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"L'Eglise [...] ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés"

Puisque l'on fête aujourd'hui saint Jean-Paul II, que certains vénèrent tout en jetant son enseignement aux oubliettes, rappelons ce que ce saint pape de la famille écrivait dans Familiaris consortio :

22687805_1998739423703187_6044978154908997136_n84. L'expérience quotidienne montre, malheureusement, que ceux qui ont recours au divorce envisagent presque toujours de passer à une nouvelle union, évidemment sans cérémonie religieuse catholique. Et comme il s'agit là d'un fléau qui, comme les autres, s'attaque de plus en plus largement aux milieux catholiques eux-mêmes, il faut d'urgence affronter ce problème avec la plus grande sollicitude. Les Pères du Synode l'ont expressément étudié. L'Eglise, en effet, instituée pour mener au salut tous les hommes, et en particulier les baptisés, ne peut pas abandonner à eux-mêmes ceux qui - déjà unis dans les liens du sacrement de mariage - ont voulu passer à d'autres noces. Elle doit donc s'efforcer, sans se lasser, de mettre à leur disposition les moyens de salut qui sont les siens.

Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide.

Avec le Synode, j'exhorte chaleureusement les pasteurs et la communauté des fidèles dans son ensemble à aider les divorcés remariés. Avec une grande charité, tous feront en sorte qu'ils ne se sentent pas séparés de l'Eglise, car ils peuvent et même ils doivent, comme baptisés, participer à sa vie. On les invitera à écouter la Parole de Dieu, à assister au Sacrifice de la messe, à persévérer dans la prière, à apporter leur contribution aux oeuvres de charité et aux initiatives de la communauté en faveur de la justice, à élever leurs enfants dans la foi chrétienne, à cultiver l'esprit de pénitence et à en accomplir les actes, afin d'implorer, jour après jour, la grâce de Dieu. Que l'Eglise prie pour eux, qu'elle les encourage et se montre à leur égard une mère miséricordieuse, et qu'ainsi elle les maintienne dans la foi et l'espérance!

L'Eglise, cependant, réaffirme sa discipline, fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés. Ils se sont rendus eux-mêmes incapables d'y être admis car leur état et leur condition de vie est en contradiction objective avec la communion d'amour entre le Christ et l'Eglise, telle qu'elle s'exprime et est rendue présente dans l'Eucharistie. Il y a par ailleurs un autre motif pastoral particulier: si l'on admettait ces personnes à l'Eucharistie, les fidèles seraient induits en erreur et comprendraient mal la doctrine de l'Eglise concernant l'indissolubilité du mariage.

La réconciliation par le sacrement de pénitence - qui ouvrirait la voie au sacrement de l'Eucharistie - ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et sont sincèrement disposés à une forme de vie qui ne soit plus en contradiction avec l'indissolubilité du mariage. Cela implique concrètement que, lorsque l'homme et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs - par l'exemple l'éducation des enfants -, remplir l'obligation de la séparation, «ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux»(180).

De la même manière, le respect dû au sacrement de mariage, aux conjoints eux-mêmes et à leurs proches, et aussi à la communauté des fidèles, interdit à tous les pasteurs, pour quelque motif ou sous quelque prétexte que ce soit, même d'ordre pastoral, de célébrer, en faveur de divorcés qui se remarient, des cérémonies d'aucune sorte. Elles donneraient en effet l'impression d'une célébration sacramentelle de nouvelles noces valides, et induiraient donc en erreur à propos de l'indissolubilité du mariage contracté validement.

En agissant ainsi, l'Eglise professe sa propre fidélité au Christ et à sa vérité; et en même temps elle se penche avec un cœur maternel vers ses enfants, en particulier vers ceux qui, sans faute de leur part, ont été abandonnés par leur conjoint légitime.

Et avec une ferme confiance, elle croit que même ceux qui se sont éloignés du commandement du Seigneur et continuent de vivre dans cet état pourront obtenir de Dieu la grâce de la conversion et du salut, s'ils persévèrent dans la prière, la pénitence et la charité."


Anthropologie : des formations sous le patronage de St Jean-Paul II

On me signale d'autres formations à l'anthropologie, que celle de Toulouse :

Capture d’écran 2016-09-12 à 22.08.44L'une, instituée par Aline Lizotte, est aussi rigoureuse et conforme à l’enseignement de l’Eglise. Celle-ci est dispensée dans le cadre de l’Institut Karol Wojtyla. Famille Chrétienne Ala mentionnait en 2012 :

Elle lance une formation anthropologique destinée aux prêtres, laïcs ou religieux. «Quand je ne serai plus capable d’admiration, c’est que je serai devenue vieille ! » Malgré son incontestable autorité naturelle, Aline Lizotte manie un humour délicat. À 77 ans, celle qui enseigna deux décennies à l’IPC (Faculté libre de philosophie comparée) et anime à Solesmes des sessions sur la théologie du corps de Jean-Paul II s’attelle à une nouvelle mission. Début octobre, elle lance à Paris l’Institut Karol-Wojtyla, une formation anthropologique destinée aux laïcs, prêtres ou religieux engagés dans l’accompagnement spirituel, thérapeutique, conjugal, reconnue par la Catho de Toulouse. « On ne peut pas accompagner des personnes si l’on n’est pas formé ! La bonne volonté et l’intuition ne suffisent pas », assure-t-elle. Avec le désir de passer le témoin, elle a réuni dans son Institut des professeurs de haut vol venus d’horizons divers (moines, universitaires ¦). Elle entend multiplier les approches sur la personne humaine, de la neurologie à la sociologie, en passant par la philosophie et la psychologie. Former à la relation d’aide, c’est un retour à un désir ancien pour Aline Lizotte.

L'autre à Lyon : sur la Théologie du Corps de Jean-Paul II.


Amoris laetitia face à Familiaris Consortio

Le père Thomas Michelet, dominicain chargé de cours de sacramentaire à l’Angelicum, répond à Jean-Marie Dumont dans Famille chrétienne sur Amoris laetitia sans esquiver les ambigüités du texte :

"L’exhortation du pape « La Joie de l’amour » ouvre-t-elle la porte de l’eucharistie aux personnes divorcées remariées ?

Elle ne l’ouvre ni ne la ferme. La question n’est pas posée en ces termes mais plutôt en termes de « logique d’intégration », dans plusieurs domaines : liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel (n. 296). Cela suppose de redécouvrir que l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, n’est pas le tout et qu’il y a d’autres lieux de communion.

L’exhortation apostolique Familiaris Consortio réaffirmait la discipline de l’Église « fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés ». Cette disposition est-elle caduque ?

Familiaris Consortio n. 84 soulignait qu’un remariage après divorce était en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Église qui s’exprime dans l’Eucharistie. Cela demeure, mais on ajoute le point de vue complémentaire de la conscience des personnes, qui n’ont pas nécessairement la perception subjective d’une telle contradiction.

L’exhortation apostolique Familiaris Consortio prévoyait que des divorcés remariés ne pouvant pas, pour de graves motifs (éducation des enfants), rompre leur nouvelle union, pouvaient accéder aux sacrements de pénitence et de l’eucharistie, à condition notamment de vivre dans la continence. L’exhortation apostolique « La joie de l’amour » va-t-elle plus loin ?

Cette voie d’accès aux sacrements reste valable (n. 295 et note 329) mais on admet que, dans certains cas, la séparation pouvait être inévitable et même moralement nécessaire (n. 238) ; de même dans la nouvelle union, la « grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes », certaines circonstances pouvant diminuer considérablement la liberté de choix (n. 295 et 298).

L’exhortation apostolique « La joie de l’amour » remet-elle en question certaines dispositions de Familiaris consortio ?

Sans renoncer à l’approche objective de Familiaris consortio et du Canon 915 du code de droit canonique, il faut considérer le plan subjectif pour lequel « il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel » (n. 298). Or on ne peut communier avec un péché grave sur la conscience (Catéchisme 1384, 1415). Donc si l’on n’a pas de péché grave en conscience, ne faut-il pas en conclure que l’on peut communier ?

Que penser de la note 351, qui semble introduire une forme d’ambiguïté ?

C’est la suite de la distinction précédente entre les deux plans, dont on tire la conclusion. Dans une « situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement » (n. 302), la note 351 évoque « l’aide des sacrements » ; alors que le point de vue objectif dans Familiaris consortio et le Canon 915 s’y oppose. 

Quel regard portez-vous d’une manière plus générale sur l’approche qui est faite, dans l’exhortation apostolique La Joie de l’amour, de la question des divorcés remariés ?

Les deux plans (objectif et subjectif) ne sont pas suffisamment intégrés. On risque alors d’aboutir à la « double morale » que dénonçait Veritatis Splendor (n. 56) et que veut éviter Amoris laetitia (n. 297) : d’un côté une morale de l’objectivité qui parle de péché grave et interdit l’accès au sacrement ; de l’autre une morale de la conscience qui le nie.

Quelles sont les questions que soulève l’exhortation apostolique sur ce sujet, et qui pourraient donner lieu à une recherche/ un approfondissement théologique ultérieur ?

Si l’on veut que « Amour et Vérité se rencontrent » (Amoris laetitia et Veritatis Splendor), il faut articuler les deux plans en rappelant que le « discernement selon l’enseignement de l’Église » (AL 297) doit viser la réception de la norme au for interne, la prise de conscience de la contradiction objective, et ainsi la décision mûre de ne plus communier tant que cette contradiction ne sera pas pleinement résolue en vérité."


L'Eglise, experte en humanité, est pionnière dans la connaissance de la dignité de la femme

JpiiSaint Jean-Paul II a écrit une belle encyclique sur la dignité de la femme, mulieris dignitatem. Dans le calme de la nuit, de tout petits extraits après le tohu-bohu des féministes du jour : 

- "En Marie, Eve redécouvre la véritable dignité de la femme, de l'humanité féminine. Cette découverte doit continuellement atteindre le cœur de chaque femme et donner un sens à sa vocation et à sa vie".

- "L'«égalité» évangélique, la «parité» de la femme et de l'homme vis-à-vis des «merveilles de Dieu», telle qu'elle s'est manifestée d'une manière si claire dans les œuvres et les paroles de Jésus de Nazareth, constitue le fondement le plus évident de la dignité et de la vocation de la femme dans l'Eglise et dans le monde. Toute vocation a un sens profondément personnel et prophétique. Dans la vocation ainsi comprise, la personnalité de la femme trouve une dimension nouvelle: c'est la dimension des «merveilles de Dieu» dont la femme devient le vivant sujet et le témoin irremplaçable".

- "L'Eglise, en effet, en défendant la dignité de la femme et sa vocation, a manifesté de la gratitude à celles qui, fidèles à l'Evangile, ont participé en tout temps à la mission apostolique de tout le Peuple de Dieu, et elle les a honorées. Il s'agit de saintes martyres, de vierges, de mères de famille qui ont témoigné de leur foi avec courage et qui, par l'éducation de leurs enfants dans l'esprit de l'Evangile, ont transmis la foi et la tradition de l'Eglise.

A toutes les époques et dans tous les pays, nous trouvons de nombreuses femmes «vaillantes» (cf. Pr 31, 10) qui, malgré les persécutions, les difficultés et les discriminations, ont participé à la mission de l'Eglise. Il suffira de mentionner ici Monique, la mère d'Augustin, Macrine, Olga de Kiev, Mathilde de Toscane, Edwige de Silésie et Edwige de Cracovie, Elisabeth de Thuringe, Brigitte de Suède, Jeanne d'Arc, Rose de Lima, Elizabeth Seton et Mary Ward.

Le témoignage et l'action des femmes chrétiennes ont eu une influence significative dans la vie de l'Eglise, comme aussi dans la vie de la société. Même face à de graves discriminations sociales, les saintes femmes ont agi «librement», rendues fortes par leur union avec le Christ. Cette union et cette liberté fondées en Dieu expliquent par exemple l'action importante de sainte Catherine de Sienne dans la vie de l'Eglise et de sainte Thérèse de Jésus dans la vie monastique".

- "La dignité de la femme se mesure dans l'ordre de l'amour qui est essentiellement un ordre de justice et de charité (...) Sans recourir à cet ordre et à ce primat, il n'est pas possible de donner une réponse complète et adéquate à la question sur la dignité de la femme et sur sa vocation. Lorsque nous disons que la femme est celle qui reçoit l'amour pour aimer à son tour, nous ne pensons pas seulement ou avant tout au rapport nuptial spécifique du mariage. Nous pensons à quelque chose de plus universel, fondé sur le fait même d'être femme dans l'ensemble des relations interpersonnelles qui structurent de manières très diverses la convivialité et la collaboration entre les personnes, hommes et femmes. Dans ce contexte large et différencié, la femme présente une valeur particulière comme personne humaine et, en même temps, comme personne concrète, du fait de sa féminité".

- "La dignité de la femme est intimement liée à l'amour qu'elle reçoit en raison même de sa féminité et, d'autre part, à l'amour qu'elle donne à son tour. La vérité sur la personne et sur l'amour se trouve ainsi confirmée".

- "Si la dignité de la femme témoigne de l'amour qu'elle reçoit pour aimer à son tour, le paradigme biblique de la «femme» semble montrer aussi que c'est le véritable ordre de l'amour qui définit la vocation de la femme elle-même. Il s'agit ici de la vocation dans son sens fondamental, on peut dire universel, qui se réalise et s'exprime par les «vocations» multiples de la femme dans l'Eglise et dans le monde".


"Un pape ne se couche que pour mourir"

Pascal Praud a ridiculisé le documentaire de la BBC sur les soi-disants "amours" de Jean-Paul II :

"Que la BBC fouille les poubelles de Buckingham, mais qu'elle laisse les caves du Vatican tranquille !". "J'ai lu - enfin presque - les 350 lettres de Jean Paul II, qui datent d'avant le pontificat, ce qui est quand même une belle escroquerie". "C'est vrai, Jean Paul II écrit à Anna-Teresa Tymieniecka : 'Tu es un cadeau de Dieu'. Quand vous êtes un homme d'église, c'est la moindre des choses !".

"La maîtresse du pape : je comprends que l'idée excite les âmes libidineuses, celles qui cherchent le diable sous la soutane". "Alors on brode, on imagine, on extrapole : chercher la femme, la belle histoire des hommes". "Soyons sérieux ! L'ecclésiastique et la philosophe : plus que des amis, peut-être ; moins que amants sûrement". "Un pape ne se couche que pour mourir. S'il s'agenouille, ce n'est que devant Dieu".


"Un pape ne se couche que pour mourir", clame... par rtl-fr


Amoureuse de Jean-Paul II ?

Le scoop de la BBC sur la sur la correspondance du pape Jean-Paul II avec Mme Tymieniecka n'en est pas un. Sur son blog, Bernard Lecomte écrit :

_88287299_340fb1d2-6ace-406e-b61d-7f1a523cf3e8"Médias sans mémoire ! Voilà que la BBC, à son tour, en fait des tonnes sur la relation entretenue entre Karol Wojtyla et Anna-Teresa Tymienicka dans les années 1973-76, comme si c’était un scoop. Alors que cette sympathique philosophe américaine, d'origine polonaise, figure évidemment dans toutes les biographies de Jean-Paul II(cinq pages dans la mienne).C’est elle qui fit connaître en Occident les travaux philosophiques du futur pape et qui lui ménagea de riches contacts aux Etats-Unis, notamment à Harvard. Qu’elle fût d’abord intéressée, puis fascinée, puis amoureuse de lui n’a jamais fait aucun doute (même son mari l'a confirmé !) tout comme le fait que le cardinal Wojtyla ait gentiment mais fermement résisté à ses avances !"

De son côté, la bibliothèque nationale polonaise a précisé lundi dans un communiqué que 

« les thèses formulées par des médias ne trouvent aucune confirmation dans le contenu des lettres de Jean Paul II à Anna Tymieniecka qui font partie des collections de la bibliothèque nationale » 

et rappelle que la relation du pape avec Teresa Tymieniecka n'était « ni confidentielle, ni exceptionnelle ».


Nous aimons la laïcité à la polonaise

Lu sur le blog d'Yves Daoudal :

D"En ce 37e anniversaire de l’élection de Karol Wojtyla au siège de Pierre, le président polonais Andrzej Duda a déposé des fleurs devant la grande croix de la place Pilsudski de Varsovie, qui commémore la première visite historique du pape polonais dans sa patrie sous régime communiste.

Le Parlement polonais a quant à lui tenu ce matin une réunion solennelle sur l’enseignement social de Jean-Paul II. La session a été ouverte par la présidente du Parlement, et, en ouverture de la discussion, l’archevêque de Varsovie le cardinal Kazimierz Nycs a souligné la contribution exceptionnelle de Jean-Paul II à la doctrine sociale de l’Eglise, qui n’est pas une idéologie mais une lumière pour tous les hommes.

Également au programme de la journée, l’installation dans la chapelle du Parlement d’une relique de saint Jean-Paul II, une goutte de son sang. Elle sera remise aux parlementaires par le cardinal Stanislaw Diwisz, archevêque de Cracovie, ancien secrétaire de Jean-Paul II. Le reliquaire a été réalisé grâce à une collecte à laquelle ont participé des parlementaires de tout bord."


L'Eglise et les patients en "état végétatif"

Extrait d'un discours de Jean-Paul II en 2004 :

"[...] En particulier, pour indiquer la condition de ceux dont "l'état végétatif" se prolonge pendant plus d'un an, le terme d'état végétatif permanent a été créé. En réalité, cette définition ne correspond pas à un diagnostic différent, mais simplement à un jugement conventionnel de prévision, relatif au fait que la reprise du patient est, statistiquement parlant, toujours plus difficile au fur et à mesure que la condition d'état végétatif se prolonge dans le temps. 

Toutefois, il ne faut pas oublier ou sous-estimer que des cas de récupération, du moins partiels, même après de nombreuses années, ont été recensés, au point que l'on a affirmé que la science médicale, jusqu'à aujourd'hui, n'est pas encore en mesure de prévoir avec certitude qui, parmi les patients dans cet état, pourra se remettre ou ne le pourra pas

Face à un patient dans un tel état clinique, certaines personnes en arrivent à mettre en doute la subsistance même de sa "qualité humaine", presque comme si l'adjectif "végétatif" (dont l'utilisation est désormais consolidée), qui décrit de façon symbolique un état clinique, pouvait ou devait se référer au contraire au malade en tant que tel, dégradant de fait sa valeur et sa dignité personnelle. A cet égard, il faut souligner que ce terme, même limité au domaine clinique, n'est certainement pas des plus heureux lorsqu'il se réfère à des sujets humains. 

En opposition à ces courants de pensée, je ressens le devoir de réaffirmer avec vigueur que la valeur intrinsèque et la dignité personnelle de tout être humain ne changent pas, quelles que soient les conditions concrètes de sa vieUn homme, même s'il est gravement malade, ou empêché dans l'exercice de ses fonctions les plus hautes, est et sera toujours un homme, et ne deviendra jamais un "végétal" ou un "animal"

Nos frères et soeurs qui se trouvent dans  l'état clinique d'"état végétatif" conservent eux aussi intacte leur dignité humaine. Le regard bienveillant de Dieu le Père continue de se poser sur eux, les reconnaissant comme ses fils ayant particulièrement besoin d'assistance. 

Les médecins et les agents de la santé, la société et l'Eglise ont envers ces personnes des devoirs moraux auxquels ils ne peuvent se soustraire sans manquer aux exigences tant de la déontologie professionnelle que de la solidarité humaine et chrétienne. 

Le malade dans un état végétatif, dans l'attente d'un rétablissement ou de sa fin naturelle, a donc droit à une assistance médicale de base (alimentation, hydratation, hygiène, réchauffement, etc.) et à la prévention des complications liées à l'alitement. Il a également le droit à une intervention réhabilitative précise et au contrôle des signes cliniques d'une éventuelle reprise. 

En particulier, je voudrais souligner que l'administration d'eau et de nourriture, même à travers des voies artificielles, représente toujours un moyen naturel de maintien de la vie, et non pas un acte médical. Son utilisation devra donc être considérée, en règle générale, comme ordinaire et proportionnée, et, en tant que telle, moralement obligatoire, dans la mesure où elle atteint sa finalité propre, et jusqu'à ce qu'elle le démontre, ce qui, en l'espèce, consiste à procurer une nourriture au patient et à alléger ses souffrances. 

L'obligation de ne pas faire manquer "les soins normaux dus au malade dans des cas semblables" (Congrégation pour la Doctrine de la FoiIura et bona, p. IV) comprend en effet également le recours à l'alimentation et à l'hydratation (cf. Conseil pontifical "Cor Unum", Dans le cadre, 2.4.; Conseil pontifical pour la Pastorale des Services de la Santé, Charte des Agents de la Santé n. 120). L'évaluation des probabilités, fondée sur les maigres espérances de reprise lorsque l'état végétatif se prolonge au-delà d'un an, ne peut justifier éthiquement l'abandon ou l'interruption des soins de base au patient, y compris l'alimentation et l'hydratation. La mort due à la faim ou à la soif est, en effet, l'unique résultat possible à la suite de leur suspension. Dans ce sens, elle finit par prendre la forme, si elle est effectuée de façon consciente et délibérée, d'une véritable euthanasie par omission. 

A ce propos, je rappelle ce que j'ai écrit dans l'Encyclique Evangelium vitae, en expliquant que "par euthanasie au sens strict, on doit entendre une action ou une omission qui, de soi et dans l'intention, donne la mort afin de supprimer ainsi toute douleur"; une telle action représente toujours "une grave violation de la Loi de Dieu, en tant que meurtre délibéré moralement inacceptable d'une personne humaine" (n. 65). [...]"


Des jeunes trisomiques jouent la vie de Jean-Paul II

Au lendemain du Dimanche de la Divine Miséricorde, les « Compagnons de l’Étoile », des jeunes adultes porteurs de trisomie 21, joueront la pièce de théâtre "Saint Jean-Paul II" : la représentation aura lieu lundi 13 avril 2015 à 19h, au théâtre de Saint Léon à Paris (11 place du cardinal Amette - 15e).

Jean-François et Sylvie Soubrier animent la « Fraternité Notre-Dame de l’Étoile ». Ils déclarent :

"La Fraternité Notre-Dame de l’Étoile fonctionne maintenant depuis 5 ans ; toujours avec une famille d'accueil, quelques bénévoles très fidèles, et quatre jeunes adultes souffrant de trisomie... mais qui ne manquent pas d'enthousiasme et d'ouverture de cœur. Le temps approche cependant où il nous faudra trouver une autre forme à cette petite fraternité que l'on pourrait qualifier depuis cinq ans "d'expérimentale". [...]

Aujourd'hui, le combat de la culture de vie contre la culture de mort est une guerre qui nous dépasse par bien des côtés ; devant ce « gènécide » dont les jeunes que nous accompagnons sont finalement les rares rescapés, que faire, que dire ? Saint Jean-Paul II, ce géant de l’Évangile de la Vie, qui a connu pendant toute son existence ce combat quasi-eschatologique contre la culture de mort, contre les forces mystérieuses de la souffrance et du mal, avait eu l’intuition profonde que seule la culture pouvait sauver la Pologne des régimes mortifères que furent le nazisme et le communisme. Et il eût l’idée d’utiliser le théâtre comme une arme puissante contre ces idéologies destructrices de l’Homme."


Toulouse : la gauche contre Jean-Paul II

Lors du prochain conseil municipal à Toulouse le 10 avril, le maire UMP Jean-Luc Moudenc souhaite rebaptiser le parvis de la basilique Saint-Sernin en parvis Saint-Jean Paul II. En face, François Briançon (PS) conseiller municipal d’opposition vient d’adresser une lettre au maire :

« Cette décision est inopportune…au moment où un large débat, très controversé, traverse la société française sur la place des religions dans l’espace public, cette décision relève une forme de provocation ». « donner en 2015, à une des places (…), le nom d’un pape disparu il y a dix ans, n’est pas un geste anodin ». [Cette décision] « va à l’encontre du dialogue, de l’apaisement et de la sagesse républicaine que nous devrions tous promouvoir ».

« la personnalité même de Jean-Paul II provoque aujourd’hui encore de larges débats. Personnage controversé, il est reconnu pour son action pour la paix, contre la pauvreté mais aussi pour sa condamnation de la contraception, de l’avortement au moment où, durant son sacerdoce, le SIDA se développait avec force…Jean-Paul II n’est pas une personnalité qui rassemble, mais une personnalité qui divise ».

Briançon propose que si la place doit être rebaptisée, il conviendrait de la renommer « parvis de la laïcité » !

Le premier adjoint de Moudenc s’est fendu d’un communiqué

«  Nous ne souhaitons pas honorer l’homme d’Eglise mais la figure historique, l’homme d’Etat qu’a été le Pape Jean-Paul II ». « Nous rappelons au conseiller municipal d’Opposition le rôle éminent qu’a eu le Pape dans la chute des régimes communistes dans les années 1980, au service de la paix et du dialogue interreligieux. Il a été le premier à prendre des positions courageuses, parfois controversées au sein même de l’Eglise, en direction des autres religions ». « si vous êtes opposés à ce que […] coexistent à travers des noms de rues ou de places, des personnalités aux convictions, aux parcours et aux histoires différentes, alors votre conception de la laïcité diffère de la mienne. »


Le Sanctuaire national Saint-Jean-Paul-II de Washington

Il y a dix ans, le 2 avril 2005, mourait saint Jean-Paul II. Construit et animé par les Chevaliers de Colomb, le Sanctuaire national Saint-Jean-Paul-II de Washington est un lieu unique qui lui est dédié aux États-Unis. Son directeur, Patrick Kelly déclare à Famille chrétienne :

CBkGT5QWMAA5b91"[...] Au Sanctuaire, cet encouragement de l’amitié avec saint Jean-Paul II se traduit entre autres choses par des pèlerinages, des messes qui y sont célébrées et sont suivies de prières à saint Jean-Paul II, et par la vénération de ses reliques. Cette année nous faisons une neuvaine et notre site web recueille les demandes d’intercession. Ce serait un honneur pour nous de porter les intentions en provenance de France pendant cette période.

Le 11 avril, nous allons également organiser un événement spécial, qui marque l’anniversaire liturgique de sa mort : la veillée du dimanche de la Miséricorde divine. Notre sanctuaire accueillera Andreas Widmer. Cet ancien garde suisse a assuré la protection de saint pape, et a rédigé The Pope and the CEO [Le pape et le manager, leçons de leadership de Jean-Paul II à un jeune garde suisse, Emmaus Road publishing, 2011]. Il nous dira ce que signifie être un disciple de Jean-Paul II. Sa conférence sera suivie par le chapelet de la Miséricorde divine, la vénération des reliques de saint Jean-Paul II, et une messe où nous nous confierons spécialement à son intercession.

Le Sanctuaire est aussi un site de pèlerinage unique pour ceux qui veulent se rapprocher du Christ par saint Jean-Paul II. [...]

Quel est le rayonnement de saint Jean-Paul II aux États-Unis ?

L’année dernière, nous avons reçu des milliers de pèlerins venus de tous les États-Unis. Ils sont venus pour honorer un pape qui avait eu un impact direct et durable sur leurs vies. Des jeunes gens voient que la foi de leurs parents a été enrichie par ce saint et ils découvrent en lui un témoin vivant du Christ. Des époux et des familles vérifient la pertinence de la théologie du corps de Jean-Paul II et se tournent vers lui pour être guidés dans leur mariage. Des personnes de tous horizons viennent au Sanctuaire pour exprimer leur action de grâce. Au fur et à mesure que grandit la dévotion à ce pape, nous espérons que de plus en plus de personnes viendront au Sanctuaire pour se rapprocher et être inspiré par lui. C’est un sanctuaire pour tous. [...]

De quelle manière le Sanctuaire saint Jean-Paul II prend-il part à la Nouvelle Évangélisation ?

Le Sanctuaire national est bien sûr entièrement dédié à la Nouvelle Évangélisation, qui est un appel à apporter la joie éternelle du Christ à notre temps et dans nos vies. Dire cela, c’est reconnaître que le christianisme n’est pas juste un corps de vérités abstraites ou un ensemble de dévotions sans rapport avec la vie. La foi chrétienne est une rencontre avec le Christ vivant, qui nous transforme, nous Église, en une communion vivante de disciples unis à Lui. L’eucharistie est « la source et le sommet » de notre vie chrétienne.

De la même manière, elle est la source et le sommet de l’activité missionnaire du Sanctuaire. Dans sa dernière encyclique, saint Jean-Paul II a dit qu’il voulait « raviver l’admiration eucharistique » dans l’Église. Il continuait : « Contempler le visage du Christ, et le contempler avec Marie, voilà le “programme” que j’ai indiqué à l’Église à l’aube du IIIe millénaire, l’invitant à avancer au large sur l’océan de l’histoire avec l’enthousiasme de la nouvelle évangélisation. Contempler le Christ exige que l’on sache le reconnaître partout où il se manifeste, dans la multiplicité de ses modes de présence, mais surtout dans le Sacrement vivant de son corps et de son sang » (Ecclesia de Eucharistia, 6). [...]"


Evangelium Vitae : 20 années de trahison ?

L'encyclique sur la vie de saint Jean-Paul II a 20 ans. Contrairement à Humanae Vitae du pape Paul VI qui avait fait l'objet d'une fronde au sein de l'Eglise, Evangelium Vitae a été bien accueillie. Mais a-t-elle été pour autant enseignée, appliquée... ?

Benoît-et-moi a traduit un article de Riccardo Cascioli, qui parle de 20 ans de trahison. Extraits :

"Oubliée, on ne peut pas dire qu'elle le soit: de nombreuses occasions de prière et de réflexion en ont été promues ces dernier jours, dont a dernière hier soir à la Basilique de Sainte Marie Majeure à Rome. Et pourtant, relisant les très fortes paroles de l'encyclique Evangelium Vitae, signée par Saint Jean-Paul II il y a exactement 20 ans, le 25 mars 1995, on en retire l'impression d'une disproportion entre ce à quoi cette encyclique appelle et ce qui en est effectivement résulté en ces deux décennies.

Ainsi que l'a rappelé Avvenire ces derniers jours, Saint Jean-Paul II attribuait à cette encyclique une importance capitale, il souhaitait qu'elle fût, pour la fin du XXème siècle, ce que Rerum Novarum de Léon XIII avait représenté pour la fin du XIXème siècle. C'est pourquoi elle commençait ainsi: "L'Évangile de la Vie se tient au cœur du message de Jésus". 

Jean-Paul II alertait que les menaces contre la sacralité de la vie allaient se multipliant de manière considérable: "Aux fléaux anciens et douloureux de la misère, de la faim, des maladies endémiques, de la violence et des guerres, il s'en ajoute d'autres, dont les modalités sont nouvelles et les dimensions inquiétantes", lit-on dans l'encyclique: contraception, avortement, euthanasie, suicide volontaire, mutilations, tortures, génocides, sont les nombreux noms que prend l'atteinte à la dignité de la vie. A cause de l'importance que Jean-Paul II attribuait à cette encyclique, son élaboration fut longue, rappelle encore Avvenire, au moins quatre ans.

Le Pape avait une forte conscience de ce qui était à l'œuvre dans le monde: l'élaboration d'Evangelium Vitae commença lorsqu'il lui devint clair ce qui se passait aux Nations Unies, où allait démarrer le cycle des grandes conférences internationales, entamées en 1992 avec celle de Rio de Janeiro sur l'environnement, et qui atteignirent leur apogée avec la conférence du Caire sur la population et le développement en septembre 1994, pour se terminer en 1996 avec la conférence de Rome sur l'alimentation.

De ce cycle de conférences dériva le concept de "développement durable" dont relevait aussi celui des "les droits sexuels et reproductifs", véritable plateforme du lancement du le droit fondamental à l'avortement. Dans la totale inconscience du monde, qui croit que les problèmes importants sont de toute façon autres, ce cycle de conférences a changé profondément notre société, provoquant et accélérant des transformations dans le sens de la "culture de mort", selon la définition que lui donna Saint Jean Paul II.

[...] Saint Jean-Paul II avait compris que un combat décisif pour toute l'humanité allait se jouer et Evangelium Vitae reflète cette conscience, qu'il explicitera quelques années plus tard en 1997, lors de la Rencontre mondiale des familles de Rio de Janeiro:

"Autour de la famille et de la vie a lieu aujourd'hui la lutte fondamentale de la dignité de l'homme…Les ténèbres qui enveloppent la conception même de l'homme… Les ennemis de Dieu, plutôt que d'attaquer de front l'Auteur de la Création, préfèrent le frapper dans ses œuvres. L'homme est le sommet, la pointe de ses œuvres visibles…Et la famille est l'endroit privilégié pour faire grandir les potentialités personnelles et sociales que l'homme porte inscrites en son être".

Nous faisons aujourd'hui l'expérience de combien Saint Jean-Paul II avait su voir loin: l'attaque à la vie et à la famille est devenue un matraquage, et de plus en plus à découvert. C'est donc dans la perspective de cette confrontation historique entre Dieu et le Malin que cette encyclique doit être comprise. On peut ainsi mesurer dans sa juste dimension la "trahison" de la catholicité, qui ne s'est que très peu mobilisée. [...]"

Encyclique prophétique qui nous mettait en garde contre ce que nous voyons légalisé aujourd'hui, et qui indiquait que le combat fondamental, aujourd'hui, est celui du respect de la vie et de la famille.


Canada : une loi promulgue une « Journée du pape Jean-Paul II »

Lu dans La Croix :

"Le 2 avril est désormais désigné dans tout le Canada comme « Journée du pape Jean-Paul II ».

La loi qui institue cette Journée – qui n’est pas une fête légale – a été approuvée mardi 16 décembre par le Sénat canadien et a reçu le même jour la « sanction royale », autrement dit elle a été approuvée par le gouverneur général du Canada.

Les attendus du texte de loi justifient l’institution de cette Journée par le fait que « le pape Jean-Paul II est largement reconnu comme une figure marquante de l’histoire de l’Église catholique romaine et du monde et qu’il a exercé une influence et joué un rôle crucial dans la promotion de l’harmonie et de la paix entre les nations »."


Mehmet Ali Agca fleurit la tombe de Jean-Paul II

Mehmet Ali Agca, celui qui a tenté d'assassiner le pape Jean-Paul II en 1981, a déposé des fleurs samedi sur la tombe de l'ancien souverain pontife.

Agca avait demandé une entrevue avec le pape François lors de la visite du souverain pontife en Turquie, le mois dernier. Elle lui a été refusée tout comme l'audience qu'il a demandée ce week-end à Rome. "Il a déposé des fleurs sur la tombe de Jean-Paul II. Je pense que cela suffit", a estimé le porte-parole du pape François, Federico Lombardi.


La Neuvaine : Saint Jean-Paul II et la France

La méditation de cette semaine est écrite par l'abbé Eric Iborra, vicaire à la paroisse Saint-Eugène :

N""Marie, Reine de Pologne, je suis près de toi, je me souviens de toi, je veille". Lorsque saint Jean-Paul II se rendit à Paris en tant que pape, cet appel de Jasna Gora – l'invocation séculaire et tutélaire de tout un peuple à la Vierge – devait l'habiter en considérant cette France dont il avait, jeune séminariste, tant reçu, à travers sa culture et les saints qui façonnèrent l'identité spirituelle de notre pays. Le pape polonais commença par rappeler que nous sommes les héritiers d'une culture qui ne saurait être exclusivement profane puisqu'elle a noué, historiquement, des liens multiples avec l'Evangile. Don qui appelle à la responsabilité. Porteuse depuis si longtemps d'une culture marquée par l'Evangile, la France, en tant que nation, ne peut se comprendre qu'ouverte sur les autres peuples. D'où la solennelle interrogation du Bourget : "France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l'homme, à l'alliance avec la Sagesse éternelle ?".

Quel est-il ce bien de l'homme ? Tout d'abord l'homme n'est pas une énigme, il est un mystère : "L'homme n'a de sens dans le monde que comme image et ressemblance de Dieu". Enraciné dans la nation qui en tant que communauté historique le garantit déjà dans une certaine mesure de la tentation du solipsisme – c'est la base du véritable patriotisme, distinct de sa caricature, le nationalisme –, l'homme doit encore s'ouvrir à la question décisive de l'Evangile, la question pétrinienne et plus encore mariale par excellence : "Aimes-tu ? M'aimes-tu ?". "C'est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d'être vécue". C'est pourquoi il disait aux jeunes : "Vous valez ce que vaut votre cœur". Puis il contemplait tous ceux qui au cours de notre histoire ont répondu à cette question, les saints, eux qui sont l'âme de notre patrie, eux qui ont reçu pour donner et pour servir. Des saints toujours actuels parce qu'ils se sont rapprochés de Dieu et de son éternité : "Les saints ne vieillissent pas. Témoins de la jeunesse de l’Église, ils ne deviennent jamais des personnages du passé. Ils sont toujours l'avenir évangélique de l'homme, les témoins du monde futur", en particulier les femmes, gardiennes de la vie, "sentinelles de l'invisible".

Le Pape savait aussi que nous sommes toujours tentés sur nos dons les meilleurs. "Ce grand jubilé du baptême, disait-il à Reims, doit vous amener à dresser un vaste bilan de l'histoire spirituelle de l'âme française. Vous vous souviendrez certes de temps obscurs, de bien des infidélités et des affrontements, conséquences du péché. Mais vous vous souviendrez que toute traversée de l'épreuve est un appel pressant à la conversion et à la sainteté, afin de suivre jusqu'au bout le Christ qui a livré sa vie pour le salut du monde. C'est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l'aube qui poindra, que nous devons croire que l'Église chaque matin renaît par ses saints. Qui l'a une fois compris, disait Bernanos, est entré au cœur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle une espérance surhumaine". Echo des premières paroles qu'il nous adressait en 1980 : "La voie de l'Evangile ne passe pas par la résignation, les renoncements ou les abandons. Elle ne se résout pas à l’affadissement du sens moral, et elle souhaiterait que la loi civile elle-même aide à élever l’homme. Elle ne cherche pas à s’enfouir, à demeurer inaperçue, mais elle requiert au contraire l’audace joyeuse des Apôtres. Elle bannit donc la pusillanimité, tout en se montrant parfaitement respectueuse à l’égard de ceux qui ne partagent pas le même idéal".

Par l'intercession de ce grand Pape maintenant canonisé, confions à la Vierge qu'il a tant aimée la fécondité de l'Evangile dans les âmes de nos contemporains. Pour la sauvegarde temporelle de notre patrie et le salut spirituel de ses membres, nous pourrions faire nôtre l'appel de Jasna Gora : "Marie, Reine de France, je suis près de toi, je me souviens de toi, je veille"."


La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle

A l'occasion de la venue du pape à Strasbourg, le philosophe Thibaud Collin s'interroge sur la place de Dieu, de l'Eglise et de la prière dans les sociétés européennes. Extraits :

S"[...] Jean-Paul II, dans un discours magistral, un an jour pour jour avant la chute du mur de Berlin dressait la carte de ce que serait un ordre politique juste pour une Europe des nations libres. Le pape philosophe affirmait ainsi avec force: «La vie publique, le bon ordre de l'Etat reposent sur la vertu des citoyens, qui invite à subordonner les intérêts individuels au bien commun, à ne se donner et à ne reconnaître pour loi que ce qui est objectivement juste et bon. Déjà les anciens Grecs avaient découvert qu'il n'y a pas de démocratie sans assujettissement de tous à la loi, et pas de loi qui ne soit fondée sur une norme transcendante du vrai et du juste. Dire qu'il revient à la communauté religieuse, et non à l'Etat, de gérer «ce qui est à Dieu», revient à poser une limite salutaire au pouvoir des hommes, et cette limite est celle du domaine de la conscience, des fins dernières, du sens ultime de l'existence, de l'ouverture sur l'absolu, de la tension vers un achèvement jamais atteint, qui stimule les efforts et inspire les choix justes. Toutes les familles de pensée de notre vieux continent devraient réfléchir à quelles sombres perspectives pourrait conduire l'exclusion de Dieu de la vie publique, de Dieu comme ultime instance de l'éthique et garantie suprême contre tous les abus du pouvoir de l'homme sur l'homme.» Jean-Paul II parlait donc l'Europe à partir de son expérience des deux totalitarismes et des défis inédits que la démocratie avait à relever dans une époque marquée par «la mort de Dieu».

[...] Les nations européennes sont traversées par le doute. Doute sur leur identité, c'est-à-dire sur leurs racines mais peut-être plus encore sur leur finalité. [...] La crise que traversent les nations européennes est d'abord existentielle et les institutions de l'UE n'ont pas les moyens de les aider à en sortir car leur critère de diagnostic est fermé à la vie de l'esprit. Que peut donc signifier la venue du Pape dans une telle enceinte? Elle est en elle-même la révélation que l'Europe a encore quelque chose à recevoir de cette vieille religion dont elle est issue [...]".


La souveraineté de la société se manifeste dans la culture de la Nation

La Neuvaine cite un extrait du discours du saint pape Jean-Paul II à l’UNESCO à Paris le 2 juin 1980 :

J« Si, au nom de l’avenir de la culture, il faut proclamer que l’homme a le droit d’« être » plus, et si pour la même raison il faut exiger un sain primat de la famille dans l’ensemble de l’œuvre de l’éducation de l’homme à une véritable humanité, il faut aussi situer dans la même ligne le droit de la Nation; il faut le placer lui aussi à la base de la culture et de l’éducation.

La Nation est en effet la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe « par » la culture et « pour » la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent « être davantage » dans la communauté.Elle est cette communauté qui possède une histoire dépassant l’histoire de l’individu et de la famille.

C’est aussi dans cette communauté, en fonction de laquelle toute famille éduque, que la famille commence son œuvre d’éducation par ce qui est le plus simple, la langue, permettant ainsi à l’homme qui en est à ses débuts d’apprendre à parler pour devenir membre de la communauté qu’est sa famille et sa Nation. En tout ce que je proclame maintenant et que je développerai encore davantage, mes mots traduisent une expérience particulière, un témoignage particulier en son genre.

Je suis fils d’une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de l’histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu et qui est restée elle-même. Elle a conservé son identité, et elle a conservé, malgré les partitions et les occupations étrangères, sa souveraineté nationale, non en s’appuyant sur les ressources de la force physique, mais uniquement en s’appuyant sur sa culture. Cette culture s’est révélée en l’occurrence d’une puissance plus grande que toutes les autres forces.

Ce que je dis ici concernant le droit de la Nation au fondement de sa culture et de son avenir n’est donc l’écho d’aucun « nationalisme », mais il s’agit toujours d’un élément stable de l’expérience humaine et des perspectives humanistes du développement de l’homme. Il existe une souveraineté fondamentale de la société qui se manifeste dans la culture de la Nation. Il s’agit de la souveraineté par laquelle, en même temps, l’homme est suprêmement souverain. Et quand je m’exprime ainsi, je pense également, avec une émotion intérieure profonde, aux cultures de tant de peuples antiques qui n’ont pas cédé lorsqu’ils se sont trouvés confrontés aux civilisations des envahisseurs: et elles restent encore pour l’homme la source de son « être » d’homme dans la vérité intérieure de son humanité.

Je pense aussi avec admiration aux cultures des nouvelles sociétés, de celles qui s’éveillent à la vie dans la communauté de la propre Nation, ― tout comme ma Nation s’est éveillée à la vie il y a dix siècles ― et qui luttent pour maintenir leur propre identité et leurs propres valeurs contre les influences et les pressions de modèles proposés de l’extérieur.

En m’adressant à vous, Mesdames et Messieurs, vous qui vous réunissez en ce lieu depuis plus de trente ans maintenant au nom de la primauté des réalités culturelles de l’homme, des communautés humaines, des peuples et des Nations, je vous dis: veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande famille humaine. Protégez-la! Ne permettez pas que cette souveraineté fondamentale devienne la proie de quelque intérêt politique ou économique. Ne permettez pas qu’elle devienne victime des totalitarismes, impérialismes ou hégémonies, pour lesquels l’homme ne compte que comme objet de domination et non comme sujet de sa propre existence humaine. »


La théologie du corps pour les nuls : le b.a.-ba pour comprendre le sens de la sexualité humaine

Quelques jours avant le colloque inaugural de l'Institut de la théologie du corps, qui ouvre ses portes à Lyon, son président Yves Semen et Famille chrétienne présentent un résumé de cette magnifique théologie forgée par Jean-Paul II, qui explique le sens de l'éthique sexuelle proposée par l'Eglise :

1. Les origines

"Si on veut comprendre le sens de la sexualité humaine, c’est du côté de la ressemblance de l’homme avec Dieu qu’il faut se tourner. Et certainement pas de sa ressemblance avec l’animal. Nos corps sexués nous révèlent que nous sommes des êtres de communion, à l’image du mystère trinitaire de Dieu. Ils portent de façon très concrète et visible l’invitation à la relation, au don de soi : le masculin pour le féminin, le féminin pour le masculin. Notre corps est fait pour être don, c’est inscrit structurellement en lui. Mais on ne sait plus voir cette réalité. Et c’est ce qui cause notre malheur.

Notre corps, très concrètement, nous donne la définition de l’homme, qui en tant que personne ne s’accomplit vraiment que dans le don de lui-même. À l’image de Dieu, être de communion par excellence, le couple humain exprime très concrètement ce mystère de la communion et se trouve au sommet de la Création. Donc, bien loin d’être un poids dont il faudrait se libérer, le corps, dans sa complémentarité homme-femme, est le signe visible du mystère invisible de la communion divine. En s’attaquant au corps dans cette complémentarité (comme le fait l’idéologie du gender), on nie l’image de Dieu en l’homme.

2. Le péché et la chute

L’homme ne peut plus accéder à l’état des origines qu’à travers un voile. C’est ce que Jean-Paul II a appelé « la frontière infranchissable du péché originel ». Car la première conséquence du péché d’Adam et Ève porte sur le sens du corps : ils virent qu’ils étaient nus. L’homme ne comprend plus sa sexualité devenue pour lui opaque et obscène ; il n’y voit plus qu’une similitude avec la sexualité animale. Et du coup, il la cache parce qu’il en a honte. Ayant perdu de vue la communion originelle, il bascule dans la domination mutuelle où chacun va essayer d’imposer sa sexualité à l’autre. Cela se traduit à travers le regard de convoitise, de concupiscence, qui réduit l’autre à l’état d’objet de jouissance qu’on peut manipuler et utiliser.

C’est cet état du cœur, cette incompréhension, qui est à la racine de tous les péchés dans l’ordre sexuel. Et non le corps en lui-même, qui n’est que la victime de la blessure du cœur. Les fautes commises dans l’ordre sexuel ne sont pas des fautes du corps, mais des fautes contre le corps.

3. La résurrection et le monde à venir

L’homme est appelé à la résurrection. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Les chrétiens eux-mêmes ne sont pas toujours très clairs lorsqu’ils évoquent le Ciel ou l’immortalité de l’âme, comme si le corps n’y avait qu’une place incertaine… L’homme est appelé à ressusciter avec un vrai corps sexué. Il est appelé à l’assouvissement de toute la soif de communion qui est dans son cœur et qui ne trouve qu’une réponse très imparfaite dans le mariage. L’amour dans la communion entre époux doit nous conduire à la soif de communion avec Dieu.

Dans la résurrection, ce n’est pas l’autre qui me comblera, mais Dieu Lui-même. C’est ce qu’annonce prophétiquement le célibat, qu’il ne faut surtout pas opposer au mariage, car les deux conditions s’éclairent mutuellement. Le célibat est prophétique, parce qu’il éclaire la vocation de toutes les personnes au don total, pas parce qu’il échapperait aux remugles de la chair !

4. Le mariage éclairé d'un jour nouveau

Le mariage, c’est une alliance d’ordre mystique. On ne se marie pas simplement parce qu’on a des sentiments pour l’autre. Ce n’est pas suffisant. À l’Église, aucune formule ne dit : « Je t’épouse parce que je suis amoureux de toi », mais : « Je te reçois comme époux et je me donne à toi  ». Tout mariage chrétien qui ne procède pas de cette alliance mystique est à côté de sa vocation chrétienne, et reste du domaine de la mondanité dénoncée par le pape François.

Cette réalité même du mariage envoie un flot de lumière sur la résurrection, qui est l’accomplissement des noces du Christ et de l’Église en chacun de nous, et pour toujours. La soumission réciproque des époux chrétiens est comme une réponse à la domination mutuelle provoquée par le péché. Le mariage est le sacrement primordial dans l’ordre de la Création. Dans l’ordre de la Rédemption, c’est celui qui éclaire tous les autres sacrements de la Nouvelle Alliance : une œuvre d’épousailles entre le Christ et les hommes, où Celui-ci se donne de manière nuptiale et radicale au point de se faire nourriture pour nous dans l’eucharistie.

5. Une relecture d’Humanae vitae

Cette vision de l’homme éclaire tous les points abordés par l’encyclique, comme la contraception, qui trahit la vocation fondamentale de la personne au don d’elle-même. En séparant volontairement la sexualité de la procréation, on fait mentir le corps. On le castre au lieu de le « libérer » comme l’a prétendu la révolution sexuelle. Chacun peut plus ou moins consciemment en ressentir la blessure. De même qu’on en voit les conséquences dans nos sociétés, où les fondements anthropologiques les plus élémentaires sont désormais remis en question, au point que l’on puisse parler de GPA (la gestation pour autrui, c’est-à-dire les mères porteuses) « éthique » !

La théologie du corps éclaire le sens profond de l’éthique sexuelle proposée par l’Église, que l’on défigure en la réduisant à une morale répressive du permis et du défendu. Nous avons à réapprendre le langage du corps dans sa vérité et à le réintégrer dans notre vie. Une façon de remettre Dieu au centre de l’amour humain, et de s’en émerveiller avec confiance, au lieu d’aborder toujours le corps comme une source de problèmes, en criant à l’impuissance."


Saint Jean-Paul II, acteur central de la sortie du communisme

PjiiA écouter ici

"L’Allemagne commémore ce dimanche 9 novembre le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Des images de fête et d’euphorie sont restées dans les mémoires, mais cet évènement fut observé avec incrédulité et parfois une forme de peur par les chancelleries occidentales, qui n’imaginaient pas un effondrement si rapide des régimes communistes. Le Pape Jean-Paul II, même s’il avait peu de relais en Allemagne de l’Est proprement dite, fut un acteur central de cette sortie du communisme.

Dans la décennie précédant la chute du Mur, ses voyages en Pologne et ses appels prophétiques avaient ouvert une brèche dans le rideau de fer, et renforcé la dissidence au-delà de la seule sphère catholique. Cyprien Viet a interrogé le journaliste Bernard Lecomte,biographe de Jean-Paul II et de Mikhail Gorbatchev. Il insiste sur l’originalité de la pensée de Jean-Paul II, à contre-courant d’une opinion majoritaire qui considérait la domination soviétique sur le reste de l’Europe comme un fait accompli, et qui n’imaginait pas voir le mur de Berlin s’ouvrir si rapidement".

Livre du même auteur à commander ici.


Le Pape sur la chute du mur de Berlin : "Nous avons besoin de ponts, pas de murs"

Dans l'Angelus du jour

" Il y a 25 ans, le 9 novembre 1989, tombait le Mur de Berlin, qui pendant tant de temsp avait coupé en deux la ville, et qui a symbolisé la division idéologique de l’Europe et du monde entier. La chute du Mur est advenue à l’improviste, mais elle fut rendue possible par le long et laborieux effort de tant de personnes qui pour cela ont lutté, prié et souffert, certains jusqu’à sacrifier leur vie. Parmi eux, le saint Pape Jean Paul II a joué un rôle de protagoniste.

Prions pour qu’avec l’aide du Seigneur et la collaboration de tous les hommes de bonne volonté, se diffuse toujours davantage une culture de la rencontre, capable de faire tomber tous les murs qui divisent encore le monde, et qu’il n’arrive plus que des personnes innocentes soient persécutées et même tuées en raison de leur foi et de leur religion. Nous avons besoin de ponts, pas de murs !" 


L'avenir de l'humanité passe par la famille !

En cette fête de saint Jean-Paul II, le blog de L'Homme Nouveau publie la conclusion de l'exhortation apostolique Familiaris consortio, qui faisait suite au synode de 1980, consacré à la famille :

H

Vers vous, époux, vous, pères et mères de famille;

vers vous, jeunes gens et jeunes filles, qui êtes l'avenir et l'espérance de l'Eglise et du monde et qui serez, à l'aube du troisième millénaire, le noyau actif et vital de la famille;

vers vous, vénérables et chers Frères dans l'épiscopat et le sacerdoce, chers fils et filles religieux et religieuses, et vous, âmes consacrées au Seigneur, qui êtes les témoins devant les époux de la réalité ultime de l'amour de Dieu;

vers vous tous, hommes au jugement droit, qui à un titre ou un autre vous préoccupez du sort de la famille,

je me tourne avec une ardente sollicitude en achevant cette exhortation apostolique.

L'avenir de l'humanité passe par la famille!

Il est donc indispensable et urgent que tout homme de bonne volonté s'emploie de toutes ses forces à sauvegarder et à promouvoir les valeurs et les exigences de la famille.

Je me sens poussé à demander à ce sujet un effort particulier aux fils de l'Eglise. Dans la foi, ils ont une pleine connaissance du merveilleux dessein de Dieu, ils ont donc une raison de plus de prendre à cœur la réalité de la famille, dans ce temps d'épreuve et de grâce qui est le nôtre.

Ils doivent aimer la famille de façon particulière. C'est là une consigne concrète et exigeante.

Aimer la famille signifie savoir en estimer les valeurs et les possibilités, en cherchant toujours à les promouvoir. Aimer la famille signifie reconnaître les dangers et les maux qui la menacent afin de pouvoir les surmonter. Aimer la famille signifie faire en sorte de lui assurer un milieu qui soit favorable à son développement. Et c'est encore une forme éminente de l'amour que de redonner à la famille chrétienne d'aujourd'hui, souvent tentée de se décourager ou angoissée par les difficultés croissantes, des raisons de croire en elle-même, dans ses richesses de nature et de grâce, dans la mission que Dieu lui a confiée. «Oui, il faut que les familles d'aujourd'hui se ressaisissent! Il faut qu'elles suivent le Christ!».

Les chrétiens ont en outre le devoir d'annoncer avec joie et conviction la «bonne nouvelle» sur la famille, laquelle a absolument besoin d'écouter encore et sans cesse et de comprendre toujours plus profondément les paroles authentiques qui lui révèlent son identité, ses ressources intérieures, l'importance de sa mission dans la cité des hommes et dans celle de Dieu.

L'Eglise connaît la route qui conduira la famille au cœur de sa vérité profonde. Cette route, que l'Eglise a apprise à l'école du Christ et à celle de l'histoire interprétée à la lumière de l'Esprit Saint, elle ne l'impose pas, mais elle ressent en elle-même une exigence imprescriptible de la proposer à tous, sans crainte, et même avec une confiance et une espérance très grandes, tout en sachant que la «bonne nouvelle» comporte aussi le langage de la croix. Or c'est à travers la croix que la famille peut atteindre la plénitude de son être et la perfection de son amour.

Lire la suite "L'avenir de l'humanité passe par la famille !" »


Saint Jean-Paul II le docteur de la sainte prudence dans l’action

JAujourd’hui fête de Saint Jean-Paul II. Souvenons nous de la manière pitoyable dont Jean-Paul II fut accueilli en France en 1980. Il a su passer par la porte qui lui était fermée … exemple à suivre dans l’action. Certains font remonter la source du mouvement social à cette date. Relisons ce qu’écrivait Jean Ousset à cette occasion sur la manière du bon pasteur ?

« Celui qui n’entre pas par la porte de la bergerie, mais qui y pénètre par escalade est un voleur et un brigand. Mais celui qui entre par la porte est le vrai pasteur des brebis. C’est à lui qu’ouvre le portier. Et les brebis écoutent sa voix. Il les appelle par leur nom. Et il les emmène (...). Il marche devant elles. Et les brebis le suivent parce qu’elles reconnaissent sa voix (...). J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de ce bercail. Il faut aussi que je les conduise. Et elles entendront ma voix »[1] (...). Et « Que vous en semble, si un homme a cent brebis, et que l’une s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes pour partir à la recherche de celle qui s’est perdue ? »[2]

Versets de Jean et de Matthieu qui n’ont cessé de hanter mon esprit et mon cœur tout au long des heures passées à regarder et à entendre Jean-Paul II, au cours de son voyage en France. Bon pasteur qui a tenu à bien passer par la porte. Non à l’escalader... comme pour éviter les portiers en titre. Car lorsqu’une bergerie est à la dimension de la France il est normal qu’il s’y trouve plusieurs portes ; et plus d’un portier. Comme il est normal aussi que les portiers puissent être d’humeurs différentes, plus ou moins délicats, au goût plus ou moins sûr ! Comme il est encore normal que les portes elles-mêmes soient dans des états différents d’entretien (serrures huilées, charnières grinçantes...).

Ce qui explique que les chorales de France aient mal accepté le grincement des gonds de la bergerie de Saint-Denis et du Bourget. Car si ce fut là ce qu’on entend présenter comme une liturgie digne du « peuple de Dieu », il est clair que le mépris où on le tient a depuis longtemps dépassé le point de non-retour. Mais pour qui donc prend on le peuple, à la porterie du Bourget ?

Quand on pense à ce que l’Eglise du Moyen-Age eut la magnificence d’offrir au petit peuple d’alors ; quand on pense à ces incomparables chefs d’œuvre de la poésie et de la musique : « l’Adoro te », le « Pange Lingua », le « Lauda Sion », on n’était peut-être pas démocrate à cette époque, mais on ne s’y « foutait » pas du peuple comme au Bourget. Une vraie « fête à neu-neu » (la rigolade en moins !). Miaulements de chats en mars. Une paraphrase d’un supposé « gloria », aussi misérable au regard de la raison qu’à la lumière de la foi. Un sous-show de sous-Olympia ! Et l’on a été surpris qu’il ait plu !

(…) Et pourtant le bon pasteur a supporté çà. Sans broncher. Sous les rafales de vent et de pluie. Qu’aurait-il dû faire ? Supplier le Seigneur pour qu’Il punisse sur le champ l’impertinence d’une pareille comédie ? Certainement pas ! Trop de brebis auraient eu du mal à comprendre. Or, le bon pasteur n’a qu’un désir : faire en sorte que les brebis l’entendent, l’écoutent, reconnaissent sa voix. Pour qu’il les puisse emmener avec lui. Pour qu’il puisse se mettre à leur tête... Quel que soit le bruitage des « sonos ». Et c’est un fait que les brebis ont reconnu la voix du bon pasteur.

C’est un fait qu’elles ont compris leur devoir de rester fidèles et confiantes. « Sur la montagne » ! Non pour s’y pavaner au nom de cette supériorité d’altitude. Mais pour ne pas compliquer la tâche du bon pasteur... qui, même si les brebis de la montagne regrettent qu’il ne reste pas avec elles sur les sommets, savent bien qu’il est d’autres bercails avec d’autres brebis, qu’il lui faudra bien ramener quelque jour. Brebis d’autres bercails qui sont déjà venues nombreuses pour le voir et entendre sa voix. Et combien en ont été émues ! Pleines d’admiration.

Il attire ceux qui sont loin ; et réconforte ceux qui déjà le suivaient. « Croyant ou pas, proclamait « Ici-Paris », jeunes ou vieux, tous les Français ont eu le coup de foudre ». Et de Jean Bourdarias, dans « Le Figaro »... : « Le souci d’atteindre « ceux qui sont loin » ne peut faire oublier les foules qui vivent aux portes de l’Eglise et qui n’attendent souvent qu’un signe pour entrer... Ainsi les catholiques français ont redécouverts pendant quatre jours la joie d’être chrétiens et de pouvoir l’exprimer sans complexes. C’est une situation nouvelle, un « fait » dont il faudra tenir compte désormais ». Telles sont les « marques » du bon pasteur.

Vrai berger, dans l’attitude familière de tous les vrais bergers de la terre. Appuyé sur le bâton de sa Croix ! Surveillant, scrutant son troupeau. Les yeux plissés. Méditant ou priant. Prêt à saisir le moindre indice. Sans brusquerie, comme tout berger qui ne tient pas à « paniquer » son troupeau. Sans jamais broncher, quelles que soient la provocation, l’impertinence ou le sans-gêne. Ne fuyant aucun piège, mais y mettant le pied comme pour l’emporter dans un élan victorieux encore. Tout fut d’ailleurs assez grossier pour qu’il lui soit impossible de ne pas voir, de ne pas deviner, de ne pas comprendre.

(…) Il y a un peu plus de trente ans notre œuvre à ses débuts s’est mise passionnément à l’école de ce pape docteur que fut Pie XII. Jamais dans toute l’histoire de l’Eglise un pape n’avait offert à son peuple un capital doctrinal aussi prestigieux. Capital providentiellement proposé à nos débuts. D’où, sans doute, le fait que nous ayons pu progresser, sans faux pas excessifs, sous les feux de cette lumière. L’enseignement en demeure toujours en service parmi nous. Reste qu’une formation trop exclusivement doctrinale n’est pas sans inconvénients. Et le fait que les purs manieurs de concepts sont loin, trop souvent, d’être de bons hommes d’action. Mais voici qu’(…) un pasteur surgit qui apparaît déjà comme le docteur de la sainte prudence dans l’action. »

Le bon pasteur, in Permanences n° 171, juillet 1980, p. 2 et 3

A suivre …la semaine prochaine…

Ichtus propose des formations « Anthropologie et Politique »  à l’école de JP II avec Bruno de Saint Chamas à partir du 4 novembre 2014, «  Faire aimer la Civilisation »  par l’Art avec Nicole Buron le 13 novembre, «  Les ateliers de l’Histoire » avec Martin Dauch le 19 novembre.


[1] Jean X ; 1 à 4 ; 16.

[2] Matthieu XVIII ; 12.


Paris XVIIe : bénédiction de la chapelle St Jean-Paul II

FAujourd'hui, jeudi 16 octobre (36ème anniversaire de l’élection de Jean-Paul II au Siège de Pierre), messe à 19 heures présidée par S. Exc. Mgr Luigi Ventura, Nonce Apostolique en France, en l'église Saint-Ferdinand des Ternes (27, rue d’Armaillé – Paris XVII – Métro Argentine, Etoile, Ternes.

En ces temps troublés, venez priez le « Pape de la famille » !

Le père Matthieu Rougé, curé de la paroisse, précise :

"La fête liturgique de saint Jean-Paul II est fixée au 22 octobre, date d’inauguration de son pontificat. Mais en raison des vacances de la Toussaint, nous l’anticiperons de quelques jours. Le 16 octobre est aussi une belle date : c’est l’anniversaire de l’élection de Karol Wojtyla au Siège de Pierre (le 16 octobre 1978) ; c’est également la fête de sainte Hedwige, reine de Pologne (dont le corps repose à la cathédrale de Cracovie) et de notre sainte Marguerite-Marie (que Jean-Paul II est allé vénérer à Paray le Monial en 1986).

Mgr Ventura présidera la Messe dans l’église. Il sera entouré de plusieurs prêtres polonais (dont notre P. Artur). Puis il se rendra dans la chapelle pour la bénir, après quoi chacun pourra s’y recueillir et déposer des intentions de prière. L’icône de Jean-Paul II, bénie une semaine après sa canonisation, rappelle sa devise et sa dévotion mariale. Elle nous accompagnera dans l’adoration eucharistique. La chapelle conservera également une relique que nous a envoyée le Cardinal Stanislas Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II et actuel archevêque de Cracovie.

La douce et stimulante présence de saint Jean-Paul II ne s’arrêtera pas là : le « Trésor du scribe » (les quatre mercredis soir de novembre) nous aidera à accueillir l’actualité de son enseignement. Et, si tout va bien, nous proposerons un pèlerinage à Cracovie et Czestochowa en mai…

Et surtout, notre engagement dans la « nouvelle évangélisation », appelée de ses vœux par Jean-Paul II, va prendre un tour bien concret avec la participation de notre paroisse à la mission diocésaine de l’Avent 2014. Accueillez avec confiance et générosité les invitations à vous y investir. N’ayez pas peur ! L’intercession de Jean-Paul II nous accompagne."


Alain Lamassoure veut faire la leçon au pape

Alain Lamassoure, eurodéputé français, membre du Parti populaire européen, réagit à l'annonce de la venue du pape au Parlement européen :

"alors que le pape François demanderait aux Européens ce qu’ils ont fait de leur baptême, je lui demanderais ce que l’Église a fait de son dieu d’amour. Je pense à l’interdiction du mariage des prêtres ou au statut des divorcés remariés, qui est injustifiable. Trop souvent, l’Église est silencieuse ou hors du temps par rapport à la façon dont les chrétiens vivent dans leur vie personnelle."

Sans lui rappeler que le Parlement a refusé d'inviter Benoît XVI, Alain Lamassoure peut déjà relire ce que disait le saint pape Jean-Paul II lors de sa venue au Parlement de Strasbourg le 11 octobre 1988 :

"[...] Monsieur le Président, le message de l’Eglise concerne Dieu et la destinée ultime de l’homme, questions qui ont au plus haut point imprègne la culture européenne. En vérité, comment pourrions-nous concevoir l’Europe privée de cette dimension transcendante?

[...] La deuxième attitude est celle qui, ayant supprimé toute subordination de la créature à Dieu, ou à un ordre transcendant de la vérité et du bien, considère l’homme en lui-même comme le principe et la fin de toutes choses, et la société, avec ses lois, ses normes, ses réalisations, comme son œuvre absolument souveraine. L’éthique n’a alors d’autre fondement que le consensus social, et la liberté individuelle d’autre frein que celui que la société estime devoir imposer pour la sauvegarde de celle d’autrui.

Chez certains, la liberté civile et politique, jadis conquise par un renversement de l’ordre ancien fondé sur la foi religieuse, est encore conçue comme allant de pair avec la marginalisation, voire la suppression de la religion, dans laquelle on a tendance à voir un système d’aliénation. [...]

Après le Christ, il n’est plus possible d’idolâtrer la société comme grandeur collective dévoratrice de la personne humaine et de son destin irréductible. La société, l’Etat, le pouvoir politique appartiennent au cadre changeant et toujours perfectible de ce monde. Nul projet de société ne pourra jamais établir le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la perfection eschatologique, sur la terre. Les messianismes politiques débouchent le plus souvent sur les pires tyrannies. Les structures que les sociétés se donnent ne valent jamais d’une façon définitive; elles ne peuvent pas non plus procurer par elles-mêmes tous les biens auxquels l’homme aspire. En particulier, elles ne peuvent se substituer à la conscience de l’homme ni à sa quête de la vérité et de l’absolu. [...]

Toutes les familles de pensée de notre vieux continent devraient réfléchir à quelles sombres perspectives pourrait conduire l’exclusion de Dieu de la vie publique, de Dieu comme ultime instance de l’éthique et garantie suprême contre tous les abus du pouvoir de l’homme sur l’homme.

[...] Aussi mon devoir est-il de souligner avec force que si le substrat religieux et chrétien de ce continent devait en venir à être marginalisé dans son rôle d’inspirateur de l’éthique et dans son efficacité sociale, c’est non seulement tout l’héritage du passé européen qui serait nié, mais c’est encore un avenir digne de l’homme européen – je dis de tout homme européen, croyant ou incroyant – qui serait gravement compromis. [...]"


Jean-Paul II avait détruit à la racine l’idéologie du genre

La conférence donnée par Yves Daoudal le 24 juillet 2014 à l’université d’été du Centre Henri et André Charlier et de Chrétienté Solidarité, à La Castille (Var), est en ligne (20 pages). Extraits :

"[...] Si les bons cathos, défenseurs de la vie et de la famille, qui se dépensent sans compter aujourd’hui contre ce qu’ils appellent la théorie du genre, avaient jeté un œil sur le Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, publié en 2003 par le Conseil pontifical pour la famille, ou plutôt, disons, dans sa version française publiée par Tequi en 2005 – en 2005, il y a près de dix ans -, ils auraient pu voir qu’il y a dans ce livre non pas une allusion au genre, mais trois grands articles. Qui disent tout sur la question. Et l’on relève que dans la seule introduction du premier article on trouve cinq fois le mot « idéologie » pour qualifier ce qui est sorti des « gender studies ».

Mais l’Eglise avait dénoncé l’idéologie du genre bien avant ce Lexique. Elle l’avait dénoncée au moment précis où cette idéologie quittait les cercles d’intellectuels décadents pour entrer dans le vocabulaire de l’ONU et des autres instances internationales. C’était en 1995 à la conférence de l’ONU sur les femmes à Pékin. [...]

Ce n’était pas l’année dernière, c’était il y a presque 20 ans. Jean-Paul II, saint Jean-Paul II, oui, avait été l’homme de la situation, le pape de la situation. Le vrai docteur chrétien, qui discerne immédiatement la pathologie, et la nomme. Et permet à quiconque de s’en préserver. Il est le premier, et il est alors hélas le seul, comme tous les pionniers. Bien qu’il ait attiré l’attention, en publiant une Lettre aux familles avant la conférence du Caire, et une Lettre aux femmes avant la conférence de Pékin. Quand je dis qu’il était seul, c’était qu’il était vraiment seul, en dehors de Mary-Ann Glendon. [...]

Mais la lucidité de Jean-Paul II sur la question ne venait pas d’une subite inspiration. C’était la conséquence d’un travail qu’il avait accompli longtemps avant, d’une réfutation de l’idéologie du genre qu’il avait entreprise sans savoir que c’était de cela qu’il s’agissait, car c’était à peu près au moment où les féministes extrémistes américaines élaboraient leur idéologie. Il y a là une manifeste coïncidence providentielle et historique. Au moment où des Américaines commencent de façon confidentielle à prétendre et à définir que le genre est une construction sociale, un archevêque d’un pays situé dans l’enceinte soviétique élabore une œuvre théologique qui va montrer que non seulement la différenciation sexuelle n’est pas une construction sociale, mais qu’elle est un élément clé de la création, qu’elle est même ce en quoi l’homme est image de Dieu.

Il ne peut pas y avoir incertitude et choix de genre, car la Genèse dit que Dieu créa l’être humain homme et femme, et cette dualité est à l’origine de toute l’histoire humaine, sans possibilité qu’il en soit autrement, sinon dans des rêveries morbides.

C’est en effet l’archevêque de Cracovie, Mgr Karol Wojtyla, qui a élaboré cette réflexion théologique majeure, sans doute la plus importante du XXe siècle, la plus cruciale en tout cas pour le XXIe siècle, et qui l’a ensuite distillée, une fois devenu pape, au gré de ses audiences du mercredi, entre 1979 et 1984. On n’y fit guère attention, alors que tout de même un ensemble de 129 catéchèses sur le même sujet (on s’est aperçu ensuite qu’il en avait préparé 135) aurait dû au moins intriguer. Mises bout à bout, ça faisait quand même plus de 40 heures d’enseignement. [...]"


Le rôle de Jean-Paul II dans le combat pour la vie

Lu sur C-Fam :

"Lors des réjouissances en l’honneur de sa canonisation, de nombreuses personnes ont attribué à Jean-Paul II la défaite de la campagne en faveur d’un droit international à l’avortement, et la création d’un mouvement international de défense du droit à la vie. Mais sa contribution est allée bien au delà. Il a élaboré une critique profonde de l’approche onusienne du développement humain et de sa menace pour la paix et la justice internationale.

« Aborder la population en termes de « droits reproductifs » individuels, ou même de « droits des femmes » revient à prendre distance avec ce qui devrait être au cœur des préoccupations des gouvernements et des institutions internationales », affirmait Jean-Paul II dans une lettre au directeur exécutif du Fonds de l’Onu pour la population, à l’époque Nafis Sadik, juste avant la conférence internationale sur la population et le développement de 1994.  

Faisant écho à l’encyclique de son prédécesseur Jean XXIII Pacem in Terris de 1963, il soulignait le besoin de formuler les politiques dans une perspective de développement éthique, ayant pour objectif le bien commun, et la complémentarité des droits et des responsabilités.

Une doctrine correcte des droits de l’homme doit proclamer que chaque personne est dotée d’une « dignité et d’une valeur inconditionnelle et inaliénable », que la vie humaine est sacrée de « la conception à la mort naturelle », et reconnaître que ces droits « transcendent tout ordre [juridique] constitutionnel. Pour être bien compris, le développement doit être « axé sur le bien réel de chaque personne et de la personne dans son entier », et ne peut être réduit à la simple accumulation de richesses, de biens et de services.

« L’avortement, qui détruit la vie humaine existante, est un mal atroce », déclarait-il à Nafis Sadik.

Dans sa lettre, le pape attaquait directement le projet d’accord final de la conférence, qu’il décrivait prophétiquement comme un document faisant la promotion d’un droit international à l’avortement sur demande, négligeant les accords internationaux existants, qui affirment que l’avortement ne peut être considéré comme une méthode de planning familial. Les deux dispositions du projet d’accord sur ce point étaient finalement amendés dans le document final, et d’une manière si publique que les militants de l’avortement ne sont pas parvenu depuis à faire progresser leur agenda au delà des termes de l’accord du Caire

Nafis Sadik a concédé que le pape était celui qui avait attiré toute l’attention internationale sur la conférence du Caire. Il déclarait en effet « c’est un certain pays dont la population peu nombreuse est composée essentiellement d’hommes qui a fait la publicité de l’ICPD ». Bien plus qu’être le fait d’un professionnel des médias, l’appel du Pape sur la conférence atteste de sa vision stratégique de l’ordre international, fondée sur une reconnaissance du droit des pays à l’autodétermination, et sa vision claire des tractations diplomatiques.

L’attention qu’il a attirée a été à l’origine d’une cinglante défaite du gouvernement Clinton, forçant le vice président Al Gore à déclarer que l’avortement n’avait jamais été l’objet de négociations. [...]"


Avant Jean-Paul II, l’Église de France avait peur, peur de gueuler la vérité

De François Teutsch :

"[...] Jean-Paul II, c’est une phrase : « N’ayez pas peur ! » Peu d’entre nous s’en souviennent, nous étions trop jeunes. C’était un coup de tonnerre dont les répliques n’ont jamais cessé depuis. Je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître… L’Église de France, en ce temps-là, semblait partir au gré des modes et des idéologies, se repliait sur elle-même. Elle avait peur, peur d’affronter le monde et lui gueuler la vérité en pleine figure ! Elle avait peur de son histoire, de sa tradition, du sang de ses martyrs et de la sainteté de ses anciens. Elle ne craignait rien tant que le regard des autres, rien tant que de passer pour ringarde. Elle préférait l’action sociale à la prière, les revendications syndicales à la contemplation silencieuse. Honteuse d’elle-même elle se diluait lentement dans un monde hostile.

N’ayez pas peur ! Le prêtre polonais, formé clandestinement au risque de finir à Treblinka, n’a pas eu peur ; l’évêque de Cracovie en lutte permanente contre le totalitarisme communiste n’a pas eu peur ; le cardinal qui poussa Paul VI à promulguer Humanae Vitae n’a pas eu peur. Dans un monde bipolaire où l’Occident vivait sous la menace des SS 20 d’Allemagne de l’Est, cette parole prophétique a fait l’effet d’une bombe. Jean-Paul II fut l’incarnation du courage, jusqu’à la fin. Ses dernières années furent aussi le témoignage émouvant d’un homme usé, malade, épuisé, dont le regard clair et la voix toujours forte ont proclamé à la face du monde la magnifique dignité de la personne humaine.

Karol Wojtyła était un géant que le monde a adoré détester. L’Église qui l’honore aujourd’hui rend hommage à un de ses plus grands papes. Un de ceux qui ont permis la renaissance d’une institution bimillénaire, qui lui a redonné la foi, l’espérance et la charité. Un homme dont la parole a sauvé une génération de chrétiens tentés par la tiédeur. Qu’il soit reconnu saint n’est qu’une immense action de grâce."


Saint Jean Paul II a été le Pape de la famille

800 000 personnes ont assisté à Rome à la messe de canonisation des deux papes. Benoît XVI a concélébré la messe :

B

F

Dans son homélie, le pape François a dit :

"Au centre de ce dimanche qui conclut l’Octave de Pâques, et que saint Jean Paul II a voulu dédier à la Divine Miséricorde, il y a les plaies glorieuses de Jésus ressuscité.

Il les montre dès la première fois qu’il apparaît aux Apôtres, le soir même du jour qui suit le sabbat, le jour de la résurrection. Mais ce soir là, nous l’avons entendu, Thomas n’est pas là ; et quand les autres lui disent qu’ils ont vu le Seigneur, il répond que s’il ne voyait pas et ne touchait pas les blessures, il ne croirait pas. Huit jours après, Jésus apparut de nouveau au Cénacle, parmi les disciples, Thomas aussi était là ; il s’adresse à lui et l’invite à toucher ses plaies. Et alors cet homme sincère, cet homme habitué à vérifier en personne, s’agenouille devant Jésus et lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).

RLes plaies de Jésus sont un scandale pour la foi, mais elles sont aussi la vérification de la foi. C’est pourquoi dans le corps du Christ ressuscité les plaies ne disparaissent pas, elles demeurent, parce qu’elles sont le signe permanent de l’amour de Dieu pour nous, et elles sont indispensables pour croire en Dieu. Non pour croire que Dieu existe, mais pour croire que Dieu est amour, miséricorde, fidélité. Saint Pierre, reprenant Isaïe, écrit aux chrétiens : « Par ses plaies vous avez été guéris » (1P 2,24 ; Cf. Is 53,5).

Saint Jean XXIII et saint Jean Paul II ont eu le courage de regarder les plaies de Jésus, de toucher ses mains blessées et son côté transpercé. Ils n’ont pas eu honte de la chair du Christ, ils ne se sont pas scandalisés de lui, de sa croix ; ils n’ont pas eu honte de la chair du frère (Cf. Is 58,7), parce qu’en toute personne souffrante ils voyaient Jésus. Ils ont été deux hommes courageux, remplis de la liberté et du courage (parresia) du Saint Esprit, et ils ont rendu témoignage à l’Église et au monde de la bonté de Dieu, de sa miséricorde.

Il ont été des prêtres, des évêques, des papes du XXème siècle. Ils en ont connu les tragédies, mais n’en ont pas été écrasés. En eux, Dieu était plus fort ; plus forte était la foi en Jésus Christ rédempteur de l’homme et Seigneur de l’histoire ; plus forte était en eux la miséricorde de Dieu manifestée par les cinq plaies ; plus forte était la proximité maternelle de Marie.

En ces deux hommes, contemplatifs des plaies du Christ et témoins de sa miséricorde, demeurait une « vivante espérance », avec une « joie indicible et glorieuse» (1P 1,3.8). L’espérance et la joie que le Christ ressuscité donne à ses disciples, et dont rien ni personne ne peut les priver. L’espérance et la joie pascales, passées à travers le creuset du dépouillement, du fait de se vider de tout, de la proximité avec les pécheurs jusqu’à l’extrême, jusqu’à l’écœurement pour l’amertume de ce calice. Ce sont l’espérance et la joie que les deux saints Papes ont reçues en don du Seigneur ressuscité, qui à leur tour les ont données au peuple de Dieu, recevant en retour une éternelle reconnaissance.

Cette espérance et cette joie se respiraient dans la première communauté des croyants, à Jérusalem, dont parlent les Actes des Apôtres (Cf. 2, 42-47), que nous avons entendus en seconde lecture. C’est une communauté dans laquelle se vit l’essentiel de l’Évangile, c'est-à-dire l’amour, la miséricorde, dans la simplicité et la fraternité.

C’est l’image de l’Église que le Concile Vatican II a eu devant lui. Jean XXIII etJean Paul II ont collaboré avec le Saint Esprit pour restaurer et actualiser l’Église selon sa physionomie d’origine, la physionomie que lui ont donnée les saints au cours des siècles. N’oublions pas que ce sont, justement, les saints qui vont de l’avant et font grandir l’Église. Dans la convocation du Concile, saint Jean XXIII a montré une délicate docilité à l’Esprit Saint, il s’est laissé conduire et a été pour l’Église un pasteur, un guide-guidé, guidé par l’Esprit. Cela a été le grand service qu’il a rendu à l’Église. C’est pourquoi j’aime penser à lui comme le Pape de la docilité à l’Esprit Saint.

Dans ce service du Peuple de Dieu, saint Jean Paul II a été le Pape de la famille. Lui-même a dit un jour qu’il aurait voulu qu’on se souvienne de lui comme du Pape de la famille. Cela me plaît de le souligner alors que nous vivons un chemin synodal sur la famille et avec les familles, un chemin que, du Ciel, certainement, il accompagne et soutient.

Que ces deux nouveaux saints Pasteurs du Peuple de Dieu intercèdent pour l’Église, afin que, durant ces deux années de chemin synodal, elle soit docile au Saint Esprit dans son service pastoral de la famille. Qu’ils nous apprennent à ne pas nous scandaliser des plaies du Christ, et à entrer dans le mystère de la miséricorde divine qui toujours espère, toujours pardonne, parce qu’elle aime toujours."


Relire Jean-Paul II - Homélie à Reims

A l'occasion du 1500e anniversaire du baptême de Clovis, Jean-Paul II est venu en France et notamment à Reims, où il célébra la messe devant plus de 200 000 personnes. Extrait de son homélie :

R"L'Évangile de cette Messe, à son tour, montre que le baptême concerne aussi la communauté tout entière. Le Christ dit aux disciples: « Vous êtes le sel de la terre ... Vous êtes la lumière du monde ». Parlant ainsi, il pense à chaque personne: tout chrétien est le sel de la terre et chacun doit s'employer à ne pas laisser ce sel perdre sa saveur; s'il le laisse s'affadir, il n'est plus bon à rien. Mais, en même temps, le Christ, s'adresse à toute la communauté; vous, chrétiens baptisés, vous, catholiques de France, comme communauté, vous pouvez conserver la saveur du message évangélique, ou alors vous pouvez le perdre. En tant que communauté, portant dans votre cœur la lumière qui vient de Dieu, vous pouvez être la lumière qui illumine les autres, comme une ville située sur une montagne, ou bien vous pouvez devenir le contraire de cette lumière qui illumine les autres. Les hommes peuvent voir ce que vous faites de bien et en rendre gloire au Père qui est aux cieux, ou bien ils peuvent ne pas le voir, peut-être simplement parce que la lumière reste cachée sous le boisseau, ou encore parce qu'elle s'affaiblit!

Cette grande célébration jubilaire du baptême vous donne l'occasion de réfléchir sur les dons que vous avez reçus et sur les responsabilités qui en découlent. Au cours des siècles, ces dons ont été, assurément, multipliés de nombreuses fois en tous ceux qui sont devenus dans votre pays le sel de la terre, en ceux qui ont fait resplendir et qui continuent à faire resplendir la grande lumière du témoignage chrétien, de l'apostolat, de l'esprit missionnaire, du martyre, de toutes les formes de la sainteté. Que l'on pense aux martyrs depuis Pothin et Blandine de Lyon, aux pasteurs comme Martin ou Remi, François de Sales ou Eugène de Mazenod, aux saintes femmes comme Jeanne d'Arc, Marguerite-Marie ou Thérèse de Lisieux, aux apôtres de la charité comme Vincent de Paul, aux saints éducateurs comme Nicolas Roland ou Jean-Baptiste de La Salle en cette ville même, aux fondatrices missionnaires comme Anne-Marie Javouhey ou Claudine Thévenet. Ce grand jubilé du baptême doit vous amener à dresser un vaste bilan de l'histoire spirituelle de « l'âme française ». Vous vous souviendrez certes de temps obscurs, de bien des infidélités et des affrontements, conséquences du péché. Mais vous vous souviendrez que toute traversée de l'épreuve est un appel pressant à la conversion et à la sainteté, afin de suivre jusqu'au bout le Christ qui a livré sa vie pour le salut du monde. C'est quand la nuit nous enveloppe que nous devons penser à l'aube qui poindra, que nous devons croire que l'Église chaque matin renaît par ses saints. « Qui l'a une fois compris, disait Bernanos, est entré au cœur de la foi catholique, a senti tressaillir dans sa chair mortelle... une espérance surhumaine ».

[...] C'est justement parce que vous avez derrière vous tant de siècles de christianisme que vous êtes appelés à agir de manière digne de la vocation chrétienne. La vocation des baptisés a une dimension constante, éternelle, et elle a une dimension particulière, temporelle. En un sens, les chrétiens de notre temps ont la même vocation que les premières générations de chrétiens de votre terre, et, en même temps, leur vocation est déterminée par l'étape présente de l'histoire. L'Église est toujours une Église du temps présent. Elle ne regarde pas son héritage comme le trésor d'un passé révolu, mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux. L'Église va entrer dans son troisième millénaire. Il faut déchiffrer notre vocation chrétienne en fonction de notre temps, à la lumière des enseignements du Concile Vatican II sur l'Église, Lumière des nations, et sur l'Église dans le monde de ce temps: dans une attitude fraternelle, avec amour pour tous les hommes, l'Église n'a d'autre but que de «continuer, sous la conduite de l'Esprit consolateur, l'œuvre du Christ lui-même, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir, non pour être servi ». Catholiques de France, en communion dans la foi, l'espérance et l'amour avec vos frères de toutes les régions du monde, soyez aujourd'hui le vivant reflet du visage du Christ, présent en son Corps qui est l'Église!

Frères et Sœurs, nous avons chanté comme refrain du psaume: « J'ai choisi d'habiter la maison de Dieu, j'ai choisi le bonheur et la vie! ». Que cette célébration jubilaire du baptême de Clovis vous remplis, de joie, car elle rappelle le choix accompli il y a quinze siècles. Il faut se réjouir pour le choix renouvelé au cours des siècles par tant et tant de fils et de filles de votre terre; il faut se réjouir maintenant pour le choix fait par notre génération, au terme du deuxième millénaire. «J'ai choisi d'habiter la maison de Dieu »: ces paroles nous placent aussi dans la perspective eschatologique de la vocation chrétienne, dans la perspective de la fin des temps, quand le Christ rassemblera tous les membres de son Corps dans le Royaume du Père. Par don de la grâce, nous pouvons aussi chanter: «J'ai choisi le bonheur et la vie ». Oui, habiter dans la maison de Dieu est source de vie et de bonheur. Nous rappelons ceux qui nous ont précédés et qui sont accueillis désormais dans la maison de Dieu; nous prions en même temps pour ceux qui sont sur le chemin et pour que beaucoup d'autres s'y engagent. Que ne cesse de briller la lumière de la foi! Soyez dans la joie d'avoir choisi librement d'être unis au Christ par le baptême afin de marcher avec vos frères sur les chemins de vie!

De cette façon, nous célébrons aujourd'hui le XVème centenaire du baptême du Roi Clovis."


Ces canonisations devraient marquer le prochain Synode sur la famille

Extrait de l'éditorial d'Aymeric Pourbaix, à propos des canonisations de demain :

F"Concernant les pasteurs, c’est leur sainteté personnelle qui est sollicitée, plus que le gouvernement de l’Église, soumis aux aléas humains et temporels. Mais cette sainteté n’est pas non plus totalement déconnectée de l’époque dans laquelle elle a éclos. Celle de Jean XXIII, puis celle de Jean-Paul II, ont été dominées par une tempête dévastatrice : la révolution sexuelle. Déjà en 1959, Jean XXIII affirmait que « dans le monde contemporain, le mariage et la famille sont, hélas, trop souvent attaqués de multiples façons ; des principes fondamentaux de la morale naturelle y sont impunément niés ou méprisés ». Et il ajoutait : « Combien de foyers chrétiens, peu à peu pénétrés par une ambiance de naturalisme ou d’immoralité latente, en viennent à perdre de vue la grandeur surnaturelle de leur vocation ». Il n’est pas sûr que, de ce point de vue, les choses aient beaucoup changé !

Sauf que les papes, eux, ont pris la mesure du danger, et y ont répondu d’une manière magistrale. Bien souvent d’ailleurs, contre l’avis même de leurs proches conseillers, et d’une partie des clercs… [...] Un exemple : au début de son pontificat, Jean-Paul II consacrera pas moins de vingt-sept catéchèses pour expliquer une seule phrase, celle de Jésus parlant de l’adultère « dans le cœur », par le simple regard…

Pour l’avenir, ces canonisations constitueront ainsi une pierre d’angle, et devraient marquer en profondeur le prochain Synode sur la famille. Dans un contexte encore trouble, entretenu à l’intérieur même de l’Église, sur des questions essentielles comme celle de l’indissolubilité, nul doute que l’héritage de Jean-Paul II, notamment, va peser de tout son poids pour mieux faire connaître et diffuser cet « Évangile de la famille ».

Car une réalité terrestre aussi belle et grande que le mariage a également besoin d’être sauvée de cette « guerre incessante » entre la chair et l’esprit dont parlait saint Thomas. C’est ce que soulignait le fondateur des Équipes Notre-Dame, le Père Caffarel : « La grâce guérit l’amour et le recrée sans cesse »."


Journées de prière à Rome

Rome accueille ces jours-ci des centaines de milliers de fidèles qui assisteront demain Place St Pierre à la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II, à laquelle prendront part les délégations de plus de 100 pays et au moins 24 chefs d'Etat. 19 écrans géants ont été installés : 3 écrans dans le centre, rue des Forums Impériaux, un à l'aéroport romain de Fiumicino et un autre Place du Dôme à Milan. 9 écrans sont répartie dans les rues les plus proches de la Place St Pierre: Via della Conciliazione, Place Pie XII, dans la zone piétonne et les jardins du château St.Ange. Un autre se trouvera place Navone pour les pèlerins de langue polonaise et un place Farnèse pour les pèlerins de langue française, un autre encore place Ste Marie Majeure. 

Hier, les pèlerins français ont ouvert le 'Chemin de sainteté' qui se terminera le 27 avril. Il s'agit d'un parcours entre art et foi qui passe par les 5 églises que compte cette communauté à Rome. De même, les universitaires qui assisteront à la canonisation participeront à une messe dans la chapelle St.Thomas d'Aquin de l'université romaine de Tor Vergata.

Aujourd'hui, à partir de 18h, les fidèles bergamasques, de la région natale de Jean XXIII, se réuniront dans la basilique St.Jean de Latran, alors qu'à 19h, une veillée de prière commencera à Ste.Marie de Montesanto, l'église des artistes place du Peuple. A 21h, commencera la nuit blanche de prière.

Les églises du centre de Rome seront ouvertes pour tous les fidèles qui souhaitent prier et se confesser, et dans 11 d'entre elles, Ste.Agnès en Agonie, St.Marc au Capitole, Ste.Anastasie, St.Nom de Jésus, Ste.Marie à Valicella, St.Jean des Florentins, St.André de la Vallée, St.Bartholomée de l’île Tibérine, St.Ignace de Loyola à Campo Marzio, les Sts.Stigmates, les Douze Apôtres et la basilique du Sacré-Cœur de Jésus, auront lieu des célébrations liturgiques en différentes langues.

L'accès à la place St Pierre est gratuit et il n'y a pas de billets en vente. Mais il faut se lever tôt...


De Jean XXIII à Jean-Paul II, un enseignement constant en matière de doctrine sociale

Jean-Yves Naudet, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, président de l'Association des Economistes Catholiques (AEC), analyse dans le Figarovox l'enseignement des papes Jean XXIII et Jean-Paul II en matière de doctrine sociale. Extraits :

"L'un et l'autre ont attaché une grande importance à ces questions, comme en témoignent les deux encycliques sociales de Jean XXIII (Mater et Magistra, 1961 et Pacem in terris, 1963) et les trois encycliques sociales de Jean-Paul II (Laborem exercens, 1981, Sollicitudo rei socialis, 1987 et Centesimus annus 1991). Comme l'explique Jean-Paul II, ils ont mis en lumière «la fécondité des principes exprimés par Léon XIII, principes qui appartiennent au patrimoine doctrinal de l'Eglise» , à commencer par la clef de lecture de cet enseignement: «la juste conception de la personne humaine, de sa valeur unique», et donc de sa «dignité incomparable».

L'un comme l'autre rappellent que «le droit de propriété privée, même des moyens de production, vaut en tout temps, car il fait partie du droit naturel» et que «là où le pouvoir politique ne reconnait pas aux particuliers la propriété des moyens de production, les libertés fondamentales sont ou violées ou supprimées» (MM § 109). Bien entendu, comme le montre le titre du chapitre IV de Centesimus annus «Propriété privée et destination universelle des biens», la propriété doit bénéficier à tous et pour cela le propriétaire doit la faire fructifier pour le bien de tous, créant ainsi emplois et revenus ; chacun a un devoir de solidarité vis-à-vis des plus démunis, car «il y a un certain dû à l'homme parce qu'il est homme».

Autre principe essentiel, le bien commun, dont Jean XXIII donne une définition éclairante: «l'ensemble des conditions sociales permettant à la personne d'atteindre mieux et plus facilement son plein épanouissement» (MM § 65): le bien commun n'est donc pas un vague intérêt général ; il n'est pas plus un résultat ; il s'agit des moyens permettant l'épanouissement de chaque personne. On est loin d'une vision collectiviste du bien commun. [...]

Mais entre Jean XXIII et Jean-Paul II, le monde a changé et la société de consommation est passée par là, du moins dans les pays riches. Or elle ne suffit pas à rendre les hommes heureux, les papes prolongeant ici la parole de Jésus: «l'homme ne vit pas seulement de pain». Certes, «il n'est pas mauvais de vouloir vivre mieux» ; consommer c'est se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner, s'éduquer, mais cela nécessite «un vaste travail éducatif et culturel, qui comprenne l'éducation des consommateurs à un usage responsable de leur pouvoir de choisir» (CA § 36) et qui n'enferme pas l'homme dans une perspective purement matérialiste.

Bien sûr, le changement du monde, c'est aussi la chute du communisme, à laquelle Jean-Paul II a tant contribué avec ses amis polonais, mais Jean XXIII affirmait déjà qu'il «faut en premier lieu poser que, dans le domaine économique, la priorité revient à l'initiative privée des individus «(MM §51), ce qui n'exclut en rien le rôle légitime de l'Etat, mais qui n'est que l'application du principe de subsidiarité. Après la chute du mur de Berlin, cela conduira Jean-Paul II à souligner «les avantages solides» du marché, mais aussi ses limites (CA §40): tout ne s'achète pas, tout ne se vend pas, et une économie de marché a besoin d'un cadre juridique ferme et d'une éthique forte. Mais c'est avant tout une question culturelle, plus que de technique économique, et si «la production et la consommation des marchandises finissent pas occuper le centre de la vie sociale et deviennent la seule valeur de la société» «il faut en chercher la cause (...) dans le fait que le système socio-culturel, ignorant la dimension éthique et religieuse, s'est affaibli». (CA § 39). C'est donc d'abord à une reconstruction morale des personnes et de la société que nous appellent ces deux papes.

Pour sortir des oppositions stériles entre individualisme et collectivisme, l'un et l'autre insistent sur l'importance des corps intermédiaires, ce que Jean-Paul II appellera «la personnalité de la société» (CA § 13). On ne sera pas surpris qu'au-delà des corps intermédiaires de la vie sociale, associations, syndicats, entreprises, collectivités locales, Jean XXIII comme Jean-Paul II accordent la place essentielle à la famille, structure fondamentale pour une écologie humaine, dans laquelle on «apprend ce que signifie aimer et être aimé et, par conséquent, ce que veut dire concrètement être une personne «(CA§39). [...]"


Relire Jean-Paul II - Homélie au Bourget

En juin 1980, Jean-Paul II effectue un voyage apostolique en France. Son homélie au Bourget restera célèbre. Extrait :

3"Aujourd’hui, dans la capitale de l’histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté: Fille aînée de l’Eglise. Et j’aimerais, en reprenant ce titre, adorer avec vous le mystère admirable de la Providence. Je voudrais rendre hommage au Dieu vivant qui, agissant à travers les peuples, écrit l’histoire du salut dans le cœur de l’homme. Cette histoire est aussi vieille que l’homme. Elle remonte même à sa « préhistoire », elle remonte au commencement. Quand le Christ a dit aux Apôtres: « Allez, enseignez toutes les nations... », il a déjà confirmé la durée de l’histoire du salut, et en même temps il a annoncé cette étape particulière, la dernière étape.

Cette histoire particulière est caché au plus intime de l’homme, elle est mystérieuse et pourtant réelle aussi dans sa réalité historique, elle est revêtue, d’une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. Un très grand chapitre de cette histoire a été inscrit dans l’histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il serait difficile de les nommer tous, mais j’évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie: Jeanne d’Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, Sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld, et tous les autres. Ils sont tellement présents dans la vie de toute l’Eglise, tellement influents par la lumière et la puissance de l’Esprit Saint!

Ils vous diraient tous mieux que moi que l’histoire du salut a commencé avec l’histoire de l’homme, que l’histoire du salut connaît toujours un nouveau commencement, qu’elle commence en tout homme venant en ce monde. De cette façon, l’histoire du salut entre dans l’histoire des peuples, des nations, des patries, des continents.

L’histoire du salut commence en Dieu. C’est précisément ce que le Christ a révélé et a déclaré jusqu’à la fin lorsqu’il a dit: « Allez.... enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». [...]

Au cœur de cette mission, au cœur de la mission du Christ, il y a l’homme, tout homme. A travers l’homme, il y a les nations, toutes les nations. [...]

Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont-là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. Pour nous, l’alliance intérieure avec la sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme.

Le développement contemporain et le progrès auxquels nous participons sont-ils le fruit de l’alliance avec la sagesse? Ne sont-ils pas seulement une science toujours plus exacte des objets et des choses, sur laquelle se construit le progrès vertigineux de la technique? L’homme, artisan de ce progrès, ne devient-il pas toujours plus l’objet de ce processus? Et voilà que s’effondre toujours plus en lui et autour de lui cette alliance avec la sagesse, l’éternelle alliance avec la sagesse qui est elle-même la source de la culture, c’est-à-dire de la vrai croissance de l’homme.

Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Au nom de cette alliance, il est né de la Vierge Marie et il a annoncé l’Evangile. Au nom de cette alliance, « crucifié... sous Ponce Pilate » il est allé sur la croix et il est ressuscité. Au nom de cette alliance, renouvelée dans sa mort et dans sa résurrection, il nous donne son Esprit...

L’alliance avec la sagesse éternelle continue en Lui. Elle continue au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Elle continue comme le fait d’enseigner les nations et de baptiser, comme l’Evangile et l’Eucharistie. Elle continue comme l’Eglise, c’est-à-dire le Corps du Christ, le peuple de Dieu.

Dans cette alliance, l’homme doit croître et se développer comme homme. Il doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité, c’est-à-dire comme image et ressemblance de Dieu lui-même. Il doit croître et se développer comme fils de l’adoption divine.

Comme fils de l’adoption divine, l’homme doit croître et se développer à travers tout ce qui concourt au développement et au progrès du monde où il vit. A travers toutes les œuvres de ses mains et de son génie. A travers les succès de la science contemporaine et l’application de la technique moderne. A travers tout ce qu’il connaît au sujet du macrocosme et du microcosme, grâce à un équipement toujours plus perfectionné.

[...] Ecoutons encore une fois ce que dit le Christ par ces mots: « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre », et méditons toute la vérité de ces paroles.

Le Christ, à la fin, dit encore ceci: « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »; cela signifie donc aussi: aujourd’hui, en 1980, pour toute époque.

Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas.

Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout: le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vrai culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit!

Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger:
France, Fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême?

Permettez-moi de vous demander:
France, Fille de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle?

Pardonnez-moi cette question. Je l’ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l’ai posée par sollicitude pour l’Eglise dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l’homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père Fils et Saint-Esprit."


Le «clergé Jean Paul II» est complètement décomplexé

De l'abbé Amar :

"Disciple d'un pape orphelin à 20 ans, qui a affronté successivement deux totalitarismes, le «clergé Jean Paul II» est complètement décomplexé. Quand il parle, il ne se demande jamais s'il va plaire: il proclame ce qu'il sait être vrai. Un symptôme intéressant est qu'il n'envisage de déployer son sacerdoce que revêtu d'un col romain parfois même d'une soutane. Une sorte de tenue de service, presque une charte graphique (!) qui a l'immense avantage de rappeler quelque chose avant même d'avoir pris la parole. Rares et bien occupés, les prêtres quarantenaires ne s'excusent pas d'être des ecclésiastiques: «je suis prêtre, et alors?». Certains se demandent comment on peut être heureux dans le célibat volontaire en travaillant sept jours sur sept, surtout le dimanche! Oui ces prêtres sont heureux. Certes, il leur arrive de s'interroger sur le choix de Dieu: «pourquoi moi?». Alors, ils pensent à cet homme qui ne pensait certainement pas devenir pape lorsqu'il a été ordonné prêtre en 1946. Comme eux, il a entendu un appel: «viens et suis moi». Et quand tu le feras, n'ai pas peur !"


Jean-Paul II, le saint de la nouvelle évangélisation

Le père Jean-Marc Barreau, Docteur en théologie, de Montréal, au Canada, a publié un ouvrage sur Jean-Paul II, le pape de la nouvelle évangélisation. Il déclarait récemment :

B"L’ouvrage [...] définit le concept de nouvelle évangélisation à partir de la vision pastorale de Jean-Paul II autour de quatre piliers théologiques fondamentaux. Deux retiennent ici notre attention. Le premier regarde l’ancrage de la théologie de la nouvelle évangélisation dans le mystère de la personne du Christ, Jean-Paul II insistera sur la nécessité de Repartir du Christ. Le second regarde le soubassement anthropologique ou philosophique au dit concept, Jean-Paul II parlera de métaphysique de l’acte.

C’est bien l’ensemble du pontificat de Jean-Paul II qui serait à analyser autour de ce thème : Repartir du Christ. Le pape y précise le concept de nouvelle évangélisation comme un renouveau de l’engagement de l’Église enrichie du contenu théologique et spirituel du concile Vatican II. C’est celui de chaque baptisé, repartant de la personne du Christ à l’exemple de « Jean-Paul II, Le Saint de la nouvelle évangélisation ». De surcroît, ce concept de nouvelle évangélisation pose la question du réalisme de l’acte de foi quand la postmodernité se définit notamment par un relativisme idéologique invétéré, présent au cœur de nos sociétés occidentales telle une encre noire imprégnant un buvard, nous y reviendrons.   

Repartir du Christ disait Jean-Paul II. Ce thème n’ouvre pas la porte à une univocité religieuse quelconque. Sous l’angle de l’éducation, il faut comprendre que pour palier à ces maux qui traversent la postmodernité et qui rongent la structure même de la personne ─ la coopération entre son intelligence et sa volonté ─, il faut à tout prix retrouver ce réalisme de l’autre… Repartir de l’autre ! Cet autre peut être le Christ quand il s’agit d’une éducation chrétienne, mais cet autre peut être ce leader rencontré, ce mentor connu, cet éducateur de rue, ce parent ou ce grand parent. [...]"