Exactions des salafistes contre les chrétiens en Syrie
30 septembre 2011
Mère Agnès-Mariam de la Croix, Higoumène du monastère Saint Jacques l’Intercis (Qâra - Syrie), a interrogé le curé de Bab Sbah, à Homs, le 23 septembre :
"Depuis une dizaine de jours les salafistes ont forcé la porte de l’antique église Saint Elian à Homs. Ils pensaient que les ustensiles sacrés étaient en or aussi les ont-ils raflés. L’Evêque grec-orthodoxe, S.E. Mgr. Abou Zakhm a eu le courage d’aller voir l’Emir de Homs, Bilal El Ken. Il lui a dit «Nous sommes des frères et avons toujours vécu ensemble. Pourquoi as-tu pris nos vases sacrés ?, tu dis que tu te passes des forces de l’ordre, il t’appartient donc de nous défendre ». Bilal a rassuré l’Evêque sur les intentions des insurgés mais a nié avoir commandité la rafle. Les rebelles avaient, en passant, vidé la caisse de l'église.
Puis les sbires de Bilal El Ken enlevèrent quatre filles chrétiennes d’un minibus faisant l’aller retour de Homs à Zeidal. L’une d’entre elles, Maya Semaan, fut rendue au bout de quatre jours, de toute évidence violée. L’armée intervint alors pour mettre une limite aux exactions des salafistes. Bilal fut tué le 7 septembre 2011 durant les affrontements et son quartier général fut perquisitionné. On y trouva les vases sacrés volés et ils furent rendus à l’église de Saint Elian. [...]
Ces jours-ci les rues sont plus calmes. On entend cependant toujours des rafales de balles. Maintenant on peut sortir faire les achats nécessaires, mais depuis quinze jours on était terrés à la maison. Homs était devenu un champ de bataille. Les insurgés ont des armes lourdes qu’ils utilisent sans discernement. Avec les RPG ils peuvent détruire les chars de l’armée. La façade de l’Evêché est criblée de balles et quelques vitres sont cassées. Etant situé sur une ligne de démarcation le bâtiment aurait dû être beaucoup plus endommagé. Il faut remercier l’armée qui avance avec un soin infini. Cependant ceci n’a pas encouragé les locataires de l’Evêché à y rester. Il semble abandonné dans un quartier ravagé, autrefois si paisible. [...]
Nous tous, musulmans modérés (la grande majorité), chrétiens, alaouites, druzes, ismaélites et même kurdes nous craignons l’avènement d’un Etat islamique qui nous impose, comme lois civiles, les lois religieuses de l’Islam."