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Examens dans les écoles catholiques : cachez ces croix qui risqueraient de les convertir

De Gabrielle Cluzel sur Boulevard Voltaire :

Unknown-7"Le courrier est officiel, il provient du rectorat de l’académie de Bordeaux, sous l’autorité du ministère de l’Éducation nationale, comme l’indique le papier en-tête. Signé par le « Directeur des Examens et Concours », rien que ça, il s’adresse aux directeurs des établissements catholiques « désignés comme centre de correction des écrits du diplôme national du Brevet », les 3 et 4 juillet, et dispense des « conseils » très clairs : « il apparaît souhaitable, dans la mesure du possible, et pendant la durée des corrections, d’ôter ou de masquer tout signe religieux ostensible dans les locaux accueillant les enseignants convoqués pour corriger le DNB ».

On hésite : cela procède de la note interne en service hospitalier « pour une bonne asepsie, prière de désinfecter avant utilisation », ou de la lettre glissée par les parents dans le carnet de correspondance pour signaler une allergie : « merci de bannir tout aliment susceptible de contenir des traces de fruits à coques ».

Les profs du public désignés pour passer la tranchée et aller corriger avec leur casque lourd derrière les lignes du privé, auraient-ils peur de la contamination – la foi serait-elle contagieuse, l’exposition prolongée à un crucifix, comme aux UV, dangereuse pour la santé ? – , ou de l’urticaire géant, voire du choc anaphylactique devant une Vierge sulpicienne ?

On imagine la perplexité des directeurs concernés : que faire ? Déboulonner la plaque « enseignement catholique » posée depuis des temps immémoriaux sur la porte ? Décrocher les icônes ? Voiler les statues ? Gratter fébrilement à la paille de fer, jusqu’à faire disparaître, sur le frontispice, la mention « saint(e)» devant Étienne ou Monique, comme autrefois, sur les arcs de Triomphe, celle des empereurs romains ? Et tiens, d’ailleurs, pour le col du même nom, priera-t-on l’aumônier de le cacher discrètement derrière un passe-montagne opportun  quoiqu’un peu décalé eu égard à la canicule sévissant dans le Sud-Ouest ?

Un solide chef d’établissement dans un courrier sans ambiguïté, bien que dénué, comme il le dit, de « toute animosité », a tranché, et répondu avec fermeté : « Je ne toucherai à rien ! » C’est le « non possumus » des premiers chrétiens. Et le non volumus, aussi, pour être franc, parce que le grand n’importe quoi, voyez-vous, ça va bien : « Quelle unité nationale construire avec ces susceptibilités phobiques et anachroniques ? » s’interroge-t-il dans cette lettre dont nous avons eu connaissance. Comment lui donner tort ? [...]"


Un prêtre peut présider une université

Contestée par le syndicat Snesup-FSU qui considérait que « l’engagement ecclésiastique de M. Deneken s’opposait à son élection eu égard au principe de neutralité du service public », l’élection en décembre 2016 de l'abbé Michel Deneken à la présidence de l’Université de Strasbourg a été validée, le 27 juin, par le Conseil d’État. Extrait :

"4. Considérant qu'il résulte ainsi du principe constitutionnel de laïcité que l'accès aux fonctions publiques, dont l'accès aux fonctions de président d'université, s'effectue sans distinction de croyance et de religion ; que, par suite, il ne peut, en principe, être fait obstacle à ce qu'une personne ayant la qualité de ministre d'un culte puisse être élue aux fonctions de président d'université, celle-ci étant alors tenue, eu égard à la neutralité des services publics qui découle également du principe de laïcité, à ne pas manifester ses opinions religieuses dans l'exercice de ses fonctions ainsi qu'à un devoir de réserve en dehors de l'exercice de ces fonctions ; que, par suite, la question de la conformité au principe constitutionnel de laïcité des dispositions législatives contestées par le syndicat requérant, qui n'est pas nouvelle, ne présente pas un caractère sérieux ;

5. Considérant, en second lieu, que la circonstance que le président élu d'une université aurait la qualité de ministre d'un culte est, par elle-même, sans rapport avec les garanties qui s'attachent au respect du principe constitutionnel d'indépendance des enseignants-chercheurs ; que les dispositions litigieuses de l'article L. 712-2 du code de l'éducation prévoient au demeurant que le président de l'université est élu parmi les enseignants-chercheurs, chercheurs, professeurs ou maîtres de conférences ; que, par suite, la question tirée, par le syndicat requérant, de la violation d'un " principe d'indépendance de la recherche et des enseignants-chercheurs ", qui n'est pas nouvelle, ne présente pas un caractère sérieux ;"


Education nationale : un guide sur la laïcité qui omet l'islam

Capture d’écran 2018-05-30 à 21.52.04Le ministère de l'Éducation nationale va envoyer aux chefs d'établissement et enseignants un guide de conduite à tenir sur les questions de laïcité. Ce guide de plus de 80 pages remplace le livret élaboré du temps de Najat Vallaud-Belkacem, qui en comptait 33. Il s'agit de donner des outils aux personnels de l'Éducation nationale pour que l'ensemble des établissements scolaires «reste à l'abri de toute manifestation de propagande».

Chaque fiche présente la situation, les principes juridiques, des exemples et des conseils d'action. Celle sur le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse rappelle par exemple que pour le Conseil d'État, le port d'un sous-turban sikh par un élève peut être considéré comme une manifestation ostensible de son appartenance religieuse, tout comme le port d'un bandana par une jeune femme qui refuserait systématiquement de l'enlever. Et le port du voile islamique.

Le vade-mecum s'intéresse aussi au cas des agents de l'Éducation nationale qui refusent de serrer la main d'un collègue ou d'un usager sous prétexte qu'il s'agit d'une femme...

Concernant Noël, l'installation d'une crèche n'est pas possible, mais le sapin peut être installé à condition qu'il ne revête aucun caractère cultuel dans sa présentation ou dans sa décoration.

Et pour l'islam ? Silence.


Il faut réfléchir à la situation religieuse actuelle de la France, sans tabou, ni préjugés

Du père Michel Viot à propos du terrorisme islamiste :

Viot-b"[...] Certes, il y a eu des progrès : on est passé du « je suis Charlie. » au « pas d’amalgame. » « à l’islam dévoyé. » pour parler maintenant de « terroristes islamistes. » ! Mais est-ce suffisant ? Je ne le crois pas, en particulier parce que la France continue depuis un peu plus de deux siècles à être le seul pays civilisé au monde où l’on ne puisse pas parler librement des relations entre le politique et le religieux, j’entends par là sortir de l’intellectuellement correct, dicté, si l’on y réfléchit bien, par une coalition bien étrange. On y trouve en effet pêle-mêle, la franc-maçonnerie du Grand Orient de France, un certain catholicisme de gauche, des pêcheurs de voix dans tous les domaines où cela rapporte, inutile de les nommer, le tout figé dans une médiocrité intellectuelle qui n’a d’égale que sa sous-culture historique et philosophique, prête à se repaître de tous les syncrétismes et les relativismes. En fait, ce qui unit cet assemblage hétéroclite, c’est son adoration du progrès et son individualisme forcené, sans parler de sa furieuse envie d’être toujours à la mode, qui lui fait croire que le temps des religions est révolu ! Il y a toujours des chrétiens pour parler de christianisme areligieux, de post chrétienté et se croire autorisés à innover encore en matière liturgique !

Eh bien, le couteau va les rappeler à l’ordre. Et pour me faire comprendre je ne remonterai qu’à notre bonne vieille Bible, ce qui montrera au passage, que je mets en garde contre tous les fondamentalismes, juifs, chrétiens, et musulmans. Relisez, ou lisez cet admirable passage du livre des Juges, chef d’oeuvre d’humour noir, comme seule la Bible en a le secret : Juges 3 v 12-30. Vous y verrez comment Ehud, un des premiers Juges d’Israël se débarrassa du roi de Moab, Eglon, qui opprimait son peuple. Deux précisions importantes : Ehud était gaucher et Eglon très gros ! Le premier avait caché son poignard sous son vêtement, attaché à sa cuisse droite ! Et pour voir le roi seul, il lui avait dit « j’ai une parole de Dieu pour toi. ». Et là, surprise : de sa main gauche il le poignarda si bien au ventre que la poignée de la lame entra dans la graisse et que notre homme put sortir par le trou des latrines royales. Il ne fut pas poursuivi, car les serviteurs pensaient que le roi était occupé…! Mais il existe dans la Bible d’autres formes de pénétration de la Parole de Dieu.

Le prophète Isaïe (49 v2) parlant au nom du Seigneur disait « Il a disposé ma bouche comme une épée pointue », et le christianisme ne sera pas en reste pour reprendre ce symbole, certes spiritualisé, comme dans cette prophétie, mais n’effaçant jamais cependant complètement l’image de l’arme qui blesse ou qui tue (voir par exemple la prédiction de Siméon sur le glaive qui transpercera le cœur de Marie, Luc 2 v35). [...]

Il faut alors réfléchir à la situation religieuse actuelle de la France, sans tabou, ni préjugés ! Et malheureusement nous en sommes très loin. Les relations entre les Églises et l’Etat restent marquées par les ambiguïtés de la loi de séparation de 1905, lesquelles ont tout naturellement déteint sur le dialogue inter religieux. [...]"


La laïcité à l'école (libre) et à l'hôpital

Ce mardi 15 mai, Jean-Louis Bianco, président, et Nicolas Cadène, rapporteur général, ont remis au Président de la République le 5e rapport annuel de l’Observatoire de la laïcité. Ce rapport sera également remis très prochainement à Édouard Philippe. Lire ici le rapport ou la synthèse.

Les responsables des principaux cultes en France ont fait part de leur crainte de voir le « concept de neutralité étendre toujours plus son périmètre ». Les responsables des principales obédiences maçonniques ont souligné l’importance de combattre les adversaires de la laïcité, « consubstantielle à notre République ».

Ce rapport fait de nombreuses propositions concrètes, parmi lesquelles :

Capture d’écran 2018-05-15 à 19.23.10Autre aspect du rapport, la clause de conscience invoquée par les professionnels de santé :

Capture d’écran 2018-05-15 à 19.28.00Le sapin de Noël n'est pas une atteinte à la laïcité :

Capture d’écran 2018-05-15 à 19.27.53


L'importance de la fête de l'Ascension dans notre société déchristianisée

Alors que le membre de la France Insoumise, Thomas Guénolé, se demande pourquoi la fête chrétienne de l'Ascension est encore fériée dans la République laïque, l'abbé Guillaume de Tanoüarn, prêtre de l'Institut du Bon Pasteur, théologien et philosophe, a été interrogé par Le Figaro à propos de la fête de l'Ascension :

Que fêtons-nous le jour de l'Ascension?

Philippe-de-champaigne-the-ascensionL'Ascension, comme son nom l'indique, désigne la montée au ciel du Christ. Est-elle est un passage d'un lieu à un autre? Oui. Ce passage est-il le passage de la Terre au Ciel, au sens géographique du terme? Non. C'est le Christ qui revient vers son Père. L'Ascension est importante, car elle nous rappelle que nous autres homo sapiens ne sommes pas des êtres purement biologiques, mais des êtres spirituels dont le lieu n'est pas seulement la Terre mais le Ciel. 

Pourquoi a-t-on oublié ce que signifiait l'Ascension?

Les gens ne savent pas nécessairement ce que ça signifie parce qu'il y a une baisse de la culture chrétienne qui est terrifiante, une déculturation chrétienne.

L'Ascension est-elle encore une fête chrétienne?

Spirituellement, l'Ascension est une anti-fête car elle désigne la fête de la séparation du Christ avec le monde. Néanmoins, si l'Ascension désigne de nos jours un pont magnifique, qui s'enchaîne avec d'autres ponts, elle nous rappelle que si le Christ est venu sur la Terre, c'est parce que sa vie a eu un sens. Celui de nous montrer l'au-delà de la Terre ou comme le dit Heidegger, «nous ne vivons pas pour la mort». Nous sommes des êtres pour la vie éternelle et c'est ce pari de la vie que prend la fête de l'Ascension. Nous fêtons donc non seulement la montée du Christ mais également notre montée au Ciel le jour de l'Ascension.

L'Ascension ressemble, à vous écouter, au pari pascalien. Il semble préférable d'y croire de manière à s'assurer une place au Ciel.

Oui, car il n'y a pas tellement d'autres solutions, selon moi, que le pari pascalien. Soit nous acceptons la vie telle qu'elle est, c'est-à-dire, la vie pour la mort. Soit nous croyons dans le fait que la vie a une autre dimension et qu'elle n'est pas seulement physique mais psychique et spirituelle. L'Ascension est la fête de l'esprit, qui nous rappelle que notre but est la vie de l'esprit. C'est notre seule possibilité d'échapper au néant.

Cette fête a-t-elle encore sa place dans une société déchristianisée qui fait un culte au corps?

Elle est d'autant importante, qu'elle est un rappel de la dimension spirituelle de l'homme, qui n'avait peut-être pas autant de nécessité à l'heure où les humains se concevaient spontanément comme des animaux spirituels. Aujourd'hui, la fête de l'Ascension a cette force anthropologique particulière. Elle montre aux hommes ce qu'ils sont, «à l'image de Dieu» comme dit la Genèse, fait pour Dieu."


Macron pourrait reconnaître aux congrégations religieuses une liberté dont elles sont privées depuis plus d’un siècle

De Grégor Puppinck dans La Nef :

Unknown-9"Dans son discours du 9 avril aux Bernardins, devant la Conférence des évêques de France, Emmanuel Macron, après avoir exprimé son « sentiment que le lien entre l’Église et l’État [s’était] abîmé » et qu’il convenait de le « réparer », a tenu à « saluer tous ces prêtres et ces religieux qui de cet engagement ont fait leur vie ». A ce propos, comme acte concret de réconciliation, l’État pourrait aisément reconnaître aux congrégations religieuses une liberté dont elles sont privées depuis plus d’un siècle, ce d’autant plus que le président Sarkozy avait déjà admis dans son discours du Latran de 2007 que « la République [maintenait] les congrégations sous une forme de tutelle » et que « cette situation [était] dommageable pour notre pays ».

Trouvant son origine dans l’anticléricalisme de la IIIe République, qui a notamment contraint à l’exil près de 30 000 religieux, le régime français des congrégations, instauré en 1901 et toujours en vigueur, est en effet particulièrement contraignant en ce qu’il exclut délibérément les monastères du droit commun des associations et les soumet à un régime juridique restrictif. En effet, alors qu’une simple déclaration suffit aux associations ordinaires pour disposer de la personnalité morale, les congrégations ne peuvent accéder à cette personnalité et jouir des droits qui s’y attachent qu’en vertu d’un décret, rendu au terme d’une procédure dite de « reconnaissance légale » soumise à de strictes conditions.

Cette procédure nécessite en particulier l’adoption par la congrégation de statuts civils pouvant entrer en conflit avec le droit canonique. Il en est ainsi de l’interdiction de mentionner dans ces statuts l’existence des vœux « solennels », « perpétuels » ou « définitifs », en application du décret révolutionnaire des 13 et 19 février 1790, encore en vigueur. Autre exemple, toute congrégation doit se soumettre – dans ses statuts civils – à la juridiction de « l’évêque du diocèse » (décret du 16 août 1901), faisant ainsi obstacle à l’exercice direct, par le Saint-Siège, de son autorité sur les congrégations de droit pontifical, celles-ci relevant de Rome, et non pas de l’évêque, à la différence des congrégations diocésaines. En cela, la République maintient une forme de gallicanisme.

Si de nombreuses congrégations ont, avec le temps, accepté d’entrer dans ce régime, d’autres s’y sont refusées, se résignant alors – pour préserver leur liberté spirituelle – à subir la précarité des associations de fait sans personnalité morale. Ces congrégations de fait ne peuvent donc pas, en leur nom propre, signer de contrat, être propriétaires de leurs propres bâtiments, recevoir des dons ou des legs, ouvrir un compte bancaire, ou encore obtenir une carte grise… En tout état de cause, quel que soit le régime choisi (reconnaissance légale ou association de fait), les religieux sont privés de la liberté d’association dont bénéficient les autres groupes de personnes, sans que cette restriction ne réponde à une justification objective et raisonnable. Alors que les mosquées ou les Témoins de Jéhovah peuvent librement se constituer en association loi 1901 avec tous les droits qui en découlent, pourquoi un monastère devrait-il encore être soumis à un régime dérogatoire ? [...]"

 


Si la gauche le dit : "La galaxie laïque est vieillissante"

Images-2L'islam provoque un schisme au sein de la gauche laïcarde. Le manifeste « contre le nouvel antisémitisme », publié le 21 avril dans Le Parisien, déplore l’aveuglement des « élites françaises » face à « la radicalisation islamiste ». Malgré ses 250 signataires, de nombreuses voix de gauche sont absentes. Et pour cause : ils ne partagent pas la même vision de la laïcité. 

Emmanuel Maurel, eurodéputé PS, explique au Monde :

"La galaxie laïque est vieillissante, fonctionne en vase clos. Il n'y a pas de volonté de faire du prosélytisme et de s'adresser au reste de la société." "Cette question [l'islam] nous a posé un gros problème. Il y a une forme de tétanie face à la montée des revendications de certains musulmans. On a peur de passer pour un antimusulman. C'est de la mauvaise conscience. Alors, on n'en parle pas du tout."

Philippe Guglielmi, ancien grand maître du Grand Orient de France et cadre socialiste, se désole :

"Je n'ai jamais trouvé écho au PS de ma vision de la laïcité."

Il se souvient aussi s'être "fait alpaguer" par une dirigeante sur le trottoir devant le siège du PS "après une intervention sur le voile. J'en étais resté coi".


La laïcité d'Emmanuel Macron s’apparente à ce que Benoît XVI appelait la « dictature du relativisme »

Suite à l'entretien avec Rod Dreher dans La Nef(n°299) à propos de son Pari bénédictin, puis la critique d’une dizaine d’ouvrages tournant autour de ce thème : « Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? » (La Nef n°301), le nouveau numéro de La Nef poursuit le débat avec des personnalités et intellectuels chrétiens. Notamment Mgr Marc Aillet, qui écrit :

Capture d’écran 2018-04-28 à 15.30.29"Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus ? Dans son Pari bénédictin, Rod Dreher tente d’y apporter une réponse que j’accueille comme une bouffée d’oxygène dont nous avons bien besoin dans un monde sécularisé et souvent hostile au dialogue avec les religions. Certes, le discours très habile du président Macron aux Bernardins semble rompre avec cette hostilité, au grand dam des chantres de la laïcité. Il reste que, tout en puisant abondamment dans notre patrimoine théologique et spirituel, il demande tout bonnement aux évêques d’éviter une attitude « injonctive » et réclame une allégeance sans compromis aux lois de la République. La laïcité, qu’il exprime par la liberté de croire ou de ne pas croire, pourrait bien s’apparenter ainsi à ce que le pape Benoît XVI appelait la « dictature du relativisme ». Sans doute le contexte de séparation des Églises et de l’État et la distinction faite par Jésus entre l’ordre temporel et l’ordre spirituel recommandent à l’Église, en tant qu’institution, de ne pas se jeter dans la bataille politique. Elle ne peut pas pour autant se désintéresser de la justice et elle est appelée à mettre sa sagesse au service non pas seulement du questionnement, mais bien de l’interpellation prophétique. En ce sens, elle doit même parfois s’opposer fermement aux lois de la République dès lors qu’elles sont contraires à la raison droite : alors, ces lois sont plus une violence que des lois, affirmait saint Thomas d’Aquin! C’est que l’Église n’est pas une communauté comme les autres, la mission qu’elle a reçue du Christ est universelle et concerne le salut de l’homme dans toutes ses dimensions personnelle et sociale ; elle constitue même « pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus sûr d’unité, d’espérance et de salut » (Lumen gentium, n. 9). Elle ne saurait admettre que la foi, qui est devenue culture à travers les siècles et qui constitue une « sève » toujours disponible, comme le reconnaît le président Macron, demeure cantonnée dans la sphère privée de la vie des hommes. [...]"


Tout le vocabulaire des années postconciliaires se retrouve dans le discours d'Emmanuel Macron

Extrait de l'analyse du discours d'Emmanuel Macron aux Bernardins, par Thibaud Collin dans L'Homme Nouveau :

Une-1662"[...] Le Président Emmanuel Macron aux Bernardins présente ainsi un miroir aux catholiques français mais ce miroir est subtilement déformant. Ce discours peut être vu comme une tentation dans laquelle il s’agit de « ne pas entrer ». À notre sens la tentation est d’autant plus grande que Macron a raisonné, en tant que Président de la République, dans une matrice qu’une partie de l’intelligentsia catholique partage depuis plusieurs décennies. L’empathie dont il a fait preuve envers son auditoire tient à ce qu’il a nommé « des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles ». On sait qu’il a demandé le baptême à l’âge de 12 ans, qu’il a été élève dans une école jésuite et qu’il a été influencé par le courant d’Esprit dont Ricœur, à la suite de Mounier, a déterminé une bonne partie de la forma mentis de la deuxième gauche (Rocard, Delors, etc.). Bref, le bon élève Macron a resservi à l’Église de France ce qu’il en avait reçu. Tout le vocabulaire des années postconciliaires se retrouve dans son discours : « sens », « repères », « dialogue », « accompagnement », « démarche questionnante », « tension entre l’idéal à viser et le concret des situations », etc. [...]"


La détérioration des relations Eglise-Etat réside dans la dégradation de la liberté religieuse

De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :

Capture d’écran 2018-04-18 à 08.25.29"Lundi 9 avril, Emmanuel Macron était reçu au Collège des Bernardins, par les évêques de France. Un certain nombre de catholiques ont protesté contre cette invitation, manifestement pensée sur le modèle des dîners du CRIF. Pour ma part, cette invitation me semblait plutôt logique et bienvenue: aussi important qu’ait été le catholicisme dans la construction de la France, il est bien évident que le nombre de politiques, d’intellectuels et de journalistes qui connaissent encore en profondeur la pensée catholique s’amenuise à vue d’œil. Dès lors, ce genre de réunions s’ impose pour tenter de faire comprendre les préoccupations des catholiques aux hommes politiques.

En sens inverse, plusieurs hommes politiques de gauche ont considéré qu’Emmanuel Macron avait violé la sacro-sainte laïcité, particulièrement en déclarant : « Nous partageons confu- sément le sentiment que le lien entre l’Église et l’État s’est abî- mé et qu’ il nous importe, à vous comme à moi, de le réparer. » Cependant, là aussi, je ne vois rien que de très logique : il saute aux yeux, effectivement, que les relations entre l’Église et l’État ne sont pas bonnes.

Mais personne, ni les évêques, ni le président, n’a semblé intéressé par les causes de cette détérioration des relations Église-État. Pire, le président, malgré son opération de séduction, fort bien menée, a tout à fait pour aggraver la situation.

La cause profonde de cette détérioration réside dans la dégradation de la liberté religieuse. Et cette dégradation vient de deux sources principales.

La principale, c’est qu’une conception délétère de la loi, purement positiviste, s’impose de plus en plus – et le discours de M. Macron pousse dans cette direction. Cette conception a été admirablement résumée par l’ancien sénateur socialiste (et co-fondateur du très marxiste Syndicat de la Magistrature) Jean-Pierre Michel : « La loi, c’est l’expression d’un rapport de force à un moment donné. Point final.» A ce compte, on voit mal sur quelle base contester les lois raciales du IIIe Reich, votées dans les formes par un parlement régulièrement élu, et exprimant clairement un « rapport de force à un moment donné ». Même si la plupart des catholiques eux-mêmes ne s’en aperçoivent pas clairement, c’est là qu’il faut chercher les raisons de l’opposition des catholiques aux lois « sociétales ».

Et, là-dessus, Emmanuel Macron exigeant – sans qu’aucun évêquene songe à protester! – que toutes les lois de la république soient respectées par-dessus tout, sans aucun compromis («loi d’airain», ajoute-t-il), ne peut pas ignorer que sa revendication est exactement une revendication totalitaire. Les lois de la république ne peuvent s’appliquer que dans les limites de la loi naturelle, qui s’impose à toutes les lois positives. L’ ignorer, ou pire le nier ,comme vient de le faire Emmanuel Macron, est évidemment exiger des catholiques qu’ ils choisissent entre leur foi et la république.

L’autre source de la dégradation de la liberté religieuse en France est la question de l’islam. C’est, en effet, parce que l’islam s’installe en France que l’on rogne nos libertés (religieuse, de circulation, scolaire, d’expression ...). Or, il est significatif qu’Emmanuel Macron n’ait parlé d’islam que pour vanter le dialogue interreligieux. Comme s’il méprisait délibérément le fait que l’islam n’est pas une religion comme le christianisme, mais bien davantage une doctrine politique totalitaire. Tant que le président ignorera notre légitime attachement à la loi naturelle et les spécificités de l’islam, toutes ses opérations de séduction seront vaines."


Derrière le discours aux Bernardins, préparer un islam de France

Laurent Bouvet, professeur de science politique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, décrypte sur le Figarovox le discours d'Emmanuel Macron lundi soir devant les évêques de France.

6a00d83451619c69e201bb0a026adb970d"Ce discours est très important, et il peut, doit même, malgré le désaccord qu'on peut avoir sur le fond avec celui-ci, être lu, compris et critiqué à l'aune du haut niveau de réflexion politique auquel le président a voulu d'emblée se situer. C'est d'ailleurs pourquoi il ne peut pas être uniquement lu, par exemple, ni comme la révélation soudaine de la culture chrétienne du président de la République, ni comme une simple opération de «câlinothérapie» politique à destination d'un électorat catholique qui serait choqué par le durcissement de la politique de l'immigration.

Ce discours doit plutôt être replacé dans le cadre d'une réflexion plus large qu'a annoncée le président de la République sur deux grands sujets au moins.

Le premier tient à la relation de l'État avec les cultes: il s'agit du projet d'intégration du culte musulman dans le cadre républicain. En d'autres termes, il souhaite la mise en place d'un islam de France qui marche, si j'ose dire, contrairement aux tentatives précédentes qui ont échoué, notamment celle du CFCM (conseil français du culte musulman). Or pour réussir un tel projet, le chef de l'État a besoin de modifier l'ensemble de l'équilibre laïque, notamment en matière de financement du culte musulman, celui-ci étant aujourd'hui très dépendant de l'étranger. Ce qui induit un accord voire une association avec l'ensemble des cultes compte tenu des modifications nécessaires des équilibres actuels. C'est notamment pourquoi le président de la République s'est montré très attentif aux représentants des cultes depuis son accession au pouvoir, et donc qu'il a poussé très loin l'offre politique faite aux catholiques dans son discours de lundi soir.

Le second grand sujet qui était en toile de fond du discours tient à l'ambition réformatrice annoncée en matière bioéthique (PMA, GPA, fin de vie…). Et là aussi, de la même manière, le chef de l'État tient à s'appuyer sur les représentants des cultes pour s'assurer de la meilleure réception possible des réformes qu'il envisage. Il veut à tout prix éviter le traumatisme national du débat sur le mariage pour tous en 2013. L'Église catholique étant en la matière la pièce maîtresse, puisqu'elle seule dispose d'un réel pouvoir de mobilisation contre ces réformes. L'associer en amont aux discussions, et plus encore assurer les catholiques de toute son attention et sa considération, voilà qui apparaît clairement comme la stratégie privilégiée par Emmanuel Macron. [...]

Le risque est grand en effet que ce pas de côté du président par rapport au fragile équilibre laïque d'un pays soumis à des chocs terribles ces dernières années ne conduise à une déstabilisation durable plutôt qu'au succès des grands projets présidentiels, notamment concernant l'islam de France. On peut gager en effet qu'à l'image des catholiques les plus engagés, dont il était question ci-dessus, les musulmans les plus enclins à faire valoir leurs idées et reconnaître leurs revendications seront les plus déterminés idéologiquement, et donc que l'islamisme dans sa version politique sera plus présent et plus pressant dans un espace ouvert et légitimé par la parole présidentielle. La majorité de nos concitoyens de confession musulmane comme ceux de confession catholique ne souhaitant assurément pas qu'on les désigne publiquement en fonction de leur identité religieuse mais plutôt, conformément à la règle laïque, qu'on leur garantisse, comme citoyens, la liberté de croire et de vivre leur foi tranquillement, à l'abri des pressions communautaires et de toute forme d'extrémisme religieux ou politique.

On peut donc craindre que le pari présidentiel en forme de coup de billard à trois bandes qui entend déboucher sur un islam de France en accordant d'abord une attention et une place particulière à l'Église catholique ne soit rapidement condamné par les conditions et les formes mêmes de l'expression politique de la foi à l'âge identitaire."

C'est aussi l'avis d'Anne-Sophie Chazaud sur Causeur :

"[...] Là où les choses se compliquent, c’est lorsque le chef de l’Etat prononce deux phrases qui, dans un contexte de très grande menace sur la laïcité, font figure de bombes : les rapports entre l’Eglise et l’Etat auraient été « abîmés » (sic) et il conviendrait de les « réparer », et, par ailleurs, les catholiques sont invités à s’engager davantage « politiquement », en tant que catholiques. Dans un contexte paisible, où le pays ne subirait pas les assauts répétés et meurtriers de l’islam radical à visée précisément politique, ces phrases de réconciliation, n’en déplaise aux bouffe-curés old school, seraient plutôt de bon sens. Le président revient d’ailleurs à juste titre sur les racines chrétiennes de la France, ce qui relève de l’évidence historique. Le problème ne vient pas de là.

Inciter les membres d’une religion à s’engager politiquement, dans un contexte d’entrisme politique de l’islam radical, est à la fois irresponsable et dangereux : le Président ne pouvait ignorer la résonance particulière de ces mots dans un contexte où l’église catholique est en plein recul sur fond de crise des vocations, quand le prosélytisme islamique, lui, ne cesse de s’étendre. Ce ne sont pas les luthériens ni les bouddhistes qui vont soudain vouloir s’emparer de cet appel à l’engagement politique des religieux, et l’équité entre les cultes que commande justement le principe de laïcité obligera le Président à prononcer les mêmes paroles et accorder les mêmes objectifs aux membres de toutes les religions.

Pareillement, Emmanuel Macron évoque l’importance de la spiritualité dans l’engagement concret de chacun, à travers la notion intéressante d’ « effectivité ». Là encore, on ne peut que lui donner raison sur le fond, et on a bien vu à travers la figure du colonel Beltrame combien l’engagement républicain et une foi profonde pouvaient être indéfectiblement liés et précisément effectifs. Mais les défenseurs de la laïcité, hormis quelques pachydermes réincarnés des radicaux-socialistes d’autrefois, ne contestent pas l’importance de la vie spirituelle pour chacun dans le cadre de ses pratiques privées, ni la manière intime dont chacun peut déployer sa foi dans son action publique. Les agnostiques, voire les athées ont une vie spirituelle et réfléchissent à la transcendance ou au sens de la vie, à leur manière, et, même dans l’hypothèse d’une vie totalement privée de transcendance, un solide sens de l’humanité et du respect d’autrui pourra servir de guide spirituel pour mener une vie d’honnête homme. Le problème n’est donc pas là mais réside dans la volonté de certains d’imposer leur vision de la spiritualité dans l’espace public : vêtements, comportements, intolérances, interdictions, évictions des femmes de certains espaces, violences contre les membres d’autres religions, mais aussi interventions dans le champ bio-éthique etc. La spiritualité ne dispense jamais mieux ses effets positifs sur la société que lorsqu’elle s’exerce dans le cadre privé. [...]"


Les partisans de l'allahicité s'indignent du discours de Macron aux Bernardins

Exemple avec Benoît Hamon :

 

Puis le Grand Orient de France, muet lorsque le president souhaite un bon iftar ou un bon ramadan :

Philippe Foussier, Grand Maître du GODF, dénonce l'appel d'Emmanuel Macron aux catholiques :

"Comment le président de la République peut il enjoindre les catholiques à s’engager politiquement ? La leçon de 2012-2013 avec la montée en tension du débat sur le mariage pour tous n’a t il donc pas servi d’exemple ? La société française est assez fragmentée pour ne pas en rajouter en termes d’affrontements, notamment de la part de ceux qui affirment tant de positions péremptoires et dogmatiques sur de nombreux sujets."

En revanche Marine Le Pen semble avoir compris le rapport entre le discours d'hier soir et l'islam "de France" :


Face à la CEF, Emmanuel Macron invite l'Eglise à s'exprimer mais ne répond pas aux questions fondamentales

Dans son discours prononcé ce soir aux Bernardins, devant Emmanuel Macron, Mgr Pontier est revenu sur les sujets d'actualité, interrogeant directement le chef de l'Etat sur les conséquences des projets en cours :

Capture d’écran 2018-04-09 à 21.56.34"Vous le savez, l’Église catholique avec bien d’autres considère la famille comme un des piliers de la vie en société. En elle, s’expérimentent l’accueil inconditionnel de chacun, la fidélité, l’intergénérationnel, les transmissions de valeurs et le soutien en toutes circonstances. Les français plébiscitent la famille parmi les réalités qui leur paraissent essentielles. Leur désir est de former une famille unie, porteuse d’amour et d’affection. Faut-il aujourd’hui permettre que la loi prive des enfants de père ? Cette reconnaissance produirait une inégalité entre les enfants, ouvrirait un grand risque de marchandisation du corps et remettrait en cause le critère thérapeutique actuel, garant que ne se forme pas un grand marché de la procréation. Accueillir une situation quand elle existe n’est pas l’organiser. C’est pourquoi nous soutenons activement les politiques en faveur de la famille. Elles sont un investissement sûr pour le bien de tous et celui de notre pays.

Nous avons déjà des lois récentes sur d’autres sujets essentiels pour la société qui n’ont pas eu le temps de porter leurs fruits et voilà que certains souhaiteraient qu’on légifère encore. Est-ce bien raisonnable ?

Nous nous sommes exprimés déjà sur tous ces sujets et le ferons encore, conscients de notre responsabilité dans la vigilance pour la sauvegarde des droits de l’enfant, pour la défense des plus faibles, de l’embryon au nouveau-né, de la personne ayant un handicap au paralysé, du vieillard à celui qui est dépendant en toutes choses. On ne peut laisser personne seul. Ce sont nos relations, nos affections qui nous permettent de vivre. Il y va, sans nul doute, du caractère humain de nos sociétés et de nos vies, de celui de savoir puiser en soi les forces de la fraternité vécue. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la solitude ou de l’abandon de celui qui verrait comme une issue enviable, celle de se donner la mort. La société se doit d’offrir des perspectives de vie, d’amitié, de tendresse, de compassion, de solidarité. Les pensées de mort peuvent-elles subsister lorsque s’expriment l’affection des proches, les soins assidus et l’accompagnement qui lutte contre toute douleur ? Peut-on qualifier de « dernier soin » l’acte de donner la mort ? Il y a des limites et des confusions qu’on ne saurait franchir."

Après quoi, Emmanuel Macron, le spécialiste du "en même temps", a prononcé un discours de séduction qui fera certainement plaisir à beaucoup, mais dans lequel il ne s'engage à rien concernant les sujets cruciaux évoqués ci-dessus, la famille, la vie, la bioéthique. Il reconnait à l'Eglise son droit à parler... et a dénoncé la récupération de l'électorat catholique par certains... Comme s'il n'était pas venu pour tenter de rattraper un électorat tenté de plus en plus par la droite.

Capture d’écran 2018-04-09 à 22.06.12"Le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, il nous incombe de le réparer. [...] La laïcité n’a pas pour fonction de déraciner de nos sociétés la spiritualité qui nourrit tant de nos concitoyens. [...] 

Sur la bioéthique, on nous reproche de connaitre par avance les résultats de débats organisés. Or nous sommes face à des débats intimes et profonds. [...] J’entends la voix de l’Église. J’entends la place essentielle donnée à la famille dans nos sociétés. Certains principes énoncés par l’Église se confrontent à une réalité complexe et contradictoire. Chaque jour l’Église accompagne des familles monoparentales, homosexuelles ou ayant recours à l’avortement en essayant de concilier ses principes et le réel. L’engagement des catholiques est vital et exemplaire pour la France. J’appelle les catholiques à s’engager politiquement. Votre foi est une part d’engagement dont notre politique a besoin."


Le régime français des congrégations religieuses est contraire à la liberté de religion

Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du European Centre for Law and Justice (ECLJ), membre du panel d'experts de l'OSCE sur la liberté de conscience et de religion, explique au Figarovox :

Unknown-6"Si la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) venait à se prononcer sur le régime des congrégations, elle le condamnerait très probablement. Contrairement aux autres groupements religieux, les monastères sont privés du droit de se constituer en association loi 1901. Ils n'ont le choix qu'entre deux modes d'existence juridique beaucoup plus contraignants: le régime de tutelle appelé «reconnaissance légale» et celui de l' «association de fait».

Cette exception est un reliquat de la «guerre» menée contre les congrégations catholiques par la IIIe République anticléricale, et avant elle par la Révolution française. Elle apparaît aujourd'hui en décalage avec la culture libérale des droits de l'homme au point de violer très certainement les libertés de religion et d'association des congrégations et de leurs membres, ainsi que l'interdiction des discriminations. Le droit européen des droits de l'homme exige en effet que «le droit national permette aux communautés religieuses ou de conviction de décider en toute indépendance la manière dont elles sont dirigées, de leur règlement interne, du contenu de leurs croyances, de la structure de la communauté et du système de nomination du clergé, et de leur nom et autres symboles» .

Quel est l'impact au quotidien de ces entraves juridiques sur la vie des communautés religieuses?

Pour avoir la personnalité morale, la seule option pour les monastères est de se soumettre au régime de la «reconnaissance légale». Or, cette reconnaissance est soumise à de strictes conditions. À titre d'illustration, le Conseil d'État interdit aux congrégations de mentionner dans leurs statuts l'existence des vœux «solennels», «perpétuels» ou «définitifs» prononcés par leurs membres, alors même qu'ils sont au cœur de la vie religieuse. Une fois reconnus, les monastères subissent de fortes contraintes dans leur fonctionnement. Ainsi, ils ne peuvent acquérir ni vendre un bien immobilier sans l'autorisation de l'administration et à la condition seulement que cette transaction soit jugée nécessaire à la congrégation. Ils doivent aussi tenir à jour, et à la disposition du Préfet, leur comptabilité et la liste de leurs membres, etc. Le président de la République Nicolas Sarkozy l'avait reconnu en 2007 dans son discours au palais du Latran: «Aujourd'hui encore, la République maintient les congrégations sous une forme de tutelle (…). Je pense que cette situation est dommageable pour notre pays».

Au fil des années, de plus en plus de congrégations ont accepté de se soumettre à cette tutelle, en particulier depuis les années 1970. D'autres s'y refusent pour des raisons de principe. Ces religieux qui ont la conviction d'être avant tout membres de l'Église, souhaitent que soit respecté leur droit fondamental de se constituer en monastères et refusent que leur vocation et leur vie religieuses dépendent de l'État. Ces monastères doivent alors se résigner à n'être que des «associations de fait», sans personnalité morale. C'est le cas par exemple de l'abbaye de Solesmes ou d'autres monastères bénédictins qui préfèrent cette précarité à la tutelle, pour préserver leur liberté. Cette situation complique considérablement l'existence de ces monastères, car ils ne peuvent signer aucun contrat au nom de l'abbaye, ni être propriétaires de leurs propres bâtiments, recevoir des dons ou des legs, ouvrir un compte bancaire, obtenir une carte grise, etc.

Ainsi, qu'un monastère soit reconnu ou non, dans les deux cas sa situation est problématique; c'est pourquoi le plus simple serait de ne plus leur interdire de se constituer en association de droit commun.

Vous jugez que le droit français établit à l'encontre des congrégations une discrimination fondée sur la religion. Qu'est-ce qui vous permet de l'affirmer?

Les congrégations sont comparables aux associations en tant que groupes de personnes poursuivant un objectif commun, et à plus forte raison aux associations dites cultuelles avec lesquelles elles partagent un objet religieux. Pourtant, malgré la constitutionnalisation de la liberté d'association en 1971, les monastères n'ont toujours pas accès à cette liberté et aux droits qui en découlent. Cette restriction est injustifiée: l'existence même de ce régime constitue, en soi, une discrimination entre les religieux et les autres citoyens. Cette discrimination aboutit à une situation aberrante: de vénérables abbayes ont moins de droits et de libertés que des mosquées de banlieue. [...]"


La prétention de l’Etat d’imposer sa domination par une religion civile

De l'abbé Michel Viot , qui vient de publier un ouvrage intitulé “L’heure du royaume de France est-elle venue?”:

L-heure-du-royaume-de-france-est-elle-venue-"[...] Si les causes de nos malheurs et de notre inexorable décadence depuis plus de deux siècles sont toujours contestées, quand elles ne sont pas occultées, ce qui nous pourrit la vie aujourd’hui est en revanche très clair. Le terrorisme qui a engendré la première république est toujours là. Apparemment tout le monde le condamne, avec des nuances certes… mais soyons encore patients. En revanche ce qui est intellectuellement intolérable, mais hélas compréhensible en cette époque d’amnésie historique c’est d’entendre les défenseurs des idéaux de la République révolutionnaire, persévérer dans cette référence funeste tout en prétendant combattre la barbarie! Une communauté, une idéologie, un système politique n’échappent jamais aux conditions dans lesquelles ils sont nés. La République révolutionnaire que tous nos dirigeants politiques ne cessent d’invoquer a vu le jour à la suite d’une longue série d’actes inspirés par un terrorisme des plus élaborés qui va trouver son apogée avec Robespierre et la Terreur. Pire, il va perdurer au travers de l’idéal patriotique de la Révolution pour lequel il est préférable de mourir pour sa patrie que de vivre pour elle! Qu’on me comprenne bien, loin de moi l’idée de critiquer qu’on puisse choisir de mourir pour sa patrie, si c’est là la seule façon d’accomplir son devoir en accord avec son honneur. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame est mort non seulement en héros, mais en saint comme le Père Maximilien Kolbe qui en juillet 1941 à Auschwitz prit la place d’un père de famille condamné avec neuf autres prisonniers par les SS à mourir de faim en représailles à l’évasion d’un autre détenu. Dernier survivant du groupe, il fut achevé par une piqûre de phénol. Cela dit, il eût été plus beau pour le prêtre que je suis que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et le Père Maximilien Kolbe vivent pour leur patrie en faisant bénéficier leurs frères de l’amour de leur métier. Mais, face au terrorisme, ils ont fait l’un et l’autre le meilleur choix en fonction de leur devoir et de leur honneur. Mais on ne peut prendre son parti d’un système qui ne fonde l’héroïsme que sur la mort. Que de gendarmes et de prêtres sont des héros au quotidien dont on ne parlera jamais! Il est vrai qu’ils ne font qu’entretenir la vie! Quel intérêt médiatique?

C’est pourquoi, quand, à juste titre, nous honorons ceux qui sont morts pour combattre la culture de mort, il ne faut jamais oublier de la dénoncer et de la mettre à nue.

Mon livre a l’ambition d’aider à cette entreprise. Il invite à une remontée dans le temps à partir d’une réflexion sur ce qui achève de détruire notre pays. J’emploie cette expression parce que je ne me fais pas beaucoup d’illusions. A vues humaines, nous sommes perdus car il est trop tard! Mais je crois aux miracles. On me dira que je suis payé pour cela! C’est vrai! Mais fort mal, ce qui ne m’empêche pas d’y croire sans me mettre en grève! Il restera aux “ forces contraires “ à me mettre à la retraite pour sénilité.

La crise de l’autorité

Le problème sur lequel nous buttons aujourd’hui est d’abord d’ordre religieux. Il tient en une phrase du prologue de notre dernière constitution républicaine en date (1958) : ” La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte “. J’explique dans mon livre comment nous en sommes parvenus à pareille absurdité! Il faut remonter jusqu’en 1789 pour comprendre. La séparation des Églises et de l’Etat de 1905 n’est que la douloureuse conclusion d’un combat à mort engendré par la société moderne issue des Lumières contre le catholicisme. Il importe d’en connaître les différentes phases: Concordat napoléonien, ses articles organiques, leur rupture en 1905, avec la loi de séparation. Tout cela nous ramenant à l’entreprise révolutionnaire et son point culminant, la Terreur avec le culte de l’Etre Suprême, autrement dit la prétention de l’Etat d’imposer sa domination totale sur les hommes par une religion civile justifiant un terrorisme étatique. Ce but, officiellement refusé par la chute de Robespierre, demeure en fait toujours présent dans ce qu’il est convenu d’appeler notre modernité.

Dès mon avant-propos, “ j’annonce la couleur “ pour ne pas tromper mon lecteur. Partant du constat de la dégradation, à mon avis irréversible de l’Autorité en France, je pense que le retour à une royauté sacrée (à Reims) est la seule issue qui nous reste si nous voulons remonter la pente. Pourquoi en effet hésiterions nous entre un système qui en quatorze siècles a construit notre pays et qui a su à chaque fois s’adapter quand il le fallait sauf pendant les années qui ont précédé la Révolution (à cause d’une conjuration diabolique) et la république qui a inauguré la décadence de la France, les trois premières se terminant par une dictature militaire, la quatrième par un pouvoir personnel heureusement intelligent mais incapable de par sa nature même d’assurer une continuité durable. La cinquième république est en effet depuis 1962 une monarchie élective, dont je relève ici plusieurs défaut: tout d‘abord le coût exorbitant d’une élection présidentielle, cause majeure du pourrissement de la vie politique, du trop grand pouvoir des médias, du dégoût des français (montée croissante de l’abstention). Depuis le départ du général de Gaulle, les élections présidentielles ont coûté de plus en plus cher. Le gagnant étant toujours le chouchou des puissances d’argent et des médias (sans oublier les instituts de sondage, dans les mains, gantées ou non, des dirigeants des médias). Cette puissance apparaît à beaucoup comme tellement irrésistible qu’ils ne vont plus voter, et qu’ils en arrivent même à douter de l’impartialité de certains juges! J’ajoute à ce problème de coût celui de la manipulation de la volonté des électeurs au travers d’un fractionnement de l’électorat par le jeu des partis et par celui des grands médias gouvernés par ces puissances d’argent. De fait la réforme de l’élection présidentielle voulue par De Gaulle aura paradoxalement renforcé le pouvoir des partis et placé le président sous la tutelle de puissances financières : le suffrage universel direct a remplacé l’élection indirecte par les quelque 1000 parlementaires en une élection faite non par 30 millions d’électeurs mais par une vingtaine de féodaux à gros capitaux.

Bref, comme tout ce système repose sur l’autorité, reconnue ou non du Chef de l’Etat, il doit dès son élection partir à la conquête de l’électorat qui s’est abstenu, de ceux qui ont voté contre lui, sans décevoir ses partisans. Mission impossible, sauf avec une pratique astucieuse de l’enfumage, et là, on retrouve encore les médias et les sondages!

Mais il est des sujets où cette technique se révèle rapidement inefficace, en France en particulier. Toucher les Français dans leur possibilité de consommation et leur sécurité est dangereux. Surtout quand ceux-ci sont déchristianisés depuis plus de deux siècles. En voulant vider le mot foi de son sens, on a fait perdre le sien au mot sacrifice! En chassant Dieu et le roi, son représentant sur terre pour le temporel et le protecteur du spirituel, garant de son bon exercice, et se confondant par la même avec la patrie, pour remplacer le tout par le concept abstrait de Nation moderne (que je n’identifie pas aux nations « bibliques »), coupé de toute racine spirituelle, on a déséquilibré pour longtemps l’autorité dans notre pays. [...]"


Des laïcards refusent de restaurer un édifice des années 30 rendant hommage aux Poilus

Car une partie de ce monument représente le Christ :

"La restauration du « monument de la paix » du sculpteur local Marcel Pierre, à La Ferté-Macé, dans l'Orne, ne fait pas l'unanimité. L'édifice réalisé dans les années 30 est constitué de six statues de pierre, dont cinq Poilus et un Christ. Si chaque statue constitue une œuvre à part entière, l'artiste avait imaginé le monument dans son ensemble.

L'Association locale des amis de Marcel Pierre a décidé de le rassembler, ce qui implique une importante phase de restauration. Jusqu'ici, deux statues étaient exposées dans le cimetière de Bagnoles-de-l'Orne (Orne) et le reste se trouvait au sein de la propriété privée de Marcel Pierre, au cœur de La Ferté-Macé.

Alors que les travaux de restauration ont débuté il y a un an et demi, financés par l'association et des aides de fondations extérieures, la municipalité a pris la décision d'installer le monument dans l'enceinte du jardin public Barré-Saint, afin de le présenter aux habitants."


Ce n’est pas parce que cet idéal de chrétienté se trouve, à vue humaine, irréalisable, qu’on peut le jeter aux poubelles de l’histoire

Dans L'Homme Nouveau, l'abbé Claude Barthe revient sur le dernier livre de Rémi Brague et les relations entre l'Eglise et l'Etat. Extrait :

Une-1659"[...] Or, il est un point très assuré dans la doctrine de l’Église, qui veut que les représentants du pouvoir civil ne puissent pas davantage se montrer indifférents en matière religieuse que ne le peuvent les parents dans une famille. Rémi Brague parle de la « tentation » que présenta Constantin à l’Église, et à laquelle elle succomba. En réalité, si l’on en croit Aristote, la finalité – naturelle– de la Cité est de conduire les hommes à la vertu, ce qui revient, explique saint Thomas, à les disposer à leur bien surnaturel. D’où l’intérêt d’avoir des gouvernants qui soient chrétiens, et si possible bons chrétiens, saint Louis ou saint Étienne plutôt que Constantin. Ce n’est pas parce que cet idéal dit de chrétienté a été totalement subverti et se trouve, à vue humaine, irréalisable, qu’on peut le jeter aux poubelles de l’histoire. L’ordre du Christ de « baptiser toutes les nations » était traditionnellement compris comme se réalisant lorsque ceux qui sont en charge de la Cité terrestre s’associent au culte chrétien, de la même manière d’ailleurs qu’ont à le faire les parents dans une famille (Pie XII, Mediator Dei). C’est ainsi. Même lorsqu’elle ne peut l’appliquer pleinement, l’Église ne brade pas sa doctrine.

Mais non-séparation n’a jamais voulu dire confusion, même si les passions des hommes d’Église et des hommes d’État ont engendré bien des abus. Car de même que la grâce se distingue de la nature tout en la transformant, l’Église est autre que la Cité, chacune autonome dans son domaine. Cette autonomie découlant du « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (Mt 22, 21) ne pouvant faire oublier que ce qui est à César revient aussi à Dieu, dont César est dans cet ordre-là le représentant (Rm 13, 1). [...]"


Les gendarmes de Moselle viennent d’être rattrapés par la patrouille de la libre-pensée

Suite à la participation de gendarmes en tenue dans l'église locale pour fêter Sainte Geneviève, leur sainte patronne, la fédération locale de la libre pensée, groupuscule laïcard qui ne représente que quelques individus en manque de reconnaissance, le chargé de communication de la gendarmerie leur a déjà répondu :

"Cette journée de cohésion et de rassemblement, réunissant actifs, réservistes, retraités et familles, constitue un marqueur fort de notre identité et de notre ancrage territorial puisqu’on y invite aussi les acteurs locaux. La dimension religieuse, conduite par un aumônier militaire, y tient une part minime et les gendarmes sont libres de ne pas y participer"

7609092_eglise-gendarme-moselle_1000x625Georges Michel, colonel à la retraite, commente ce nouvel épisode du laïcisme haineux pour Boulevard Voltaire :

"Les gendarmes de Moselle viennent d’être rattrapés par la patrouille de la libre-pensée, qui n’en rate décidément pas une. Les adeptes de la libre-pensée, vous connaissez ? On en a mille fois parlé dans ces colonnes et leur heure de gloire remonte à pas très loin, avec la déportation de la désormais célèbre statue de Jean-Paul II à Ploërmel, en Bretagne. Leur importance numérique est inversement proportionnelle à leur visibilité médiatique. Mais ça, c’est une spécificité bien française d’un certain monde associatif, souvent subventionné (...)

Le 3 décembre 2017, la compagnie de gendarmerie départementale de Boulay-Moselle célébrait Sainte-Geneviève dans l’église de Carling. Une tradition qui remonte à 1963 lorsque le pape Jean XXIII donna à notre maréchaussée la sainte parisienne comme patronne protectrice. Le Républicain lorrain avait, à l’époque, rapporté l’événement avec une photo montrant les gendarmes en uniforme dans l’église. Trois mois après, la fédération de Moselle de la libre-pensée se réveille. Entre-temps, il y a eu les fêtes de Noël, de la Saint-Sylvestre, la Chandeleur, vous comprenez… Bref, même avec du retard, le crime étant imprescriptible, ladite fédération a saisi le préfet, qui n’a sans doute que cela à faire. Ouvrez le ban. « Cet acte constitue une rupture de neutralité qui s’impose aux personnels de l’État. C’est une invitation à reconnaître un culte. » Et d’enjoindre le préfet de faire son boulot, quoi, en donnant « des instructions tendant à rappeler les obligations de neutralité, sans préjudice naturellement de chacun de militaires de pratiquer le culte de son choix en dehors des heures de service ou dans le cadre des aumôneries militaires ». Fermez le ban.

Ces pauvres libres-penseurs ne sont pas au bout de leur peine. En effet, cette tradition est largement répandue à travers nos territoires. Ce qu’a fait la compagnie de Boulay-Moselle, de nombreuses autres compagnies le font aussi. Rappelons qu’il y a une compagnie par arrondissement, soit plus de trois cents en France… Bien souvent, à ces « Sainte-Geneviève », le sous-préfet, les élus de tous bords, parlementaires comme édiles municipaux, départementaux et régionaux, les représentants des différentes polices, les pompiers – qui fêtent Sainte-Barbe ! – sont présents aux tout premiers bancs de l’église (...)

Va-t-on, à cause de quelques grincheux étriqués, demander aux gendarmes de venir en civil lors des prochaines Sainte-Geneviève ? Dieu nous en préserve…"

Pour que la libre pensée continue de s'occuper durant leurs longues semaines, voici une photo qui leur fera plaisir. Il s'agit de la messe de Bazeilles dans l'église de Fréjus où l'on peut voir de nombreux militaires en tenue et Marion Maréchal Le Pen en tant qu'élue locale...

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La laïcité française selon les Armées

Laicite_1_581_881Le ministère des Armées a rendu public, mercredi 14 mars, un livret sur la laïcité destiné aux attachés de défense en poste à l’étranger. Le guide, intitulé « Expliquer la laïcité française : une pédagogie par l’exemple de la "laïcité militaire" », est

« née d’un triple constat fait par plusieurs attachés de défense notant que leurs interlocuteurs locaux considèrent la laïcité comme une singularité française ; associent la laïcité "à la française" à une hostilité envers toute affirmation publique d’une identité religieuse ; notent que chaque Français interrogé sur la laïcité en donne une définition très personnelle ».

Pour la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), le guide est une réponse à la « perception caricaturale » d’une France « hostile aux religions » de par sa conception propre de la laïcité et les polémiques régulières qui l'entoure, une image qui « génère souvent des sentiments négatifs envers notre pays ». Il est ainsi conçu comme un livret pratique expliquant ce qu’est la laïcité – et, surtout, ce qu’elle n’est pas – à travers « l’exemple de sa pratique » dans l’institution militaire. Eric Germain, chargé de mission fait religieux & laïcité à la DGRIS, explique :

« Dire que c'est bien au nom de la laïcité que la République salarie dans ses armées des prêtres, des rabbins, des pasteurs et maintenant des aumôniers musulmans ébranle bien des stéréotypes qui pèsent sur notre régime de laïcité, pas uniquement à l'étranger d'ailleurs ».

Et le livret précise :

« La "laïcité militaire" illustre que la République n’est en rien hostile à l’expression publique de sentiments religieux. Afin de garantir la liberté de pratique religieuse dans l’environnement particulièrement contraignant des armées, l’État salarie des aumôniers militaires de quatre cultes – catholique, israélite, protestant depuis 1874 et musulman depuis 2005 ».

Une liste de questions les plus fréquentes y sont recensées :

  • « La laïcité française est-elle hostile aux religions ? »,
  • « La laïcité française est-elle l’expression d’une indifférence absolue de l’État vis-à-vis du religieux ? »,
  • « La laïcité française interdit-elle d’exprimer son identité religieuse dans l’espace public ? »
  • « La République française reconnaît-elle des communautés religieuses ? ».

« Pour le citoyen, la laïcité peut aussi renvoyer à une perception subjective. Mais pour un représentant de l’État, la laïcité ne peut être une opinion. Elle doit être une référence claire et objective, car fondée sur la loi », « la laïcité française est aussi une culture politique, un ensemble de perceptions enracinées dans une histoire longue et singulière ». 

Il faudra envoyer ce livret à la Libre pensée.


La fédération de Moselle de la libre-pensée a trouvé un nouvel os

Capture d’écran 2018-03-16 à 08.13.23Alors qu'on ne l'entend jamais sur les entorses à la laïcité effectués au profit de l'islam, elle a saisi le préfet de Moselle après la publication d'une photo de gendarmes lors d'une cérémonie à l'église en l'honneur de Ste Geneviève. La fédération de Moselle de la libre-pensée y voit (trois mois après l'évènement), « une rupture de la neutralité qui s'impose aux personnels de l'Etat ». José Arias, président de l'association, estime que la présence de gendarmes en uniforme durant un office religieux constitue « une invitation à reconnaître un culte ».

« Que serait-il advenu s'ils avaient participé à une cérémonie bouddhiste ou à un rite maçonnique ? »

Le préfet de la Moselle est renvoyé à l'article L. 4121-2 du Code de défense :

« les opinions ou croyances [...] sont libres. Elles ne peuvent cependant être exprimées qu'en dehors du service et avec la réserve exigée par l'état militaire. Cette règle s'applique à tous les moyens d'expression. Elle ne fait pas obstacle au libre exercice des cultes dans les enceintes militaires ».

Une réponse est en cours. De son côté, la gendarmerie défend cette tradition qui « constitue un marqueur fort de [notre] identité » et rappelle que cette cérémonie à l'église n'est pas obligatoire.


Il est fort probable que la CEDH condamnerait le régime français des congrégations

Rdp_250.300Vincent Cador et Grégor Puppinck ont publié en janvier 2018 un article de doctrine en droit public intitulé « De la conventionnalité du régime français des congrégations », dans la Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger. Les deux auteurs sont docteurs en droit et Grégor Puppinck, directeur de l'ECLJ, est membre du panel d'experts de l'OSCE sur la liberté de conscience et de religion. L'article passe le régime français des congrégations religieuses au crible de la Convention européenne de sauvegarde des libertés fondamentales et des droits de l'homme (la Convention européenne). Ce régime contraignant, dérogatoire au droit commun des associations, est un double héritage de la Révolution française et de la République anticléricale du début du XXe siècle. Il apparaît en décalage avec le processus d’apaisement des relations entre l’État et l’Église depuis les années 1970 et surtout avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme (la CEDH), protectrice de la liberté de religion (art. 9), de la liberté d'association (art. 11) et du principe de non-discrimination (art. 14).

Vincent Cador et Grégor Puppinck expliquent que, dans l’hypothèse d'un litige porté devant la CEDH opposant une congrégation à l’État français, « il est fort probable que les juges strasbourgeois condamneraient le régime français des congrégations, obligeant le gouvernement à faire procéder à sa révision ». Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs s'appuient sur la jurisprudence de la CEDH pour reproduire le raisonnement en trois étapes habituellement utilisé par cette dernière pour trancher les litiges qui lui sont soumis.

Tout d'abord, ils analysent la législation française sur les congrégations comme une ingérence dans les droits à la liberté de religion et à la liberté d'association. Contrairement aux associations de droit commun qui sont tenues à une simple déclaration, l'octroi de la personnalité juridique est pour les congrégations subordonné à un décret après avis conforme du Conseil d’État. De plus, la constitution d'une congrégation est soumise à des conditions particulièrement intrusives et la teneur de ses statuts est encadrée de manière stricte. À titre d'illustration, le Conseil d'État continue d'interdire aux congrégations de mentionner dans les statuts qu’elles doivent joindre à une demande reconnaissance les vœux « solennels », « perpétuels » ou « définitifs » de leurs membres. Une fois constituées, les congrégations subissent un contrôle rigoureux de la part des autorités publiques portant sur leur fonctionnement. Ces contraintes constituent une ingérence de la part de l’État dans la liberté de religion des religieux, qui s'exerce à travers leur liberté d'association et l'autonomie de leur organisation.

Ensuite, les auteurs se demandent si une telle ingérence poursuit un ou plusieurs buts légitimes, au sens des articles 9 et 11 de la Convention européenne. Le gouvernement français, en soumettant les congrégations à un régime dérogatoire, semble considérer qu'elles seraient par elles-mêmes une menace pour la sécurité publique, l'ordre, la santé et la moralité publics ou pour les droits et libertés d'autrui. Or, la pratique et les faits attestent au contraire de l'absence d'une telle menace. Il semble en réalité que les restrictions imposées aux congrégations, plutôt que de répondre à des objectifs légitimes, découlent du positionnement religieux des gouvernements anticléricaux du début du XXe siècle. Or, la jurisprudence de la CEDH exclut toute appréciation de la part de l’État sur la légitimité et les modalités d'expression des croyances religieuses.

Enfin, à supposer même que l'ingérence poursuive un ou plusieurs buts légitimes, les auteurs démontrent qu'elle ne serait pas « nécessaire dans une société démocratique ». En effet, des mesures moins restrictives pourraient être suffisantes pour faire face aux éventuels risques générés par l'existence des congrégations. Le régime des associations de droit commun, s'il était ouvert aux congrégations, n’empêcherait pas l’État de disposer de moyens suffisants et proportionnés pour continuer à surveiller leurs actions et pour prévenir d'éventuelles atteintes à la santé publique ou aux droits et libertés d'autrui. De plus, les lois du 1er juillet 1901 et du 12 juin 2001 contiennent des dispositions permettant de dissoudre une association de droit commun en cas de dérive particulière.

En plus de ce raisonnement en trois étapes, l'article montre que le caractère dérogatoire et contraignant du régime des congrégations constitue en outre une discrimination fondée sur la religion, au sens de l'article 14 de la Convention européenne. Les congrégations sont comparables aux associations de droit commun en tant que groupes de personnes se réunissant en vue d'un objectif commun, et à plus forte raison se rapprochent-elles aussi des associations cultuelles avec lesquelles elles partagent une connotation « religieuse ». Or, la différence de traitement qui existe entre ces groupes présente, en ce qu’elle est dépourvue de toute justification objective et raisonnable, un caractère discriminatoire. Cette discrimination pèse essentiellement sur une religion particulière, à savoir l’Église catholique, comme en témoigne le décret toujours en vigueur du 16 août 1901. En effet, celui-ci indique que la demande d’autorisation de la congrégation doit être accompagnée d'une déclaration par laquelle « l’évêque du diocèse s'engage à prendre la congrégation et ses membres sous sa juridiction » (article 20). Le fait que les représentants d'une seule religion soient mentionnés souligne la volonté de discriminer les catholiques. Même si le statut visé au titre III de la loi de 1901 a été récemment étendu à des congrégations relevant d'autres cultes, il cible donc avant tout les catholiques, et l'immense majorité des congrégations reconnues sont de fait catholiques. Le régime des congrégations révèle ainsi une discrimination religieuse dans la jouissance des droits à la liberté d'association et à la liberté de religion.

Le statut des congrégations n'est pas le seul héritage de l'histoire française posant des difficultés au regard de la liberté de religion telle que protégée par le droit européen. C'est, par exemple, également le cas de l'interdiction d'enseigner dans les écoles maternelles et primaires publiques dont sont victimes les religieux depuis la loi Goblet du 30 octobre 1886. En effet, le Code de l’éducation énonce toujours que « dans les établissements du premier degré publics, l'enseignement est exclusivement confié à un personnel laïque » (article L 141-5). Cette exclusion des religieux de l'exercice d'un métier peut être considérée, à la lumière de la jurisprudence de la CEDH, comme une autre discrimination fondée sur la religion.

Vincent Cador et Grégor Puppinck se réjouissent de l'évolution des dernières décennies favorable à la liberté de religion en France. Ils appellent à profiter de ce contexte moins conflictuel pour protéger encore davantage cette liberté, conformément à la jurisprudence de la CEDH. En particulier, selon eux, il serait sage et opportun de faire évoluer en douceur le régime français des congrégations religieuses, sans attendre une éventuelle condamnation européenne.


Le diocèse de Vannes lance une souscription pour sauver la statue de Jean-Paul II

Suite au vote du conseil municipal de Ploërmel de la vente la statue de jean-Paul II et comme la loi interdit "aux personnes publiques de consentir des libéralités", le diocèse de Vannes lance une souscription pour financer son acquisition à hauteur de 97 000€. Mgr Centène explique :

3588931472"Le 25 octobre 2017 le Conseil d’Etat enjoignait à la municipalité de Ploërmel de supprimer la croix dominant la statue de saint Jean Paul II érigée sur un terrain communal, en application de la loi du 9 décembre 1905. Cette décision a suscité de nombreuses critiques bien compréhensibles tant aux niveaux local et national qu’international : cette affaire était devenue un symbole de crise religieuse et culturelle de l’identité française.

Le diocèse de Vannes n’était pas engagé dans ce différend opposant la Fédération morbihannaise de la libre pensée à la commune de Ploërmel mais ne pouvait pas rester insensible à cette situation.

C’est pourquoi le diocèse a pris l’initiative de racheter la statue de saint Jean Paul II pour :
* restaurer la concorde,
* assurer la visibilité de la croix comme symbole chrétien au cœur de la cité,
* préserver l’intégrité de l’œuvre, en la déplaçant en totalité dans un emplacement très proche de son lieu actuel,
* être en conformité avec la loi.

En réponse à cette initiative, la délibération du 1er mars 2018 du conseil municipal de Ploërmel a décidé de vendre la statue de saint Jean Paul II, œuvre de M. Zurab TSERETELI, à l’association diocésaine de Vannes.

Afin que cette statue soit un signe efficace du témoignage de foi qu’a incarné saint Jean Paul II, le diocèse va aménager pour l’accueillir, face à l’école du Sacré-Cœur, un espace cultuel de recueillement et de prière dédié à saint Jean Paul II.

Cet espace répondra ainsi au vœu de tous ceux qui se sont mobilisés au cours de ces derniers mois pour maintenir présents, visibles et vivants les signes chrétiens légués par notre Histoire.

Pour financer ce programme d’aménagement, d’entretien, de promotion et de communication de l’« espace saint Jean Paul II », le diocèse lance une souscription « Sauvons la statue de saint Jean-Paul II ». Tous les détails en sont présentés sur son site Internet www.vannes.catholique.fr.

Nous remercions d’avance toutes les personnes qui, en contribuant à cette souscription, exprimeront la vitalité des racines chrétiennes de notre civilisation."

Vous pouvez faire un don en ligne ici. C'est simple et efficace.


Ploërmel : la statue de Jean-Paul II vendue au diocèse sera déplacée

Unknown-21Le conseil municipal de Ploërmel a voté jeudi soir à l'unanimité, moins trois abstentions, la cession de la statue de Jean-Paul II, installée sur un parking public depuis plus de douze ans. Le diocèse de Vannes deviendra propriétaire de ce monument, offert en 2006 à la ville de Ploërmel par l'artiste russe Zourab Tsereteli. Le prix de son acquisition a été fixé à 20 000 euros.

Une fois vendue, la statue devrait être déplacée de quelques dizaines de mètres, aux frais de l'Église, vers le terrain adjacent du collège privé catholique du Sacré-Coeur, où elle restera visible à partir de l'espace public.

Cette manoeuvre fait suite à la décision du Conseil d'Etat, saisi par les laïcards, qui a ordonné le retrait de la croix mais pas de la statue, alors que les deux éléments constituent le monument.


Il ne peut y avoir d’islam de France comme d’Eglise catholique de France

A propos de l'organisation de l'islam de France, le père Michel Viot demande la révision de la loi de 1905 :

Nombre-de-mosquees-en-France-par-departement-1985-2006"[...] Tout d’abord, j’ajoute être perplexe devant certaines expressions comme « islam de France » ou « Grand imam de France ». L’imam dans le sunnisme n’est en effet que le simple conducteur de la prière rituelle (salat), rôle qui peut être tenu par n’importe quel musulman. Les mosquées ont généralement un imam permanent, qui donne de plus les sermons lors de la prière du vendredi, assumant alors un rôle supplémentaire de prédicateur. Il peut de plus être le recteur de la mosquée, en en assumant la direction fonctionnelle. Par mimétisme, par égalitarisme républicain et par ignorance de l’islam, les non musulmans se fourvoient donc à considérer l’imam à l’équivalence d’un prêtre. Notamment pour ce qui relève de son influence réelle vis-à-vis de ses fidèles. Que serait alors ce « grand imam » souhaité par certains ? Un « cardinal-imam » ? Un « archi-imam » ? Et pourquoi pas un ayatollah ? Ces concepts n’ont pas de sens dans l’islam sunnite. [...]

C’est pourquoi j’approuve la remise en cause de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905, ce spectre omniprésent dans la majorité des foyers politiques, sans oublier les Églises, temples et synagogues ! C’est dire que depuis 1905 ce fantôme mène grand train, il est intouchable et sacré, sème toujours la crainte, au point que pour les yeux qui osent rester ouverts devant lui, il ne suscite dans la majorité des cas que des regards de bovins ! Ainsi un de nos anciens présidents qui se voulait à la pointe de l’esprit républicain et d’une laïcité qui lui serait consubstantielle n’hésitait-il pas à qualifier cette loi de « colonne du Temple » ! Il lui donnait ainsi, par la formule qu’il employait, une connotation religieuse ! La Laïcité-laïcisme était devenue la religion de la République, la loi qui la mettait en place était donc sacrée. Quiconque manifesterait l’intention d’y changer quoi que ce soit, ou pire, de la remettre complètement en cause ferait s’écrouler « le Sanctuaire ». [...]

Pas plus qu’elle ne convient à l’Eglise catholique (Pie X et Pie XI ont condamné cette loi d’une manière définitive, on l’oublie trop souvent), la loi de 1905 ne convient à la communauté musulmane. Déjà se pose la question préalable du droit pour l’Etat de l’organiser et même de se mêler de son organisation. Cette loi lui ôte toute prétention dans ce domaine. S’il persévère à vouloir agir, ce que je souhaite, il doit donc l’abolir. Et pour cela passer par le Congrès car il s’agit d’une loi constitutionnelle. Cela vaudra pour toutes les religions existant sur le sol français ! La liberté religieuse n’en souffrira nullement. Qu’on s’informe auprès de nos frères d’Alsace Moselle ! Mais, je l’ai dit, il serait aventureux de travailler à un nouveau Concordat. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut le supprimer là où il existe. Il est au contraire nécessaire de l’y laisser tant qu’on n’aura rien de proposer d’autre que la loi de 1905. Il faut donc maintenir en place ce qui existe, ce qui signifie aussi qu’il ne saurait être question d’étendre cette législation aux musulmans dont les communautés n’ont pas le même passé en France que celles qui vivent sous régime concordataire dans ces deux départements. [...]

Le but à atteindre aujourd’hui est une simple loi de réglementation des relations entre les Églises et l’Etat, en donnant au mot d’Église son sens premier d’assemblée, ce qui recouvre les différentes communautés religieuses vivant en France. On pourrait aussi dire « Loi de réglementation des relations entre les religions et l’Etat. ». Ses deux préoccupations majeures seraient de préserver l’indépendance de l’Etat par rapport à toute influence religieuse, et par la même son autorité ainsi que de permettre aux différentes religions pratiquées sur le territoire qu’il contrôle de vivre conformément à leurs principes, en paix avec les autres et sans nuire à l’ordre public. Et il conviendrait effectivement de commencer par la communauté musulmane parce qu’il y a urgence et que sa présence nouvelle sur le territoire national requiert des dispositions particulières. Avant toute discussion, il serait pertinent d’interroger les français musulmans en s’inspirant des douze questions posées aux Juifs de France par l’empereur Napoléon en 1807 (avec quelques adaptations) avant la création du Consistoire israélite.

Ensuite, il semble incontournable de prendre en compte le caractère universel de l’islam tout comme le fait qu’il n’est pas seulement une religion mais aussi et d’abord une loi, comme l’atteste l’immense majorité des musulmans dans le monde, loi explicitée dans les différents codes juridiques des écoles de l’islam sunnite, et qu’on appelle charia. Il ne peut donc y avoir d’islam de France comme d’Eglise catholique de France. On ne devrait parler que d’un islam en France, qui devrait, tout comme l’Eglise catholique le fait avec son code de droit canon, donner obligatoirement priorité aux lois de l’Etat pour tout ce qui concerne la vie dans la cité. Mais on devrait prévoir des cas d’objection de conscience pour certaines lois relativement récentes, brisant le consensus historique entre République et foi chrétienne fondé par Jules Ferry lorsqu’il évoquait la « bonne vieille morale de nos pères » comme exemple et référence pour la morale laïque républicaine. On vote désormais des lois blessant gravement les convictions religieuses et philosophiques, comme l’obligation pour un officier d’état civil de célébrer un « mariage » entre personnes de même sexe, ou celle pour un étudiant en médecine d’assister ou de participer à certains actes qualifiés de médicaux, comme l’avortement.

Cette organisation du culte musulman en France devra être l’occasion pour le pouvoir d’affirmer la primauté du droit national pour ce qui relève en particulier des éléments suivants au sujet desquels s’est instauré un laisser-faire scandaleux de la part des autorités :

  • Statut de la femme : hommes et femmes sont égaux en France ; la communauté musulmane devra proclamer cette égalité
  • Statut de l’apostat et protection de la liberté de conscience : la France est étymologiquement le « pays des hommes libres », libres en particulier dans leurs consciences
  • Règles du mariage : hommes et femmes peuvent se marier en France quelles que soient leurs religions ; en particulier, les femmes musulmanes ont le droit, en France, d’épouser des non-musulmans. En outre, les autorités musulmanes devront s’engager à ne célébrer des mariages religieux qu’après les mariages civils au risque des mêmes peines que celles encourues par les ministres des autres religions pratiquées sur le territoire français.
  • Règles d’héritage et autres différends judiciaires : le seul droit reconnu en France est le droit français ; il n’y a pas de place en France pour l’application de législations parallèles issues de la charia dans des tribunaux parallèles (comme c’est le cas dans de nombreuses mosquées)
  • Les responsables de la communauté musulmane devront condamner tout encouragement au jihad, en considérant comme criminel le jihad armé conduisant à la guerre sainte et au terrorisme, le jugeant passible des tribunaux de la république. Ils devront donc s’engager à refuser aux jihadistes tués les prières religieuses publiques de même qu’aux terroristes.

La charia vécue en France ne saurait donc regarder que la seule vie religieuse et ne comporter que des peines de nature religieuse. Les musulmans doivent comprendre qu’en France, le mot de « religion » n’a pas le même sens que le mot de « dîn » employé par la tradition musulmane (qui recouvre le comportement religieux), et donc que leur liberté religieuse, selon leur conception du mot de « religion » ne saurait être totale. Je sais que cela heurtera directement la conception islamique de la fusion du religieux et du politique. Une telle fusion est incompatible avec l’agrégation à la communauté française, parce que contraire à sa civilisation. Si la communauté musulmane de notre pays ne la remettait pas clairement en cause et ne s’accordait pas sur une définition claire de distinction des deux pouvoirs, elle provoquerait les plus grands doutes sur sa possibilité d’exister en France.

[...] Bien sûr, l’Etat n’a pas vocation à donner une interprétation religieuse à un texte religieux, voire à cautionner une interprétation plutôt qu’une autre. Mais il a le droit et même le devoir de vérifier que les textes régissant la vie d’une association, quelle qu’elle soit, n’appellent pas à des troubles à l’ordre public. Le ministère de l’intérieur possède des services compétents pour cela. Concernant les passages du Coran et des textes traditionnels qui posent problème, ces services ne devraient pas manquer de poser au conseil français du culte musulman des questions nécessitant des réponses claires quant au comportement citoyen des personnes faisant profession de foi musulmane. Elles devront être conformes au droit français sur la liberté religieuse.

Un moratoire sur la construction de mosquées, à savoir l’interdiction absolue d’ouvrir de nouveaux chantiers, devrait être immédiatement imposé par l’Etat tant que la communauté musulmane, ou les communautés musulmanes, ne se seront pas exprimée et n’auront pas avancé dans le sens de la structuration voulue. En attendant on aura recours à des salles de prières. Pendant cette période transitoire, leur financement serait examiné au cas par cas, sous l’autorité des préfets. [...]"


Crèche du conseil départemental de Vendée : rejet du pourvoi de la Libre Pensée

La Fédération de la Libre-Pensée de Vendée s'était pourvu devant le Conseil d'Etat, suite au jugement de la Cour administrative d’appel de Nantes, autorisant la crèche de la Nativité installée dans les locaux publics du conseil départemental.

Le Conseil d’Etat a rendu sa décision le 14 février :

Unknown-28"Ainsi, la loi du 9 décembre 1905, qui a pour objet d'assurer la neutralité des personnes publiques à l'égard des cultes, s'oppose à l'installation par celles-ci, dans un emplacement public, d'un signe ou emblème manifestant la reconnaissance d'un culte ou marquant une préférence religieuse. Elle ménage néanmoins des exceptions à cette interdiction. Est notamment réservée la possibilité pour les personnes publiques d'apposer de tels signes ou emblèmes dans un emplacement public à titre d'exposition. Une crèche de Noël est une représentation susceptible de revêtir une pluralité de significations. Il s'agit en effet d'une scène qui présente un caractère religieux, mais aussi d'un élément faisant partie des décorations et illustrations qui accompagnent traditionnellement les fêtes de fin d'année, sans signification religieuse particulière. Eu égard à cette pluralité de significations, l'installation d'une crèche de Noël, à titre temporaire, à l'initiative d'une personne publique, dans un emplacement public, n'est légalement possible que lorsqu'elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d'un culte ou marquer une préférence religieuse.

Pour apprécier si l'installation d'une crèche de Noël présente un caractère culturel, artistique ou festif, ou si elle exprime la reconnaissance d'un culte ou marque une préférence religieuse, il y a lieu de tenir compte non seulement du contexte, qui doit être dépourvu de tout élément de prosélytisme, des conditions particulières de cette installation, de l'existence ou de l'absence d'usages locaux, mais aussi du lieu de cette installation.

Au regard du lieu de l'installation, la situation est différente, selon qu'il s'agit d'un bâtiment public, siège d'une collectivité publique ou d'un service public, ou d'un autre emplacement public. Ainsi, dans l'enceinte des bâtiments publics, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, le fait pour une personne publique de procéder à l'installation d'une crèche de Noël ne peut, en l'absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être regardé comme conforme aux exigences qui découlent du principe de neutralité des personnes publiques. A l'inverse, dans les autres emplacements publics, eu égard au caractère festif des installations liées aux fêtes de fin d'année notamment sur la voie publique, l'installation à cette occasion et durant cette période d'une crèche de Noël par une personne publique est possible dès lors qu'elle ne constitue pas un acte de prosélytisme ou de revendication d'une opinion religieuse.

Par la décision du jour, le Conseil d’État refuse, au terme de la procédure préalable d’examen des pourvois en cassation, d’admettre, pour l’instruire, le pourvoi formé par la Fédération de la libre pensée de Vendée.

Statuant comme juge de cassation, il n’appartient pas au Conseil d’État, en principe, de remettre en cause les constats de faits effectués par les juges du fond dans l’exercice de leur pouvoir souverain. Dans ces conditions, le Conseil d’État a estimé que les moyens du pourvoi qui tendaient à remettre en cause directement ou indirectement l’appréciation souveraine des juges du fond n’étaient pas de nature à justifier son admission."


Restauration de la basilique Sainte-Jeanne-d’Arc à Domrémy

Lu sur Vosges Matin :

Basilique_Sainte_Jeanne_d'Arc_-_Domremy-La-Pucelle"727 655,82 €. Tel est le montant de la première tranche des travaux qui débuteront courant mars en la basilique Sainte-Jeanne-d’Arc à Domremy-la-Pucelle. Des travaux dits d’urgence qui concernent le dôme, le chœur, la nef, les versants Est et Ouest du transept de l’édifice, ainsi que la réfection de l’installation électrique intérieure et le joug des cloches. « Le bâtiment est malade. Nous avons notamment constaté des fuites d’eau au niveau du dôme », souligne Jackie Frémont, délégué départemental de la Fondation du patrimoine.

Le projet est soutenu à hauteur de 30 % par la Région Grand Est et 40 % par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Pour boucler le budget, le Diocèse, propriétaire de l’édifice, compte sur le soutien des particuliers. Un appel au mécénat populaire vient en effet officiellement de démarrer, initié par la Fondation. [...]"


Le principal moteur de la Révolution française fut la haine contre le christianisme

Extrait de l'homélie du père Michel Viot, lors de la Messe de requiem pour Louis XVI – 20 janvier en St Germain L’Auxerrois à Paris : 

DUDvv0XX0AAD6EK"[...] Nous ne sommes plus très nombreux, aujourd’hui en France, à continuer à suivre Jésus. Et si nous nous tournons vers le passé, comme la messe de ce jour nous y invite, nous verrons que cet abandon du Christ ne date pas d’hier. C’est une des causes majeures du crime-sacrilège du 21 janvier 1793, dont les origines remontent bien avant le règne de Louis XVI, avec les philosophes dits des Lumières. Leur littérature est pleine de moqueries en tout genre sur les mystères chrétiens, en particulier celui de l’Eglise et de l’Eucharistie. Voltaire, parmi d’autres, en constitue un exemple d’une clarté luciférienne ! Et j’irai même jusqu’à dire que le principal moteur de la Révolution française fut la haine contre le christianisme, et tout particulièrement l’Eglise catholique parce qu’en elle seule subsiste la plénitude de l’Eglise du Christ. Et de cela, nos adversaires en sont hélas souvent plus persuadés que nous, inconsciemment ou consciemment, tout comme les démons qui pendant le temps de l’incarnation en savaient plus sur Jésus que ses propres disciples ! Et comme par hasard, l’antichristianisme de la Révolution manifesté dès ses débuts, est caché soigneusement dans l’enseignement scolaire, surtout depuis qu’au début du siècle dernier, les disciples idéologiques de Robespierre ont repris le pouvoir, en 1902 avec Émile Combes. A défaut de manipuler le catholicisme, grâce aux articles organiques du Concordat, jamais acceptés par Rome, et ne voulant pas créer une nouvelle religion civile du style de l’Etre Suprême, ils séparèrent les églises de l’Etat, plaçant l’Eglise catholique, en particulier, dans une situation intenable. Je ne puis ici entrer dans les détails pour le prouver. Je ne fais que rappeler les idéaux qui présidèrent à la loi de 1905, créatrice de cette laïcité à la française, un pilier du temple, disait même un de nos anciens présidents de la République, pilier que d’aucuns voudraient renforcer aujourd’hui ! On nous dit officiellement que c’est pour lutter contre l’islam radical, et parmi ceux qui pensent cela, je ne doute pas de la sincérité de quelques-uns, mal informés ou naïfs. Mais pour beaucoup, c’est encore pour museler un peu plus l’Eglise catholique, ennemie de toujours de l’Argent Roi, Mammon comme aurait dit Jésus ! Et les objections du catholicisme sont aujourd’hui de même nature contre une mondialisation à outrance, vis-à-vis de ceux qui veulent monter d’un cran dans l’idolâtrie : l’Argent Empereur divinisé, le Caesar Kyrios des romains !

Cela dit, et pour qu’on ne se méprenne pas sur mon propos, quand j’ai évoqué le 21 janvier 1793 et qualifié le crime commis ce jour là de sacrilège, cela ne signifie nullement que nos rois étaient des dieux ! Mais par les onctions qu’ils recevaient à Reims, ils devenaient lieutenants de Dieu, sorte d’évêques laïcs face aux évêques clercs : ce fut la grande époque de la vraie laïcité à la française, l’Eglise et l’Etat travaillant ensemble au bien commun, sans tutelle de l’une sur l’autre, sans règles de soumission écrites en détail, sans cette alliance du trône et de l’autel que le premier Consul Bonaparte fut contraint d’inventer pour rétablir rapidement la paix civile et religieuse en France après les horreurs de la révolution ! Avant cette catastrophe, l’Eglise et l’Etat vivaient en union libre ; avec le Concordat, ce fut un mariage de raison qui n’aurait dû être qu’une étape, nécessaire je le répète, mais elle dura un siècle ! Et soyons juste, tant qu’il y eu de la bonne volonté de part et d’autre, et il y en eu, le mariage eut plus d’avantages que d’inconvénients, et cela pour les deux parties concernées. Mais j’en reviens à la situation antérieure à 1789, non pas parce qu’il faudrait la reproduire à l’identique, dans le cadre d’une restauration de la royauté à laquelle personnellement j’aspire, comme un certain nombre d’entre vous présents ici ce matin. Mais parce qu’il serait nécessaire de s’en inspirer et éventuellement adapter, à la manière du dernier sacre en 1825, en renonçant, Concordat obligeant, à la formule du serment royal comportant l’engagement de bannir les hérétiques du royaume. C’est le sens d’exterminare en français ! Je rappelle d’ailleurs qu’ Henri IV, Louis XIII et Louis XVI prononcèrent ce serment sans jamais le mettre à exécution ! Mieux, notre roi martyr promulgua un édit de tolérance pour les protestants en 1787, et se préparait à faire la même chose pour les juifs.

Cela dit, je donnerai un seul exemple de l’ancien sacre, illustrant ce que n’aurait jamais dû cesser d’être la vraie laïcité à la française, une monition, qui, à ma connaissance n’a jamais été supprimée du rituel du sacre, et en en prenant connaissance, vous comprendrez qu’elle garde aujourd’hui toute sa pertinence. Je l’ai prise parmi celles que prononce l’Archevêque, au moment de la remise de la couronne, et ce dans la liturgie du sacre de Charles V en 1364 : « Reçois, dis-je, la couronne, comprenant qu’elle signifie gloire et honneur de sainteté et œuvre de vaillance ; tu n’ignores pas que par elle Tu participes à notre ministère. Ainsi que nous entendons être, sur le plan spirituel, pasteurs et recteurs des âmes, que tu te tiennes debout contre toutes les adversités, en défenseur de l’Eglise du Christ et du royaume qui t’est donné par Dieu ; que par l’office de notre bénédiction, en successeurs des apôtres et de tous les saints, tu apparaisses toujours le souverain bénéfique, accomplissant ce qui est utile au gouvernement qui t’est confié… ». Vous avez donc entendu qu’au moment de la remise de la couronne l’Archevêque dit au roi qu’il participe au ministère des évêques. Écoutons alors ce que l’évêque consécrateur expliquait au nouvel évêque auquel il imposait la mitre, et ce dans l’ancienne liturgie puisque la nouvelle est muette sur ce rite : « Nous mettons, Seigneur, sur la tête de cet évêque, qui doit combattre pour vous, un casque de défense et de salut , afin que, par cet ornement de son visage et cette armure de tête, qui représente la double force qu’il doit tirer de l’un et l’autre Testament, il paraisse redoutable aux ennemis de la vérité, et qu’il les surmonte par la grâce que vous lui accorderez … ».

Le lien entre pouvoir spirituel et temporel est donc très clair ! C’est celui du combat ! Mitre et couronne sont de véritables casques qui suggèrent le combat et l’attention qu’il requiert à tous les instants. Ce ne sont jamais des bonnets de nuit, même de luxe ! L’ancienne France considérait à juste titre qu’il ne saurait y avoir gouvernement des hommes sans référence spirituelle, mais que l’exercice des deux pouvoirs devait être distinct dans les personnes. Ce pourquoi le début de l’article 2 de la loi de 1905 : « La République ne reconnaît aucun culte. » et la suite, constitue bien un défi au bon sens, tout comme une affirmation contraire à la foi catholique parce que condamnée comme toute la loi dès 1906, par le Pape Saint Pie X dans l’encyclique « Vehementer nos. ». Je n’en donne ici qu’un seul extrait montrant le caractère hérétique de cette loi : « Qu’il faille séparer l’Etat de l’Eglise, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur. Basée, en effet, sur ce principe que l’Etat ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d’abord très gravement injurieuse pour Dieu, car le créateur de l’homme est aussi le fondateur des sociétés humaines et il les conserve dans l’existence, comme il nous soutient. Nous lui devons donc non seulement un culte privé, mais un culte public et social, pour l’honorer. ». [...]

Comment pourrait-on donc croire que des hommes qui se réclament des idéaux de 1789, puissent défendre aujourd’hui cette même civilisation face au terrorisme islamiste qui relève des mêmes aberrations que celles des jacobins ! Soyons précis, je ne demande pas au pouvoir politique, surtout à celui de notre république qui se réfère toujours à 1789, d’aider l’Eglise à prêcher l’Evangile et à enseigner le catéchisme, lui qui depuis 1968 jusqu’à maintenant ne sait même plus apprendre à lire et à compter à nos enfants de l’école primaire et cautionne toujours des enseignements tronqués de l’histoire de France, en particulier pour la période de la révolution. Bref, je ne lui demande pas, pour reprendre le texte de l’Evangile qui a servi de point de départ à notre méditation, de nous donner la main pour que nous ne perdions aucun de ceux que le Christ nous a confiés. Cela ne peut être demandé qu’à un roi catholique, sacré ! Je mets simplement sous les yeux de ceux qui nous gouvernent, comme sous les vôtres, la profonde désunion des français et leur appauvrissement spirituel sans cesse croissants depuis la mort de Louis XVI, et je demande avec force qu’on abandonne cette sottise criminelle autant qu’imbécile qui consiste à faire croire que la laïcité est la réponse aux deux grands défis qui nous sont lancés aujourd’hui : le radicalisme musulman qui dans ce pays gagne de plus en plus de terrain, et le risque d’asservissement économique de la France, parce qu’avec d’autres, elle a raté l’Europe. Si ces deux défis se sont aggravés, c’est parce qu’on a tout sacrifié à l’argent et qu’on s’est borné à une analyse matérialiste des événements. On a méprisé les forces spirituelles qui ont fait la France, en particulier l’Eglise catholique. Pendant le calamiteux dernier quinquennat, des sommets furent atteints ! Que ce soit par la dérision des médias, des lois s’opposant frontalement à l’enseignement de l’Eglise, des spectacles prétendument artistiques mais très certainement blasphématoires, bref on n’a rien négligé pour que se disperse le troupeau du Seigneur.

Qu’est-ce que cette laïcité qui fête officiellement le ramadan dans certaines mairies et supprime les crèches de Noël ? Qui tolère des expositions de crucifix dans des bocaux d’urine, qui ne fait pas sanctionner les intrusions de femens dans les églises et qui devant les attentats islamistes se met à discourir sur le bon et le mauvais islam. D’où venait au président Hollande cette science d’imam auto proclamé pour parler d’islam dévoyé ? Espérons que tout cela aura servi de leçon et que désormais on se souviendra un peu plus des racines chrétiennes de la France pour guérir ses maux. Et aussi, disons le clairement que l’Eglise aura à cœur de remplir son rôle avec courage et de sortir de sa frilosité ! S’il n’y a pas rapidement, en France et en Europe un sursaut chrétien, nous allons revivre des événements du type de ceux qui ont entouré le drame du 21 janvier 1793. Le roi l’avait prévu en proclamant du haut de l’échafaud qu’il souhaitait que son sang ne retombe jamais sur la France ! Depuis cette date, dont aucune autorité française ne s’est jamais repentie, sauf pendant la période de la restauration, le sang français n’a cessé de couler à la suite de celui de son roi. La conversion de la France doit plus que jamais être le sujet de nos prières, le retour au catholicisme d’une majorité de ses citoyens est une nécessité, d’une part pour freiner, voire arrêter son déclin et permettre le retour à la royauté constitutionnelle telle qu’elle avait heureusement commencé dès 1814. Ce fut la première expérience sérieuse du parlementarisme en France, on l’oublie trop souvent. [...]"


Croix, crèche et crucifix. La République laïque contre les symboles chrétiens ?

La Revue des Amis de la Fraternité Saint-Pierre, Tu es Petrus, est un trimestriel illustré d'une centaine de pages, pour un public non spécialiste, qui  propose à ses lecteurs des articles d'analyse de l'actualité, tant sur les grandes questions de société que sur la vie de l'Eglise, des articles de doctrine, de nombreuses recensions et pistes de lecture. De nombreux prêtres et religieux mais également des laïcs à la compétence reconnue y contribuent. Extrait d'un article du numéro de cet hiver, du Pr. Cyrille Dounot :

Capture d’écran 2018-01-08 à 19.45.17"Le Conseil d’État, dans deux arrêts du 9 novembre 2016, a entendu trancher le sort des crèches de Noël installées par les personnes publiques. […]

Les deux affaires dirimées par le Conseil d’État concernent des installations de crèches par des personnes publiques, l’une par le conseil départemental de Vendée dans le hall d’entrée de l’hôtel départemental, l’autre par la commune de Melun dans la cour intérieure de l’hôtel de ville. Dans ces arrêts d’assemblée, le motif de droit soulevé est identique, l’atteinte au principe de neutralité des personnes publiques découlant du principe de laïcité. Dès lors que les interdictions d’apposer des symboles religieux « ont pour objet d’assurer la neutralité des personnes publiques à l’égard des cultes », elles « s’opposent à l’installation par celles-ci, dans un emplacement public, d’un signe ou emblème manifestant la reconnaissance d’un culte ou marquant une préférence religieuse ».

Le Conseil n’ignore pas qu’il existe des exceptions ménagées à cette interdiction, notamment « la possibilité pour les personnes publiques d’apposer de tels signes ou emblèmes dans un emplacement public à titre d’exposition ». Cependant, ce n’est pas à une telle dérogation que songe l’assemblée du contentieux, qui ne cherche pas à enserrer l’exposition d’une crèche dans un cadre dérogatoire prévu par la loi. Elle préfère élaborer un ensemble de critères d’appréciation, orientés par la « pluralité de significations » qu’est susceptible de revêtir une crèche de Noël[1]. En somme, la crèche comme symbole religieux tombe sous le coup de l’interdiction d’apposition déterminée par l’article 28 de la loi de 1905, mais la crèche comme symbole festif peut intégrer le champ légal des exceptions[2].

Pour évaluer l’alternative, le Conseil d’État édicte une série de critères à la fois flous et inédits. Afin de déterminer si la crèche présente « un caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d’un culte ou marquer une préférence religieuse », la haute juridiction reprend la méthode du faisceau d’indices, et décide qu’« il y a lieu de tenir compte non seulement du contexte, qui doit être dépourvu de tout élément de prosélytisme, des conditions particulières de cette installation, de l’existence ou de l’absence d’usages locaux, mais aussi du lieu de cette installation ».

De ces quatre sous-critères imaginés afin de départager le cultuel du culturel, le quatrième critère est le plus étonnant, puisque faisant dépendre la conformité de la crèche au regard du principe de laïcité du lieu d’installation de la crèche. Ce critère est même le critère principal servant à éclairer les juges. Tout laisse à croire que ce critère sur mesure vient opportunément répondre aux faits présentés à sa juridiction. En effet, le Conseil d’État oppose deux types de bâtiments publics, différenciation inouïe et absente de la loi. Dans les premiers, sièges de collectivités publiques, « le fait pour une personne publique de procéder à l’installation d’une crèche de Noël ne peut, en l’absence de circonstances particulières permettant de lui reconnaître un caractère culturel, artistique ou festif, être regardé comme conforme aux exigences qui découlent du principe de neutralité des personnes publiques ». Il s’agit donc d’une présomption de contravention à la laïcité, affectant la neutralité de la personne publique. L’installation d’une crèche fait présumer la reconnaissance d’un culte, que seule pourrait renverser l’application conjointe des trois premiers critères du faisceau d’indices. À l’inverse, « dans les autres emplacements publics, eu égard au caractère festif des installations liées aux fêtes de fin d’année notamment sur la voie publique, l’installation à cette occasion et durant cette période d’une crèche de Noël par une personne publique est possible, dès lors qu’elle ne constitue pas un acte de prosélytisme ou de revendication d’une opinion religieuse ». Ici, la présomption emporte caractère culturel de la crèche, et donc sa conciliation avec la neutralité de la personne publique, sauf à montrer qu’elle a un caractère religieux assumé. Ce régime juridique, complexe et ambigu, risque d’entraîner de nouveaux contentieux, mais surtout, il porte la marque de sa conception ad hoc.

La première application qui en a été faite, par la Cour administrative d’appel de Marseille le 3 avril 2017, a suivi cette pente laïcarde[3]. La possibilité théorique laissée par le Conseil d’État fait place, en pratique, à une annulation quasi systématique des délibérations portant installation de crèches (Melun, Béziers, Hénin-Beaumont, Lyon). Il s’est même trouvé des juges du fond pour reconnaître l’urgence de l’atteinte portée aux libertés publiques par l’exposition d’une crèche en feutrine de quelques centimètres de haut à Paray-le-Monial[4]. Seul un arrêt de la Cour administrative d’appel de Nantes est favorable à la crèche installée dans le hall du Conseil départemental de Vendée.

Quant à la décision concernant la croix surmontant la statue de Jean-Paul II à Ploërmel, les juges ont considéré que la commune ne pouvait pas se prévaloir « du caractère d’œuvre d’art du monument ». Dans le même temps, d’autres juges relaxaient pour la seconde fois la « performeuse » Deborah De Robertis du délit d’exhibition sexuelle, au motif que sa démonstration revêtait le caractère d’un « acte militant et artistique »…

À cet égard, il convient de souligner l’existence d’une certaine hémiplégie de la laïcité française. La justice administrative s’acharne sur la représentation de la Nativité, courante en Occident depuis saint François d’Assise, mais adoube le port d’un vêtement islamique (affaire du « burkini »)[5], la location de salles communales pour le ramadan[6], l’affectation de locaux municipaux servant d’abattoir temporaire pour l’Aïd-el-Kébir[7], les aides publiques à l’abattage « halal »[8], les repas communautaires (sans porc ou « halal ») dans les cantines municipales ou carcérales[9] ou encore les horaires séparés dans les piscines publiques… Le Conseil d’État, dans ces affaires de crèches, a préféré inventer une série de critères peu maniables qu’appliquer simplement la loi de 1905, dont l’art. 28 permet l’exposition temporaire d’emblèmes religieux. Cela lui permet de rejeter de l’espace public les figurations de la Nativité. Il est ainsi fidèle à cette laïcité à la française qui présente, tel Janus bifrons, deux têtes, l’une « ouverte », l’autre « fermée », qui en réalité ne font qu’une. La tête ouverte est celle de la galerie, la tête fermée celle du prétoire. La laïcité reste en définitive une arme potentielle de la République contre les symboles chrétiens, contre la tradition religieuse de l’Occident. Loin d’apaiser les rapports du spirituel et du temporel, elle marque à nouveau la toute-puissance de César, ne permettant pas même à Dieu de se montrer petit enfant nu et couché dans la paille au sein d’un bâtiment public.

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400 € d'amende pour avoir brandi un exemplaire de Valeurs actuelles

6a00d83451619c69e201b8d2be042c970c-320wiNous avions relayé le harcèlement judiciaire subi par Claudine Dupond-Tingaud, militante historique de la droite nationale, pour avoir brandi un exemplaire de Valeurs actuelles le 11 novembre dernier à Quimper. Elle avait même subi 5 heures de garde à vue !

La justice a rendu son verdict et, en plus d'un rappel à la loi, elle a reçu une amende de 400 € pour "outrage à agent public". Voici la réaction de ses proches :

"Il est bien évident que le droit à la libre expression est une nouvelle fois bafoué car c’est bien le « rappel » à la vigilance de nos concitoyens, tous qu’ils le veulent ou non de culture chrétienne face à l’islam déjà omniprésent par des milliers de migrants en Europe, qu’elle voulait exprimer et qu’il s’agissait d’étouffer sous commandement du préfet du Finistère !

Ce jour-là, 11 Novembre, particulièrement cher à son cœur – puisqu’anniversaire de celui de 1940 où son père, Jacques Dupont, fut arrêté et emprisonné pour avoir, avec ses camarades monarchistes, participé à la première manifestation de résistance à l’occupant sous l’Arc de Triomphe à Paris – elle voulait donc rappeler, sous la protection sacrée des tombes des anciens combattants morts pour la patrie dont on évoquait le sacrifice, que d’autres « combats » devaient être menés par les futurs combattants présents ce jour-là et à l’écoute des interventions officielles appelant à une paix qui ne peut exister qu’après avoir gagné les guerres, celles passées comme celles à venir…