Luther et le pessimisme absolu du protestantisme
02 août 2017
A l'occasion du cinq-centième anniversaire de la réforme protestante, le pape François a tenu à s'associer, le 31 octobre 2016, à la célébration officielle organisée en Suède par la Fédération luthérienne mondiale. Et ce, après avoir déclaré quelques mois auparavant que "Luther ne s'est pas trompé".
Né en 1966, l'abbé Jean-Michel Gleize, prêtre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, enseigne depuis 1996 l'ecclésiologie et la théologie fondamentale au séminaire d'Ecône, en Suisse. Il a publié un ouvrage assez court intitulé "Le Vrai visage de Luther", loin de la légende et de la mystification idéologique.
"[...] Luther mesure le chemin parcouru et l'ampleur de la rupture. Il est effrayé et saisi de doutes. C'est une ébullition intérieure. Il est obsédé par le diable. Cette obsession n'a pas pour objet un fantôme grossier : elle trouve son origine d'abord et avant tout dan le pouvoir irrésistible du mal. Luther pousse un cri d'horreur, d'angoisse et de désespoir à la vue de l'emprise de Satan et du péché sur la nature et sur l'homme. Le fruit de ces réflexions solitaires, ce sera le pessimisme absolu du protestantisme. Dix ans plus tard; il dira que durant cette période, le diable est devenu son professeur de théologie et lui a inspiré son traité sur l'abrogation de la messe.
Sur cette période, on a brodé beaucoup de légendes en prenant ces affirmations de Luther à la lettre. Ce qui est certain, c'est que Luther fait l'expérience de sa propre déchéance et désespère de ses propres efforts. Ce désespoir aveugle et absolu va trouver sa compensation dans une confiance aveugle et absolue. La doctrine de Luther est un amalgame entre deux extrêmes : elle est profondément déséquilibrée.
Un dernier fait symptomatique est à noter : c'est à dater de ce séjour à la Wartbourg que Luther défroque au sens strict du terme - il abandonne l'habit monastique pour le costume de chevalier. Ses cheveux, qu'il laisse croître, recouvrent sa tonsure et il porte la barbe."
"Luther n'est ni un spéculatif, ni un penseur, ni un logicien. Ses oeuvres sont peu variées : des extraits habilement choisi peuvent faire illusion. Mais si l'on prend la peine d'examiner les Opera omnia dans leur intégrité, l'indigence saute aux yeux. Par exemple, ses sermons si nombreux se réduisent tous à trois ou quatre idées, toujours les mêmes : attaques contre les oeuvres ; beauté du pur Evangile ; injures contre le pape ; lamentation sur les pasteurs."