Mgr Kalist : Que les catholiques prennent les initiatives qui leur semblent opportunes
27 novembre 2012
Mgr Kalist, évêque de Limoges, publie un texte sur le mariage :
"«L'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu'un» (Mt 19,5). Ces paroles de Jésus, citant le livre de la Genèse (Gn 2,24) en réponse à ceux qui le questionnent au sujet du mariage, sont souvent choisies par les fiancés qui préparent la célébration de leur union à l'église. Ils y reconnaissent une expression de leur projet commun, bâti selon le projet de Dieu qui «les fit homme et femme» (Gn 1,27).
A l'écoute de l'Evangile, l'Eglise catholique retient que l'union d'un homme et d'une femme, constituant une communauté de vie et d'amour, en toute liberté, dans le don réciproque de soi-même et dans une fidélité totale, est un chemin de bonheur et de fécondité qui ouvre à la transmission de la vie, à la capacité de mettre au monde et de faire grandir un être humain, et de lui permettre de trouver sa place dans la société, dans une juste relation aux autres.
C'est pourquoi l'Eglise catholique s'oppose au projet de loi sur l'accès au mariage et à l'adoption pour les couples homosexuels, qui a été présenté le 7 novembre 2012 au conseil des ministres, et qui sera débattu au Parlement en janvier 2013. Mais en s'opposant à ce projet, elle ne cherche pas à défendre «sa» vision religieuse du mariage. Elle souhaite seulement servir la société française, dans laquelle les chrétiens vivent en citoyens, se rappelant que, selon Gaudium et Spes, l'institution du mariage est «en vue du bien des époux, des enfants et de la société» (n° 48).
Il s'agit donc aujourd'hui d'alerter la société sur les enjeux et les risques d'un tel projet de loi. Le Conseil «Famille et société» de la Conférence des Evêques de France a publié fin septembre un document de réflexion intitulé «Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat». Ce document fait le point sur la question, développe des arguments, et conclut en appelant à chercher une solution «qui fasse droit à la demande de reconnaissance des personnes homosexuelles sans pour autant porter atteinte aux fondements anthropologiques de la société». Car le véritable enjeu, au-delà d'une réforme du droit matrimonial pour satisfaire des revendications particularistes, c'est aussi, par contrecoup, une profonde mutation concernant la filiation, l'identité de la personne, le statut des époux, des parents et des enfants. Peut-on construire durablement une société où chacun cherche d'abord à satisfaire ses propres désirs, au mépris de l'intérêt commun ? Le cardinal Vingt-Trois, dans son discours d'ouverture de la dernière Assemblée plénière des Evêques à Lourdes, affirmait que le prétendu «mariage pour tous» n'est que le «mariage de quelques-uns imposé à tous.
De nombreux fidèles se demandent quelle conduite tenir, devant l'arbitraire de ce projet idéologique. Il faut assurément continuer de rendre témoignage à la Bonne Nouvelle du mariage selon le projet de Dieu. Il importe que les disciples du Christ offrent sans concession l'image du modèle familial dont ils se recommandent, en matière de fidélité et de natalité, de choix éducatifs et d'éveil à la foi, de rapports entre les différentes générations. Mais il importe également qu'ils refusent toute parole ou comportement discriminatoire, et qu'il manifestent, à l'égard des personnes qui vivent d'autres réalités ou qui font d'autres choix, comme à l'égard de leurs proches, une plus grande attention fraternelle.
D'autre part, sur une aussi grave question de société, il est nécessaire que les catholiques appellent au débat public et y fassent entendre leur voix. Peut-on se contenter de dire : «c'est la promesse du candidat Hollande et l'élection de celui-ci à la Présidence de la République vaut ratification par le peuple français», comme si voter pour un programme impliquait la pleine acceptation de tous les éléments qui le composent ? Il serait indigne d'un pays démocratique de faire passer si vite une loi qui déplace si profondément les repères de toute la société, en l'absence de véritable concertation. Il est encore temps de saisir les parlementaires, les maires et les élus locaux, les responsables d'associations familiales. D'autres moyens d'action, manifestations publiques notamment, sont organisés par divers mouvements ou associations. Que les catholiques prennent les initiatives qui leur semblent opportunes, individuellement et collectivement. Que chacun cependant agisse avec discernement et prudence, en évitant les pièges d'une récupération politique.
Par-dessus tout, il convient que l'engagement des fidèles du Christ soit porté dans la prière. Nous approchons du temps de l'Avent, temps préparatoire à Noél, fête de la naissance, fête de la vie donnée et reçue dans un parfait consentement au projet de Dieu pour le salut du monde. Ce temps sera marqué, dans notre diocèse, par une proposition significative. Chaque vendredi de l'Avent, à commencer par la veille du 8 décembre, les fidèles qui le souhaitent pourront se joindre à la veillée de prière et de jeûne organisée pour la famille et pour la vie, sous la responsabilité du Service diocésain de la Pastorale familiale, et avec la participation des différents mouvements et associations catholiques que le Service diocésain sollicitera à cet effet. Cette proposition sera diffusée auprès de toutes les paroisses du diocèse, qui recevront prochainement un schéma de célébration, afin de pouvoir s'associer à ces temps forts. La Veillée pour la vie, qui aura lieu à Limoges, en l'église Saint-Pierre du Queyroix, le 7 janvier 2013, au lendemain de l'Epiphanie, montrera la détermination des fidèles du Christ à continuer le combat spirituel au cours de la nouvelle année."