Radio courtoisie : Lettre ouverte de Paul-Marie Coûteaux à Henry de Lesquen
12 juin 2016
Suite à l'appel de plusieurs patrons d'émission de Radio courtoisie, Paul-Marie Coûteaux a envoyé à Henry de Lesquen une lettre pour expliquer pourquoi il a décidé de signer :
Paul-Marie Coûteaux
à Henry de Lesquen
Président du CA de Radio Courtoisie
Jeudi 9 juin 2016
Henry,
Rien ne va plus pour moi (et je crois bien d’autres) à Radio Courtoisie ; dans un esprit de franchise, je tiens à en récapituler les raisons en une lettre ouverte que je ne rendrai publique que dimanche soir pour ne pas interférer avec une journée importante pour notre antenne.
Pour commencer par ma situation personnelle, je proteste contre la censure caractérisée que j’ai subie mardi dernier 7 juin, à 20h54, tandis que je m’apprêtais, mon « libre journal » s’achevant, à conclure en disant, en termes mesurés, que je souhaitais une clarification de la situation créée par votre candidature à l’élection présidentielle, et les positions très personnelles que vous adoptez dans ce cadre : comme je vous l’ai dit à deux reprises, ce fait suppose qu’une nette distinction soit faite, au moins le temps de la campagne, entre la radio et vous-même. Je déplore le comportement extrêmement agressif qu’eut alors le technicien prénommé Franck, que j’avais pourtant prévenu. Cette censure fut d’une grossièreté aussi inadmissible vis à vis des auditeurs (beaucoup m’ont demandé « ce qui était arrivé ») que de mes invités, tous sidérés. Quant à moi, je connaissais les raisons…
Cette occurrence ne fait que refléter le climat délétère qui règne à Radio Courtoisie depuis plusieurs semaines, et qui se traduira dans les jours prochains, après une première démission enregistrée la semaine dernière, par la publication d’un appel à votre démission émanent d’une dizaine de producteurs. Comme je vous l’ai dit au téléphone récemment, les propos que vous tenez dans le cadre de votre campagne ne pouvaient pas ne pas rejaillir sur notre radio : d’abord parce que vous l’établissez vous-même en vous présentant sur votre site de campagne comme « Président de Radio Courtoisie » –ce qui ombre la réponse que vous me fîtes en m’assurant qu’il n’y aurait aucun lien entre les deux. Ensuite parce que l’image que vous donnez est un tel régal pour nos adversaires, qu’ils ne peuvent se priver d’assimiler ad libitum vos positions et « la radio de toutes les droites ».
La situation ainsi créée n’est pas pour moi tolérable, pour deux raisons, l’une de principe, l’autre de politique, que je tiens à exposer.
D’abord il ne m’est pas possible, en tant que catholique comme en tant que Français, de m’exprimer plus longtemps sur une radio que préside un homme qui excipe du fait qu’une personne âgée soit encore en vie pour émettre des doutes sur la réalité des mauvais traitements qu’elle a subie dans son enfance, d’autant que ces mauvais traitements sont avérés par des milliers de témoignages et documents, et qu’ils sont un drame pour l’humanité entière –et l’humanité même de l’Homme. Il ne s’agit pas ici de respect de la loi, mais plus simplement de décence. Encore, n’en suis-je même pas à invoquer la courtoisie, valeur française qui embellirait notre radio, si du moins son président la respectait. De même, je ne peux admettre, ni même comprendre que vous exposiez sur votre site de campagne (où, je le répète, vous vous présentez comme notre président) les moyens « scientifiques » de reconnaître les races humaines d’après les types de crânes, allant jusqu’à mettre en ligne des planches datant des pires années du délire racialiste –de gauche, en plus ! Je passe sur votre idée d’interdire ce que vous appelez « la musique nègre » sur les radios publiques (alors que j’ai diffusé plusieurs morceaux de jazz dans mes propres émissions, sans que, à l’époque, vous ayez trouvé à y redire), et autres idées récentes (détruire la Tour Eiffel, comme si la France n’avait rien de plus urgent à faire !), idées qui oscillent entre le baroque et l’incongru. Comment admettre que quiconque entend se distinguer de ces vaticinations se trouve censuré ? A cela s’ajoutent vos insultes à l’endroit de personnes qui participent à mes émissions, tel Alain de Benoist : il évident que ce dernier n’accepte plus de répondre à nos invitations, mais c’est aussi le cas d’un nombre croissant d’autres invités, de sorte qu’il est à craindre qu’il n’y ait plus désormais qu’un nombre restreint de personnalités pour accepter de s’exprimer sur nos ondes. De ce fait, Radio Courtoisie non seulement ne pourra plus agir pour « l’union des droites » (au contraire vous creusez de nouveaux fossés ! ), mais notre antenne ne sera plus l’apanage que d’un cercle limité d’extrémistes –en gros les quelques centaines de lecteurs de Rivarol, journal qui ne fait plus que faire sourire, ou pleurer, et avec lequel je ne puis comprendre que vous vous affichiez.
C’est ici ma deuxième raison, plus politique, mais tout aussi majeure : votre comportement est pain béni pour tous nos adversaires, qu’il s’agisse du système médiatique, des droites modérées gangrénées par la « pensée unique » et, bien entendu, de toutes les gauches, y compris celui que vous nommez le « funeste Philippot », lequel jubile -autant que tous nos adversaires. Quel bonheur vous leur donnez ! Cependant, ces élémentaires maladresses politiques vous regardent, entrant sans doute dans une stratégie de campagne visant à réunir les voix les plus extrémistes ; mais, ce faisant, vous pulvérisez la vocation de la radio telle que l’a voulue Jean Ferré, l’union des droites, qui se trouve être aussi mon combat permanent depuis des années. De plus, selon la technique de l’amalgame, évidemment honteuse mais commode, vous affaiblissez, par assimilation avec vos positions, l’ensemble des raisonnements et idées que nous exprimons. Ne voyez-vous pas, par exemple, quelle bénédiction représente pour les fanatiques de l’immigration clandestine et massive les propos que vous tenez au nom de ce que vous nommez « le racisme positif », et quel aliment vous donnez à la propagande des pires ennemis de la France ? Enfin, non seulement vous fragilisez nos idées, la vocation de la radio, et la radio elle-même (sur le cas de laquelle, indépendamment des poursuites juridiques actuellement instruites contre vous, se penche déjà le CSA) mais vous compromettez aussi les producteurs d’émissions, ainsi que leurs invités, et tout homme de droite qui se risquerait à accepter nos invitations –y compris les élus auxquels sera tôt ou tard opposée leur participation à une radio dirigée par un calculateur du diamètre des crânes. Vous rendez-vous compte ?
Je crois pour finir, que justement, vous ne vous rendez plus compte, et je me demande en mon for intérieur, vous ayant connu tout autre, quelle mouche vous a soudain piqué, quelle fatigue a érodé vos sens, quel désespoir a foudroyé votre raison. J’éprouve une vive peine à cet instant, pour vous même, qui fîtes tant pour reprendre notre antenne après la brutale disparition de Jean Ferré, pour vos proches aussi, et pour tous ceux qui sont pris aujourd’hui dans une situation qu’ils jugent inextricable. Elle ne l’est pas tout à fait cependant, et serait résolue si vous preniez la décision de vous consacrer à votre campagne électorale et de quitter la présidence de Radio Courtoisie, que vous dirigez depuis dix ans –nous sommes tous conscients de la difficulté de cette mission, quand partout n’est donnée la parole qu’à ceux qui pensent comme tout le monde, et n’ont plus pour raison d’être, dirait-on, que de pourfendre les différentes formes de résistance qu’incarnent nos producteurs, chacun à sa manière et dont il serait plus nécessaire que jamais, justement, qu’ils puissent garder la parole… Au reste, chacun sait, ou sent, qu’une équipe de qualité, et aguerrie, notamment parmi vos plus proches, est capable de remplacer du jour au lendemain votre présidence tant contestée, et donc de sauver notre radio. Nous croyons en la nécessité de Radio Courtoisie, en sa pérennité aussi, et croyons également que, ce que les Britanniques pourraient dans quelques jours réussir, la reconquête de leur souveraineté, pourrait l’être aussi par les Français, si du moins cette grande cause n’était pas confondue avec d’autres qui n’ont rien à voir avec elle mais peuvent la détruire irrémédiablement.
Sûr que vous savez que j’agis ici sans animosité mais en conscience, après tant et tant de combats que j’ai menés, notamment sur nos ondes, moins sûr que vous me suivrez, mais certain que les propos ici tenus reflètent la pensée et souvent l’inquiétude d’un très grand nombre de personnes, quand bien même n’osent-elles se manifester, je vous prie de retrouver l’esprit qui a conduit Jean Ferré à vous confier l’ouvre de sa vie, en même temps que le seul courage qui compte, celui que nous donnons tous au salut exclusif de la France.
Paul-Marie Coûteaux