Vérité vs relativisme : des signatures ambiguës
21 juin 2014
Suite à l'appel à la vigilance contre les intégrismes, lancé par Jacques Attali et cosigné par quelques prélats catholiques, l'Abbé de Tanoüarn fait une remarquable mise au point sur ce qu'on pourrait appeler l'intégrisme relativiste, voir nihiliste, et s'étonne - comme nous - de voir figurer ces signatures. Extrait.
"Qu'est-ce que la vérité ? C'est la question de Pilate, jugeant Jésus, la question qu'opposent tous les lâches aux entrepreneurs de vie, aux vrais chercheurs de sens, aux aventuriers de la métaphysique, à tous ceux qui savent d'instinct que, comme dit Simone Weil dans Attente de Dieu, le désir de vérité est le seul désir qui porte en lui-même son accomplissement. Pourquoi ? Parce qu'il est lui-même vrai. Parce que ce désir (Socrate l'a assez montré) est notre vérité à nous autres hommes - ce désir est la réalisation supérieur de l'humanité dans l'homme - et que le mensonge, le premier mensonge est de ne pas l'éprouver. Notre premier mensonge est de vouloir ne pas éprouver ce désir naturel aux hommes. Voilà sans doute ce que pensent les éminences catholiques signataires de l'appel d'Attali. Voilà en tout cas ce qu'elles pourraient penser en fonction de la formation qu'elles ont reçue. Mais est-ce ce que pense Christophe Barbier ? L'histoire ne le dit pas. Jacques Attali ? On ne le saura jamais.Ce que la Correctness ambiante pense pour nous, en revanche, on le sait très bien : il n'y a pas de vérité. La question de la vérité est superfétatoire de naissance puisque seul le néant est vrai et que la vérité du néant rend vraie (c'est-à-dire fausse) toute proposition affirmative. Aujourd'hui c'est l'Evangile du néant qui rend tout vrai et en même temps tout faux. Personne ne peut s'identifier à cette bonne nouvelle-là, qui tient tout et tous à distance. C'est au nom de l'Evangile du néant que la plupart des gens signeraient l'appel d'Attali aujourd'hui. Pourquoi les hommes d'Eglise prêtent-ils la main à la sinistre ambiguïté où se confondent la vérité comme désir (la nôtre) et la vérité comme alibi interchangeable avec le mensonge (celle que nous enseigne le nihilisme ambiant). Pourquoi les hommes d'Eglise ont-ils besoin de donner leur signature à des déclarations qui, parce que non-précises, volontairement non-précises, seront forcément comprise dans le sens de la pensée dominante ?"