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Il y a 25 ans, Veritatis Splendor : une encyclique à redécouvrir

Le 6 août 1993, Jean-Paul II publiait l’encyclique Veritatis Splendor, adressée d’abord aux évêques, portant sur l’enseignement moral de l’Église. Ce texte prophétique, auquel avait collaboré de près le Cardinal Joseph Ratzinger, est aujourd’hui à redécouvrir… C'est ce que nous propose le frère Clément-Marie de la Famille Missionnaire Notre-Dame :

"C’est en la fête de la Transfiguration, vingt-cinq ans après l’encyclique Humanae Vitae, du pape Paul VI, que Jean-Paul II a signé l’encyclique Veritatis Splendor. Adressée d’abord aux évêques, elle porte « sur quelques questions fondamentales de l’enseignement moral de l’Église ». Débutant par une admirable méditation de l’évangile du jeune homme riche, Jean-Paul II approfondit la réponse de Jésus à la question morale : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Si le pape Jean-Paul II a estimé nécessaire cette encyclique, c’est, ainsi qu’il l’écrit lui-même, en raison de « la discordance entre la réponse traditionnelle de l’Église et certaines positions théologiques, répandues même dans des séminaires et des facultés de théologie, sur des questions de première importance pour l’Eglise et pour la vie de foi des chrétiens… »[1]

La théologie morale d’aujourd’hui en question…

Par ce texte, le pape a voulu s’opposer, au nom même de l’évangile, à une certaine théologie morale déployée ces dernières décennies, et qui n’a eu de cesse de nier le péché ou, pour le moins, son existence concrète – cette tendance s’est manifestée dans les réactions de membres de l’Église contre l’encyclique Humanae Vitae, et demeure aujourd’hui très prégnante.

Pour beaucoup, en effet, on ne peut jamais – ou presque – déclarer qu’un acte concret est un péché, parce que nous ne pouvons pas juger les intentions de son auteur, ou encore parce qu’il peut exister bien des circonstances atténuantes qui diminuent ou suppriment la responsabilité de l’auteur de l’acte. Le cardinal Joseph Ratzinger le remarquait : « De nos jours, la discussion morale consiste, pour une grande part, à libérer les hommes de la faute, en la faisant dépendre de conditions qui ne sont jamais réunies. Le mot caustique de Pascal nous vient à l’esprit : « Ecce patres, qui tollunt peccata mundi ! » (« Voici les pères qui enlèvent les péchés du monde ! »). D’après ces « moralistes », il n’y a tout simplement plus aucune faute. »[2]

Ainsi, en voulant faire dépendre le péché presque exclusivement de l’intention ou des circonstances, on nie l’existence même du péché dans la pratique. C’est ainsi qu’on refuse depuis longtemps de parler clairement de l’adultère comme d’un péché ou que, de plus en plus, on refuse de parler de péché pour les actes homosexuels.

L’encyclique Veritatis Splendor

C’est à cette tendance que Jean-Paul II a réagi dans son encyclique Veritatis Splendor, laquelle est d’une brûlante actualité… Publiée le 6 août 1993, elle est le fruit d’un long travail – près de six années.[3] Joseph Ratzinger, qui a collaboré très activement à ce document,[4] considère même qu’il s’agit du « texte théologiquement le plus élaboré du pontificat. »[5] Jean-Paul II souligna devant la curie romaine l’importance qu’il accordait à cette encyclique, et la cohérence qu’elle formait avec son combat pour la dignité de l’homme : « Dans le passé, il fallait dire la vérité sur l’homme à l’Europe de l’Est, au-delà du mur de Berlin ; il est maintenant nécessaire de réaffirmer cette vérité également à l’homme qui vit à l’Ouest et qui regarde avec intérêt vers l’Est. L’homme est le même partout : il n’est pas de lieu où ne soient valables les paroles du Christ sur la vérité, seule capable de nous rendre libres (cf. Jn 8, 32). Ces paroles constituent la base de la doctrine sociale de l’Église, comme cela ressort de Centesimus annus (cf. nº 46), et elles sont le fondement de toute la morale humaine, si celle-ci ne veut pas se condamner elle-même à une autodestruction relativiste (cf. Veritatis splendor, nº 87). »[6]

Le pape, dans ce document d’une grande précision, rappelle que certains actes ou comportements concrets sont toujours « intrinsèquement mauvais », « irrémédiablement mauvais », et sont « par eux-mêmes des péchés ».[7] Malheureusement, en s’opposant à cette doctrine morale traditionnelle, la théologie morale de ces dernières décennies, tout comme une certaine « pastorale » déconnectée de la doctrine ou située en opposition avec elle, n’a fait qu’altérer ainsi le sens du péché.

Dans cette encyclique, Jean-Paul II met en garde contre l’attitude inacceptable de celui « fait de sa faiblesse le critère de la vérité sur le bien », attitude qui « corrompt la moralité de toute la société » et « finit par confondre tous les jugements de valeur. »[8] Lucidité, hélas, prophétique… Il évoquait alors « l’attitude pharisaïque qui prétend éliminer le sentiment de ses limites et de son péché, qui s’exprime aujourd’hui particulièrement par la tentative d’adapter la norme morale à ses capacités, à ses intérêts propres et qui va jusqu’au refus du concept même de norme. »[9]

Dans l’Église elle-même, cette théologie morale – répandue dans la « pastorale » comme dans des cours d’université – n’a eu de cesse d’insister sur les circonstances atténuantes pour légitimer « des exceptions à la règle générale et permettre ainsi d’accomplir pratiquement, avec une bonne conscience, ce que la loi morale qualifie d’intrinsèquement mauvais. »[10] Ou bien l’on a tellement insisté sur le caractère particulier de chaque cas qu’on a instauré une « séparation, voire une opposition, entre la doctrine du précepte valable en général et la norme de la conscience de chacun, qui déciderait effectivement, en dernière instance, du bien et du mal. Sur ce fondement, on prétend établir la légitimité de solutions prétendument « pastorales », contraires aux enseignements du Magistère, et justifier une herméneutique « créatrice », d’après laquelle la conscience morale ne serait nullement obligée, dans tous les cas, par un précepte négatif particulier. »[11]

Jean-Paul II pourtant – à la suite de la Tradition de l’Église – avait été clair : « Une fois reconnue dans les faits la qualification morale d’une action interdite par une règle universelle, le seul acte moralement bon consiste à obéir à la loi morale et à éviter l’action qu’elle interdit. »[12]

Et la miséricorde ?

Ce texte fondamental du pontificat de Jean-Paul II est donc une réponse à l’impasse de cette théologie morale relativiste, qui depuis bien longtemps n’ose plus appeler le péché par son nom. Si cette « morale » est assez confortable et tranquillisante dans un premier temps, elle ne le reste pas longtemps, parce qu’elle ne libère pas en vérité. « La vérité vous rendra libres », a dit Jésus (Jn 8, 32). Il est donc clair pour la doctrine morale de l’Église qu’il existe des actes qui sont toujours objectivement des péchés graves, quelles que soient les intentions de celui qui les commet, et quelles que soient les circonstances. L’adultère en fait partie.[13] Les actes homosexuels en font partie.[14]

Quid alors de la miséricorde ? Affirmer l’existence d’actes intrinsèquement mauvais, n’est ce pas condamner les personnes qui les commettent ? La miséricorde n’est pas la négation du péché. Au contraire : « Le Christ, dans sa Passion, éclaire pleinement la gravité du péché et il le vainc par sa miséricorde. »[15] Ne peut être pardonné qu’un acte qui est appelé par son nom et regretté. Ainsi l’a compris le fils prodigue : « Je me lèverai, j’irai chez mon père et lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils… » (Lc 15, 18-19). La miséricorde exige un changement de vie.[16] Alors elle peut se déverser et elle est effectivement infinie. Alors on peut en éprouver et en goûter la tendresse. Mais saint Jean nous avertit : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jn 1, 8-9). Joseph Ratzinger écrivait : « Le véritable amour est prêt à comprendre, mais non pas à approuver ou à déclarer innocent ce qui n’est ni approuvable, ni innocent. Le pardon connaît un chemin intérieur : le pardon, c’est la guérison, c’est-à-dire qu’il exige le retour à la vérité. S’il ne le fait pas, il accepte l’autodestruction, il se met en contradiction avec la vérité et, par là même, avec l’amour. »[17]

Benoît XVI et Veritatis Splendor

Nous avons souligné plus haut la part importante que Joseph Ratzinger a prise dans l’élaboration de cette encyclique. On peut encore souligner que le pape émérite Benoît XVI, pourtant très discret depuis 2013, a par deux fois souligné l’importance de Veritatis Splendor depuis sa renonciation à l’exercice du ministère pétrinien. La première fois en 2014, dans une contribution à un livre sur son prédécesseur Jean-Paul II.[18] Dans ces pages, le pape émérite s’arrête sur Veritatis Splendor plus longuement que sur tous les autres textes, et écrit notamment : « Il a fallu de longues années pour que l’encyclique Veritatis splendor, consacrée aux problèmes moraux, parvienne à maturité et aujourd’hui elle conserve toute son actualité. (…) Étudier cette encyclique et l’assimiler reste un grand et important devoir. »

La seconde fois, c’était dans la fameuse lettre à Monseigneur Vigano, début 2018 ; ce dernier avait demandé à Benoît XVI de rédiger une introduction aux onze fascicules de différents auteurs présentant la théologie et la philosophie du pape François, à l’occasion du cinquième anniversaire de son élection. Mais le pape émérite a gentiment refusé cette proposition, justifiant notamment ainsi son refus : « Accessoirement, je voudrais vous faire part de ma surprise de voir également figurer parmi les auteurs le professeur Hünermann qui, au cours de mon pontificat, s’est distingué pour avoir mené des initiatives anti-papales. Il a largement participé à la publication de la « Kölner Erklärung » qui, en ce qui concerne l’encyclique Veritatis Splendor, a attaqué l’autorité magistérielle du pape de manière virulente, particulièrement sur des questions de théologie morale. »

Conclusion : revenir à Veritatis Splendor

Plus que jamais aujourd’hui, il nous faut revenir à ce texte avec courage. Hier on n’a plus osé appeler le divorce un péché. Aujourd’hui on n’ose plus appeler péché l’adultère, l’acte homosexuel, ni l’avortement. Et demain ? Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est donc un mea culpa des théologiens moralistes qui ont refusé l’enseignement pourtant traditionnel de Veritatis Splendor. Jean-Paul II s’était adressé sans langue de bois en 1981 à des étudiants : « Apprenez à penser, à parler et à agir selon les principes de la simplicité et de la clarté évangéliques : « oui, oui, non, non ». Apprenez à appeler blanc ce qui est blanc et noir ce qui est noir – mal ce qui est mal et bien ce qui est bien. Apprenez à appeler le péché péché, et ne l’appelez pas libération ou progrès, même si toute la mode et la propagande disent le contraire. C’est par une telle simplicité et clarté que se construit l’unité du Royaume de Dieu. »[19] Dire qu’un péché est un péché, ce n’est pas condamner le cœur d’une personne, c’est l’éclairer sur la gravité de son acte pour que soit rendue possible la miséricorde ; c’est tout simplement être fidèle à l’Évangile. Jean-Paul II avait bien distingué : « L’erreur et le mal doivent toujours être condamnés et combattus ; mais l’homme qui tombe ou se trompe doit être compris et aimé. »[20]

Voilà pourquoi il nous faut, aujourd’hui, redécouvrir Veritatis Splendor : car « l’amour trouve sa joie dans la vérité » (1 Co 13, 6).

Frère Clément-Marie

Quelques extraits de Veritatis Splendor

« Aujourd’hui, […] il paraît nécessaire de relire l’ensemble de l’enseignement moral de l’Église, dans le but précis de rappeler quelques vérités fondamentales de la doctrine catholique, qui risquent d’être déformées ou rejetées dans le contexte actuel. […] Il faut noter, en particulier, la discordance entre la réponse traditionnelle de l’Église et certaines positions théologiques, répandues même dans des séminaires et des facultés de théologie, sur des questions de première importance pour l’Église et pour la vie de foi des chrétiens, ainsi que pour la convivialité humaine. » (nº 4)

« Jésus indique au jeune homme les commandements comme condition première et imprescriptible pour avoir la vie éternelle. » (nº 17)

« De fait, la Loi nouvelle ne se contente pas de dire ce qui doit se faire, mais elle donne aussi la force de « faire la vérité ». » (nº 24)

« Il appartient à l’Église d’annoncer en tout temps et en tout lieu les principes de la morale, même en ce qui concerne l’ordre social, ainsi que de porter un jugement sur toute réalité humaine. » (nº 27)

« On a attribué à la conscience individuelle des prérogatives d’instance suprême du jugement moral, qui détermine d’une manière catégorique et infaillible le bien et le mal. À l’affirmation du devoir de suivre sa conscience, on a indûment ajouté que le jugement moral est vrai par le fait même qu’il vient de la conscience. Mais, de cette façon, la nécessaire exigence de la vérité a disparu au profit d’un critère de sincérité, d’authenticité, d' »accord avec soi-même », au point que l’on en est arrivé à une conception radicalement subjectiviste du jugement moral. […] On a tendance à attribuer à la conscience individuelle le privilège de déterminer les critères du bien et du mal, de manière autonome, et d’agir en conséquence. Cette vision ne fait qu’un avec une éthique individualiste, pour laquelle chacun se trouve confronté à sa vérité, différente de la vérité des autres. » (nº 32)

« S’il existe un droit à être respecté dans son propre itinéraire de recherche de la vérité, il existe encore antérieurement l’obligation morale grave pour tous de chercher la vérité et, une fois qu’elle est connue, d’y adhérer. C’est en ce sens que le cardinal J. H. Newman, éminent défenseur des droits de la conscience, affirmait avec force : « La conscience a des droits parce qu’elle a des devoirs. » » (nº 34)

« Les préceptes négatifs de la loi naturelle sont universellement valables : ils obligent tous et chacun, toujours et en toute circonstance. En effet, ils interdisent une action déterminée, semper et pro semper, sans exception, parce que le choix d’un tel comportement n’est en aucun cas compatible avec la bonté de la volonté de la personne qui agit, avec sa vocation à la vie avec Dieu et à la communion avec le prochain. […] L’Église a toujours enseigné que l’on ne doit jamais choisir des comportements prohibés par les commandements moraux, exprimés sous forme négative par l’Ancien et le Nouveau Testament. Comme on l’a vu, Jésus lui-même redit qu’on ne peut déroger à ces interdictions : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements : ‘Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage.’ » » (nº 52)

« Or, la raison atteste qu’il peut exister des objets de l’acte humain qui se présentent comme « ne pouvant être ordonnés » à Dieu, parce qu’ils sont en contradiction radicale avec le bien de la personne, créée à l’image de Dieu. Ce sont les actes qui, dans la tradition morale de l’Église, ont été appelés « intrinsèquement mauvais » (intrinsece malum) : ils le sont toujours et en eux-mêmes, c’est-à-dire en raison de leur objet même, indépendamment des intentions ultérieures de celui qui agit et des circonstances. » (nº 80)

« De ce fait, les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte « subjectivement » honnête ou défendable comme choix. » (nº 81)

« Le fait du martyre chrétien, qui a toujours accompagné et accompagne encore la vie de l’Église, confirme de manière particulièrement éloquente le caractère inacceptable des théories éthiques, qui nient l’existence de normes morales déterminées et valables sans exception. » (nº 90)

« C’est ainsi que seule une morale qui reconnaît des normes valables toujours et pour tous, sans aucune exception, peut garantir les fondements éthiques de la convivialité, au niveau national ou international. » (nº 97)

« Dans certaines situations, l’observation de la Loi de Dieu peut être difficile, très difficile, elle n’est cependant jamais impossible. » (nº 102)

« La vérité de cette doctrine a été scellée dans le sang du Christ sur la Croix : elle est devenue, dans l’Esprit- Saint, la Loi nouvelle de l’Église et de tout chrétien. Cette « réponse » à la question morale, le Christ Jésus nous la confie d’une manière particulière à nous, pasteurs de l’Église… » (nº 114)

« Chacun de nous sait l’importance de la doctrine qui constitue l’essentiel de l’enseignement de la présente encyclique et qui est rappelée aujourd’hui avec l’autorité du successeur de Pierre. » (nº 115)

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Remercions Mme de Gaulmyn de nous avoir offert l’occasion de nous préparer aux combats à venir

Nous venons d’achever notre série d’articles pour relire Evangelium vitae et rappeler à notre consoeur Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef de « La Croix », quelques « fondementaux » sur la dignité de la personne humaine de sa conception à sa mort naturelle – après son monstrueux « papier » sur le référendum irlandais.

Je profite de cette relative accalmie estivale pour tirer quelques conséquences de cette affaire – d’autant plus importantes, à mes yeux, que se profile une difficile révision des lois de bioéthique dans quelques mois, qui exigera l’engagement sans ambiguïté de tous les Français de bonne volonté, à commencer, bien sûr, par les catholiques qui ont sur ces questions la doctrine et l’enseignement les plus clairs et les plus cohérents.

Tout d’abord, il me faut préciser que cette relecture quotidienne d’Evangelium vitae n’était pas (pas uniquement du moins, ni même principalement) une façon de polémiquer avec Mme de Gaulmyn. Bien sûr, comme tous les catholiques pro-vie, à la rédaction du Salon beige, nous avons été scandalisés de voir le quotidien officieux de l’épiscopat se faire le porte-parole de la culture de mort, sous couvert d’un vague réalisme politique. Mais nous en avons vu d’autres et nous serions bien volontiers passés à autre chose si cette affaire n’avait pas été, pour nous, une occasion de nous replonger dans nos « classiques ». Ce n’était donc pas seulement pour Mme de Gaulmyn, mais pour nous tous, que nous avons eu la joie de relire cette admirable encyclique de Jean-Paul II.

Si nous, catholiques de conviction, ne sommes pas nourris de ce Magistère, il ne faut pas s’étonner des progrès de la culture de mort. Profitons donc de l’été pour lire et relire cette quarantaine de citations – ou mieux, l’encyclique intégrale. Ce sera une excellente préparation pour le combat sur la loi de bioéthique. Car, autant le dire clairement, même si nous sommes aussi réceptifs que quiconque aux différents arguments « naturels » et « purement politiques » (voire purement économiques) contre la recherche sur l’embryon ou la PMA sans père, si nous nous opposons à ces dérives libertaires, c’est parce que nous voyons dans l’homme le sommet de la Création et dans l’union conjugale une réalité sacrée, voulue par Dieu dès la fondation du monde, qu’aucun d’entre nous n’a le pouvoir de modifier. La réponse du Christ tombe aussi nette qu’il y a deux mille ans : C’est en raison de la dureté de votre cœur… Mais, dès l’origine, il n’en fut pas ainsi.

A ce propos, je ne saurais trop conseiller, au passage, à ceux qui auront le temps de lire et de méditer pendant cet été de reprendre, non pas seulement Evangelium vitae, mais aussi les catéchèses de Jean-Paul II sur le corps et le mariage qui ont formé ce qu’on l’appelle désormais la « théologie du corps » (ces catéchèses ont été récemment rééditées). La loi naturelle, ce n’est pas de la pure biologie ou ce que l’on peut enseigner quand on est privé du Magistère ou de la Révélation, pour cause de déchristianisation avancée ; non, la loi naturelle, c’est fondamentalement la Raison du Créateur qui s’exprime dans ses créatures. Même si elle est accessible à la simple raison, elle est fondamentalement surnaturelle en ce qu’elle nous vient de Dieu même.

J’ose espérer que nous avons tous profité de cette relecture collective d’Evangelium vitae. Il est d’autant plus important de relire les encycliques et autres textes prophétiques des derniers Papes sur la dignité de la personne humaine – et tout spécialement de sa sexualité – qu’aujourd’hui, d’Humanae Vitae à Veritatis Splendor, en passant par Donum Vitae, Evangelium Vitae ou Familiaris Consortio, plusieurs non croyants (notamment écologistes) parviennent par d’autres voies aux mêmes conclusions… et que trop de catholiques choisissent précisément ce moment pour abandonner le combat ! Alors même que le combat n’a jamais été plus nécessaire : l’Adversaire (oui avec un A majuscule, car c’est clairement un projet luciférien) en est à proposer l’euthanasie des « inutiles » ou « l’autocréation » d’une humanité asexuée, « choisissant » à volonté comment elle veut agir et même ce qu’elle veut être.

Tout l’enjeu des prochaines lois bioéthiques est là : acceptons-nous notre merveilleux statut de créatures libres et rationnelles voulues et rachetées par Dieu pour Le servir et entrer en communion avec Lui ? Ou choisissons-nous, avec Lucifer, de renverser l’ordre de la Création pour le rebâtir à notre goût – au risque de détruire toute l’humanité réelle ?

Naturellement, je ne veux pas croire que Mme de Gaulmyn opte pour la deuxième solution. Mais ses propos pour le moins équivoques ruinent la première. Voilà pourquoi il nous a semblé utile et nécessaire de revenir aux sources de notre doctrine sur ces questions.

Mais c’est aussi l’occasion de rappeler que, bien que tous les pseudo « réalistes » aient eu le plus souverain mépris pour la politique de Jean-Paul II ou de Benoît XVI, la seule voie politique qui nous soit accessible est précisément celle qu’ils nous ont indiquée : se battre sur la ligne de front des principes non négociables.

Certes, cela signifie que nous avons perdu de nombreuses batailles et ce n’est pas très flatteur sur notre situation politique. Mais, étant donné la situation actuelle, il est remarquablement efficace de se battre de cette façon. C’est même la seule chose qui nous soit possible, au moins en matière de dignité de la personne humaine.

Refuser la marchandisation du corps, l’étatisation de la famille et de la société conjugale ou encore l’appréciation d’une vie humaine à l’aune exclusive de ce qu’elle peut « apporter » à l’économie nous permet de tenir une position remarquablement solide. Et nous permet aussi de réunir autour de nous tous les êtres humains de bonne volonté, attachés à cette humanité concrète et non à une humanité rêvée, déracinée et, pour tout dire, désincarnée.

J’ajoute que ce « Non possumus », que Jean-Paul II opposa d’abord au national-socialisme et au communisme, et dont il donna le signal contre le « démocratisme » dès le début des années 1990, a permis de détruire ces deux premières idéologies mortifères. Pourquoi n’en serait-il pas de même avec la troisième et la dictature du relativisme ?

Alors remercions Mme de Gaulmyn de nous avoir ainsi offert l’occasion de nous préparer aux combats à venir et prions pour qu’elle aussi ait profité de cette lecture estivale d’une encyclique majeure – à la veille d’un débat législatif lui aussi majeur !

Guillaume de Thieulloy

Directeur du Salon beige


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (42)

42e et dernier extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Capture d’écran 2018-07-17 à 08.42.08« Les commandements de Dieu nous enseignent la route de la vie. Les préceptes moraux négatifs, c'est-à-dire ceux qui déclarent moralement inacceptable le choix d'une action déterminée, ont une valeur absolue dans l'exercice de la liberté humaine: ils valent toujours et en toute circonstance, sans exception. Ils montrent que le choix de certains comportements est radicalement incompatible avec l'amour envers Dieu et avec la dignité de la personne, créée à son image: c'est pourquoi un tel choix ne peut pas être compensé par le caractère bon d'aucune intention ni d'aucune conséquence, il est en opposition irrémédiable avec la communion entre les personnes, il contredit la décision fondamentale d'orienter sa vie vers Dieu. 

Dans ce sens, les préceptes moraux négatifs ont déjà une très importante fonction positive: le « non » qu'ils exigent inconditionnellement exprime la limite infranchissable en-deçà de laquelle l'homme libre ne peut descendre et, en même temps, il montre le minimum qu'il doit respecter et à partir duquel il doit prononcer d'innombrables « oui », en sorte que la perspective du bien devienne peu à peu son unique horizon (cf. Mt, 5, 48). Les commandements, en particulier les préceptes moraux négatifs, sont le point de départ et la première étape indispensables du chemin qui conduit à la liberté: « La première liberté — écrit saint Augustin — c'est donc de ne pas commettre de crimes... comme l'homicide, l'adultère, la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres formes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre — et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre —, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite ». ( §75)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (41)

41e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-13« L'introduction de législations injustes place souvent les hommes moralement droits en face de difficiles problèmes de conscience en ce qui concerne les collaborations, en raison du devoir d'affirmer leur droit à n'être pas contraints de participer à des actions moralement mauvaises. Les choix qui s'imposent sont parfois douloureux et peuvent demander de sacrifier des positions professionnelles confirmées ou de renoncer à des perspectives légitimes d'avancement de carrière. En d'autres cas, il peut se produire que l'accomplissement de certains actes en soi indifférents, ou même positifs, prévus dans les dispositions de législations globalement injustes, permette la sauvegarde de vies humaines menacées. D'autre part, on peut cependant craindre à juste titre que se montrer prêt à accomplir de tels actes, non seulement entraîne un scandale et favorise l'affaiblissement de l'opposition nécessaire aux attentats contre la vie, mais amène insensiblement à s'accommoder toujours plus d'une logique permissive.

Pour éclairer ce problème moral difficile, il faut rappeler les principes généraux sur la coopération à des actions mauvaises. Les chrétiens, de même que tous les hommes de bonne volonté, sont appelés, en vertu d'un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu'admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu. En effet, du point de vue moral, il n'est jamais licite de coopérer formellement au mal. Cette coopération a lieu lorsque l'action accomplie, ou bien de par sa nature, ou bien de par la qualification qu'elle prend dans un contexte concret, se caractérise comme une participation directe à un acte contre la vie humaine innocente ou comme l'assentiment donné à l'intention immorale de l'agent principal. Cette coopération ne peut jamais être justifiée en invoquant le respect de la liberté d'autrui, ni en prenant appui sur le fait que la loi civile la prévoit et la requiert: pour les actes que chacun accomplit personnellement, il existe, en effet, une responsabilité morale à laquelle personne ne peut jamais se soustraire et sur laquelle chacun sera jugé par Dieu lui-même (cf. Rm 2, 6; 14, 12).

Refuser de participer à la perpétration d'une injustice est non seulement un devoir moral, mais aussi un droit humain élémentaire. S'il n'en était pas ainsi, la personne humaine serait contrainte à accomplir une action intrinsèquement incompatible avec sa dignité, et ainsi sa liberté même, dont le sens et la fin authentiques résident dans l'orientation vers la vérité et le bien, en serait radicalement compromise. Il s'agit donc d'un droit essentiel qui, en tant que tel, devrait être prévu et protégé par la loi civile elle-même. Dans ce sens, la possibilité de se refuser à participer à la phase consultative, préparatoire et d'exécution de tels actes contre la vie devrait être assurée aux médecins, au personnel paramédical et aux responsables des institutions hospitalières, des cliniques et des centres de santé. Ceux qui recourent à l'objection de conscience doivent être exempts non seulement de sanctions pénales, mais encore de quelque dommage que ce soit sur le plan légal, disciplinaire, économique ou professionnel. » ( §74)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (40)

40e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-12« Un problème de conscience particulier pourrait se poser dans les cas où un vote parlementaire se révélerait déterminant pour favoriser une loi plus restrictive, c'est-à-dire destinée à restreindre le nombre des avortements autorisés, pour remplacer une loi plus permissive déjà en vigueur ou mise aux voix. De tels cas ne sont pas rares. En effet, on observe le fait que, tandis que dans certaines régions du monde les campagnes se poursuivent pour introduire des lois favorables à l'avortement, soutenues bien souvent par de puissantes organisations internationales, dans d'autres pays au contraire — notamment dans ceux qui ont déjà fait l'expérience amère de telles législations permissives — se manifestent les signes d'une nouvelle réflexion. Dans le cas ici supposé, il est évident que, lorsqu'il ne serait pas possible d'éviter ou d'abroger complètement une loi permettant l'avortement, un parlementaire, dont l'opposition personnelle absolue à l'avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d'une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique. Agissant ainsi, en effet, on n'apporte pas une collaboration illicite à une loi inique; on accomplit plutôt une tentative légitime, qui est un devoir, d'en limiter les aspects injustes. » ( §73)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (39)

39e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-11« L'avortement et l'euthanasie sont donc des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience. Dès les origines de l'Eglise, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d'obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués (cf. Rm 13, 1-7; 1 P 2, 13-14), mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu'« il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Ac 5, 29). Dans l'Ancien Testament déjà, précisément au sujet des menaces contre la vie, nous trouvons un exemple significatif de résistance à un ordre injuste de l'autorité. Les sages-femmes des Hébreux s'opposèrent au pharaon, qui avait ordonné de faire mourir tout nouveau-né de sexe masculin: « Elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte et laissèrent vivre les garçons » (Ex 1, 17). Mais il faut bien voir le motif profond de leur comportement: « Les sages-femmes craignirent Dieu » (ibid.). Il n'y a que l'obéissance à Dieu — auquel seul est due la crainte qui constitue la reconnaissance de son absolue souveraineté — pour faire naître la force et le courage de résister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts même à aller en prison ou à être tués par l'épée, dans la certitude que cela « fonde l'endurance et la confiance des saints » (Ap 13, 10).

Dans le cas d'une loi intrinsèquement injuste, comme celle qui admet l'avortement ou l'euthanasie, il n'est donc jamais licite de s'y conformer, « ni ... participer à une campagne d'opinion en faveur d'une telle loi, ni ... donner à celle-ci son suffrage ». ( §73)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (38)

38e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-27« La doctrine sur la nécessaire conformité de la loi civile avec la loi morale est aussi en continuité avec toute la tradition de l'Eglise, comme cela ressort, une fois encore, de l'encyclique déjà citée de Jean XXIII: « L'autorité, exigée par l'ordre moral, émane de Dieu. Si donc il arrive aux dirigeants d'édicter des lois ou de prendre des mesures contraires à cet ordre moral et par conséquent, à la volonté divine, ces dispositions ne peuvent obliger les consciences... Bien plus, en pareil cas, l'autorité cesse d'être elle-même et dégénère en oppression ». C'est là l'enseignement lumineux de saint Thomas d'Aquin qui écrit notamment: « La loi humaine a raison de loi en tant qu'elle est conforme à la raison droite; à ce titre, il est manifeste qu'elle découle de la loi éternelle. Mais, dans la mesure où elle s'écarte de la raison, elle est déclarée loi inique et, dès lors, n'a plus raison de loi, elle est plutôt une violence ». Et encore: « Toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle découle de la loi naturelle. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est alors plus une loi mais une corruption de la loi ».

A présent, la première et la plus immédiate des applications de cette doctrine concerne la loi humaine qui méconnaît le droit fondamental et originel à la vie, droit propre à tout homme. Ainsi les lois qui, dans le cas de l'avortement et de l'euthanasie, légitiment la suppression directe d'êtres humains innocents sont en contradiction totale et insurmontable avec le droit inviolable à la vie propre à tous les hommes, et elles nient par conséquent l'égalité de tous devant la loi. On pourrait objecter que tel n'est pas le cas de l'euthanasie lorsqu'elle est demandée en pleine conscience par le sujet concerné. Mais un Etat qui légitimerait cette demande et qui en autoriserait l'exécution en arriverait à légaliser un cas de suicide-homicide, à l'encontre des principes fondamentaux de l'indisponibilité de la vie et de la protection de toute vie innocente. De cette manière, on favorise l'amoindrissement du respect de la vie et l'on ouvre la voie à des comportements qui abolissent la confiance dans les rapports sociaux.

Les lois qui autorisent et favorisent l'avortement et l'euthanasie s'opposent, non seulement au bien de l'individu, mais au bien commun et, par conséquent, elles sont entièrement dépourvues d'une authentique validité juridique. En effet, la méconnaissance du droit à la vie, précisément parce qu'elle conduit à supprimer la personne que la société a pour raison d'être de servir, est ce qui s'oppose le plus directement et de manière irréparable à la possibilité de réaliser le bien commun. Il s'ensuit que, lorsqu'une loi civile légitime l'avortement ou l'euthanasie, du fait même, elle cesse d'être une vraie loi civile, qui oblige moralement. » ( §72)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (37)

37e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-26« Pour l'avenir de la société et pour le développement d'une saine démocratie, il est donc urgent de redécouvrir l'existence de valeurs humaines et morales essentielles et originelles, qui découlent de la vérité même de l'être humain et qui expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne, aucune majorité ni aucun Etat ne pourront jamais créer, modifier ou abolir, mais que l'on est tenu de reconnaître, respecter et promouvoir.

Dans ce contexte, il faut reprendre les éléments fondamentaux de la conception des rapports entre la loi civile et la loi morale, tels qu'ils sont proposés par l'Église, mais qui font aussi partie du patrimoine des grandes traditions juridiques de l'humanité.

Le rôle de la loi civile est certainement différent de celui de la loi morale et de portée plus limitée. C'est pourquoi « en aucun domaine de la vie, la loi civile ne peut se substituer à la conscience, ni dicter des normes sur ce qui échappe à sa compétence » qui consiste à assurer le bien commun des personnes, par la reconnaissance et la défense de leurs droits fondamentaux, la promotion de la paix et de la moralité publique. En effet, le rôle de la loi civile consiste à garantir une convivialité en société bien ordonnée, dans la vraie justice, afin que tous « nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité » (1 Tm 2, 2). C'est précisément pourquoi la loi civile doit assurer à tous les membres de la société le respect de certains droits fondamentaux, qui appartiennent originellement à la personne et que n'importe quelle loi positive doit reconnaître et garantir. Premier et fondamental entre tous, le droit inviolable à la vie de tout être humain innocent. Si les pouvoirs publics peuvent parfois renoncer à réprimer ce qui provoquerait, par son interdiction, un dommage plus grave, ils ne peuvent cependant jamais accepter de légitimer, au titre de droit des individus — même si ceux-ci étaient la majorité des membres de la société —, l'atteinte portée à d'autres personnes par la méconnaissance d'un droit aussi fondamental que celui à la vie. La tolérance légale de l'avortement et de l'euthanasie ne peut en aucun cas s'appuyer sur le respect de la conscience d'autrui, précisément parce que la société a le droit et le devoir de se protéger contre les abus qui peuvent intervenir au nom de la conscience et sous le prétexte de la liberté. » ( §71)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (36)

36e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-25« En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un « système » et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère « moral » n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain: il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un « signe des temps » positif, ainsi que le Magistère de l'Eglise l'a plusieurs fois souligné. Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut: sont certainement fondamentaux et indispensables la dignité de toute personne humaine, le respect de ses droits intangibles et inaliénables, ainsi que la reconnaissance du « bien commun » comme fin et comme critère régulateur de la vie politique.

Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des « majorités » d'opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d'une loi morale objective qui, en tant que « loi naturelle » inscrite dans le cœur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile ellemême. Lorsque, à cause d'un tragique obscurcissement de la conscience collective, le scepticisme en viendrait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, c'est le système démocratique qui serait ébranlé dans ses fondements, réduit à un simple mécanisme de régulation empirique d'intérêts divers et opposés. 

Certains pourraient penser que, faute de mieux, son rôle aussi devrait être apprécié en fonction de son utilité pour la paix sociale. Tout en reconnaissant quelque vérité dans cette opinion, il est difficile de ne pas voir que, sans un ancrage moral objectif, la démocratie elle-même ne peut pas assurer une paix stable, d'autant plus qu'une paix non fondée sur les valeurs de la dignité de tout homme et de la solidarité entre tous les hommes reste souvent illusoire. Même dans les régimes de participation, en effet, la régulation des intérêts se produit fréquemment au bénéfice des plus forts, car ils sont les plus capables d'agir non seulement sur les leviers du pouvoir mais encore sur la formation du consensus. Dans une telle situation, la démocratie devient aisément un mot creux. » ( §70)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (35)

35e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-24« La racine commune de toutes ces tendances est le relativisme éthique qui caractérise une grande part de la culture contemporaine. Beaucoup considèrent que ce relativisme est une condition de la démocratie, parce que seul il garantirait la tolérance, le respect mutuel des personnes et l'adhésion aux décisions de la majorité, tandis que les normes morales, tenues pour objectives et sources d'obligation, conduiraient à l'autoritarisme et à l'intolérance.

Mais la problématique du respect de la vie fait précisément apparaître les équivoques et les contradictions, accompagnées de terribles conséquences concrètes, qui se cachent derrière cette conception.

Il est vrai que dans l'histoire on enregistre des cas où des crimes ont été commis au nom de la « vérité ». Mais, au nom du « relativisme éthique », on a également commis et l'on commet des crimes non moins graves et des dénis non moins radicaux de la liberté. Lorsqu'une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision « tyrannique » envers l'être humain le plus faible et sans défense? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l'humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d'être des crimes si, au lieu d'être commis par des tyrans sans scrupule, ils étaient légitimés par l'assentiment populaire? » ( §70)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (34)

34e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images« En tout cas, dans la culture démocratique de notre temps, l'opinion s'est largement répandue que l'ordre juridique d'une société devrait se limiter à enregistrer et à recevoir les convictions de la majorité et que, par conséquent, il ne devrait reposer que sur ce que la majorité elle-même reconnaît et vit comme étant moral. Si alors on estimait que même une vérité commune et objective est de fait inaccessible, le respect de la liberté des citoyens — ceux-ci étant considérés comme les véritables souverains dans un régime démocratique — exigerait que, au niveau de la législation, on reconnaisse l'autonomie de la conscience des individus et que donc, en établissant les normes de toute manière nécessaires à la convivialité dans la société, on se conforme exclusivement à la volonté de la majorité, quelle qu'elle soit. De ce fait, tout homme politique devrait séparer nettement dans son action le domaine de la conscience privée de celui de l'action politique.

On observe donc deux tendances, en apparence diamétralement opposées. D'une part, les individus revendiquent pour eux-mêmes la plus entière autonomie morale de choix et demandent que l'État n'adopte et n'impose aucune conception de nature éthique, mais qu'il s'en tienne à garantir à la liberté de chacun le champ le plus étendu possible, avec pour seule limitation externe de ne pas empiéter sur le champ de l'autonomie à laquelle tout autre citoyen a droit également. D'autre part, on considère que, dans l'exercice des fonctions publiques et professionnelles, le respect de la liberté de choix d'autrui impose à chacun de faire abstraction de ses propres convictions pour se mettre au service de toute requête des citoyens, reconnue et protégée par les lois, en admettant pour seul critère moral dans l'exercice de ses fonctions ce qui est déterminé par ces mêmes lois. Dans ces conditions, la responsabilité de la personne se trouve déléguée à la loi civile, cela supposant l'abdication de sa conscience morale au moins dans le domaine de l'action publique. » ( §69)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (33)

33e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-23«  L'un des aspects caractéristiques des attentats actuels contre la vie humaine — ainsi qu'on l'a déjà dit à plusieurs reprises — est la tendance à exiger leur légitimation juridique, comme si c'étaient des droits que l'Etat, au moins à certaines conditions, devait reconnaître aux citoyens; et, par conséquent, c'est aussi la tendance à prétendre user de ces droits avec l'assistance sûre et gratuite des médecins et du personnel de santé.

Bien souvent, on considère que la vie de celui qui n'est pas encore né ou de celui qui est gravement handicapé n'est qu'un bien relatif: selon une logique des proportionnalités ou de pure arithmétique, elle devrait être comparée avec d'autres biens et évaluée en conséquence. Et l'on estime aussi que seul celui qui est placé dans une situation concrète et s'y trouve personnellement impliqué peut effectuer une juste pondération des biens en jeu; il en résulte que lui seul pourrait décider de la moralité de son choix. Dans l'intérêt de la convivialité civile et de l'harmonie sociale, l'État devrait donc respecter ce choix, au point d'admettre l'avortement et l'euthanasie.

Dans d'autres circonstances, on considère que la loi civile ne peut exiger que tous les citoyens vivent selon un degré de moralité plus élevé que celui qu'eux-mêmes admettent et observent. Dans ces conditions, la loi devrait toujours refléter l'opinion et la volonté de la majorité des citoyens et, au moins dans certains cas extrêmes, leur reconnaître même le droit à l'avortement et à l'euthanasie. Du reste, l'interdiction et la punition de l'avortement et de l'euthanasie dans ces cas conduirait inévitablement — dit-on — à un plus grand nombre de pratiques illégales, lesquelles, d'autre part, ne seraient pas soumises au contrôle social indispensable et seraient effectuées sans la sécurité nécessaire de l'assistance médicale. On se demande, en outre, si défendre une loi concrètement non applicable ne revient pas, en fin de compte, à miner l'autorité de toute autre loi.

Enfin, les opinions les plus radicales en viennent à soutenir que, dans une société moderne et pluraliste, on devrait reconnaître à toute personne la faculté pleinement autonome de disposer de sa vie et de la vie de l'être non encore né; en effet, le choix entre les différentes opinions morales n'appartiendrait pas à la loi et celle-ci pourrait encore moins prétendre imposer l'un de ces choix au détriment des autres. » ( §68)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (32)

32e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-22« On doit accorder une attention particulière à l'évaluation morale des techniques de diagnostic prénatal, qui permettent de mettre en évidence de manière précoce d'éventuelles anomalies de l'enfant à naître. En effet, à cause de la complexité de ces techniques, cette évaluation doit être faite avec beaucoup de soin et une grande rigueur. Ces techniques sont moralement licites lorsqu'elles ne comportent pas de risques disproportionnés pour l'enfant et pour la mère, et qu'elles sont ordonnées à rendre possible une thérapie précoce ou encore à favoriser une acceptation sereine et consciente de l'enfant à naître. Cependant, du fait que les possibilités de soins avant la naissance sont aujourd'hui encore réduites, il arrive fréquemment que ces techniques soient mises au service d'une mentalité eugénique, qui accepte l'avortement sélectif pour empêcher la naissance d'enfants affectés de différents types d'anomalies. Une pareille mentalité est ignominieuse et toujours répréhensible, parce qu'elle prétend mesurer la valeur d'une vie humaine seulement selon des paramètres de « normalité » et de bien-être physique, ouvrant ainsi la voie à la légitimation de l'infanticide et de l'euthanasie.

En réalité, cependant, le courage et la sérénité avec lesquels un grand nombre de nos frères, affectés de graves infirmités, mènent leur existence quand ils sont acceptés et aimés par nous, constituent un témoignage particulièrement puissant des valeurs authentiques qui caractérisent la vie et qui la rendent précieuse pour soi et pour les autres, même dans des conditions difficiles. L'Eglise est proche des époux qui, avec une grande angoisse et une grande souffrance, acceptent d'accueillir les enfants gravement handicapés; elle est aussi reconnaissante à toutes les familles qui, par l'adoption, accueillent les enfants qui ont été abandonnés par leurs parents, en raison d'infirmités ou de maladies. » ( §63)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (31)

31e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-15« L'évaluation morale de l'avortement est aussi à appliquer aux formes récentes d'intervention sur les embryons humains qui, bien que poursuivant des buts en soi légitimes, en comportent inévitablement le meurtre. C'est le cas de l'expérimentation sur les embryonsqui se répand de plus en plus dans le domaine de la recherche biomédicale, et qui est légalement admise dans certains Etats. Si « on doit considérer comme licites les interventions sur l'embryon humain, à condition qu'elles respectent la vie et l'intégrité de l'embryon et qu'elles ne comportent pas pour lui de risques disproportionnés, mais qu'elles visent à sa guérison, à l'amélioration des conditions de santé, ou à sa survie individuelle », on doit au contraire affirmer que l'utilisation des embryons ou des fœtus humains comme objets d'expérimentation constitue un crime contre leur dignité d'êtres humains, qui ont droit à un respect égal à celui dû à l'enfant déjà né et à toute personne. 

La même condamnation morale concerne aussi le procédé qui exploite les embryons et les fœtus humains encore vivants — parfois « produits » précisément à cette fin par fécondation in vitro —, soit comme « matériel biologique » à utiliser, soit comme donneurs d'organes ou de tissus à transplanter pour le traitement de certaines maladies. En réalité, tuer des créatures humaines innocentes, même si c'est à l'avantage d'autres, constitue un acte absolument inacceptable. » ( §63)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (30)

30e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Ob_7e8dba_temoignage-gianna-jessen-avortement« Depuis les premiers siècles, la discipline canonique de l'Eglise a frappé de sanctions pénales ceux qui se souillaient par la faute de l'avortement, et cette pratique, avec des peines plus ou moins graves, a été confirmée aux différentes époques de l'histoire. Le Code de Droit canonique de 1917 prescrivait pour l'avortement la peine de l'excommunication. 69 La législation canonique rénovée se situe dans cette ligne quand elle déclare que celui « qui procure un avortement, si l'effet s'ensuit, encourt l'excommunication latæ sententiæ », c'est-à-dire automatique. L'excommunication frappe tous ceux qui commettent ce crime en connaissant la peine encourue, y compris donc aussi les complices sans lesquels sa réalisation n'aurait pas été possible: par la confirmation de cette sanction, l'Eglise désigne ce crime comme un des plus graves et des plus dangereux, poussant ainsi ceux qui le commettent à retrouver rapidement le chemin de la conversion. En effet, dans l'Église, la peine de l'excommunication a pour but de rendre pleinement conscient de la gravité d'un péché particulier et de favoriser donc une conversion et une pénitence adéquates.

Devant une pareille unanimité de la tradition doctrinale et disciplinaire de l'Eglise, Paul VI a pu déclarer que cet enseignement n'a jamais changé et est immuable. C'est pourquoi, avec l'autorité conférée par le Christ à Pierre et à ses successeurs, en communion avec les Evêques — qui ont condamné l'avortement à différentes reprises et qui, en réponse à la consultation précédemment mentionnée, même dispersés dans le monde, ont exprimé unanimement leur accord avec cette doctrine —, je déclare que l'avortement direct, c'est-à-dire voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un désordre moral grave, en tant que meurtre délibéré d'un être humain innocent. Cette doctrine est fondée sur la loi naturelle et sur la Parole de Dieu écrite; ella est transmise par la Tradition de l'Eglise et enseignée par le Magistère ordinaire et universel.

Aucune circonstance, aucune finalité, aucune loi au monde ne pourra jamais rendre licite un acte qui est intrinsèquement illicite, parce que contraire à la Loi de Dieu, écrite dans le cœur de tout homme, discernable par la raison elle-même et proclamée par l'Eglise. » (§ 62)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (29)

29e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-14« Les textes de la Sainte Ecriture, qui ne parlent jamais d'avortement volontaire et donc ne comportent pas de condamnations directes et spécifiques à ce sujet, manifestent une telle considération pour l'être humain dans le sein maternel, que cela exige comme conséquence logique qu'à lui aussi s'étend le commandement de Dieu: « Tu ne tueras pas ».

La vie humaine est sacrée et inviolable dans tous les moments de son existence, même dans le moment initial qui précède la naissance. Depuis le sein maternel, l'homme appartient à Dieu qui scrute et connaît tout, qui l'a formé et façonné de ses mains, qui le voit alors qu'il n'est encore que petit embryon informe et qui entrevoit en lui l'adulte qu'il sera demain, dont les jours sont comptés et dont la vocation est déjà consignée dans le « livre de vie » (cf. Ps 139 138, 1. 13-16). Là aussi, lorsqu'il est encore dans le sein maternel — comme de nombreux textes bibliques en témoignent —, l'homme est l'objet le plus personnel de la providence amoureuse et paternelle de Dieu. » Des origines à nos jours — comme le montre bien la Déclaration publiée sur ce sujet par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi —, la Tradition chrétienne est claire et unanime pour qualifier l'avortement de désordre moral particulièrement grave. Depuis le moment où elle s'est affrontée au monde gréco-romain, dans lequel l'avortement et l'infanticide étaient des pratiques courantes, la première communauté chrétienne s'est opposée radicalement, par sa doctrine et dans sa conduite, aux mœurs répandues dans cette société, comme le montre bien la Didachè, déjà citée. Parmi les écrivains ecclésiastiques du monde grec, Athénagore rappelle que les chrétiens considèrent comme homicides les femmes qui ont recours à des moyens abortifs, car même si les enfants sont encore dans le sein de leur mère, « Dieu a soin d'eux ». Parmi les latins, Tertullien affirme: « C'est un homicide anticipé que d'empêcher de naître et peu importe qu'on arrache l'âme déjà née ou qu'on la détruise au moment où elle naît. C'est un homme déjà ce qui doit devenir un homme ».

A travers son histoire déjà bimillénaire, cette même doctrine a été constamment enseignée par les Pères de l'Eglise, par les Pasteurs et les Docteurs. Même les discussions de caractère scientifique et philosophique à propos du moment précis de l'infusion de l'âme spirituelle n'ont jamais comporté la moindre hésitation quant à la condamnation morale de l'avortement. » (§ 61)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (28)

28e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-5« Certains tentent de justifier l'avortement en soutenant que le fruit de la conception, au moins jusqu'à un certain nombre de jours, ne peut pas être encore considéré comme une vie humaine personnelle. En réalité, « dès que l'ovule est fécondé, se trouve inaugurée une vie qui n'est celle ni du père ni de la mère, mais d'un nouvel être humain qui se développe pour lui-même. Il ne sera jamais rendu humain s'il ne l'est pas dès lors. A cette évidence de toujours, ...la science génétique moderne apporte de précieuses confirmations. Elle a montré que dès le premier instant se trouve fixé le programme de ce que sera ce vivant: une personne, cette personne individuelle avec ses notes caractéristiques déjà bien déterminées. Dès la fécondation, est commencée l'aventure d'une vie humaine dont chacune des grandes capacités demande du temps pour se mettre en place et se trouver prête à agir ». Même si la présence d'une âme spirituelle ne peut être constatée par aucun moyen expérimental, les conclusions de la science sur l'embryon humain fournissent « une indication précieuse pour discerner rationnellement une présence personnelle dès cette première apparition d'une vie humaine: comment un individu humain ne serait-il pas une personne humaine? ».

D'ailleurs, l'enjeu est si important que, du point de vue de l'obligation morale, la seule probabilité de se trouver en face d'une personne suffirait à justifier la plus nette interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l'embryon humain. Précisément pour ce motif, au-delà des débats scientifiques et même des affirmations philosophiques à propos desquelles le Magistère ne s'est pas expressément engagé, l'Eglise a toujours enseigné, et enseigne encore, qu'au fruit de la génération humaine, depuis le premier moment de son existence, doit être garanti le respect inconditionnel qui est moralement dû à l'être humain dans sa totalité et dans son unité corporelle et spirituelle: « L'être humain doit être respecté et traité comme une personne dès sa conception, et donc dès ce moment on doit lui reconnaître les droits de la personne, parmi lesquels en premier lieu le droit inviolable de tout être humain innocent à la vie». » ( §60)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (27)

27e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-4« Pour décider de la mort de l'enfant non encore né, aux côtés de la mère, se trouvent souvent d'autres personnes. Avant tout, le père de l'enfant peut être coupable, non seulement lorsqu'il pousse expressément la femme à l'avortement, mais aussi lorsqu'il favorise indirectement sa décision, parce qu'il la laisse seule face aux problèmes posés par la grossesse: de cette manière, la famille est mortellement blessée et profanée dans sa nature de communauté d'amour et dans sa vocation à être « sanctuaire de la vie ». On ne peut pas non plus passer sous silence les sollicitations qui proviennent parfois du cercle familial plus large et des amis. Fréquemment, la femme est soumise à des pressions tellement fortes qu'elle se sent psychologiquement contrainte à consentir à l'avortement: sans aucun doute, dans ce cas, la responsabilité morale pèse particulièrement sur ceux qui l'ont forcée à avorter, directement ou indirectement. De même les médecins et le personnel de santé sont responsables, quand ils mettent au service de la mort les compétences acquises pour promouvoir la vie.

Mais la responsabilité incombe aussi aux législateurs, qui ont promu et approuvé des lois en faveur de l'avortement et, dans la mesure où cela dépend d'eux, aux administrateurs des structures de soins utilisées pour effectuer les avortements. Une responsabilité globale tout aussi grave pèse sur ceux qui ont favorisé la diffusion d'une mentalité de permissivité sexuelle et de mépris de la maternité, comme sur ceux qui auraient dû engager — et qui ne l'ont pas fait — des politiques familiales et sociales efficaces pour soutenir les familles, spécialement les familles nombreuses ou celles qui ont des difficultés économiques et éducatives particulières. On ne peut enfin sous-estimer le réseau de complicités qui se développe, jusqu'à associer des institutions internationales, des fondations et des associations qui luttent systématiquement pour la légalisation et pour la diffusion de l'avortement dans le monde. Dans ce sens, l'avortement dépasse la responsabilité des individus et le dommage qui leur est causé, et il prend une dimension fortement sociale: c'est une blessure très grave portée à la société et à sa culture de la part de ceux qui devraient en être les constructeurs et les défenseurs. Comme je l'ai écrit dans ma Lettre aux familles, « nous nous trouvons en face d'une énorme menace contre la vie, non seulement d'individus, mais de la civilisation tout entière ». Nous nous trouvons en face de ce qui peut être défini comme une « structure de péché » contre la vie humaine non encore née. » (§59)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (26)

26e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-3« La gravité morale de l'avortement provoqué apparaît dans toute sa vérité si l'on reconnaît qu'il s'agit d'un homicide et, en particulier, si l'on considère les circonstances spécifiques qui le qualifient. Celui qui est supprimé est un être humain qui commence à vivre, c'est-à-dire l'être qui est, dans l'absolu, le plus innocent qu'on puisse imaginer: jamais il ne pourrait être considéré comme un agresseur, encore moins un agresseur injuste! Il est faible, sans défense, au point d'être privé même du plus infime moyen de défense, celui de la force implorante des gémissements et des pleurs du nouveau-né. Il est entièrement confié à la protection et aux soins de celle qui le porte dans son sein. Et pourtant, parfois, c'est précisément elle, la mère, qui en décide et en demande la suppression et qui va jusqu'à la provoquer.

Il est vrai que de nombreuses fois le choix de l'avortement revêt pour la mère un caractère dramatique et douloureux, lorsque la décision de se défaire du fruit de la conception n'est pas prise pour des raisons purement égoïstes et de facilité, mais parce que l'on voudrait sauvegarder des biens importants, comme la santé ou un niveau de vie décent pour les autres membres de la famille. Parfois, on craint pour l'enfant à naître des conditions de vie qui font penser qu'il serait mieux pour lui de ne pas naître. Cependant, ces raisons et d'autres semblables, pour graves et dramatiques qu'elles soient, ne peuvent jamais justifier la suppression délibérée d'un être humain innocent. » (§ 58)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (25)

25e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-2« Parmi tous les crimes que l'homme peut accomplir contre la vie, l'avortement provoqué présente des caractéristiques qui le rendent particulièrement grave et condamnable. Le deuxième Concile du Vatican le définit comme « un crime abominable », en même temps que l'infanticide. 

Mais aujourd'hui, dans la conscience de nombreuses personnes, la perception de sa gravité s'est progressivement obscurcie. L'acceptation de l'avortement dans les mentalités, dans les mœurs et dans la loi elle-même est un signe éloquent d'une crise très dangereuse du sens moral, qui devient toujours plus incapable de distinguer entre le bien et le mal, même lorsque le droit fondamental à la vie est en jeu. Devant une situation aussi grave, le courage de regarder la vérité en face et d'appeler les choses par leur nom est plus que jamais nécessaire, sans céder à des compromis par facilité ou à la tentation de s'abuser soi-même. A ce propos, le reproche du Prophète retentit de manière catégorique: « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres » (Is 5, 20). Précisément dans le cas de l'avortement, on observe le développement d'une terminologie ambiguë, comme celle d'« interruption de grossesse », qui tend à en cacher la véritable nature et à en atténuer la gravité dans l'opinion publique. Ce phénomène linguistique est sans doute lui-même le symptôme d'un malaise éprouvé par les consciences. Mais aucune parole ne réussit à changer la réalité des choses: l'avortement provoqué est le meurtre délibéré et direct, quelle que soit la façon dont il est effectué, d'un être humain dans la phase initiale de son existence, située entre la conception et la naissance. » (§58)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (24)

24e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images«  La décision délibérée de priver un être humain innocent de sa vie est toujours mauvaise du point de vue moral et ne peut jamais être licite, ni comme fin, ni comme moyen en vue d'une fin bonne. En effet, c'est une grave désobéissance à la loi morale, plus encore à Dieu lui-même, qui en est l'auteur et le garant; cela contredit les vertus fondamentales de la justice et de la charité. « Rien ni personne ne peut autoriser que l'on donne la mort à un être humain innocent, fœtus ou embryon, enfant ou adulte, vieillard, malade incurable ou agonisant. Personne ne peut demander ce geste homicide pour soi ou pour un autre confié à sa responsabilité, ni même y consentir, explicitement ou non. Aucune autorité ne peut légitimement l'imposer, ni même l'autoriser ». 

En ce qui concerne le droit à la vie, tout être humain innocent est absolument égal à tous les autres. Cette égalité est la base de tous les rapports sociaux authentiques qui, pour être vraiment tels, ne peuvent pas ne pas être fondés sur la vérité et sur la justice, reconnaissant et défendant chaque homme et chaque femme comme une personne et non comme une chose dont on peut disposer. Par rapport à la norme morale qui interdit la suppression directe d'un être humain innocent, « il n'y a de privilège ni d'exception pour personne. Que l'on soit le maître du monde ou le dernier des "misérables" sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence: devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux ». (§57)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (23)

23e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-3« Si l'on doit accorder une attention aussi grande au respect de toute vie, même de celle du coupable et de l'injuste agresseur, le commandement « tu ne tueras pas » a une valeur absolue quand il se réfère à la personne innocente. Et ceci d'autant plus qu'il s'agit d'un être humain faible et sans défense, qui ne trouve que dans le caractère absolu du commandement de Dieu une défense radicale face à l'arbitraire et à l'abus de pouvoir d'autrui.

En effet, l'inviolabilité absolue de la vie humaine innocente est une vérité morale explicitement enseignée dans la Sainte Ecriture, constamment maintenue dans la Tradition de l'Eglise et unanimement proposée par le Magistère. Cette unanimité est un fruit évident du « sens surnaturel de la foi » qui, suscité et soutenu par l'Esprit Saint, garantit le peuple de Dieu de l'erreur, lorsqu'elle « apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel » 

Devant l'atténuation progressive dans les consciences et dans la société de la perception de l'illicéité morale absolue et grave de la suppression directe de toute vie humaine innocente, spécialement à son commencement ou à son terme, le Magistère de l'Eglise a intensifié ses interventions pour défendre le caractère sacré et inviolable de la vie humaine. Au Magistère pontifical, particulièrement insistant, s'est toujours uni le magistère épiscopal, avec des documents doctrinaux et pastoraux nombreux et importants, soit des Conférences épiscopales, soit d'évêques individuellement, sans oublier l'intervention du Concile Vatican II, forte et incisive dans sa brièveté. 

Par conséquent, avec l'autorité conférée par le Christ à Pierre et à ses Successeurs, en communion avec tous les évêques de l'Eglise catholique, je confirme que tuer directement et volontairement un être humain innocent est toujours gravement immoral. Cette doctrine, fondée sur la loi non écrite que tout homme découvre dans son cœur à la lumière de la raison (cf. Rm 2, 14-15), est réaffirmée par la Sainte Écriture, transmise par la Tradition de l'Église et enseignée par le Magistère ordinaire et universel. » (§57)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (22)

22e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-2« La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte "l'action créatrice de Dieu" et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Dieu seul est le Maître de la vie de son commencement à son terme: personne, en aucune circonstance, ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent ». Par ces mots, l'Instruction Donum vitae expose le contenu central de la révélation de Dieu sur le caractère sacré et sur l'inviolabilité de la vie humaine.

En effet, la Sainte Ecriture présente à l'homme le précepte « tu ne tueras pas » comme un commandement divin (Ex 20, 13; Dt 5, 17). Ce précepte — comme je l'ai déjà souligné — se trouve dans le Décalogue, au cœur de l'Alliance que le Seigneur conclut avec le peuple élu; mais il était déjà contenu dans l'alliance originelle de Dieu avec l'humanité après le châtiment purificateur du déluge, provoqué par l'extension du péché et de la violence (cf. Gn 9, 5-6).

Dieu se proclame Seigneur absolu de la vie de l'homme, formé à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26-28). Par conséquent, la vie humaine présente un caractère sacré et inviolable, dans lequel se reflète l'inviolabilité même du Créateur. C'est pourquoi, Dieu se fera le juge exigeant de toute violation du commandement « tu ne tueras pas », placé à la base de toute la convivialité de la société. Il est le « goël », c'est-à-dire le défenseur de l'innocent (cf. Gn 4, 9-15; Is 41, 14; Jr 50, 34; Ps 19 18, 15). De cette manière, Dieu montre aussi qu'« il ne prend pas plaisir à la perte des vivants » (Sg 1, 13). Seul Satan peut s'en réjouir: par son envie, la mort est entrée dans le monde (cf. Sg 2, 24). Lui, qui est « homicide dès le commencement », est aussi « menteur et père du mensonge » (Jn 8, 44): trompant l'homme, il le conduit jusqu'au péché et à la mort, présentés comme des fins et des fruits de vie. » ( §53)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (21)

21e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown« La révélation du Nouveau Testament confirme la reconnaissance incontestée de la valeur de la vie depuis son commencement. Les paroles par lesquelles Elisabeth exprime sa joie d'être enceinte manifestent l'exaltation de la fécondité et l'attente empressée de la vie: « Le Seigneur... a daigné mettre fin à ce qui faisait ma honte » (Lc 1, 25). Mais la valeur de la personne dès sa conception est célébrée plus encore dans la rencontre entre la Vierge Marie et Elisabeth, et entre les deux enfants qu'elles portent en elles. Ce sont précisément eux, les enfants, qui révèlent l'avènement de l'ère messianique: dans leur rencontre, la force rédemptrice de la présence du Fils de Dieu parmi les hommes commence à agir. « Aussitôt — écrit saint Ambroise — se font sentir les bienfaits de l'arrivée de Marie et de la présence du Seigneur... Elisabeth fut la première à entendre la parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce: la mère a entendu selon l'ordre de la nature, l'enfant a tressailli en raison du mystère; elle a constaté l'arrivée de Marie, lui, celle du Seigneur; la femme, l'arrivée de la femme, l'enfant, celle de l'Enfant. Les deux femmes échangent des paroles de grâce, les deux enfants agissent au-dedans d'elles et commencent à réaliser le mystère de la miséricorde en y faisant progresser leurs mères; enfin, par un double miracle, les deux mères prophétisent sous l'inspiration de leurs enfants. L'enfant a exulté, la mère fut remplie de l'Esprit Saint. La mère n'a pas été remplie de l'Esprit Saint avant son fils, mais lorsque le fils fut rempli de l'Esprit Saint, il en combla aussi sa mère ». ( §45)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (20)

20e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-3« La vie humaine connaît une situation de grande précarité quand elle entre dans le monde et quand elle sort du temps pour aborder l'éternité. La Parole de Dieu ne manque pas d'invitations à apporter soins et respect à la vie, surtout à l'égard de celle qui est marquée par la maladie ou la vieillesse. S'il n'y a pas d'invitations directes et explicites à sauvegarder la vie humaine à son origine, en particulier la vie non encore née, comme aussi la vie proche de sa fin, cela s'explique facilement par le fait que même la seule possibilité d'offenser, d'attaquer ou, pire, de nier la vie dans de telles conditions est étrangère aux perspectives religieuses et culturelles du peuple de Dieu.

Dans l'Ancien Testament, on craint la stérilité comme une malédiction, tandis que l'on ressent comme une bénédiction le fait d'avoir beaucoup d'enfants: « Des fils, voilà ce que donne le Seigneur, des enfants, la récompense qu'il accorde » (Ps 127 126, 3; cf. Ps 128 127, 3-4). Dans cette conviction entre en jeu aussi la conscience qu'a Israël d'être le peuple de l'Alliance, appelé à se multiplier selon la promesse faite à Abraham: « Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles si tu peux les dénombrer... Telle sera ta postérité » (Gn 15, 5). Mais ce qui compte surtout, c'est la certitude que la vie transmise par les parents a son origine en Dieu, comme l'attestent les nombreuses pages bibliques qui parlent avec respect et amour de la conception, de la formation de la vie dans le sein maternel, de la naissance et du lien étroit qu'il y a entre le moment initial de l'existence et l'action de Dieu Créateur.

« Avant même de te former au ventre maternel, je t'ai connu; avant même que tu sois sorti du sein, je t'ai consacré » (Jr 1, 5): l'existence de tout individu, dès son origine, est dans le plan de Dieu. Job, du fond de sa souffrance, s'attarde à contempler l'œuvre de Dieu dans la manière miraculeuse dont son corps a été formé dans le sein de sa mère; il en retire un motif de confiance et il exprime la certitude d'un projet divin sur sa vie: « Tes mains m'ont façonné, créé; puis, te ravisant, tu voudrais me détruire! Souviens-toi: tu m'as fait comme on pétrit l'argile et tu me renverras à la poussière. Ne m'as-tu pas coulé comme du lait et fait cailler comme du laitage, vêtu de peau et de chair, tissé en os et en nerfs? Puis tu m'as gratifié de la vie et tu veillais avec sollicitude sur mon souffle » (Jb 10, 8-12). Des accents d'émerveillement et d'adoration pour l'intervention de Dieu sur la vie en formation dans le sein maternel se font entendre également dans les Psaumes. 

Comment imaginer qu'un seul instant de ce merveilleux processus de l'apparition de la vie puisse être soustrait à l'action sage et aimante du Créateur et laissé à la merci de l'arbitraire de l'homme? Ce n'est certes pas ce que pense la mère des sept frères qui professe sa foi en Dieu, principe et garant de la vie dès sa conception, et en même temps fondement de l'espérance de la vie nouvelle au-delà de la mort: « Je ne sais comment vous êtes apparus dans mes entrailles; ce n'est pas moi qui vous ai gratifiés de l'esprit et de la vie; ce n'est pas moi qui ai organisé les éléments qui composent chacun de vous. Aussi bien le Créateur du monde, qui a formé le genre humain et qui est à l'origine de toute chose, vous rendra-t-il, dans sa miséricorde, et l'esprit et la vie, parce que vous vous méprisez maintenant vous-mêmes pour l'amour de ses lois » (2 M 7, 22-23). » (§ 44)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (19)

19e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-8« Ce panorama fait d'ombres et de lumières doit nous rendre tous pleinement conscients que nous nous trouvons en face d'un affrontement rude et dramatique entre le mal et le bien, entre la mort et la vie, entre la « culture de mort » et la « culture de vie ». Nous nous trouvons non seulement « en face », mais inévitablement « au milieu » de ce conflit: nous sommes tous activement impliqués, et nous ne pouvons éluder notre responsabilité de faire un choix inconditionnel en faveur de la vie.

L'injonction claire et forte de Moïse s'adresse à nous aussi: « Vois, je te propose aujourd'hui vie et bonheur, mort et malheur... Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez » (Dt 30, 15. 19). Cette injonction convient tout autant à nous qui devons choisir tous les jours entre la « culture de vie » et la « culture de mort ». Mais l'appel du Deutéronome est encore plus profond, parce qu'il nous demande un choix à proprement parler religieux et moral. Il s'agit de donner à son existence une orientation fondamentale et de vivre fidèlement en accord avec la loi du Seigneur: « Écoute les commandements que je te donne aujourd'hui: aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets... Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant le Seigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t'attachant à lui; car là est ta vie, ainsi que la longue durée de ton séjour sur la terre » (30, 16. 19-20).

Le choix inconditionnel pour la vie arrive à la plénitude de son sens religieux et moral lorsqu'il vient de la foi au Christ, qu'il est formé et nourri par elle. Rien n'aide autant à aborder positivement le conflit entre la mort et la vie dans lequel nous sommes plongés que la foi au Fils de Dieu qui s'est fait homme et qui est venu parmi les hommes « pour qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance » (Jn 10, 10): c'est la foi au Ressuscité qui a vaincu la mort; c'est la foi au sang du Christ « plus éloquent que celui d'Abel » (He 12, 24).

Devant les défis de la situation actuelle, à la lumière et par la force de cette foi, l'Eglise prend plus vivement conscience de la grâce et de la responsabilité qui lui viennent du Seigneur pour annoncer, pour célébrer et pour servir l'Evangile de la vie. » ( §28)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (18)

18e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-7« Le sang du Christ, qui révèle la grandeur de l'amour du Père, manifeste que l'homme est précieux aux yeux de Dieu et que la valeur de sa vie est inestimable. L'Apôtre Pierre nous le rappelle: « Sachez que ce n'est par rien de corruptible, argent ou or, que vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères, mais par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ » (1 P 1, 18-19). C'est en contemplant le sang précieux du Christ, signe du don qu'il fait par amour (cf. Jn 13, 1), que le croyant apprend à reconnaître et à apprécier la dignité quasi divine de tout homme; il peut s'écrier, dans une admiration et une gratitude toujours nouvelles: « Quelle valeur doit avoir l'homme aux yeux du Créateur s'il a mérité d'avoir un tel et un si grand Rédempteur (Exultet de la nuit pascale), si Dieu a donné son Fils afin que lui, l'homme, ne se perde pas, mais qu'il ait la vie éternelle (cf. Jn 3, 16)! ». 20

De plus, le sang du Christ révèle à l'homme que sa grandeur, et donc sa vocation, est le don total de lui-même. Parce qu'il est versé comme don de vie, le sang de Jésus n'est plus un signe de mort, de séparation définitive d'avec les frères, mais le moyen d'une communion qui est richesse de vie pour tous. Dans le sacrement de l'Eucharistie, celui qui boit ce sang et demeure en Jésus (cf. Jn 6, 56) est entraîné dans le dynamisme de son amour et du don de sa vie, afin de porter à sa plénitude la vocation première à l'amour qui est celle de tout homme (cf. Gn 1, 27; 2, 18-24).

Dans le sang du Christ, tous les hommes puisent aussi la force de s'engager en faveur de la vie. Ce sang est justement la raison la plus forte d'espérer et même le fondement de la certitude absolue que, selon le plan de Dieu, la vie remportera la victoire. « De mort, il n'y en aura plus », s'écrie la voix puissante qui vient du trône de Dieu dans la Jérusalem céleste (Ap 21, 4). Et saint Paul nous assure que la victoire présente sur le péché est le signe et l'anticipation de la victoire définitive sur la mort, quand « s'accomplira la parole qui est écrite: La mort a été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? » (1 Co 15, 54-55). » ( §25)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (17)

17e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

RIfUzPhpOfnszEM-800x450-noPad« C'est au plus intime de la conscience morale que s'accomplit l'éclipse du sens de Dieu et du sens de l'homme, avec toutes ses nombreuses et funestes conséquences sur la vie. C'est avant tout la conscience de chaque personne qui est en cause, car dans son unité intérieure et avec son caractère unique, elle se trouve seule face à Dieu. 18 Mais, en un sens, la « conscience morale » de la société est également en cause: elle est en quelque sorte responsable, non seulement parce qu'elle tolère ou favorise des comportements contraires à la vie, mais aussi parce qu'elle alimente la « culture de mort », allant jusqu'à créer et affermir de véritables « structures de péché » contre la vie. La conscience morale, individuelle et sociale, est aujourd'hui exposée, ne serait-ce qu'à cause de l'influence envahissante de nombreux moyens de communication sociale, à un danger très grave et mortel, celui de la confusion entre le bien et le mal en ce qui concerne justement le droit fondamental à la vie. Une grande partie de la société actuelle se montre tristement semblable à l'humanité que Paul décrit dans la Lettre aux Romains. Elle est faite d'« hommes qui tiennent la vérité captive dans l'injustice » (1, 18): ayant renié Dieu et croyant pouvoir construire sans lui la cité terrestre, « ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements », de sorte que « leur cœur inintelligent s'est enténébré » (1, 21); « dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous » (1, 22), ils sont devenus les auteurs d'actions dignes de mort et, « non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent » (1, 32). Quand la conscience, cet œil lumineux de l'âme (cf. Mt 6, 22-23), appelle « bien le mal et mal le bien » (Is 5, 20), elle prend le chemin de la dégénérescence la plus inquiétante et de la cécité morale la plus ténébreuse.

Cependant, toutes les influences et les efforts pour imposer le silence n'arrivent pas à faire taire la voix du Seigneur qui retentit dans la conscience de tout homme; car c'est toujours à partir de ce sanctuaire intime de la conscience que l'on peut reprendre un nouveau cheminement d'amour, d'accueil et de service de la vie humaine. » (§ 24)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (16)

16e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-6«  Toujours dans le même contexte culturel, le corps n'est plus perçu comme une réalité spécifiquement personnelle, signe et lieu de la relation avec les autres, avec Dieu et avec le monde. Il est réduit à sa pure matérialité, il n'est rien d'autre qu'un ensemble d'organes, de fonctions et d'énergies à employer suivant les seuls critères du plaisir et de l'efficacité. En conséquence, la sexualité, elle aussi, est dépersonnalisée et exploitée: au lieu d'être signe, lieu et langage de l'amour, c'est-à-dire du don de soi et de l'accueil de l'autre dans toute la richesse de la personne, elle devient toujours davantage occasion et instrument d'affirmation du moi et de satisfaction égoïste des désirs et des instincts. C'est ainsi qu'est déformé et altéré le contenu originaire de la sexualité humaine; les deux significations, union et procréation, inhérentes à la nature même de l'acte conjugal sont artificiellement disjointes; de cette manière, on fausse l'union et l'on soumet la fécondité à l'arbitraire de l'homme et de la femme. La procréation devient alors l'« ennemi » à éviter dans l'exercice de la sexualité: on ne l'accepte que dans la mesure où elle correspond au désir de la personne ou même à sa volonté d'avoir un enfant « à tout prix » et non pas, au contraire, parce qu'elle traduit l'accueil sans réserve de l'autre et donc l'ouverture à la richesse de vie dont l'enfant est porteur.

Dans la perspective matérialiste décrite jusqu'ici, les relations interpersonnelles se trouvent gravement appauvries. Les premiers à en souffrir sont la femme, l'enfant, le malade ou la personne qui souffre, le vieillard. Le vrai critère de la dignité personnelle — celui du respect, de la gratuité et du service — est remplacé par le critère de l'efficacité, de la fonctionnalité et de l'utilité: l'autre est apprécié, non pas pour ce qu'il « est », mais pour ce qu'il « a », ce qu'il « fait » et ce qu'il « rend ». Le plus fort l'emporte sur le plus faible. » ( § 23)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (15)

15e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-5« C'est pourquoi, lorsque disparaît le sens de Dieu, le sens de l'homme se trouve également menacé et vicié, ainsi que le Concile Vatican II le déclare sous une forme lapidaire: « La créature sans son Créateur s'évanouit... Et même, la créature elle-même est entourée d'opacité, si Dieu est oublié ». 17 L'homme ne parvient plus à se saisir comme « mystérieusement différent » des autres créatures terrestres; il se considère comme l'un des nombreux êtres vivants, comme un organisme qui, tout au plus, a atteint un stade de perfection très élevé. Enfermé dans l'horizon étroit de sa réalité physique, il devient en quelque sorte « une chose », et il ne saisit plus le caractère « transcendant » de son « existence en tant qu'homme ». Il ne considère plus la vie comme un magnifique don de Dieu, une réalité « sacrée » confiée à sa responsabilité et, par conséquent, à sa protection aimante, à sa « vénération ». Elle devient tout simplement « une chose » qu'il revendique comme sa propriété exclusive, qu'il peut totalement dominer et manipuler.

Ainsi, devant la vie qui naît et la vie qui meurt, il n'est plus capable de se laisser interroger sur le sens authentique de son existence ni d'en assumer dans une véritable liberté les moments cruciaux. Il ne se soucie que du « faire » et, recourant à toutes les techniques possibles, il fait de grands efforts pour programmer, contrôler et dominer la naissance et la mort. Ces réalités, expériences originaires qui demandent à être « vécues », deviennent des choses que l'on prétend simplement « posséder » ou « refuser ».

Du reste, lorsque la référence à Dieu est exclue, il n'est pas surprenant que le sens de toutes les choses en soit profondément altéré, et que la nature même, n'étant plus « mater », soit réduite à un « matériau » ouvert à toutes les manipulations. Il semble que l'on soit conduit dans cette direction par une certaine rationalité technico-scientifique, prédominante dans la culture contemporaine, qui nie l'idée même que l'on doive reconnaître une vérité de la création ou que l'on doive respecter un dessein de Dieu sur la vie. Et cela n'est pas moins vrai quand l'angoisse devant les conséquences de cette « liberté sans loi » amène certains à la position inverse d'une « loi sans liberté », ainsi que cela arrive par exemple dans des idéologies qui contestent la légitimité de toute intervention sur la nature, presque en vertu de sa « divinisation », ce qui, une fois encore, méconnaît sa dépendance par rapport au dessein du Créateur.

En réalité, vivant « comme si Dieu n'existait pas », l'homme perd non seulement le sens du mystère de Dieu, mais encore celui du monde et celui du mystère de son être même. » ( § 22)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (14)

14e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Unknown-10« Quand on recherche les racines les plus profondes du combat entre la « culture de vie » et la « culture de mort », on ne peut s'arrêter à la conception pervertie de la liberté que l'on vient d'évoquer. Il faut arriver au cœur du drame vécu par l'homme contemporain: l'éclipse du sens de Dieu et du sens de l'homme, caractéristique du contexte social et culturel dominé par le sécularisme qui, avec ses prolongements tentaculaires, va jusqu'à mettre parfois à l'épreuve les communautés chrétiennes elles-mêmes. Ceux qui se laissent gagner par la contagion de cet état d'esprit entrent facilement dans le tourbillon d'un terrible cercle vicieux: en perdant le sens de Dieu, on tend à perdre aussi le sens de l'homme, de sa dignité et de sa vie; et, à son tour, la violation systématique de la loi morale, spécialement en matière grave de respect de la vie humaine et de sa dignité, produit une sorte d'obscurcissement progressif de la capacité de percevoir la présence vivifiante et salvatrice de Dieu.

Une fois encore, nous pouvons nous inspirer du récit du meurtre d'Abel par son frère. Après la malédiction que Dieu lui a infligée, Caïn s'adresse au Seigneur en ces termes: « Ma peine est trop lourde à porter. Vois! Tu me bannis aujourd'hui du sol fertile, je devrai me cacher loin de ta face et je serai un errant parcourant la terre; mais le premier venu me tuera! » (Gn 4, 13-14). Caïn considère que son péché ne pourra pas être pardonné par le Seigneur et que son destin inéluctable sera de devoir « se cacher loin de sa face ». Si Caïn parvient à confesser que sa faute est « trop grande », c'est parce qu'il a conscience de se trouver confronté à Dieu et à son juste jugement. En réalité, l'homme ne peut reconnaître son péché et en saisir toute la gravité que devant le Seigneur. C'est aussi l'expérience de David qui, après « avoir fait le mal devant le Seigneur », réprimandé par le prophète Nathan (cf. 2 S 11-12), s'écrie: « Mon péché, moi, je le connais, ma faute est devant moi sans relâche; contre toi, toi seul, j'ai péché, ce qui est coupable à tes yeux, je l'ai fait » (Ps 51 50, 5-6). » ( § 21)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (13)

13e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-4« Tout semble se passer dans le plus ferme respect de la légalité, au moins lorsque les lois qui permettent l'avortement ou l'euthanasie sont votées selon les règles prétendument démocratiques. En réalité, nous ne sommes qu'en face d'une tragique apparence de légalité et l'idéal démocratique, qui n'est tel que s'il reconnaît et protège la dignité de toute personne humaine, est trahi dans ses fondements mêmes: « Comment peut-on parler encore de la dignité de toute personne humaine lorsqu'on se permet de tuer les plus faibles et les plus innocentes? Au nom de quelle justice pratique-t-on la plus injuste des discriminations entre les personnes en déclarant que certaines d'entre elles sont dignes d'être défendues tandis qu'à d'autres est déniée cette dignité? ». 16 Quand on constate de telles manières de faire, s'amorcent déjà les processus qui conduisent à la dissolution d'une convivialité humaine authentique et à la désagrégation de la réalité même de l'Etat.

Revendiquer le droit à l'avortement, à l'infanticide, à l'euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d'un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais c'est la mort de la vraie liberté: « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché » (Jn 8, 34). » ( §20)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (12)

12e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-3«  Avec cette conception de la liberté, la vie en société est profondément altérée. Si l'accomplissement du moi est compris en termes d'autonomie absolue, on arrive inévitablement à la négation de l'autre, ressenti comme un ennemi dont il faut se défendre. La société devient ainsi un ensemble d'individus placés les uns à côté des autres, mais sans liens réciproques: chacun veut s'affirmer indépendamment de l'autre, ou plutôt veut faire prévaloir ses propres intérêts. Cependant, en face d'intérêts comparables de l'autre, on doit se résoudre à chercher une sorte de compromis si l'on veut que le maximum possible de liberté soit garanti à chacun dans la société. Ainsi disparaît toute référence à des valeurs communes et à une vérité absolue pour tous: la vie sociale s'aventure dans les sables mouvants d'un relativisme absolu. Alors, tout est matière à convention, tout est négociable, même le premier des droits fondamentaux, le droit à la vie.

De fait, c'est ce qui se produit aussi dans le cadre politique proprement dit de l'Etat: le droit à la vie originel et inaliénable est discuté ou dénié en se fondant sur un vote parlementaire ou sur la volonté d'une partie — qui peut même être la majorité — de la population. C'est le résultat néfaste d'un relativisme qui règne sans rencontrer d'opposition: le « droit » cesse d'en être un parce qu'il n'est plus fermement fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu'on le fait dépendre de la volonté du plus fort. Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s'achemine vers un totalitarisme caractérisé. L'Etat n'est plus la « maison commune » où tous peuvent vivre selon les principes de l'égalité fondamentale, mais il se transforme en Etat tyran qui prétend pouvoir disposer de la vie des plus faibles et des êtres sans défense, depuis l'enfant non encore né jusqu'au vieillard, au nom d'une utilité publique qui n'est rien d'autre, en réalité, que l'intérêt de quelques-uns. » ( §20)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (11)

11e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images« Sur un autre plan, les racines de la contradiction qui apparaît entre l'affirmation solennelle des droits de l'homme et leur négation tragique dans la pratique se trouvent dans une conception de la liberté qui exalte de manière absolue l'individu et ne le prépare pas à la solidarité, à l'accueil sans réserve ni au service du prochain. S'il est vrai que, parfois, la suppression de la vie naissante ou de la vie à son terme est aussi tributaire d'un sens mal compris de l'altruisme ou de la pitié, on ne peut nier que cette culture de mort, dans son ensemble, révèle une conception de la liberté totalement individualiste qui finit par être la liberté des « plus forts » s'exerçant contre les faibles près de succomber.

C'est dans ce sens que l'on peut interpréter la réponse de Caïn à la question du Seigneur « où est ton frère Abel? »: « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère? » (Gn 4, 9). Oui, tout homme est « le gardien de son frère », parce que Dieu confie l'homme à l'homme. Et c'est parce qu'il veut confier ainsi l'homme à l'homme que Dieu donne à tout homme la liberté, qui comporte une dimension relationnelle essentielle. C'est un grand don du Créateur, car la liberté est mise au service de la personne et de son accomplissement par le don d'elle-même et l'accueil de l'autre; au contraire, lorsque sa dimension individualiste est absolutisée, elle est vidée de son sens premier, sa vocation et sa dignité mêmes sont démenties.

Il est un autre aspect encore plus profond à souligner: la liberté se renie elle-même, elle se détruit et se prépare à l'élimination de l'autre quand elle ne reconnaît plus et ne respecte plus son lien constitutif avec la vérité. Chaque fois que la liberté, voulant s'émanciper de toute tradition et de toute autorité, qu'elle se ferme même aux évidences premières d'une vérité objective et commune, fondement de la vie personnelle et sociale, la personne finit par prendre pour unique et indiscutable critère de ses propres choix, non plus la vérité sur le bien et le mal, mais seulement son opinion subjective et changeante ou même ses intérêts égoïstes et ses caprices. » (§ 19)


Avortement : ce qu'Isabelle de Gaulmyn aurait dû (re)lire (9)

9e extrait de l'encyclique Evangelium Vitae :

Images-2«  Le panorama que l'on a décrit demande à être connu non seulement du point de vue des phénomènes de mort qui le caractérisent, mais encore du point de vue des causes multiples qui le déterminent. La question du Seigneur « qu'as-tu fait? » (Gn 4, 10) semble être comme un appel adressé à Caïn pour qu'il dépasse la matérialité de son geste homicide afin d'en saisir toute la gravité au niveau des motivations qui en sont à l'origine et des conséquences qui en découlent.

Les choix contre la vie sont parfois suggérés par des situations difficiles ou même dramatiques de souffrance profonde, de solitude, d'impossibilité d'espérer une amélioration économique, de dépression et d'angoisse pour l'avenir. De telles circonstances peuvent atténuer, même considérablement, la responsabilité personnelle et la culpabilité qui en résulte chez ceux qui accomplissent ces choix en eux-mêmes criminels. Cependant le problème va aujourd'hui bien au-delà de la reconnaissance, il est vrai nécessaire, de ces situations personnelles. Le problème se pose aussi sur les plans culturel, social et politique, et c'est là qu'apparaît son aspect le plus subversif et le plus troublant, en raison de la tendance, toujours plus largement admise, à interpréter les crimes en question contre la vie comme des expressions légitimes de la liberté individuelle, que l'on devrait reconnaître et défendre comme de véritables droits.

On en arrive ainsi à un tournant aux conséquences tragiques dans un long processus historique qui, après la découverte de l'idée des « droits humains » — comme droits innés de toute personne, antérieurs à toute constitution et à toute législation des Etats —, se trouve aujourd'hui devant une contradiction surprenante: en un temps où l'on proclame solennellement les droits inviolables de la personne et où l'on affirme publiquement la valeur de la vie, le droit à la vie lui-même est pratiquement dénié et violé, spécialement à ces moments les plus significatifs de l'existence que sont la naissance et la mort.

D'une part, les différentes déclarations des droits de l'homme et les nombreuses initiatives qui s'en inspirent montrent, dans le monde entier, la progression d'un sens moral plus disposé à reconnaître la valeur et la dignité de tout être humain en tant que tel, sans aucune distinction de race, de nationalité, de religion, d'opinion politique ou de classe sociale.

D'autre part, dans les faits, ces nobles proclamations se voient malheureusement opposer leur tragique négation. C'est d'autant plus déconcertant, et même scandaleux, que cela se produit justement dans une société qui fait de l'affirmation et de la protection des droits humains son principal objectif et en même temps sa fierté. Comment accorder ces affirmations de principe répétées avec la multiplication continuelle et la légitimation fréquente des attentats contre la vie humaine? Comment concilier ces déclarations avec le rejet du plus faible, du plus démuni, du vieillard, de celui qui vient d'être conçu? Ces attentats s'orientent dans une direction exactement opposée au respect de la vie, et ils représentent une menace directe envers toute la culture des droits de l'homme. À la limite, c'est une menace capable de mettre en danger le sens même de la convivialité démocratique: au lieu d'être des sociétés de « vie en commun », nos cités risquent de devenir des sociétés d'exclus, de marginaux, de bannis et d'éliminés. » (§ 18)


La différence de nature entre méthodes naturelles de régulation des naissances et méthodes contraceptives

Suite au communiqué mensonger de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (« la contraception naturelle est un « leurre »), le père Bernard Domini, de la Famille Missionnaire Notre Dame, qui a accompagné pendant 12 ans les moniteurs Billings du Centre Billings France, rappelle la vérité :

"[...] En cette année cinquantenaire de l’Encyclique « Humanae Vitae » de Paul VI, il est important de transmettre la pensée de ce bienheureux Pape sur la différence de nature entre méthodes naturelles de régulation des naissances et méthodes contraceptives.

L’Eglise est conséquente avec elle-même quand elle estime licite le recours aux périodes infécondes, alors qu’elle condamne comme toujours illicite l’usage des moyens directement contraires à la fécondation, même inspirés par des raisons qui peuvent paraître honnêtes et sérieuses. En réalité, il existe entre les deux cas une différence essentielle” (HV 16).

L’affirmation de Paul VI n’est pas ambiguë : il existe entre les méthodes naturelles et les méthodes artificielles une différence essentielle, c’est-à-dire : une différence de nature. On ne peut donc pas mettre sur le même plan ces deux méthodes.

Unknown-20Au numéro 3 d’”Humanae vitae”, Paul VI enseignait :

“Etendant à ce domaine, l’application du principe dit «de totalité», ne pourrait-on admettre que l’intention d’une fécondité moins abondante, mais plus rationalisée, transforme l’intervention matériellement stérilisante en un licite et sage contrôle des naissances ? Ne pourrait-on pas admettre, en d’autres termes, que la finalité de procréation concerne l’ensemble de la vie conjugale, plutôt que chacun de ses actes ?”

Au numéro 11, Paul VI répondait négativement à ces questions :

L’Eglise, rappelant les hommes à l’observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine, enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie”.

Paul VI faisait référence à Pie XI et à son Encyclique “Casti Connubii” de 1930. La réponse de Paul VI est claire : tout acte matrimonial concret doit demeurer ouvert à la vie. Être ouvert à la vie pendant un temps ne suffit pas.

Au numéro 13, Paul VI développait encore sa réponse. Il montrait que l’acte conjugal, qui est volontairement privé de son ouverture à la vie, est un acte en contradiction avec le dessein constitutif du mariage et avec la volonté de l’auteur de la vie.

User de ce don divin en détruisant, fût-ce partiellement, sa signification et sa finalité, c’est contredire à la nature de l’homme comme à celle de la femme et de leur rapport le plus intime, c’est donc contredire aussi au plan de Dieu et à sa volonté”.

Par contre, le Saint-Père justifiait, en ce même numéro, la licéité du recours aux périodes infécondes:

Au contraire, user du don de l’amour conjugal en respectant les lois du processus de la génération, c’est reconnaître que nous ne sommes pas les maîtres des sources de la vie humaine, mais plutôt les ministres du dessein établi par le Créateur”.

Images-7Paul VI préciserait encore, dans le cœur de l’Encyclique (numéro 14), que l’ouverture à la vie concernait tout acte conjugal et non l’ensemble de la vie conjugale des conjoints :

Et on ne peut invoquer comme raisons valables, pour justifier des actes conjugaux rendus intentionnellement inféconds, le moindre mal ou le fait que ces actes constitueraient un tout avec les actes féconds qui ont précédés ou qui suivront, et dont ils partageraient l’unique et identique bonté morale… C’est donc une erreur de penser qu’un acte conjugal rendu volontairement infécond et, par conséquent, intrinsèquement déshonnête, puisse être rendu honnête par l’ensemble d’une vie conjugale féconde”.

Conclusion : la pensée de Paul VI est très claire : tout acte sexuel concret des époux doit être ouvert à la vie pour être moralement licite. Cette règle morale se fonde sur la loi naturelle et les deux buts assignés par Dieu Créateur à l’acte sexuel des époux : la procréation et l’union des époux. Séparer artificiellement ces deux buts, dans tout acte sexuel concret, comme cela est le cas dans la contraception artificielle, est contraire à la nature de l’acte sexuel créé par Dieu.

Différence de nature des méthodes naturelles et artificielles

Paul VI a précisé, dans le numéro 16 d’Humanae Vitae, la différence essentielle entre le recours aux périodes infécondes et l’usage des moyens directement contraires à la fécondation. L’Eglise, a-t-il dit, condamne comme toujours illicite l’usage des moyens directement contraires à la fécondation (que nous retrouvons dans les méthodes dites artificielles). Pourquoi ces moyens sont-ils toujours illicites ? Parce qu’ils empêchent le déroulement des processus naturels.

Le Pape a reconnu, cependant, que les méthodes naturelles et les méthodes artificielles pouvaient avoir un même but : la volonté positive des époux d’éviter l’enfant pour des raisons plausibles, en cherchant à avoir l’assurance qu’il ne viendra pas. Mais elles se distinguent nettement : dans les méthodes naturelles seulement, les époux savent renoncer à l’usage du mariage dans les périodes fécondes quand, pour de justes motifs, la procréation n’est pas désirable, et en user dans les périodes agénésiques, comme manifestation d’affection et sauvegarde de mutuelle fidélité. Ce faisant, écrit Paul VI, ils donnent la preuve d’un amour vraiment et intégralement honnête.

Conclusion : l’enseignement de Paul VI est clair : il existe une différence de nature entre méthodes artificielles et méthodes naturelles. Dans les premières, on ne respecte pas le dessein de Dieu sur des actes sexuels concrets qui sont volontairement privés de leur ouverture à la vie (quand bien même la vie serait donnée dans la totalité de la vie conjugale). Dans les secondes, on ne prive pas volontairement les unions sexuelles concrètes de leur ouverture à la vie, même si, de fait, les époux s’accordent pour s’unir dans des périodes qu’ils savent infécondes.

Ce qui rend essentiellement différent les méthodes ne vient pas de la technique de la méthode et moins encore du but : espacer les naissances, mais de la fidélité ou non au plan de Dieu sur la sexualité. L’homme et la femme ne peuvent pas décider par eux-mêmes de la signification de la sexualité. Dieu seul est le Maître de la sexualité qu’Il a créée dans sa souveraine et sage liberté. L’homme et la femme ne peuvent pas séparer ce que Dieu Créateur a uni : union intime des époux et ouverture à la vie !

L’Eglise demande aux époux d’être généreux dans le don de la vie tout en reconnaissant que la procréation peut ne pas être désirable un certain temps et pour de justes motifs. Ne recourir qu’aux périodes infécondes pour s’unir sexuellement pourrait être occasion d’égoïsme en refusant de donner la vie généreusement sans motif, mais il n’y aurait pas d’actes intrinsèquement déshonnêtes.

Le Pape Jean-Paul II a réaffirmé avec autorité l’enseignement de Paul VI dans “Humanae vitae”. Dans l’Exhortation apostolique sur la famille, “Familiaris Consortio” du 22 novembre 1981, au numéro 32, il a rappelé que les époux ne pouvaient pas volontairement séparer les deux significations de l’acte sexuel conjugal : union et procréation. Il a voulu également montrer la différence de nature entre méthodes artificielles et naturelles :

Lorsque les époux, en recourant à la contraception, séparent ces deux significations que le Dieu créateur a inscrites dans l’être de l’homme et de la femme comme dans le dynamisme de leur communion sexuelle, ils se comportent en «arbitres» du dessein de Dieu ; ils «manipulent» et avilissent la sexualité humaine et, avec elle, leur propre personne et celle du conjoint en altérant la valeur de leur donation «totale». Ainsi, au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire, selon lequel il ne s’agit plus de se donner totalement à l’autre ; il en découle non seulement le refus positif de l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité intérieure de l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière”.

Il n’est pas nécessaire de commenter longuement ces paroles si importantes de Jean-Paul II. Nous retrouvons l’essentiel de l’argumentation de Paul VI : la différence de nature entre les méthodes artificielles et naturelles réside essentiellement dans l’obéissance ou non au plan de Dieu sur la sexualité. Jean-Paul II a ajouté un argument anthropologique : l’acte sexuel ne comporte plus le même don total des époux. Les mots du Saint-Père sont très forts : les époux se comportent en arbitres du dessein de Dieu et ils manipulent et avilissent leur sexualité !

Dans les méthodes naturelles, par contre, les époux se comportent comme «ministres» du dessein de Dieu et ils usent de la sexualité en «usufruitiers», selon le dynamisme originel de la donation «totale», sans manipulations ni altérations.

Jean-Paul II a pris soin d’expliciter encore sa pensée pour montrer que les méthodes comportaient une différence anthropologique et morale :

Il s’agit d’une différence beaucoup plus importante et plus profonde qu’on ne le pense habituellement et qui, en dernière analyse, implique deux conceptions de la personne et de la sexualité humaine irréductiblesl’une à l’autre. Le choix des rythmes naturels comporte l’acceptation du temps de la personne, ici du cycle féminin, et aussi l’acceptation du dialogue, du respect réciproque, de la responsabilité commune, de la maîtrise de soi”.

Le 18 novembre 1994, Saint Jean-Paul II développait encore sa pensée pour faire comprendre que les méthodes naturelles impliquaient une conception de la personne conforme au plan divin. Le corps est vraiment l’expression de la nature profonde de la personne. Dans les méthodes artificielles, le corps devient comme un objet extérieur à la personne. Cette précision permet de mieux comprendre ce que Jean-Paul II avait écrit dans “Familiaris Consortio” :

Accueillir le temps et le dialogue signifie reconnaître le caractère à la fois spirituel et corporel de la communion conjugale, et également vivre l’amour personnel dans son exigence de fidélité… Ainsi, la sexualité est respectée et promue dans sa dimension vraiment et pleinement humaine, mais n’est jamais «utilisée» comme un «objet» qui, dissolvant l’unité personnelle de l’âme et du corps, atteint la création de Dieu dans les liens les plus intimes unissant nature et personne” (FC 32)

Dans l’Encyclique “Evangelium vitae”, Jean-Paul II a rappelé l’importance de la formation des époux à la procréation responsable. Celle-ci suppose, écrivait le Saint-Père, que

“les époux se soumettent à l’appel du Seigneur et agissent en interprètes fidèles de sa volonté. La loi morale les oblige en tout cas à maîtriser les tendances de leurs instincts et de leurs passions et à respecter les lois biologiques inscrites dans leurs personnes. C’est précisément cette attitude qui rend légitime, pour aider l’exercice de la responsabilité dans la procréation, le recours aux méthodes naturelles de régulation de la fertilité : scientifiquement, elles ont été précisées de mieux en mieux et elles offrent des possibilités concrètes pour des choix qui soient en harmonie avec les valeurs morales. Une observation honnête des résultats obtenus devrait faire tomber les préjugés encore trop répandus et convaincre les époux, de même que le personnel de santé et les services sociaux, de l’importance d’une formation adéquate dans ce domaine. L’Eglise est reconnaissante envers ceux qui, au prix d’un dévouement et de sacrifices personnels souvent méconnus, s’engagent dans la recherche sur ces méthodes et dans leur diffusion, en développant en même temps l’éducation aux valeurs morales que suppose leur emploi”. (EV97)"


Jean-Paul II : Rien de ce qu’enseigne l’Eglise sur la contraception n’appartient à une matière susceptible de libre discussion

Jeanne Smits a traduit un discours peu connu de Jean-Paul II, prononcé en 1987 sur la contraception – véritable défense et illustration d’Humanae vitae. En voici un extrait : 

Unknown-9"[...] Il est bien connu que souvent – ainsi que l’a également relevé le concile Vatican II (cf. Gaudium et spes, 51,1) – l’une des principales inquiétudes auxquelles sont exposés les époux est constituée par la difficulté à réaliser dans leur vie conjugale la valeur éthique de la procréation responsable. Ce même concile fonde une juste solution à ce problème sur cette vérité : il ne peut y avoir de contradiction entre la loi divine concernant la transmission de la vie humaine et le véritable amour conjugal (cf. Gaudium et spes, 2). Parler d’un « conflit de valeurs ou de biens » et de la nécessité qui en découlerait de les « équilibrer », en choisissant l’un et en rejetant l’autre, n’est pas moralement correct et ne fait qu’engendrer la confusion dans la conscience des époux. La grâce du Christ donne aux époux la vraie capacité à accomplir la « vérité » entière de leur amour conjugal. Vous désirez témoigner concrètement de cette possibilité et ce faisant donner aux couples mariés une aide précieuse : celle de vivre dans la plénitude de leur communion conjugale. Nonobstant les difficultés que vous pouvez rencontrer, il est nécessaire de continuer avec un dévouement généreux.

2. Les difficultés que vous rencontrez sont de diverses natures. La première, et en un certain sens, la plus grave, est que même dans la communauté chrétienne, on a entendu des voix – et on continue de les entendre – qui remettent en question la véracité de l’enseignement de l’Eglise. Cet enseignement a été vigoureusement affirmé par Vatican II, par l’encyclique Humanae vitae, par l’exhortation apostolique Familiaris consortio, et par la récente instruction Donum vitae. A cet égard, une grave responsabilité se fait jour : ceux qui se placent en contradiction ouverte par rapport à la loi de Dieu, authentiquement enseignée par l’Eglise, entraînent les époux sur un mauvais chemin. Rien de ce qu’enseigne l’Eglise sur la contraception n’appartient à une matière susceptible de libre discussion de la part des théologiens. Enseigner le contraire revient à induire en erreur la conscience morale des époux.

La deuxième difficulté est constituée par le fait que de nombreuses personnes pensent que l’enseignement chrétien, quoique vrai, serait cependant impossible à mettre en œuvre, au moins dans certaines circonstances. Comme la tradition de l’Eglise l’a constamment enseigné, Dieu ne commande pas l’impossible, mais tout commandement comporte aussi un don de grâce qui aide la liberté humaine à l’accomplir. Mais sont cependant nécessaires la prière constante, le recours fréquent aux sacrements et l’exercice de la chasteté conjugale. Vos efforts ne doivent donc pas se limiter au seul enseignement d’une méthode pour le contrôle de la fertilité humaine. Cette information devra s’insérer dans le contexte d’une proposition éducative complète, qui s’adresse aux personnes des époux, prises dans leur intégralité. Sans ce contexte anthropologique, votre proposition risquerait d’être mal comprise. De cela, vous êtes bien convaincus, puisque vous avez toujours placé à la base de vos formations une réflexion anthropologique et éthique correcte.

Aujourd’hui plus qu’hier, l’homme recommence à ressentir le besoin de vérité et de raison droite dans son expérience quotidienne. Soyez toujours prêts à dire, sans ambiguïté, la vérité sur le bien et le mal concernant l’homme et la famille.

C’est avec ces sentiments que je souhaite encourager le service d’apostolat unique que vous cherchez à mettre en œuvre dans les diocèses et dans les centres de formation familiale. En éduquant à la procréation responsable, sachez encourager les époux à suivre les principes moraux inhérents à la loi naturelle et à une saine conscience chrétienne. Apprenez-leur à rechercher et à aimer la volonté de Dieu. Encouragez-les à respecter et à remplir la sublime vocation à l’amour sponsal et au don de la vie."


Saint Jean-Paul II : "Je vois l'Église affligée d'une plaie mortelle (...) elle se nomme l'islamisme"

Extrait d'une conférence donnée par Mgr Mauro Longhi sur Jean-Paul II traduite sur le site Benoit-et-moi

51732_jean-paul-ii-croix-portrait-hors-serie"Mgr Mauro Longhi, du presbytère de la Prélature de l'Opus Dei, très souvent en contact étroit avec le Pape polonais au cours de son long pontificat (...) De 1985 à 1995, le jeune économiste bocconien Mauro Longhi (qui sera ordonné prêtre en 1995) a accompagné et accueilli le Pape Wojtyla dans ses promenades à ski et en montagne (...) Parmi les nombreuses anecdotes racontées, cependant, l'épisode qui a le plus frappé le public de l'ermitage de Bienno, et qui s'inscrit dans le cadre de l'une des nombreuses promenades sur le Massif du Gran Sasso, est sans doute celui qui concerne l'Islam et l'Europe :

C'est alors que Wojtyla change de ton et de voix et, me faisant partager l'une de ses visions nocturnes, il me dit: "Rappelle-le à ceux que tu rencontreras dans l'Église du troisième millénaire. Je vois l'Église affligée d'une plaie mortelle. Plus profonde, plus douloureuse que celles de ce millénaire" - se référant à celles du communisme et du totalitarisme nazi -. "Elle se nomme l'islamisme. Ils envahiront l'Europe. J'ai vu les hordes venir de l'Occident vers l'Orient", et il me fait une par une la description des pays: du Maroc à la Libye en passant par l'Egypte, et ainsi de suite jusqu'à la partie orientale. Le Saint-Père ajoute: "Ils envahiront l'Europe, l'Europe sera une cave, vieilles reliques, pénombre, toiles d'araignée. Souvenirs familiaux. Vous, Eglise du troisième millénaire, vous devrez contenir l'invasion. Mais pas avec des armes, les armes ne suffiront pas, avec votre foi vécue intégralement"».