La technique du bébé-médicament relève de la transgression scientifiquement inutile
11 février 2011
Pierre-Olivier Arduin revient sur le bébé-médicament. Extraits :
"Le premier point concerne le sort des embryons sains dont les critères d’histocompatibilité ne répondraient pas aux attentes des biologistes. Dans une AMP de routine, les embryons sont théoriquement conçus, au moins dans un premier temps, à des fins procréatives. Ce n’est qu’a posteriori, en cas d’extinction du projet parental, que le couple peut abandonner ces embryons surnuméraires, ce qui constitue déjà en soi une grave transgression. Avec le bébé-médicament, le rejet des embryons sains mais non compatibles est prévu dès l’initiation du processus : il est donc programmé. Les protagonistes savent en toute connaissance de cause qu’ils ne garderont pas ces embryons jugés par définition inutiles. [...] En cas de succès comme ici, les embryons indemnes sont exclus de facto du projet parental, le couple devant choisir pour eux entre trois options légalement possibles : accueil de leurs embryons par un autre couple, don à la science ou arrêt de leur conservation, c’est-à-dire leur destruction [...]. Quant aux embryons malades, comme dans tout DPI, le couple peut consentir qu’en lieu et place de leur destruction, ils soient donnés aux scientifiques [...].
dans l’étude qu’il avait rendue en prévision du réexamen de la loi de bioéthique, le Conseil d’État avait tiré la sonnette d’alarme en n’hésitant pas à souligner que «les problèmes éthiques que cette pratique soulève sont aigus» tant elle «contredit frontalement le principe selon lequel l’enfant doit venir au monde d’abord pour lui-même». Le Conseil avait même estimé qu’il appartenait au législateur d’éventuellement «reconsidérer le double DPI» : «Les questions posées par le double DPI et le fait qu’il ait été peu utilisé pourraient justifier que le législateur envisage de mettre un terme à cette pratique.»
L’abrogation de ce dispositif est d’autant plus cohérente que sa justification scientifique ne tient pas une seconde au regard des dernières découvertes biomédicales. L’objet final de la manipulation embryonnaire est le sang du cordon ombilical dont les vertus thérapeutiques sont à présent parfaitement documentées.[...] dans un rapport de novembre 2008 qui fait autorité dans le domaine, la sénatrice Marie-Thérèse Hermange a montré que «tous les patients devant subir une greffe de sang de cordon trouvent un greffon compatible», grâce à la mise en réseau des banques allogéniques sur le plan international. Il apparaît en réalité qu’il n’est nullement nécessaire de passer par la technique du bébé-médicament pour se procurer du sang de cordon HLA compatible.
[...] Il existe d’ailleurs une seconde alternative sur le plan médical à la conception de « bébé-médicament » : le «gène-médicament». Comme Javier en Espagne, l’enfant qui est né le 26 janvier à Clamart est indemne de la bêta-thalassémie, une maladie génétique dont sont atteints les aînés et qui affecte l’hémoglobine responsable du transport de l’oxygène par les globules rouges à travers tout le corps. Or, pour la première fois au monde, un jeune homme en 2009 a été guéri de cette maladie en France par thérapie génique, c’est-à-dire par transfert d’un gène médicament dans les cellules souches de sa moelle osseuse. On le voit, la technique du bébé-médicament relève de la transgression scientifiquement inutile.
http://www.dailymotion.com/video/xgynsd_bebe-medicament-reaction-de-mgr-dyornellas_news#hp-v-v1
Rédigé par : Emule | 11 février 2011 à 14:52