Araignée géante sur la cathédrale d’Ottawa : Maladie mentale collective ou sacrilège ?
11 août 2017
Le Canadien Dominique Boily réagit à cette araignée géante placée sur la cathédrale d'Ottawa :
"À l’Annonciation, le Ciel épousa la terre. Depuis ce jour, nature et surnature, foi et culture, sont unis de manière substantielle et leurs épousailles ont produit des fruits sans nombre. Parmi ces fruits, on compte une myriade de sains réflexes, de nobles habitudes, de fines délicatesses qui, sans pouvoir toutes faire l’objet d’une liste exhaustive, puisent leur source dans un profond attachement au Ciel pour fleurir en un torrent de charité. Ce bel amour est aussi à l’origine d’un complexe système immunitaire qui, consciemment ou pas, repousse et combat ce qui est contraire aux floraisons de chrétienté.
Dans une famille humaine, en vertu de leur union sacrée, attaquer l’époux, c’est automatiquement faire injure à l’épouse. En chrétienté, et pour des raisons similaires, blesser la culture c’est attaquer la foi. Et vice et versa. Voilà pourquoi l’Église a été si jalouse, jusqu’à tout récemment, de défendre le rôle éminent de l’Évangile dans l’organisation, même naturelle, de la Cité. Le Cardinal Pie le rappelait à la conscience de Napoléon III.
Or, c’est le droit de Dieu de commander aux États comme aux individus. Ce n’est pas pour autre chose que Notre-Seigneur est venu sur la terre. Il doit y régner en inspirant les lois, en sanctifiant les mœurs, en éclairant l’enseignement, en dirigeant les conseils, en réglant les actions des gouvernements comme des gouvernés. Partout où Jésus-Christ n’exerce pas ce règne, il y a désordre et décadence. (Lettre du Cardinal Pie à Napoléon III le 15 mars 1859).
Or, de nos jours, il semble qu’un ensemble de nouveaux comportements sociaux et religieux de membres éminents de la hiérarchie ecclésiale soient parfaitement incompatibles avec cet ADN de chrétienté. Comment expliquer ces phénomènes apparemment contre-nature ?
Une araignée au plafond
Dans le cadre des fêtes du 150e anniversaire du Canada, la compagnie de théâtre de rue « La Machine », originaire de Nantes, a produit un spectacle mettant en scène l’histoire d’une force maléfique ayant pris la forme d’une araignée mécanique géante de 13 mètres de haut, nommée Kumo. Cette araignée est poursuivie puis finalement défaite par une bête mécanique de 45 tonnes, mi-dragon, mi-cheval, nommée Long Ma.
La scène d’ouverture de ce « drame urbain » s’étalant sur 3 jours eut lieu à la cathédrale d’Ottawa. La veille du spectacle, une grue géante avait installée, à la surprise de la population de la ville, l’hideuse araignée sur le toit de la cathédrale, juste à côté de la statue de la mère de Dieu. Cette dernière, vue de la rue, avait l’air prisonnière et oppressée par l’absurde arrangement. Loin d’avoir été faite à l’insu des autorités diocésaines, cette installation avait obtenu l’aval de l’archevêque d’Ottawa près d’un an et demi avant l’événement. Pendant que ce dernier célébrait Kumo par plus de 16 publications sur les média-sociaux le service des communications du diocèse émettait un communiqué :
Ceci est une occasion unique dans le cadre des activités du 150e anniversaire de notre pays. C’est une belle occasion pour l’archidiocèse, la communauté catholique et la Basilique-cathédrale Notre-Dame de collaborer avec la municipalité et les organisateurs créant ainsi une opportunité d’entrer en relation avec l’ensemble de la communauté ottavienne et des milliers de visiteurs, particulièrement les familles avec de jeunes enfants, et de bénéficier d’une publicité positive en cette année spéciale pour la capitale nationale. (Cf. communiqué officiel).
Pour sa part, le recteur de la cathédrale, déclarait à la télévision nationale se sentir heureux de participer à l’événement (5) en ajoutant :
Souvent, on a l'impression que comme église, on est un peu toujours en train de dire non [...] mais dans les circonstances, c'était possible de participer.
Terribilis est locus iste
Nous chercherons, dans les lignes qui suivent, à esquisser rapidement le problème posé par cette décision du diocèse. Il est vrai que le seul fait d’avoir à expliquer le problème est fort révélateur. Il y a quelques décennies à peine, pareille idée, chez un fidèle, aurait justifié, et pour cause, une consultation en psychiatrie tandis qu’elle aurait, ipso facto, entraîné de lourdes peines canoniques pour un prélat. De plus, malgré les apparences, expliquer quelque chose d’évident relève toujours d’un exercice de haute voltige. On ne rédige pas de traité sur le principe de non-contradiction, pourrait-on dire. En effet, qui voudrait écrire un ouvrage pour décrire les raisons expliquant pourquoi il est mal à propos de cracher dans la soupe avant de la servir, sentirait le poids de la proverbiale page blanche. Ceci étant dit, comme l’air du temps nous semble être propice à la soupe aux crachats, nous nous lançons, craintif, dans une tentative d’explication maladroite.
Il y a deux catégories de fautes reliées à ce geste. Une première, d’ordre religieux, une deuxième, d’ordre civil.
Le sacrilège
Le catéchisme de l’Église catholique définit le sacrilège comme :
Le sacrilège consiste à profaner ou à traiter indignement les sacrements et les autres actions liturgiques ainsi que les personnes, les choses et les lieux consacrées à Dieu. Le sacrilège est un péché grave surtout quand il est commis contre l’eucharistie puisque dans ce sacrement, le Corps même du Christ nous est rendu présent substantiellement. (CCEC,n. 2120).
Le sacrilège est une offense faite à la Trinité, et plus précisément contre le premier commandement. En tant qu’il est un défi à Dieu, en paroles ou en actes, il constitue un acte d’irréligion (CEC, n. 2118). Toute action qui traite indignement une église est, par définition, un sacrilège. En tant que demeure de Dieu, présent substantiellement dans la Sainte Hostie au Tabernacle, l’église de pierres est l’écrin de la plus grande richesse de l’Église universelle (Terribilis est locus iste: hic domus Dei est et porta caeli : et vocabitur aula Dei.). La foi vive en ces sublimes mystères a poussé des siècles de chrétienté à inventer les plus sublimes œuvres humaines pour chanter, dans la pierre et le bois, la magnificence de cette réalité. Nul effort n’a été épargné au cours des siècles pour orner les églises, à l’intérieur et à l’extérieur, par des triomphes de génie. Ce qui fut vrai pour les plus humbles chapelles de campagne de France ou du Canada, le fut combien plus encore pour les cathédrales, première-église du diocèse et symbole du pouvoir de l’Homme-Dieu.
Bref, si manquer de respect envers une église est toujours un sacrilège, offenser une cathédrale est bien pire encore. L’araignée de « La Machine », selon les propres dires des organisateurs, représentait un pouvoir maléfique. Permettre d’installer ce symbole d’une mythologie païenne sur la première-église du diocèse, temple de la présence réelle de Dieu et siège de l’évêque, est évidemment un geste indigne de la sainteté dudit lieu. De plus, la manière dont on avait installé l’engin diabolique, représentait un défi supplémentaire à Notre-Dame, qui est pourtant totalement étrangère au mal.
Il y a bien eu, stricto sensu, sacrilège. Or, qu’un sacrilège soit organisé avec l’autorisation du recteur de la cathédrale et avec les applaudissements de l’archevêque est un objet de scandale qui a des conséquences importantes sur la foi des fidèles et sur l’ordre même de la cité. [Lire la suite sur le site de L'Homme nouveau]