Robert Schuman, démocrate-chrétien et "père fondateur" de l'UE
07 septembre 2013
Robert Schuman est décédé le 4 septembre 1963, il y a cinquante ans. L'Action Française 2000 écrit :
"Consacré par l'histoire officielle "père de l'Europe" – au même titre, si l'on peut dire, que Jean Monnet et Alcide De Gasperi – Robert Schuman fut assurément plus européen, au sens lotharingien du terme, que français, en un temps où cette distinction revêtait encore une acuité certaine pour l'esprit public. Allemand de naissance du fait des caprices de l'histoire, ce Mosellan put se prévaloir de deux fidélités incontestables – la Lorraine et la démocratie chrétienne – avant de se consacrer passionnément, après la Seconde Guerre mondiale, au rapprochement franco-allemand, pierre angulaire de la "construction" européenne. En 1945, il a déjà derrière lui une longue carrière politique, à vrai dire sans grand relief, mais orientée par ses années de formation au Luxembourg, où il est né en 1886, et en Lorraine alors annexée par l'Allemagne. Sa première langue est le luxembourgeois, la seconde l'allemand. Avocat à Metz en 1912, donc sous administration allemande, il milite dans des organisations catholiques. Une fois l'Alsace et la Lorraine revenues à la France au terme de la Grande Guerre, il se fera élire député de la Moselle ; durant ce mandat, qu'il conservera jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, il plaidera pour le maintien du Concordat.
La cinglante défaite de la France en 1940 bouleversera la vie de Robert Schuman et fera vaciller les convictions de ce député élu sous l'étiquette démocrate-populaire, camouflage démo-chrétien. Le 10 juillet de cette année-là, il fait partie des cinq cent soixante-neuf parlementaires qui votent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Un imprudent retour en Lorraine lui vaudra une arrestation par la Gestapo, qui le considère sans doute comme un traître à sa patrie d'origine. Grâce à des complicités religieuses, il parvient à s'évader et à rejoindre en août 1942 la zone française encore non occupée. Bientôt commencera la seconde vie de Robert Schuman. La IVe République, fondée sur les décombres de la guerre et néanmoins peu soucieuse d'unité nationale – comme en témoigne d'emblée l'Épuration –, lui offrira alors des institutions conformes à sa nature et à ses ambitions. Durant une décennie, il collectionnera les maroquins : ministre des Finances dès 1946, puis président du Conseil (premier ministre), ensuite ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1953 ; il finira son parcours ministériel dans un cabinet Edgar Faure en janvier 1956. Pur produit de la démocratie chrétienne, alors baptisée Mouvement républicain populaire (MRP), Robert Schuman ne tardera pas à trouver un point de chute providentiel : de 1958 à 1960, quand la Ve République naissante commence à brader nos départements d'Algérie, il est le premier à occuper la présidence de l'Assemblée parlementaire européenne, prototype du Parlement européen que l'on connaît aujourd'hui. C'est cette assemblée qui lui décernera, ainsi qu'à une dizaine d'autres personnages de l'époque, le titre de "père de l'Europe".
Il est vrai qu'au ministère des Affaires étrangères Robert Schuman avait manifesté une rare énergie pour donner un contenu à son idéologie européiste. À l'instigation de son complice Jean Monnet, il avait lancé en 1950 l'idée d'une Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) qui sera à l'origine de l'actuelle Union européenne. On l'aura compris, Robert Schuman ne fut guère préoccupé par la médiocrité du système politique et pas davantage par les drames de l'outremer français – qu'il s'agisse du désastre de Diên Biên Phu et de la perte de l'Indochine ou de la tragédie algérienne. Son regard ne portait pas vers ces horizons où s'était autrefois déployée la grandeur française. C'est un homme couvert d'honneurs officiels qui s'est éteint en 1963. Mais moins de dix ans après, le mythe sera entamé par d'embarrassantes révélations consécutives à la déclassification d'archives américaines. Selon ces documents, Robert Schuman et d'autres acteurs majeurs de la "construction" européenne auraient été financés par la CIA agissant par le truchement des fondations Rockefeller et Ford. Ce qui n'empêche pas aujourd'hui la fondation Robert Schuman présidée par Jean-Dominique Giuliani – un habitué des plateaux de télévision – de continuer à répandre la vulgate européiste. Un discours qui a toutefois beaucoup perdu de son pouvoir de persuasion."