La doctrine sociale de l’Eglise peut-elle fonder l’action politique ?
14 mai 2014
Après 2 ans de « normalitude », cul pardessus tête certains disent sauver la France par un retournement des courbes en faisant l’économie d’une doctrine. Et que dire de l’Europe ! Les canonisations de deux Papes viennent de mettre en lumière l’enseignement de l’Eglise. Mais les catholiques eux-mêmes croient-ils à son efficacité pour fonder la sociabilité dans un monde divisé de croyance ? Pourquoi une doctrine quand activisme, laïcisme et mensonges contre mensonges au service des ambitions, seraient les clés de l’efficacité pour « gagner » ? Jean Ousset dans la troisième partie de son livre l’Action au chapitre 1 : La doctrine et l'argent plaide pour la seule doctrine sociale qui tienne …debout !
« La doctrine est beaucoup plus que l’outil de l’homme d’action. Elle doit en être l’âme, la raison.
Jamais la doctrine (sociale de l’Eglise) n’a été aussi clairement exposée, aussi facilement connaissable… Doctrine la plus complète, qui éclaire le problème de l’homme indiviuel et collectif…Si bien qu’au regard même des non-chrétiens (et du seul point de vue de la raison) la doctrine sociale de l’Eglise se présente comme l’ensemble idéologique le plus vaste, le plus méthodiquement formulé, le plus clair, le plus ferme dans la défense des droits fondamentaux de quelque homme que ce soit ; serait-il d’une religion différente ou d’une pensée opposée. Car, si les perspectives surnaturelles de la foi prolongent bien au-delà des possibilités de la raison cet édifice doctrinal, il n’en reste pas moins qu’il est le seul à imposer aujourd’hui, comme fondement de la société, le respect d’un ordre naturel auquel croyants et incroyants de bonne foi peuvent adhérer sans débat religieux. Et non seulement cette référence de l’incroyant à la doctrine sociale catholique n’a rien d’incohérent, d’illogique, mais c’est un fait qu’elle est de plus en plus fréquente. C’est un des bonheurs du pontificat de Jean XXIII d’avoir montré à quel point des non-chrétiens pouvaient s’enthousiasmer pour la sagesse sociale, civique, politique d’une doctrine dont ils refusent, par ailleurs, les suprêmes et surnaturelles conclusions. Le succès mondial et, on l’a noté, interconfessionnel, de Pacem in Terris est encore présent à toutes les mémoires. Or, qu’est Pacem in terris ? Le résumé le plus extraordinaire (et le plus scrupuleusement référencé) de la doctrine sociale de l’Eglise de Léon XIII à Pie XII. [Tout l’enseignement de Saint Jean-Paul II, de Benoît XVI et du Pape François s’inscrivent dans cette perspective].
Est-il possible de concevoir meilleur outil au service de la communauté humaine !
Ce n’est point à la suite du pape (ou des papes) qu’on risque de se trouver obligé de professer le contraire de ce qu’on affirmait la veille…S’il est vrai que la société n’a jamais été plus menacée, jamais aussi le remède n’a été aussi clairement proposé. Jamais les lois de la santé, de la sagesse politique et sociale n’ont été présentées sous un aspect aussi complet, aussi simple, aussi pratique.
Doctrine qui devrait être plus facilement écoutée, comprise et appliquée...
Songeons aux temps […où] le monde était hypnotisé par le prestige des idées « modernes » dont la paix d’une fraternité universelle devrait être le terme.
« Citoyens, le XIXe siècle est grand, écrivait Victor Hugo, dans Les Misérables, mais le XXe siècle sera heureux ! Alors rien de semblable à la vieille histoire. On n’aura plus à craindre, comme aujourd’hui, une rivalité de nations à main armée... ; un partage de peuples par congrès... ; un combat de deux religions se rencontrant de front, comme deux boucs de l’ombre sur le pont de l’infini ; on n’aura plus à craindre la famine, l’exploitation, la prostitution par la détresse, la misère par le chômage, et l’échafaud, et le glaive, et les batailles, et tous les brigandages du hasard dans la forêt des événements ; on pourrait presque dire : « Il n’y aura plus d’événements ; on sera heureux ! »
Cruellement désabusée, notre génération n’est-elle pas plus disponible ?
Mais il est deux façons pour une doctrine d’être vérifiée par l’expérience. En creux ou en bosse.
Pour bafouée, vaincue, rejetée que soit une doctrine, sa vérité n’est pas moins évidente quand les malheurs de l’heure correspondent en tous points au mépris dont elle est l’objet…L’expérience, elle, s’est chargée de répondre. Leçon formulée par le R. P. Bruckberger : « Si le Syllabus avait été compris et obéi pleinement par les chrétiens européens, l’Europe se fut sans doute épargné Hitler et les fascismes, la Russie se fut épargné Lénine et Staline, la France se fut épargné quelques expériences politiques plus médiocres mais non moins malhonnêtes… »
S’il est possible d’écrire ce qu’on vient de lire sur le Syllabus, document présenté comme le plus odieux, quelles louanges pourraient être formulées à l’adresse d’un si grand nombre de textes pontificaux qui ne font, eux, aucune difficulté...
... Et qui constituent l’outil le plus universel qui puisse être offert à une action civique. » A suivre …
Lire et télécharger dans son intégralité le chapitre 1 : La doctrine et l'argent dans l’Action de Jean Ousset. Ce livre est un maître livre pour bien penser l’action en fonction du but poursuivi. Tout homme ou femme d’action le lira avec profit pour inspirer son engagement. Jean Ousset, fondateur d’Ichtus pour Former, Relier et Agir, est le premier en effet à avoir méthodiquement formalisé une doctrine de l'action culturelle, politique et sociale à la lumière de l'enseignement de l'Eglise pour, concrètement répondre au mal par le bien. A l'encontre des pratiques révolutionnaires et de la dialectique partisane, si l'amitié est le but de la politique, Jean Ousset nous montre comment pour agir en responsable, l'amitié en est aussi le chemin.