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Des églises bien trop chères, et bien trop belles

De Constance Prazel sur Liberté Politique :

"Fait cruel amené à se multiplier toujours plus dans notre belle France, tant il est vrai que le renouveau de certaines paroisses dynamiques ne doit pas masquer la déchristianisation dure qui attend le pays profond : le diocèse de Nancy se retrouve à vendre une de ses églises, Saint-Jules, dans la commune de Longwy.

Nous connaissons bien les motifs allégués : trop peu d'argent, trop peu de fidèles.

Voyons comment l'ex-vicaire général du diocèse, le père Robert Marchal, voit les choses : « On aurait fait des chapelles bien moins chères et bien moins belles, aujourd’hui on pourrait soit les supprimer, soit les entretenir. On paye le passé ».

On pourrait s'étrangler à lire pareil propos. On paye le passé ? Mais avec des considérations comme celles-ci, c'est surtout l'avenir que nous allons payer. Et très cher. Un avenir privé d'une foi qui irriguait en profondeur nos territoires, où le "blanc manteau d'églises" cher à Raoul Glaber aura cédé la place à une cohorte de "lofts à aménager", comme le suggère l'annonce immobilière du diocèse.

Cette déclaration trouve la disparition dramatique des références de la culture classique dans les mentalités : on a voulu oublier que le beau est l'expression du bien et du vrai.

"Des églises bien trop chères, et bien trop belles." Construisez des hangars, ça coûte moins cher, et c'est plus facile à détruire vu que ça ne vaut rien. Quand la culture du démontable et du biodégradable atteint l'Eglise bi-millénaire... Pas de traces. Ne vous inquiétez pas, M. le vicaire général, avec cette logique, nous ne devrions pas tarder à disparaître du paysage. Nous imaginons qu'il faut vendre Notre-Dame-de-Paris, beaucoup trop cher et beaucoup trop beau ? Ne parlons même pas de Saint-Pierre-de-Rome.

Le problème, c'est que si d'autres avant lui n'avaient pas cherché la beauté des édifices religieux, ad majorem Dei gloriam, faut-il le rappeler, les parents de M. l'ex-vicaire général ne lui auraient peut-être jamais transmis la foi, il n'aurait peut-être lui-même jamais été prêtre, tant il est vrai que le beau touche les coeurs et mène à Dieu.

Mais cette église n'attire plus personne, nous dit-on, c'est pour cela qu'on la vend. Mais si les murs sont "trop beaux", la fréquentation de l'église n'a-t-elle pas souffert d'une liturgie, d'un quotidien qui, lui, ne l'était pas assez ? La complaisance d'une certaine Eglise contemporaine - non pas pour le dépouillement, qui est une vertu évangélique, ne confondons pas tout et allons demander aux architectes des monastères cisterciens ce qu'ils en pensent - mais pour une certaine forme de laideur (dans les bâtiments, dans le mobilier liturgique, dans les décorations éphémères des enfants du caté, pour ne pas parler des chants) s'accompagne bien souvent par une chute d'attractivité qui n'est pas entièrement due au hasard.

Rappelons-nous que toutes les grandes périodes de renouveau de la foi ont été accompagnées d'une confiance renouvelée dans la beauté des formes, et d'un ardent désir de construire pour durer. Nous sommes des êtres incarnés, ne sous-estimons pas l'importance des choses sensibles dans le chemin qui nous mène à Dieu !"