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Le Salon Beige dans Valeurs actuelles
Décryptage des discours du 1er mai

Pour prendre du recul : "on peut être empêché de faire le bien; il n'est jamais permis de faire le mal"

J'ai reçu cette tribune écrite à l'intention du Salon beige et de ses lecteurs, tribune d'une profondeur et d'un recul si rares dans cette période d'agitation électoraliste :

"Je suis sidéré de voir qu'une quasi unanimité semble se faire en vue de dimanche prochain, dans le sens de préférer le moindre mal au pire. Les argumentaires convergents nous viennent d'horizons assez diversifiés et même de milieux que l'on aurait qualifié a priori de sérieux pour ne pas dire rigoristes. Or leur propos me semble relever, sans qu'ils s'en rendent compte, de ce que Jean Paul II appelle, dans Veritatis Splendor, aux numéros 71 à 75 les théories éthiques « téléologiques » conséquentialistes et proportionnalistes : on qualifie un acte moral, et donc la légitimité de le poser, en fonction de ses conséquences positives et négatives, en faisant la proportion entre les résultats que l'on pense obtenir et que l'on obtiendra effectivement. Or ces théories ne peuvent se réclamer de la tradition et de la doctrine catholique, qui elle, qualifie l'acte moral essentiellement à partir de son objet : « la fin prochaine d'un choix délibéré », autrement dit ce que je veux faire concrètement et que je vais faire immédiatement (Veritatis Splendor, nn. 76 à 83).

Ainsi donc, la pondération du moindre mal et du pire s'applique seulement et exclusivement aux conséquences de l'acte, mais jamais à l'objet précis de l'acte concret, qui doit toujours être bon, et ne doit jamais être un mal, fût-il moindre qu'un autre. Dans le cas qui nous occupe, la légitimité de notre choix ne vient donc pas des conséquences que l'on aura empêchées ou permises, mais du contenu précis de notre bulletin. Or le bulletin ne dit pas: « je m'oppose à la victoire de un tel », il dit: « je donne pouvoir à un tel de faire ce qu'il dit qu'il va faire et je lui donne, pour autant qu'il m'appartient, les moyens de mener son action ». De plus, en fait de peser les conséquences, on donne pour évident d'écarter un pire qui n'existe pas encore, qui n'est pas encore advenu et qui n'adviendra peut-être pas -Dieu est grand- et on promeut ouvertement un mal qui est bien réel celui-là, puisqu'il est mis en oeuvre depuis cinq ans et qu'il demande explicitement à continuer de perdurer encore cinq ans; on le qualifie de moindre par rapport au pire défini avant, et on pense alors « devoir » le faire.

N'est-ce pas Balthasar qui raconte cette histoire qui illustre bien le problème? Un officier SS traîne une petite juive devant un prisonnier et ordonne à ce dernier de tuer la fille, sinon on fusillera cent otages après quoi le prisonnier aussi sera tué. En bonne morale, le prisonnier est responsable de la vie de la petite juive, et il ne lui est jamais permis de la tuer; ce n'est pas lui qui est responsable de la vie des cent otages, mais le SS; il n'est pas sûr que le SS fera fusiller les otages; il n'est pas sûr non plus qu'il ne les fera pas fusiller quand même; il n'est pas sûr non plus que le prisonnier sera tué ou épargné; pourquoi le SS ne sera-t-il pas touché par le courage et le témoignage du prisonnier refusant de tuer la fille? Et même si ce n'est pas le cas, le prisonnier ne doit pas la tuer, non seulement parce qu'elle est innocente, mais pour ne pas devenir lui-même un meurtrier, et rester libre parce qu'il est soumis non pas aux pouvoirs d'ici bas mais à l'ordre moral inviolable dont l'auteur est Dieu lui-même.

Le vrai problème est donc d'oublier que les points non-négociables ne se négocient justement pas : on ne peut jamais donner son suffrage à un programme qui va ouvertement à l'encontre de l'un ou de plusieurs d'entre eux. Et c'est précisémnt cela qui est pour nous tellement nouveau que nous n'arrivons même pas à l'envisager! En effet, il ne s'agit pas à ce propos de peser les conséquences futures possibles ou sûres du vote, mais de considérer l'objet lui-même, c'est-à-dire le contenu en lui-même du programme auquel nous accordons notre suffrage. De fait, contrairement à ce que presque tous nous disent, en votant dimanche, on ne choisit pas « d'empêcher peut-être 60 propositions iniques », on va choisir « de promouvoir et amplifier le bilan des cinq dernières années ». Se pose alors la question: ce bilan, qui lui est sûr, et le programme annoncé pour la suite, qui lui est probable,  sont-ils opposés à l'un ou plusieurs des points non-négociables? Et si oui, je n'ai pas le droit de le choisir en mon âme et conscience, ni d'en faire la promotion, ni de lui donner le pouvoir et les moyens de le faire, pour ce qui m'appartient.

N'oublions jamais la dignité et la liberté des enfants de Dieu : on peut être empêché de faire le bien, il n'est jamais permis de faire le mal. C'est typiquement ici le cas. L'attitude cohérente est celle de l'abstention, puisque le bulletin blanc n'est pas inclus aussi clairement qu'elle dans les résultats du vote. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ce système rend impraticable le vote en conscience cohérent, en tout cas selon la doctrine catholique. Et ce n'est pas un hasard : le régime actuellement en place travaille de plus en plus ouvertement contre le bien commun véritable. Dans ce cas, la bonté formelle de l'acte de voter, comme participation à l'édification du bien commun, est elle-même disqualifiée, et c'est l'abstention qui devient un devoir, comme dissidence seule expression du « non-négociable ».

La gravité de la situation ne nous échappe pas, mais loin de nous décourager ou de nous imposer la compromission à la place de la trahison, elle devrait nous enthousiasmer : car le salut ne vient pas du président de la République ni des représentants du Peuple, il vient de Jésus Christ et de ceux qui le servent fidèlement. Quand les institutions politiques nous sont inaccessibles pour les raisons qu'on a dites, il nous reste le champ immense de la société réelle, où le Saint Père ne cesse de nous appeler à édifier une véritable contre-société qui donne envie d'y vivre. Non pas un ghetto catholique, mais bien la vraie vie à laquelle tout être humain est invité par son humanité même: il ne faut pas souscrire au credo catholique pour en être, il faut seulement être conscient et respectueux de la dignité naturelle de la personne humaine, dans l'intégralité de ses dimensions, et travailler à sa promotion en soi et dans les autres.

En n'étant pas dociles à l'écoute de Rome depuis si longtemps: Veritatis Splendor est de 1993 , qu'en avons-nous fait? Et Jean Paul II cite au coeur de son argumentation Paul VI en 1968 dans Humanae Vitae, tiens tiens.. une thèse de Science Politique pourrait être intitulée « de la contraception à la dictature »; la Note Doctrinale est de 2002 , eh oui déjà! On risque d'avoir oublié les enjeux de nos vrais combats, et surtout l'ampleur et la réalité très immédiate du pouvoir temporel qui est confié aux laïcs chrétiens par le Christ lui-même. Vous n'empêcherez pas le clerc que je suis,  d'être sûr, je l'ai lu d'ailleurs il y a quelques mois sur notre blog préféré, que si les laïcs catholiques, de leur propre initiative, -car il n'est pas besoin de mandat ecclésiastique pour cela, le Baptême et la Confirmation y suffisent-, avaient déclaré d'avance et massivement qu'ils ne voteraient pas pour des programmes s'opposant ne serait-ce qu'à l'un ou plusieurs des points non-négociables, sur lesquels par définition tous les catholiques sont unis, la donne idéologique et politique en France serait aujourd'hui très différente, et certainement pas moins favorable à l'Evangile".

Commentaires

marinette

Ouf! un grand merci à l'auteur de ces lignes
pleines de bon sens et toutes catholiques!

Cril17

En témoignage de reconnaissance pour ce témoignage,qui a dû exiger un travail de réflexion et de rédaction à la mesure de l'enjeu, je prie son auteur de bien vouloir noter qu'au lieu de mettre dans l'urne un bulletin de vote royaliste, comme je le prévoyais de le faire au titre du 46 millionième de ma part de souveraineté populaire, je m'abstiendrai de voter dimanche prochain.

Merci à ce clerc d'avoir éclairé ma conscience !

domremy

Merci ! Enfin une position dans laquelle je me retrouve.

C'est par des positions de cet ordreet pas par des consentemensts au moindre mal- que nos frères -les premiers chrétiens -ont abouti à ce que l'occident soit devenu catholiques .
"
Vous n'empêcherez pas le clerc que je suis, d'être sûr, je l'ai lu d'ailleurs il y a quelques mois sur notre blog préféré, que si les laïcs catholiques, de leur propre initiative, -car il n'est pas besoin de mandat ecclésiastique pour cela, le Baptême et la Confirmation y suffisent-, avaient déclaré d'avance et massivement qu'ils ne voteraient pas pour des programmes s'opposant ne serait-ce qu'à l'un ou plusieurs des points non-négociables, sur lesquels par définition tous les catholiques sont unis, la donne idéologique et politique en France serait aujourd'hui très différente, et certainement pas moins favorable à l'Evangile".

roro

Yesss!

Tout ce que je pense et que je veux dire, mais je n'y arriverai jamais aussi bien.

Bravo à l'auteur !!

L'Herm

Bravo et merci pour cette très belle lettre.
Cela reprend tout ce que nous pensons en famille.
De toute manière le Président de la République quel qu'il soit, signera toutes les lois votées par le parlement.
Gardons nos forces pour élire et faire élire des députés respectueux de la Vie, de la Famille et de l'Education !
Gardons nos forces pour prier et agir sur le terrain!
Gardons nos forces pour faire du lobbying auprès des élus locaux, avec les PNN comme ligne de conduite!
Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat!

Guiharan

C'est pour cette raison de cohérence avec les principes non négociables qu'au deuxième tour je n'ai pratiquement jamais pu voter autre chose que blanc (depuis 1974)...

ODE

"Or le bulletin ne dit pas: « je m'oppose à la victoire de un tel », il dit: « je donne pouvoir à un tel de faire ce qu'il dit qu'il va faire et je lui donne, pour autant qu'il m'appartient, les moyens de mener son action »." Ce n'est pas forcément vrai!!!

|[Ben vous vous trompez, il suffit de lire ce qui écrit sur le papier. Et personne ne lira votre papier à haute voix en prononçant que les mots que vous avez derrière la tête. Votre interprétation ne sortira pas de l'isoloir. JL]

Dans le cas d'un duel, choisir l'un est AUSSI éliminer l'autre, l'acte peut AUSSI BIEN dire "je refuse l'autre".

[Non. Personne ne viendra vous demander ce que "vous vouliez" dire. Mais tout le monde saura ce que vous avez dit (NS ou FH). JL]

C'est ainsi que les électeurs socialistes l'ont entendu en allant voter en 2002 la pince à linge sur le nez.

"De plus, en fait de peser les conséquences, on donne pour évident d'écarter un pire qui n'existe pas encore, qui n'est pas encore advenu et qui n'adviendra peut-être pas" cela est faux aussi,

[C'est vous qui vous trompez. qui vote les lois? Le Président de la République? JL]

la politique socialiste, d'une part est advenue, et depuis longtemps, d'autre part on a quand même sous les yeux des engagements et des programmes: c'est bien gentil de prier Dieu après la victoire de Hollande, c'est mieux de donner à Dieu un minimum de marge de manœuvre, par exemple en évitant à des associations qui agissent (et ne se contentent pas d'ergoter) concrètement pour le bien commun d'être privées de subventions ou de représentation dans les media. C'est de l'angélisme pur que de nous dire qu'avec les socialistes le pire n'est pas certain.....

[Qui a voté la loi sur l'avortement. La droite ou la gauche? JL]

Avec des idées pareilles, on peut passer sa vie à prier pour la conversion de François Hollande, en laissant les Tugdual Derville et autres Anne Coffinier essayer de se débrouiller comme ils peuvent pour agir concrètement dans un monde déboussolé.

[C'est sûr que ce n'est pas donné à tout le monde. JL]

"qu'il demande explicitement à continuer de perdurer encore cinq ans" ce n'est pas tout à fait vrai non plus, ni charitable: il est net que le discours entendu dans l'entre-deux-tours de la part du candidat de droite a montrée une réelle évolution par rapport à tout ce qu'il avait fait et dit jusque là. On est libre de ne pas le croire, mais un vrai catholique doit savoir pardonner toujours, et si cette personne veut croire qu'avec Hollande "tout est possible", pourquoi ne pas le croire aussi pour Sarkozy - ah, c'est qu'il a fait le mal déjà? Mais les catholiques ne sont-ils pas ces gens qui pardonnent et gardent toujours l'espérance? Ne peut-on pas à la fois détester tout ce qu'il a fait jusqu'ici et vouloir encourager cet étonnant discours de droite et chrétien qu'on a entendu lors du débat mercredi soir??? Non mais, franchement! Cette leçon de morale est désagréable parce qu'elle discrédite d'un seul coup l'opinion de toute une série d'hommes et de femmes engagés au quotidien pour tenter de sauver ce qui peut l'être dans notre pays, comme si tous se fourvoyaient ensemble, tandis que ce M.la-Vertu, dans son indignation, était le seul à avoir raison.

[L'argument de la majorité... Le Christ était seul aussi. Ensuite, n'opposez pas l'auteur qui propose une réflexion morale à ceux qui proposent des solutions pragmatiques. On n'est pas du tout au même niveau de réflexion, l'un est à l'étage de la réflexion, l'autre de l'action. Attention au hors-sujet. JL]

"on le qualifie de moindre par rapport au pire défini avant" on ne le "qualifie" pas, on voit la différence concrètement, tous les jours (au lieu d'ergoter, là encore...) entre les électeurs socialistes et les électeurs de Sarkozy... Chez ces derniers, de l'inconséquence, de la versatilité, mais une perméabilité de plus en plus grande aux discours patriotes et nationalistes, ce qui n'est en aucun cas vrai chez les électeurs de Hollande. Non, on ne fait pas de raisonnement rapide et bête, on regarde, on constate un changement, on entend des électeurs UMP commencer à défendre les Points non négociables alors qu'ils ne l'auraient pas fait il y a 5 ans.

[En deux semaines, ils vous charment... JL]

"Le vrai problème est donc d'oublier que les points non-négociables ne se négocient justement pas" personne n'a envie de les négocier. Par contre cela fait des années qu'ils sont ouvertement bafoués. Alors, entre ne rien faire en élevant ses 6 enfants dans son petit coin de banlieue sympathique en allant chaque année faire le pélé de Chartres, [Vous parlez de qui? Attention aux injures publiques. Un peu de retenue, SVP. Inutile de s'énerver, souvent signe de faiblesse et de perte de maîtrise de soi. JL]

et être quotidiennement auprès des gens, être et vivre au cœur du monde, et essayer chaque jour que Dieu fait de faire entrer les PNN dans la conscience collective, travailler ce terreau même s'il est sale et laid, y être, se battre pour le bien commun, et en arriver concrètement à devoir, parce qu'on a peur, pour une fois, on a peur, en appeler au vote des électeurs chrétiens, cela ne veut pas dire que l'on négocie!!!

[On peut aller à Chartres, avoir 6 enfants et se battre aussi pour le bien commun. C'est quoi cette dialectique qui frise le ridicule et la caricature? JL]

Croyez-vous que l'alliance Vita négocie??? ça ne va pas non? Avec des raisonnements pareils, Jésus aurait dû répondre au bon larron, "mon pote, je ne négocie pas avec toi".

[Je coupe là votre prose, votre agressivité est improductive et insupportable. vous mélangez tout et que vient faire VITA là-dedans?
JL]

Benoit

Cette approche ,bien que très profonde ,me paraît être plus proche du jugement de Ponce-Pilate,et donc de s'en laver les mains,que du risque de vouloir faire le mal,pour un soi-disant plus grand bien .
Quant à moi ,en conscience,je considère que le vote blanc ,nul ,ou l'absention ,donne l'avantage à celui qui a le plus de chance de l'emporter ,donc François Hollande (le pire du pire),je voterai Nicolas Sarkosy,en tout point d'accord avec la position de Frigide Barjot.

[Attention, vous opposez le pragmatisme à la question morale soulevée ici. vous comparez le geste de Pilate à la pensée qui prévaut à l'acte = erreur de niveau. Il n'y a aucun rapport si ce n'est de cause à effet. Mais on ne compare pas les effets aux causes... JL]

Si nous suivons pleinement ce raisonnement ,il y a longtemps que les catholiques ne devraient plus voter,et aller à la pêche,et ne plus s'occuper des affaires de la Cité;ce n'est pas non plus ce que demande l'Eglise.Je comprend évidemment bien qu'il n'est pas permis de tuer ,même sous la contrainte ,et dans le cas du SS et du prisonnier ,il ne reste plus que l'exemple du courage de Saint Maximilen Kolbe,et là c'est la plus grande preuve d'amour qui est demander au chrétien,serons-nous en faire autant ?
.Toujours heureux de lire votre blog.Cordialement

lagui

Il aurait été intéressant de connaitre l'auteur de cette tribune à laquelle je lui opposerais celle de Jeanne Smith toute aussi convaincante.
La confusion actuelle est totale car on ne connait pas vraiment la véracité des promesses.

[Là, vous divergez par rapport à l'auteur de ces lignes. question de fond de l'auteur contre vos questions de surface. vous ne pouvez vous entendre. Stop au militantisme, bienvenue à la réflexion. JL]

Si on était sûr qu'elles soient tenues il n'y aurait pas photo.
Le moindre mal est évoqué par St Thomas d'Aquin.
Maintenant comment l'appliquer à la situation actuelle ?

[Relisez cette tribune, vous avez la réponse. JL]

Même nos prêtres sont divisés en la matière. Alors...

[Relisez Pie XII : les prêtres ne sont pas plus, voire moins, qualifiés les laïcs dont c'est l'état, pour parler politique. C'est pour cela que celui-ci vous parle de morale. JL]

Soledad

"Le vote blanc relève à mon avis d’une confusion : on le confond avec l’objection de conscience. L’objection est effectivement un devoir contre une pratique ou une loi gravement injuste (qui transgresse la loi naturelle). Mais ici, il s’agit de choisir entre deux hommes, qui sont chacun partiellement insatisfaisants.

[C'est là que vous n'avez pas compris ce texte. Vous voyez 2 solutions. L'auteur en voit 3. Inutile d'aller plus loin si vous n'acceptez pas - même intellectuellement - ce postulat. JL]

senex

Je suis un grand ami des animaux ,mais si je vois un serpent qui menace mon petit fils,je le tue...

[Ce n'est pas ce que vous dit le texte. Il vous demande si vous devez choisir par quel serpent va mourir votre petit-fils. JL]

Sans scrupule.Il y a des moments où il faut se décider...!Et agir vite sans théoriser "ad infinitum"...

Adèle de Champagne

Génialissime ! Merci au Salon Beige d'avoir publié ce manifeste si intelligent. Cela fait chaud au coeur de lire enfin quelqu'un qui défend l'abstention, lorsque l'on voit que les Catholiques sont morts de trouille à cause d'Hollande depuis 10 jours et se rangent tous derrière Sarkozy, tels des moutons bêlants. Qui est ce clerc si sage et avisé ? Merci encore infiniment à lui pour ce beau message.

Thib

très bon texte qui nous montre, que la situation est rendue très complexe et délicate du fait des promesses non-tenues, des changements de positions, des mensonges ... des candidats

- car il y a tout de même le texte du magistère cité par certains, qui nous dit que l'on peut voter pour un candidat "pro-mort", si ce n'est pas à cause de ce critère que l'on se détermine pour ce candidat.

- et d'un autre coté, le point de vue de ce texte, me parait très catholique : car il demande du courage, de ne pas céder à la peur, de ne pas calculer l'efficacité à vue humaine immédiate (rappelons nous Le vendredi Saint.. victoire ? défaite ?..), de ne pas avoir peur d'être seul, à contre-courant... de ceux qui vous prennent pour un naïf, qui ne comprend rien à la politique, à la stratégie... et au Saint Pragmatisme...

stevenson

proposition

le vote est un bien en soi,

le vote pour quelqu'un dont le programme est opposé aux points non négociables n'empêche pas de penser que l'on peut plus facilement travailler - collaborer avec l'un ou l'autre des élus en vue de l'amener à négocier sur l'amélioration sur les points non négociables.

La comparaison avec le SS ne tient pas parceque le vote (un bien) ne se compare pas avec le meurtre

la proposition est alors : on ne peut voter pour un candidat dont le programme contient des points opposés aux points non négociables qu'avec l'intention de dialoguer avec lui pour l'amener à modifier dans le bon sens sa politique sur les points non négociables et qu'en militant publiquement avec lui sur ces points

ne serait-il pas paradoxale de laisser passer un candidat dont on sait très bien que la position est beaucoup plus rigide et moins amendable sur les dit points non négociables ?

je pose la question pour que l'auteur de la tribun y réponde

personne

Et une bonne claque aux culpabilisateurs, une!

Merci pour cette tribune! A faire suivre!

Philippe

Serait-il possible d'avoir le nom de l'auteur de cette tribune ou son pseudonyme s'il vous plait ?

[Il m'a demandé le plus strict respect de son anonymat. Appelons-le Raphaël.
JL]

LdB

Il me semble que le bulletin de vote n'est pas aussi univoque que le croit l'auteur de ces lignes.
En effet, si un second tour est prévu par les institutions, n'est-ce pas justement pour permettre à la majorité absolue de repousser le candidat de la majorité relative ?

PK

Très bon : ça nous change des poncifs depuis 15 jours sur l'obligation de choisir entre deux candidats !

Un peu d'air pur entre dans le SB : bravo !

Ceci dit, cette histoire est symptomatique à mon avis : tout le monde a son avis, personne n'est d'accord et il n'y a aucune autorité morale reconnue qui s'engage pour trancher le débat.

Tant qu'on en sera là, il est totalement illusoire d'avoir une union des catholiques...

Le vrai problème est : à qui la faute et comment le résoudre ?

Il y a manifestement un problème de formation doctrinale mais même d'illustres savants dont on peut difficilement mettre en cause la formation se sont exprimés ici en faveur du moindre pire... donc ce n'est pas la raison principale.

Reste donc l'autorité morale. Dans l'ensemble, à part essentiellement quelques sectaires post-soixante huitards en voie de disparition, les catholiques reconnaissent dans le Saint Père cette autorité (que n'ont pas nos évêques).

Alors, faudra-t-il qu'il s'engage (clairement !) dans ce genre de cas ? Tout le monde n'a pas la science pour chercher et éclairer sa conscience au travers d'encyclique peu accessible au final intellectuellement.

Je ne vois pas vraiment d'autres solutions (à l'échelle humaine bien sûr).

Bien sûr, les risques de clash avec le monde politique sont grands mais finalement, entre deux clashs... Après tout, certains papes se sont engagés, notamment Léon XIII pour le ralliement, Benoît XV (et surtout son successeur) pour condamner l'Action Française et le bienheureux Jean-Paul II en Italie...


Sainte Mère de Dieu, priez pour nous, pour tous les électeurs et pour nos dirigeants...

Michèle

Enfin une réflexion qui nous sort des incitations des plus insistantes ( dont certaines franchement culpabilisantes), et qui pleuvent de toutes parts, au choix du "vote panique".

btk

quelle belle analyse ! voila un texte qui a de la hauteur, par rapport a tous les bavardages qui proviennent de bonimenteurs sur le grand champ de foire qu'est devenue la France.. ces bonimenteurs - non seulement n'ont pas conscience que Dieu est grand ! - mais ils s'inquietent surtout pour leurs privileges materiels. Ils sont mesquins et pitoyables.
un grand MERCI a son auteur !

Guiharan

Un clerc qui voit clair ;-)

Le problème en demoncratie c'est que ce genre de vérité prophétique apparaît toujours minoritaire, même chez les catholiques.

Sans aller jusqu'à comparer avec le choix entre la peste et le choléra (ce serait exagérer, j'en conviens), aux élections de mars 1933 en Allemagne il y a surement bien des catholiques qui ont voté NSDAP pour faire barrage aux socialo-communistes...

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_allemandes_de_mars_1933

Benoit

En réponse à Thib ,je crois :les catholiques ne sont pas morts de trouille,ni des moutons bêlants .Ils votent ou vont voter en conscience(s'ils en ont une).Pas plus qu'ils ne recherchent le Saint Pragmatisme.Quand on est marié avec la même femme et que l'on a une famille (souvent nombreuse,chez les catho),on ne pratique pas la politique du pire.Surtout que ,rappelez-vous 1981 ,pour les moins jeunes,on a eu Mitterand 14 ans,voyez l'évolution épouvantable de la société depuis ,(je commençai moi ma vie professionnel d'agriculteur), la gauche la plus sectaire , et à l'époque pas de droite de conviction ,type Front National,à côté de la droite classique.Il vaut mieux travailler aux rapprochement des droites et préférer une réelection de Sarkosy,à l'élection d'un gauchiste,ou le Front National sera toujours et encore la bête noire de la gauche .Les catholiques ne sont pas encore dans les catacombes ,ni ne rasent les murs .Mais malheureusement l'Histoire repasse toujours les plats.
Cordialement Benoît

Mithrandir

Le problème est qu'avec Hollande le pire est certain, avec Sarkosy il est ('fort' allez vous me dire) probable.
Je préfère mettre la main dans la porte, au risque de me couper les doigts pour la maintenir ouverte que de la laisser se fermer à double tour pour longtemps.
On ne peut pas se désengager du monde dans lequel on vit, regarder en spectateurs le mal qui nous entoure sans rien faire en se lavant les mains tel Ponce Pilate.

[Mais personne ne peut vous contraindre à perdre une main. Justement. Et le bien commun ne s'arrête pas à la seconde que dure le claquement de votre porte. Il vous oblige à l'ouvrir pour y œuvrer bien davantage. Et vos deux mais vous seront alors bien utiles. JL]

Vous n'aurez pas le droit de vous plaindre lorsque, entre autres réjouissances promises, l'euthanasie sera légalisée (ce qui est sûr)!
En s'opposant à l'élection d'Hollande, on a une petite (infime peut-être) chance que cela n'arrive pas, je préfère en conscience prendre le risque de l'espérance!

Cril17

"Un clerc qui voit clair ;-)"

Très bon ! Si le sujet n'était pas aussi grave, on dirait que vous êtes hilarant ! mais peut-être est-ce une prédestination due au nom ?

Horace

"Le gouvernement humain dérive du gouvernement divin et le doit imiter. Or Dieu, bien qu'il soit tout-puissant et souverainement bon, permet cependant qu'il se produise des maux dans l'univers, qu'il pourrait empêcher, parce qu'en les supprimant, il ôterait de plus grands biens, voire provoquerait des maux pires. Il en est aussi de même dans le gouvernement humain : ceux qui commandent tolèrent à bon droit quelques maux, de peur que quelques biens ne soient empêchés, voire que des maux pires ne soient encourus."

St Thomas d'Aquin, Somme théologique

[Bien vu. La tolérance du moindre mal s'applique donc bien aux gouvernants (exit beaucoup d'autres) et surtout, ils ne le créent pas, ni ne l'aident. C'est comme l'ivraie : tout le monde la tolère, mais personne n'a le droit ni de l'arroser, ni de l'entretenir!
JL]

Jeanne

L'auteur de ce texte n'est pas très sérieux. Le fait même de diffuser sous anonymat 'une pensée d'une profondeur et d'un recul si rares' me paraît en effet assez dommageable.

[Qu'est-ce que l'anonymat vient faire là-dedans? JL]

Peut-être simplement le fait d'un humble qui souhaite rester dans l'ombre, hypothèse peu crédible tout de même, à lire certains propos cherchant à susciter la curiosité du lecteur.
J'aurais aimé alors qu'au moins cet anonymat nous permette d'en savoir plus et par exemple les votes de cet électeur aux précédentes élections, car à le lire et en suivant ses consignes je n'aurai personnellement jamais voté depuis ma majorité.

[vous connaissez le proverbe. Alors cessez de savoir à qui est le doigt et cherchez à vois la lune qu'il montre. JL]

Par ailleurs,
il n'y a pas à proprement parler le point de vue purement pragmatique et le point de vue moral, et il ne s'agit pas de distinguer politique et morale de manière radicale : l'histoire de l’Église nous apprend que pour envisager les questions morales, les canonistes et les théologiens ont su faire preuve d'un certain réalisme. Opposer les deux est tout de même simpliste.

[Il n'y a justement aucune opposition. Ce n'est pas parce qu'il évite la confusion qu'il les oppose. Au contraire il les met dans le bon ordre. Beaucoup moins simpliste que vous le dites, du coup... JL]

Pour ma part, je ne suis pas décidée encore mais s'il m'arrivait de voter, j'écrirai en cas d'élection à la personne qui aura reçu mon suffrage les motifs de ma décision.
Au lieu de s'opposer entre nous, prions pour la France, réformons nous et agissons.

[Je vous rejoins parfaitement sur ces conclusions auxquelles j'ajouterais que le souci du bien commun ne doit pas s'arrêter dimanche à 20h01 pour reprendre dans 5 ans... JL]

Sancenay

pour le coup voilà un texte "équilibré" comme dirait nos adversaires dans leur langue de bois.Merci à Lahire de nous avoir fourni ce texte réconfortant.

 Gaël Courossé

Bonjour,
Il est vrai qu'un peu de contradiction dans le fil de ce blog ne fait pas de mal, néanmoins, toute la démonstration de l'auteur repose sur ces quelques lignes :

*** Or le bulletin ne dit pas: « je m'oppose à la victoire de un tel », il dit: « je donne pouvoir à un tel de faire ce qu'il dit qu'il va faire et je lui donne, pour autant qu'il m'appartient, les moyens de mener son action " ***

Cette affirmation est fausse. Le bulletin ne dit rien ! En quoi le vote serait-il plus une adhésion qu'une élimination ? Qui prétend cela ? Le suffrage est un simple moyen humain technique pour qu'au final il ne reste qu'un seul candidat qui sera, en l’occurrence, président pour 5 ans. Qui vous permet d'affirmer qu'un bulletin est une adhésion ou un blanc sein donné à un candidat ? Qui vous fait croire qu'éliminer un candidat vous rend co-responsable des actions de celui qui reste ?

[C'est hyper simple : vous choisissez un bulletin avec un nom que vous choisissez. Au dépouillement, votre bulletin étant anonyme, il sera dit : "X" et non "anti-Y. donc oui, vous votez "pour" de facto et le système ne vous donne aucun autre choix ouvert. Et puisque vous votez pour, vous votez pour un candidat et pour ce qu'il a projeté. Aussi simple que ça.... et le pire c'est que ça marche!
JL]

Mettre un bulletin pour éliminer un candidat a un sens qui est "je veux éliminer tel candidat quitte à ce qu'il ne reste que l'autre - qui ne me plait pas non plus-". Personne ne peut confisquer le sens de cette action, même s'il reste secret dans le coeur de celui qui agit.

Partant de cela, pour talentueuse qu'elle soit, c'est toute la démonstration de l'auteur qui tombe.

Si je m'abstiens dimanche, ce n'est pas pour les raisons évoquées dans cet article.

Enfin, que cela soit clair, cela ne m'empêche pas de voir dans le principe même du suffrage universel un outil qui dessert le bien commun, arbitraire et contre-productif.

Cordialement

yf

[...]

Xavier Couvert

Dommage que ce texte, excellent à mon avis, ne soit pas signé. Pourquoi ne l'est-il pas ?
Bien cordialement,
Xavier.

Jeanne

Pour répondre à Lahire : Je trouve simplement dommage d'être 'penseur anonyme' si on a du talent, et d'autant plus si l'on est clerc. Et ce n'est pas ce proverbe qui y change grand chose.

Margay

Cette argumentation est mauvaise car elle plaque sur le vote la doctrine du moindre mal alors qu'elle ne s'y applique pas. Choisir le moindre mal a une élection ne peux jamais être considéré comme un mal en soi. Car aussi vrai que je ne suis pas directement responsable du mal effectué en n’effectuant pas de choix (abstention) je ne suis pas non plus directement responsable du mal effectué en effectuant un choix de moindre mal. Car poser un bulletin dans une urne n’est pas un acte intrinsèquement mauvais comme celui de tuer.

[C'est là que vous faites fausse route par rapport à cette analyse. Relisez donc ce post et répondez-y avec des arguments et des sources. Au même niveau quoi.
JL]

La doctrine catholique du moindre mal ne s’applique donc pas au cas du vote.
Ensuite c’est une question de stratégie et j’accepte qu’on puisse défendre l’option de non compromission de près ou de loin avec un parti ne respectant pas les points non négociables. Je pense en l’occurrence qu’en ce deuxième tour et étant donné le contexte (cf nombreux autres postes de appelant à voter Sarkozy pour barrer la route à Hollande) c’est une mauvaise idée. On peut me traiter d’idiot utile si on veut et j’accepte cette critique en revanche je refuse qu’on fasse de l’abstention une obligation morale pour un chrétien au nom du moindre mal alors que c’est seulement une option.

[La stratégie à laquelle vous vous référez ici a des fondements. Comme dans ce post. Mais là aussi, argumentez et appuyez-vous sur des sources.
JL]

Merci donc à ceux qui défendent cette position de ne pas abusivement en référer a un impératif moral qui n’a pas lieu d’être !

[Il n' y a pas de position défendue, mais le partage d'un point de vue. Il n'y a pas de guerre! JL]

VQE

Très respectueusement pour le clerc anonyme qui nous donne ses conseils, tout aussi respectueusement pour JL du Salon Beige qui semble les faire siens au vu de ses réactions au sein des commentaires

[Non, la question n'est pas de savoir si je les partage. En revanche, je tiens à ce qu'il soit répondu à ce texte au niveau auquel il est écrit. Ce texte se situe au niveau de la morale auquel il serait dommage de répondre à côté. De plus, je trouve souhaitable que les catholiques s'interrogent dans l'absolu sur la question de l'abstention (ou du vote blanc) autrement que dans la passion de cet entre-deux-tours.
Donc ne confondons pas ma volonté de laisser la place à des tribunes libres avec des choix personnels que personne ne connaît (même moi?) ;-).
JL]

mais monsieur le clerc vous donnez un fort mauvais conseil en piochant dans d'excellents bouquins mais inadaptés.
Je m'explique : il s'agit maintenant d'un problème de discernement et non plus de morale. La question est "que faire" et un chrétien a une obligation de moyens pour y répondre : éclairer sa conscience et prier. Pour éclairer sa conscience, appelons Saint Thomas d'Aquin à la rescousse, ainsi que ses commentateurs si aucune réponse immédiate n'émerge. Ces mêmes commentateurs ne sont pas d'accord, je pense que tout le monde pourra l'admettre. Que faire quand rien d'évident ne sort de Saint Thomas ni des ses commentateurs avisés? C'est qu'a priori il s'agit d'un problème de discernement. Donc on range Saint Thomas, que l'on a lu attentivement mais sans en tirer d'indications évidentes, et on ouvre le "docteur ès-discernement" à savoir Saint Ignace de Loyola.
Ensuite on prie un temps certain, suffisamment long, avant de rentrer dans l'isoloir. Et si dans l'isoloir, il y a un choix qui vraiment ne satisfait pas, il est fort probable que ce n'est pas celui à faire. Et personne au monde n'est habilité à juger de ce choix, donc ce choix n'est à justifier devant personne en ce bas monde.

[Parfaitement d'accord. Et on reprend cette discussion après les échéances électorales pour se permettre, cette fois, de partir de loin et de mener une réflexion loin des passions enflammées de cet entre-2-tours?
JL]

Bainville

La logique n'est plus comprise par les bien pensants:

Je renverse leur argumentation boîteuse:
Qui vous fait croire que ne pas voter pour les deux candidats vous rend responsable des actions à venir de l'un ou de l'autre.

Qui vous permet de refuser d'admettre qu'en légitimant par votre vote le programme antichrétien à 97% de NS, vous acceptez aussi celui de FH antichrétien à 100%.

Adhérer par votre choix, votre bulletin objectif d'élection du programme NS, ce fait de participer au renforcement et à la banalisation du génocide infantile, conforte et banalise le programme de FH pour 97%.

Cela fait deux siècles que cela dure, Ne serait-il pas temps d'avoir la Foi, et de s'écarter de ces calculs mettant de côté les principes divins gênants, et d'avoir Dieu comme ami et allié.
Par prudence humaine le peuple élu ne s'était-il pas tourné vers les divinités locales, les alliances avec l'Egypte contre l'Assyrie, suscitant la colère du Dieu unique et se voyant emmené en déportation après avoir été...envahi.

jean.belmondo

[Ne confondez pas arguments et insultes. JL]

Erix

Très intéressant, en effet, dans la même collection de raisonnement jésuite, le prisonnier de Balthasar pouvait appuyer sur la gâchette puisque intrinsèquement appuyer sur un objet avec son doigt n'est pas un mal, Dieu est grand et la balle peut ne pas sortir du canon, la petite fille bouger, le SS faire bouclier de son corps (n'oublions pas la Grâce), bref je ne suis pas responsable de la conséquence d'un acte qui objectivement n'est pas qualifié moralement. Vous pourrez servir cet argument aux médecins et infirmières qui appuieront sur le piston des seringues servant à l'euthanasie ; cette dernière étant une conséquence totalement disjojnte de l'acte de base et indépendante de son auteur. Il n'est pas interdit dans le christianisme d'associer Foi et Raison....il me semble même qu'un St Père en a parlé récemment...

HV

[Arguments et idées, sans vouer quiconque aux gémonies aussi gratuitement, SVP. JL]

Timothée

[...]

Christophe

Je suis profondément en désaccord avec le point de vue exprimé par l’auteur de cette tribune.

S’agissant de réfléchir sur le vote de ce dimanche, il y a lieu de distinguer :

- La nécessité d’agir ;

- L’action entreprise

- Les conséquences (espérées, prévisibles) de cette action.

Les deux derniers points se résument à la distinction connue chez Hegel entre Handlung et Tat : ce que l’action est en elle-même dans le projet de celui qui l’entreprend, ce qu’elle devient quand la nécessité se retourne en contingence et la contingence en nécessité…

Sur la nécessité d’agir, elle est de principe : Dieu ne nous envoie pas en ce monde pour y rester inactifs et ne pas y employer nos talents. La vie contemplative elle-même est une façon particulière d’obéir à ce devoir d’agir et de faire fructifier les talents reçus.

A cet égard, c’est à la fin de la tribune de l’auteur qu’il faut se rapporter, lorsqu’il envisage la distinction entre abstention et vote blanc, pour terminer par dire que le système étant tel qu’il est, seule l’abstention est possible.

Soit. Cela ne le relève pas de son devoir d’action, s’abstenir étant, comme l’indique suffisamment l’étymologie, se tenir écarté.

Nous en venons donc à l’action elle-même. Suggérer que, plutôt que de voter, il appartient aux chrétiens de proposer une véritable contre-société, que si tous les catholiques avaient fermement affirmé dès avant le premier tour leur refus de s’engager si les programmes n’évoquaient pas clairement les PNN, etc, tout cela n’est pas en soi action mais intention : sur ce dernier point, c’est une intention qui se rapporte au passé, et qui donc ne saurait servir d’excuse à un refus présent d’agir, car à ce compte toute refus d’action pourrait toujours trouver des motifs dans le passé. Pour le reste, il ne m’appartient pas de préjuger de ce que l’auteur accomplit dans sa vie réelle en termes de modèle de contre-société offert à autrui ; en ce qui me concerne je crois réaliser trop peu et je voudrais être certain d’être par mes actions conforme au modèle projeté, mais ne pouvant en avoir la certitude, j’aurais tendance à me servir du bulletin de vote comme une occasion rare d’ajouter à mon action ordinaire. Sans vouloir préjuger en rien des qualités de l’auteur, je me méfie de la propension à afficher de belles intentions non suivies de concrétisations ; reconstruire le monde par Internet interposé est aussi un mode efficace de croire qu’on s’est dégagé de la nécessité de l’action : après tout, on a tapé sur son clavier… Sans vouloir l’imputer à l’auteur, j’en connais trop d’exemples autour de moi pour ne pas réagir.

Donc s’abstenir, soit, mais si c’est pour agir autrement, par l’exemplarité de la contre-société que l’on bâtit. J’avoue rester dubitatif : tous les fidèles sont pécheurs, seule l’Eglise est sainte… L’argument de l’auteur, de fait, peut se retourner : si tous les catholiques étaient déjà dans cette action offrant un modèle de contre-société, n’auraient-ils pas déjà accompli la conversion des cœurs souhaitée ? La France donne pourtant le sentiment de prendre le chemin inverse, et pas seulement depuis quelques années.

La revendication de pureté, quand elle s’affronte au monde, y trouve le contraire de ce qu’elle souhaite ; que doit-elle faire ? Accepter de se mêler au monde, pour s’efforcer de le purifier, ou revenir en elle, pour s’assurer qu’elle est toujours pure ? Le premier geste est conforme à la vocation de l’Eglise, au sens ecclésia, et c’est le commandement de Jésus et de l’amour du prochain. Le second est une dérive sectaire, au sens « se couper » : je refuse de me mêler, je revendique ma pureté et je l’affiche ; plus le monde me rejette, plus j’ai raison, puisque le monde est mauvais…

Attention au processus d’auto-légitimation qui consiste à s’abstenir (de voter, ou plus généralement d’agir) en disant : je ne peux me souiller avec cette action intrinsèquement mauvaise ; soit, mais par quelle autre action remplaces-tu celle-ci ? Car pendant que tu n’agis pas le monde reste impur et ce faisant il ne te justifie pas, il t’accuse.

Dieu n’a pas cessé d’aimer l’homme parce qu’il avait péché ; il a plus aimé celui qui a pris le risque de pécher que celui qui s’était abstenu de ce risque (c’est la parabole du fils prodigue). Et comme disait Péguy : la morale de Kant a les mains pures, parce qu’elle n’a pas de mains…

Sur les conséquences de l’action enfin. Seule la sagesse de Dieu est illimitée ; l’homme choisit sans connaître toutes les conséquences de son action, c’est le poids de sa responsabilité. L’argument de l’officier SS est simpliste. Je conseille à l’auteur de lire Du prétendu droit de mentir, de Kant, où l’auteur développe la matrice de ce genre d’argument censé couper les ailes à toute velléité d’action. Mentir est toujours un mal, je ne puis jamais connaître par avance les conséquences de mon mensonge et j’en suis donc responsable ; or Dieu m’a commandé de toujours dire vrai, mentir est donc toujours un mal ; je ne puis donc mentir à un meurtrier qui vient me demander si la victime qu’il poursuit s’est cachée chez moi (c’est l’exemple de Kant).

Ce type de raisonnement est simpliste car il s’en tient à la stricte définition de l’action en la séparant de sa fin : mentir en soi (exemple kantien), secourir ou non son prochain (exemple du SS). Mais réfléchir ainsi ne met en rien en jeu la liberté de l’homme : si mentir est toujours un mal, une machine pourra m’indiquer en toute circonstances ce qu’il convient de faire ; si voter est toujours un mal, de même (je ne puis taire ma consternation quant aux réactions de lecteurs qui se félicitent de s’abstenir depuis plus de trente ans…). La vérité de toute action, et ce en quoi elle éprouve la liberté et la responsabilité de l’homme, c’est qu’elle met en jeu des conflits de devoirs. Un bon exemple serait plutôt : j’ai la possibilité de tuer Hitler ; dois-je le faire ? Là sont en jeu deux impératifs : secourir son prochain (les victimes potentielles de Hitler) et l’interdiction de tuer. La conscience kantienne s’arrête à l’interdiction de tuer son prochain : certes Hitler a déjà tué, mais je suis contre la peine de mort ; et par ailleurs les victimes futures de Hitler ne sont que probables… En réfléchissant ainsi je maintiens l’analyse au premier niveau de l’action, sa définition d’action ; c’est tellement plus commode… La référence ici me paraît être la magnifique analyse de Kierkegaard dans Crainte et tremblement, où le conflit qui saisit Abraham entre deux commandements qui s’affrontent au sujet de l’action (aimer son prochain/aimer Dieu) est magnifiquement décrit. Abraham choisit de sacrifier Isaac, il en est récompensé…

Une dernière remarque sur le probabilisme appliqué aux choix de vote, entre bilan certain et programme probable. L’argument ne tient pas. Ce qu’a fait Sarkozy en cinq ans ne présage pas davantage de ce qu’il ferait dans les cinq ans à venir que ce que Hollande n’a pas fait depuis cinq ans ne permet de présager ce qu’il ferait lui-même. La vérité est que toute action est une réflexion où la sagesse limitée de l’homme explore un champ de possibles où la nécessité peut devenir contigence et la contingence nécessité. Nous sommes contraints de peser les raisons et de nous engager, quoiqu’il arrive, vers ce qui nous paraît le meilleur, connaître le meilleur en soi n’étant pas à notre portée. A cet égard, rejeter systématiquement un préférable au prétexte qu’il n’atteint pas la perfection exigée est de l’ordre du réflexe sectaire évoqué plus haut : à tout prendre, aucun candidat ne pourra jamais m’apporter toutes les garanties que je pourrais réclamer… sauf moi-même, sans doute ! Encore une fois, derrière cette position il y a le risque de la belle âme qui tire prétexte de l’impureté de ce monde pour refuser de s’engager, et cherche à se convaincre elle-même que ce faisant, elle reste pure.

Bernard DUJARDIN

Pour ma part, je m'opperai de toutes mes force à Hollande, et pour cela je mettrai un bulletin Sarkozy, d'opposition, dans l'urne. Et si Sarkozy est élu, j'enverrai un courriel expliquant mon vote à la Présidence de la République. Comme cela il saura le sens de mon vote.
Faites tous pareil, et vous serez en accord avec votre foi Chrétienne. Il saura qu'il ne pourra pas agir contre les points non négociables.

Jean Belmondo

L'auteur se trompe sur la nature de l'acte de vote lors d'un 2ème tour d'élection présidentielle : en effet, il s'agit juste d'éliminer l'un des deux candidats.

Deux sont présents, on sait de certitude absolue que l'un sera président, et l'autre sera recalé.
il s'agit juste d'éliminer celui qu'on ne veut pas.
rien de plus. Ce n'est pas une souscription de fan club,
ni la signature d'un pacte.

En droit consitutionnel on dit que : « le mandat conféré par l'élection présidentielle n'est pas impératif » : c'est à dire que le programme des candidats ne les oblige pas.

d'un point de vue catholique, Hollande est pire que Sarkozy concernant
la dette (tous les socialistes depuis 30 ans ne font que des dettes),
le préjudice causé aux pauvres : car nos socialistes ont tous causé plus de pauvretés et de misères sociales de toutes sortes,
l'IVG,
les homosexuel(le)s (mariage, adoption),
l'école libre,
l' euthanasie des personnes âgées

toute personne
qui s'abstient,
qui vote blanc
ou qui ne s'est pas inscrite,
favorise l'élection de celui qui gagne l'élection. (l'auteur de l'article semble ne pas voir ce point, non plus, (je dis cela respectueusement)

Ne pas voter contre Hollande est un péché d'omission, dont la gravité augmentera
à chaque assassinat de personne âgée,
(ou à chaque suicide assisté)
à chaque avortement dans un des nouveaux centres IVG ouverts par Hollande,
à chaque adoption prononcée au détriment d'un enfant
dans un couple d'homosexuel(le)s.

PS : mon commentaire a déjà été censuré deux fois,
auriez vous la bonté de me dire ce qui cause cette censure, merci [le texte ci dessus a été modifié pour arrondir les angles]

l'oiseau

"toute personne
qui s'abstient,
qui vote blanc
ou qui ne s'est pas inscrite,
favorise l'élection de celui qui gagne l'élection. "

C'est avant tout ceux qui votent en faveur du candidat qui sera élu qui favorisent son élection, c'est eux qui portent une responsabilité.

Isabelle R. (72)

Tout à fait d'accord avec le commentaire d'Horace, qui écrivait à propos de l'article commenté qu' "(...)à le lire et en suivant ses consignes [il] n'aurai[t] personnellement jamais voté depuis [sa] majorité."

Pour ma part personnelle, je pense que les actes (et les choix) qui se proposent aux catholiques (et aux autres!) échappent souvent, sinon tjrs, à la perfection. Le choix du moindre mal est certainement moins orgueilleux que l'opposition systématique.
Notre vote peut être "récupéré"? Eh bien oui, mais n'est-ce pas peu ou prou toujours le cas quand on va voter? Un vote blanc n'est pas mieux traité, quand la plupart du temps il n'est même pas commenté!

On peut bien sûr préférer "regarder ce qui se passe" de très haut, avec un certain mépris pour ceux qui ont engagé leur voix. Mais n'est-ce pas un peu une attitude d'enfants gâtés? Autant aller à la pêche chaque jour d'élections! Mais que le pêcheur prenne garde, l'orage pourrait le rattraper. Car on vit "dans le monde", et non au-dessus!
Une position qui se veut parfaite peut avoir de graves conséquences.

Et l'enfer est à mon avis plus pavé de bonne conscience que de bonnes intentions.

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