"12 mesures pour 2012": 10e mesure
04 mars 2011
Présentation de la 10e mesure par François Billot de Lochner:
La décision, en 1982, d’abaisser de 65 à 60 ans l’âge de départ à la retraite et celle, en 2000, de diminuer de 39 à 35 heures la durée légale de travail hebdomadaire ont été de graves erreurs sur les plans philosophique et économique.
Sur le plan philosophique, le discours sous-jacent présentant le travail comme une aliénation se heurte à la réalité : il est au contraire un des fondements essentiels de l’épanouissement de la personne humaine.
Sur le plan économique, ces décisions ont donné au monde entier un avantage compétitif majeur au détriment de la France. Comment pourrait-elle être compétitive quand le Français travaille en moyenne 1540 heures par an, contre 1820 pour l’Américain et 2450 pour le Sud-Coréen ? De fait, la balance commerciale de notre pays atteint année après année des déficits record, de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.
Il faudra donc rétablir de toute urgence la durée hebdomadaire du travail à 40 heures et l’âge de la retraite à 65 ans, la réforme récente le portant à 62 ans ne suffisant pas à garantir durablement l’équilibre de la branche vieillesse de la Sécurité sociale.
Bien évidemment, des mesures d’accompagnement spécifiques encadreront ces réformes, telles que la prise en compte de la pénibilité et des mesures propres aux mères de famille.
François Billot de Lochner est l'auteur de 12 mesures pour 2012 et l'initiateur d'Audace 2012.
Commentaire de Pierre-Edouard du Cray:
Au cours des dernières décennies, le virus malthusien a contaminé l’économie française : il a fallu coûte que coûte réduire le travail des uns pour en donner aux autres, l’objectif théorique étant de limiter le chômage pour relancer l’économie. Ce poison nous a valu successivement les retraites à 60 ans (au lieu de 65 ans), les préretraites, les 35 heures et… beaucoup plus de chômage.
Et, pour cause ! Cette politique a simplement occulté l’un des principes de base de l’économie : l’activité crée la richesse, elle-même nécessaire pour créer de l’emploi.
Dans ces conditions, il ne faut pas nécessairement remplacer une loi dirigiste par une autre. Dans le fond, l’esprit des 39 h est-il vraiment si différent de celui des 35 h ? Et la rente universelle pour tous à 60 ans, diffère-t-elle vraiment de la rente universelle pour tous à 65 ans ?
Les pays qui ont recueilli le plus de résultats en terme de lutte contre le chômage, tout spécialement celui concernant les seniors, sont ceux qui ont assoupli leurs règles de droit social.
Concernant la retraite, cela s’est traduit, comme en Suède ou en Allemagne, par le développement de la retraite à la carte où une large place est laissée à la décision individuelle quant à l’heure de la liquidation de la pension.
Toutefois, pour que la retraite à la carte ne vire pas au fiasco, une condition sine qua non est à remplir : chacun doit percevoir une pension en rapport avec son effort de contribution. Autrement dit, celui qui travaillé peu, ou qui part tôt, touche une pension plus faible que celui qui travaille plus ou plus longtemps. Chacun est mis en face de ces responsabilités et l’équilibre des caisses est assuré par les techniques actuarielles.
Ainsi, entre 2000 et aujourd’hui, le taux d’emploi des 55-64 ans est passé de 37,6 % à 56,2 % en Allemagne alors qu’en France il plafonne toujours à 38 %, près de deux fois moins qu’en Suède (70 %).
Pierre-Edouard du Cray est directeur des études de l'association Sauvegarde Retraites.
Si l'on remet les femmes au foyer et les émigrés chez eux pour le bien de leur pays, l'on résout sans doute le problème du chômage. Un aspect méconnu et totalement ignoré de la DSE est le bien spirituel de l'ouvrier qui devrait aussi être pris en compte dans une optique chrétienne du travail, la quantité et la productivité n'étant pas les seuls problèmes.
Rédigé par : LB | 04 mars 2011 à 10:10
Je suis opposé à cette mesure tant que n'a pas été redéfini le sens du travail: "Ce n'est pas l'homme qui a été fait pour le travail, mais le travail qui a été fait pour l'homme": le premier fondement du travail étant l'homme lui-même et le respect de sa dignité, vous ne pouvez pas aborder ce thème du travail sans remettre en cause les mécanismes d'aliénation ou d'oppression qui se manifestent au travail comme en dehors, particulièrement la pression financière et la rentabilité; au-delà nous avons le devoir de juger objectivement et à la lumière de l'Esprit un système, le système capitaliste, dont les fins ne respectent à mon sens ni la dignité de l'homme ni le bien commun. Je suis favorable à la vision chrétienne de l'économie développée dans la doctrine sociale de l'Église mais elle n'est pas même esquissée dans la proposition citée.
Rédigé par : Phil C | 04 mars 2011 à 11:19
Mes réserves portent sur le fait qu'il semble que seul le travail salarié soit envisagé, or ces mesures ne peuvent être juste que si en parallèle le travail non salarié des mères de familles qui éduquent leurs enfants à la maison soit pris en compte.
Rédigé par : Thierry C. | 04 mars 2011 à 11:31
Pourquoi revenir sur les mesures des années 1980-90 ? Osez revenir sur celles de 1936 (congés payés, 48h) ou ben sur les mesures interdisant le travail des enfants. Enfin la France redeviendra compétitive face aux Asiatiques dans la mondialsiation.
Commenaire ironique bien sûr - je précise car mes précédentes pointes ont toutes été censurées - au salon beige on n'aime pas la contradiction.
[Celui-ci passe, mais de justesse. Au SB, on aime les arguments, pas les sarcasmes. LSB]
Rédigé par : Alban | 04 mars 2011 à 11:44
La diminution de la consommation du fait de la diminution du nombre d'enfants a entraîné une nécessité de produire toujours moins cher, d'où d'abord appel à la main d'oeuvre émigrée par les grandes entreprises puis la délocalisation.
Or cela ne sert à rien de vouloir faire travailler les gens plus longtemps s'il n'y a pas de travail dans leur pays et a proximité de chez eux et où il faut tout importer comme si la France était devenu un pays du tiers monde, alors qu'elle a tout au niveau agricole, de magnifiques infrastructures (cf ports bloqués par les grévistes comme à Marseille ou désertés par les compagnies comme dans le nord ouest de la France; un réseau de route et de chemin de fer très denses délaissés etc), et autrefois un grand savoir scientifique et technique...
Donc d'abord stopper l'immigration, faire revenir les immigrés chez eux, adopter la préférence à l'emploi et aux aides pour les Français (aider aussi les familles pour qu'elles puissent avoir des enfants dans des bonnes conditions, reconnaître le travail de la mère au foyer pour sa retraite, etc).
Il faut donc mieux privilégier la possibilité de partir à la retraite quand on veut en fonction de l'épargne-retraite accumulée, de son état de santé et de la vraie pénibilité du travail. Bref plutôt que des règles 39h - 65 ans, ce serait mieux de fixer le nombre d'années minimum pour un minimum retraite, pour le reste liberté totale, y compris pour un jeune en pleine force de l'âge de faire 60h de travail, avec retraite par capitalisation jumelé à la retraite par répartition. Envisager aussi la possibilité de cumuler un minimum retraite avec un nouvel emploi à temps partiel.
Mettre 39h et 65 ans c'est une mesurette pour attendre la prochaine catastrophe et la non possibilité de payer les retraites aux plus vieux. On proposera alors des accès plus faciles à l'incitation étatique à l'euthanasie..., comme on a proposé aux vieux de partir à la retraite pour laisser soit disant la place aux jeunes, mesure qui a été complètement inefficace pour sauver les entreprises.
Je voulais répondre "non" à la mesure 10 - mais j'ai finalement mis "oui mais" à cause du titre "remettre le travail" au coeur de la société (en n'oubliant pas que le goût de l'effort passe aussi par la scolarité et pas par de l'occupationnel scolaire).
Rédigé par : c | 04 mars 2011 à 12:31
Mon commentaire sera double, c'est pourquoi je pense qu'il ne faut pas mêler la durée du temps de travail avec la date de prise de retraite.
En effet si je suis pour une évolution progressive et lente à la baisse/hausse de la première, de type 38 ou 37 heures, de façon à accompagner les gains de productivité qui sont importants, je suis fermement partisan de la retraite à 60 ans.
Toute la question qui est posée est de savoir vers qui doivent se porter les fruits du travail des hommes ?
Il y a en effet accumulation des biens de façon mécanique et il faut si les gens travaillent moins au quotidien que cet écart soit restreint par le maintient de leur salaire entier.
Le complément à cette réflexion pour faire simple est que nos emplois ne sont plus seulement exécutifs mais créatifs, de telle sorte que le travail n'est plus uniquement celui du temps de présence en poste mais celui d'une bonne partie de la vie, de l'autoformation, du temps de déplacement plus long, de l'effort de formation permanente, de son maintient physique sportif, de son adhésion au projet, etc.
Traiter le travail comme une simple mécanique économique et l'homme comme un robot n'est pas catholique, c'est pourquoi j'ai voté "NON"
L'autre versant de la question posée est celui de la retraite.
La question immédiatement posée à François Billot de Lochner est alors de savoir quelle est son équation s'agissant de la garantie donnée au salarié de toucher une retraite non dévaluée ??
Réponse : Il n'en a AUCUNE et je peux dire au mieux qu'il n'a pas songé une seule seconde à en dresser une seule!
François, malheureusement fait de la politique et certainement croit bien faire mais ce faisant se complaît dans l'idéologie.
Pourquoi en effet penaliser les français !?
Pour sa propre autosatisfaction d'avoir fait des propositions quel qu'en soit le sens et surtout le contresens ? Orgueil.
Non, la position de la retraite à 60 ans n'est pas issue d'une idéologie de gauche mais d'un patriotisme catholique ou au moins d'une éthique nationale.
N'ayant aucune garantie sur la suite des versements qui se révèlent en fait un schéma Ponzi comme je l'ai dit, la meilleure solution et la plus pertinente mathématiquement est de figer son avoir le plus tôt possible : dès 60 ans.
Cette posture permet d'exiger par la suite la revalorisation exacte des versements.
Elle permet aussi de ne pas travailler dans des conditions dévaluées avec un salaire à la baisse, une charge en augmentation et un intérêt déclinant pour finalement gagner ... quelques dizaines d'euros de plus par mois!
Il est facile à 60 ans de construire une activité secondaire plus performante qui tiendra 15 ou 20 ans avec satisfaction et qui pourra au surplus être transmise si possible ou nécessaire.
Y compris bien entendu en travaillant pour son ancienne entreprise dans une activité non postée.
Voilà rapidement le sens de cette mesure qui sera parlante pour certains.
Dautres seront pour eux satisfaits d'en avoir fini avec ce qui était le travail d'esclave moderne qui était le leur.... mais l'on ne se refait pas.... ils ne cesseront pas de travailler cette fois-ci autrement.
Précisons que nos jeunes trouveront enfin une place et qu'en extention le principe de "la fin du chômage" parfaitement opérant si l'on rejette les idéologies permettrait de suprimer les charges importantes liées au chômage donc.
[On se posera en réflexion la question de savoir pourquoi le chômage existe et pourquoi il est maintenu ?]
La retraite à 60 ans est ainsi une mesure humaine, éthique et catholique.
Rédigé par : Corso | 04 mars 2011 à 14:54
"des mesures propres aux mères de famille"
S'il s'agit de tenir compte des périodes de grossesses et de suites de couches, évidemment oui.
Si cela sous-entend que l'occupation prioritaire des femmes doit être l'élevage des jeunes enfants, non: les pères peuvent prendre la relève aussi bien qu'une "assistante maternelle", qu'une "puéricultrice" ou qu'une "éducatrice de jeunes enfants", métier à dénomination traditionnellement féminine, comme "sage-femme".
La "prise en charge" du jeune enfant après la "ponte" ne devrait pas être affirmée comme du ressort de "services" (municipaux ou autres). Or cela devient une "évidence" dans la "pensée unique".
Rédigé par : C.B. | 04 mars 2011 à 15:14
Pour remettre le travail au centre de la société le préalable serait au moins de redéfinir la place du revenu du capital face à celui du travail d'une part, de l'autre la propriété des moyens de productions et du travail lui-même au travailleurs, et une critique du capitalisme à la lumière de la destination universelle des biens et de la subsidiarité : ce point est le plus menteur par omission de ce prétendu exercice de DSE, on reconnait derrière la patte d'un esprit droitard qui ne se remet pas en cause. L'ironie de Alban n'est pas vraiment injustifiée...
Quand on songe à la pertinence des critiques du livre "être consommé" de William Cavenaugh, dont l'esprit est proche de Caritas in Veritate, on s'étonne que finalement l'essentiel passe à la trappe dans ce soit-disant programme sur le travail très Sarkozien. Restaurer l'esprit du travail humain, la noblesse du travail humain dans sa légitime autonomie et dans sa subsidiarité, dans sa finalité qui n'est pas l'engraissement de rentiers apatrides et de voleurs dans une modalité qui tend de plus en plus à l'esclavage (au moins très clairement d'une part importante de la population mondiale et progressivement chez nous...) Ce point passe complètement à coté de l'essentiel. C'est confondant : à quoi cela sert-il que des médias amis réédite l'utopie des usuriers de Chesterton pour n'avoir de "réflexion" sur le travail : bosser plus pour créer plus de richesses : bosser pour quoi ? Pour qui ? Pour plus consommer, pour plus produire, avec derrière la croissance infinie dans un monde fini ? La course en avant absurde... Et une réflexion sur la concentration de ces richesse, sur la justice dans le travail, la protection des faibles face à l’appétit des puissants, la raison d’être du pouvoir politique abdiqué depuis longtemps au nom du libre échange, du laisser-faire et de la prétendu main invisible, pouvoir politique qui depuis longtemps s’est déplacé de la sphère politique visible pour se lover dans l’oligarchie économique…
Avant de chercher à nous faire travailler plus que l’on aborde la dignité du travail et la dignité humaine dans le travail… Après on aura peut-être envie de travailler plus.
Rédigé par : Hérisson | 04 mars 2011 à 16:18
D'accord avec le principe de François Billot de Lochner, d'accord avec l'amendement de Pierre-Edouard du Cray.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 04 mars 2011 à 21:56
Pas d'accord: le travail n'est que la conséquence du péché originel.
Il faut remettre Dieu au centre de la société, pas le travail.
"Ora et Labora". C'est dans cet ordre: pas "Labora et Ora". Non "Ora et Labora".
Le travail n'est pas une fin, un but: le seul but, la seule fin/finalité c'est Dieu.
Rédigé par : Vincent | 04 mars 2011 à 22:53
La première ou treizième mesure impérative est la séparation de la république et de la franc-maçonnerie.
Rédigé par : LB | 05 mars 2011 à 07:41