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Cannabis et PMA : des prêtres écrivent à Christiane Taubira
Les politiques ont sombré dans le vertige de la communication et de l'électoralisme.

"Notre intifada est un non à la culture de la mort"

Mgr Pascal N’Koué, évêque de Natitingou, au Bénin, en 1997, puis archevêque de Parakou en 2011, est interrogé dans La Nef, sur la famille. Extraits :

"Les Évêques africains se sont organisés au synode en présentant une approche commune cohérente pour défendre la famille : pourquoi ce front commun ?

NLongtemps l’Afrique s’est tue. Il est temps qu’on parle d’une seule et même voix, surtout sur ce thème si cher à notre Créateur qui ne veut que notre bonheur. Ce front commun est un genre d’intifada. Notre intifada est un non à la culture de la mort et un oui à la culture de la vie. On dit non à tout ce qui défigure, avilit, et détruit la famille. Ce n’est pas parce que l’Afrique est faible économiquement, militairement, politiquement que les puissances d’argent, dans un mépris souverain de Dieu et des pauvres, ont le droit de nous imposer des idéologies suicidaires contre nature, et cela, moyennant quelques aides internationales. Nos hommes politiques ont souvent peur des représailles. Ils n’osent pas toujours dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Tous ces nouveaux droits de l’homme, c’est du poison. Dans beaucoup de domaines en Afrique, il n’y a que l’Église pour éclairer, dénoncer, instruire, former les consciences, accompagner les jeunes, et aguerrir les populations blessées et abandonnées à elles-mêmes. L’Église joue souvent le rôle du bon samaritain.

L’Afrique n’a plus rien en propre. Nos terres sont vendues à vil prix, notre sous-sol appartient aux multinationales, nos jeunes sont tournés vers l’Occident à cause des médias qui sèment et entretiennent des illusions dans les esprits… Ce qu’il nous reste encore à défendre, c’est la famille.

Tous ceux qui défendent une évolution des normes morales de l’Église sont des Occidentaux : que vous inspire cette situation et pourquoi la pression vient-elle principalement de ces pays développés ?

C’est à moi de vous poser cette question. Et je serais heureux que vous me donniez une réponse claire, précise et convaincante. Pourquoi cette pression vient-elle principalement des pays développés ? Sincèrement, je ne comprends pas pourquoi en Occident, on s’acharne avec une cruauté rare à vouloir déconstruire ce que Dieu a fait. On a l’impression qu’ils veulent bâtir de toutes pièces un homme nouveau sans Dieu. Les puissances d’argent sont rassasiées et repues. Dieu est absent de leur vie, alors ils peuvent tout se permettre. Et elles nous embarquent dans leurs crises. Nous sommes en crise profonde et terrible. Non, l’Afrique a d’autres problèmes. L’apôtre saint Paul a raison de dire que « là où le péché a abondé la grâce a surabondé ». Nous autres, nous pouvons ajouter que là où les racines chrétiennes ont porté beaucoup de fruits, Satan, le père du mensonge, s’acharne pour tout déconstruire. En effet, l’Occident a été fortement christianisé, il a donné de grands saints, beaucoup de martyrs, d’illustres fondateurs et fondatrices de congrégations, un nombre important de missionnaires pour faire connaître et aimer l’unique Sauveur. Face à ce succès de l’Évangile, Satan se venge. Mais il n’aura pas le dernier mot. En Occident, les parents et les responsables de la cité ont perdu de leur autorité morale. Tout cela nous influence. Celui qui a de la valeur aujourd’hui, c’est celui qui a beaucoup d’argent. Si on sort Dieu de la vie des hommes, on construit des monstres qui tôt ou tard nous abattront. Dieu merci, en Afrique, il y a encore la crainte de Dieu. [...]"