Il y a un lien direct entre l’accueil de la vie et la justice sociale
26 février 2012
Mgr Marc Aillet, évêque de Lescar, Bayonne et Oloron, a rédigé la préface de l'ouvrage de Phillipe de Cathelineau, "Naître ou ne pas être. De la dictature de nos libertés à la faillite de nos solidarités." La voici en exclusivité :
"L’avortement, en affectant profondément la femme dans son aptitude fondamentale à donner la vie, introduit un désordre dans l’harmonie originelle entre l’homme et la femme créés à l’image de Dieu. Au commencement il n’en était pas ainsi : la révélation du dessein originel de Dieu jette une lumière sur la vocation du couple au service de la vie. « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme et ils ne feront plus qu’une seule chair » (Gn 2, 24). Cette « chair » dit à la fois leur communion et l’enfant né de leur amour. Les conséquences de l’avortement sur la vie de l’enfant, l’équilibre de la femme, l’unité du couple et de la famille, analysées et observées par la raison, viennent corroborer le message de la révélation : le désordre introduit, apparaît comme un des effets directs de la désobéissance originelle. La foi rehausse la raison dans son exercice. A l’arrogance d’Adam et Eve, répond la violence terrible de Caïn. Le drame de l’avortement est une conséquence de ce refus de Dieu. Lorsqu’on se détourne de l’auteur de la vie, nécessairement on se trouve du côté de la mort. Faut-il rappeler que le plus important évènement de l’Histoire est la résurrection du Christ ? Le Vivant qui jaillit soudain du tombeau, dans la nuit de Pâques, inaugure sa victoire définitive et sa royauté. Une société qui tue ses enfants et brouille les repères fondamentaux, projetant et tentant de créer un paradis sans Dieu, ouvre les portes obscures de la mort. Comme disait Benoît XVI aux jeunes en 2011 : « Or l'expérience enseigne qu'un monde sans Dieu est un «enfer» où prévalent les égoïsmes, les divisions dans les familles, la haine entre les personnes et les peuples, le manque d'amour, de joie et d'espérance ». Quand une société ne reconnaît pas que toute autorité vient de Dieu, l’accumulation des maux qui la traversent engendre ce que le bienheureux Jean-Paul II appelait « les structures de péché ». Ainsi, ces dernières, finissant par envahir tout l’espace public, anesthésient les consciences et contraignent des personnes à des comportements mortifères.
Le consensus démocratique n’a pas l’apanage de la vérité et de la justice. En ce sens, la légitimité du politique découle de son respect de la loi naturelle, de cet ordre voulu par Dieu, inscrit au plus profond de la création. Comme l’écrit saint Thomas d’Aquin : « Une loi contraire à la raison est plus une violence qu’une loi ». Le pape défunt le rappelle avec force : « La racine du drame, combien elle est parfois élargie et différenciée ! Mais il y a aussi les instances humaines, parfois les « groupes de pressions », les corps législatifs, qui « légalisent » la privation de la vie de l'homme non encore né. Existe-t-il une instance humaine, existe-t-il un parlement, qui ait le droit de légaliser le meurtre d'un être humain innocent et sans défense, qui ait le droit de dire : "il est permis de tuer", et pour finir : "il faut tuer", là où il faut au contraire protéger et aider la vie au maximum ? »[Jean-Paul II, 4 juin 1991, homélie à Radom (Pologne).]
Il y a un lien direct entre l’accueil de la vie et la justice sociale dans toutes ses déclinaisons. Ainsi Benoît XVI : « Quand une société s’oriente vers le refus et la suppression de la vie, elle finit par ne plus trouver les motivations et les énergies nécessaires pour œuvrer au service du vrai bien de l’homme. Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. L’accueil de la vie trempe les énergies morales et nous rend capables de nous aider mutuellement. »[Caritas in veritate, 28]
Aussi, il est un devoir pour chaque catholique, pour chaque homme, de promouvoir la vie de sa conception à sa mort naturelle. Le combat n’est pas facile, et le regard des autres, parents, frères, sœurs, amis, collègues, pourra peser. Pourtant nous avons une certitude : le Christ a vaincu la mort et dans sa mort se trouve la Vie !
Nous ne pouvons que faire nôtre cette parole de Benoît XVI : « Le droit humain fondamental, le présupposé pour tous les autres droits, est le droit à la vie elle-même. Ceci vaut pour la vie, de la conception à sa fin naturelle. En conséquence, l’avortement ne peut être un droit humain – il est son contraire. »[discours aux représentants politiques autrichiens et aux membres du Corps diplomatique en poste à Vienne 07 septembre 2007]
Lever les tabous et autres censures au sujet du crime le plus abominable, n’est pas le moindre des exercices ! On saura gré au Docteur Philippe de Cathelineau d’aborder la question de l’avortement avec un immense respect des personnes, sans omettre l’audace du témoignage rendu à la vérité. Son expérience personnelle, associée à celle de son épouse, et sa réflexion de fond s’entremêlent ici sans se nuire. Qu’il en soit vivement remercié."