Trump, censé symboliser le capitalisme le plus sauvage coalise contre lui la quasi-totalité de la « presse aux ordres de la Bourse »
16 janvier 2017
Jean-Claude Michéa publie "Notre ennemi, le capital". Il est interrogé dans Marianne. Extraits :
"Vous qui vous déclarez «populiste», comment vous apparaît une figure comme celle de Donald Trump, autour de laquelle se sont alliés le peuple déclassé et une partie des Américains les plus puissants du pays ?
« Plus le méchant est réussi, disait Hitchcock, plus réussi est le film. » De ce côté, Donald Trump est le client idéal. Il incarne en effet, jusque dans sa coiffure, tous les traits de l'« homme que vous aimerez haïr ». Il reste cependant un mystère à résoudre. Par quel miracle celui qui est censé ainsi symboliser, selon le Monde, l'essence même du capitalisme le plus sauvage peut-il coaliser contre lui, du matin jusqu'au soir, la quasi-totalité de ce que Marx appelait la « presse aux ordres de la Bourse » (y compris de sa « brigade du rire », de Yann Barthès à Karl Zéro) ?
C'est sans doute que celle-ci ne lui pardonne pas d'avoir eu le mauvais goût d'utiliser dans sa campagne électorale un peu trop d'éléments de langage « anticapitaliste ». Mais que ces chiens de garde se rassurent ! Trump - bien que, contrairement à Fillon, il sache en effet parler aux travailleurs - n'a probablement jamais eu la moindre intention de remettre vraiment en cause le Tafta ou la tyrannie de Wall Street (les choses sont peut-être un peu différentes sur le plan géopolitique).
Et, si même il poussait l'incohérence jusqu'à vouloir faire quelques pas dans cette direction - hypothèse peu plausible -, nul doute que le système saurait très vite lui rappeler les limites à ne pas dépasser. C'est qu'on ne plaisante pas avec ce genre de choses au pays des Kennedy et des Martin Luther King. [...]"