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Me Triomphe : L'affaire Vincent Lambert ne fait que commencer

Me Jérôme Triomphe, avocat des parents de Vincent Lambert, commente la décision de justice sur France Info :

Unknown-32"Ce n'est pas une simple expertise, parce qu'une expertise il y en a déjà eu une, c'est une expertise qui est ordonnée en tenant compte des spécificités des patients dans l'état de Vincent Lambert. Car il ne s'agit pas de rentrer dans sa chambre pour pouvoir l'évaluer cliniquement, ça ne se passe pas comme ça et le tribunal en a tenu compte."  

"Il s'agit d'un camouflet et un désaveu terrible pour le docteur Sanchez, pour qui le tribunal n'a pas tenu compte de ses affirmations médicales comme étant absolument certaines". "C'est une décision capitale et c'est une victoire pour Vincent Lambert lui-même".

"Nos experts, après avoir vu une vidéo datée et authentifiée de juin 2015, ont dit qu'il avait évolué depuis l'expertise de 2014. À l'évidence il a des relations, il suit les gens des yeux quand on l'appelle et il peut être rééduqué à re-manger par la bouche, ce qui n'était pas le cas en 2014. Il y a donc eu une évolution qui a été constatée par des spécialistes et des experts."

"Les parents ne veulent pas garder Vincent Lambert vivant, il est vivant ! La seule manière qu'il meure c'est qu'on provoque sa mort. Aucune machine ne le maintient artificiellement en vie." "On reconnaît le caractère civilisé d'une société à la capacité qu'elle a de s'occuper des plus faibles et des plus vulnérables d'entre les siens. Sinon, demain, à qui le tour ? Est-ce qu'il faudra provoquer la mort des déments ? Des Alzheimer ? De toutes les personnes qui encombrent ? C'est ça la véritable question. La médecine doit prendre soin des patients et ne pas vouloir s'en débarrasser au motif qu'en réalité on porte un sens sur le jugement de leur vie. L'affaire Vincent Lambert ne fait que commencer".  


Sursis accordé pour Vincent Lambert : la justice ordonne une expertise

Gk6fP_9d_400x400Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné une nouvelle expertise médicale de Vincent Lambert, comme l'avait demandé Me Jérôme Triomphe. Pour ce dernier, contacté par Le Salon Beige :

"C'est un camouflet pour le Dr Sanchez".

Le tribunal ordonne une nouvelle expertise médicale par des médecins spécialisés, pour « déterminer le tableau clinique » de Vincent Lambert. Dans un communiqué, les juges ont estimé « nécessaire » cette étape avant de se prononcer « définitivement » sur l'arrêt de l'alimentation décidé par le CHU de Reims et contesté par les parents du patient. Cette expertise doit être effectuée par un collège de trois médecins, dans un délai d’un mois.


Scénario d'une mort programmée et organisée

Tribune d'Odile Guinnepain, infirmière et responsable de l'antenne « Nos mains ne tueront pas » de Choisir la vie :

Unknown-26"Vincent ne mourra pas de soif ni de faim, soit pas de déshydratation ni de dénutrition.

« Il n'en n'aura pas le temps » !

Souvenons-nous, le 1er février 2016, en pleine « affaire Vincent » est votée la loi Claeys/Léonetti complètant la loi Léonetti de 2005. Dans son article 3, elle précise ceci :

«Lorsque le patient ne peut pas exprimer sa volonté et, au titre du refus de l'obstination déraisonnable mentionnée à l'article L. 1110-5-1, dans le cas où le médecin arrête un traitement de maintien en vie, celui-ci applique une sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu'au décès, associée à une analgésie. 

La sédation profonde et continue associée à une analgésie prévue au présent article est mise en œuvre selon la procédure collégiale définie par voie réglementaire qui permet à l'équipe soignante de vérifier préalablement que les conditions d'application prévues aux alinéas précédents sont remplies. »

En 2013, l'alimentation de Vincent a été interrompue pendant 31 jours, temps pendant lequel on a continué à l'hydrater quotidiennement avec 200 ml d'eau (témoignage de sa mère dans « Pour la vie de mon fils » ed Plon-2015). Au bout de 31 jours, il était toujours bien là, bien vivant.

La Loi C/L et ses débats vifs sur l'arrêt des soins et des traitements de maintien en vie, ainsi que sur la « fameuse » « sédation profonde, continue, maintenue jusqu’au décès » en vue d'éviter toute souffrance, ont été évidemment motivés par cette « résistance » de Vincent.

Que plus jamais, lors d'une décision médicale collégiale ou juridique d'arrêt d'une alimentation et hydratation artificielles, un patient ne meure dans les conditions de douleurs innommables de la faim  et de la soif comme ce fut le cas pour Terri Chiavo en 2005 ou Hervé Pierra en 2008.

Alors oui, cette fois-ci, pour ne pas revivre cette torture et par « compassion », Vincent n'aura pas le temps de souffrir de nouveau de la soif et de la faim. Il sera mort par sédation avant.

Revenons aux détails « concrets » de sa mise à mort si elle devait survenir.

Selon la Loi C/L, en même temps que seront stoppés son alimentation et son hydratation entérale par sonde de gastrostomie ou jéjunostomie, une « sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu'au décès, associée à une analgésie » lui sera administréeVincent mourra en 24h, 48h ou 60h maximum des suites de cette sédation associant antalgiques et sédatifs puissants. Cette sédation terminale sera  bien un acte d'euthanasie et, en aucun cas, un soin de confort ou encore moins « un soin palliatif ultime » !

En apparence (quoique cela reste à voir!) Vincent ne souffrira pas. Mais personne ne peut dire aujourd'hui si déjà il ne souffre pas profondément de cette situation (souvenons-nous du témoignage d 'Angèle Liéby dans « une larme m'a sauvée »). Personne ne pourra nous dire non plus si ce temps de la sédation qui va précéder sa mort ne sera pas le lieu d'une très grande souffrance.

Aujourd'hui, beaucoup de professionnels de santé et de citoyens s'indignent, à juste titre, de cette décision de mise à mort, entre autre parce que Vincent n'est pas en fin de vie, mais atteint d'un handicap lourd. Malheureusement, rappelons que la loi C/L, comme son intitulé l'indique, ne s'adresse pas seulement aux personnes en fin de vie : « Loi N°2016-87 du 2 février 2016 créant de nouveau droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ». Si nous considérons que Vincent est malade,  alors, il rentre pleinement dans le cadre de la loi.

Mais en réalité, Vincent n'est ni en fin de vie ni malade. Même s'il vit à l'hôpital, il est « seulement » porteur  d'un handicap. Il a donc besoin de soins dits de « compensation » (CF le GEVA [Guide d'évaluation des besoins de compensation des personnes handicapées] mis en place par Décret le 6 février 2008) mais pas de soins curatifs. Voilà la raison pour laquelle cette décision est d'autant plus injuste et intolérable.

Enfin, cette décision « collégiale » d'arrêt des soins est, selon la loi, une décision collégiale médicale. Elle a donc forcément été précédée d'une discussion médicale collégiale. Pour autant, a-t-elle été précédée d'une discussion collégiale paramédicale ? En effet, le Dr Sanchez avec ses confrères et consœurs s'occupent du suivi médical de Vincent ponctuellement ou régulièrement (comme pour tout patient dans un service de soins quelconque). Mais qui s'occupe de lui quotidiennement, plusieurs fois par jour et par nuit, pendant des heures, pour lui assurer ses soins de nursing, les préventions d'escarres, la pose de l'alimentation et de l'hydratation, l'entretien de sa chambre,  et tous les soins de compensation ? Ce sont des aides-soignantes, des ASH, des infirmières, peut-être des kinésithérapeutes ; bref des paramédicaux dont on n'a absolument pas entendu la voix depuis 2013.

Je doute vraiment que l'ensemble de ce corps soignant, de surcroît en unité de soins palliatifs, habitué et formé à une attention particulière au confort des patients, soient unanimes devant cette décision (la décision collégiale médicale n'est pas non plus synonyme d'unanimité d'ailleurs!)

Alors pourquoi n'en savons-nous rien ? Ont-ils réellement voix au chapître ou sont-ils sommés de ne rien dire ?

Car ce  sont bien eux qui seront les acteurs directs de la mort de Vincent. En effet, le Dr Sanchez et ses confrères feront la prescription de l'arrêt des soins mais il est évident que ce ne sont pas eux qui passeront les heures que durera l'agonie de Vincent à le soigner. Ce sont les infirmières qui poseront la seringue (PSE certainement) de sédatifs et en surveilleront l'efficacité, ce sont les infirmières qui exécuteront l'acte d'arrêter l'alimentation et l'hydratation et ce sont les aides-soignantes qui assureront les soins de nursing de Vincent jusqu'à sa mort, certainement avec ou en présence de certains membres de sa famille.

Alors, chers « collègues » infirmières, aides-soignantes, ASH, médecins de bonne volonté, n'ayez pas peur selon votre conscience et votre bon sens de refuser de vous soumettre à cet acte mortifère. Vous n'êtes pas seuls. Des milliers de soignants (comme beaucoup d'appels et publications le démontrent) n'approuvent absolument pas cette décision et refuseraient de s'y assujettir.

Nous avons-là le devoir de désobéir à la mise à mort si terrible de Vincent."


Fin de vie : les médecins des soins palliatifs ne réclament pas l'euthanasie

Lu sur Le Quotidien du médecin :

Unknown-21"Les moyens manquent en France en termes de soins palliatifs et de prise en charge de la douleur, ont fait savoir des médecins conviés à une table ronde organisée par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale ce 18 avril. Une réunion « dissociée de la révision de la loi de bioéthique (...), destinée non à légiférer, mais à écouter ceux qui voient la fin de vie au quotidien », a précisé la députée Brigitte Bourguignon (LaREM) en préambule.

Environ « 311 000 personnes requièrent un accompagnement palliatif par an, soit 60 % des situations de fin de vie. Or 75 % courent le risque d'une insuffisance de soins palliatifs », a rappelé le Dr Anne de la Tour, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). Pourquoi ? « Parce que les moyens ne sont pas encore arrivés »depuis la loi de 1999, s'indigne-t-elle. La formation des étudiants en médecine, 10 heures, est insuffisante ; la France ne compte que cinq professeurs associés, et non titulaires, regrette-t-elle.

Les effectifs de soignants sont trop faibles, ce qui met en péril la pérennité de certaines unités de soins palliatifs. Les lits manquent, en particulier des lits d'urgence, dans ces unités. Dans un contexte de désertification médicale, les équipes et réseaux de soins palliatifs, mais aussi les médecins coordonnateurs dans les EHPAD devraient pouvoir prescrire, a fait valoir le Dr de la Tour. [...]

Le Pr Serge Perrot, président de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) a dénoncé une méconnaissance voire un « mépris » (sic) par les tutelles et le corps médical de la médecine de la douleur. Avec la médecine palliative, la médecine de la douleur devrait être reconnue comme une véritable spécialité médicale, demande-t-il. « Ce n'est pas du luxe ! » insiste-t-il dit, regrettant la position inverse de l'Ordre des médecins. Le Pr Perrot plaide aussi pour la valorisation des approches complémentaires (hypnose, psychologue, acupuncture) via des parcours et des forfaits hors T2A. Il déplore le silence de la Stratégie nationale de santé sur la douleur alors que celle-ci doit être considérée tout au long de la vie, dans toutes les structures, en particulier les centres anticancers et les services de psychiatrie. [...]


70 médecins appellent à ne pas tuer Vincent Lambert

70 professionnels de santé de diverses spécialités publient une tribune dans Le Figaro pour dénoncer une «euthanasie qui ne dit pas son nom». Ils demandent que Vincent Lambert soit transféré dans une unité spécialisée.

"Nous, médecins et professionnels spécialisés dans la prise en charge de personnes cérébro-lésées en état végétatif ou pauci-relationnel (EVC-EPR), tenons à exprimer, en notre âme et conscience, notre incompréhension et notre extrême inquiétude au sujet de la décision d'arrêt de nutrition et hydratation artificielles concernant M. Vincent Lambert. Un tissu d'incertitudes et d'hypothèses, ainsi que des jugements contradictoires concernant le niveau de conscience, les capacités de relation et de déglutition, le pronostic, fondent une sanction dramatique, incompréhensible. Certains d'entre nous ont une expérience de trente à quarante ans de soins et de réflexion autour de ces personnes. La circulaire du 3 mai 2002, qui a marqué une étape essentielle pour l'organisation et la qualité de la prise en charge des personnes EVC-EPR, constitue une référence toujours d'actualité.

La plupart d'entre nous ne connaissent pas personnellement M. Vincent Lambert, sinon par ce qui est dit de lui dans les médias, de façon partisane, quant à l'application à son égard de la loi relative aux droits des patients et à la fin de vie.

Certains d'entre nous ont pu visionner une courte vidéo, de séquences tournées en juin 2015, permettant d'affirmer que M. Vincent Lambert est bien en état pauci-relationnel, à savoir qu'il n'est pas dans le coma, ne requiert aucune mesure de réanimation et qu'il a des capacités de déglutition et de vocalisation. [...]"


L'appel du pape en faveur de Vincent Lambert

Cq5dam.web.800.800Ce matin lors de l'audience générale,  le Pape François a relancé son appel de défense de la vie, déjà exprimé dimanche dernier lors de la prière du Regina Coeli :

«J’attire de nouveau l’attention sur Vincent Lambert et le petit Alfie Evans, et je voudrais rappeler et fortement confirmer que l’unique maître de la vie, du début jusqu’à la fin naturelle, est Dieu ! Et notre devoir est de tout faire pour prendre soin de la vie. Pensons en silence et prions afin que soit respectée la vie de toutes les personnes et spécialement celle de nos deux frères. Prions en silence».

Un rappel opportun qui peut aussi être destiné aux organismes pseudo-catholiques que sont le MRJC, la JOC et les SGDF qui ont refusé de voter contre l'euthanasie au CESE.


Les avocats des parents de Vincent Lambert déposeront un recours auprès du Tribunal Administratif

Près de 90 000 personnes ont signé l’appel pour sauver Vincent Lambert.

Les avocats des parents de Vincent Lambert déposeront demain un « référé-liberté » auprès du Tribunal Administratif de Chalons en Champagne. Ce recours est suspensif et fait valoir des éléments médicaux laissés sciemment de côté par le docteur Sanchez du CHU de Reims. De nombreuses incohérences sont dénoncées par les avocats qui ne cessent de rappeler que Vincent ne fait pas l’objet d’une obstination déraisonnable.

«Je n'ai aucune déclaration à faire.» C'est ce qu'a écrit, vendredi soir, le Dr Vincent Sanchez, au bas de la «sommation interpellative» qu'un huissier lui présentait, à la requête des parents, d'un frère et d'une soeur de Vincent Lambert. Les avocats accusent :

«Ce silence méprisant est en outre d'une scandaleuse inhumanité!».

C'est la quatrième décision en ce sens en cinq ans. Me Paillot, l'un des avocats des parents, explique :

«C'est sur le terrain médical que nous allons nous placer, explique. Ce n'est pas un recours de principe. On fait valoir des éléments médicaux qui ont été sciemment laissés de côté par le médecin.»

Dans sa décision de 17 pages, le Dr Sanchez décrit Vincent Lambert comme un patient «en état végétatif chronique », aux «lésions cérébrales incurables et irréversibles» et sans «code de communication, même minimal». Pourtant, «en soi, cet état ne peut selon nous, qualifier une obstination déraisonnable», souligne-t-il.

Sur quoi fonde-t-il sa décision?, interroge Me Jérôme Triomphe, l'autre avocat des parents. Le fait que les soins quotidiens soient qualifiés de «difficiles», «ses réactions interprétées comme de l'opposition au regard de ce que l'on sait de lui, de sa pudeur», comme le note le médecin, scandalise les avocats. Depuis quand «des signes d'inconforts», des «sentiments de contrainte», tels qu'invoqués comme «arguments médicaux particuliers de la décision d'arrêt des soins», peuvent-ils justifier une obstination déraisonnable?, s'offusque Me Triomphe. Avant de souligner également «l'incohérence» du Dr Sanchez, «qui pense que Vincent Lambert n'a pas de conscience tout en continuant à vouloir interpréter des oppositions de soins comme signes de conscience…».

Autre motif d'indignation des parents: lors d'une audience, vendredi, Rachel Lambert, épouse et tutrice de Vincent, s'est dite d'accord pour que leurs horaires de visite soient assouplis, «mais uniquement à compter de la sédation terminale». «Nous craignons l'alimentation forcée», justifie le conseil du CHU. Me Triomphe s'insurge :

«Leur seule crainte, c'est qu'en élargissant les horaires au moment où il est le plus éveillé, les requérants puissent donner à manger à Vincent Lambert par la bouche et justifier ainsi la nécessité d'une rééducation ! Cela montre que le Dr Sanchez et Rachel Lambert savent très bien qu'il serait capable de remanger par la bouche. Il s'agit là de la démonstration définitive d'une non-assistance à personne en péril.»


Le pape François appelle au "respect de la vie" et à prier pour Vincent Lambert

«Ce sont des situations délicates, très douloureuses et complexes. Nous prions pour que chaque patient soit toujours respecté dans sa dignité et traité de manière adaptée à son état, avec l'accord des membres de la famille, des médecins et des autres professionnels de la santé».


Viviane Lambert : « Vincent va bien ! »

Viviane Lambert est décidément la femme de tous les courages. Voilà quatre jours qu’elle connaît la décision de mise à mort de son fils prise par le Dr Vincent Sanchez, gériatre et responsable des soins palliatifs au CHU de Reims. Quatre jours qu'elle rend visite à Vincent, cérébrolésé et tétraplégique, qui est pour ainsi dire emprisonné depuis cinq ans dans une chambre habituellement fermée à clef, véritable otage du débat sur la « fin de vie », avec au cœur ce terrible fardeau d'une euthanasie annoncée. Et pourtant, Viviane Lambert a trouvé l'énergie de répondre aux questions de reinformation.tv, et même de dire que « Vincent va bien ».


Pr Xavier Ducrocq : «on entre dans un processus d'élimination des personnes handicapées»

Pour le Pr Xavier Ducrocq, chef du service de neurologie du CHR de Metz-Thionville, la décision d'arrêt des traitements de Vincent Lambert est grave :

« on entre dans un processus d'élimination des personnes handicapées. Démocratique. Et j'oserai prononcer le mot d'eugénisme. »

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Vincent Lambert: faire monter nos prières vers le Ciel, afin de faire barrage à l’idéologie mortifère

De l'abbé Christian Bouchacourt, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X :

20180412_105238"Le CHU de Reims, pour la quatrième fois, s’est prononcé pour un arrêt des traitements de Vincent Lambert, à savoir arrêt de son alimentation et de son hydratation. Dans une semaine, le malade ne sera plus alimenté et donc condamné à mort.

Nous ne pouvons rester passifs devant une telle décision létale qui, si elle est exécutée, sera suivie, demain, de l’euthanasie de milliers d’autres Vincent Lambert.

Aussi je vous invite à réciter le chapelet en famille ou dans vos prieurés, à offrir des communions et des sacrifices afin que le corps médical renonce à cette condamnation. Ayons foi en l’efficacité du chapelet !

Que Notre-Dame, « forte comme une armée rangée en bataille », sauve Vincent Lambert, soutienne sa famille et éclaire les médecins.

Soyons généreux pour faire monter nos prières vers le Ciel, afin de faire barrage à l’idéologie mortifère que certains essaient d’imposer dans notre pays.

Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat."


24 spécialistes s'opposent à l'arrêt de l'alimentation de Vincent Lambert

Dans un courrier adressé au Dr Sanchez, responsable du service de soins palliatifs au CHU de Reims, 24e spécialistes de la prise en charge de patients en état de conscience minimale s’opposent, d’un point de vue médical et éthique, à l’interruption de l’alimentation entérale de l’infirmier paraplégique.

20180412_105238« Vincent Lambert respire de manière autonome, son état général est stable, il a des capacités relationnelles et de déglutition incontestables. Il ne relève donc pas d’un questionnement d’obstination déraisonnable ». « En pratique, envisager pour lui l’interruption de l’alimentation entérale, avec pour effet son décès, nous apparaît, d’un point de vue médical et éthique, en contradiction avec les recommandations de la circulaire du 3 mai 2002 préconisant aux unités dédiées d’inclure dans leur projet de service à la fois « un projet de soins et un projet de vie » et de « valoriser autant que possible les possibilités relationnelles de la personne en termes de communication et d’interaction avec l’environnement ».

« Parmi nous, nul ne vous reprocherait de proposer un transfert de ce patient vers un autre lieu de vie également spécialisé pour ces personnes, démarche qu’il nous arrive de pratiquer nous-mêmes lorsque nous sommes en difficulté ».

Vincent Lambert pourrait alors enfin

« bénéficier d’une prise en charge incluant une rééducation à l’alimentation buccale, en prenant le temps nécessaire et en s’appuyant sur ses aidants familiaux auprès desquels il manifeste des relations effectives ». « En conscience, nous ne pouvons pas rester silencieux ».


Vincent Lambert : acharnement « euthanasique » de médecins lâchement mortifères

De Bernard Antony :

20180412_105238"La lettre de madame Viviane Lambert envoyée au président de la République sur le sort de son fils Vincent qui pourrait être condamné à une mort atroce par la faim et la soif est lourde d’enjeu civilisationnel.

En effet, au mépris de l’avis de médecins compétents et fidèles au serment d’Hippocrate et ne demandant que de pouvoir le soigner, un médecin de Reims doté de l’autorité administrative, totalitaire, a décidé qu’il fallait laisser mourir Vincent, en clair le condamner à une mort par la faim et la soif.

On mesure sur son cas emblématique ce qu’il en est réellement de cette « euthanasie » qui signifie « bonne mort » : un sommet de lâcheté puisque ces thérapeutes qui infligent une mort lente n’ont même pas le courage d’assumer eux-mêmes une piqure au moins rapide de solution finale.

Viviane Lambert rappelle à Emmanuel Macron qui, il y a peu, s’exprimait au Collège des Bernardins sur le handicap et la vulnérabilité, le cas de son fils si menacé.

Sa mort est en effet parfaitement voulue, emblématiquement souhaitée, par des idéologues de la solution finale qui, à l’exemple de son sort, pourra être étendue, dans notre meilleur des mondes, à tous ceux dont la vie ne présenterait plus d’intérêt économique et social pour les gestionnaires de la déshumanisation terminale. Au mépris du principe « de la vie avant toute chose » dont se réclament ces adeptes d’une écologie à géométrie variable.

On reste stupéfait devant le fait que Vincent Lambert, par eux considéré comme un non-vivant, ait pu déjà résister à tant de privations de soins, d’eau et de nourriture, quelquefois rétablis in extremis par des décisions obtenues devant des tribunaux de dernier recours après les procédures et plaidoiries des courageux avocats défenseurs de la vie, et en particulier de celle de Vincent, notre ami Jérôme Triomphe, avocat à la Cour, et à Strasbourg Me Jean Paillot.

À la vérité, Vincent, cet homme que l’on voudrait faire périr sous le prétexte qu’il ne vivrait déjà plus, a révélé son extraordinaire vitalité.

Face à son instinct de vie, la culture de mort n’a cessé de manifester odieusement la rageuse haine idéologique du racisme le plus fondamental, le racisme anti-humain."


Certains journalistes s'honoreraient de s'informer de l'état réel de Vincent Lambert

Communiqué de l'ACPERVie (Association des Chrétiens Protestants et Évangéliques pour le Respect de la Vie)  :

Page1image400"Les Chrétiens Protestants et Évangéliques s’alarment de la décision, au demeurant illégale, de laisser mourir Vincent Lambert en le privant d’alimentation. Leur patient n’est en fin de vie que dans la mesure où sa mort est programmée. Des centaines de patients en France sont alités pendant des années en état pauci-relationnel. Il serait atterrant que derrière cette affaire se profile la fermeture de centaines de lits.

Mais aujourd'hui un homme a un urgent besoin d'être secouru. Seule une infraction à l'esprit - et la lettre actuelle - de la loi française l'en empêcherait. Certains journalistes s'honoreraient de s'informer de l'état réel de Vincent Lambert et d'en faire aux citoyens une présentation fidèle. Ainsi, ce patient serait assurément protégé ».


La mère de Vincent Lambert écrit à Emmanuel Macron

Le premier condamné à mort en France s’appelle Vincent Lambert. Il est condamné à la peine du « bunker de la faim » et devrait mettre un mois à agoniser.

Sauf s’il est gracié par le président de la République.

Dans une tribune publiée par Le Figaro, Viviane Lambert s'adresse au président de la République pour obtenir la grâce de son fils :

Unknown-11"Mon fils a été condamné à mort. Il s'appelle Vincent Lambert, il est père d'une petite fille, il vit, et n'a commis aucun crime. Et pourtant, ce lundi 9 avril 2018, en France, un médecin m'a annoncé que dans dix jours commencerait la lente et longue agonie de mon enfant, qui va mourir de faim et de soif.

Ce même lundi, vous étiez au Collège des Bernardins, à Paris, pour parler du handicap et de la vulnérabilité. Vous avez évoqué l'exigence de l'effectivité. Et vous vous êtes engagé personnellement, avec ces mots: «Je pense, pour ma part, que nous pouvons construire une politique effective, une politique qui échappe au cynisme ordinaire pour graver dans le réel ce qui doit être le premier devoir du politique, je veux dire la dignité de l'homme.»

Permettez-moi de vous prendre au mot, Monsieur le Président: mon fils n'a pas mérité d'être affamé et déshydraté. Qui oserait, à cet égard, parler de «mourir dans la dignité»? Pourquoi lui infliger cette peine? Quelle faute Vincent a-t-il commise?

Permettez-moi, pour que vous puissiez en juger, de vous le présenter, et de vous rappeler son état.

Vincent est un homme de 42 ans, en situation de grand handicap. À la suite d'un accident de voiture, il est en état pauci-relationnel. C'est un état de conscience minimale qui l'empêche de communiquer verbalement. Mais c'est tout! Vincent n'est pas dans le coma, il n'est pas malade, il n'est pas branché. Ce n'est pas une machine qui maintient mon fils en vie. Il respire sans assistance. Il se réveille le matin, et s'endort le soir. Quand nous, ses parents, sommes avec lui, il a des réactions. Il nous suit du regard, parfois intensément, également avec son frère David qui est très proche de lui. Il a eu en notre présence plusieurs vocalisations dont une que nous avons filmée et qui a impressionné les médecins spécialistes à qui nous l'avons soumise et qui affirment qu'il n'est pas en état végétatif.

Alors qu'il avait perdu le réflexe de déglutition, il l'a retrouvé. J'ai pu lui donner à manger de la nourriture qu'il a déglutie sans aucune difficulté. Nous avons soumis ce film également à ces dizaines de spécialistes qui, tous, ont affirmé qu'il devait être rééduqué à remanger par la bouche. Mais il faut le faire selon des protocoles spécialisés, avec une équipe pluridisciplinaire, dans une unité spécialisée, dans le cadre d'un projet de vie en lien avec sa famille.

Au lieu de cela, il n'y a plus pour lui qu'un projet de mort. Et un médecin, à Reims, sans tenir aucun compte de tous ces avis spécialisés, a décidé d'arrêter son alimentation et son hydratation donnée par sonde, sans lui permettre d'être pris en charge ailleurs pour être rééduqué et stimulé.

Vincent est handicapé mais il est vivant.

Bien évidemment, sa situation est dramatique. Je suis sa mère: vous pouvez imaginer comme j'en suis meurtrie et la souffrance quotidienne qu'il me faut porter. Est-ce pour cela qu'il faudrait l'éliminer? Ma famille, dans cette épreuve, s'est divisée* et cela ajoute à ma douleur.

Comme les 1700 personnes porteuses du même handicap que lui, Vincent aurait donc dû être placé dans un service spécialisé pour personnes cérébrolésées. Mais il a été mis en soins palliatifs, sans traitements adaptés, sans le service de kinésithérapie qui lui permettrait de faire les progrès permis par son état. Plusieurs établissements qui accueillent des personnes victimes de graves accidents de la route sont prêts à l'accueillir, et le voilà retenu dans le centre de soins palliatifs d'un hôpital incompétent pour une telle prise en charge.

Pourquoi cet acharnement contre mon fils? Et est-ce que ces 1700 personnes handicapées en état pauci-relationnel vont aussi être condamnées à mort?

Monsieur le Président, il y a quelques années, le 29 avril 2013, au chevet de mon fils, je l'ai vu mourir. J'ai vu qu'il mourait alors que son handicap n'est pas mortel. J'ai été foudroyée: je me suis aperçue que depuis vingt jours Vincent n'avait rien mangé, parce qu'on avait coupé son alimentation sans rien nous dire et qu'il était desséché parce qu'on avait décidé de réduire son hydratation. Vincent me regardait ; et il pleurait. Des larmes coulaient le long de ses joues. À ce moment-là, mon fils souffrait. Non de sa maladie, mais parce qu'on l'avait abandonné. Et condamné. Il m'a fallu encore onze jours pour réussir à ce que l'on remette la sonde gastrique de Vincent afin de l'aider à manger et à boire.

Était-ce digne? Était-ce médical? Je ne le crois pas. Mais par-dessus tout, je ne comprends pas quelle loi, quelle volonté politique pourrait vouloir et justifier que l'on condamne à mort un individu parce que l'on refuse de le soigner.

L'état de Vincent, tenace bien qu'il soit immobilisé depuis 2008, toujours en vie bien qu'on l'ait affamé pendant un mois, témoigne de sa réelle volonté de vivre. Les vingt-cinq spécialistes que nous avons consultés l'ont affirmé par écrit: le fait qu'il ait survécu 31 jours sans alimentation et avec une hydratation réduite est incompatible avec une prétendue volonté de mourir.

Et pourtant, ce lundi 9 avril, un médecin a, de nouveau, décidé la mort de mon fils, pour la quatrième fois. Même ce médecin écrit que la volonté de Vincent Lambert est incertaine. Alors, dans le doute de sa volonté, il doit mourir? On vous dira que c'est une décision médicale pour refus d'acharnement thérapeutique. Mais c'est faux. Vincent n'est pas en fin de vie. Il n'est pas malade. Il ne souffre pas. Lors de la procédure collégiale, vingt-quatre spécialistes ont adressé un courrier à l'hôpital de Reims pour indiquer que Vincent Lambert n'est pas en situation d'obstination déraisonnable. S'il faut qu'il meure, ce n'est pas pour sa dignité: c'est par volonté euthanasique. Vincent va être sacrifié pour faire un exemple. Mon fils doit être un cas d'école.

Monsieur le Président, je vous demande de me recevoir en urgence, accompagnée des médecins spécialisés qui connaissent Vincent pour l'avoir vu et qui pourront vous expliquer son état de santé réel."


Euthanasie : dissensus profond au CESE

Communiqué des AFC :

Capture d’écran 2018-04-11 à 18.09.04"Le mardi 10 avril, le Conseil économique, social et environnemental (CESE), troisième assemblée de la République, s'est prononcé explicitement en faveur de la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté en adoptant un rapport en ce sens par 107 voix pour, 18 voix contre et 44 abstentions.

Alors que la question de la fin de vie est fortement débattue à l'occasion des États généraux de la bioéthique, et que la loi Claeys-Léonetti de 2016 n'est pas encore pleinement appliquée, l'adoption de ce rapport favorisant une " sédation profonde explicitement létale " est lourde de sens.

Les AFC saluent l'opiniâtreté des trop rares votes contre, dont - et contrairement à ce qui a été publié par le CESE - celui d'Antoine Renard, ancien Président de la Confédération Nationale des AFC et membre désigné du CESE au titre de la cohésion sociale et territoriale et vie associative. Ceux qui ont voté contre ont aussi obtenu qu'un avis divergent soit mentionné et publié, avis que les médias ont largement préféré taire.

Dans les derniers moments de l'existence se vivent un condensé des relations de toute une vie : derniers messages, pardons donnés, recommandations, ultimes mots d'amour. Ce n'est possible que si on accepte de prendre le temps de l'accompagnement sans être dans une logique d'urgence pour " en finir ". La fin de vie pose de façon aiguë la question de la solidarité à la société tout entière. Nous ne pouvons croire que la solution technique envisagée soit un progrès en humanité. Ne donnons pas la mort, humanisons-la. Faut-il rappeler que dans des pays où l'euthanasie s'est totalement démocratisée et libéralisée (comme en Hollande ou en Belgique), certains malades ou certaines personnes âgées font le choix de quitter leur propre pays par crainte d'être euthanasiés contre leur gré. Est-ce ce climat de méfiance et de peur que nous voulons instaurer ? Les AFC redisent et ne cesseront de redire avec force que chacun doit pouvoir être (r)assuré que la main qui le soigne ne peut être une main qui donne la mort. Les AFC veulent une société de la confiance mutuelle malade-famille-soignants."


Le CESE préconise une dépénalisation de l’euthanasie

Au lendemain de la nouvelle condamnation à mort de Vincent Lambert, le CESE (Conseil économique, social et environnemental) vote, malgré des divisions internes, un avis favorable à l'euthanasie. 

Cet avis a été présenté par Pierre-Antoine Gailly, au nom de la commission temporaire sur la fin de vie, présidée par Jean-François Naton.

"Près de trois décennies après l’adoption des premiers textes réglementaires visant à assurer l’accès le plus large aux soins palliatifs et à l’accompagnement de la fin de vie, la question continue d’être au cœur des préoccupations. L’offre de soins palliatifs est insuffisante et inégalement répartie, notamment en ce qui concerne la prise en charge à domicile souhaitée par la majorité des Françaises et des Français. Les possibilités offertes par la rédaction de directives anticipées et la désignation d’une personne de confiance demeurent peu utilisées. La sédation profonde et continue reste complexe à mettre en œuvre. L’évolution des législations étrangères interpelle. Les pétitions citoyennes en ligne qui circulent le sujet ont incité le CESE à participer au débat. Les 14 préconisations (soumises au vote de l'assemblée plénière le 10 avril) qu’il formule ici contiennent des mesures de nature à améliorer la mise en œuvre de la législation existante, tout en élargissant les possibilités de choix afin d’apporter une réponse aux situations les plus difficiles."

C'est la préconisation n°12 (voir page 47) :

"ajouter aux droits aujourd’hui reconnus à la personne malade par la loi celui de pouvoir demander au.à la [sic] médecin, y compris à travers la rédaction de DA ou la désignation d’une personne de confiance, de recevoir, dans des conditions strictement définies, une médication expressément létale."

Les représentants de la JOC, du MRJC et des Scouts et guides de France, membres du CESE en tant qu’organisations de jeunesse, ont décidé de s’abstenir. On ne comprend pas pourquoi ils n'ont pas voté contre. Il y a eu 107 voix pour, 18 contre et 44 abstentions. Ces mouvements dits chrétiens ont adopté la ligne de Ponce Pilate : les sujets bioéthiques sont hors de leur expertise.

"« On n’a pas vocation à s’exprimer sur ce sujet, souligne Lola Mehl, présidente de la Joc. Notre plaidoyer, c’est d’améliorer les conditions de vie des jeunes du mouvement ouvrier. Ce sujet ne nous concerne pas. » « S’abstenir ne signifie en aucun cas qu’on est pour l’euthanasie. Mais on ne veut pas prendre part au débat », précise-t-elle, sur la défensive.

Pour les SGDF, le sujet n’est pas non plus dans le champ de compétence du mouvement. Une position déjà tenue lors des débats sur le « mariage pour tous ». « Sur les questions bioéthiques de façon générale, et l’euthanasie en particulier, le mouvement a diffusé les fiches faites par la Conférences des évêques de France », se défend François Mandil, délégué national des SGDF. Mais pas question de prendre position officiellement.

Au MRJC, enfin, Hugues Boiteux, chargé de la communication, « n’a pas pris connaissance du texte du CESE ». « Nous n’avons pas travaillé sur “la fin de vie” au MRJC », argue-t-il. Mais cela ne saurait tarder, précise-t-on au sein du mouvement : « Nous comptons prendre à bras le corps les sujets de bioéthique des États généraux dans les semaines et mois à venir ». De son côté Brieux Guinard, président du MRJC, ne veut pas s’exprimer sur le sujet. « On a rien de plus à dire que ce que dit la doctrine sociale de l’Église sur le sujet », avance-t-il, avant de finir par lâcher : « L’avis du CESE est assez ambigu ou défend la logique de l’euthanasie. » Pourquoi s’abstenir, dans ce cas ? « Ce n’est pas dans l’esprit du CESE de voter contre pour exprimer un désaccord », répond-il. Nous n’en saurons pas plus."


Demain, ce n’est pas seulement Vincent Lambert, mais près de 2 000 personnes qui pourront être tués

Jean-Marie Le Méné explique dans Valeurs Actuelles :

"[...] Tétraplégique, Vincent Lambert n’est ni sans conscience (même s’il est dans un état de conscience altérée) ni sans relation (même s’il est dans un état pauci-relationnel). On ne peut donc absolument pas dire de sa vie qu’elle est végétative. Un enfant de trois ans comprend tout seul que ce jeune homme est vivant. Il bouge, il tourne la tête, il regarde. Vincent n’est pas en fin de vie, il n’est pas malade, il ne souffre pas. Il respire normalement. Il a juste une sonde gastrique, ce qui, jusqu’à preuve du contraire ne relève pas d’un acharnement thérapeutique ni d’une obstination déraisonnable. Son cas est comparable à celui de milliers de personnes victimes, comme lui, d’un accident de la route. Tel est le témoignage de ses parents qui lui rendent visite tous les jours, de ses proches, des avocats qui l’ont défendu avec détermination, mais aussi des 23 spécialistes qui ont récemment adressé un courrier à l’hôpital de Reims. En vain. Il fallait qu’il meure. Trois raisons principales se conjuguent pour que Vincent Lambert soit euthanasié.

D’abord, la loi Leonetti de 2005 est une mauvaise loi n’en déplaise aux politiciens de gauche ou de droite et aux bioéthiciens de salons, qu’ils croient au Ciel ou qu’ils n’y croient pas. Et le fait qu’elle ait été votée à l’unanimité n’y change rien. Pour éviter l’obstination déraisonnable, elle a mis en place un système de procédure collégiale permettant à un médecin de décider seul de la poursuite ou de l’arrêt des traitements si le malade est « inconscient ». Malheureusement, la réglementation assimile ce qui relève du soin, et qui est dû à tous, à ce qui relève du traitement, et qui peut être arrêté si le traitement est disproportionné. En conséquence, mettre fin à des traitements, ce qui est légitime s’ils sont inefficaces, signifie aussi mettre fin à la nutrition et à l’hydratation, ce qui revient à euthanasier le malade. Onze ans plus tard, Jean Leonetti, à droite, et Alain Claeys, à gauche, firent adopter un texte parachevant la loi précédente à laquelle on reprochait un effroyable « laisser mourir » par déshydratation. La loi Leonetti-Claeys a donc ajouté au dispositif – et systématiquement - une sédation profonde et continue jusqu’à la mort. Elle a anesthésié la mort et les consciences.

Deuxième raison, l’affaire Lambert est devenue un tremplin idéologique. Elle est à l’euthanasie ce que l’affaire de Bobigny a été pour l’avortement. Les lois Leonetti ont constitué les fondations d’une prochaine loi sur l’euthanasie. Subrepticement, pour lutter contre de prétendues dérives et « mieux mourir », on a modifié la législation. Comme si la médecine moderne française faisait exprès de faire souffrir les patients. Mais ce n’était jamais assez, la gauche a poussé la droite dans ses retranchements et le député Claeys dans les bras du député Leonetti. Au « mieux mourir » doit succéder un « mourir dans la dignité ». Les innombrables péripéties judiciaires, les quatre tentatives d’euthanasie dont les trois premières ont été déjouées, le fait d’avoir laissé Vincent sans nourriture pendant 31 jours sans alimentation et avec une hydratation minimum, la maltraitance dont il a fait l’objet en n’ayant pas de fauteuil adapté ni le bénéfice d’une kinésithérapie ni droit à une rééducation de la déglutition, l’ensemble de ces éléments dessinent un fiasco humain, éthique, médical qui appelle, à l’évidence, une clarification législative. Et puisque tout le monde ou presque a salué les lois Leonetti qui conduisent à l’euthanasie sans le dire, il suffit dorénavant d’oser mettre le mot tabou lui-même dans une loi résolument moderne.

Enfin si Vincent Lambert doit mourir, il le devra aussi à l’aveuglement volontaire ou involontaire des autorités politiques, morales et religieuses qui, face aux revendications explicites en faveur de l’euthanasie et aux petits pas effectués dans cette direction, n’ont pas compris l’enjeu. Car il s’agit d’une bataille d’idées, de civilisation, d’une question anthropologique majeure, et non pas d’un concours de philanthropes bienveillants. Qu’est-ce qu’une personne handicapée aujourd’hui sinon un « sous-homme » au début de la vie et en fin de vie ? S’agissant des personnes les plus atteintes, le rapport Claeys-Léonetti relevait d’ailleurs que « ces personnes hors d’état d’exprimer leur volonté sont nombreuses à n’avoir pas rédigé de directives anticipées », et il ajoutait cette phrase lourde de conséquences : « or, il est permis de penser que ces personnes pourraient qualifier ces situations d’obstination déraisonnable si elles pouvaient s’exprimer ». Autrement dit, ces personnes vivantes, mais hors d’état d’exprimer leur volonté, seraient présumées consentir à des gestes d’euthanasie du fait qu’elles sont présumées refuser l’obstination déraisonnable. Demain, ce n’est pas seulement Vincent Lambert, mais près de 2 000 personnes dans un état de conscience minimale qui pourront faire l’objet d’une « mort dans la dignité », c’est-à-dire de gestes euthanasiques.

Il y a moins de trois semaines, la conférence des évêques de France a adopté à l’unanimité une déclaration sur la fin de vie. Cette déclaration intitulée « L’urgence de la fraternité » est excellente. Toutefois, le paragraphe introductif en atténue malencontreusement la portée. Il évoque une « loi qui a été votée récemment, le 2 février 2016. Dans la suite de celle du 22 avril 2005 – dont le retentissement fut international –, elle poursuit l’effort d’une prise en charge responsable et collégiale de la part des soignants pour garantir une fin de vie apaisée. Son application est encore largement en chantier et demande une formation appropriée. Apprécier, au cas par cas, comment accompagner au mieux chaque personne en grande vulnérabilité demande temps, discernement et délicatesse. Changer la loi manifesterait un manque de respect non seulement pour le travail législatif déjà accompli, mais aussi pour la patiente et progressive implication des soignants. Leur urgence, c’est qu’on leur laisse du temps ».

Cette loi est celle au nom de laquelle on peut euthanasier Vincent Lambert. L’urgence de la fraternité serait de ne pas donner à la loi Leonetti-Claeys le temps de tuer."


Réaction de Me Triomphe à la nouvelle condamnation de Vincent Lambert

Au téléphone avec Armel Joubert des Ouches

« Je suis indigné à la fois comme avocat, à la fois comme juriste et enfin comme citoyen. Parce que Vincent Lambert n’est pas le légume accroché à des machines contrairement à ce qui se lit dans les médias. Vincent est un garçon qui est, certes, handicapé, certes cérébrolésé mais il n’a rien à faire dans un centre de soins palliatifs au CHU de Reims alors qu’il devrait être pris en charge dans une unité de soins spécialisés pour ces patients là ».

« Le scandale de cette affaire c’est que le Dr Sanchez a refusé de tenir compte de l’avis de 25 spécialistes qui prennent en charge ce type de patients ! Ils affirment qu’il ne peut pas relever d’une obstination déraisonnable ! »  « Ces spécialistes ont constaté eux-mêmes qu’en le faisant manger par la bouche, Vincent avait retrouvé un réflexe de déglutition qu’il n’avait plus depuis des années ». « Ils veulent le tuer de sang froid ! »

« Jamais nous ne laisserons tuer de sang froid un Vincent Lambert parce que arrêter son alimentation et son hydratation c’est le tuer de sang froid, quoi qu’en pensent les hypocrites ! Prenez un nourrisson, laissez-le sur un lit sans le nourrir et il mourra naturellement ! Nous ne laisserons pas faire ! Nous nous battrons jusqu’à l’extrémité de nos forces ».


Nouveau recours pour sauver Vincent Lambert

Me Jean Paillot, l’avocat des parents de Vincent Lambert, déclare dans Famille chrétienne :

"Nous contesterons d’ici la fin de la semaine cette décision médicale devant le tribunal administratif et nous fonderons nos arguments d’un point de vue médical pour dire et contester que Vincent se trouverait dans une situation d’obstination déraisonnable. Nous nous appuyons pour cela sur les dires et les opinions de 24 médecins spécialistes de la prise en charge de patients en état pauci-relationnel et végétatif. Notre médecin-conseil est d’ailleurs le docteur Edwige Richer, l’une des meilleurs spécialistes en France dans l’accompagnement des personnes EPC-EVC. Le docteur Richer a participé à la procédure collégiale, et les éléments qu’elle a présentés n’ont pas été pris en compte.

A-t-elle vu Vincent ?

Oui, elle a eu l’occasion de le voir. Ce qu’elle a vu lui a permis de se rendre compte que Vincent n’était pas soigné comme il le fallait.

Vous demandez toujours le transfert de Vincent vers un autre établissement ?

Oui, notre demande est toujours devant la Cour de Cassation.

Le recours devant le tribunal administratif est-il suspensif ?

Il est suspensif comme l’ont dit le Conseil d’État et Conseil constitutionnel. Il n’y a que le docteur Sanchez pour croire que ce n’est pas le cas. Il a affirmé aux parents qu’un recours n’était pas suspensif et que sa décision sera mise en œuvre dans dix jours. Un recours est bien suspensif, et nous avons écrit au CHU et au docteur Sanchez pour leur rappeler le droit applicable en la matière."

Contrairement à ce que laissent entendre les grands titres des journaux, le médecin n'a pas décidé d'arrêter des traitements disproportionnés, mais des soins indispensables pour le bien de Vincent, que sont l’hydratation et l’alimentation. Il va donc mourir de faim.

Je vous invite donc à prier inlassablement, et à diffuser largement cet appel à la miséricorde de Dieu. Recommençons une neuvaine au Serviteur de Dieu Jérôme Lejeune. Vincent a déjà été condamné à mort 3 fois, et 3 fois il s’en est sorti, certainement avec l’aide de nos prières.

En ce jour de l’Annonciation, que la Sainte Vierge et Jérôme Lejeune qui aimait tant contempler ce mystère annonçant l’Incarnation, soient nos intercesseurs efficaces auprès de Notre Père.

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Nouvelle condamnation à mort de Vincent Lambert

Vincent-Lambert-260Le CHU de Reims s'est de nouveau prononcé pour un arrêt des traitements de Vincent Lambert, à savoir un arrêt de son alimentation et de son hydratation.

Les amis de Vincent Lambert, réunis dans son comité de soutien, dénoncent une décision scandaleuse d’euthanasie prise par le docteur Sanchez du CHU de Reims consistant à suspendre son alimentation et son hydratation :

"Des médecins, chefs de services et spécialistes de la prise en charge des patients en EVC /EPR (patients en état végétatif et pauci-relationnel) avaient pourtant montré à l’hôpital de Reims que la situation de Vincent Lambert est positive, qu’il respire de manière autonome, que son état général est stable et qu’il ne relève pas d’une obstination déraisonnable. Vincent Lambert n’est ni sans conscience ni sans relation. On ne peut donc absolument pas dire de sa vie qu’elle est simplement végétative. Ces médecins qui n’ont pas pu rester silencieux et ont défendu Vincent sont l’honneur de la médecine. Prendre aujourd’hui la décision d’arrêter l’alimentation et l’hydratation de Vincent revient à le mettre à mort alors que plusieurs établissements sont prêts à le prendre en charge. Au delà de Vincent, cette grave décision aura des répercussions sur des centaines de patients dans le même état."

Vincent Lambert est vivant et il ne veut pas mourir :


Désormais, avec les progrès des antalgiques, on ne sent plus Dieu qui approche

DiatDans Un Temps pour mourir, Nicolas Diat évoque la mort derrière les murs des monastères, où les hommes de Dieu passent leur existence à préparer le grand passage. De Cîteaux à Lagrasse, de la Grande-Chartreuse à Solesmes, Nicolas Diat a recueilli les confidences de moines sur la fin de leurs vies. Il y en a de simples, d’heureuses, de belles et de lumineuses, des agonies lentes ou douloureuses. Sans aucun doute, ils peuvent nous aider à comprendre la souffrance, la maladie, la peine et la solitude des derniers instants. Extrait, à l'abbaye d'En-Calcat, entre Castres et Carcassonne :

"Personne ne choisit sa fin. Et pourtant, Dieu laisse des médecins abréger des vies. Lorsque j'ai interrogé dom David à ce sujet, un silence s'est installé dans la pièce où nous parlions depuis de longues heures : "Aujourd'hui, le problème de la sédation est grave. Nous devons lutter contre des souffrances intolérables. Mais si nous ne sentons plus la douleur, la vie s'en va. Désormais, avec les progrès des antalgiques, on ne sent plus rien. On ne sent plus la vie. On ne sent plus l'humanité. On ne sent plus Dieu qui approche. L'homme devient une machine abstraite. Plusieurs frères ont souhaité écrire des consignes de fin de vie. Ils refusent l'acharnement thérapeutique et ils ne veulent pas d'une sédation profonde. Nous voudrions partir dans notre sommeil. Les médecins enclenchent des comas artificiels pour être certains que le malade ne souffre plus. La peur est mauvaise conseillère. Elle est l'antithèse exacte de la foi. Nos sociétés matérialistes ont une obsession irrépressible de la douleur. Pourquoi notre monde a-t-il oublié que la vie n'existe pas sans la souffrance ? En Occident, nous sommes des natifs et nous avons peine à imaginer quotidien de l'immense majorité de l'humanité. Comment dois-je réagir quand un moine de quatre-vingt-dix ans demande un appareil auditif ? Comment dois-je réagir quand cet investissement de trois mille euros pourrait soigner vingt personnes dans un village africain ? Comment dois-je réagir quand un frère de quatre-vingt-quinze ans demande un nouvel appareil dentaire ? Quand on pense que nous mangeons beaucoup d'oeufs, de poisson et peu de viande... Il y a des moines hypocondriaques. Ce sont des fragilités. Si le frère accepte retravailler sur cette faiblesse, un grand pas est fait. Son défaut est choquant, mais Dieu pardonne tout".


Des nouvelles de Vincent Lambert

Du comité de soutien :

"Comme nous vous l’avions déjà expliqué, le docteur Vincent SANCHEZ chargé du dossier de Vincent a reçu les différentes parties dans le cadre de la quatrième procédure collégiale démarrée en septembre. Une réunion de concertation avec des médecins a eu lieu en janvier. Le Dr Sanchez doit rendre prochainement sa décision sur l’éventuel arrêt de l’alimentation et de l’hydratation.

Cette période revêt donc une particulière importance.

Les parents de Vincent ont reçu le concours très important d’un des plus grands spécialistes des patients dans la situation de Vincent, médecin qui est unanimement respecté dans la profession dans laquelle il jouit d’une très grande autorité morale. Ce spécialiste a longuement argumenté sur un plan médical auprès du Dr SANCHEZ pour la poursuite des soins de Vincent et sa prise en charge dans un service spécialisé pour que l’on puisse exploiter ses capacités et lui permettre d’évoluer positivement puisqu’il respire de manière autonome, son état général est stable, il a des aptitudes relationnelles et de déglutition. Il ne relève donc pas d’un questionnement d’obstination déraisonnable.

En pratique, envisager pour lui l’interruption de l’alimentation entérale, avec pour effet son décès est totalement illégitime et inacceptable.

D’autres médecins spécialistes des patients comme Vincent, sollicités par un autre médecin reconnu de la profession, qui ont pu voir une vidéo de lui déglutissant la nourriture donnée par sa mère, se sont également manifestés auprès du Dr SANCHEZ pour témoigner qu’il ne relève pas d’une obstination déraisonnable mais d’une prise en charge dans un établissement spécialisé.

Rien n’est donc perdu pour Vincent."


Les 118 évêques de France signent une déclaration contre l'euthanasie

1-1-300x169Réunis à Lourdes, les 118 évêques de France signent une Déclaration « Fin de vie : oui à l’urgence de la fraternité ! », ce jeudi 22 mars. Ils expriment leur compassion envers leurs frères et sœurs en fin de vie et saluent les professionnels de santé qui leur procurent une réelle qualité de vie avec une fin de vie la plus apaisée possible. Ils déplorent les disparités d’accès aux soins palliatifs sur le territoire national, ainsi que l’insuffisance des formations proposées aux personnels soignants, car cela engendre des souffrances tragiques. Ce sont elles qui occasionnent les demandes de légalisation d’assistance au suicide et d’euthanasie.

Avec ces constats, les évêques de France avancent six raisons éthiques majeures pour s’opposer à cette légalisation qui, à nouveau, troublerait profondément notre société. Ils appellent leurs concitoyens et leurs parlementaires à un sursaut de conscience pour que s’édifie une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres.

Les 118 évêques signataires insistent : « Ne nous trompons donc pas d’urgence ! »

Voici ces 6 points :

1. La dernière loi a été votée récemment, le 2 février 2016. Dans la suite de celle du 22 avril 2005 – dont le retentissement fut international –, elle poursuit l’effort d’une prise en charge responsable et collégiale de la part des soignants pour garantir une fin de vie apaisée. Son application est encore largement en chantier et demande une formation appropriée. Apprécier, au cas par cas, comment accompagner au mieux chaque personne en grande vulnérabilité demande temps, discernement et délicatesse. Changer la loi manifesterait un manque de respect non seulement pour le travail législatif déjà accompli, mais aussi pour la patiente et progressive implication des soignants. Leur urgence, c’est qu’on leur laisse du temps.

2. Fort de la fraternité qu’il proclame, comment l’État pourrait-il, sans se contredire, faire la promotion – même encadrée – de l’aide au suicide ou de l’euthanasie tout en développant des plans de lutte contre le suicide ? Ce serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur : « Tu ne tueras pas. » Le signal envoyé serait dramatique pour tous, et en particulier pour les personnes en grande fragilité, souvent tiraillées par cette question : « Ne suis-je pas un poids pour mes proches et pour la société ? » Quelles que soient les subtilités juridiques recherchées pour étouffer les problèmes de conscience, le geste fratricide se dresserait dans notre conscience collective comme une question refoulée et sans réponse : « Qu’as-tu fait de ton frère ? »

3. Si l’État confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes de suicide ou d’euthanasie, des personnels soignants seraient entraînés, malgré eux, à penser qu’une vie ne serait plus digne d’être vécue, ce qui serait contraire au Code de déontologie médicale : « Le médecin, au service de l’individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité. » Selon Paul Ricœur reprenant la tradition hippocratique, la relation de soin est par nature un « pacte de confiance » qui unit soignés et soignants et qui interdit à ces derniers, au nom de cette dignité, de faire volontairement du mal à autrui et encore moins de le faire mourir. Tuer, même en prétendant invoquer la compassion, n’est en aucun cas un soin. Il est urgent de sauvegarder la vocation de la médecine.

4. Même si une clause de conscience venait protéger les soignants, qu’en serait-il des personnes vulnérables ? Dans leur autonomie, elles ont besoin de confiance et d’écoute pour confier leurs désirs, souvent ambivalents. Quelle serait la cohérence de l’engagement médical si, dans certains lieux, des soignants étaient prompts à accéder à leurs désirs de mort chimiquement provoquée, tandis que dans d’autres, ils les accompagnaient, grâce à l’écoute patiente et au soulagement des différentes souffrances, vers une mort naturelle paisible ? La vulnérabilité de personnes – jeunes et moins jeunes – en situation de dépendance et de fin de vie appelle non un geste de mort mais un accompagnement solidaire. La détresse de celles qui demandent parfois que l’on mette fin à leur vie, si elle n’a pu être prévenue[1], doit être entendue. Elle oblige à un accompagnement plus attentif, non à un abandon prématuré au silence de la mort. Il en va d’une authentique fraternité qu’il est urgent de renforcer : elle est le lien vital de notre société.

5. Les tenants de l’aide au suicide et de l’euthanasie invoquent « le choix souverain du malade, son désir de maîtriser son destin ». Ils prétendent que « l’exercice de ce droit n’enlève rien à personne. C’est le type même de la liberté personnelle qui ne déborde pas sur la liberté d’autrui ». Mais qu’est-ce qu’une liberté qui, au nom d’une illusoire autonomie souveraine, enfermerait la personne vulnérable dans la solitude de sa décision ? L’expérience atteste que la liberté est toujours une liberté en relation grâce à laquelle le dialogue se noue afin que le soignant soit bienfaisant. Nos choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont une dimension collective. Les blessures du corps individuel sont des blessures du corps social. Si certains font le choix désespéré du suicide, la société a avant tout le devoir de prévenir ce geste traumatisant. Ce choix ne doit pas entrer dans la vie sociale par le biais d’une coopération légale au geste suicidaire.

6. Réclamer sous quelque forme que ce soit une « aide médicale à mourir », c’est imaginer, comme c’est le cas dans des pays voisins, des institutions spécialisées dans la mort. Mais alors quelles institutions ? Et avec quel financement ? Ou bien, c’est conduire notre système de santé à imposer à nos soignants et à nos concitoyens une culpabilité angoissante, chacun pouvant être amené à s’interroger : « Ne devrais-je pas envisager un jour de mettre fin à ma vie ? » Cette question sera source d’inévitables tensions pour les patients, leurs proches et les soignants. Elle pèserait gravement sur la relation de soin.


La sédation profonde est utilisée comme une euthanasie

La sédation profonde et continue n’est pas une euthanasie, selon la Haute autorité de santé. Odile Guinnepain, infirmière en soins palliatifs et directrice de la plateforme « Nos mains ne tueront pas », commente dans Présent :

Unknown-36"Que pensez-vous de ces recommandations données par la Haute autorité de santé ?

Elles sont intéressantes, car l’HAS s’est reposée sur des recommandations faites, en 2012, par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (la SFAP) pour la sédation des personnes en souffrance, qui donnent des indications techniques précises pour s’adapter au patient, qu’il soit personne âgée, enfant ou adulte. Ces recommandations de la SFAP sont très bien faites en termes de dosage des produits et de l’évaluation de leur bénéfice sur les symptômes du patient. Le bémol que je mettrai cependant c’est que l’HAS reprend le terme de sédation profonde et continue, qui provoque l’inconscience jusqu’au décès. Je n’adhère pas du tout à cette notion-là : il n’y a pas forcément besoin d’endormir un patient et de le plonger dans l’inconscience pour faire disparaître des symptômes d’inconfort. Recourir à la sédation profonde l’empêche de vivre ses devoirs moraux et spirituels à l’approche de la mort. Or, la définition que donne la SFAP de la sédation n’est pas la même que celle de la loi : « La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. » L’HAS détourne le terme de sédation au profit de la loi, ce qui change tout. Par ailleurs, l’HAS souligne que, si le patient demande à être sédaté, on est obligé d’obéir.

Ces recommandations ont un bon côté, en somme ?

Si l’on excepte cette redéfinition de la sédation qui est très gênante, ces recommandations invitent à réfléchir collégialement sur ce qu’est la souffrance et sur ce que cela implique pour la personne. Néanmoins, elles restent assez ambiguës à cause de ce flou entretenu autour de ce que recouvre le terme « sédation ».

Ces recommandations, délivrées après la mise en application de la loi, ne sont-elles pas le signe que le texte de loi a été détourné et que la sédation profonde est utilisée comme une euthanasie ?

Si, en un sens. La SFAP et l’HAS ont constaté des abus et donc diligenté des enquêtes pour voir ce qu’il en était dans les services. Là où je travaille, nous avons reçu deux enquêtes officielles pour savoir comment était mise en place cette sédation. En faisait-on trop ? Pas assez ? Nous leur avons dit que, sur les 120 résidents décédés, nous n’avions pratiqué aucune sédation et n’en avions pas eu la demande, preuve que, lorsque les douleurs et les situations d’inconfort sont anticipées, nous n’en avons pas besoin. Et nous avons dit que, sur le plan éthique, nous étions opposés à cet article de loi.

Concrètement, aujourd’hui, lorsque les patients arrivent à quelques jours de la mort, on leur dit que l’on va faire en sorte qu’ils ne souffrent pas et on les sédate. Mais il n’y a pas de dialogue avec le patient, qui n’a d’ailleurs pas demandé la sédation non plus. Elle est utilisée alors qu’il n’y a pas de symptômes réfractaires : ce sont des abus. [...]"


Position commune des orthodoxes et des catholiques d’Islande sur l’euthanasie

Lu sur Orthodoxie :

"L’évêque catholique de Reykjavik, David Tenser, et l’archiprêtre Timofeï Zalotouski, recteur de la paroisse orthodoxe stavropégique Saint-Nicolas, ont signé et adressé au Parlement islandais une lettre commune, exprimant leur position sur la prochaine discussion de l’euthanasie par les parlementaires. Tuer qui que ce soit, ou aider qui que ce soit à se tuer lui-même n’est ni une bonne mort (« euthanasie ») ni une aide à mourir (« aider celui qui meurt »), mais un acte criminel, est-il souligné dans la lettre. « Nous ne pouvons en aucun cas approuver ces actes, car ils vont à l’encontre des lois de la nature et contredisent les principaux commandements du christianisme » affirment les orthodoxes et catholiques dans leur lettre. Les auteurs du message disent à la fin de la lettre espérer que la discussion de l’euthanasie ne sera pas incluse à l’agenda du Parlement islandais. Cette déclaration commune de l’évêque catholique et du recteur de la paroisse orthodoxe témoigne de la mise en application des principes énoncés lors de la rencontre du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avec le pape François de Rome à La Havane, en février 2016. Cette rencontre avait abouti à un accord sur le soutien commun des valeurs morales chrétiennes traditionnelles. Le patriarche Cyrille et le pape François avaient aussi exprimé leur rejet de l’euthanasie, de l’avortement et des unions homosexuelles."


Jusqu'à preuve du contraire, euthanasier c'est tuer

Odile Guinnepain, infirmière, responsable de l'antenne "Nos Mains ne tueront pas" de Choisir la Vie, écrit à l'attention de Monsieur Touraine et des 156 députés en réponse à la tribune : « Pour une liberté républicaine : le choix de sa fin de vie » 

Odile_guinnepain_1Professionnels de santé (médecins, infirmières) expérimentés en soins palliatifs dans des USP mais aussi en gériatrie ou à domicile, lieux où il n'est pas toujours simple d'avoir accès aux soins palliatifs, nous avons pris connaissance de votre tribune et en sommes particulièrement surpris. Nous n'expérimentons, en effet, absolument pas dans notre pratique, la réalité que vous y revendiquez. Soignant quotidiennement des malades en fin de vie, serions-nous donc aussi éloignés du réel ?

-Parlons en premier lieu du sondage IFOP/La Croix de janvier dernier, interrogeant les français sur la fin de vie. Le chiffre annoncé de 89 % des personnes interrogées qui seraient soi-disant favorables à la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté est faux ! Si on analyse correctement les chiffres, c’est en fait moins de la moitié des français (47%) qui serait favorable à la légalisation de l'euthanasie seule et seulement 18 % au suicide assisté. Quant à la légalisation des deux en même temps, c’est moins de 1/4 des français qui y serait favorable. Par ailleurs, il est nécessaire de préciser que ce sondage a été mené auprès de personnes en bonne santé ; avec un regard, de ce fait, en partie erroné, tout simplement parce que l'expérience démontre qu'il est particulièrement difficile d'imaginer, lorsque nous sommes en pleine forme, ce que nous souhaiterions le jour où nous serons gravement malades ou âgés .L’échec du taux de rédaction des directives anticipées depuis 2005 en est un bel exemple (- de 2 % des personnes décédées).

-Je vous propose donc, Monsieur le député, de revenir plutôt au réel en nous basant, par exemple, sur l'étude publiée en novembre 2012 par l'Observatoire National de la Fin de Vie (ONFV) sur « les décisions médicales en fin de vie en France ». Cette étude, résultant d'une enquête menée auprès de 4723 malades se sachant incurables, conclue :

- « Les pratiques d’euthanasie sont rares. Les décisions, quelles qu’elles soient, avec intention de mettre fin à la vie des patients seraient peu fréquentes »:

- A noter (et c'est important !), un cinquième des décisions d’euthanasie sont prises à la demande des patients (environ un tiers en cas d’administration de médicament). Les actes d’euthanasie (« mettre fin à la vie d’une personne malade à sa demande ») représentent seulement 0,6 % du total des décès, dont 0,2 % sont pratiqués en administrant délibérément une substance pour mettre fin à la vie.

- Cette étude est particulièrement intéressante car menée auprès de personnes réellement et directement concernées. C’est ainsi que l’on peut s'apercevoir que moins de 0,2 % des personnes demandent à être euthanasiées de façon insistante. On est loin des 89 % cités plus haut !

- De plus, elle souligne une dérive qu'aucun « encadrement législatif » ne saura contrôler ; c'est celle des euthanasies pratiquées à l'initiative de soignants ou à la demande des familles sans même que le patient en soit informé. Dans ce sondage, 0,6 % des patients ont demandé explicitement à être euthanasiés alors que 3,1 % l'ont réellement été !

Est-il donc juste et réaliste, objectivement, de légaliser une pratique aux conséquences humaines, sociales, démographiques, éthiques si graves pour moins de 0,4 % d'une population concernée ? Est-ce vraiment démocratique ? C’est là toute la question des lois érigées au profit de minorités considérées dans un premier temps comme des exceptions, mais aux graves conséquences sur la majorité. [...]

Lorsqu'on revendique le « droit à mourir dans la dignité », il est bon de rappeler que nous mourrons tous dans la dignité, la cause et les circonstances de notre mort (maladie, accident etc.) ne l'entachant en rien. En revanche, en effet, nous pouvons vivre un « sentiment d'indignité » qui mérite d'être entendu, accompagné soigné. Dans ce cas, exigeons la mise en place des moyens promis ces dernières années et continuons à former les soignants ; complétons les équipes etc... Par expérience, le sentiment d'indignité est une réalité que nous n'entendons jamais en soins palliatifs.

Enfin, Je voudrais reprendre deux propos de votre tribune pour conclure :

- Vous dites « on ne meurt pas bien en France !». Ce constat, érigé comme un vieux slogan, « posé » de cette manière, sans aucune explication, est une injure aux dizaines de milliers de professionnels de santé médicaux et paramédicaux qui se battent chaque jour pour soigner au mieux (dans des conditions souvent déplorables !) les patients qu'ils accompagnent. Au lieu de porter un doigt accusateur, rechercher coûte que coûte des coupables (habitude de notre époque !), donnez plutôt aux professionnels de santé les moyens qu'il faut pour soigner. Et pour votre information, ce n'est pas parce qu'on va tuer tous ceux « qui ne meurent pas bien en France » qu'on mourra mieux. D'ailleurs, rien ne démontre que ceux qui, croyant bien mourir, se sont fait euthanasier, sont réellement morts plus confortablement et plus paisiblement. Quant à ceux qui restent, il n’est pas certain qu’ils fassent un deuil plus facile !

- Second propos : « Il n’est plus raisonnable d’attendre davantage, d’observer sans réagir les souffrances physiques et psychologiques de nombre de ces Français, de compter les affaires judiciaires qui se multiplient mais n’aboutissent à rien, car on ne peut pas condamner la compassion et la solidarité ». 

Messieurs les députés, je vous invite, afin de « redescendre sur Terre » à venir passer ne serait-ce qu'une journée dans des USP, des EHPAD, des EMSP, des services de soins à domicile, avec des professionnels de santé et voir comment ils s'y prennent pour « observer sans réagir les souffrances physiques et psychologiques... ».

Quelle honte de tenir des propos pareils ! Enfin, petit rappel, vous parlez des affaires judiciaires qui se multiplient. Remettons vos propos à leur place. Depuis la première grande « affaire judiciaire publique » de 2003, moins de 15 affaires du même type ont fait la une des journaux pour environ 550000 morts par an en France. Ces drames restent dont très exceptionnels, et ne reflètent absolument pas la réalité. Enfin, dans votre tribune, il existe tout de même une catégorie de personnes directement concernées dont vous omettez de parler : les professionnels de santé. Je rappelle que si une loi légalise l'euthanasie, ce sont les médecins qui vont prescrire les traitements létaux, les infirmières qui vont les injecter et les aides-soignantes qui assisteront, en poursuivant les soins de nursing, aux agonies certainement bien compliquées ! Ces professionnels ont-ils, dans votre raisonnement idéologique, le droit de donner leur avis ?

Ainsi, permettez que je conclue par la première page du livre de Mme Anne Bert que vous citez au début de votre tribune. Elle y rappelle l'article 6 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen : « La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui : elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait »

Jusqu'à preuve du contraire, euthanasier c'est tuer et la mort n'est pas un droit, alors, « Ne nous imposez pas de faire à un autre ce que nous ne voudrions pas qu'il nous soit fait! »


Euthanasie : Geoffroy Didier se dit « personnellement favorable à ce qu'on aille plus loin".

Député au Parlement européen, vice-président de la région Ile-de-France, mais aussi secrétaire général délégué des Républicains, Geoffroy Didier était invité de l'émission "Face aux chrétiens" :


Pays-Bas : le nombre de personnes euthanasiées a augmenté de 8%

Unknown-12En 2017, sur les 150 027 personnes décédées aux Pays-Bas, 4,4% d’entre elles sont dues à l'euthanasie (6 585).

  • Dans près de 90% des cas, le patient souffrait d'un cancer, de maladies cardiaques et artérielles ou de maladies du système nerveux, telles que la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques.
  • Trois patients étaient à un stade avancé de démence et 166 autres étaient à des stades plus précoces.
  • Dans 83 cas, le patient souffrait de graves problèmes psychiatriques. Le rapport souligne que cette tendance soulève des questions parmi les psychiatres.
  • 12 cas problématiques ont été repérés.

Cette tendance à la hausse du nombre d'euthanasie ne semble pas prête de s'arrêter. Comme pour l'avortement, on se dirige vers un massacre à grande échelle.


Euthanasie : collusion entre les franc-maçons, la Libre pensée et l'ADMD

Il ne s'agit pas d'une théorie, mais d'une collusion publique, au travers d'un communiqué commun. Tout y est :  le rapprochement avec l'avortement, la PMA et la recherche sur l'embryon, la loi belge érigée comme modèle (malgré tous les abus), une demande de dépénalisation du meurtre (pas seulement un "droit" mais une "aide active")

"Les Associations soussignées : Fédération nationale de la Libre Pensée (FNLP), Conseil national des Associations Familiales (CNAFAL), Laïcité-LibertéAssociation pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), Grande Loge Mixte de France (GLMF), Ligue du Droit International des Femmes(L.D.I.F),

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Entendent donner leur point de vue dans le débat qui va s’ouvrir préalablement à la révision de la loi de bioéthique à propos de la revendication du droit de mourir dans la dignité.

La loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 [mais pas de la séparation de la Franc-maçonnerie et de l'Etat, NDMJ] garantit la liberté de conscience à tous les citoyens et constitue la clé de voûte de l’ensemble des libertés individuelles conquises durant le dernier quart du dix-neuvième siècle pour achever le processus d’émancipation politique engagé pendant la Révolution française qui a notamment dépénalisé le suicide. Elle assure à chacun la faculté de croire ou de ne pas croire dans un cadre juridique où l’Etat est étranger à toute influence cléricale. Dans ces conditions, dans tous les domaines de la vie civile, la loi devrait permettre à chacun d’exercer pleinement cette liberté de conscience, notamment dans celui le plus intime de la disposition de son corps, en levant les interdits qui en limitent la portée réelle.

Or, l’interruption volontaire de grossesse n’a été légalisée qu’au terme d’une mobilisation sans précédent ; la procréation médicalement assistée est enserrée dans les strictes conditions du seul traitement de l’infertilité de couples hétérosexuels et reste encore inaccessible aux personnes engagées dans des formes familiales nouvelles ; la recherche sur l’embryon, désormais autorisée, est soumise à tant d’exigences que son plein essor paraît encore devant nous.

Dans le pays où le suicide a été dépénalisé, dans la République où l’Etat est séparé des cultes depuis cent-douze ans, dans la nation dont certains des représentants ont parfois su faire preuve, en vain, de courage - nous pensons naturellement aux membres de toutes formations politiques confondues, de la commission des affaires sociales du Sénat en 2011 qui ont adopté une proposition de loi tendant à apporter une aide à mourir aux malades atteints d’une maladie incurable en phase terminale -, le législateur français est également resté sourd jusqu’à présent à la demande de la quasi-totalité des citoyens de disposer d’un droit à l’aide médicale à mourir. La loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie et instituant une « sédation profonde et continue provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie » ne répond pas à cette exigence : elle ignore la liberté de conscience de l’individu en ce qu’elle lui laisse simplement le droit de demander l’interruption des soins.

La revendication d’une simple dépénalisation de l’acte d’euthanasie ne saurait davantage répondre à l’exigence démocratique de laisser à chacun le choix de sa fin de vie. A titre de comparaison, l’histoire de la répression de l’interruption volontaire de grossesse est éclairante. L’article 317 du Code pénal de 1810 condamnait à la réclusion ceux qui pratiquaient l’avortement et aux travaux forcés les praticiens y ayant concouru. Néanmoins, de 1897 à 1908, plus de 100 000 avortements sont pratiqués chaque année à Paris et les jurés populaires acquittent largement les prévenus: le taux de relaxe est alors de 72%. Pour le faire baisser, la Chambre « bleu horizon » adopte la loi du 27 mars 1923, qui complète celle de juillet 1920 réprimant toute incitation à l’avortement et à la contraception, correctionnalise l’avortement. C’est l’objet de la loi du 27 mars 1923. Elle complète celle de juillet 1920 qui réprime toute incitation à l’avortement et à la contraception. Entre 1925 et 1934, le taux de relaxe tombe à 19%. Les magistrats professionnels se sont montrés moins cléments que les jurés populaires. La loi du 15 février 1942 (sous le Régime de Vichy) fait de l’avortement un crime contre la sureté de l’Etat passible de la peine capitale. Il faut attendre la loi Simone Veil du 17 janvier 1975 pour donner aux femmes la liberté de disposer de son corps : aux termes de l’article L. 2212-1 du Code de la santé publique « La femme enceinte qui ne veut pas poursuivre une grossesse peut demander à un médecin ou à une sage-femme l'interruption de sa grossesse »

La simple dépénalisation de l’acte d’euthanasie ne peut offrir les garanties nécessaires à la liberté de conscience. Il convient donc d’ouvrir en faveur des individus un véritable droit à mourir dans la dignité, ce qui est le principe, ET de mettre en œuvre une aide active à mourir qui en serait l’outil.

C’est pourquoi les associations soussignées revendiquent qu’à l’occasion de la révision de la loi dite de « bioéthique », ce droit soit reconnu par le législateur. Celui-ci pourrait s’inspirer des législations étrangères comme la loi belge du 28 mai 2002 qui permet au médecin de pratiquer une aide médicale active à mourir à la demande volontaire, réfléchie et réitérée des personnes majeures ou émancipées en fin de vie en proie à des souffrances psychiques et/ou physiques qu’elles considèrent comme étant insupportables."


Du suicide assisté, on passe facilement à la pression euthanasique, puis à l'euthanasie utilitaire

Du Dr François Volff :

Page1image400"Les Chrétiens Protestants et Évangéliques relèvent la précipitation de 156 députés pour réclamer une loi sur l’euthanasie avant même d’avoir la décence d’attendre la fin des « débats citoyens » sur la bioéthique. Du suicide assisté (car c'est de cela qu'il s'agit), on passe facilement à la pression euthanasique, puis à l'euthanasie utilitaire (pour les dons d'organes). C'est déjà le cas en Belgique.

Il est vrai, comme l’affirment certains, que la loi Claeys est déjà une loi d’euthanasie, puisque les médecins peuvent décider, à la place du patient, de l’arrêt des soins vitaux, comme le cas d’Inès l’a récemment montré. Il convient donc de l'abroger pour en revenir à la loi Léonetti de 2005."


Dans les phases finales de la vie, le réseau familial constitue toujours un élément fondamental

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, a envoyé une lettre au président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Paglia, à l’occasion d’un congrès international intitulé « Soins palliatifs : partout et par tout le monde. Soins palliatifs dans toutes les régions. Soins palliatifs dans toutes les religions ou croyances ». Organisé par l’Académie pontificale pour la vie, il se tient à Rome les 28 février et 1er mars 2018.

Traduction de la lettre par Zénit :

"Excellence,

Unknown-24Au nom du Saint-Père François et en mon nom personnel, je vous adresse mes salutations cordiales, ainsi qu’aux organisateurs et aux participants au congrès sur les soins palliatifs. Il s’agit de questions qui concernent les derniers moments de notre vie terrestre et qui mettent l’être humain face à une limite qui semble insurmontable pour la liberté, suscitant parfois rébellion et angoisse. C’est pourquoi, dans la société actuelle, on cherche de nombreuses manières à l’éviter et à le supprimer, négligeant d’écouter l’indication inspirée du psaume : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. » (89,12). Nous nous privons ainsi de la richesse qui, précisément se cache dans la finitude et d’une occasion de mûrir une manière de vivre plus sensée sur le plan personnel et social.

Les soins palliatifs, au contraire, ne cèdent pas à ce renoncement à la sagesse de la finitude et c’est là un autre motif de l’importance de ces thèmes. Ils indiquent en effet une redécouverte de la vocation plus profonde de la médecine, qui consiste avant tout à prendre soin : leur tâche est de toujours soigner, même s’il n’est pas toujours possible de guérir. Certes, l’entreprise médicale se base sur un engagement inlassable à acquérir de nouvelles connaissances et à combattre un nombre toujours plus grand de maladies. Mais les soins palliatifs attestent, à l’intérieur de la pratique clinique, de la conscience que la limite requiert non seulement d’être combattue et dépassée, mais aussi reconnue et acceptée. Et cela signifie de ne pas abandonner les personnes malades, mais au contraire d’être proche d’elles et de les accompagner dans la difficile épreuve qui se manifeste à la fin de la vie. Quand toutes les ressources du « faire » semblent épuisées, c’est précisément alors qu’émerge l’aspect le plus important dans les relations humaines, qui est celui de l’ « être » : être présent, être proche, être accueillant. Cela comporte aussi de partager l’impuissance de celui qui atteint le point extrême de sa vie. Alors la limite peut changer de signification : non plus le lieu de la séparation et de la solitude, mais une occasion de rencontre et de communion. La mort elle-même est introduite dans un horizon symbolique à l’intérieur duquel elle peut apparaît non pas tant comme le terme contre lequel la vie se brise et succombe, mais plutôt comme l’accomplissement d’une existence gratuitement reçue et amoureusement partagée.

La logique des soins rappelle en effet cette dimension de mutuelle dépendance d’amour qui émerge, certes, avec une particulière évidence dans les moments de maladie et de souffrance, surtout à la fin de la vie, mais qui en réalité traverse toutes les relations humaines et en constitue même la caractéristique la plus spécifique. « N’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi » (Rm 13,8) : c’est ainsi que nous avertit et nous réconforte l’apôtre. Il semble alors raisonnable de jeter un pont entre ces soins que l’on a reçus depuis le début de la vie et qui ont permis à celle-ci de se déployer pleinement et les soins à offrir de manière responsable aux autres, au long des générations jusqu’à embrasser toute la famille humaine. C’est sur ce chemin que peut s’allumer l’étincelle qui relie l’expérience du partage plein d’amour de la vie humaine jusqu’à son mystérieux départ, avec l’annonce évangélique qui voit tout le monde comme des enfants du même Père et qui reconnaît en chacun son image inviolable. Ce lien précieux défend une dignité humaine et théologale qui ne cesse de vivre, pas même avec la perte de la santé, du rôle social et du contrôle sur son propre corps. C’est alors que les soins palliatifs montrent leur valeur, non seulement pour la pratique médicale – pour que, même lorsqu’ils agissent avec efficacité en réalisant des guérisons parfois spectaculaires, on n’oublie pas cette attitude de fond qui est à la racine de toute relation de soins – mais aussi plus généralement pour toute la coexistence humaine.

Votre programme de ces journées met bien en évidence la multiplicité des dimensions qui entrent en jeu dans la pratique des soins palliatifs. Une tâche qui mobilise de nombreuses compétences scientifiques et d’organisation, relationnelles et communicationnelles, incluant l’accompagnement spirituel et la prière. Outre les différentes figures professionnelles, il faut souligner l’importance de la famille pour ce parcours. Elle revêt un rôle unique comme lieu où la solidarité entre les générations se présente comme constitutive de la communication de la vie  et où l’aide réciproque s’expérimente aussi dans les moments de souffrance et de maladie. Et c’est précisément pour cela que, dans les phases finales de la vie, le réseau familial, pour fragile et désagrégé qu’il puisse apparaître dans le monde actuel, constitue cependant toujours un élément fondamental. Nous pouvons certainement apprendre beaucoup sur ce point des cultures où la cohésion familiale, même dans les moments de difficulté, est tenue en grande considération.

Un thème très actuel, pour les soins palliatifs, est celui de la thérapie de la douleur. Déjà le pape Pie XII avait clairement légitimé, la distinguant de l’euthanasie, l’administration d’analgésiques pour alléger des douleurs insupportables impossibles à traiter autrement, même si, dans la phase de mort imminente, ils devaient être la cause d’un raccourcissement de la vie (cf. Acta Apostolicae Sedis XLIX [1957],129-147). Aujourd’hui, après de nombreuses années de recherche, le raccourcissement de la vie n’est plus un effet collatéral fréquent mais la même interrogation est soulevée avec de nouveaux produits pharmaceutiques qui agissent sur l’état de conscience et rendent possible différentes formes de sédation. Le critère éthique ne change pas, mais l’emploi de ces procédures requiert toujours un discernement attentif et beaucoup de prudence. Elles sont en effet très exigeantes pour les malades comme pour les proches et pour les soignants : avec la sédation, surtout quand elle est prolongée et profonde, cette dimension relationnelle et communicative, que nous avons vu être cruciale dans l’accompagnement des soins palliatifs, est annulée. La sédation est donc toujours au moins en partie insuffisante, de sorte qu’elle doit être considérée comme un remède extrême, après avoir examiné et clarifié avec attention les indications.

La complexité et l’aspect délicat des thèmes présents dans les soins palliatifs demandent de continuer la réflexion et d’en diffuser la pratique pour en faciliter l’accès : un devoir où les croyants peuvent trouver des compagnons de route dans de nombreuses personnes de bonne volonté. Et il est significatif que, dans cette perspective, soient présents à votre rencontre des représentants de différentes religions et de différentes cultures, dans un effort d’approfondissement et dans un engagement partagé. Dans la formation des professionnels de la santé aussi, de ceux qui ont des responsabilités publiques et dans toute la société, il est important que ces efforts soient fournis ensemble.

Tout en recommandant de prier pour son ministère, le Saint-Père vous envoie de tout cœur, Excellence, ainsi qu’à tous les participants au congrès, la bénédiction apostolique. J’y unis mes vœux personnels et je vous adresse mes sentiments les plus sincères."


Manifeste de la SFAP : Soulager et accompagner OUI. Donner la mort NON.

La Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs publie un manifeste à signer en ligne :

Capture d’écran 2018-03-02 à 14.24.26«Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s'il rend plus humain ou moins humain», George Orwell

Inlassablement les projets et propositions de loi, les tribunes et les pétitions viennent et reviennent encore réclamer la légalisation du droit à mourir. Inlassablement nous sommes sollicités, interrogés, auditionnés pour donner notre avis et exposer nos arguments.

Nous soignants et bénévoles de la Société Française d'Accompagnement de Soins Palliatifs (SFAP) fédérons 10 000 soignants et 6 000 bénévoles, en contact quotidien avec des milliers de personnes en fin de vie et leurs proches, sommes opposés à une telle législation :

  • Elle viendrait à rebours de la révolution palliative en cours et des progrès sans cesse enregistrés dans le soulagement et l'accompagnement des personnes en fin de vie depuis 30 ans.
  • D'expérience très peu de patients nous disent souhaiter mourir et bien moins encore nous le redisent lorsqu'ils sont soulagés et accompagnés. Une « liberté de mourir » qui serait motivée par une souffrance non soulagée ne serait pas un choix libre. Alors même que les recommandations pour la mise en œuvre de la Loi Claeys-Leonetti de 2016 ne sont pas encore publiées, il nous semble essentiel de ne pas accroître la vulnérabilité des personnes malades par des évolutions législatives permanentes.
  • Une telle loi impliquerait de graves changements de notre pratique. Comment la transgression, même exceptionnelle, de l'interdit de tuer, pourrait-elle être sans effet sur ceux dont la mort approche et ceux qui les soignent? Une liberté donnée à un malade qui conduirait un soignant à donner la mort est-elle réellement l'exercice de l'autonomie?

Par ailleurs, nous  refusons  de nous laisser enfermer dans ce débat binaire qui réduit la question de la prise en charge des patients en fin de vie à celle de l'euthanasie. Nous voulons promouvoir les valeurs qui nous rassemblent et qui sont le cadre de référence des soins palliatifs. Elles donnent du sens à notre travail et sont autant de balises, utiles au quotidien comme en temps de crise dans un monde complexe et en constante évolution.

  • Les valeurs professionnelles du soin. Des valeurs d'humanité, d’attention et de sollicitude envers les personnes qui souffrent et ceux qui les entourent, de respect du déroulement de la vie en  préservant sa qualité jusqu'à la fin. Le contrat de confiance qui unit les soignés et les soignants interdit à ces derniers de faire du mal volontairement à autrui et plus encore de faire mourir.

Ces valeurs du soin et du non-abandon fondent le mouvement des soins palliatifs qui considère  la mort comme un processus naturel et non comme le résultat d'un geste volontaire. Donner la mort n'est pas un soin.

  • Les valeurs humaines de l’accompagnement. Des valeurs partagées par tous les acteurs, soignants ou bénévoles, simplement parce que l’autre, le souffrant, est une personne qui requiert écoute et présence.
  • Les valeurs personnelles de nos adhérents : pour certains le respect de la vie, pour d’autres le refus de la toute puissance que serait le pouvoir ultime de donner la mort, pour d’autres encore une certaine humanité.

Toutes ces valeurs fondent un choix de société : Non pas une société  ultra libérale de l’individu autonome, indépendant de tous, maîtrisant sa vie et sa mort mais une société de la solidarité et de l'interdépendance prête à secourir la fragilité, une société du Care."


Le lien est fait entre euthanasie et prélèvement d'organes

Unknown-22Le député Jean-Louis Touraine milite pour l'euthanasie et il est par ailleurs chargé d'une mission sur le don d'organes...

En Belgique, depuis 2005, « les organes d’une quarantaine de personnes euthanasiées ont été prélevés ». Pour le professeur Jean-Bernard Otte, médecin chirurgien spécialiste des greffes de foie, il s’agit d’ « une source potentielle d’organes de plus en plus importante ».

A l’occasion d’une conférence qu’il donnait à l’Académie royale de Médecine de Belgique le 20 février 2018, il

« a exposé l'interrogation du comité d’éthique de Saint-Luc quant à la possibilité, pour les médecins, d’évoquer eux-mêmes, à leurs patients la possibilité de donner leurs organes, dès lors que ces patients auraient vu leur demande d'euthanasie validée, et pour autant bien sûr que l’affection justifiant leur euthanasie soit compatible avec le don d’organes ».

Dans l’assemblée, un médecin anesthésiste a évoqué, pour garantir la qualité des organes, qu’il soit envisagé de pouvoir « extraire les organes du patient à euthanasier avant sa mort, sous anesthésie générale »