'une étape essentielle de la vie au même titre qu'une naissance ou qu'un mariage. La mort scénarisée est banale à la télévision, sur les jeux vidéo mais la vraie mort reste tabou (...)
"Ces cérémonies donnent du sens", explique Jean-Paul Rocle, chargé de mission au service funéraire de la ville de Paris".
- la seconde vient du blog de Jean-Dominique Merchet et porte sur les plaintes malheureuses portées pour fautes par les familles de deux soldats français mort en Afghanistan en août 2008. Elle cite Eric Deroo, auteur de "le Sacrifice du soldat" :
"Ce à quoi nous assistons, c'est à une désacralisation de la mort, du sacrifice du soldat. Si celui-ci avait été sacralisé, c'est pour le rendre supportable, acceptable. On avait mis en place des rites particuliers, une véritable liturgie républicaine, pour en faire, au sens propre, quelque chose d'exceptionnel. Avec ces plaintes, on en revient à des morts ordinaires, comme dans un accident ou un fait divers." "Ces plaintes touchent au symbolique. Il faut comprendre qu'après la Révolution française, des dispositifs ont été mis en place pour rendre acceptable la mort du soldat-citoyen. Avant, on mourrait pour son roi ou pour Dieu. Avec la religion laïque, le citoyen qui meurt pour la Patrie accède au Panthéon, il voit son nom gravé sur un monument. Ces dispositifs datent surtout de la IIIe République et trouvent leur point culminant lors de la Première Guerre mondiale, lorsque chaque soldat a eu droit à une tombe et à l'inscription de son nom". "Avec cette désacralisation de la mort du soldat, où va-t-on ?".
Désacralisation de la mort parce que désacralisation de la vie et perte de sens de la mort depuis qu'on refuse de vivre par Dieu : ces deux dépêches, malgré leurs erreurs, mettent le doigt sur le vrai problème de la perte et du besoin du sens de la mort en y apportant de mauvaises réponses, car toutes sont privées de l'Espérance. Cette même Espérance qui élève les yeux loin de la terre qui recueille les corps et vers le Ciel qui accueille les âmes, cette Espérance qui donne un sens à notre vie, à cette vie donnée par Dieu et à Lui rendue dans un dernier souffle.
"Quand nous marcherons dans la bonne direction, celle que nous avons prise depuis l’origine, en nous éveillant de la glaise, alors seulement nous serons heureux. Alors nous pourrons vivre en paix, car ce qui donne un sens à la vie, donne un sens à la mort" (Antoine de Saint-Exupéry).
Addendum : un problème technique fait apparaître ce post 3 jours plus tard...
Il est difficile de reprocher aux gens de vouloir une cérémonie laïque alors que beaucoup de prêtres refusent de célébrer certains jours des funérailles chrétiennes.
Pourquoi des gens qui demandent des funérailles chrétiennes et ne voient que des laïcs dévoués désignés par l'évêque pour faire un enterrement à l'Eglise ne se tourneraient-ils pas vers d'autres?
Ce n'est pas forcément une perte de sens. Ou si c'en est une, il est difficile de leur jeter la pierre, parce qu'ils n'ont pas rencontrés un prêtre dans leur vie.
"A qui irions-nous Seigneur?"
[Il est nullement question ici de "reprocher" ou de "jeter la pierre". Quant à la disponibilité des prêtres, j'en conviens, quoique là non plus pas question de "reprocher" ou de "jeter la pierre" massivement : le faible nombre et le grand âge sont souvent les causes de ces défections qu'on peut déplorer. Lahire]
Rédigé par : Vincent | 05 novembre 2009 à 23:46
Y a-t-il des prêtres qui refusent de célébrer des funérailles au cours d'une messe ordinaire en semaine ?
Rédigé par : Sablong Robert | 06 novembre 2009 à 18:31