La censure des massacres en Algérie, survenus après le 19 mars 1962
01 juin 2012
De Jean Sévillia dans la nouvelle revue Le Figaro Histoire :
"Au début de chaque année, le ministère de la Culture et de la Communication publie un fascicule recensant les commémorations nationales prévues pour les douze mois à venir, chaque anniversaire étant présenté par un spécialiste. En vue de l’édition 2012, Guy Pervillé, professeur à l’Université de Toulouse - Le Mirail et historien reconnu de la guerre d’Algérie, avait été prié de fournir un article sur la période située entre la signature des accords d’Evian, le 18 mars 1962, et l’accession de l’Algérie à l’indépendance, le 3 juillet 1962. Mais dans la brochure publiée, de longs passages de cette note consacrée à la fin de la guerre d’Algérie ont été coupés, notamment ceux qui exposaient les actes de violence qui se sont déroulés sur le sol algérien après les accords d’Evian. Sur son site, Guy Pervillé s’interroge : « Pourquoi cet acte de censure ? » [...]
Le 26 mars, une manifestation de pieds-noirs, interdite mais pacifique et désarmée, est mitrailléepar la troupe française, rue d’Isly, à Alger : le bilan est de 49 morts et de près de 200 blessés. [...] A partir du 17 avril 1962, comme le rappelle Guy Pervillé, le FLN déclenche une vague d’enlèvements contre la population française dans les agglomérations d’Alger et d’Oran, mais aussi dans le bled. On recensera (chiffre officiel) 3093 personnes enlevées ou arbitrairement arrêtées. Toutes ne seront pas libérées. Le drame occulté des disparus civils européens de la guerre d’Algérie vient de faire l’objet d’une étude scientifique de la part de Jean-Jacques Jordi. Cet historien évalue à 1630 le nombre de victimes jamais retrouvées, dont 1300 entre le cessez-le-feu du 19 mars et la fin de l’année 1962. Mais ce qu’établit principalement Jordi, c’est d’une part que le FLN et son bras armé, l’ALN, ont été les responsables de ces « disparitions » dont le but était de faire partir les Français d’Algérie, et d’autre part que les dirigeants indépendantistes n’ont à aucun moment désavoué ces pratiques, de même que le gouvernement français, qui était au courant des exactions, n’est jamais intervenu autrement que par des protestations diplomatiques, alors que l’armée avait encore la faculté d’agir en Algérie. [...]
Depuis le mois de mars, selon la formule tristement célèbre, les pieds-noirs ont le choix entre la valise ou le cercueil. [...] Parallèlement, un autre drame s’amorce : celui des 150 000 supplétifs musulmans de l’armée française, soldats qui ont cru en la parole de la France. Dès le 19 mars, ils sont désarmés, leurs unités sont dissoutes. Pour le FLN, les harkis sont des traîtres. Les menaces et les agressions à leur encontre commencent alors. Par des filières discrètes, certains officiers font passer leurs hommes en métropole. Le 12 mai, Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes, ordonne de les renvoyer en Algérie. Le même jour, le ministre des Armées, Pierre Messmer, commande une enquête sur les départs clandestins de harkis, réclamant des sanctions pour les officiers qui les ont organisés.
[...] Le 5 juillet 1962, premier jour de la République algérienne, à Oran, la fête tourne à la chasse aux Européens. Un massacre, commis sous l’œil des forces françaises qui ont reçu l’ordre de ne pas bouger, fait 700 victimes, dont la moitié des corps n’ont pas été récupérés. [...] Quant aux harkis, c’est au lendemain de la proclamation de l’indépendance qu’ils sont systématiquement liquidés, ou emprisonnés. Selon Maurice Faivre, de 60 000 à 80 000 Français musulmans ont été tués ou ont disparu en Algérie entre 1962 et 1966. [...]"
N'oublions pas que l'UMP est l'héritière directe de ces criminels : Degaulle Messmer Joxe .
Nauséeux !
Rédigé par : Nemo | 01 juin 2012 à 07:55
Il y a là un crime contre l'humanité impuni. Organiser l'expulsion massive, la purification ethnique et religieuse, au moyen de la terreur est un crime contre l'humanité.
On voyait le déplorable Sarkozy aller chercher le soutien des criminels contre l'humanité.
Le "Statut de Rome" définit les crimes contre l'humanité. En voici un extrait :
http://www2.icc-cpi.int/NR/rdonlyres/6A7E88C1-8A44-42F2-896F-D68BB3B2D54F/0/Rome_Statute_French.pdf
Aux fins du présent Statut, on entend par crime contre l’humanité l’un quelconque des actes ci-après lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou
systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque :
a) Meurtre ;
b) Extermination ;
c) Réduction en esclavage ;
d) Déportation ou transfert forcé de population ;
e) Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ;
f) Torture ;
g) Viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
h) Persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste (...)
i) Disparitions forcées de personnes ;
j) Crime d’apartheid ;
k) Autres actes inhumains de caractère analogue (...)
Plusieurs faits sont ainsi constitutifs de crimes contre l'humanité : déportation, disparitions forcées, torture, persécution d'une communauté...
Rédigé par : Denis Merlin | 01 juin 2012 à 08:20
Bah, c'est une habitude bien républicaine française que d'organiser des génocides régulièrement... Ça a commencé en 1793 avec la Vendée, la Bretagne (et bien d'autres départements car malheureusement, ça a eu lieu presque partout...) et ça a continué pendant deux siècles.
C'est une constance de la République... comme celle d'accuser son voisin pour dissimuler ses crimes.
Qu'un historien au XXIe siècle s'en émeuve encore relève d'une niaiserie sans nom ou d'un délabrement intellectuel abyssal.
Rédigé par : PK | 01 juin 2012 à 09:34
Non, non ! Cher PK, Il ne faut pas jeter le manche après la cognée.
Nous sommes ici et maintenant appelés à défendre les droits de l'homme, par conséquent à demander l'application de la loi répressive aux criminels et le flétrissement de la mémoire des criminels décédés.
Ne cédons pas à la tentation du repliement, du sectarisme, d'être des émigrés de l'intérieur. Dieu nous appelle tous à être justes devant tous nos frères humains. Commençons par revendiquer sans nous soucier de l'efficacité. Saint Jean-baptiste n'a pas dit autre chose au chef politique incestueux, que : "- Vous n'avez pas le droit [de coucher avec la femme de votre frère]" (Mathieu ch. XIV). Cela n'a eu d'autre efficacité que de lui valoir d'avoir la tête tranchée. A méditer.
Donc merci à monsieur Sévilla de nous rappeler ces crimes qui, à mon avis, sont des crimes contre l'humanité dont je demande, à ma place, la poursuite devant les tribunaux compétents.
Rédigé par : Denis Merlin | 01 juin 2012 à 10:04
@ PK
"Qu'un historien au XXIe siècle s'en émeuve encore relève d'une niaiserie sans nom ou d'un délabrement intellectuel abyssal. "
Je vous trouve bien méprisant!
Il est bon de parler et reparler de ces faits ne serait-ce que pour ceux qui ne les connaissent pas...et ils sont nombreux!
Rédigé par : tadea | 01 juin 2012 à 10:52
Non seulement ces crimes furent passés sous silence mais les victimes insultées , et souvent dénigrées et méprisées par une population sans honneur ! les responsables élevés au rang de héros nationaux (certains font même un parallèle avec Napoléon (sans rire) ; les traitres dits "bagagistes d'assassins " se congratulent régulièrement sur nos écrans et ...cerise sur le loukoum ... les ennemis d'hier se pavanent et réclament des droits chez nous !
La France n'a pas fini de battre des records de consommation de tranquillisants pour tenter d'apaiser ses remords !!!!!
Rédigé par : piques-à-sots | 01 juin 2012 à 11:22
Ironie de l'Histoire, La cinquième aurait eu son Veld'hiv.
Qui fait l'ange , fait la bête.
Avec la complicité des français électeurs, dont j'étais, et qui croyaient ce que le Général leur disait notamment sur les accords d'Evian et l'avenir des pieds noirs dans l'Algérie indépendante.
La vérité arrive quand tout est consommé.
Rédigé par : abelmara | 01 juin 2012 à 11:57
@ tadea
Je ne vois pas bien où le mépris.
Un historien est un universitaire : c'est donc quelqu'un qui a fait des études, sait lire, doit être curieux et a minima capable de se former.
Ce qu'il dénonce, je l'ai appris par des lectures personnelles à 14 ans. IL y a donc bien longtemps.
Qu'il le découvre au détour d'un salon me parait grotesque ou bien significatif du délabrement moral et intellectuel dans lequel on vit.
Que les gens qui NE veulent PAS lire ne soient pas informés est normal : quand on s'informe aux mamelles des médias modernes, on a la désinformation habituelle républicaine.. Mais qu'on ne vienne pas se plaindre qu'on n'est pas au courant alors qu'il suffit d'acheter un livre (allez, 5 heures de lecture...) ou même quelques minutes de lecture sur Internet pour avoir une idée de toutes ces choses-là.
Le problème des catholiques est qu'ils sont aussi ignares que les autres Français... Le plus grave, c'est qu'ils le sont aussi sur leur propre religion (le niveau moyen du catéchisme s'arrête à la profession de foi, méthode Pierre Vivante) !
Rédigé par : PK | 01 juin 2012 à 14:21