Face à la crise de la dette, quelle solution ?
30 août 2011
Maxence Hecquard, auteur des Fondements philosophiques de la démocratie moderne (éd. F-X. de Guibert), homme d’affaires expérimenté qui connaît bien les marchés de capitaux, donne à Monde & Vie quelques solutions à la crise de la dette. Extraits :
"Il existe plusieurs manières de traiter le surendettement. La manière simple et honnête consiste, lorsque l’on a vécu au-dessus de ses moyens, à réduire son train de vie, sa consommation et à accroître son épargne pour rembourser ses créanciers. C’est la politique de rigueur imposée à la Grèce et que l’on envisage aujourd’hui de mettre en oeuvre dans l’ensemble des pays occidentaux. Malheureusement je crains que cette politique soit inefficace aujourd’hui. En effet elle reviendrait à mettre le commun des citoyens au pain sec et à l’eau pour rembourser les dettes, alors que les dépenses somptuaires engagées par les pays occidentaux depuis 30 ans n’ont pas profité à toute la population. Cette politique de rigueur aurait donc un coût social et politique important, difficile à gérer pour les équipes gouvernantes et dont les limites pourraient s’éprouver dans la rue. Les désordres sociaux seraient aggravés par la mauvaise assimilation de populations immigrées souvent désoeuvrées, comme nous l’avons vu récemment en Angleterre. En outre, la disproportion entre la masse des dettes à rembourser et les capacités d’épargne des parties les moins favorisées de la population et même des classes moyennes rend inopérant ce moyen de désendettement, pourtant le plus naturel.
Une seconde solution consisterait à faire défaut, en disant aux créanciers : nous n’avons pas les moyens de vous rembourser, donc nous vous demandons un rééchelonnement des dettes. C’est ce qu’ont fait la Russie en 1998, le Brésil en 1999 et l’Argentine en 2002. Il me paraît cependant difficile d’envisager une telle issue pour des pays nord-américains ou européens, car un défaut officiel entraînerait mécaniquement des provisions sur les bilans des banques, qui sont des détentrices importantes des dettes souveraines de ces pays. Il s’ensuivrait une faillite théorique des banques occidentales très compliquée à gérer par les banques centrales.
Un troisième type de solution dissocierait les Etats européens qui ont franchement exagéré (l’Europe du sud) et ceux qui ont été plus raisonnables (l’Europe du nord) en les traitant différemment. C’est déjà le cas, puisque les pays du sud paient des taux d’intérêt très supérieurs à ceux de l’Allemagne, de la France ou de certains pays d’Europe du nord: la différence est de 3 à 5 %. Pour permettre aux Etats du sud de « relancer la machine », on pourrait envisager qu’ils sortent de la monnaie unique et retrouvent une monnaie nationale fortement dévaluée par rapport à l’euro. Cette dévaluation compétitive leur permettrait de relancer l’économie, de restaurer les exportations et donc de redonner de la compétitivité.
Cependant, le coût politique pour l’Europe serait tel que les dirigeants europhiles préfèreront une autre solution, plus douloureuse mais préservant la monnaie unique: la quatrième solution. Celle-ci consisterait à mutualiser les dettes en substituant aux dettes des Etats les plus dépensiers une dette de l’ensemble de l’institution européenne, ce qui conduirait les fourmis à contribuer à payer les dettes des cigales."
Le problème de la quatrième solution, c'est que c'est mettre un cautère sur une jambe de bois, puisque le pays du Sud conserveront une monnaie forte qui ne leur convient pas.A terme, il faudra bien et faire défaut sur la dette, et dévaluer.
L'exemple de l'Argentine le montre :de la parité avec le dollar, on en est à 3 pesos pour 1 dollar.
Rédigé par : lama12 | 30 août 2011 à 10:01
Peut-être manque-t-il 2 ou 3 propositions de solutions dans l'inventaire de cet expert ?
Mais pour cela, peut-être faut-il sortir de sa boîte logique mentale ( modèle célèbre de management connu de tout manager opérationnel, catégorie à laquelle M Hecquard appartient de toute évidence )
Voir : Question de dette de la France et de son remboursement …
http://cril17.info/
Rédigé par : raphael charles | 30 août 2011 à 10:47
Comme toujours, c'est la spoliation des Etats par les banques... En réalité la dette est iremboursable...
Rédigé par : l'aristo | 30 août 2011 à 11:19
Une bonne solution serait le point principal qu'exposait Maurice Allais (prix Nobel d'économie) dans ses travaux: la création monétaire doit relever de l'Etat et de l'Etat seul. Toute autre création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque Centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les faux droits résultant actuellement de la création monétaire bancaire.
En France, cette création monétaire a été rendue possible par la loi de 1973 dite loi Pompidou-Giscard. Elle a interdit à l'Etat de s'endetter auprès de lui-même en lui imposant d'emprunter sur les marchés privés. Cela a généré de telles quantités d'intérêts que, depuis 1973, la France a offert 1065 milliards d'euros aux banques dans le cadre du remboursement de ces seuls intérêts. La monnaie, considérée depuis des millénaires comme un droit régalien, est aujourd'hui la propriété des banques privées.
Et la conséquence directe de cela est que la banque peut inventer autant d'argent qu'elle le souhaite. Si vous déposez 1000 à la banque, elle pourra prêter 10000 à quelqu'un d'autre et, si le taux est de 5%, elle se rémunérera 500 par an. Cela signifie concrètement que le dépôt de 1000 dans une banque entraîne la création de 9500 ...
A l'échelle mondiale, cela se transforme en une bulle massive de liquidités qui permet aux banques de prêter à n'importe qui de l'argent qui ne repose sur rien.
A titre d'exemple, le marché dérivé du crédit représente à lui seul 650 000 milliards de dollars, et seuls 0,7% de cette masse d'argent existent vraiment!!!
Comme disait Josiah Stamp (Gouverneur de la Banque d’Angleterre ), en 1920: "Si vous voulez être l’esclave des banques et payer pour financer votre propre esclavage, alors laissez les banquiers créer la monnaie".
Tant que ce problème ne sera pas résolu, nous aurons beau faire des économies et spolier le peuple du fruit de son labeur, la santé économique et financière ne reviendra pas!!
Rédigé par : Cyprien | 30 août 2011 à 11:29
merci à Cyprien pour cette excellente intervention, qui n'est pas sans rappeler bien des souvenirs de jeunesse, Maurice Allais excepté ...
Si un jour vous aviez plaisir à participer à l'animation d'une tribune "économie monétaire" à bord d'un trimaran, vous seriez le bienvenu ! ...
Rédigé par : raphael charles | 30 août 2011 à 15:05