30 ans après le premier bébé-éprouvette, ce que l'on ne dit pas sur la FIV
24 février 2012
30 ans après la première fécondation in vitro en France, l'ensemble de la presse revient sur cette pratique qui consiste à fabriquer un embryon dans une éprouvette. Se félicitant de cette prouesse scientifique, la même presse oublie bien souvent de rappeler le nombre d'embryons sacrifiés, congelés, instrumentalisés...
Dans Dignitas Personae, publié en 2008, la Congrégation pour la doctrine de la foi a bien expliqué les raisons qui empêchent de recourir à une telle méthode :
"la fécondation in vitro implique l’élimination volontairement acceptée d’un nombre conséquent d’embryons. Certains pensaient que cela était dû à une technique encore imparfaite. L’expérience a montré, au contraire, que toutes les techniques de fécondation in vitro se déroulent en réalité comme si l’embryon humain était un simple amas de cellules qui sont utilisées, sélectionnées ou écartées.
Certes, environ le tiers des femmes qui ont recours à la procréation artificielle parviennent à avoir un enfant. Cependant, compte tenu du rapport entre le nombre total d’embryons produits et ceux effectivement nés, le nombre d’embryons sacrifiés reste très élevé. Ces pertes sont acceptées par les spécialistes des techniques de fécondation in vitro comme le prix à payer pour obtenir des résultats concluants. Il est très préoccupant de voir qu’en ce domaine, la recherche ne semble pas porter un réel intérêt au droit à la vie de chaque embryon, mais vise surtout à obtenir de meilleurs résultats en termes de pourcentage d’enfants nés par rapport aux femmes qui initient un traitement.
On objecte souvent que ces pertes d’embryons ont lieu dans la plupart des cas de manière non délibérée ou même contre la volonté des parents et des médecins. On affirme qu’il s’agit de risques qui ne sont pas très différents de ceux liés au processus naturel de la génération et que vouloir engendrer la vie sans courir aucun risque reviendrait en pratique à s’abstenir de la transmettre. Certes, toutes les pertes d’embryons dans la procréation in vitro ne sont pas liées au même titre à la volonté des parties prenantes. Mais il s’avère que, dans de nombreux cas, l’abandon, la destruction ou les pertes d’embryons sont prévus et voulus.
Les embryons produits in vitro qui présentent des défauts sont systématiquement écartés. De plus en plus de couples non stériles recourent aux techniques de procréation artificielle dans le seul but d’opérer une sélection génétique de leurs enfants. La pratique courante désormais dans de nombreux pays est de stimuler l’ovulation pour obtenir un grand nombre d’ovocytes qui sont alors fécondés. Un certain nombre parmi les embryons ainsi obtenus sont transférés dans l’utérus, tandis que les autres sont congelés pour d’éventuelles interventions reproductives futures. La finalité du transfert multiple est de garantir, dans la mesure du possible, l’implantation d’au moins un embryon. Pour atteindre cet objectif, on implante un nombre d’embryons plus grand que le nombre d’enfants désiré, en prévoyant que certains seront perdus et que l’on évitera dans tous les cas, une grossesse multiple. Ainsi, la technique de transfert comporte en réalité un traitement purement instrumental des embryons. Ni la déontologie professionnelle commune, ni les autorités sanitaires n’admettraient, dans aucun autre domaine de la médecine, une technique comportant un taux global aussi élevé d’insuccès et de pertes. Les techniques de fécondation in vitro en fait sont acceptées, car on présuppose que l’embryon ne mérite pas, ici, un plein respect dans la mesure où il entre en concurrence avec un désir qu’il faut satisfaire. [...]
L’Eglise considère aussi comme inacceptable au plan éthique la dissociation de la procréation du contexte intégralement personnel de l’acte conjugal: la procréation humaine est un acte personnel du couple homme-femme qui n’admet aucune forme de délégation substitutive. L’acceptation tranquille du taux très élevé d’avortement que comportent les techniques de fécondation in vitro démontre de manière éloquente que la substitution de l’acte conjugal par une procédure technique - outre sa non-conformité au respect dû à la procréation, laquelle n’est pas réductible à la seule dimension de reproduction - contribue à affaiblir la conscience du respect dû à tout être humain. La reconnaissance de ce respect est au contraire favorisée par l’intimité des époux, animée par l’amour conjugal.
L’Eglise reconnaît la légitimité du désir d’avoir un enfant, et comprend les souffrances des conjoints éprouvés par des problèmes d’infertilité. Ce désir ne peut cependant passer avant la dignité de la vie humaine, au point de la supplanter. Le désir d’un enfant ne peut justifier sa «production», de même que celui de ne pas en concevoir ne saurait en justifier l’abandon ou la destruction.
En fait, on a l’impression que certains chercheurs, dépourvus de toute référence éthique et conscients du potentiel inhérent au progrès technologique, cèdent à la logique des seuls désirs subjectifs et à la pression financière, particulièrement forte en ce domaine. Face à l’instrumentalisation de l’être humain au stade embryonnaire, il faut réaffirmer que « l'amour de Dieu ne fait pas de différence entre celui qui vient d'être conçu et se trouve encore dans le sein de sa mère, et l'enfant, ou le jeune, ou bien encore l'homme mûr ou âgé. Il ne fait pas de différence, car en chacun d'eux il voit l'empreinte de sa propre image et ressemblance […] C'est pourquoi le Magistère de l'Eglise a constamment proclamé le caractère sacré et inviolable de chaque vie humaine, de sa conception jusqu'à son terme naturel »."
L'Eglise rappelle à la science ses limites :
"En ce qui concerne le traitement de l’infertilité, les nouvelles technologies médicales doivent respecter trois valeurs fondamentales: a) le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ; b) l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre ; c) les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité, qui «exigent que la procréation d’une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit de l’acte conjugal spécifique de l’amour des époux ». Les techniques qui apparaissent comme une aide à la procréation «ne sont pas à rejeter parce qu’artificielles. Comme telles, elles témoignent des possibilités de l’art médical. Mais elles sont à évaluer moralement par référence à la dignité de la personne humaine, appelée à réaliser sa vocation divine au don de l’amour et au don de la vie». A la lumière de ce critère, sont à exclure toutes les techniques de fécondation hétérologue et celles de fécondation artificielle homologue qui se substituent à l’acte conjugal. En revanche, sont permises les techniques qui sont comme une aide à l’acte conjugal et à sa fécondité."
De même qu'on ne savait pas que les hormones contraceptives se retrouveraient dans nos assiettes, de même on ne sait pas ce que des générations de ces êtres - apparemment normaux et très mignons puisque sélectionnés - deviendront à l'avenir.
Rédigé par : Jean Theis | 24 février 2012 à 18:38