Le cardinal Mauro Piacenza, défenseur du sacerdoce
12 mars 2013
Autre cardinal "siriste" (ordonné prêtre par le cardinal Siri) avec Angelo Bagnasco, le cardinal Mauro Piacenza était le préfet de la Congrégation pour le clergé sous Benoît XVI, après avoir présidé la Commission pontificale pour les biens culturels de l'Église et la Commission pontificale d'archéologie chrétienne.
En mars 2010, en pleine année du sacerdoce, il fait réaliser 3 vidéos sur le sacerdoce. Elles sont très belles, avec une méditation sur la spiritualité sacerdotale, l'importance du sacrifice de la messe, de l'adoration eucharistique, du ministère de la confession, de l'habit ecclésiastique, le tout en référence constante au saint curé d'Ars. Lors de la clôture de cette année sacerdotale, en juin 2010, Mgr Mauro Piacenza a accueilli les milliers de prêtres venus à Rome, au Latran :
"En ces jours, implorons le don du renouveau spirituel qui est la raison même pour laquelle cette Année Sacerdotale est célébrée. Demandons à la Bienheureuse Vierge Marie que ne s'éteignent jamais notre soif de renouveau et notre désir de sainteté ; là se trouve la vraie - et au fond l'unique ! - racine de la Mission. [...] Tout a commencé, il y a plus de deux mille ans, avec douze pêcheurs de Galilée. Totalement saisis par le Seigneur et livrés à sa Divine Volonté, ils ont incendié le monde et changé définitivement le cours de l'histoire. Nous sommes plus de dix mille à Rome et plus de quatre cent mille dans le monde : si nous sommes ce que nous devons être, la Mission ne manquera pas d'être efficace ! Que le Seigneur nous soutienne et que la Vierge nous protège tous !"
Certains l'ont alors qualifié de "mousquetaire du pape" :
"Formé à l'école de l'archevêque de Gênes(son Eminence le cardinal Giuseppe Siri, qui fut longtemps le chef de file des conservateurs au sein du Sacré Collège), Mauro Piacenza est un exemple assez rare, pour ne pas dire unique, d'un simple official comme on a coutume de dire au Vatican pour désigner les bureaucrates au sein des dicastères parvenu à gravir tous les échelons de son ministère. [...] En pleine crise des prêtres pédophiles, c'est lui qui a eu l'idée de promouvoir dans tous les diocèses de l'Eglise une campagne d'adoration perpétuelle pour la sanctification du clergé. C'est encore lui qui pilota l'année sacerdotale qui vient de s'achever. [...]
En mars 2011, il a déclaré dans une homélie que l'Europe est actuellement au centre d'un «défi dramatique» :
"ou elle retrouve son identité, nécessairement chrétienne, ou elle risque simplement de ne plus exister comme Europe".
A propos des crucifix dans les écoles publiques, il a rappelé qu'ils ne constitue pas un «endoctrinement» mais «manifestent l'identité culturelle et nationale des pays de tradition chrétienne».
"Le crucifix, qui est le principe vivifiant de l'immense œuvre bénédictine, a non seulement été reconnu comme un principe unificateur de l'Italie, en coïncidence avec le 150e anniversaire de son unité politique, mais aussi comme un principe identitaire vers lequel les pays européens peuvent se tourner !".
«Pour pouvoir vivre et fonctionner», la démocratie en Europe
"a besoin d'une plate-forme solide de valeurs partagées, sans laquelle il est simplement impossible que les systèmes sociaux fonctionnent. En Europe, cette plate-forme de valeurs partagées est indiscutablement fournie par le christianisme, d'un point de vue historique comme d'un point de vue social".
"L'homme ne peut et ne doit en aucun cas être instrumentalisé à des fins économiques, politiques ou de pouvoir. Il est une fin, et non un moyen, et donc l'économie, le droit et la politique doivent être conçus comme des instruments indispensables au service de l'homme, de son bien véritable, de son progrès réel, qui coïncide toujours avec le bien commun".
En septembre 2011, il s'en prenait aux mouvements contestataires au sein de l'Eglise :
"Il y a toujours eu dans l’histoire de l’Église des «mouvements centrifuges», tendant à «normaliser» le caractère exceptionnel de la vie du Christ et de son corps vivant dans l’histoire, qui est justement l’Eglise. Une «Eglise normalisée» perdrait toute sa force prophétique, ne dirait plus rien à l’homme et au monde et, de fait, trahirait Son Seigneur.
La grande différence de l’époque contemporaine est à la fois doctrinale et médiatique. Pour ce qui concerne la doctrine, on prétend justifier le péché, non pas en s’en remettant à la miséricorde, mais en ayant confiance en cette dangereuse autonomie dont la saveur est proche de l’athéisme pratique ; d’un point de vue médiatique, au cours des dernières décennies, les « forces centrifuges » physiologiques, sont l'objet d'attention et sont amplifiées de manière inopportune par les outils d’information qui, d’une certaine façon, vivent de contrastes. [...]
Je pense par ailleurs qu’avoir ôter de sa valeur au grand mystère de la maternité, comme le fait la culture dominante, a vraiment joué dans la désorientation générale concernant la femme. En ne reconnaissant pas que ces dernières peuvent, sans discussions, apporter une plus grande contribution à la société et au monde, l’idéologie du profit a réduit et instrumentalisé la femme.
Et puis, l’Eglise n’est pas un gouvernement politique dans lequel il est juste de revendiquer des postes de représentation. L’Eglise c’est tout autre chose. L’Eglise est le Corps du Christ et en son sein, chacun est membre selon ce qui a été établi par le Christ. Par ailleurs, dans l’Église il n’est pas question de rôles masculins et de rôles féminins mais plutôt de rôles qui supposent, par volonté divine, une ordination ou pas. Tout ce que peut faire un fidèle laïc homme, une femme laïque peut le faire. L’important est d’avoir la préparation spécifique et l’aptitude ; après, que l’on soit un homme ou une femme n’a pas d’importance. [...]
L’Eglise doit être regardée à partir de la Constitution dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II où est décrite l’Eglise des origines, l’Eglise des Pères, l’Eglise de tous les siècles, qui est notre Eglise d’aujourd’hui, sans discontinuité ; qui est l’Eglise du Christ. Rome est appelée à présider dans la charité et dans la vérité, uniques sources concrètes de l’authentique paix chrétienne. L’unité de l’Eglise n’est pas un compromis avec le monde et sa mentalité, mais plutôt le résultat, donné par le Christ, de notre fidélité à la vérité et à la charité que nous serons capable de vivre. Le meilleur exemple à cet égard est le fait qu’aujourd’hui seule l’Eglise, comme personne, défende l’homme et sa raison, sa capacité à connaître le réel et à entrer en relation avec lui, en somme l’homme dans son intégralité. [...]
Le problème n’est pas le célibat, et les infidélités et la faiblesse de certains prêtres ne peuvent, eux non plus, être le critère de jugement. Du reste les statistiques nous disent que plus de 40% des mariages sont un échec. Parmi les prêtres nous sommes à moins de 2%. La solution ne réside donc absolument pas dans le caractère optionnel du célibat sacré. Ne faudrait-il pas plutôt arrêter d’interpréter la liberté en termes d’ « absence de liens », de « principe définitif », et commencer à redécouvrir que c’est précisément dans le don définitif de soi à l’autre et à Dieu que réside la vraie réalisation et le bonheur humain ?"
En décembre 2011, l'Aide à l'Eglise en Détresse, « Association Publique universelle de droit pontifical » depuis 1984, est devenue Fondation pontificale, avec à sa présidence le cardinal Mauro Piacenza.
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