"Première surprise : pour poser une deux ou trois
questions, certains parleront 19 minutes. Sachant que les questions
s’enchainent, et qu’elles se transforment tantôt en leçons, tantôt en
réquisitoires, tantôt en accusations sulfureuses, on comprend peu à peu
que la mascarade prend forme : pour toute réponse, les ministres des
cultes auront droit chacun à « 3 à 5 minutes », autant dire que le jeu
est pipé.
Deuxième surprise : l’ensemble des parlementaires
intervenants est pour le mariage homosexuel. Il n’y a donc sur
l’ensemble des sénateurs et députés des deux chambres aucun élu contre
ce projet de loi ? Tous sont de gauche, pourtant il y a dans la
commission au moins deux députés de droite. Mais ils n’ont pas eu le
micro.
Troisième surprise : le niveau des questions et le
manque de sérieux de ce débat est tel que Mme le député Marie France
Clergeau appellera le cardinal archevêque de Paris « Jean XXIII ». [...] On alignera les poncifs contre les religions dans ces questions, l’un
appelant à la rescousse Vatican II et la liberté religieuse pour
montrer que les religions doivent s’adapter au monde et suivre
l’évolution, l’autre un article d’un ancien moine fustigeant les
évêques, et enfin une dame en rouge rappelant benoitement que « les
cultes n’ont qu’un regard très particulier qui ne rassemble pas ce que
la société veut dire, et que le débat ne doit pas se tenir dans la rue
mais ici dans cette salle Lamartine ». « Ce n’est pas bien ce qui se
passe en ce moment, ce n’est pas bien pour la démocratie, ce n’est pas
bien pour les cultes ». Nous ne saurons jamais ce qui n’est pas bien,
mais bon, c’est pas bien. Il manquait un « nananère ».
Quatrième surprise : la très longue intervention de
monsieur Alain Tourret, député-maire de Moult. 19 minutes, pour poser 3
questions. Une moyenne de 6mn 20 par question. Ou comment s’écouter
parler. Après avoir fait étalage de ses études en droit canonique et
s’être auto proclamé spécialiste du 4° concile du Latran. (Une rapide
recherche sur google nous apprendra que sa spécialité doit être très
ancienne ou n'a pas beaucoup porté de fruits.) Ce monsieur, courtois et
poli, va s’enliser dans un monologue anti religions largement orienté
vers le cardinal archevêque de Paris. Il faudra à Mgr Vingt Trois toute
sa force de caractère pour encaisser, impavide, cette charge à la
hussarde.
A cet instant précis, le débat a basculé. Nous pouvions comprendre
que tout était joué d’avance, que la salle Lamartine se transformait en
tribunal d’une inquisition laïque n’ayant rien à envier aux heures
sombres de l’histoire, ces heures sombres appelées à la rescousse par Mr
Tourret pour mieux rappeler que les religions ont fait les mauvais
choix de l’Histoire par leur silence voire leur compromission. Exemple
parmi d’autres : « où étiez-vous lors des débats pour l’émancipation de
femmes ? On a même eu droit au « silence des évêque sous la nazisme » et
à d’autres procès trop longs à développer ici. Puis un très gracieux
« finalement, les religions, vous êtes des lobbys ».
Le coup de grâce fut donné, l’estocade, la mise à mort dans l’outrecuidance :
«J'ai vu à quel point peut être dans la ligné du pape actuel (…) vous lancez vos troupes, vous lancez vos évêques, vous allez lancer vos catholiques s'il en reste! Mais
jusqu’où allez vous aller ? Allez-vous encourager les manifestations
dans la rue comme au moment de l’école libre ? Ne croyez-vous pas que
nous devons en rester aux idées et de la philosophie et laisser aux
députés que nous sommes décider, puisque nous avons été élus pour ça ?.»
Sommant le cardinal de s’expliquer, de s' auto-justifier, ce qu’il ne
fera bien évidemment pas, ne répondant à l’absurdité que par une claire
et nette réponse posée et simple. Les 65 pourcent de catholiques en France apprécieront l’insulte qui leur est faite : « s’il en reste »… Ils apprécieront aussi d’être assimilés aux petits soldats d’une « troupe » envoyée par les évêques.
En conclusion, les représentants des cultes n’ont eu que chacun deux à
trois minutes pour répondre. A ces 35 minutes de feu nourri, de
mensonges et de charge univoque contre les religions, surtout contre la
religion chrétienne. [...]"
Ces députés voudraient nous envoyer dans la rue qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement : tous à Paris le 13 janvier !