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Dieu seul peut nous donner le vrai bonheur

Du pape François lors de l'Angélus hier :

Cq5dam.thumbnail.cropped.750.422"Ce premier dimanche de carême, l’Evangile rappelle les thèmes de la tentation, de la conversion et de la Bonne nouvelle.

L’évangéliste Marc écrit: « L’Esprit poussa Jésus au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan » (Mc 1,12-13). Jésus va au désert pour se préparer à sa mission dans le monde. Il n’a pas besoin de conversion, mais, en tant qu’homme, il doit passer par cette épreuve, pour lui-même, pour obéir à la volonté du Père, comme pour nous, pour nous donner la grâce de vaincre les tentations.

Cette préparation consiste dans le combat contre mal. Pour nous aussi, le carême est un temps de « lutte » spirituelle: nous sommes appelés à affronter le Malin par la prière pour être capables, avec l’aide de Dieu, de le vaincre dans notre vie quotidienne. Hélas, le mal est à l’oeuvre dans notre existence et autour de nous, où se manifestent des violences, le refus de l’autre, des fermetures, des guerres, des injustices.

Juste après les tentations au désert, Jésus commence  prêcher l’Evangile, c’est-à-dire la Bonne nouvelle, – deuxième mot -. Le premier était « tentation », le deuxième « Bonne nouvelle ». Et cette Bonne nouvelle exige de l’homme conversion – troisième mot – et foi. Il annonce: « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche »; puis il adresse cette exhortation: « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (v.15), c’est-à-dire croyez à cette Bonne nouvelle  que le règne de Dieu est proche.

Nous avons toujours besoin de conversion dans notre vie quotidienne – tous les jours! – , et l’Eglise nous fait prier pour cela. En effet, nous ne sommes jamais suffisamment orientés vers Dieu et nous devons continuellement diriger vers lui notre esprit et notre coeur.

Pour faire cela, il faut avoir le courage de repousser tout ce qui nous conduit en-dehors de la route: les fausses valeurs qui nous trompent en attirant notre égoïsme de façon sournoise. Au contraire, nous devons avoir confiance dans le Seigneur, dans sa bonté, et dans son projet d’amour pour chacun de nous.

Le carême est un temps de pénitence, oui, mais ce n’est pas un temps triste! C’est un temps de pénitence, mais ce n’est pas un temps triste, de deuil. C’est un engagement joyeux et sérieux pour nous dépouiller de notre égoïsme, de notre vieil homme, et pour nous renouveler selon la grâce de notre baptême.

Dieu seul peut nous donner le vrai bonheur: c’est inutile de perdre notre temps à le chercher ailleurs: dans les richesses, dans les plaisirs, dans le pouvoir, dans la carrière… Le règne de Dieu, c’est la réalisation de toutes nos aspirations, parce que c’est, en même temps, salut de l’homme et gloire de Dieu.

En ce premier dimanche de carême, nous sommes appelés à écouter avec attention et à accueillir cet appel de Jésus à nous convertir et à croire à l’Evangile. Nous sommes exhortés à commencer avec engagement le chemin vers Pâques, pour accueillir toujours davantage la grâce de Dieu qui veut transformer le monde ne un règne de justice, de paix et de fraternité.

Que la Très Sainte Vierge Marie nous aide à vivre ce carême dans la fidélité à la Parole de Dieu, et avec une prière continuelle, comme Jésus l’a fait au désert. Ce n’est pas impossible! Il s’agit de vivre les journées avec le désir d’accueillir l’amour qui vient de Dieu et qui veut transformer notre vie et le monde entier."


« À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira » (Mt 24, 12)

Message du Pape François à l'occasion du Carême 2018 :

12642841_177964129238458_8879664817850312220_nChers Frères et Sœurs,

La Pâque du Seigneur vient une fois encore jusqu’à nous ! Chaque année, pour nous y préparer, la Providence de Dieu nous offre le temps du Carême. Il est le « signe sacramentel de notre conversion »[1], qui annonce et nous offre la possibilité de revenir au Seigneur de tout notre cœur et par toute notre vie.

Cette année encore, à travers ce message, je souhaite inviter l’Eglise entière à vivre ce temps de grâce dans la joie et en vérité ; et je le fais en me laissant inspirer par une expression de Jésus dans l’Évangile de Matthieu : « À cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira » (24, 12). Cette phrase fait partie du discours sur la fin des temps prononcé à Jérusalem, au Mont des Oliviers, précisément là où commencera la Passion du Seigneur. Jésus, dans sa réponse à l’un de ses disciples, annonce une grande tribulation et il décrit la situation dans laquelle la communauté des croyants pourrait se retrouver : face à des évènements douloureux, certains faux prophètes tromperont beaucoup de personnes, presqu’au point d’éteindre dans les cœurs la charité qui est le centre de tout l’Évangile.

Les faux prophètes

Mettons-nous à l’écoute de ce passage et demandons-nous : sous quels traits ces faux prophètes se présentent-ils ?

Ils sont comme des « charmeurs de serpents », c’est-à-dire qu’ils utilisent les émotions humaines pour réduire les personnes en esclavage et les mener à leur gré. Que d’enfants de Dieu se laissent séduire par l’attraction des plaisirs fugaces confondus avec le bonheur ! Combien d’hommes et de femmes vivent comme charmés par l’illusion de l’argent, qui en réalité les rend esclaves du profit ou d’intérêts mesquins ! Que de personnes vivent en pensant se suffire à elles-mêmes et tombent en proie à la solitude !

D’autres faux prophètes sont ces « charlatans » qui offrent des solutions simples et immédiates aux souffrances, des remèdes qui se révèlent cependant totalement inefficaces : à combien de jeunes a-t-on proposé le faux remède de la drogue, des relations « use et jette », des gains faciles mais malhonnêtes ! Combien d’autres encore se sont immergés dans une vie complètement virtuelle où les relations semblent plus faciles et plus rapides pour se révéler ensuite tragiquement privées de sens ! Ces escrocs, qui offrent des choses sans valeur, privent par contre de ce qui est le plus précieux : la dignité, la liberté et la capacité d’aimer. C’est la duperie de la vanité, qui nous conduit à faire le paon…. pour finir dans le ridicule ; et du ridicule, on ne se relève pas. Ce n’est pas étonnant : depuis toujours le démon, qui est « menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44), présente le mal comme bien, et le faux comme vrai, afin de troubler le cœur de l’homme. C’est pourquoi chacun de nous est appelé à discerner en son cœur et à examiner s’il est menacé par les mensonges de ces faux prophètes. Il faut apprendre à ne pas en rester à l’immédiat, à la superficialité, mais à reconnaître ce qui laisse en nous une trace bonne et plus durable, parce que venant de Dieu et servant vraiment à notre bien.

Un cœur froid

Dans sa description de l’enfer, Dante Alighieri imagine le diable assis sur un trône de glace[2] ; il habite dans la froidure de l’amour étouffé. Demandons-nous donc : comment la charité se refroidit-elle en nous ? Quels sont les signes qui nous avertissent que l’amour risque de s’éteindre en nous ?

Ce qui éteint la charité, c’est avant tout l’avidité de l’argent, « la racine de tous les maux » (1Tm 6, 10) ; elle est suivie du refus de Dieu, et donc du refus de trouver en lui notre consolation, préférant notre désolation au réconfort de sa Parole et de ses Sacrements.[3] Tout cela se transforme en violence à l’encontre de ceux qui sont considérés comme une menace à nos propres « certitudes » : l’enfant à naître, la personne âgée malade, l’hôte de passage, l’étranger, mais aussi le prochain qui ne correspond pas à nos attentes.

La création, elle aussi, devient un témoin silencieux de ce refroidissement de la charité : la terre est empoisonnée par les déchets jetés par négligence et par intérêt ; les mers, elles aussi polluées, doivent malheureusement engloutir les restes de nombreux naufragés des migrations forcées ; les cieux – qui dans le dessein de Dieu chantent sa gloire – sont sillonnés par des machines qui font pleuvoir des instruments de mort.

L’amour se refroidit également dans nos communautés. Dans l’Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, j’ai tenté de donner une description des signes les plus évidents de ce manque d’amour. Les voici : l’acédie égoïste, le pessimisme stérile, la tentation de l’isolement et de l’engagement dans des guerres fratricides sans fin, la mentalité mondaine qui conduit à ne rechercher que les apparences, réduisant ainsi l’ardeur missionnaire.[4]

Que faire ?

Si nous constatons en nous-mêmes ou autour de nous les signes que nous venons de décrire, c’est que l’Eglise, notre mère et notre éducatrice, nous offre pendant ce temps du Carême, avec le remède parfois amer de la vérité, le doux remède de la prière, de l’aumône et du jeûne.

En consacrant plus de temps à la prière, nous permettons à notre cœur de découvrir les mensonges secrets par lesquels nous nous trompons nous-mêmes[5], afin de rechercher enfin la consolation en Dieu. Il est notre Père et il veut nous donner la vie.

La pratique de l’aumône libère de l’avidité et aide à découvrir que l’autre est mon frère : ce que je possède n’est jamais seulement mien. Comme je voudrais que l’aumône puisse devenir pour tous un style de vie authentique ! Comme je voudrais que nous suivions comme chrétiens l’exemple des Apôtres, et reconnaissions dans la possibilité du partage de nos biens avec les autres un témoignage concret de la communion que nous vivons dans l’Eglise. A cet égard, je fais mienne l’exhortation de Saint Paul quand il s’adressait aux Corinthiens pour la collecte en faveur de la communauté de Jérusalem : « C’est ce qui vous est utile, à vous » (2 Co 8, 10). Ceci vaut spécialement pour le temps de carême, au cours duquel de nombreux organismes font des collectes en faveur des Eglises et des populations en difficulté. Mais comme j’aimerais que dans nos relations quotidiennes aussi, devant tout frère qui nous demande une aide, nous découvrions qu’il y a là un appel de la Providence divine: chaque aumône est une occasion pour collaborer avec la Providence de Dieu envers ses enfants ; s’il se sert de moi aujourd’hui pour venir en aide à un frère, comment demain ne pourvoirait-il pas également à mes nécessités, lui qui ne se laisse pas vaincre en générosité ? [6]

Le jeûne enfin réduit la force de notre violence, il nous désarme et devient une grande occasion de croissance. D’une part, il nous permet d’expérimenter ce qu’éprouvent tous ceux qui manquent même du strict nécessaire et connaissent les affres quotidiennes de la faim ; d’autre part, il représente la condition de notre âme, affamée de bonté et assoiffée de la vie de Dieu. Le jeûne nous réveille, nous rend plus attentifs à Dieu et au prochain, il réveille la volonté d’obéir à Dieu, qui seul rassasie notre faim.

Je voudrais que ma voix parvienne au-delà des confins de l’Eglise catholique, et vous rejoigne tous, hommes et femmes de bonne volonté, ouverts à l’écoute de Dieu. Si vous êtes, comme nous, affligés par la propagation de l’iniquité dans le monde, si vous êtes préoccupés par le froid qui paralyse les cœurs et les actions, si vous constatez la diminution du sens d’humanité commune, unissez-vous à nous pour qu’ensemble nous invoquions Dieu, pour qu’ensemble nous jeûnions et qu’avec nous vous donniez ce que vous pouvez pour aider nos frères !

Le feu de Pâques

J’invite tout particulièrement les membres de l’Eglise à entreprendre avec zèle ce chemin du carême, soutenus par l’aumône, le jeûne et la prière. S’il nous semble parfois que la charité s’éteint dans de nombreux cœurs, cela ne peut arriver dans le cœur de Dieu ! Il nous offre toujours de nouvelles occasions pour que nous puissions recommencer à aimer.

L’initiative des « 24 heures pour le Seigneur », qui nous invite à célébrer le sacrement de Réconciliation pendant l’adoration eucharistique, sera également cette année encore une occasion propice. En 2018, elle se déroulera les vendredi 9 et samedi 10 mars, s’inspirant des paroles du Psaume 130 : « Près de toi se trouve le pardon » (Ps 130, 4). Dans tous les diocèses, il y aura au moins une église ouverte pendant 24 heures qui offrira la possibilité de l’adoration eucharistique et de la confession sacramentelle.

Au cours de la nuit de Pâques, nous vivrons à nouveau le rite suggestif du cierge pascal : irradiant du « feu nouveau », la lumière chassera peu à peu les ténèbres et illuminera l’assemblée liturgique. « Que la lumière du Christ, ressuscitant dans la gloire, dissipe les ténèbres de notre cœur et de notre esprit »[7] afin que tous nous puissions revivre l’expérience des disciples d’Emmaüs : écouter la parole du Seigneur et nous nourrir du Pain eucharistique permettra à notre cœur de redevenir brûlant de foi, d’espérance et de charité.

Je vous bénis de tout cœur et je prie pour vous. N’oubliez pas de prier pour moi.


Nous assistons à une offensive homosexuelle sans précédent dans l'Eglise

Unknown-13L'affaire de Mgr Juan Barros évêque d'Osorno au Chili, soupçonné d'avoir tu les agissements d'un prêtre pédophile, révèle que le lobby gay a bien pénétré l'Eglise. Dans l'avion qui le ramenait à Rome, le pape François avait notamment déclaré que le Vatican avait enquêté sur Mgr Barros, sans trouver "d'élément pour le condamner".

"Vous me dites qu'il y a des victimes, mais je ne les ai pas vues, elles ne se sont pas présentées à moi".

Et il s'est déclaré "convaincu" de l'innocence de l'évêque.

JuanBarrosMadrid_CEChile-800x450Or, le 12 avril 2015, l'Irlandaise Marie Collins, elle-même "rescapée" d'abus sexuels, qui a finalement claqué en 2017 la porte de la commission papale de lutte contre la pédophilie, est venue spécialement à Rome porteuse d'une lettre d'un Chilien victime d'abus, Juan Carlos Cruz. Mgr Juan Barros [photo], nommé par le pape à la tête du diocèse d'Osorno, en 2015, est soupçonné d'avoir passé sous silence les actes du père Fernando Karadima. Ce prêtre octogénaire a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Selon Marie Collins, au moins trois victimes directes de Karadima accusent Mgr Barros d'avoir été témoin de certains actes. Mgr Barros nie ces accusations. Cette lettre a été remise en avril 2015 au cardinal Sean O’Malley, proche du pape, qui assure que la lettre a été transmise au pape.

Riccardo Cascioli commente dans un texte traduit par benoît-et-moi :

"Le scandale des abus sexuels au Chili est aujourd'hui une mine qui risque d'exploser à Rome. Les faits sont maintenant bien connus et tournent autour des excellentes couvertures - chiliennes d'abord, mais aussi romaines - d'un célèbre prêtre chilien, le Père Fernando Karadima, leader d'une communauté dont sont sortis plusieurs prêtres et évêques, dont le très discuté Juan Barros, au centre de l'histoire qui voit aujourd'hui comme protagoniste le Pape François lui-même.

[...] Déjà dans le collimateur pour avoir nommé Barros évêque d'Osorno en janvier 2015, malgré la forte opposition d'une partie de l'épiscopat chilien et des fidèles de ce diocèse, les déclarations du Pape François à la fin de la visite au Chili ont suscité un véritable tollé. A ceux qui lui demandaient de rendre compte de cette nomination, le Pape - avec des mots forts - a répondu en parlant de calomnie et d'absence de preuves contre Mgr Barros, argument répété ensuite dans la conférence de presse en vol, même s'il a au moins essayé de corriger la terminologie (mais après un communiqué de censure publique signé par le Cardinal O'Malley, l'un des neuf conseillers appelés par le Pape à remanier la Curie romaine, qui est également à la tête de la Commission vaticane pour la protection des mineurs). En outre, le pape François avait déclaré qu'il n'avait jamais rien reçu des victimes présumées d'abus sexuels qui accusaient Barros. Or, le document publié il y a deux jours par l'Associated Press démontre exactement le contraire: ce serait le Cardinal O'Malley lui-même qui aurait remis au Pape en avril 2015 une lettre de huit pages dans laquelle l'une des victimes du Père Karadima relate en détail les abus subis et la responsabilité directe de Barros.

Unknown-14De plus, ce démenti de la version du Pape semble être la cerise sur le gâteau d'une attitude qui avait déjà suscité une forte perplexité. En 2014, en effet, le Pape François avait déjà disposé que Mgr Barros devait renoncer au ministère épiscopal avant de revenir sur ses pas, de le nommer évêque d'Osorno et de défendre sa nomination avec bec et ongles, malgré les critiques de la Conférence épiscopale chilienne. Le Pape n'a pas non plus expliqué la raison de ce brusque changement d'orientation à son retour du Chili, mais des sources du Vatican citent le cardinal Francisco Javier Errazuriz comme la véritable cause de la volte-face. L'ex-archevêque de Santiago [photo] est en effet dans le fameux C9 (Conseil des neuf cardinaux) qui accompagne le Pape dans le projet de réforme de la Curie. Errazuriz jouit certainement de la confiance et de l'estime du Pape François, qui l'a en effet voulu au C9, mais au Chili il est considéré comme le grand "enterreur", celui qui pendant des années a empêché que des mesures soient prises contre Karadima et retardé l'établissement de la vérité. Il est facile de penser que le rôle du vieux cardinal chilien a joué un rôle majeur dans l'attitude du Pape.

Mais en dehors de la reconstruction de l'affaire Barros, le cas du Chili est important car il confirme ce qui est déjà connu mais toujours censuré. En d'autres termes, les cas dits de pédophilie sont en fait dans la grande majorité des problèmes d'homosexualité. Comme on le sait, la pédophilie elle-même concerne l'attirance des adultes pour les enfants prépubères. Quand il s'agit d'adolescents, on doit en revanche parler d''éphébophilie et elle a des homosexuels comme protagonistes. C'est de cela que nous parlons pour le Chili, mais cela concerne au moins 80% des cas qui passent dans la chronique de façon erronée comme des cas de pédophilie dans l'Église. C'est du moins ce qui ressort des rapports du John Jay College sur les cas enregistrés dans l'Église américaine.

Cela peut sembler une différence mineure - il s'agit toujours d'abus sur mineurs, pourrait-on dire - et au contraire, c'est un point fondamental, parce qu'il permet de dire clairement que le problème dans l'Église n'est pas la pédophilie mais l'homosexualité. C'est une réalité que l'on veut dissimuler parce qu'elle est désagréable pour le lobby gay engagé à promouvoir la normalisation de l'homosexualité dans l'Église. Surtout au cours de ces toutes dernières années, nous assistons à une offensive homosexuelle sans précédent, qui s'attaque maintenant au Catéchisme, comme nous l'avons vu ces derniers jours. Le cas des cours pour fiancés homosexuels à Turin - aujourd'hui suspendus après la réaction suscitée - et la bénédiction pour les couples homosexuels soutenue par le Cardinal Marx, président de la Conférence épiscopale allemande, ne sont que les derniers épisodes. Il est clair qu'on joue sur le malentendu de l'accueil des personnes avec des tendance homosexuelle - ce qui est normal - pour faire passer l'homosexualité, qui est au contraire «un désordre objectif». Ce n'est pas par hasard que dans l'Église italienne, par exemple, les expériences d'accompagnement qui s'inscrivent dans le sillage de l'enseignement de l'Eglise - comme Courage et l'Associazione Lot - sont entravées, pour faire place aux associations qui promeuvent l'expérience LGBT, et qui prétendent que l'homosexualité est une orientation sexuelle équivalente à l'hétérosexualité.

C'est la preuve que le lobby homosexuel s'est maintenant enraciné dans l'Église; et même, nous pouvons affirmer avec certitude qu'une escalade est en cours au sein de la hiérarchie ecclésiastique, avec l'occupation de postes clés au Vatican et dans de nombreux diocèses et organismes ecclésiaux (sans parler des médias, voir le cas d'Avvenire). On peut dire sans se tromper que le lobby gay n'a jamais été aussi puissant dans l'Église, et l'imbroglio chilien est lui aussi fils de cet étrange tissage de liens troubles et de chantages.

C'est justement ce facteur qui risque de rendre vaine une grande partie du travail accompli pendant les pontificats de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI pour frapper les abus sexuels sur mineurs. Un fait qui est également démontré par l'affaiblissement récent de la section disciplinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi appelée à traiter les cas d'abus sexuels commis par le clergé: jusqu' à il y a quelques mois, dix fonctionnaires de la Congrégation étaient chargés de traiter les volumineux dossiers à cet égard; précisément en raison de la charge de travail, une augmentation des effectifs avait été promise, alors que le licenciement soudain de trois prêtres par le Pape (sans donner de raisons, avait dénoncé Gerhard Müller, le préfet de l'époque) réduisait à sept le nombre des responsables, sans personne ayant pour langue maternelle le français et l'anglais. Autrement dit, l'affaire Barros n'est pas un épisode isolé, elle n'est que la pointe de l'iceberg."


Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

De Jeanne Smits sur RITV :

Images"Dans un entretien avec le quotidien néerlandais Trouw, l’archevêque d’Utrecht, le cardinal Wim Eijk vient d’appeler le pape François à apporter de la « clarté » face aux « doutes » semés par l’exhortation post-synodale Amoris laetitia à propos de l’accès à la communion pour les divorcés « remariés ». S’il s’efforce d’affirmer, dans cet entretien paru vendredi dernier, que le pape n’a « jamais, nulle part » déclaré que ces couples pouvaient recevoir le sacrement de pénitence et de l’Eucharistie, il emploie tout de même des mots qui ont été ceux de nombreux évêques, universitaires et théologiens, mais aussi ceux des quatre cardinaux des « Dubia » demandant au pape François de faire la lumière sur cette question, sans jamais recevoir de réponse.

Le cardinal Wim Eijk, connu pour ses positions fidèles à la tradition de l’Eglise en matière de morale familiale et conjugale, avait déclaré à l’issue des deux synodes sur la famille que l’Eglise catholique ne saurait modifier son enseignement traditionnel sur le refus de la communion aux couples divorcés « remariés », assurant alors que le pape ne changerait pas la doctrine à cet égard.

« A la suite des deux synodes sur la famille un document a été écrit par le pape, Amoris laetitia. De ce fait des doutes ont été semés. Les divorcés “remariés” peuvent-ils désormais communier ou non ? Ce que l’on voit, un peu, c’est que telle conférence épiscopale gère l’affaire d’une façon, tandis que tel autre la gère d’une manière exactement inverse. Mais bon, ce qui est vrai à l’endroit A ne peut subitement être faux à l’endroit B. A un moment donné on serait content de voir que la clarté soit faite. » 

[...] Interrogé sur la question de savoir ce qu’il attend du pape François, le cardinal a répondu : « Je dirais : éclairez-nous. A propos de ce point précis. Otez ce doute-là. Sous forme d’un document, par exemple. » [...]"


Là où la vie vaut non pas pour sa dignité mais pour son efficacité et pour sa productivité, tout devient possible

Le pape François a reçu en audience les participants à l’assemblée plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la foi vendredi 26 janvier. Extrait :

20180126120850_0297-740x493"[...] Au cours de cette session plénière, vous avez approfondi aussi quelques questions délicates sur l’accompagnement des malades en phase terminale. À cet égard, le processus de sécularisation, en absolutisant les concepts d’autodétermination et d’autonomie, a comporté dans de nombreux pays une croissance de la demande d’euthanasie comme affirmation idéologique de la volonté de puissance de l’homme sur la vie. Cela a conduit aussi à considérer l’interruption volontaire de l’existence humaine comme un choix de « civilisation ». Il est clair que là où la vie vaut non pas pour sa dignité mais pour son efficacité et pour sa productivité, tout cela devient possible. Dans ce scénario, il faut redire que la vie humaine, de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, possède une dignité qui la rend intangible.

La douleur, la souffrance, le sens de la vie et de la mort sont des réalités que la mentalité contemporaine peine à affronter avec un regard plein d’espérance. Et pourtant, sans une espérance fiable qui l’aide à affronter aussi la douleur et la mort, l’homme ne parvient pas à bien vivre et à conserver une perspective confiante devant son avenir. C’est là un des services que l’Église est appelée à rendre à l’homme contemporain. [...]"


Pape François : "Si vous n’êtes pas des patriotes, vous ne ferez rien dans la vie"

Extrait du discours du pape François lors de sa rencontre avec les jeunes du Chili au sanctuaire national de Maipú, Santiago mercredi 17 janvier :

Cq5dam.web.800.800-2"[...] Et j’ai voulu commencer par cette référence à la patrie parce que le chemin qui est devant, les rêves que vous voulez concrétiser, le regard toujours vers l’horizon, doivent se faire avec les pieds sur la terre, en commençantpar les pieds sur la terre de la patrie ; et si vous n’aimez pas votre patrie, je ne crois pas que vous parviendrez à aimer Jésus ni que vous parviendrez à aimer Dieu. L’amour de la patrie est un amour pour la mère, nous l’appelons la Mère Patrie parce nous y sommes nés ; mais, à la manière de toutes les mères, elle nous apprend à marcher, et elle se donne à nous pour que nous la fassions survivre dans les autres générations. C’est pourquoi j’ai voulu commencer par cette référence à la Mère, la Mère Patrie. Si vous n’êtes pas des patriotes – non pas des nationalistes – des patriotes, vous ne ferez rien dans la vie. Garçons et filles, aimez votre terre, aimez votre Chili, donnez le meilleur de vous-même pour votre Chili. [...]"


Le pape fustige le cléricalisme

Devant les évêques du Chili :

Cq5dam.web.800.800"[...] Le manque de conscience d’appartenir au peuple fidèle de Dieu comme serviteurs, et non pas comme maîtres, peut nous conduire à l’une des tentations qui porte le plus de préjudice au dynamisme missionnaire que nous sommes appelés à impulser : le cléricalisme qui est une caricature de la vocation reçue.

Le manque de conscience quant au fait que la mission revient à toute l’Eglise et non [uniquement] au prêtre ou à l’évêque, restreint l’horizon et, ce qui est pire, entrave toutes les initiatives que l’Esprit peut insuffler parmi nous. Disons-le clairement, les laïcs ne sont pas nos ouvriers, ni nos employés. Ils ne doivent pas répéter comme des ‘‘perroquets’’ ce que nous leur disons. « Le cléricalisme, loin de donner une impulsion aux différentes contributions et propositions, éteint peu à peu, dans le cœur de vos peuples, le feu prophétique dont l’Eglise tout entière est appelée à témoigner. Le cléricalisme oublie que la visibilité et la sacramentalité de l’Eglise appartiennent à tout le peuple fidèle de Dieu (cf. Lumen gentium, n. 9-14), et pas seulement à quelques personnes élues et éclairées » (Ibid.).

Soyons vigilants, s’il vous plaît, contre cette tentation, surtout dans les séminaires et dans tout le processus de formation. Je vous l’avoue, je suis préoccupé par la formation des séminaristes, par le fait qu’ils soient des Pasteurs, au service du Peuple de Dieu, comme doit l’être un Pasteur, dans la doctrine, la discipline, les sacrements, la proximité, les œuvres de charité, mais en ayant cette conscience du Peuple. Les séminaires doivent tout mettre en œuvre pour que les futurs prêtres soient capables de servir le saint peuple fidèle de Dieu, en reconnaissant la diversité des cultures et en renonçant à la tentation de toute forme de cléricalisme. Le Prêtre est ministre de Jésus-Christ : le protagoniste qui se rend présent dans tout le peuple de Dieu. Les prêtres de demain doivent se former en regardant demain : leur ministère se déroulera dans un monde sécularisé et donc, exige de nous, pasteurs, de discerner comment les préparer à exercer leur mission dans cet environnement concret et non dans nos “mondes ou situations idéalisés”. Une mission qui s’accomplit en union fraternelle avec tout le peuple de Dieu. Main dans la main, en impulsant et en stimulant le laïcat dans un climat de discernement et de synodalité, deux caractéristiques essentielles du prêtre de demain. Non au cléricalisme et aux mondes idéalisés qui ne rentrent que dans nos schémas mais qui ne touchent la vie de personne. [...]"


Le pape François défend le droit à la vie et la famille

Aujourd'hui, le pape François a prononcé devant les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, son traditionnel discours de vœux au Corps diplomatique. extraits :

"(...) Il est regrettable de relever comment de nombreux droits fondamentaux sont aujourd’hui encore violés. Le premier d’entre tous ces droits est celui à la vie, à la liberté et à l’inviolabilité de chaque personne humaine. Ce ne sont pas seulement la guerre ou la violence qui les compromettent. En notre temps, il y a des formes plus subtiles : je pense d’abord aux enfants innocents, rejetés avant même de naître ; non voulus parfois uniquement parce qu’ils sont malades ou malformés, ou à cause de l’égoïsme des adultes.

Je pense aux personnes âgées, elles aussi bien des fois rejetées, surtout si elles sont malades, car considérées comme un poids. Je pense aux femmes, qui souvent subissent des violences et des abus y compris au sein de leurs propres familles. Je pense, ensuite, à ceux qui sont victimes de la traite des personnes qui viole la prohibition de toute forme d’esclavage. Que de personnes, surtout fuyant la pauvreté et la guerre, sont objet de ce commerce illicite perpétré par des sujets sans scrupule ? (...)

Je voudrais précisément dédier à la famille une pensée spéciale. Le droit de former une famille, en tant qu’« élément naturel et fondamental de la société [qui] a le droit à la protection de la société et de l’État », est en effet reconnu par la Déclaration de 1948 elle-même. Malheureusement, on sait comment, surtout en Occident, la famille est considérée comme une institution dépassée. À la stabilité d’un projet définitif, on préfère de nos jours des liens fugaces. Mais une maison construite sur le sable des relations fragiles et instables ne tient pas. Il faut plutôt une roche, sur laquelle ancrer des bases solides. Et la roche est précisément cette communion d’amour, fidèle et indissoluble, qui unit l’homme et la femme, une communion qui a une beauté austère et simple, un caractère sacré et inviolable et une fonction naturelle dans l’ordre social.

Je juge, par conséquent, urgent qu’on entreprenne de réelles politiques de soutien aux familles, dont par ailleurs dépendent l’avenir et le développement des États. Sans cette politique, en effet, on ne peut pas construire des sociétés en mesure d’affronter les défis de l’avenir. Le désintérêt pour les familles entraîne, en outre, une autre conséquence dramatique – et particulièrement actuelle dans certaines régions – qui est la baisse de la natalité. On vit un véritable hiver démographique ! C’est le signe de sociétés qui ont du mal à affronter les défis du présent et qui deviennent donc toujours plus craintives face à l’avenir (...)


Des évêques s'associent à la Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel

A la suite de l'’archevêque d'Astana, plus haute autorité catholique du Kazakhstan, qui a publié un long texte dénonçant les interprétations d'Amoris Laetitia (publié ici sur le Salon beige), d'autres évêques s'associent à cette déclaration. A lire dans l'Homme nouveau :

"Après Janis Pujats, cardinal de Lettonie, Luigi Negri, archevêque émérite de Ferrare, et l’éminent archevêque Carlo Maria Viganò, secrétaire général et ancien nonce apostolique aux États-Unis, Andreas Laun, évêque auxiliaire de Salzbourg, récemment nommé évêque auxiliaire émérite, a lui aussi adhéré à la « Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel » émise par les évêques du Kazakhstan.

Andreas Laun n’est pas un inconnu. Cet ancien professeur de théologie morale à la Haute école de philosophie et de théologie de Heiligenkreuz près de Vienne a entretenu des liens étroits avec les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Considéré comme le « lion de Salzbourg », il est renommé bien au-delà des régions germanophones pour son engagement courageux en faveur de la doctrine catholique sur le mariage et la sexualité. Bien loin d’être un théoricien pur et dur, il s’est toujours profilé en pasteur dévoué sur un plan personnel. Sa douceur et sa compréhension envers les personnes en « situation irrégulière » donnent tort aux représentants des « sages » de la morale catholique qui le qualifient de pharisien rigide. La Commission pour le mariage et la famille de l’archidiocèse de Salzbourg, qu’il a constituée et dirigée, a toujours été un modèle à suivre en matière de mise en pratique de la doctrine catholique sur la sainteté du mariage et de la vie. 

Ces évêques expriment leurs vives réserves vis-à-vis de la possibilité de permettre l’accès aux sacrements de certains divorcés remariés.


"Sans Jésus ce n’est pas Noël !"

Aujourd'hui, lors de l'audience générale, le pape François a rappelé cette évidence :

Cq5dam.web.800.800"Frères et sœurs, je m’arrêterai aujourd’hui à la signification de la fête de la Nativité du Seigneur. A une époque où nous assistons à une sorte de dénaturation de Noël, il faut dire que c’est la naissance de Jésus qui est le vrai Noël, sans Jésus ce n’est pas Noël ! A travers l’annonce de l’Eglise, comme les bergers de l’Evangile, nous sommes guidés pour trouver la vraie lumière, celle de Jésus qui se révèle de façon surprenante : il naît d’une pauvre jeune fille inconnue, qui le met au monde dans une étable, avec la seule aide de son mari. C’est ainsi que le Fils de Dieu se présente encore à nous aujourd’hui : comme le don de Dieu pour l’humanité qui surgit dans la nuit et dans la torpeur du sommeil, alors que souvent l’humanité préfère demeurer dans l’obscurité et ne pas changer ses habitudes erronées. Par l’incarnation de son Fils, Dieu nous a ouvert le chemin d’une vie nouvelle, fondée sur l’amour et non sur l’égoïsme. A Noël, l’histoire humaine a été visitée par l’histoire de Dieu. Avec les petits, les méprisés, Jésus établit une amitié qui continue dans le temps et nourrit l’espérance d’un avenir meilleur. Avec eux, Dieu veut construire un monde nouveau où il n’y aura plus de personnes rejetées, maltraitées, indigentes. En ces jours de fête, ouvrons notre esprit et notre cœur pour accueillir cette grâce."


Des ex-musulmans devenus catholiques, écrivent à Sa Sainteté le pape François

Des ex-musulmans devenus catholiques, et leurs amis, à Sa Sainteté le pape François, au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam.

"Très Saint Père,

Plusieurs d’entre nous, à maintes reprises, et depuis plusieurs années, avons cherché à vous contacter, et nous n’avons jamais reçu le moindre accusé de réception de nos lettres ou demandes de rencontre. Vous n’aimez pas les mondanités, et nous non plus, aussi permettez-nous de vous dire très franchement que nous ne comprenons pas votre enseignement au sujet de l’islam, tel que nous le lisons par exemple dans les paragraphes 252 et 253 de Evangelii gaudium, parce qu’il ne rend pas compte du fait que l’islam venant APRÈS le Christ, est, et ne peut être qu’un Antichrist (Cf. 1 Jn 2.22), et l’un des plus dangereux qui soient du fait qu’il se présente comme l’accomplissement de la Révélation (dont Jésus n’aurait été qu’un prophète). Si l’islam est en lui-même une bonne religion, comme vous semblez l’enseigner, pourquoi sommes-nous devenus catholiques ? Vos propos ne remettent-ils pas en cause le bienfondé du choix que nous avons fait… au péril de notre vie ? L’islam prescrit le meurtre des apostats (Coran 4.89 ; 8.7-11), l’ignorez-vous ? Comment est-il possible de comparer la violence islamique et la prétendue violence chrétienne ?! « Quel rapport entre le Christ et Satan ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ?(2 Co 6.14-17) » Conformément à Son enseignement (Lc 14.26), nous L’avons préféré, Lui, le Christ, à notre propre vie. Ne sommes-nous pas bien placés pour vous parler de l’islam ?

En réalité, du moment que l’islam veut que nous soyons son ennemi, nous le sommes, et toutes nos protestations d’amitié n’y pourront rien changer. En bon Antichrist, l’islam n’existe qu’en étant l’ennemi de tous : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! (Coran 60.4) ». Pour le Coran, les chrétiens « ne sont qu’impureté (Coran 9.28) », « les pires de la Création (Coran 98.6) », tous condamnés à l’Enfer (Coran 4.48), aussi Allah doit-il les exterminer (Coran 9.30). Il ne faut pas se laisser abuser par les versets coraniques réputés tolérants, car ils ont tous été abrogés par le verset du Sabre (Coran 9.5). Alors que l’Évangile annonce la bonne nouvelle de Jésus mort et ressuscité pour le salut de tous, accomplissement de l’Alliance initiée dans le peuple hébreu, Allah n’a rien d’autre à proposer que la guerre et le meurtre des « infidèles » en échange de son paradis : « Ils combattent dans le chemin d’Allah, ils tuent et se font tuer. (Coran 9.111) ». Nous ne faisons pas d’amalgame entre islam et musulmans, mais si pour vous le « dialogue » est la voie de la paix, pour l’islam il est une autre façon de faire la guerre. Aussi, comme il l’a été face au nazisme et au communisme, l’angélisme face à l’islam est suicidaire et très dangereux. Comment parler de paix et cautionner l’islam, ainsi que vous semblez le faire : « Arracher de nos cœurs la maladie qui empoisonne nos vies (…) Que ceux qui sont chrétiens le fassent avec la Bible et que ceux qui sont musulmans le fassent avec le Coran. (Rome, 20 janvier 2014) » ? Que le Pape semble proposer le Coran comme voie de salut, n’est-ce pas inquiétant ? Devrions-nous retourner à l’islam ?

Nous vous supplions de ne pas chercher en l’islam un allié dans le combat que vous menez contre les puissances qui qui veulent dominer et asservir le monde, car ils sont tous en réalité dans une même logique totalitaire, fondée sur le rejet de la royauté du Christ (Lc 4.7). Nous savons que la Bête de l’Apocalypse cherchant à dévorer la Femme et son Enfant, a plusieurs têtes… Allah défend d’ailleurs de telles alliances (Coran 5.51) ! Et surtout, les prophètes ont toujours reproché à Israël sa volonté d’alliance avec les puissances étrangères, au détriment de la confiance absolue qu’il faut avoir en Dieu. Certes, la tentation est forte de penser que tenir un discours islamophile épargnera un surcroît de souffrances aux chrétiens en pays devenus musulmans, mais outre que Jésus ne nous a jamais indiqué d’autre chemin que celui de la Croix, en sorte que nous devons y trouver notre joie, et non la fuir avec tous les damnés, nous ne doutons pas que seule la proclamation de la Vérité apporte avec le salut, la liberté (Jn 8.32). Notre devoir est de rendre témoignage à la vérité « à temps et à contretemps (2 Tm 4.2) », et notre gloire est de pouvoir dire avec saint Paul : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. (1 Co 2.2) ». [Lire la suite]

 


François et les Rohingyas

De l'abbé Pagès :

64003_513855_799192_highres"Il y a quelques jours le Pape a demandé pardon aux Rohingyas au nom de tous ceux qui les ont persécutés et leur ont fait du mal.

Je me demande si les Rohingyas se sont satisfaits de cette demande de pardon… Est-ce que le pape avait demandé et obtenu la permission de faire, au nom des méchants Birmans, cette demande ? S’il ne l’avait pas obtenue, dans quels quiproquo, confusion et déception supplémentaires ne risque-t-il pas de les avoir plongés… Et surtout, toute demande de pardon, pour être sincère, implique une réparation à la mesure du préjudice. Or, quelle réparation à la mesure des maux endurés le Pape a-t-il pu offrir aux Rohingyas ? Enfin, n’a-t-il pas pris le risque que ― pour cette raison ―, son geste soit interprété comme un moyen de s’acheter à bon compte, et qui plus est sur le dos de ces malheureux, une réputation d’homme charitable ?

Plutôt que d’offrir une telle demande de pardon ― qui accusait en fait le peuple birman et de ce fait l’indisposait à l’égard de l’Église ―, n’aurait-il pas été préférable que François demandât aux Rohingyas de pardonner eux-mêmes à leurs persécuteurs ? Car Jésus ne commande pas seulement de demander pardon à notre prochain lorsque nous l’avons offensé (Mt 5.24), et de réparer pour autant que possible le mal commis (Lc 12.59 ; 19.8), mais encore de pardonner « du fond du cœur » à tous ceux qui nous ont offensés (Mt 18.35)… Est-ce que l’Évangile n’aurait pas alors retenti comme quelque chose de vraiment extraordinaire, surhumain, divin ? Voilà qui aurait été une magnifique leçon d’Évangile, un puissant acte d’évangélisation ! Et cette demande proprement évangélique, que personne n’aurait pu soupçonner inspirée par un autre esprit que celui de Jésus-Christ, aurait encore eu le pouvoir de mettre en évidence l’incapacité où sont les Rohingyas ― en tant que musulmans ― d’y répondre… En effet, l’islam trouvant sa gloire dans le rejet de la foi chrétienne ― seul péché qu’Allah ne peut pas pardonner (Coran 4.48) ―, rejette aussi le devoir de pardonner à ses ennemis : « Le talion s’applique à toutes choses sacrées. Donc, quiconque vous offense, offensez-le, à offense égale. (Coran 2.194) » ; « C’est dans le talion que se trouve votre salut, ô vous doués d’intelligence, ainsi atteindrez-vous à la piété ! (Coran 2.179) ».

Une telle demande aurait évité de nourrir l’esprit de victimisation dont raffolent les musulmans à travers le monde, et elle aurait ouvert les yeux de Rohingyas, et de tous, sur le malheur que constitue le fait d’être musulman… et ainsi une pierre de taille aurait été apportée à la résolution du problème des Rohingyas !! Le Pape aurait fait d’une pierre deux coups : d’un côté il aurait montré la vraie nature de l’Évangile, et de l’autre celle de l’islam… L’un ne peut aller sans l’autre pour évangéliser.

Malheureusement, le Pape a préféré continuer à laisser croire qu’être musulman n’était pas en soi un problème, que le problème vient des fondamentalistes qui existeraient « dans toutes les ethnies et dans toutes les religions », en sorte que « nous aussi, les catholiques, nous en avons », comme s’il pouvait y avoir un quelconque point de ressemblance entre l’Évangile et le Coran ! « Quelle union en effet entre la lumière et les ténèbres ? Quelle entente entre le Christ et Satan ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.14-16) »

Ce faisant François met sans doute en pratique l’enseignement qu’il a donné en matière d’évangélisation : ne pas chercher à « convaincre mentalement, avec la raison et l’apologétique », pour préférer escompter sur le travail de l’Esprit-Saint et le témoignage muet de l’évangélisateur… J’avoue ne pas voir comment cet enseignement s’harmonise avec celui des docteurs, apologètes et prédicateurs des temps passés, que le pape Paul VI résume ainsi : « Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés. ». Mais il est évident que si les Rohingyas, déjà, « portent en eux le sel de Dieu », on ne voit pas quel intérêt il y aurait à le leur apporter, ni même d’ailleurs ce que serait encore le sel de l’Évangile (Mt 5.13)."


Il y a beaucoup de dirigeants politiques qui se disent catholiques, qui souvent démontrent peu de cohérence avec les convictions catholiques

Dans un message vidéo adressé aux participants d’une rencontre d’hommes politiques catholiques à Bogota (1er -3 décembre), le pape François a appelé les chrétiens à s'engager dans la cité. Extraits cités par Chrétiens dans la cité :

F"Depuis le pape Pie XII jusqu’à ce jour, les pontifes qui se sont succédé ont toujours fait référence à la politique comme une forme élevée de charité. On pourrait aussi traduire comme un service inestimable de dévouement pour l’accomplissement du bien commun de la société. […] Ce qui est clair, c’est qu’il y a besoin de dirigeants politiques qui vivent avec passion leur service aux populations, qui vibrent avec les fibres intimes de leurs ethos et de leur culture, solidaires avec leurs souffrances et leurs espérances ; des hommes politiques qui mettent en avant le bien commun par rapport à leurs intérêts privés, qui ne se laissent pas intimider par les grands pouvoirs financiers et médiatiques, qui soient compétents face aux problèmes complexes, qui soient ouverts pour écouter et apprendre dans le dialogue démocratique, qui conjuguent la recherche de la justice avec la miséricorde et la réconciliation. 

Il y en a beaucoup qui se disent catholiques – et il ne nous est pas donné de juger leurs consciences, mais leurs actes si –, qui souvent démontrent peu de cohérence avec les convictions éthiques et religieuses du magistère catholique. Nous ne savons pas ce qu’il advient dans leurs consciences, nous ne pouvons la juger, mais regardons leurs actes. Il y en a qui sont tellement absorbés par leurs engagements politiques qu’ils finissent par reléguer leur foi au second plan, s’appauvrissant, sans être capables d’être un repère et de laisser leur propre empreinte dans toutes les dimensions de la vie de la personne, même dans leur propre pratique politique. […]

Nous sommes souvent tombés dans la tentation de penser que le laïc engagé est celui qui travaille dans les œuvres de l’Église et/ou dans les choses de la paroisse ou du diocèse, nous avons peu réfléchi sur la façon d’accompagner un baptisé dans sa vie publique et quotidienne ; sur la façon pour lui, dans son activité quotidienne, avec les responsabilités qu’il a, de s’engager comme chrétien dans la vie publique. Sans nous en rendre compte, nous avons généré une élite laïcarde en croyant que seuls ceux qui travaillent dans « les choses des prêtres » sont des laïcs engagés, nous avons oublié, en le négligeant, le croyant qui souvent brûle son espérance dans la lutte quotidienne pour vivre la foi. Ce sont ces situations que le cléricalisme ne peut voir, parce qu’il est plus préoccupé à occuper l’espace qu’à lancer des actions. Nous devons cependant reconnaître que le laïc par sa réalité, par son identité, parce qu’il est immergé dans le cœur de la vie sociale, publique et politique, parce qu’il prend part aux actions culturelles qui se créent constamment, a besoin de nouvelles formes d’organisations et de célébrations de la foi. Il est nécessaire que les laïcs catholiques ne restent pas indifférents à la chose publique ou repliés dans leur temple, et qu’ils n’attendent pas non plus les directives et les consignes ecclésiales pour lutter en faveur de la justice, et de forme de vie plus humaine pour tous."


Le pape François a reconnu les vertus héroïques de Jean-Paul Ier

JLe 8 novembre, le pape a signé un certain nombre de décrets de la Congrégation pour la cause des saints, parmi lesquels :

  • la reconnaissance du martyr de Giovanni Brenner, prêtre diocésain hongrois né en 1931 et mort en haine de la foi sous la persécution communiste en 1957
  • la reconnaissance des vertus héroïques de Jean-Paul Ier

Pape François : "La messe n’est pas un spectacle"

Le pape François a entamé un nouveau cycle de catéchèses sur l’Eucharistie, à l’occasion de l’Audience générale du 8 novembre. Extrait :

Capture d’écran 2017-11-08 à 22.46.37"[...] Nous ne pouvons pas oublier le grand nombre des chrétiens qui, dans le monde entier, pendant deux mille ans d’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour défendre l’Eucharistie ; et combien, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour participer à la messe dominicale. En 304, pendant les persécutions de Dioclétien, un groupe de chrétiens du nord de l’Afrique furent surpris pendant qu’ils célébraient la messe dans une maison et ils furent arrêtés. Le proconsul romain, dans l’interrogatoire, leur demanda pourquoi ils avaient fait cela, sachant que c’était absolument interdit. Et ils répondirent : « Sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre », ce qui voulait dire : si nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre, notre vie chrétienne mourrait.

En effet, Jésus a dit à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,53-54).

Ces chrétiens d’Afrique du nord furent tués parce qu’ils célébraient l’Eucharistie. Ils ont laissé le témoignage selon lequel on peut renoncer à la vie terrestre pour l’Eucharistie, parce qu’elle nous donne la vie éternelle, nous rendant participants de la victoire du Christ sur la mort. Un témoignage qui nous interpelle tous et qui demande une réponse sur ce que signifie pour chacun de nous participer au sacrifice de la messe et nous approcher de la Table du Seigneur. Cherchons-nous cette source d’où « jaillit l’eau vive » pour la vie éternelle ?… Qui fait de notre vie un sacrifice spirituel de louange et de remerciement et qui fait de nous un seul corps avec le Christ ? C’est le sens le plus profond de la sainte Eucharistie, qui signifie « remerciement » : remerciement à Dieu Père, Fils et Esprit-Saint, qui nous implique et nous transforme dans sa communion d’amour.

[...] Essayons maintenant de nous poser quelques questions simples. Par exemple, pourquoi fait-on le signe de croix et l’acte pénitentiel au début de la messe ? Et ici, je voudrais ouvrir une parenthèse. Vous avez vu comment les enfants font le signe de croix. Tu ne sais pas ce qu’ils font, si c’est le signe de croix ou un dessin. Ils font comme cela [il fait un geste confus]. Il faut enseigner aux enfants à bien faire le signe de croix. C’est ainsi que commence la messe, ainsi que commence la vie, ainsi que commence la journée. Cela veut dire que nous sommes rachetés par la croix du Seigneur. Regardez les enfants et enseignez-leur à bien faire le signe de croix. Et ces Lectures, pendant la messe, pourquoi sont-elles là ? Pourquoi lit-on trois lectures le dimanche et deux les autres jours ? Ou encore, pourquoi, à un certain moment, le prêtre qui préside la célébration dit-il : « Élevons notre cœur ? ». Il ne dit pas : « Élevons nos portables pour faire une photo ! ». Non, ce n’est pas bien ! Et je vous dis que cela me procure beaucoup de tristesse quand je célèbre ici, sur la Place ou dans la Basilique, et que je vois tous ces portables levés, non seulement ceux des fidèles, mais aussi ceux de certains prêtres et même d’évêques. Mais s’il vous plaît ! La messe n’est pas un spectacle : c’est aller à la rencontre de la passion et de la résurrection du Seigneur. C’est pourquoi le prêtre dit : « Élevons notre cœur ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Souvenez-vous, pas de portables ! [...]"


"Nous ne croyons pas des choses simplement parce qu’un pape nous les enseigne, mais parce que ces vérités sont contenues dans la Révélation"

L'Homme nouveau a publié dans son dernier numéro un entretien avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. C'est une traduction de l'entretien accordé au journaliste américain Edward Pentin, correspondant à Rome du National Catholic Register. En voici quelques courts extraits (pour lire l'intégralité, il est utile de s'abonner à L'Homme Nouveau) :

Une-1649"[...] J’ai entendu dire que le Pape était proche de certains théologiens mais ces derniers ne peuvent pas prétendre être les interprètes autorisés du Pape. Si, par exemple, l’archevêque Fernández [recteur de l’Université catholique pontificale d’Argentine à Buenos Aires] fait une déclaration, c’est seulement à titre privé. Elle n’a pas plus de poids que la déclaration d’un autre évêque – et assurément pour l’Église dans son ensemble, il n’a pas d’autorité magistérielle –, et donc cela n’a pas plus d’autorité pour moi que n’importe quelle autre voix théologique. [...]

[J]e crains qu’il n’y ait plus une idée très claire sur le statut ecclésiologique de l’Église romaine sous la forme de la Congrégation des cardinaux et de la Curie romaine. Certains pensent que le Pape peut à titre personnel faire tout ce qu’il veut car il est le souverain absolu, mais ce n’est pas vrai. [...]

Dans mes fonctions comme préfet de la Congrégation, j’ai fait plusieurs interventions dans lesquelles j’ai expliqué que la seule vraie et juste interprétation d’Amoris Lætitia – qui est globalement très bonne et en faveur du mariage – est l’interprétation orthodoxe, et par là nous voulons dire qu’elle est dans le droit fil de la Sainte Écriture, de la tradition apostolique et des décisions définitives du magistère papal et épiscopal, qui est ininterrompu jusqu’à présent. Il n’est nulle part exigé des fidèles dans Amoris Lætitia de croire quoi que ce soit de contraire au dogme, car l’indissolubilité du mariage est une chose évidente. [...]

N’est-il pas problématique que le Pape donne sa propre interprétation qui semble être en désaccord avec l’interprétation orthodoxe que vous faites vôtre, comme, par exemple, dans sa lettre à des évêques argentins et son éloge des évêques de Malte ?

Dans le cas de la lettre à des évêques argentins, si le Pape écrit une lettre privée et personnelle, ce n’est pas un document doctrinal officiel.

Elle a été mise en ligne sur le site Internet du Vatican.

Le site Internet du Vatican a un certain poids, mais il n’a pas d’autorité magistérielle et si vous lisez ce que disent ces évêques argentins dans leur directive, vous pouvez l’interpréter de manière orthodoxe. [...]

Nous devons distinguer entre ce qui est la doctrine officielle de l’Église, le rôle du Pape et ce qu’il dit dans des conversations privées. Ces opinions privées du Pape doivent être respectées parce que ce sont des opinions et des paroles du Saint-Père, mais personne n’est obligé d’accepter inconditionnellement tout ce qu’il dit, par exemple en matière de questions politiques ou scientifiques. Ce sont là ses opinions personnelles, mais cela n’a rien à voir avec notre foi catholique par laquelle nous sommes justifiés dans la grâce de Dieu. [...]

Quiconque devient évêque, ou cardinal, ou pape doit apprendre à distinguer entre les critiques contre la personne et les critiques contre la mission dont vous êtes investi. Le Saint-Père François doit savoir qu’il est important que l’on accepte ses intentions : aider ces gens qui sont éloignés de l’Église, de la croyance de l’Église, de Jésus-Christ, ceux qui veulent les aider... Cette discussion n’est pas contre lui, ce n’est pas contre ses intentions, mais on a besoin de plus de clarification. Dans le passé aussi nous avons eu des discussions sur la foi et son application pastorale. Ce n’est pas la première fois que cela se passe dans l’Église, et alors pourquoi ne pas apprendre de notre longue expérience comme Église, avoir une discussion bonne et profonde dans le but de promouvoir la foi, la vie de l’Église, et de ne pas personnaliser tout cela et de nous diviser ? Ce n’est pas une critique personnelle contre lui, et chacun doit l’apprendre et respecter sa haute responsabilité. C’est un très grand danger pour l’Église que certains groupes idéologiques se présentent eux-mêmes comme les gardiens exclusifs de l’interprétation authentique d’Amoris Lætita. Ils pensent avoir le droit de qualifier toutes les personnes qui ont une autre position, de stupides, de rigides, de dépassés, de moyenâgeux, etc. [...]

On trouve parfois des comportements peu chrétiens imprimés dans L’Osservatore Romano, le quotidien semi-officiel du Vatican, ou publiés dans des organes médiatiques officiels, pour créer des polémiques et de la rhétorique. Cela ne nous aidera pas dans la situation présente, mais une discussion théologique profonde le pourra. [...]

Souhaiteriez-vous que le Pape réponde aux dubia ? Est-ce vital pour le bien-être de la doctrine ?

La meilleure chose aurait été, pour le Saint-Père, d’accorder une audience avant leur publication. Nous avons désormais le spectacle d’une épreuve de force. C’est mieux de parler avant, d’approfondir les questions et de donner de bonnes réponses. [...] Le successeur de saint Pierre mérite un respect total pour sa personne et son mandat qu’il tient de Dieu, en même temps, ceux qui le critiquent honnêtement méritent une réponse convaincante. Une solution possible serait qu’un groupe de cardinaux désignés par le Saint-Père, engage un débat théologique avec quelques représentants éminents des dubia et des « corrections », sur les interprétations différentes et parfois controversées de certaines déclarations du chapitre VIII d’Amoris Lætitia. [...]

Une fois, dans un entretien avec le Corriere della Sera [2015], [Mgr Fernández] m’a publiquement critiqué en disant que le préfet de la Congrégation n’avait rien à dire, que le Pape était son ami, qu’il en était l’authentique interprète, que le Saint-Père reçoit ses lumières directement du Saint- Esprit. Mais je n’ai jamais lu nulle part que le Saint-Père recevait des lumières du Saint-Esprit, dans le sens d’une nouvelle révélation. Le Pape n’est assisté par le Saint-Esprit que pour interpréter authentiquement la révélation de Dieu dans le Christ. Lui et les évêques sont des coopérateurs humains pour transmettre la Révélation qui est entièrement donnée par Jésus-Christ, le Verbe incarné de Dieu, mais ils ne reçoivent aucune autre sorte de révélation.

Les Évangiles sont des mots humains inspirés par le Saint-Esprit, mais cela n’exclut pas la coopération authentiquement humaine des évangélistes. La théologie catholique ne parle pas « d’illumination du magistère du Pape et des évêques ». Les Apôtres ont écouté les paroles de Jésus – c’était une médiation humaine de fait de nature humaine, et c’est pourquoi la coopération de l’Église est absolument nécessaire. Personne ne peut croire sans avoir entendu avec des oreilles humaines la parole de Dieu.

Quand des conseillers du Pape invoquent fréquemment le Saint-Esprit pour justifier leurs positions, impliquant par là que si quelqu’un ne [les] comprend pas il ne comprend pas ce qu’opère le Saint-Esprit, n’est-ce pas là une tendance dangereuse ?

Je crains qu’il y ait une sorte d’incompréhension pentecôtiste quant au rôle du Saint-Esprit. Dans le Verbe incarné de Dieu, dans le Fils de Dieu, Jésus-Christ, nous sont données toute grâce et toute vérité. Le Saint-Esprit réalise la plénitude de la Révélation dans la doctrine et les sacrements de l’Église. Le Saint-Père joue un rôle très im- portant dans la tradition apostolique, mais ce n’est pas le seul. Son enseignement se règle sur la parole de Dieu dans la Bible et sur la tradition dogmatique de l’Église. Le magistère et tous les croyants sont soutenus par le Saint-Esprit dans l’actualisation de la Révélation pleine et entière, mais ils ne reçoivent aucune nouvelle révélation publique qui ferait partie du depositum fidei, comme l’a confirmé le concile de Vatican II [Lumen Gentium, n. 25].

Personne ne peut exiger d’un catholique qu’il croit une doctrine qui serait en opposition évidente à la Sainte Écriture, à la tradition apostolique et aux définitions dogmatiques des papes et des conciles œcuméniques en matière de foi et de morale. Ce qui est requis c’est l’obéissance religieuse mais non une foi aveugle au Pape et aux évêques, et rien du tout aux amis personnels et aux conseillers.

Ces gens doivent venir présenter leurs arguments mais il ne leur est pas permis d’exiger un quelconque respect à leur supposée autorité magistérielle. Nous ne croyons pas des choses simplement parce qu’un pape nous les enseigne, mais parce que ces vérités sont contenues dans la Révélation [Dei Verbum, n. 10]."


Europe : ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux

Le pape a participé, samedi 28 octobre, à 17h30, au « dialogue » entre représentants des communautés chrétiennes et de la vie politique, sur le thème « (Re)penser l’Europe. Une contribution chrétienne à l’avenir du projet européen », promu par la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE). Extraits de son discours :

DNPHXKpX0AAm8WT"[...] La première, et peut-être la plus grande contribution que les chrétiens puissent offrir à l’Europe d’aujourd’hui, c’est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de nombres ou d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes. Malheureusement, on remarque comment souvent tout débat se réduit facilement à une discussion de chiffres. Il n’y a pas les citoyens, il y a les suffrages. Il n’y a pas les migrants, il y a les quotas. Il n’y a pas les travailleurs, il y a les indicateurs économiques. Il n’y a pas les pauvres, il y a les seuils de pauvreté. Le caractère concret de la personne humaine est ainsi réduit à un principe abstrait, plus commode et plus apaisant. On en saisit la raison : les personnes ont des visages, elles nous obligent à une responsabilité réelle, active ‘‘personnelle’’ ; les chiffres nous occupent avec des raisonnements, certes utiles et importants, mais ils resteront toujours sans âme. Ils nous offrent l’alibi d’un désengagement, parce qu’ils ne nous touchent jamais dans la chair.

Reconnaître que l’autre est surtout une personne signifie valoriser ce qui m’unit à lui. Le fait d’être des personnes nous lie aux autres, nous fait être communauté. Donc, la deuxième contribution que les chrétiens peuvent offrir à l’avenir de l’Europe est la redécouverte du sens d’appartenance à une communauté. Ce n’est pas un hasard si les Pères fondateurs du projet européen ont choisi précisément ce mot pour identifier le nouveau sujet politique que se constituait. La communauté est le plus grand antidote contre les individualismes qui caractérisent notre temps, contre cette tendance, aujourd’hui répandue en Occident, à se considérer et à vivre dans la solitude. On comprend mal le concept de liberté, en l’interprétant presque comme s’il s’agissait du devoir d’être seuls, affranchis de tout lien, et par conséquent on a construit une société déracinée, privée du sens d’appartenance et d’héritage.

Les chrétiens reconnaissent que leur identité est de prime abord relationnelle. Ils sont insérés comme membres d’un corps, l’Église (cf. 1 Co 12, 12), dans lequel chacun, avec sa propre identité et particularité, participe librement à l’édification commune. De manière analogue, ce lien se retrouve aussi dans le domaine des relations interpersonnelles et de la société civile. Devant l’autre, chacun découvre ses qualités et ses défauts ; ses points forts et ses faiblesses : en d’autres termes, il découvre son visage, comprend son identité.

La famille, en tant que première communauté, demeure le lieu le plus fondamental de cette découverte. La diversité y est exaltée et en même temps est comprise dans l’unité. La famille est l’union harmonieuse des différences entre l’homme et la femme, qui est d’autant plus authentique et profonde qu’elle est procréatrice, capable de s’ouvrir à la vie et aux autres. [...]

Cela pousse à prendre en compte le rôle positif et constructif de la religion en général dans l’édification de la société. Je pense par exemple à la contribution du dialogue interreligieux pour favoriser la connaissance réciproque entre chrétiens et musulmans en Europe. Malheureusement, un certain préjugé laïciste, encore en vogue, n’est pas en mesure de percevoir la valeur positive pour la société du rôle public et objectif de la religion, préférant la reléguer à une sphère purement privée et sentimentale. On instaure ainsi la prédominance d’une certaine pensée unique, assez répandue dans les réunions internationales, qui voit dans l’affirmation d’une identité religieuse un danger pour elle et pour sa propre hégémonie, en finissant ainsi par favoriser une opposition artificielle entre le droit à la liberté religieuse et d’autres droits fondamentaux. [...]

Depuis les années soixante du siècle passé, on assiste à un conflit des générations sans précédent. En remettant aux nouvelles générations les idéaux qui ont fait la grandeur de l’Europe, on peut dire de manière hyperbolique qu’à la tradition on a préféré la trahison. Au rejet de ce qui provenait des pères a ainsi succédé le temps d’une stérilité dramatique. Non seulement parce qu’en Europe on fait peu d’enfants, et que ceux qui ont été privés du droit de naître sont trop nombreux, mais aussi parce qu’on s’est découvert incapable de transmettre aux jeunes les instruments matériels et culturels pour affronter l’avenir. L’Europe vit une sorte de déficit de mémoire. Redevenir une communauté solidaire signifie redécouvrir la valeur de son propre passé, pour enrichir le présent et transmettre à la postérité un avenir d’espérance.

Beaucoup de jeunes se trouvent au contraire désemparés face à l’absence de racines et de perspectives, « secoués et menés à la dérive par tous les courants d’idées » (Ep 4, 14) ; parfois également ‘‘prisonniers’’ d’adultes possessifs qui ont du mal à assumer leur devoir. Elle est grave, la tâche d’éduquer non seulement en offrant un ensemble de connaissances techniques et scientifiques, mais surtout en œuvrant « pour promouvoir la personne humaine dans sa perfection, ainsi que pour assurer le bien de la société terrestre et la construction d’un monde toujours plus humain » (Concile Œcuménique Vatican II, Décl. Gravissimum educationis, 28 octobre 1965, n. 3). Cela exige l’engagement de toute la société. L’éducation est une tâche commune, qui demande la participation active concomitante des parents, de l’école et des universités, des institutions religieuses et de la société civile. Sans éducation, la culture ne se forme pas et le tissu vital des communautés se dessèche. [...]

 

L’auteur de la Lettre à Diognète affirme que « ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde » (Lettre à Diognète, VI). En ce temps, ils sont appelés à redonner une âme à l’Europe, à réveiller sa conscience, non pas pour occuper les espaces, mais pour encourager les processus (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 223) qui créent de nouveaux dynamismes dans la société. C’est précisément ce qu’a fait saint Benoît proclamé, non pas par hasard, patron de l’Europe par Paul VI : il ne s’est pas soucié d’occuper les espaces d’un monde désorienté et confus. Soutenu par la foi, il a regardé au-delà et depuis une petite grotte de Subiaco il a donné le jour à un mouvement contagieux et irrésistible qui a redessiné le visage de l’Europe. Lui, qui a été « messager de paix, artisan d’union, maître de civilisation » (Paul VI, Lett. Ap. Pacis Nuntius, 24 octobre 1964), qu’il nous montre à nous aussi chrétiens d’aujourd’hui combien de la foi jaillit une espérance joyeuse, capable de changer le monde."


Le pape dénonce l'idéologie du genre

Le pape François est intervenu devant les participants à la XXIIIe Assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie, reçus au Vatican le 5 octobre 2017. Il a appelé à « recomposer la fracture entre les générations » et à une « vraie compassion ». Evoquant le thème de la rencontre – « Accompagner la vie. Nouvelles responsabilités à l’ère technologique » – le pape a souligné que

« la puissance des biotechnologies, qui aujourd’hui déjà permet des manipulations de la vie impensables jusqu’à hier, pose des questions redoutables ». « Il est par conséquent urgent d’intensifier l’étude et la confrontation sur les effets de cette évolution de la société dans le sens technologique pour articuler une synthèse anthropologique qui soit à la hauteur de ce défi majeur. »

Dans une culture « centrée obsessionnellement sur la souveraineté de l’homme », avec une « egolâtrie », un « culte du moi, sur l’autel duquel on sacrifie tout », l’homme court le risque de devenir « incapable de tourner les yeux vers les autres et le monde » : la diffusion de cette attitude a « de très graves conséquences pour toutes les affections et les liens de la vie ». Il ne s’agit pas, « de nier et de réduire la légitimité de l’aspiration individuelle à la qualité de la vie et l’importance des ressources économiques et des moyens techniques qui peuvent la favoriser ». Mais l’attitude qui tend à traiter la vie comme « une ressource à exploiter ou à éliminer en fonction du pouvoir et du profit, ne peut être passée sous silence ».

« Des hommes, des femmes et des enfants de tous les coins du monde expérimentent avec amertume et douleur les promesses illusoires de ce matérialisme technocratique » tandis que grandissent « les territoires de la pauvreté et du conflit, du rejet et de l’abandon, du ressentiment et du désespoir »: « Un progrès scientifique authentique et technologique devrait au contraire inspirer des politiques plus humaines. »

Le pape François s’est aussi arrêté sur

AAA0979-1-740x493« l’hypothèse récemment avancée de rouvrir la voie de la dignité de la personne en neutralisant radicalement la différence sexuelle et, donc, l’entente de l’homme et de la femme ». « Au lieu de s’opposer aux interprétations négatives de la différence sexuelle, qui mortifient sa valeur irréductible pour la dignité humaine, on veut supprimer de fait cette différence, en proposant des techniques et des pratiques qui la rendent insignifiante pour le développement de la personne et pour les relations humaines ».

« L’utopie du “neutre” enlève à la fois la dignité humaine de la constitution sexuellement différente et la qualité personnelle de la transmission générative de la vie. La manipulation biologique et psychique de la différence sexuelle, que la technologie biomédicale laisse entrevoir comme complétement disponible au choix de la liberté – alors qu’elle ne l’est pas ! –, risque ainsi de démanteler la source d’énergie qui alimente l’alliance de l’homme et de la femme et la rend créative et féconde. » « En tant qu’elle est reçue comme un don, la vie s’exalte dans le don : la générer nous régénère, la dépenser nous enrichit ». «L’alliance générative de l’homme et de la femme … n’est pas un handicap ».

« Le monde a besoin de croyants… qui soient résolument déterminés à recomposer la fracture entre les générations », « cette fracture interrompt la transmission de la vie » : les jeunes n’ont plus de guide et les personnes âgées sont rejetées. La vie de ces dernières doit être « honorée pour ce qu’elle a donné généreusement, pas être écartée pour ce qu’elle n’a plus ». «La passion pour l’accompagnement et le soin de la vie… demande la réhabilitation d’un ethos de la compassion ou de la tendresse » : il s’agit de « retrouver la sensibilité pour les différents âges de la vie, en particulier pour ceux des enfants et des personnes âgées. Tout ce qui en eux est délicat et fragile, vulnérable et corruptible, n’est pas une affaire qui doit concerner exclusivement la médecine et le bien-être. »

« Une société dans laquelle tout peut être seulement acheté et vendu, bureaucratiquement régulé et techniquement établi, a dénoncé le pape, est une société qui a déjà perdu le sens de la vie. Elle ne le transmettra pas aux petits enfants, elle ne le reconnaîtra pas dans les parents âgés. C’est pourquoi, presque sans s’en rendre compte, nous édifions désormais des villes toujours plus hostiles aux enfants et des communautés toujours plus inhospitalières pour les personnes âgées, avec des murs sans portes ni fenêtres : ils devraient protéger, en réalité ils étouffent. »

« L’accompagnement responsable de la vie humaine, de sa conception et pour toute sa durée jusqu’à sa fin naturelle, est un travail de discernement et d’intelligence d’amour par des hommes et des femmes libres et passionnés, et par des pasteurs non mercenaires. »


"Migrations" : il ne faudrait pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages

De Jacques de Guillebon dans La Nef, à propos des derniers propos du pape sur l'immigration :

FIC135494HAB33"[...] On nous a beaucoup reproché de manquer de respect à la parole du pape actuel. Ce n’est pas du tout notre intention, et nous n’avons nulle volonté de créer du scandale. Mais il faut avouer que nous sommes nombreux à être troublés par son discours en cette matière, qui en plus de faire fi de la pensée traditionnelle de l’Église sur les nations, semble faire peu de cas des réalités actuelles. Et surtout pose, même si ce n’est certainement pas son but, à nouveau la grande question des rapports du spirituel et du temporel. Non point que nous croyions comme certains laïcards que l’Église n’ait son mot à dire dans les affaires humaines – et la DSE que nous venons de citer est là pour témoigner du contraire. Mais cette DSE pose elle-même ses propres limites :

« La doctrine sociale implique également des responsabilités relatives à la construction, à l'organisation et au fonctionnement de la société : obligations politiques, économiques, administratives, c'est-à-dire de nature séculière, qui appartiennent aux fidèles laïcs, et non pas aux prêtres ni aux religieux. Ces responsabilités reviennent aux laïcs d'une façon spécifique, en raison de la condition séculière de leur état de vie et du caractère séculier de leur vocation : à travers ces responsabilités, les laïcs mettent en pratique l'enseignement social et accomplissent la mission séculière de l’Église. »

LA RESPONSABILITÉ DES LAÏCS

Alors, en effet, et nul ne le nie, la hiérarchie ecclésiastique est plus que fondée, c’est son devoir même, à inciter ses fidèles à pratiquer la charité, et à se préoccuper des faibles, des pauvres, etc. Mais quant aux moyens politiques à déployer pour en arriver là, elle n’en a pas nécessairement la compétence. Saint Louis, qui n’était pas le dernier des sots, avait bien fait comprendre au pape qu’il serait toujours là pour le défendre contre l’empereur, mais qu’il ne serait jamais l’instrument de ses prétentions temporelles. Jeanne d’Arc savait que Dieu aimait les Anglais, mais chez eux, etc. Aussi est-ce nous, les laïcs chrétiens, qui sommes fondés à décider des moyens pour répondre à ces « migrations ». Mot magique qui ne veut d’ailleurs plus rien dire, ou alors nous sommes trop bêtes pour le comprendre et on voudrait bien qu’on nous explique. Pour François, il y a ainsi eu « une migration » des missionnaires catholiques qui évangélisèrent le monde. Nous voici tous devenus des migrateurs, tels certains oiseaux. Mais il ne faudrait peut-être pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Ou alors, il faudrait rappeler aussi la magnifique migration des colonisateurs européens aux siècles précédents. Migration que nous suggérons de remettre en œuvre aujourd’hui pour aller régler directement la question dans les pays en guerre ou sans État qui provoquent le départ massif de leurs malheureuses populations."


Le cardinal Burke de retour au Tribunal suprême de la Signature apostolique

Unknown-9Le cardinal Raymond Leo Burke, né le 30 juin 1948, fut évêque de La Crosse, puis archevêque de Saint-Louis. En 2010, le pape Benoît XVI le nomme préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique. Le pape l'a démis de cette fonction en 2014 pour le nommer à l'Ordre Souverain de Malte.

Aujourd'hui, le pape François a nommé cinq nouveaux membres du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Dont… le cardinal Raymond Burke.


Oui, comme l’a reconnu Benoît XVI, « la barque de Pierre prend l’eau de toute part »

Après la publication, le dimanche 24 septembre, de la Correctio filialis signée par 62 clercs et universitaires laïcs qui relèvent sept propositions hérétiques dans l’exhortation apostolique Amoris lætitia, FSSPX.Actualités a demandé à Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, pour quelle raison il avait signé ce document. Extrait :

"[...] Il faut souhaiter qu’elle permette une prise de conscience plus nette de la gravité de la situation de l’Eglise de la part des clercs et des fidèles. Oui, comme l’a reconnu Benoît XVI, « la barque de Pierre prend l’eau de toute part ». Ce n’était pas une image poétique, c’est une réalité tragique. Dans la bataille présente, ce sont la foi et la morale qu’il faut défendre !

On peut également espérer que d’autres soutiens se manifestent de la part de ceux qui ont charge d’âmes. Les signataires de la Correctio filialis, en exposant ces propositions objectivement hétérodoxes, n’ont fait que dire tout haut ce que beaucoup savent au fond. N’est-il pas temps pour ces pasteurs de le dire haut et fort ? Mais, là aussi, c’est moins le nombre des signataires que la valeur objective des arguments qui importe. La Vérité révélée par le Christ n’est pas quantifiable, elle est avant tout immuable.

Il faut implorer Dieu pour que le Vicaire du Christ rétablisse une entière clarté en un domaine aussi essentiel : on ne peut modifier la loi divine du mariage sans provoquer de graves dissensions. Si rien n'est fait, la division qui se dessine dans l’Eglise, risque de devenir irréparable. C’est pourquoi nous prions afin que, véritablement, la parole de Notre-Seigneur à saint Pierre puisse s’appliquer au pape François : « Et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères. » (Lc 22, 32)"


Du jamais vu depuis 1333 : une correction publique adressée au pape

Capture d’écran 2017-09-24 à 19.51.36Le 16 juillet 2017, plusieurs clercs et universitaires laïcs ont adressé au pape François une correctio filialis, correction filiale, rendue publique ce dimanche 24 septembre. Ils y relèvent sept hérésies contenues dans l’exhortation apostolique Amoris lætitia. On peut lire et télécharger ici le texte in extenso de la Correctio filialis. Un site a été spécialement créé : www.correctiofilialis.org

Parmi la soixantaine de signataires, on trouve des prêtres, des universitaires, des intellectuels, mais aussi Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, ainsi que le supérieur de district au Royaume-Uni, l'abbé Robert Brucciani, l'abbé Claude Barthe, le frère Jehan de Belleville, l'abbé Guy Pagès. Il y a aussi deux des six personnalités laïques qui se sont réunies à Rome le 22 avril dernier pour le séminaire d’études sur « Amoris laetitia » évoqué par le cardinal Carlo Caffarra dans sa dernière – et ignorée – lettre au Pape François. Il s’agit de Claudio Pierantoni, professeur de philosophie à l’Universidad de Chile de Santiago du Chili et d’Anna M. Silvas, une australienne spécialiste des Pères de l’Eglise et professeur à l’University of New England.

Cette critique très documentée fait suite aux Dubia sur Amoris lætitia (19 septembre 2016) des quatre cardinaux, Walter Brandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner et Carlo Caffarra. Ils y demandaient respectueusement au pape François de « faire la clarté » sur cinq points hétérodoxes d’Amoris lætitia. Les Dubia, restés sans réponse, furent suivis d’une demande d’audience de la part de leurs auteurs (25 avril 2017). Audience non accordée.

Le 29 juin 2016, 45 théologiens avaient fait parvenir au cardinal Angelo Sodano, doyen du Collège des Cardinaux une nouvelle étude critique portant sur 19 points d’Amoris lætitia. Critique, elle aussi, restée sans réponse.

Cette lettre de 26 pages affirme que le pape, par son Exhortation apostolique Amoris laetitia ainsi que par d’autres paroles, actions et omissions en rapport avec celle-ci, a effectivement soutenu sept propositions hérétiques par rapport au mariage, à la vie morale et à la réception des sacrements, et qu'il a été à l’origine de la diffusion de ces opinions hérétiques au sein de l’Eglise catholique. 

En voici le début :

« Très Saint-Père, C’est avec une profonde tristesse, mais poussés par la fidélité envers Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour pour l’Eglise et pour la papauté, et par dévotion filiale envers votre personne nous sommes contraints d’adresser à Votre Sainteté une correction à cause de la propagation d’hérésies entraînée par l’exhortation apostolique ‘Amoris laetitia’ et par d’autres paroles, actions et omissions de Votre Sainteté. »

Il faut remonter à 1333 pour retrouver un épisode analogue, c’est-à-dire une « correction » publique adressée au pape pour des hérésies soutenues par lui et ensuite effectivement rejetées par le pape de l’époque, Jean XXII.

Cette lettre de correction comporte trois parties principales. Dans la première partie, les signataires expliquent pourquoi, en tant que catholiques croyants et pratiquants, ils ont le droit et le devoir d’adresser une telle correction au souverain pontife. Le droit ecclésiastique lui-même requiert que les personnes compétentes ne restent point silencieuses lorsque les pasteurs de l’Eglise induisent le troupeau en erreur. Cela n’entraîne aucun conflit avec le dogme catholique de l’infaillibilité pontificale, puisque l’Eglise enseigne qu'un pape doit satisfaire à des critères stricts pour que ses paroles puissent être considérées comme infaillibles. Le pape François n’a pas rempli ces critères. Il n’a pas déclaré que ces positions hérétiques sont des enseignements définitifs de l’Eglise, pas plus qu'il n’a déclaré que les catholiques devraient les croire avec l’assentiment de la foi. L'Eglise enseigne qu'aucun pape ne peut soutenir que Dieu lui aurait révélé quelque nouvelle vérité que les catholiques seraient obligés de croire. 

La deuxième partie de la lettre est la partie essentielle, puisqu’elle contient la « correction » proprement dite. Elle établit la liste des passages d’Amoris laetitia où des positions hérétiques sont insinuées ou encouragées, puis elle énumère les paroles, les actes et les omissions du pape François qui font comprendre, au-delà de tout doute raisonnable, que celui-ci veut voir les catholiques interpréter ces passages d’une manière qui est, de fait, hérétique. En particulier, le pape a directement ou indirectement approuvé les croyances selon lesquelles l’obéissance à la loi de Dieu peut se trouver être impossible ou non souhaitable, et selon lesquelles l’Eglise sait parfois accepter que l’adultère soit considéré comme compatible avec le fait d’être un catholique pratiquant.

La partie finale, sous le titre « Elucidation », aborde les deux causes de cette crise unique. L’une des causes est le « modernisme ». Théologiquement parlant, le modernisme est la croyance que Dieu n’a pas transmis à l’Eglise des vérités définitives qu'elle doit continuer d’enseigner dans un sens exactement identique jusqu’à la fin des temps. Les modernistes tiennent que Dieu ne communique à l’homme que des expériences, sur lesquelles les êtres humains peuvent réfléchir, de manière à affirmer des choses diverses sur Dieu, la vie et la religion ; mais de telles affirmations ne sont que provisoires, et ne sont jamais des dogmes fixes. Le modernisme a été condamné par le pape saint Pie X au début du XXe siècle, mais il a connu un regain au milieu de ce siècle. La confusion importante et persistante qui s’est installée dans l’Eglise catholique à travers le modernisme oblige les signataires à rappeler la vraie définition de la « foi », de l’« hérésie », de la « révélation » et du « magistère ».

Une deuxième cause de la crise est constituée par l’influence apparente des idées de Martin Luther sur le pape François. La lettre montre comment Luther, fondateur du protestantisme, avait sur le mariage, le divorce, le pardon et la loi divine des idées qui correspondent à celles promues par le pape en paroles, en actions et par omission. Elle met également en évidence la louange explicite et sans précédent qu’a faite le pape de l’hérésiarque allemand.

Les signataires ne s’aventurent pas à juger du degré de conscience avec lequel le pape François a propagé les sept hérésies qu'ils énumèrent. Mais ils insistent avec respect pour qu’il condamne ces hérésies, qu'il a directement ou indirectement soutenues.

Les signataires professent leur fidélité à la Sainte Eglise romaine, assurant le pape de leurs prières et implorant sa bénédiction apostolique.


Motu proprio Summa familiae cura

Le service de presse du Vatican vient de rendre public un Motu proprio intitulé Summa familiae cura, daté du 8 septembre, soit deux jours après la mort du Cardinal Caffara, par lequel le souverain pontife met pratiquement fin à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille que saint Jean-Paul II avait créé pour répondre à la crise morale traversée par tant de sociétés contemporaines au cœur de leurs cellules vivantes que sont les familles. Présenté comme « un nouveau pas sur le chemin synodal » ouvert par Jean-Paul II en 1980 et qui avait donné lieu à l’exhortation apostolique Familiaris consortio, Summa familiae cura présente « la nouvelle étape synodale » comme un événement qui a « conduit l’Eglise à une conscience renouvelée de l’Evangile de la famille et des nouveaux défis pastoraux auquel la communauté chrétienne est appelée à répondre ». Jeanne Smits analyse :

Capture d’écran 2017-09-19 à 19.07.02"Le nouveau Motu proprio repose sur ce principe d’attention aux situations concrètes ; il cite largement Amoris laetitia et insiste sur « le changement anthropologique et culturel » actuel qui requiert de nouvelles réponses. On veut regarder « la réalité de la famille aujourd’hui, dans toute sa complexité, dans ses lumières et ses ombres ». Fort de tout cela, le pape François a décidé de son propre mouvement de modifier les attributions de l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille, notamment en modifiant son titre : l’Institut théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage de la famille aura un champ d’intérêt plus large avec « le développement des sciences humaines et de la culture anthropologique dans un domaine aussi fondamental pour la culture de vie ».

Remplacement, donc, et d’emblée, référence au souci écologique. L’article 2 de Summa familiae cura l’explicite : « Le nouvel Institut sera, dans le contexte des institutions pontificales, un centre académique de référence, au service de la mission de l’Eglise universelle, dans le domaine des sciences qui ont un rapport avec le mariage et la famille, et par rapport aux thèmes associés à l’alliance fondamentale de l’homme et de la femme pour la garde et la génération de la création ». Le tout en lien étroit avec l’université pontificale du Latran.

De nouveaux statuts sont annoncés ; en attendant, ceux de l’Institut Jean-Paul II restent provisoirement en vigueur « pour autant qu’ils ne sont pas contraires au présent Motu proprio ».

Si dans l’ensemble, les articles de Summa familiae cura ne laissent pas présager avec certitude une révolution par rapport à ce qu’a fait jusqu’ici l’Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille – profondément attaché depuis le début à la plus solide doctrine du mariage et des obligations morales qui s’y attachent – c’est le préambule qui donne le ton et qui laisse comprendre la volonté de modifier l’approche pastorale en tenant compte non plus de cette réalité du mariage qu’Amoris laetitia qualifie volontiers d’« idéale », mais de la multiplicité des situations et de la volonté de considérer le « bien » qui se trouve dans chacune d’entre elles. C’est la fameuse approche « analytique et diversifiée » d’Amoris laetitia que le Motu proprio reprend à son compte.

Mgr Vincenzo Paglia, actuel Grand chancelier de l’Institut pontifical Jean-Paul II, a salué les modifications apportées par le pape François lors d’un point de presse à la Salle de presse du Vatican, les résumant avec ces mots révélateurs : « Amoris laetitia devient la nouvelle Magna Carta. » C’est dire que l’Exhortation post-synodale, loin d’être un simple encouragement aux familles, et considéré est utilisé comme un document fondateur, en vue d’un changement fondamental.

« Pour le pape François, la famille n’est pas simplement un idéal abstrait : ce sont toutes les familles, sans distinction, qui doivent être aidées et accompagnées afin de redécouvrir leur mission historique, que ce soit dans l’Eglise ou dans la société, et cela lie l’Institut de manière particulière au dernier de synode », a indiqué Mgr Paglia, promoteur à titre personnel de la communion pour les divorcés remariés dès avant sa nomination à la tête du conseil pontifical pour la famille, puis de l’Académie pontificale pour la vie et de l’institut Jean-Paul II.

L’approche sociologique, il ne faut jamais l’oublier, est aux antipodes de l’approche normative et juridique dont on peut supposer qu’elle sera mise au ban par dans les hautes sphères de cet Institut bouleversé par la rénovation. « Tanti saluti à Wojtyla et Caffarra », titre Sandro Magister, évoquant ce nouveau « tremblement de terre ». Adieu, salut les amis, tant pis pour eux : l’expression italienne veut dire tout cela. Le cardinal Caffarra n’aura pas eu le temps de voir le désastre…"

Le corps professoral de l'Institut Jean-Paul II, qui s'était signalé par une interprétation d'Amoris laetitia strictement conforme à Veritatis Splendor et Familiaris consortio, sera-t-il repris dans la nouvelle structure, ou bien va-t-on assister à une certaine purge, à laquelle on s'attendait en fait depuis un an avec le remplacement du jour au lendemain de son président Mgr Livio Melina?


Pape François : une politique d'immigration doit se conformer à la vertu de prudence

DJdF-OaXgAA4g9NDans l'avion de retour de Colombie, le pape François a notamment été interrogé sur la politique d’accueil des immigrés, suite au message qu'il a publié en août sur la prochaine journée du migrant, et qui a suscité beaucoup de réactions. Si le pape a dit sa « gratitude » à l’Italie et à la Grèce « parce qu’elles ont ouvert leurs cœurs aux migrants », il a ajouté qu'il ne suffit pas d’ouvrir son cœur :

« Un gouvernement doit gérer ce problème avec la vertu propre d’un gouvernant, c’est-à-dire la prudence. Qu’est-ce que cela signifie ? D’abord : combien ai-je de places ? Deuxièmement : il ne suffit pas de les recevoir, mais il faut les intégrer. (…) Troisièmement, il y a un problème humanitaire. L’humanité prend conscience de ces Lagers [camps] dans le désert et des conditions de vie qui y règnent. J’ai vu les photographies. Il y a d’abord les exploiteurs. J’en ai parlé au gouvernement italien et j’ai l’impression qu’il fait tout son possible pour résoudre les problèmes humanitaires, y compris ceux qu’on ne peut résoudre. »

Par ailleurs, le pape s'est blessé dans sa papamobile, lorsqu'elle a freiné lors du trajet hier. Alors que le pape saluait la foule, il a cogné la vitre de sa voiture.


Pape François : "Il faut des lois justes", "le respect sacré de la vie humaine est une pierre angulaire dans la construction d’une société"

Le pape François effectue actuellement une visite apostolique en Colombie. Lors de sa rencontre avec les autorités, le pape a déclaré :

Cq5dam.web.800.800-2"[...] La devise de ce pays dit : « Liberté et ordre ». Dans ces deux mots se trouve tout un enseignement. Les citoyens doivent être respectés dans leur liberté et protégés par un ordre stable. Ce n’est pas la loi du plus fort, mais la force de la loi, approuvée par tous, qui régit la cohabitation pacifique. Il faut des lois justes pouvant garantir cette harmonie et aider à surmonter les conflits qui ont déchiré cette Nation durant des décennies ; des lois qui ne naissent pas de l’exigence pragmatique de mettre de l’ordre dans la société mais du désir de s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté qui génèrent exclusion et violence. Ce n’est qu’ainsi qu’on soigne la maladie qui fragilise et rend indigne la société et la laisse toujours au seuil de nouvelles crises. N’oublions pas que l’iniquité est la racine des maux sociaux.

Dans cette perspective, je vous encourage à poser le regard sur tous ceux qui, aujourd’hui, sont exclus et marginalisés par la société, ceux qui ne comptent pas pour la majorité et qui sont repoussés et mis à l’écart. Nous sommes tous nécessaires pour créer et former la société. Celle-ci n’est pas constituée uniquement par quelques-uns de ‘‘pur-sang’’, mais par tous. Et c’est ici que s’enracinent la grandeur et la beauté d’un pays, dans lequel tous ont une place et tous sont importants. Comme ces garçons qui, avec leur spontanéité, voulaient rendre ce protocole beaucoup plus humain. Tous nous sommes importants. Il y a de la richesse dans la diversité. Je pense à ce premier voyage de saint Pierre Claver depuis Cartagena jusqu’à Bogota en naviguant sur le Magdalena : sa stupéfaction est la nôtre. Hier et aujourd’hui, nous posons le regard sur les différentes ethnies et sur les habitants des zones les plus reculées, les paysans. Nous arrêtons le regard sur les plus faibles, sur ceux qui sont exploités et maltraités, sur ceux qui n’ont pas de voix, parce qu’on les en a privé ou qu’on ne la leur a pas donnée, ou qu’on ne la leur reconnaît pas. Nous arrêtons le regard également sur la femme, sur son apport, sur son talent, sur sa façon d’être ‘‘mère’’ dans les multiples tâches. La Colombie a besoin de la participation de tous pour s’ouvrir à l’avenir avec espérance.

Cq5dam.web.800.800L’Église, fidèle à sa mission, s’engage pour la paix, la justice et le bien de tous. Elle est consciente que les principes évangéliques constituent une dimension significative du tissu social colombien, et pour cela, peuvent apporter beaucoup à la croissance du pays. En particulier, le respect sacré de la vie humaine, surtout la plus faible et sans défense, est une pierre angulaire dans la construction d’une société sans violence. En outre, nous ne pouvons nous empêcher de souligner l’importance sociale de la famille, voulue par Dieu comme le fruit de l’amour des époux, « lieu où l’on apprend à vivre ensemble dans la différence et à appartenir aux autres ». Et s’il vous plaît, je vous demande d’écouter les pauvres, ceux qui souffrent. Regardez-les dans les yeux et laissez-vous interroger à tout moment par leurs visages sillonnés de souffrance et par leurs mains suppliantes. En eux, on apprend d’authentiques leçons de vie, d’humanité, de dignité. Car, ceux-là, qui gémissent dans les chaînes, comprennent, bien-sûr, les paroles de celui qui est mort sur la croix – comme le dit le texte de votre hymne national –. [...]"


La dernière lettre du cardinal Caffarra au pape François

Le 6 septembre, le cardinal Carlo Caffarra nous a quittés à l’improviste. Après la disparition, brutale elle aussi, du cardinal Joachim Meisner le 5 juillet, les quatre cardinaux signataires des « dubia » soumis au pape François il y a un an sur des points controversés d’Amoris laetitia ont été réduits de moitié. Les deux à être encore en vie sont l’allemand Walter Brandmüller et l’américain Raymond L. Burke.

C’est le cardinal Caffarra qui était le moteur du groupe. C’est sa signature qui figurait au bas de la lettre de demande d’audience pour lui et les trois autres envoyée au pape François au printemps dernier.  Cette fois encore, comme ce fut déjà le cas pour les dubia, cette demande était restée lettre morte. Peu avant l’envoi de cette lettre, le cardinal Caffarra avait eu la chance de croiser le pape François lors d’un de ses déplacement, à Carpi, près de Bologne, le 2 avril dernier. Pendant le repas, il était assis à côté de lui mais le pape avait préféré converser avec un vieux prêtre et avec les séminaristes assis à la même table.

Voici le texte intégral de la lettre en question, la dernière que le cardinal Caffarra ait adressée au Pape et qui avait déjà été publiée en exclusivité le 20 juin dernier par Settimo Cielo, avec l’autorisation de l’auteur.

Très Saint Père,

C’est avec une certaine appréhension que je m’adresse à Votre Sainteté durant ces jours du temps pascal. Je le fais au nom de leurs éminences les cardinaux Walter Brandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner ainsi qu’en mon nom personnel.

Nous souhaitons avant tout réaffirmer notre dévouement et notre amour inconditionnel à la Chaire de Pierre et pour Votre auguste personne, en laquelle nous reconnaissons le Successeur de Pierre et le Vicaire de Jésus : le « doux Christ de la terre » comme aimait à le dire Sainte Catherine de Sienne. Nous ne partageons en rien la position de ceux qui considèrent que le Siège de Pierre est vacant ni celle de ceux qui voudraient également attribuer à d’autres l’indivisible responsabilité du « munus » pétrinien. Nous ne sommes animés que par la conscience de la grave responsabilité issue du « munus » cardinalice : être des conseillers du Successeur de Pierre dans son ministère souverain. Ainsi que par le Sacrement de l’Episcopat qui « nous a établis comme évêques pour être les pasteurs de l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang. » (Actes 20, 28).

Le 19 septembre 2016, nous avons remis à Votre Sainteté et à la Congrégation pour la doctrine de la foi cinq « dubia » en Lui demandant de trancher des incertitudes et de faire la clarté sur certains points de l’exhortation apostolique post-synodale « Amoris laetitia ».

N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous avons pris la décision de demander respectueusement et humblement audience à Votre Sainteté, ensemble, s’il plaît à Votre Sainteté. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience dans laquelle nous exposons les deux points desquels nous souhaiterions nous entretenir avec Votre Sainteté.

Très Saint Père,

Une année s’est déjà écoulée depuis la publication d’ « Amoris laetitia ». Pendant cette période, plusieurs interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation post-synodale ont été données publiquement, non pas divergentes mais contraires au Magistère de l’Eglise. Malgré que le Préfet de la Doctrine de la foi ait à plusieurs reprises déclaré que la doctrine de l’Eglise n’a pas changé, plusieurs déclarations d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences épiscopales ont eu lieu et elles approuvent ce que le magistère de l’Eglise n’a jamais approuvé. Non seulement l’accès à la Sainte Eucharistie de ceux qui vivent objectivement et publiquement dans une situation de péché grave et entendent y demeurer mais également une conception de la conscience morale contraire à la Tradition de l’Eglise. Et c’est ainsi – oh comme il est douloureux de le constater ! – que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, ce qui est interdit dans l’Archidiocèse de Philadelphie est licite à Malte. Et ainsi de suite. L’amère constat de Blaise Pascal nous vient à l’esprit : « Justice au-deçà des Pyrénées, injustice au-delà ; justice sur la rive gauche du fleuve, injustice sur la rive droite ».

De nombreux laïcs compétents, aimant profondément l’Eglise et fermement loyaux envers le Siège Apostolique se sont adressés à leurs Pasteurs et à Votre Sainteté afin d’être confirmés dans la Sainte Doctrine concernant les trois sacrements du Mariage, de la Réconciliation et de l’Eucharistie. Et justement ces derniers jours à Rome, six laïcs provenant de chaque continent ont organisé un Colloque d’études qui a été très fréquenté, intitulé significativement: « Faire la clarté ».

Face à cette situation grave dans laquelle de nombreuses communautés chrétiennes sont en train de se diviser, nous sentons le poids de notre responsabilité et notre conscience nous pousse à demander humblement et respectueusement audience.

Que Votre Sainteté daigne se souvenir de nous dans Ses prières, comme nous l’assurons que nous le ferons dans les nôtres. Et nous demandons à Votre Sainteté le don de sa bénédiction apostolique.

Carlo Card. Caffarra

Rome, le 25 avril 2017 
Fête de Saint Marc évangéliste"


L'immigration contraire à la charité

D'Eric Letty dans le dernier Monde & Vie :

944_Page_01"Pour préparer la « journée mondiale du migrant et du réfugié 2018 », le pape François a diffusé, le 15 août, un message dans lequel il appelle à ouvrir largement les portes à l’immigration, au nom de la charité. Il est pourtant douteux que cette dernière y gagne. Les propositions de François émanent d’une conception essentiellement individualiste de l’immigration, envisagée comme un droit personnel qui primerait sur celui des nations. Cette opposition ne me paraît pas fondée. Dans son livre Mémoire et identité, saint Jean-Paul II rappelait que

« la doctrine sociale catholique considère que tant la famille que la nation sont des sociétés naturelles et ne sont donc pas le fruit d’une simple convention. C’est pourquoi, dans l’histoire de l’humanité, elles ne peuvent être remplacées par rien d’autre. »

Le pape polonais y définissait la nation comme « une communauté qui réside dans un territoire déterminé et qui se distingue des autres nations par une culture propre » et insistait sur l’importance de la culture nationale dans la résistance de son pays et de son peuple aux totalitarismes, nazi et communiste.

Son successeur argentin paraît au contraire ignorer cette dimension culturelle, lorsque, appelant les pays d’arrivée à l’accueil universel, il privilégie en outre la notion d’intégration sur celle d’assimilation, au nom d’« opportunités d’enrichissement interculturel général du fait de la présence de migrants et de réfugiés » dont l’expérience a prouvé l’inanité.

Dans les pays d’accueil, en particulier en France, la cohabitation anarchique de populations très différentes de mœurs et d’origines conduit au contraire à une “désintégration” culturelle des classes les plus pauvres de la population de souche, qui les prive de leur héritage collectif et de leur identité. L’Église devrait s’inquiéter des conséquences de cette perte d’identité qui favorise la déchristianisation au moment où l’islam s’installe, et de ce désarmement culturel à l’heure où le transhumanisme favorise un nouveau type de matérialisme, guère moins dangereux que les précédents.

Pour les pays d’origine, l’émigration d’une partie jeune et dynamique de leur population (il faut de la volonté pour tenter l’aventure) représente un appauvrissement et une perte de ressources humaines – sans parler de la politique d’« immigration choisie » pratiquée par les nations occidentales, qui les prive des cerveaux et des talents nécessaires à leur développement.

Pour les migrants eux-mêmes, enfin, le départ est douloureux et le pape François regarde comme une « contrainte » le fait de « quitter sa patrie à la recherche d’un avenir meilleur ». À tout cela, seuls trouvent finalement leur compte les mondialistes, aux yeux desquels les nations représentent des obstacles obsolètes à la marche vers une gouvernance mondiale qui servirait leur idéologie… et leurs intérêts. Pourtant, il ne suffira pas de fermer les frontières pour endiguer ces mouvements migratoires massifs. Il faudra supprimer la cause des départs. Une solution, la plus charitable, serait de dissuader les populations de quitter leurs terres natales en aidant efficacement au développement des nations pauvres. Comme le disait récemment Philippe de Villiers dans Famille chrétienne, « Il faut aider les pays d’origine – ce que le mondialisme refuse de faire car il encourage la transhumance de l’homme traité comme une marchandise ». Cette solution demandera un effort aux plus riches ; mais le coût en sera inférieur à celui de la disparition de leurs propres civilisations. Et les Français pourront au contraire y trouver une nouvelle raison de croire à la grandeur de leur pays."


Le pape aux musulmans : "cela leur ferait du bien de faire une étude critique du Coran"

Le souverain pontife se confie sur sa vie dans un grand entretien avec Dominique Wolton, à paraître le 6 septembre dans le livre "Politique et société" (Editions de l'Observatoire). On entrevue des extraits dans Le Figaro Magazine, mais aussi dans La Dépêche :

Couv-Politique-et-Société-HD-OKSur l'Eglise, la laïcité et la France. «L'État laïc est une chose saine. Il y a une saine laïcité. Jésus l'a dit, il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Nous sommes tous égaux devant Dieu. Mais je crois que dans certains pays comme en France, cette laïcité a une coloration héritée des Lumières beaucoup trop forte, qui construit un imaginaire collectif dans lequel les religions sont vues comme une sous-culture. Je crois que la France – c'est mon opinion personnelle, pas celle officielle de l'Église – devrait «élever» un peu le niveau de la laïcité, dans le sens où elle devrait dire que les religions font elles aussi partie de la culture. Comment exprimer cela de manière laïque ? Par l'ouverture à la transcendance. Chacun peut trouver sa forme d'ouverture. Dans l'héritage français, que veut dire un État laïc «ouvert à la transcendance» ? Que les religions font partie de la culture, que ce ne sont pas des sous-cultures ? Quand on dit qu'il ne faut pas porter de croix visibles autour du cou ou que les femmes ne doivent pas porter ça ou ça, c'est une bêtise. Car l'une et l'autre attitudes représentent une culture. Les Lumières pèsent trop lourd.»

Sur le mariage gay et la prétendue théorie du genre. «Que penser du mariage des personnes du même sexe ? Le «mariage» est un mot historique. Depuis toujours dans l'humanité, et non pas seulement dans l'Église, c'est un homme et une femme. Appelons donc cela les «unions civiles». Ne plaisantons pas avec les vérités. Il est vrai que derrière cela, il y a l'idéologie du genre. Dans les livres aussi, les enfants apprennent que l'on peut choisir son sexe.

Sur les musulmans. «Ils n'acceptent pas le principe de la réciprocité. «Je pense que cela leur ferait du bien de faire une étude critique du Coran, comme nous l'avons fait avec nos Écritures.»

Sur l'absolution de l'avortement. L'avortement, c'est grave, c'est un péché grave. C'est le meurtre d'un innocent. Mais si péché il y a, il faut faciliter le pardon. Puis à la fin, j'ai décidé que cette mesure serait permanente. Chaque prêtre peut désormais absoudre ce péché.


Ne pas confondre l’hospitalité et l’immigrationnisme

Dans Minute, l'abbé de Tanoüarn répond à au pape concernant sa dernière lettre sur les migrants :

Capture d’écran 2017-08-29 à 18.29.52"[...] Une occasion avant la rentrée de revenir sur votre politique en faveur des migrants, une politique que vous n’hésitez pas à tirer des propres paroles de l’Ecriture sainte, en citant dès les premières lignes l’un des cinq premiers livres de la Bible, le Lévitique : « L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote, et tu l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte. Je suis le Seigneur votre Dieu » (Lv 19, 34). Je crois que l’on peut employer, plutôt que le mot « immigré » qui sent très fort notre ultra- modernité, le mot « étranger ». Toute la Bible insiste sur l’accueil de l’étranger et la civilisation hébraïque est en symbiose sur ce point avec toutes les plus vieilles civilisations de l’humanité, dans lesquelles l’hospitalité est un devoir sacré.

Il ne vous aura pas échappé néanmoins qu’il existe une petite nuance entre « hospitalité » et « immigration ». L’hôte ne s’installe pas ; l’immigré, si. L’accueil de l’étranger, tel qu’il est recommandé dans la Bible et dans ce passage du Lévitique en particulier, relève du devoir d’hospitalité, qui est sacré. Il ne s’agit pas, pour les juifs, de faire de la place aux étrangers dans la Terre promise, sinon sous certaines modalités bien précises et vraiment drastiques qui sont définies dans la Torah et sur lesquelles nous allons revenir.

Disons tout de suite que ce qu’on lit dans l’Ancien Testament est exactement l’inverse de l’accueil de l’immigré ; c’est plutôt le nettoyage ethnique. Notre gloire nationale, l’abbé Pierre, malgré ou à cause de sa piété réelle, s’en était d’ailleurs scandalisé, avouant n’avoir découvert ces passages de l’Ecriture que tardivement dans sa vie de prêtre. Des exemples ? Au chapitre 31 du livre des Nombres, Yahvé donne l’ordre à Moïse d’exterminer les Madianites. Madian est une terre au sud de la mer Morte dont les femmes sont coupables d’avoir tenté de séduire les Hébreux pour les détourner du culte de Yahvé. La vengeance de Yahvé a été terrible : « Les Hébreux tuèrent tous les mâles. » Et Moïse insiste : « Tuez toutes les femmes qui ont connu un homme en partageant sa couche. Ne lais- sez la vie qu’aux petites filles qui n’ont pas partagé la couche d’un homme et qu’elles soient à vous » (sic). Comme compréhension de l’étranger, avouons qu’on fait mieux.

Dans le Deutéronome, cinquième des Livres de la Torah, ce sont les Cananéens qui doivent être exterminés. Moïse l’ordonne. C’est Josué qui passera à l’acte, pour conquérir la Terre promise, en exterminant ses anciens habitants, hommes et femmes : « Josué battit tout le pays [...] il ne laissa aucun survivant. Il frappa d’anathème tout ce qui respirait, comme l’avait ordonné le Seigneur, le Dieu d’Israël » (Juges 10, 40). On pourrait continuer cette funèbre énumération. Une chose est sûre : les Hébreux arrivant dans la Terre promise ne sont pas invités par Yahvé au « vivre ensemble », mais à l’extermination.

Quant à l’accueil de l’étranger, dont il est question dans le Lévitique, si l’on va au-delà de la simple hospitalité à l’occasion d’une visite, je crois qu’il faut interpréter les passages « accueillants » à travers cette formule au chapitre 12 du Livre de l’Exode : « Si un étranger en résidence chez toi veut faire la Pâque pour Yahvé, tous les mâles de sa maison devront être circoncis, il sera alors admis à le faire, il sera comme un citoyen du pays. Mais aucun incirconcis ne sera admis à le faire ; la loi sera la même pour le citoyen et pour l’étranger en résidence chez vous... » (12, 48). Nous tenons là le sens réel du passage cité par vous, sainteté : les étrangers en Israël seront traités comme les « souchiens » du moment qu’ils se convertissent, s’étant fait circoncire. Loin de respirer la largeur d’esprit et l’accueil de ceux qui n’ont pas la même culture, ces vieux textes exhortent tous à une assimilation, qui, si elle est impossible, doit céder la place à l’extermination.

[...] C’est le Christ qui ne fait acception de personne, pas le Vieux Testament... Ce qui ne signifie pas qu’un chrétien doit accueillir les immigrés pour qu’ils habitent sa terre en en modifiant l’équilibre culturel, mais qu’il doit secourir celui qui est dans la difficulté en s’investissant personnellement. De même que l’on ne doit pas confondre l’hospitalité et l’immigrationnisme, de même il ne faut pas confondre l’universalisme chrétien respectueux de chaque identité et le mondialisme qui les détruit."


Migrants : le message du pape est-il destiné à influencer la politique intérieure italienne ?

Capture d’écran 2017-08-25 à 07.45.52Le Message du Pape pour la 104ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2018 a donc été publié le 15 août, pour une journée prévue le 14 janvier prochain. Depuis 2013, ce message traditionnel est en effet publié entre août et septembre. Néanmoins cette année, il est diffusé dans un contexte très particulier.

Il y a d'abord cette série d'attentats, mais ils ont eu lieu après la publication officielle de ce message. A Barcelone, les islamistes venus du Maroc ont frappé le 17 août. Mais ce ne sont pas les premiers (et ce ne sont pas les derniers).

Il y a aussi l'immigration massive en Italie, qui déstabilise le pays et provoque une crise. En juillet dernier, un maire de Sicile avouait ainsi 

«Nous sommes envahis, submergés»

Il y a enfin et surtout le projet de loi en cours de discussion au Parlement italien, sur le droit du sol visant à accorder la nationalité italienne aux enfants nés sur le territoire de parents étrangers. Le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni (Parti démocrate) avait annoncé en juillet le renvoi à l'automne du vote du sénat, la majorité n'étant pas unie sur ce sujet. Membre de la majorité, le parti centriste du ministre des Affaires étrangères Angelino Alfano avait ainsi fait part de ses doutes quant à l'opportunité de voter le texte alors que l'Italie fait face à un afflux d'immigrés.

Le pape n'ignore certainement pas ce contexte politique italien. Se pose donc la question de l'intervention directe du pape, au travers de ce message essentiellement politique (il contient 21 mesures politiques et la 12e concerne le droit du sol), dans la politique intérieure italienne. Question que son entourage redoute visiblement. En effet, dans un article de La Vie au sujet de ce message, on apprend :

"Quand nous avons posé la question à certains théologiens en vue, ils n'ont pas souhaité répondre, certains invoquant le caractère politiquement inflammable du sujet. Les services de communication du Vatican n'ont pas non plus donné suite à nos demandes."

La presse italienne ne s'y est pas trompée. Le journal de gauche La Repubblica s'en réjouit, le quotidien communiste Il Manifesto est devenu papiste et le titre catholique Avvenire affiche le selfie de François avec un jeune migrant, lors d’une visite dans un centre d’accueil. Le quotidien de droite Il Giornale dénonce “Le coup de force du pape-roi”, Il Tempo s'indigne de cette “Énième ingérence angéliste de Bergoglio”, quant à Libero (photo), il titre : “Citoyenneté, soins de santé, retraites. Pour le pape, il faut tout donner aux musulmans.”

Le titre de Libero est-il excessif ? Non, quand on connaît les intentions publiques des terroristes islamistes. Dans son numéro de mercredi dernier, Minute, qui n'évoque pas ce message du pape, a consacré sa Une à la volonté de Daech de s'emparer de Rome. Le magazine de l'Etat islamique s'appelle désormais « Rumiyah », qui veut dire... Rome.

2835_page_01"Pourquoi Rome ? Parce que Rome, comme Carthage, doit être détruite ou sinon conquise ! Le prophète Mahomet aurait en effet dit que les musulmans conquerraient d’abord Contantinople (aujourd’hui Istanbul) puis Rome. Les retranscriptions différant quelque peu et les traductions encore plus, les géopolitologues islamistes contemporains, qui sont aussi des stratèges avisés et sont donc conscients des rapports de force, ont bien compris, surtout après le coup d’Etat manqué, que faire tomber le régime d’Ankara ne serait pas une mince affaire. Rome non plus, certes, mais une déstabilisation de l’Italie – qui a déjà connu cela – décuplerait les forces des troupes pour qui l’éradication de la Chrétienté reste l’objectif suprême, car, comme l’a dit un autre chef vénéré de l’Etat islamique (avant d’être tué, lui aussi) : « Nous ne nous reposerons pas de notre djihad, sauf sous les oliviers de Rome. »

Capture d’écran 2017-08-25 à 08.10.12Cette phrase de l’Egyptien Abu Hamza al-Muhajer, qui fut premier ministre de l’Etat islamique après avoir été le chef d’Al Qaida en Irak, figure donc en exergue de chacun des numéros de « Rumiyah », qui paraît au rythme mensuel avec une régularité de métronome que les opérations militaires ne semblent pas affecter. [...] La conquête de Rome et la destruction de la papauté – et, partant, de la civilisation européenne – est bien la constante de l’Etat islamique, qui en avait fait la une du numéro 4 de « Dabiq » à l’automne 2014. Un montage-photo représentait le drapeau de l’Etat islamique flottant sur l’obélisque de la place Saint-Pierre.

Dans le dossier d’une douzaine de pages consacré à la nécessité de conquérir Rome, on trouvait des déclarations comme celle-ci, due à Abou Mohammed el-Adnani, alors porte-parole de l’organisation terroriste, lui aussi mort depuis : « Nous allons conquérir votre Rome, briser vos croix et asservir vos femmes », précision étant apportée que cela se déroulerait... « par la permission d’Allah ». El-Adnani ajoutait à destination de nous autres, chiens de mécréants : « Si nous n’y arrivons pas, nos enfants et nos petits-enfants y parviendront, et ils vendront vos descendants comme esclaves au marché aux esclaves. » Chacun est libre de choisir le sort qu’il a envie de donner à ses enfants. [...]".


Le pape François et l’immigration : une compassion sélective

De Jean-Pierre Maugendre :

Unknown-3A l’occasion de la prochaine Journée Mondiale des Migrants, le 14 janvier 2018, le pape François a diffusé le 21 août, un texte daté du 15 août intitulé : Accueillir, protéger , promouvoir et intégrer les Migrants. Il y avait manifestement urgence à publier ce texte, cinq mois avant l’événement qui en est l’occasion ! On n’ose croire qu’il s’agissait de coller à l’actualité de l’attentat de Barcelone le 17 août, dont tous les acteurs sont des migrants de plus ou moins fraîche date.

Ce texte dans la veine d’un tract du CCFD ou d’un libelle de Témoignage Chrétien est un long plaidoyer en vingt et un points en faveur des migrants. L’émigration y devient un droit à faciliter alors que l’enseignement traditionnel de l’Eglise était plutôt opposé à ces déplacements de population qualifiés de malsains (cf Rerum Novarum, Léon XIII, 1891).

Nous ne ferons pas la, longue, liste de tous ces droits des migrants nous contentant de relever des affirmations surprenantes, des oublis déconcertants et des analyses et propositions déroutantes.

Des affirmations surprenantes

Le principe de la centralité de la personne humaine nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. Est ainsi signé l’acte de décès de toute vie en société organisée et viable. La notion de bien commun- le terme n’est pas mentionné une seule fois dans le document pontifical- s’avère obsolète. Sans doute s’agit-il d’une autre formulation de la déclaration conciliaire : L’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des personnes (Gaudium et Spes 26§1) ? Le sacrifice de sa vie au bénéfice d’un bien commun supérieur, celui de sa famille, de sa patrie, etc. devient au mieux incompréhensible au pire incongru ! La personne humaine avec ses faiblesses et ses passions devient la mesure de toute chose. Protagoras l’avait déjà énoncé mais nous croyions que le christianisme avait transformé cette perspective.

Défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés indépendamment de leur statut migratoire. Il était jusqu’ici classique de distinguer, parmi les réfugiés d’une part ceux en situation régulière de ceux en situation irrégulière et d’autre part ceux en provenance de zones en guerre et les réfugiés économiques. Ces distinctions élémentaires sont rayées d’un trait de plume. Les notions de base qui président aux relations internationales et qui reposent sur la citoyenneté et le respect du droit sont réduites à néant. Aucune discrimination sur la base d’une nationalité ou d’une règle juridique ne reste plus justifiable. La terre est à tous ! Nous sommes citoyens du monde ! Circulez !

Reconnaître à la dimension religieuse sa juste valeur, en garantissant à tous les étrangers présents sur le territoire la liberté de profession et de pratique religieuse. Cette liberté religieuse absolue, dont les prémices se trouvent dans la déclaration conciliaire Dignitatis Humanae, est à la fois un refus de la mission d’évangélisation de l’Eglise et un blanc-seing accordé aux prédicateurs wahabites ou salafistes, avec les conséquences que l’on sait.

Des oublis déconcertants

Nulle part dans ce texte n’est employé le mot islam alors que la majorité des migrants qui arrivent en Europe sont musulmans. Il n’est nulle part fait mention des attentats meurtriers qui ensanglantent notre continent, commis par des islamistes revendiqués qui sont souvent des migrants ou des descendants de migrants.

Le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral fait l’impasse totale sur les droits des populations européennes autochtones. Personne ne juge utile de s’intéresser au sort et aux aspirations de ces populations. En particulier on peut se demander à partir de quel niveau de population étrangère les populations indigènes se sentent, inéluctablement, en situation d’insécurité culturelle voire physique ? Le Développement humain intégral ne semble pas s’intéresser à tous les hommes !

Il n’est jamais question des devoirs des migrants vis-à-vis de leur pays d’accueil ceci en contradiction avec le § 2241 du Catéchisme de l’Eglise Catholique : L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à ses lois et de contribuer à ses charges.

Des analyses et propositions déroutantes

Œuvrer afin que soit promue l’insertion professionnelle des migrants et des réfugiés, garantissant à tous- y compris aux demandeurs d’asile- la possibilité de travailler. Malheureusement il ne suffit pas de décréter le droit au travail pour que celui devienne une réalité. On peut aussi décréter le droit au bonheur, l’extinction du paupérisme à partir de 18h le soir, etc. Le travail ne se crée pas par injonction ministérielle ou pontificale. Comment la France dont le taux de chômage avoisine les 10% de la population active pourrait-elle fournir du travail à des migrants qui ne sont pas tous les chercheurs en physique nucléaire ou les docteurs en nanotechnologies qui nous font si cruellement défaut ?

En favorisant le regroupement familial- y compris des grands-parents, des frères, des sœurs et des petits-enfants- sans jamais se soumettre à des capacités économiques. On ne comprend pas pourquoi sont exclus les cousins, cousines, beaux-parents, etc. L’ineptie de tout cela décourage le commentaire mais on attend avec impatience de savoir combien de visas va délivrer l’état du Vatican : 1000, 10 000, 100 000, 1 million, plus ?

Enrichissement interculturel général du fait de la présence de migrants et réfugiés. Effectivement il manquait à notre vieille civilisation l’enrichissement de ces pratiques ancestrales que sont, par exemple : l’excision des fillettes, la polygamie, la lapidation pour adultère, etc. Que de richesses ignorées !

Conclusion

Bien évidemment le degré d’autorité de ce document est faible. Nous n’avons pas, selon l’expression du cardinal Burke, le 9 août dernier à Louisville, Kentucky, l’idolâtrie de la papauté. Il n’en reste pas moins que ces écrits sont pour le moins mal venus alors que le choc des civilisations naguère prévu par Samuel Huttington est chaque jour plus une réalité. Le Saint-Père semble incapable de mener une réflexion civilisationnelle et politique. Il semble se complaire dans une compassion sélective univoque : les gentils migrants en butte à l’hostilité des profiteurs égoïstes, assis sur leurs tas d’or sans jamais s’interroger sur le fait de savoir ce qui fondamentalement, structurellement fait que certaines civilisations génèrent un relatif bien-être et d’autres ne véhiculent que la misère, la guerre et l’esclavage. Ce texte, de plus, pèche gravement, d’un point de vue surnaturel, en refusant, au moins implicitement, tout souci d’évangélisation à destination de ces populations déracinées et donc fragilisées, en quête de nouveaux repères. De plus les peuples d’Europe soucieux de la préservation de leur identité risquent de considérer l’Eglise comme le cheval de Troie du grand remplacement de population en cours, ce qui ne sera pas sans conséquences spirituelles, cette attitude les éloignant de l’Eglise, et politiques, certains gouvernements voyant alors en l’Eglise un ennemi politique ou, au contraire, un allié.


Philippe de Villiers : "Nous sommes devant un phénomène inédit du djihad qui planifie une conquête pacifique de notre continent"

Philippe de Villiers a été interrogé par Famille chrétienne sur les propositions du pape François sur les migrants, publiées lundi 21 août :

Est-il légitime, pour un pape, de s’inviter dans un débat aussi sensible que celui des migrants ?

Sur le principe, oui. La doctrine sociale de l’Église établit et développe une « théologie de la cité ». L’Église a le droit, et même le devoir, d’éclairer les fidèles sur la bonne manière de gérer le bien commun et d’organiser la société. Cela dit… cette déclaration du pape François sur les migrants me semble favoriser, par son contenu et sa portée, un vrai suicide de l’Occident.

Le pape voudrait-il vraiment anéantir l’Occident ?!

On dirait qu’il veut punir l’Europe dont il ne parle jamais des racines chrétiennes. Chez Jean-Paul II, Benoit XVI et ses prédécesseurs, il existe une « théologie des nations ». Elle repose sur le quatrième commandement : « Tu honoreras ton père et ta mère ». Ce commandement implique de rendre un culte à ses parents et à ses ascendants et donc à sa patrie. Cela implique un amour de prédilection à laquelle la nation appartient car elle constitue une famille de familles. A en croire saint Augustin, la politique est, en ce sens, la plus haute forme de la charité.

En quoi les propos du pape François sont-ils si révolutionnaires ?

Il abolit toute possibilité de régulation des flux migratoires. François inaugure une nouvelle théologie mondialiste mortifère pour l’Europe. Le premier élément saillant de son discours est le fait que les États seraient illégitimes face aux migrants. Je fais allusion à cette phrase incompréhensible qui accorde un primat à la « sécurité personnelle » sur la « sécurité nationale ». Jusqu’à présent, les États avaient une justification régalienne : c’était la sécurité nationale qui garantissait la sécurité personnelle. Le pape opère donc un renversement complet qui ressemble à une prime à l’anarchie. Ce discours installe l’Église dans une proximité douteuse avec les mondialistes du transhumanisme et de la marchandisation du monde, qui veulent eux aussi la suppression des souverainetés, des frontières et des États. Dans son catéchisme, l’Église a toujours défendu le droit du migrant de migrer en cas de nécessité, mais aussi le droit légitime des États à limiter les flux migratoires. C’est ce balancement et cet équilibre que le pape semble envoyer aux oubliettes.

Mais vous conviendrez que le pape n’est pas vraiment l’allié du mondialisme libéral et libertaire ?

Il semble confondre l’universalisme catholique avec le mondialisme le plus débridé. Le pape François propose d’annuler toute différence entre les clandestins, les immigrants légaux et les citoyens… Résultat ? La citoyenneté apparait comme un concept périmé quand on prône un « droit d’installation préalable pour les migrants ». En effet, la caractéristique singulière du citoyen par rapport à l’étranger est la pérennité du séjour. Le multiculturalisme prôné par François deviendrait selon lui le seul modèle conforme à l’Évangile. Le migrant, avec un grand M, apparaît dans une vision quasi christique. Le patriotisme devient un péché. On ne pourrait être catholique et patriote. C’est la doxa des mondialistes.

Quel est le risque, pour l’Europe, de renforcer les droits des migrants au nom de la protection des personnes ?

Le risque de se dissoudre. L’Europe est en train de devenir une marqueterie communautaire, multiconflictuelle et multidéculturée. Dans son point 21, le pape évoque le transfert des identités culturelles, autrement dit le refus de l’assimilation. Concrètement, cela porte le risque de l’islamisation de l’Europe avec le voile, le halal, etc. Les chrétiens d’Orient nous ont avertis : « regardez ce qui nous arrive car demain il vous arrivera la même chose. »

Vous ne comprenez pas la sollicitude du pape François pour les migrants ?

Cette sollicitude me semble à sens unique. A aucun moment, le pape François ne parle de l’immense détresse matérielle, morale et spirituelle des citoyens des pays d’accueil, de leur insécurité et de leur confrontation si douloureuse au quotidien avec une autre société aux mœurs incompatibles.

Vous voulez parler de cet islam que vous évoquez dans « Les cloches sonneront-elles encore demain » (Albin Michel) ?

Oui. Ce discours « migrationiste » du pape François risque de mettre en colère beaucoup de Français, de générer beaucoup d’incompréhension chez les chrétiens et de réjouir certains imams radicaux. Il parait bien imprudent de désarmer les consciences et de sous-estimer ainsi la dimension guerrière d’une religion qui est conquérante par essence. Du point de vue de l’Histoire, le grand mouvement de l’islam a recommencé en direction de l’Europe. Nous sommes devant un phénomène inédit du djihad qui planifie une conquête pacifique de notre continent. L’islam fait le pari que l’Europe va se coucher : qu’il n’y aura de sursaut ni démographique, ni spirituel, ni civilisationnel.  

Mais pour revenir à la sollicitude du pape, elle est quand même inscrite dans l’Évangile ?!

À condition de ne laisser personne au bord du chemin. La sollicitude de François est hémiplégique. D’abord pour les pays d’accueil submergés et qui souffrent dans leur chair des attentats ; ensuite pour les pays d’Afrique où tant de gens dans la misère refusent malgré tout de quitter leur pays. Dans son livre « Dieu ou rien », le cardinal Sarah demande aux africains de développer l’Afrique et de ne pas se déraciner. Faute de quoi, ils seront malheureux.  Car un homme déraciné est un homme appauvri, coupé de sa sève et de sa mémoire. Il faut aider les peuples pauvres là où ils vivent plutôt que les pousser à l’errance et à la misère du déracinement. J’ai une expérience personnelle de ce que je vous dis. J’aime profondément l’Afrique. Depuis longtemps, le Puy du Fou aide des pays comme Madagascar. Il faut donc aider les pays d’origine – ce que le mondialisme refuse de faire car il encourage la transhumance de l’homme traité comme une marchandise. Un certain capitalisme cherche les bras les moins chers du monde, le pape François s’en est d’ailleurs fait l’écho. C’est pourquoi sa position est incompréhensible. Les siècles à venir jugeront sévèrement toutes les élites mondialistes qui ont déraciné des populations entières après les avoir appauvries. Que sera Rome demain dans une Europe chrétienne qui ne sera plus rien de ce qu’elle fut et de ce qui constitue sa richesse ? Une Europe livrée à la concurrence de deux mondialismes : le mondialisme islamique et le mondialisme hédoniste qui se nourrissent l’un l’autre. Aujourd’hui, la question de l’Europe est simple. Je supplie le pape de la regarder en face : c’est la question de la survie de la chrétienté. J'ai peur que ce pape soit celui du Camp des saints (NDLR : roman de Jean Raspail)."


Immigration : la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle

Le Pape François a publié son message pour la 104ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2018. Dans Le Figarovox, Laurent Dandrieu réagit :

"[...]  Quand, dans ce nouveau message, François écrit que «le principe de la centralité de la personne humaine (…) nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale», il donne en quelque sorte une version plus théorique de cette précédente déclaration. La question est de savoir si, ce faisant, il ne cède pas à un certain idéalisme, potentiellement désastreux: car c'est oublier que la sécurité nationale est le plus sûr rempart de la sécurité personnelle, et qu'il n'existe aucune sécurité personnelle qui puisse exister en dehors de cadres politiques, juridiques et légaux qui en sont le rempart. Aucune sécurité personnelle ne peut exister si les nations occidentales, par exemple, du fait du terrorisme ou d'une immigration incontrôlée et ingérable, basculent dans l'anarchie.

Par ailleurs, le principe de la centralité de la personne humaine oblige à considérer, aussi, que les citoyens des nations occidentales ont un droit évident à la sécurité nationale. On attend vainement, tout au long de ce texte, une prise en considération des intérêts des populations des pays d'accueil, qui ont droit, eux aussi, à la sollicitude de l'Église, et dont une partie de plus en plus importante vit, elle aussi, des situations de grande détresse et de grande précarité, matérielle, spirituelle et morale.

Deuxième élément important et pour le coup très novateur de ce texte: le pape prend position pour «la défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés, indépendamment de leur statut migratoire»: ce qui veut dire qu'il réclame des droits égaux pour les clandestins et pour les immigrants légaux, pour les demandeurs d'asile et pour les immigrés économiques. Parmi ces droits figurent «la liberté de mouvement dans le pays d'accueil, la possibilité de travailler et l'accès aux moyens de télécommunication»: ce qui veut dire, concrètement, que le pape réclame un droit d'installation préalable pour tous les migrants, avant même que soit étudié leur cas. Ce qui revient à donner une prime à l'illégalité d'autant plus forte qu'il est évident qu'un clandestin qui, entre-temps, aura trouvé un moyen de subsistance, aura d'autant moins de chance de voir son dossier rejeté. Cette prime à l'illégalité me paraît une seconde atteinte, très forte, contre les droits des nations et la citoyenneté: car la nation, la citoyenneté n'existent que par un consensus sur la légitimité de la loi. Si on postule que la loi est faite pour être contournée, il n'y a plus de bien commun possible.

[...] Dernière clarification: en stipulant que les migrants doivent être mis en situation de se réaliser y compris dans leur dimension religieuse, le pape François donne une sorte de blanc-seing à l'entrée massive de populations de religion musulmane et à l'acclimatation de la religion musulmane sur le continent européen, en semblant indifférent aux innombrables problèmes identitaires et sécuritaires que cela pose.

[...] Le discours de l'Église, en son Catéchisme, reconnaît à la fois le droit de migrer quand la nécessité s'en fait sentir, et le droit des États de limiter les flux quand ils l'estiment nécessaire. Mais, dans les faits, le discours des papes oublie fréquemment ce second aspect. [...]"

Sous la pression de l'immigration de masse et de l'idéologie multiculturaliste, les sociétés occidentales se réduisent de plus en plus à une juxtaposition de communautés d'origines, de cultures et de religions différentes, qui se regardent en chiens de faïence faute d'avoir de référence commune, autre que de très vagues principes abstraits, tels que cette «culture de la rencontre» à laquelle le pape François tend à réduire l'identité européenne. Le bien commun, faute de valeurs partagées, se réduit ainsi à un vivre ensemble qui, de plus en plus, tourne dans la réalité à un apartheid de fait. Soit le contraire du but recherché, et une catastrophe civilisationnelle majeure en germe tant pour les peuples européens que pour les populations immigrées."


Cardinal Burke : "la confusion et l’erreur qui ont conduit la culture humaine sur le chemin de la mort et de la destruction sont également entrées dans l’Eglise"

Le cardinal Raymond Burke a donné le 22 juillet une conférence au 32e Forum annuel « Church Teaches » (« L’Eglise enseigne »), à Louisville dans le Kentucky. Voici des extraits de la traduction du texte intégral de cette conférence, disponible ici dans sa version originale, par Jeaanne Smits (cette traduction n’a pas été officiellement validée par le cardinal Burke) :

[...] Nous vivons les temps les plus troublés qu’aient connus aussi bien le monde que l’Eglise. La sécularisation a ravagé la culture de nombreuses nations, spécialement en Occident, éloignant la culture de sa vraie source qui est Dieu, et de son plan pour nous et pour notre monde. Des attaques quotidiennes et généralisées visent la vie humaine innocente et sans défense, accompagnées d’une violence sans précédent qui en résulte au sein de la vie familiale et de la société en général. L’idéologie du genre toujours plus virulente répand une confusion totale à propos de notre identité en tant qu’homme ou femme, et conduit au malheur profond et même à la destruction de soi de nombreux membres de la société. On assiste également à la négation de la liberté de religion qui tente d’empêcher, sinon d’éteindre totalement, tout discours public à propos de Dieu et de notre nécessaire relation avec Lui. La négation de la liberté de religion s’accompagne de la tentative d’obliger les personnes qui craignent Dieu à agir contre leur conscience bien formée, c’est-à-dire contre la loi de Dieu inscrite dans le cœur de l’homme. Dans les pays supposés libres, le gouvernement impose de force à la société la pratique de l’avortement, de la stérilisation, de la contraception, de l’euthanasie, du manque de respect pour la sexualité humaine, allant même jusqu’à endoctriner les petits enfants au moyen de l’inique « théorie du genre ».

En même temps, le matérialisme athée et le relativisme conduisent à une recherche sans scrupules de la richesse, du plaisir et du pouvoir, tandis que le règne de la loi dictée par la justice est foulé aux pieds. Dans une situation aussi profondément désordonnée sur le plan culturel, on peut craindre à juste titre une confrontation globale dont la seule issue serait la destruction et la mort pour un grand nombre. A l’évidence, la situation présente du monde ne saurait perdurer sans conduire vers une annihilation totale.

Le monde n’a jamais eu autant qu’aujourd’hui besoin de l’enseignement solide et de la direction que Notre Seigneur, dans son amour sans mesure et sans fin de l’homme, veut donner au monde à travers son Eglise et spécialement à travers les pasteurs de celle-ci : le pontife romain, les évêques en communion avec le siège de Pierre, ainsi que leurs principaux collaborateurs, les prêtres. Mais de manière diabolique, la confusion et l’erreur qui ont conduit la culture humaine sur le chemin de la mort et de la destruction sont également entrées dans l’Eglise, de telle sorte que celle-ci s’approche de la culture semblant ne pas connaître sa propre identité et sa propre mission, semblant manquer de clarté et de courage pour l’annonce de l’Evangile de la vie et de l’Amour divin à la culture radicalement sécularisée. Par exemple, après la décision du 30 juin du parlement allemand d’accepter le soi-disant « mariage homosexuel », le président de la conférence des évêques d’Allemagne a déclaré que cette décision ne constituait pas un souci majeur pour l’Eglise qui, selon lui, doit s’inquiéter davantage de l’intolérance à l’égard des personnes souffrant d’une attraction homosexuelle. A l’évidence, dans une telle approche, on ne trouve plus la juste et nécessaire distinction entre l’amour que nous chrétiens devons toujours avoir pour la personne impliquée dans le péché, et la haine que nous devons également toujours avoir à l’égard des actes peccamineux. [...]

En réalité, la culture totalement matérialiste et relativiste, embrassée et puissamment soutenue par des moyens de communication du monde et par le lobbying politique des riches laïcistes, encourage la confusion et la division au sein de l’Eglise. Il y a quelque temps, un cardinal à Rome remarquait combien il est bon que les médias laïcistes n’attaquent plus l’Eglise, comme ils l’avaient fait si férocement au cours du pontificat du pape Benoît XVI. Ma réponse fut de dire que l’approbation des médias laïcistes est au contraire pour moi le signe que l’Eglise manque gravement à sa mission de témoignage clair et courageux vis-à-vis du monde, pour le salut du monde.

Allant de pair avec l’intérêt qu’ont les ennemis de l’Eglise à louer et à promouvoir la confusion et d’erreur au sein même de l’Eglise, il y a également une lecture politique mondaine de la gouvernance de l’Eglise. Pour les architectes d’une Eglise laïcisée est politisé, ceux qui affirment ce que l’Eglise a toujours enseigné et pratiqué sont désormais les ennemis du pape. La doctrine et la discipline, qui, ensemble avec le culte divin, sont les dons essentiels que le Christ fait dans l’Eglise, sont aujourd’hui considérées comme les outils de supposés fondamentalistes rigides qui essaient d’entraver le soin pastoral des fidèles tel que le désire le pape François. Nous sommes même témoins d’une triste situation où des membres de la hiérarchie s’accusent publiquement les uns les autres d’avoir des objectifs politiques et mondains, à la manière des hommes politiques qui s’attaquent les uns les autres pour faire avancer leurs objectifs politiques.

A cet égard, la plénitude du pouvoir (plenitudo potestatis), essentiel à l’exercice de l’office du successeur de saint Pierre, est faussement présentée comme un pouvoir absolu, trahissant ainsi la primauté du successeur de saint Pierre qui est le premier d’entre nous par l’obéissance au Christ qui vit pour nous dans l’Eglise à travers la tradition apostolique. Des voix laïcistes font la promotion de l’image du pape en tant que réformateur qui serait en même temps un révolutionnaire, c’est-à-dire en tant que réformateur de l’Eglise œuvrant au moyen de la rupture avec la Tradition, avec la confession de la foi (regula fidei) et avec la règle de la loi correspondante (regula iuris). Mais l’office de saint Pierre n’a rien à voir avec la révolution, qui est avant tout un terme politique et mondain. Comme l’enseignait le concile Vatican II, le successeur de Pierre « est le principe perpétuel et visible et le fondement de l’unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles » (Lumen Gentium 23). La plénitude du pouvoir, le libre exercice de la charge du pontife romain existent précisément pour le protéger de cette sorte de pensée mondaine et relativiste qui conduit à la confusion et à la division. Cela lui permet également d’annoncer et de défendre la foi dans son intégralité. En décrivant ce qui est désormais connu comme « le pouvoir des clefs », le Catéchisme de l’Eglise catholique nous rappelle qu’il se fonde sur la confession de saint Pierre affirmant que Notre Seigneur est Dieu le Fils incarné pour notre salut éternel ; il déclare :

« Pierre, en raison de la foi confessée par lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses frères » (Catéchisme de l’Eglise catholique, 552).

Il est donc absurde de penser que le pape François puisse enseigner quoi que ce soit qui ne soit pas en accord avec ce que ses prédécesseurs, par exemple le pape Benoît XVI et saint Jean-Paul II, ont solennellement enseigné.

En ce qui concerne les fréquentes déclarations du pape François, s’est développée l’idée populaire selon laquelle chaque déclaration du Saint-Père doit être acceptée en tant qu’enseignement du pape ou du magistère. Les mass media ont sans conteste voulu faire leur choix parmi les déclarations du pape François, de manière à montrer que l’Eglise catholique subit une révolution et modifie actuellement de manière radicale son enseignement à propos de certaines questions clefs de foi, et spécialement de morale. L’affaire est compliquée parce que le pape François choisit régulièrement de s’exprimer de manière familière, que ce soit au cours d’interviews données en avion ou à divers médias, ou lors de remarques spontanées adressées à différents groupes. Cela étant, lorsque l’on place ses remarques dans le contexte approprié de l’enseignement et de la pratique de l’Eglise, on peut se voir accuser de parler contre le Saint-Père. Je me rappelle comment l’un des éminents pères de la session extraordinaire du synode des évêques en octobre 2014 s’était approché de moi au cours d’une pause pour me dire : « Que se passe-t-il ? Ceux d’entre nous qui soutenons ce que l’Eglise a toujours enseigné et pratiqué sommes-nous désormais appelés ennemis du pape ? » Il en résulte que l’on est tenté de rester silencieux ou d’essayer d’expliquer doctrinalement un langage qui sème la confusion, voire contredit la doctrine.

La manière dont j’en suis venu à comprendre le devoir de corriger cette idée populaire par rapport à l’enseignement de l’Eglise et des déclarations du pape consiste à distinguer, ainsi que l’Eglise l’a toujours fait, entre les paroles de l’homme qui est pape, et les paroles du pape en tant que vicaire du Christ sur terre. Au Moyen Age, l’Eglise parlait des deux corps du pape : le corps de l’homme et le corps du vicaire du Christ. En fait, la vêture traditionnelle du pape, spécialement la mozzetta rouge avec l’étole représentant les apôtres saint Pierre et saint Paul, représente visiblement le vrai corps du pape lorsqu’il expose l’enseignement de l’Eglise.

Dans les temps récents, l’Eglise n’a pas eu l’habitude d’un pontife romain parlant publiquement de manière familière. En fait, on a toujours pris grand soin de faire ce qui était nécessaire pour que toute parole publiée du pape soit clairement en accord avec le magistère. Il y a quelques mois, je parlais avec un cardinal qui, jeune prélat, avait étroitement collaboré avec le bienheureux pape Paul VI. Paul VI était un prédicateur doué qui parlait souvent sans texte préparé. Ses sermons étaient par la suite retranscrits en vue de leur publication, mais le Paul VI ne permettait jamais la publication d’un de ses sermons sans étudier à fond le texte imprimé. Ainsi qu’il le dit au jeune prélat, je suis le vicaire du Christ sur terre, et j’ai la très grave responsabilité de vérifier qu’aucune de mes paroles puisse être interprétée de manière contraire à l’enseignement de l’Eglise.

Le pape François a choisi de parler souvent en son premier corps, le corps de l’homme qui est pape. En fait, même dans des documents qui par le passé ont constitué un enseignement plus solennel, il affirme clairement qu’il ne propose pas un enseignement magistériel mais sa propre pensée. Mais ceux qui ont l’habitude d’une manière de parler différente de la part du pape voudraient que chacune de ses déclarations fasse d’une certaine manière partie du magistère. Faire cela est contraire à la raison, contraire à ce que l’Eglise a toujours tenu. Il est tout simplement erroné et dommageable pour l’Eglise de recevoir chaque déclaration du Saint-Père comme l’expression d’un enseignement pontifical ou du magistère.

Faire la distinction entre les deux types de discours du pontife romain n’est en aucune façon le signe d’un manque de respect à l’égard de l’office pétrinien. Il s’agit encore moins d’une inimitié à l’égard du pape François. En fait, et au contraire, c’est faire preuve du plus grand respect à l’égard de l’office pétrinien et de l’homme auquel Notre Seigneur l’a confié. Sans cette distinction, nous pourrions facilement perdre le respect de la papauté ou être conduits à penser que, si nous ne sommes pas en accord avec les opinions personnelles de l’homme qui est le pontife romain, il nous faudrait rompre la communion avec l’Eglise.

En tout cas, toute déclaration du pontife romain doit être comprise dans le contexte de l’enseignement et de la pratique constante de l’Eglise, de peur que la confusion et la division à propos de l’enseignement et de la pratique de l’Eglise n’entrent dans son corps au grand détriment des âmes et au grand détriment de l’évangélisation du monde. Rappelez-vous les mots de saint Paul au début de la lettre aux Galates, une communauté de chrétiens des premiers temps où une confusion et une division grave avaient fait leur entrée. En tant que bon pasteur du troupeau, saint Paul a écrit les paroles suivantes face à cette situation très grave :

« Je m’étonne que vous vous détourniez si vite de celui qui vous a appelés à la grâce du Christ, pour passer à un autre Evangile. Non pas qu’il y en ait un autre ; mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Evangile du Christ. Mais si quelqu’un, fût-ce nous-mêmes ou un ange du ciel, vous annonçait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! Je l’ai dit, et je le dis encore maintenant : Si quelqu’un vous annonçait un autre Evangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! Car, en ce moment, est-ce la faveur des hommes que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur du Christ » (Galates, 1, 6-10).

Tout en maintenant fermement la foi catholique relative à l’office pétrinien, nous ne pouvons pas tomber dans une idolâtrie de la papauté qui ferait de chaque mot prononcé par le pape une doctrine, même s’il est interprété comme étant contraire à la parole même du Christ, par exemple, en ce qui concerne l’indissolubilité du mariage (cf. Matth. 19, 9). Bien plutôt, avec le successeur de Pierre, nous devons nous efforcer de comprendre davantage et plus pleinement la parole du Christ, de manière à la vivre de plus en plus parfaitement.

De manière choquante, il y a quelques mois, le supérieur général des jésuites a laissé entendre que nous ne pouvons pas savoir ce que le Christ a véritablement dit à propos de n’importe quel thème, puisque nous ne disposons pas d’enregistrement de ses discours. Hormis l’absurdité de cette affirmation, cela donne l’impression qu’il n’y a plus un enseignement et une pratique constants de la foi tels qu’ils nous ont été transmis, de manière ininterrompue, depuis le temps du Christ et des apôtres.

De même, il n’est pas question d’un soi-disant « pluralisme » légitime au sein de l’Eglise, c’est-à-dire d’une légitime différence d’opinion théologique. Les fidèles n’ont pas la liberté de suivre des opinions théologiques qui contredisent la doctrine contenue dans les Saintes Ecritures et dans la sainte Tradition, et confirmée par le magistère ordinaire, même si ces opinions rencontrent un large écho dans l’Eglise et qu’elles ne sont pas corrigées par les pasteurs de l’Eglise, comme il incombe pourtant à ces pasteurs.

En célébrant le centenaire des apparitions de Notre Dame de Fatima, nous devons nous rappeler comment son message, ou comme on l’appelle parfois, son secret, a pour principal objectif de répondre à une apostasie largement répandue dans l’Eglise et à la défaillance des pasteurs de l’Eglise quant à sa correction. Le triomphe du Cœur Immaculé de Marie est d’abord et avant tout le triomphe de la foi qui nous enseigne quelle est notre bonne relation avec Dieu et avec autrui.

[...] Quelle doit donc être notre réponse à ces temps extrêmement difficiles où nous vivons, des temps qui, de manière réaliste, semblent être apocalyptiques ? Ce doit être une réponse de foi, de foi en Notre Seigneur Jésus-Christ qui vit pour nous dans l’Eglise et qui ne manque jamais de nous enseigner, de nous sanctifier et de nous conduire dans l’Eglise, ainsi qu’Il a annoncé qu’Il resterait avec nous pour toujours, jusqu’à son retour au dernier jour pour inaugurer « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (2 Pierre 3, 13) pour accueillir ses fidèles au festin de noces de l’agneau. Nous savons ce que le Christ nous enseigne dans l’Eglise. Cela est contenu dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, dans l’enseignement officiel de l’Eglise. Son enseignement ne change pas. Au milieu de la confusion et de la division présentes, nous devons étudier plus attentivement les enseignements de la foi contenus dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, et être prêts à défendre ces enseignements contre tout mensonge qui porterait atteinte à la foi et donc à l’unité de l’Eglise.

[...] La sérénité veut dire que nous ne cédons pas à une désespérance mondaine qui s’exprime de manière agressive et peu charitable. Notre confiance est dans le Christ. Oui, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour défendre notre foi catholique dans n’importe quelle circonstance où elle se trouve attaquée, mais nous savons que la victoire appartient finalement et uniquement au Christ. Ainsi, lorsque nous avons fait tout ce que nous pouvons faire, nous sommes en paix, même si nous reconnaissons que nous restons des « serviteurs inutiles ».

Il ne peut y avoir place dans notre façon de penser ou d’agir pour le schisme qui est toujours et partout erroné. Nous devons être prêts à accepter quelque souffrance qui puisse survenir, au nom du Christ et de son Corps mystique, notre Sainte Mère l’Eglise. Comme saint Athanase et les autres grands saints qui ont défendu la foi en des temps de graves épreuves au sein de l’église, nous devons être prêts à accepter le ridicule, l’incompréhension, la persécution, l’exil et même la mort, afin de rester un avec le Christ dans l’Eglise sous la protection maternelle de la Bienheureuse Vierge Marie. Prions pour qu’au terme de notre pèlerinage terrestre, nous puissions dire avec Saint-Paul :

« J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Reste la couronne de justice qui m’est réservée, que le Seigneur, le juste juge, me rendra en ce jour-là ; et non seulement à moi, mais aussi à ceux qui auront attendu avec amour son avènement » (2 Tim. 4, 7-8).

Le schisme est le fruit d’une manière de penser mondaine, de penser que l’Eglise est entre nos mains plutôt qu’entre les mains du Christ. L’Eglise de notre temps a grand besoin d’être purifiée de toute forme de pensée mondaine. Plutôt, avec saint Paul qui a si grandement souffert pour la prédication de la foi à toutes les nations, nous devons nous réjouir de compléter dans notre chair les souffrances du Christ pour le bien de son Epouse, l’Eglise (cf. Col 1, 24-29). [...]"


“Amoris laetitia” : quatre cardinaux publient une lettre au pape François, faute d'avoir obtenu une audience

Les quatre cardinaux Brandmüller, Burke, Caffarra et Meisner, viennent de rendre publique la lettre qu’ils ont adressée au pape François le 25 avril pour lui demander –  en vain –  une audience privée en vue de parler de la « confusion et de la désorientation » au sein de l’Eglise après la publication, il y a un an, de l’exhortation Amoris laetitia. Dans cette lettre, ils rappellent les cinq questions posées publiquement l’an dernier, demandant si l'exhortation est conforme à l’enseignement pérenne de l’Eglise. La lettre porte la signature du cardinal Carlo Caffarra, s'exprimant en son propre nom et au nom des trois autres signataires des « Dubia ». Les cinq questions posées pouvaient recevoir une réponse simple par oui ou par non ; à ce jour,  le pape n’a pas voulu donner une telle réponse alors que les questions correspondent aux ambiguïtés relevées dans son exhortation et que plusieurs conférences épiscopales  ont publié des documents d'application de celle-ci  qui vont dans un sens évidemment hétérodoxe.

Voici, pour rappel, le résumé des cinq questions que l’on trouvera in extenso ici :

  1. Les personnes vivant dans un état d’adultère habituel peuvent-elles recevoir la sainte communion ?
  2. Existe-t-il des normes morales absolues qu'il faut respecter « sans exception » ?
  3. Est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ?
  4. Un acte intrinsèquement mauvais peut-il devenir  un acte « subjectivement bon » en raison des « circonstances » ou des « intentions » ? Peut-on agir de manière contraire aux « normes morales absolues » connues «  qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais » en se fondant sur la « conscience » ?

En l’absence de réponse du Saint-Père, les quatre cardinaux ont « respectueusement et humblement » demandé une audience par lettre du 25 avril ; c’est l'absence de réponse qui justifie la publication de celle-ci. On trouvera sur le blog de Sandro Magister le texte italien de la lettre. En voici le texte complet (traduction de Jeanne Smits) :

"Très Saint-Père,

C’est avec une certaine trépidation je m'adresse à votre sainteté, pendant cette période du temps pascal. Je le fais au nom des très éminents cardinaux, Walter Bandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner, et en mon propre nom.

Nous voulons d’emblée renouveler notre dévouement absolu et notre amour inconditionnel pour la chaire de Pierre et pour votre auguste personne, en laquelle nous reconnaissons le successeur de Pierre et le vicaire de Jésus : le « Doux Christ en terre », ainsi que sainte Catherine de Sienne aimait à le dire. Nous ne partageons en rien la position de ceux qui considèrent que le siège de Pierre est vacant, ni celle de personnes qui veulent attribuer à d’autres la responsabilité indivisible du munus pétrinien. Nous sommes mus seulement par la conscience de la grave responsabilité qu'entraîne le munus des cardinaux : être des conseillers du successeur de Pierre en son ministère souverain. Et du sacrement de l’épiscopat, qui nous a « établis évêques, pour gouverner l'église de Dieu, qu'Il a acquise par son sang ».

Le 19 septembre 2016, nous avons remis à Votre Sainteté et à la Congrégation pour la Doctrine de la foi cinq dubia, vous demandant de résoudre des incertitudes et d’apporter la clarté sur certains points de l’exhortation apostolique post-synodale, Amoris laetitia.

N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous avons pris la décision de vous demander, respectueusement et humblement, de nous accorder une audience, ensemble si Votre Sainteté le désirait. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience dans laquelle nous présentons les deux points dont nous voudrions nous entretenir avec vous.

Très Saint-Père,

Un an a donc passé depuis la publication d’Amoris laetitia. Pendant ce laps de temps, des interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’exhortation postent synodales ont été publiquement données, qui ne sont pas divergentes par rapport au magistère permanent de l’Eglise, mais qui lui sont contraires. Malgré le fait que le Préfet de la Doctrine de la foi a déclaré de manière répétée que la doctrine de l’Eglise n’a pas changé, de nombreuses déclarations ont paru, de la part d’évêques individuels, de cardinaux et même de conférences épiscopales, approuvant ce que le magistère de l’Eglise n’a jamais approuvé. Il ne s'agit pas seulement de l'accès à la Sainte Eucharistie pour ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un état de péché grave, et qui ont l’intention d’y demeurer, mais aussi une conception de la conscience morale qui est contraire à la tradition de l’Eglise. Et donc il advient –  combien douloureux est-il de le constater ! –  que ce qui est péché en Pologne est bon en Allemagne, que ce qui est interdit dans l’archidiocèse de Philadelphie est autorisé à Malte. Et ainsi de suite. Cela remet en mémoire l’amère observation de B. Pascal : « Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »

De nombreux fidèles laïcs compétents, profondément amoureux de l’Eglise et indéfectiblement loyaux à l’égard du siège apostolique, se sont tournés vers leurs pasteurs et vers Votre Sainteté afin d’être confirmés dans la sainte doctrine en ce qui concerne les trois sacrements du mariage, de la confession, et de l’eucharistie. Et en ces jours-même, à Rome, six fidèles laïcs, de chaque continent, ont présenté un séminaire d’études très fréquenté sous le titre significatif : « Apporter la clarté. » Face à cette grave situation, qui fait que de nombreuses communautés chrétiennes sont en train d’être divisés, nous ressentons le poids de notre responsabilité, et notre conscience nous oblige à demander humblement et respectueusement une audience.

Que Votre Sainteté se souvienne de nous dans vos prières, de même que nous nous engageons à nous souvenir de vous dans les nôtres, et nous demandons le don de votre bénédiction apostolique.

Carlo Card. Caffarra

Rome, 25 avril 2017
Fête de Saint Marc l’évangéliste"

Thibaud Collin explique à L'Homme Nouveau :

"La plupart des commentateurs du chapitre 8 de l'exhortation affirment qu'il est dans la continuité du magistère antérieur. Mais cette unanimité de façade se fissure dès que l'on rentre dans le détail des lectures proposées. Pour certains, Amoris laetitia ne change rien à la discipline sacramentelle concernant les divorcés et remariés civilement. C'est par exemple l'interprétation de l'Institut Jean-Paul II. Pour d'autres, il y a changement entre Amoris laetitia et Familiaris consortio (dans certains cas, les personnes en état d'adultère pourraient communier) mais ce changement serait un développement homogène de la doctrine. Le plus délicat est que de nombreux théologiens et évêques qui tiennent cette ligne utilisent des arguments qui avaient été produits par les théologiens contestataires de l'encyclique Humane vitae sur la régulation des naissances (1968). Rappelons qu'une bonne partie du travail doctrinal et pastoral de saint Jean-Paul II a consisté à réfuter de tels arguments et à donner une assise anthropologique, morale et spirituelle à l'encyclique du Bienheureux Paul VI. Il me semble donc que ceux qui comprennent le changement de la discipline sacramentelle comme étant un développement homogène par rapport à Familiaris consortio se trompent. Un développement homogène ne peut pas entrer en contradiction avec le magistère antérieur. S'il y a un développement homogène dans Amoris laetitia, il ne peut s'opposer à la discipline sacramentelle dont les fondements dans le magistère antérieur sont clairs. Il me semble qu'il porterait davantage sur les modalités de l'accueil et de l'accompagnement des fidèles dans des situations objectives de péché grave. Il y a sûrement une inventivité pastorale à mettre en œuvre. Mais la pastorale ne consiste pas à proportionner « un évangile crédible » aux capacités humaines. Dieu donne toujours la grâce de ce qu'Il commande par amour pour nous. Le pasteur a à aider le fidèle à se disposer à recevoir pleinement cette grâce.

Les cardinaux ont présenté leur dubia le 19 septembre 2016, sans avoir de réponse. Ils ont demandé une audience le 25 avril dernier, sans avoir davantage de réponse. Par cette publication de leur demande d’audience non accordée, les cardinaux préparent-ils d’autres démarches ?

Il faudrait leur demander directement ! Ce qui est sûr, c'est que le silence du pape que certains trouvent normal apparaît à d'autres de plus en plus étrange. Comment un pasteur qui par définition a charge d'âmes peut-il laisser dans l'incertitude ses brebis sur des points si importants ? Je parle de l'incertitude concernant le sens de certains passages puisque ces mêmes passages ont reçu des interprétations contradictoires. La responsabilité d'un auteur n'est-elle pas de s'assurer que sa pensée a bien été comprise ? Un texte pastoral offrant des lectures contradictoires contribue objectivement à la relativisation de la vérité pratique. Il en va ici du salut des âmes.

Les cardinaux sont les électeurs du pape, qui semblent lui rappeler qu’ils l’ont élu pour « confirmer ses frères ». Ne vont-ils pas un peu loin ?

Il me revient en tête ces mots très forts du bienheureux Paul VI dans son homélie prononcée en la fête de saint Pierre et saint Paul (29 juin 1972) :

«  Nous voudrions, aujourd'hui plus que jamais, être capables d'exercer la fonction, confiée par Dieu à Pierre, de confirmer nos frères dans la foi. Nous voudrions vous communiquer ce charisme de la certitude que le Seigneur donne à celui qui le représente sur cette terre, quelle que soit son indignité. »

Espérons que notre Saint-Père fasse mémoire des paroles de son prédécesseur, prononcées dans une période elle aussi de grande confusion !

Beaucoup de bruits se fait actuellement également autour d’une réintéprétation possible, à la lumière d’Amoris laetita, d’Humanae vitae, la célèbre encyclique de Paul VI, préparée en partie par le cardinal Wojtyla, futur Jean-Paul II. Ne serions-nous pas ici dans une logique inverse de l’herméneutique catholique qui implique que le texte plus récent soit conforme ou rendu conforme à la Tradition et non l’inverse ?

Effectivement une commission aurait été nommée dont le coordinateur serait Mgr Gilfredo Marengo. Certes, Mgr Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, vient de le démentir, mais ce démenti est lui-même très inquiétant :

« Il n’y a aucune commission pontificale appelée à relire ou à réinterpréter Humanæ vitæ. Cependant, nous devrions examiner positivement sur l’ensemble de ces initiatives, comme celle du professeur Marengo de l’Institut Jean-Paul II, qui ont pour but d’étudier et d’approfondir ce document en vue du 50e anniversaire de sa publication ».

Le fait est que Gilfredo Marengo, a lui-même établi un parallèle entre Amoris laetitia et Humane vitae ; il se demande si

« le jeu polémique “pilule oui/pilule non”, tout comme celui actuel “communion pour les divorcés oui/communion pour les divorcés non”, n'est pas la simple manifestation d'un malaise et d'une difficulté bien plus décisifs dans le tissu de la vie de l'Eglise. »

On peut s'inquiéter en lisant de tels propos quant à la volonté de cette commission de mettre en lumière la vérité libératrice de l'encyclique de Paul VI. La crise de la théologie morale contemporaine a trouvé son acmée dans la critique d'Humanae vitae. Comme je le disais plus haut les catéchèses sur la théologie du corps, Familiaris consortio et Veritatis splendor sont les jalons essentiels pour servir à la juste réception doctrinale et pastorale de l'encyclique de Paul VI. Il est évident que nous assistons aujourd'hui à un retour du proportionnalisme qui tend à émousser la radicalité de « l'Evangile du mariage », et ce aux plus hauts niveaux de l'Eglise. La pression du monde est si forte pour que l'Eglise obtempère aux nouvelles normes de la morale sexuelle de l'individualisme libéral ! Au nom d'un souci soi-disant pastoral, certains cherchent donc à noyer la radicalité de l'appel à la sainteté (et donc au bonheur) que Dieu adresse à tous, notamment aux époux. La réponse à cet appel ne peut passer que par une vie conjugale fondée sur le vrai bien des époux. « Tout est lié » nous rappelle le pape François. Malgré le travail colossal de saint Jean-Paul II, la confusion morale qui traverse des pans entiers du peuple chrétien depuis plusieurs décennies perdure. Va-t-on assister à une nouvelle étape de cette crise systémique ?"


Les 35 chrétiens assassinés en Egypte ont refusé d'abjurer leur foi

Deux autocars transportant des familles coptes qui se rendaient en pèlerinage au monastère de saint Samuel le Confesseur ont été attaqués par des jihadistes. Au moins 35 morts, dont de nombreux enfants, et 25 blessés :

"Les hommes masqués ont ordonné aux chrétiens se rendant dans un monastère de descendre de l'autocar et d'abjurer leur foi, ont raconté les rescapés de l'attaque perpétrée vendredi en Egypte.

"Ils leur ont demandé de renier leur foi chrétienne, un à un, mais tous ont refusé", lâche dans un souffle père Rashed.

Alors les hommes armés les ont froidement abattus, en leur tirant dans la tête (...)"

Tweet de l’évêque Jérémie, président du Centre culturel copte au patriarcat du Caire :

 A l’issue de la prière du Regina Caeli ce dimanche 28 mai, le Pape François a fait part de ses pensées après les récents attentats terroristes en Egypte et à Manchester.

"Je souhaite de nouveau exprimer ma proximité à mon cher frère le Pape Tawadros II et à toute la nation égyptienne, qui il y a deux jours a subi un autre acte de violence féroce, a dit François depuis la fenêtre du palais apostolique. Les victimes, a rappelé le Saint-Père, parmi lesquelles des enfants, étaient des fidèles et se rendaient dans un sanctuaire pour prier, ils ont été tués après qu’ils aient refusé de renier leur foi chrétienne. Que le Seigneur accueille dans sa paix ces courageux témoins, ces martyrs, et convertisse les cœurs des terroristes."