Un député tient des propos eugénistes à l'Assemblée Nationale
29 janvier 2011
Lors de la séance du 25 janvier de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi Bioéthique, le député Olivier Dussopt (PS) [mention très insuffisant] a tenu des propos inadmissibles envers les trisomiques si bien que Le Collectif des Amis d’Eléonore a décidé de saisir la Halde pour propos contraires à la dignité des personnes atteintes de trisomie.
Voici les propos tenus lors du débat autour d'une proposition d'amendement du député UMP Xavier Breton visant "dans un souci d’information complète et objective, à remettre à la femme enceinte une liste des associations spécialisées dans l’accompagnement des patients atteints de l’affection recherchée et de leurs familles" :
M. Xavier Breton. Les mots « dépistage systématisé » et « avancée » employés par Mme la ministre posent question. Je ne considère pas comme une avancée le fait que 90 % des enfants trisomiques à naître soient supprimés. Les femmes enceintes doivent avoir une vraie liberté de choix, sans subir de pressions.
M. Marc Le Fur. Au fil du temps s’est organisée une forme d’eugénisme ; je crains que ce texte, involontairement, n’y concoure. En fait, c’est la trisomie 21 qui est visée. Or lorsqu’elle est dépistée, les femmes se voient privées de choix : l’avortement est systématiquement proposé. Nous devons nous interroger sur la systématisation d’une pratique qui se traduit par un taux d’avortement de 96 % (...)
M. Olivier Dussopt. Je rejoins la position de Mme la ministre. Là encore, il est intéressant de se reporter à l’exposé des motifs : lorsque je lis que l’objectif est de permettre à une femme enceinte dont l’enfant à naître serait atteint d’une pathologie de quasi-systématiquement rencontrer « une famille dont un membre est atteint de cette maladie », je m’inquiète des pressions susceptibles d’être exercées sur cette femme pour la convaincre qu’il peut être merveilleux d’avoir un enfant handicapé ou atteint d’une pathologie lourde. Quand j’entends que « malheureusement » 96 % des grossesses pour lesquelles la trisomie 21 est repérée se terminent par une interruption de grossesse, la vraie question que je me pose c’est pourquoi il en reste 4 %.
M. Philippe Gosselin. L’ajout que propose le rapporteur évite de donner à la disposition proposée par l’amendement un caractère systématique : la remise d’une liste d’associations peut contribuer à éclairer le choix, mais la femme enceinte n’est aucunement tenue de l’accepter. Je regrette que M. Dussopt ait tenu des propos à caractère eugéniste, mais ils ont sans doute dépassé sa pensée (...)
M. Philippe Meunier. Quel que soit le choix des parents, il n’est pas question de porter sur eux un jugement moral. Il est cependant normal qu’ils puissent recevoir une information. Le fait que l’un d’entre nous ait pu dire que les 4 % de fœtus trisomiques qui ne sont pas éliminés sont encore 4 % de trop est bien la preuve de la pression sociale dont parlait Xavier Breton (...)
M. Olivier Dussopt. Je comprends que ma position radicale puisse susciter quelque émotion, mais il ne faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai jamais dit que les 4 % d’enfants qui naissent malgré la détection de la trisomie sont des enfants en trop, mais qu’à titre personnel, je m’interroge sur les motivations qui peuvent conduire des parents à faire ce choix. Cela ne veut pas dire que je juge ce choix.
Peut-on avoir les coordonnées de ce charmant personnage pour lui faire part des raisons pour lesquelles il y a encore 4 % de familles courageuses et humaines en France et non pas 100 % d'eugénistes comme il le souhaite, comme lui semble-t-il donc, qui font et ont fait si mal à nos sociétés et pas que pendant la 2nde guerre mondiale. Je pense que tous les parents d'enfants trisomiques doivent apprécier !
[[email protected]]
Rédigé par : redoulez | 29 janvier 2011 à 12:32
Attendons que M. Dussopt précise sa pensée, mais même si "ses propos ont dépassé sa pensée", ça révèle bien des choses...
Aura-t-il l'intelligence et l'humilité de présenter ses excuses à toutes les personnes trisomiques ainsi qu'à leurs parents, et de démissionner, ce qui après tout, pour cette incitation à l'eugénisme, devrait être une évidence ?
Son adresse : [email protected]
Ce qui est terrifiant, c'est que probablement presque personne, hélas, ne s'offusquera de ces propos tenus publiquement par un élu de la Nation. Serait-il permis de dire que certains êtres humains ne devraient pas vivre, et interdit de dire, par exemple, qu'il vaut mieux qu'un enfant soit éduqué par une femme et un homme ?
Permettez-moi une petite citation de Bernanos :
Quand « une société, sans préjugé de sensibilité ou de morale, [se croira] capable de triompher du plus tenace des fléaux, la misère, grâce à une rigoureuse hygiène sociale, c’est-à-dire en limitant les naissances et en supprimant les infirmes, les anormaux et les paresseux, alors, l’idée démocratique aura achevé de se libérer d’un vocabulaire religieux ou sentimental, désormais inutile, pourra se montrer telle quelle, ainsi qu’une conception entièrement neuve et totale de la vie. […] Pourquoi le même génie qui va triompher de la loi de la pesanteur ne réussirait-il pas à nous affranchir de la loi morale ? » La Grande Peur des bien-pensants
Rédigé par : Gualtiero | 29 janvier 2011 à 12:58
Inqualifiables propos qui expriment parfaitement l'utilitarisme cynique née des obscures "lumières" (cf les ouvrages du Professeur Xavier Martin) qui empoisonnent l'environnement social et politique européen.
Pour autant , nous ne saurions condamner à l'instar de lui-même Monsieur, Dussopt d'être né avec une guillotine à la place du coeur.
Rédigé par : Sancenay | 29 janvier 2011 à 13:27
Olivier Dussopt est le maire d'Annonay en Ardèche, député de l'Ardèche. Il a été élu aux dernières élections législatives et municipales. Son élection avait été considérée, par certains, comme la prise du pouvoir d'un lobby bobo-gauchiste et "nouvelles moeurs" sur la municipalité d'Annonay. Ses propos eugénistes ne sont donc pas une surprise... en tous points c'est un homme "moderne".
Rédigé par : B.H. | 29 janvier 2011 à 13:39
M. Olivier Dussopt pourrait-il nous rappeler l'objectif de la lutte contre le Sida?
Ne serait-il pas opportun que 100% de ces malades se voient rapidement proposer (j'ai bien dit proposer, pas imposer) une euthanasie ("bonne mort") qui leur permettrait
-de ne pas souffrir
-de ne pas être dépendants de traitement médicaux lourds et contraignants, ainsi que coûteux (mais dont la collectivité prend en charge l'essentiel du coût, ne laissant qu'un reste à charge modeste au malade atteint de cette pathologie)
-de ne pas représenter une charge de plus en plus lourde pour la collectivité au travers de remboursements de leurs frais médicaux à la charge de la sécurité sociale, c'est-à-dire des cotisations de tout un chacun.
L'objectif de l'éradication du SIDA n'est-il pas de faire disparaître cette maladie, ce qui peut s'effectuer tout aussi simplement par l'éradication des porteurs de cette maladie?
Est-il merveilleux d'avoir un membre de sa famille atteint du Sida?
Propose-t-on aux malades atteint du Sida de rencontrer d'autres malades de ce type, des familles ayant eu un proche atteint du Sida qui a fait le choix de l'euthanasie?
Rédigé par : C.B. | 29 janvier 2011 à 13:41
Maire d'Annonay ?
Habitant à 20 km, je me charge de relayer cette "saillie" auprès de nombreux contacts locaux, son équipe, ses administrés, les centres sociaux... une équipe "de gauche" qui vit grand train bourgeois, soit dit en passant, gentilhommière et Cie.
Merci pour cette information.
Rédigé par : Machin | 29 janvier 2011 à 13:50
gualtiero@ " ce qui est terrifiant..."
il n'y a plus de réactions, et je me demande, si emporté par une vague d'autisme on lit seulement les commentaires des uns et des autres. Par exemple quelqu'un ici a donne lecture de l'article 214-1 du code pénal...sans succés.
Rédigé par : lebourg | 29 janvier 2011 à 14:09
Cela nous rappelle les pires heures de notre histoire.
Rédigé par : Olivier | 29 janvier 2011 à 14:14
Le "docteur" Mengelé n'aurait pas dit mieux !
Rédigé par : BERT | 29 janvier 2011 à 14:56
Gageons que ce soit plus par manque réél de connaissance de la trisomie ou par peur des handicapés (?) que ce malheureux tient de tels propos. Il serait souhaitable que ce Monsieur puisse aller faire un stage d'un mois dans une Arche de Jean Vannier; peut-être alors porterait-il un regard différent sur les personnes trisomiques. Ma fille est atteinte de cette maladie, & ça ne pose aucun problème, ni a elle, ni à la famille ! Et je préfère encore avoir comme enfant un trisomique qu'un enfant sain qui, devenu adulte, tiendrait de semblables propos. A chacun son handicap : chez certains, c'est le coeur.
Rédigé par : PGC | 29 janvier 2011 à 15:41
Nous sommes parents d'une jeune fille trisomique. Lors de l'échographie le gynécologue n'a pas vu la maladie. Nous avons donc appris que notre fille était atteinte de cette maladie à sa naissance. La sage femme,"gentiment" nous a dit que nous pouvions abandonnés notre enfant, que c'était permis (sic). Nous lui avons ri au nez tellement la phrase paraissait impensable. Et là nous avons bien compris que la vie était un don magnifique.
Tous les jours nous remercions le ciel d'avoir permis au gynéco d'avoir fait une "erreur" de lecture (mais si bien sûr tout n'est pas rose et nous ne vivons pas sur notre nuage).
Aurions-nous pu, en le sachant, résister aux pressions (croyant bien faire pour certaines personnes) de l'entourage pour garder notre enfant (même s'il ne faut pas s'accabler et que le caractère des gens se révèle dans l'épreuve en mal mais aussi en bien). Rien que de penser que nous aurions pu commettre l'irréparable si l'échographie avait été "bien" lue, nous rend malades aujourd'hui. Nous n'appartenions pas à une famille "traditionnaliste" et très impliquée dans le combat pour la vie. Ce qui ne veut pas dire qu'elle était opposée à la vie mais ce n'était pas une question centrale ne nous sentant sans doute pas suffisamment concernés car non confrontés à cette maladie.
La sacralisation de la vie n'étantt plus une valeur de la société, les parents sont laissés infiniment seuls et désarmés lorsque l'annonce d'un handicap arrive. C'est cela qui est monstrueux, alors que les lois devraient au contraire donner des règles éthiques du plus haut niveau possible pour soutenir les plus faibles (enfants à naître, mais aussi parents, voire mère).
Aujourd'hui notre fille qui n'a sans doute pas les capacités d'Éléonore, nous est pourtant d'un très grand réconfort et nous apporte beaucoup à sa manière, même si d'une façon différente de nos autres enfants.
Bien sûr ce député ne dirait pas les horreurs qu'il vient de dire à l'assemblée nationale, s'il savait et connaissait des trisomiques. Enfin j'espère qu'il ne se rend pas compte de la monstruosité de ses propos car sinon son aveuglement idéologique n'aurait rien à envier à d'autres époques sous le nazisme mais aussi aux époques barbares (cf la Sparte antique ou bien d'autres civilisations moins anciennes...).
Bravo au collectif Eleonore, à sa vigilance, à son action.
Rédigé par : c | 29 janvier 2011 à 15:42
Voici l'Article 214-1 du Code pénal, évoqué par Lebourg :
Le fait de mettre en oeuvre une pratique eugénique tendant à l'organisation de la sélection des personnes est puni de trente ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 Euros d'amende.
En vigueur depuis le 7 Août 2004
Créé par Loi n°2004-800 du 6 août 2004 - art. 28 () JORF 7 août 2004.
Rédigé par : Gualtiero | 29 janvier 2011 à 16:13
N'oublions pas que les pro-morts ont légalisés l'avortement puis combattent pour l'égaliser le suicide assisté et l'euthanasie.
Et ces avorteurs décident du sexe de ceux qui ne seront pas tués
En Asie ce sont les filles qui sont indésirables
En Occident ce sont les garçons
Et au tiers monde ce sont les pauvres
Les catholiques ont ce devoir de combattre cette culture raciste sexiste de la mort
Rédigé par : Tétraèdre | 29 janvier 2011 à 17:24
L'argumentaire de CB est nouveau et tout à fait stupéfiant, excellentissime.
Il faut s'en souvenir.
Ne faisons pas de discrimination : éliminons tous les handicapés et les malades, surtout les handicapés lourds et les malades coûteux.
Rédigé par : Jean Theis | 29 janvier 2011 à 18:20
La démarche de Monsieur Dussopt est ouverte, cela doit être souligné.
Lisez ces propos de manière impartiale : il ne comprend pas pourquoi des familles gardent un enfant trisomique. La précision qu'il porte ensuite montre, à mon sens, qu'il ne comprend pas, ne connaît pas, les motivations de ces familles, et pas qu'il les condamne.
C'est pourquoi je vous propose tout simplement de lui expliquer.
Rédigé par : Tardif | 29 janvier 2011 à 20:14
Je me permets de vous faire suivre le message que je viens de laisser sur la boite de M. Dussopt. Je ne manquerai pas de vous faire connaître sa réponse. Si réponse il y a !
Supprimer ceux dont le patrimoine génétique n’est pas conforme à la norme c’est très exactement ce que proposent les eugénistes. Aujourd’hui, on invite la jeunesse au "Devoir de mémoire" au regard des crimes commis par les nazis il y a 60 ans. Parallèlement on met en place une législation qui se propose de mettre en place très exactement le même programme : Dépistage des anomalies génétiques avec son corolaire l’avortement, puis l’euthanasie, le suicide assisté etc. Une seule sentence : La mort. Mais il y a un loupé, il en reste 4 % !
Vous rendez-vous compte 4% qui passent au travers des mails du filet ! Quelle horreur !
M. Dussopt, vous vous proposez de réserver au trisomique exactement le même sort et pour les mêmes motifs que celui qui fut réservé aux juifs, tsiganes, homosexuels, déficients génétiques de tous poils et j’en passe (l’assassinat des chrétiens relevant d’autres critères).
Alors, cher Monsieur Dussopt, deux questions : Etes vous certain que vous auriez été épargné à cette époque ? Et, avez-vous des sympathies néonazies ?
Rédigé par : Hermine | 29 janvier 2011 à 20:50
" je m’interroge sur les motivations qui peuvent conduire des parents à faire ce choix "
Réponse : l'amour, Monsieur, l'amour.... ; vous ne semblez pas savoir ce que c'est !!!
J'ai envie de lui écrire que quand on se pose encore ce genre de question - et ce n'est pas parce qu'il est le benjamin de l'Assemblée qu'on va l'excuser, on est probablement pas digne d'avoir la charge de la vie quotidienne de ses administrés.
Rédigé par : JCM | 29 janvier 2011 à 21:08
Parents d'un petit loulou trisomique 21 nous sommes offusqués et profondément peinés des propos tenus par ce cher député.
La trisomie de notre fils est profondément assumée et choisie chez nous puisque nous l'avons adopté.
Chaque jour il fait notre joie. C'est un petit bonhomme plein de vie qui s'il croisait la route de Monsieur Dussopt lui donnerait à coup sur une belle leçon d'humilité.
hélas la connerie ne peut pas encore être décelée pendant la grossesse sinon les gynécologues seraient assaillis de demandes d'avortements thérapeutiques...
Rédigé par : MARMET | 29 janvier 2011 à 21:38
Ces propos sont effectivement consternants.
On peut quand-même se réjouir que certains députés osent aujourd'hui parler d'eugénisme concernant les trisomiques. C'est peut-être le début d'une prise de conscience.
Rédigé par : Brzezinski | 29 janvier 2011 à 21:50
Père, pardonnez-leur ...
...
Oremus.
Rédigé par : 56 | 29 janvier 2011 à 22:02
Extrait de mon courrier à ce Monsieur :
Et bien sachez Monsieur, qu'il ne peut y avoir qu'une raison, c'est l'amour, oui l'amour que ces parents veulent partager avec leurs enfant, même gravement handicapé.
Et sachez aussi, qu'à titre personnel, je m'interroge sur les motivations d'un élu et sur ses capacités à gérer et faciliter la vie, parfois difficile, de ses administrés s'il ne connait pas l'amour inconditionnel pour les plus faibles.
La vraie question que je me pose est : comment des propos aussi honteux qui rappellent les heures les plus sombres de notre histoire peuvent-ils encore être entendus dans nos assemblées.
Espérant que vous saurez apaiser la grande souffrance que vos propos ont créé chez de nombreux parents admirables de courage et déjà accablés par la nature...
Rédigé par : JCM | 29 janvier 2011 à 23:08
Il faudrait aussi informer M. Dussopt que parmi les quelques parents courageux qui décident de garder leur enfant malgré une forte présomption de trisomie 21,certains ont eu la surprise d'accueillir à la naissance des enfants ne présentant aucune trace de cette trisomie...
Rédigé par : Malloy | 29 janvier 2011 à 23:37
Le Monde, 17-12-2010
"(...)je me suis prononcé publiquement pour l'euthanasie, en tout cas pour le droit à mourir dans la dignité, pour l'adoption et le mariage ouverts à tous les couples, et récemment pour la gestation pour autrui."
Olivier Dussopt
http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/12/17/avec-plus-de-diversite-generationnelle-les-debats-a-l-assemblee-nationale-seraient-plus-riches_1455035_823448.html
Rédigé par : Machin | 30 janvier 2011 à 03:52
M Dussopt sait-il qui étaient les grands partisans de l'Etat-nazi, euh, pardon, de l'euthanasie des malades mentaux et déficients en tout genre ?
Rédigé par : Marc | 30 janvier 2011 à 09:43
Courrier adressé à Monsieur Dussopt, suivi de la réponse :
Monsieur le député-maire,
>
> Etudiant en deuxième année de Droit, il a été porté à ma
> connaissance certains propos de votre part qui peuvent porter au
> questionnement et au dialogue. Vous êtes représentant de la nation,
> et, à ce titre, j'ose espérer que vous écouterez et répondrez à
> l'une des personnes que vous représentez.
>
> Vous avez dis, lors du débat du 25 janvier sur le projet de loi
> bioéthique : "Quand j'entends que "malheureusement" 96 % des grossesses
> pour lesquelles la trisomie 21 est repérée se terminent par une
> interruption de grossesse, la vraie question que je me pose, c'est
> pourquoi il en reste 4%." Vous précisez ensuite : "à titre personnel, je
> m'interroge sur les motivations qui peuvent conduire des parents à
> faire ce choix."
> Si je comprend bien, vous ne saisissez donc pas les raisons qui
> conduisent un père et une mère à garder un enfant trisomique. Vos
> propos ne signifient pas que vous condamnez ce choix, mais bien que
> sa rationalité vous échappe. Monsieur le député-maire, je souhaite
> ici, en toute humilité, vous expliquer rapidement pourquoi des
> familles choisissent de garder les trisomiques, et non de les avorter.
>
> Il ne s'agit pas, Monsieur, de considérations religieuses. Il s'agit
> de considérations philosophiques et juridiques. Il s'agit aussi de
> considérations pragmatiques.
> En droit, nous sommes tous égaux. Une question se pose. Quand sommes
> nous en droit ? A partir de quel moment un être devient-il sujet de
> droit ? Juridiquement, dès qu'il est inscrit sur les registres
> d'état-civil. Mais il est inacceptable de s'arrêter à des
> considérations juridiques. Le fait que vous puissiez modifier le
> droit positif, Monsieur le député, montre bien qu'il existe un
> principe supérieur à la loi, que j'appellerai le droit. Vous avez,
> lorsque vous votez une loi, un pouvoir immense entre vos mains :
> celui de traduire le droit par une loi, c'est-à-dire de traduire ce
> qui est juste par une loi.
> Mais revenons à notre premier problème : quand un être devient-il
> sujet de droit ? Le droit s'intéresse à la société. La société
> contient des individus. Le droit s'intéresse donc aux individus. Or,
> ces individus créent le mouvement de la société. Ils doivent donc
> être sujet de droit. Ce n'est pas des idées dont il doit se
> préoccuper, mais de la réalité. Si vous en convenez, vous
> conviendrez que le droit doit s'occuper d'un être dès lors qu'il est
> réel. Un être sera donc sujet de droit dès lors qu'il est réel.
> L'homme doit donc être sujet de droit dès lors qu'il est réel.
> Posez-vous la question Monsieur le député : quand un homme devient-il réel ?
> Après l'accouchement ? Aucun fait scientifique ne vient montrer un
> changement s'opérant dans la nature de l'être lors de
> l'accouchement. De plus, pourquoi un être ne serait-il pas homme une
> seconde avant l'accouchement ?
> Après 12 semaines ? Aucun fait scientifique ne vient montrer un
> changement s'opérant dans la nature de l'être à 12 semaines. Que se
> passe-t-il à 12 semaines pour que l'être de 12 semaines moins 1
> heure ne soit pas un homme, et que l'être de 12 semaines plus 1
> heure soit un homme ?
> Biologiquement, Monsieur le député, la vie existe dès lors que des
> cellules se reproduisent. Or, les cellules de l'embryon se
> reproduisent dès sa conception. La vie existe donc dans cet être dès
> sa conception. L'embryon est donc réel dès sa conception Par
> conséquent, si tant est que le droit s'occupe de tout ce qui est
> réel, l'embryon est un sujet de droit. Je ne saisis pas, Monsieur le
> député, au nom de quoi il est décidé que ce sujet de droit est un
> homme seulement 12 semaines après sa conception.
> Acceptons cependant qu'il ne soit pas homme. Etant réel, il reste
> sujet de droit. Or, les sujets de droit sont égaux en droit.
> Pourquoi, Monsieur le député, devrait-il y avoir une discrimination
> entre un sujet de droit trisomique et un sujet de droit non
> trisomique ? En quoi le sujet de droit non trisomique est-il
> supérieur au sujet de droit trisomique ?
>
> Nous touchons, Monsieur le député, au coeur du problème. Les
> personnes qui refusent d'avorter des enfants trisomiques sont des
> personnes qui considère que la vie les dépasse. Ce sont des
> personnes qui considèrent qu'ils ne sont pas juges d'une vie qui
> mérite d'être vécue et d'une vie qui ne mérite pas d'être vécue. Ce
> sont des personnes qui considèrent qu'il est aussi injuste de dire
> que la vie trisomique ne vaut pas la peine d'être vécue que de dire
> que la vie juive ne vaut pas la peine d'être vécue. Ce sont des
> personnes qui considèrent que l'on commence par créer la possibilité
> de refuser la vie d'un enfant trisomique, et que l'on finit par
> accuser ceux qui ne la refusent pas de créer des êtres à charge pour
> la société, tout en rajoutant d'autres critères d'une vie qui
> mérite d'être vécue. Cela, Monsieur le député, cela s'appelle
> l'eugénisme.
> Le mécanisme juridico politique est bien connu. Une possibilité est
> créé, qui est libre. Mais les motivations qui conduisent à refuser
> cette possibilité, pour être honnêtes, peuvent être intime. Le fait
> de refuser cette possibilité peut paraître suspect. L'homme qui
> refuse de jouir n'est pas vraiment un homme. Dès lors, la liberté
> devient factice. Ainsi, la personne qui refuse d'avorter un
> trisomique est suspecte.
>
> Mais je vous conseille d'interroger des familles qui accueillent des
> enfants trisomiques, Monsieur le député. J'en connais quelques
> unes. Elles sont unanimes. Le trisomique n'est pas source de peine,
> il est source de joies. Le professeur Lejeune, qui a découvert
> l'origine génétique de la trisomie 21, disait que ce n'était pas
> les trisomiques qui avaient un chromosome en plus, mais nous qui en
> avons un en moins, et qu'il s'agissait du chromosome de l'amour.
> Les trisomiques constituent véritablement une richesse pour notre
> société.
>
> Voilà pourquoi les trisomiques sont une richesse. D'une part, le
> respect de la vie conduit l'homme à mieux se respecter. D'autre
> part, on commence un jour par dire que la vie trisomique est moins
> bonne. On dira ensuite que la vie des myopes est moins bonne. Et
> nous arriverons petit à petit à une société d'êtres uniformes. Lisez
> Aldoux Huxley et Le meilleur des mondes, vous aurez une idée.
>
> Je voue prie d'agréer, Monsieur le député, mes sincères et
> respectueuses salutations, en espérant vous avoir fait saisir ne
> serait-ce qu'une partie du raisonnement qui conduit à accepter la
> trisomie.
Réponse :
Monsieur,
Soyez assuré que je n'ai voulu blesser personne. Une seconde
intervention lors de la meme
commission precise que je ne porte pas de jugement.
Je defendais (comme la ministre de la santé l'avait fait avant moi) le
principe du
depistage en considerant qu'il est bon de savoir et que les parents
decident en
connaissance de cause. J'ai dit qu'à titre personnel je ne comprenais
pas les motivations
d'une telle decision mais je me garde bien de la juger. J'ai aussi dit
que je comprenais
le fait que 96% des parents à qui on annonce le depistage d'une
pathologie sur l'embryon
fasse le choix de l'IVG. Il me parait tellement compliqué et difficile
d'élever un enfant
atteint d'une pathologie lourde.
Il y a un débat sur le caractere systematique du depistage (prenatal et meme
preimplantatoire) et sur la liste des pathologies à détecter.
Loin de moi l'idée que des personnes trisomiques soient "en trop" et
je regrette
l'utilisation faite de mes propos.
Espérant vous avoir rassuré sur le sens de mes propos et vous
remerciant du ton extrement
mesuré de votre message,
O Dussopt
Rédigé par : Tardif | 30 janvier 2011 à 17:18
Ayant envoyé à 20 h 41 un message à l'adresse de M. DUSSOPT à l'Assemblée Nationale, j'ai reçu, à 20 h 48, la réponse suivante:
"Madame
Soyez assurée que je n'ai voulu blesser personne. Une seconde intervention lors de la meme commission precise que je ne porte pas de jugement.
Je defendais (comme la ministre de la santé l'avait fait avant moi) le principe du depistage en considerant qu'il est bon de savoir et que les parents decident en connaissance de cause. J'ai dit qu'à titre personnel je ne comprenais pas les motivations d'une telle decision mais je me garde bien de la juger. J'ai aussi dit que je comprenais le fait que 96% des parents à qui on annonce le depistage d'une pathologie sur l'embryon fasse le choix de l'IVG. Il me parait tellement compliqué et difficile d'élever un enfantatteint d'une pathologie lourde. Je n'en aurai pas, à titre personnel, le courage.
Il y a un débat sur le caractere systematique du depistage (prenatal et meme
preimplantatoire) et sur la liste des pathologies à détecter.
Loin de moi l'idée que des personnes trisomiques soient "en trop" et je regrette
l'utilisation faite de mes propos par quelques sites internets.
Espérant vous avoir rassuré sur le sens de mes propos et vous remerciant du ton extrement [sic] mesuré de votre message,
O Dussopt"
La messagerie automatique est donc bien faite, puisqu'elle discrimine l'expéditeur féminin d'un expéditeur masculin, au moins pour l'appel et en partie dans le corps de la réponse. Il a un assez bon service informatique. Mais rien ne garantit qu'il prend connaissance de la teneur du message.
Rédigé par : C.B. | 30 janvier 2011 à 21:01
Il a aussi répondu dans un billet sur son blog : http://www.olivierdussopt.fr/blog/2011/01/bio%C3%A9thique-passion-et-raison-quelques-r%C3%A9flexions-apr%C3%A8s-une-pol%C3%A9mique-sur-la-trisomie-21.html
La ministre de la santé, Nora Berra (UMP) a donné un avis défavorable à ces amendements en considérant qu'ils proposaient un dispositif pouvant être perçu comme « une pression exercée sur une personne fragilisée par une situation difficile ». J’ai pris la parole pour dire que je rejoignais la position de la ministre de la santé, j’ai dit que je comprenais le choix des 96% de femmes faisant le choix de l’IVG et que ce qui m’étonnait, à titre personnel, c’est qu’il en reste 4% qui choisisse de poursuivre la grossesse. D’autres parmi mes collègues ont considéré que l’adoption de ces amendements aurait pour conséquence d’exercer une pression et de dissuader une femme d’avoir recours à l’IVG.
Ma formule a été brutale et maladroite, j’en conviens. Une formule brutale prononcée dans un débat passionnel au sujet d'amendements qui me semblaient et me semblent toujours incompréhensibles.
Je n’ai évidemment jamais voulu juger le choix des parents qui poursuivent la grossesse. Je l’ai dit clairement dans une seconde intervention face aux commentaires des élus UMP en question sur mes propos, en déclarant « Je n’ai jamais dit que les 4 % d’enfants qui naissent malgré la détection de la trisomie sont des enfants en trop, mais qu’à titre personnel, je m’interroge sur les motivations qui peuvent conduire des parents à faire ce choix. Cela ne veut pas dire que je juge ce choix. »
Au-delà de leur brutalité que je regrette, je maintiens et j’assume ces propos car je considère personnellement qu’il est tellement difficile d’élever et d’accompagner un enfant handicapé que je n’arrive pas à comprendre les motivations qui amènent à poursuivre une grossesse après un tel dépistage et alors que l’IVG est encore possible. Elles renvoient certainement à des considérations personnelles, souvent religieuses, qui me sont étrangères. C’est pour cela aussi que je ne les juge pas. Cela ne m’enlève pas le droit d’en être étonné.
Je connais évidemment des familles au sein desquelles vivent des personnes trisomiques. Je n’ignore rien de l’amour qui lie leurs membres et je pense que beaucoup sont heureux, comme cela m’est souvent rappelé. Je n’ignore rien non plus de leurs difficultés quotidiennes, notamment lorsque les parents vieillissent. Je ne sais pas le choix qui aurait été le leur s’ils avaient su, et s’ils ont su d’ailleurs. La question n’est pour moi pas là, elle est dans la capacité que nous offre la science de décider en toute connaissance de cause.
J’ai eu l’occasion de dire cela lors d’un débat radiophonique le vendredi 27 janvier avec le président d’un collectif de parents d’enfants trisomiques. Il s’était ému de mon intervention, avant que celle-ci ne soit publiée sur le site de l’Assemblée d’ailleurs. Nous avons fait le constat de notre divergence sur le caractère systématique du dépistage de la trisomie 21.
Le débat a été serein et passionnant car il a montré que cette question du dépistage ne renvoyait pas à celle de l’amour ou de la joie de vivre des enfants concernés mais à la connaissance des parents à un stade très précoce de la procréation. Une auditrice a d’ailleurs dit dans des termes poignants qu’elle a un amour immense pour son enfant mais que si elle avait été informée de sa trisomie, elle aurait certainement pris la décision d’interrompre la grossesse. Sa position, comme celle de ceux pensant l’inverse, doit être respectée.
Rédigé par : Leo | 31 janvier 2011 à 14:06
"Je n’ignore rien de l’amour qui lie leurs membres... La question n’est pour moi pas là, elle est dans la capacité que nous offre la science de décider en toute connaissance de cause."
Un scientiste sans cœur qui prétend pouvoir s'occuper comme élu de la vie de ses administrés et de leurs difficultés ! Quel horreur cette réponse !
Bonne nouvelle : son site internet ne m'ait pas accessible, il est censuré par la plateforme de filtrage http://www.olfeo.com
Rédigé par : JCM | 31 janvier 2011 à 18:16
En fait , comme d'habitude chez ces insolents "élus" du peuple" ce sont les vistimes, en, l'occurrence les parents et les personnes blessées qui sont coupables!
Il ne s'excuse même pas pour ce qui peut être au mieux une grossière maladresse!
"il lui paraît compliqué d'élever des enfants atteints de pathologie lourde" évidemement pour un promoteur de l'illettrisme et du lavage de cerveau des masses, il ne faut pas demander la lune !
Il faudrait dégager de tels ploucs de l'excercice de quelque pouvoir que ce soit, ils en sont aussi indignes qu'incapables.
Rédigé par : Sancenay | 01 février 2011 à 10:47