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10 septembre à Paris : Conférence sur Vladimir Poutine

Aéropage
Le Cercle de l'Aréopage nous invite à un dîner-conférence du Cercle sur le thème :

Un regard franco-russe sur Poutine

Par Héléna Perroud

Rendez-vous Lundi 10 Septembre vers 19h30
au Parloir du Vieux Colombier

9 Rue du Vieux Colombier, 75006 Paris (métro 4 St. Sulpice)

Participation aux frais : 10€.

pour s'inscrire, envoyer un courriel à : [email protected]


Un prêtre orthodoxe répand de l'eau bénite après une Gay Pride

Lu sur Le Forum catholique :

"Un défilé de la fierté LGBT a eu lieu le week-end dernier à Odessa, en Ukraine. Un prêtre orthodoxe a donc visité le site du défilé et a nettoyé l'espace avec de l'eau bénite. En effet, le père Oleg Mokryak, du diocèse orthodoxe d'Odessa, a procédé au nettoyage spirituel des lieux avec l'aide d'un groupe de laïcs. L'eau bénite fut aspergée sur les gens, sur la route et sur les monuments pendant qu'ils marchaient et expliquaient aux spectateurs qu'ils nettoyaient spécifiquement la zone après le défilé LGBT. Source"

Pendant ce temps, à Dublin, à la Rencontre Mondiale des Familles, le père jésuite James Martin, consultant au service communication du Saint-Siège, tient un colloque appelant à accueillir les personnes LGBT, alors que l'Eglise refuse d'enfermer les personnes homosexuelles au sein du lobby. Le religieux jésuite ne cache pas le caractère hétérodoxe de ses positions : « une partie du langage employé par le catéchisme au sujet de l’homosexualité a besoin d’être mise à jour », déclarait-il le 6 juin 2017 sur Religion News Service. En ces temps de dénonciation de prêtres homosexuels prédateurs, c'est singulièrement mal venu et c'est une insulte au pape. Le congrès Lumen Fidei proteste contre cette récupération LGBT.


Action de grâce pour le rejet de la « Convention d’Istanbul » par la Cour constitutionnelle bulgare

Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie a publié le message suivant, en date du 3 août 2018, après le rejet de la Cour constitutionnelle bulgare de la « Convention d’Istanbul ».

« Gloire à Dieu pour tous Ses bienfaits au peuple bulgare ! Grâce à la grande Providence divine ainsi qu’à la sagesse et à la conscience de la majorité des juges constitutionnels, a été prise la décision juste et conforme à la constitution de rejeter la soi-disant « Convention d’Istanbul ».

Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Bulgarie a exprimé en son temps sa position ferme contre son adoption, comme contrevenant à la doctrine orthodoxe de la création de l’homme et de la femme comme images et ressemblances de Dieu et aussi comme êtres biologiques. Le Saint-Synode s’est également prononcé contre l’introduction de concepts incompatibles avec l’ordre public et le droit bulgares. Par sa décision, le Saint-Synode avait appelé à élever des prières à la Très sainte Mère de Dieu dans les églises et monastères des diocèses de l’Église orthodoxe bulgare contre l’adoption de cette convention par l’Assemblée nationale. Dieu seul est juge, mais une décision juste est atteinte par les efforts, l’inspiration, la conscience et la sagesse de nombreuses personnes, le clergé, les savants, les acteurs de la société, les journalistes, les juristes, les représentants de l’État, les politiciens, la majorité du pieux peuple bulgare.

Tous ensemble se sont unis, ayant à l’esprit les fondements moraux de la société, aspirant à préserver l’État et à défendre l’avenir de la Bulgarie – nos enfants – et ont manifesté leur désaccord avec l’introduction d’un traité international dont les conceptions et l’idéologie sont incompatibles avec la morale traditionnelle chrétienne du peuple bulgare. Les paroles de Celui qui connaît les cœurs – le Seigneur Jésus-Christ – ont été accomplies : « là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matth. 18, 20). Lorsque nous demandons à Dieu Son aide, nous devons Lui rendre grâce et ne pas imiter les dix lépreux, dont un seul revint et Lui rendit grâce après avoir demandé Sa miséricorde et la guérison (Lc 17, 12-19).

C’est précisément pour cela que nous saluons avec gratitude la décision du Tribunal constitutionnel de la République de Bulgarie de déclarer inconstitutionnelle la soi-disant Convention d’Istanbul et que nous donnons notre bénédiction pour que dans les églises et les monastères de l’Église orthodoxe bulgare, en Bulgarie et à l’étranger, lors du carême de la Dormition, une prière d’action de grâce à Dieu soit lue après le canon à la Mère de Dieu, pour la prospérité du peuple bulgare ».


Les orthodoxes prient lors du centenaire de l’assassinat du tsar Nicolas II et de la famille impériale

La vidéo ci-dessous rend compte de la procession, avec le patriarche Cyrille, qui a eu lieu le 17 juillet (nuit du 16 au 17), à Ekaterinbourg en Russie, pour le centenaire de l'assassinat du tsar Nicolas II et de la famille impériale. 100 0000 personnes y ont participé. 

Impressionnant :

Par ailleurs, le patriarche de Serbie Irénée a présidé, le 17 juillet, la sainte liturgie en l’église russe de la Sainte-Trinité à Belgrade. Il était assisté de l’évêque de Remesiana Stéphane, vicaire patriarcal, et d’un grand nombre de prêtres. L’évêque de Šabac Laurent assistait à la célébration. Dès l’ouverture de l’église de la Sainte-Trinité, des Russes et des Serbes, des fidèles venus de plusieurs diocèses de l’Église orthodoxe serbe, ont vénéré l’icône du saint tsar et la copie de l’icône miraculeuse de Baïtaly. À l’issue de la liturgie, le patriarche Irénée a célébré l’office de la « slava » en l’honneur des martyrs impériaux. À la liturgie assistaient

  • le ministre du Développement technologique Nenad Popović,
  • le directeur du bureau pour la coopération avec les Églises et les communautés religieuses Marko Nikolić,
  • Denis Kundliéïev, chargé d’affaires de l’ambassade de la Fédération de Russie à Belgrade
  • Alexandre Kaninikhine, premier conseiller et attaché culturel de la même ambassade,
  • Dimitri Malechev, ancien directeur de la société NIS, des membres de l’armée et de la police de la République de Serbie.

Une procession s’en est suivie avec à sa tête le patriarche de Serbie Irénée, les évêques de Šabac Laurent et de Remesiana Stéphane, ainsi que de nombreux prêtres et fidèles. La procession, à laquelle s’est joint le maire adjoint de Belgrade, Goran Vesić, est passée devant le Parlement pour se diriger ensuite vers le monument au saint tsar Nicolas II. Dans son allocution devant le monument, le patriarche Irénée a rappelé que le tsar était né le jour de la mémoire de saint Job, et avait porté en lui, avant tout, l’amour du Seigneur, de sa patrie russe et de sa famille. Le patriarche a ensuite évoqué la Russie éprouvée et le régime athée, ainsi que sa résurrection par son retour à Dieu. 


Les Orthodoxes contre la Convention d'Istanbul

Extrait de la déclaration du Comité des représentants des Églises orthodoxes auprès de l’Union européenne (CROCEU) au sujet de la « Convention d’Istanbul » :

"Le CROCEU exprime sa sérieuse préoccupation au sujet de l’introduction d’un nouveau terme légal dans le texte de la convention, à savoir le « genre » et d’autres termes y relatifs. Les discussions publiques en cours sur le véritable sens de ce terme confirment le manque d’approche unifiée et unanime de cette interprétation parmi ceux qui sont appelés à implémenter la Convention dans la législation de leurs pays. Il y a une forte raison de croire que la Convention pourrait être utilisée comme le premier pas vers de futures tentatives de légaliser les notions de « genre » et «d’identité de genre » dans un contexte juridique, ce qui contredirait l’enseignement biblique sur les hommes et les femmes ainsi que les relations entre eux (« argument de la pente glissante »). Le CROCEU invite les pays qui ont déjà signé et ratifié la Convention à interpréter ses dispositions, particulièrement le terme « genre » et ceux qui lui sont relatifs, dans le cadre du concept de « deux sexes » tels qu’ils ont été créés par Dieu, à savoir homme et femme."


L'orthodoxie est en croissance en France

Paris_-_Cathédrale_orthodoxe_russe_de_la_Sainte-Trinité_-_1Au début des années 2000, on comptait environ 160 paroisses et lieux monastiques. Selon l’Annuaire de l’Église orthodoxe publié en 2017, on recense actuellement 278 lieux de culte, monastères inclus (une vingtaine), ils étaient 238 en 2010. Le nombre des évêques (10), ainsi que des prêtres et des diacres (330 pour les deux) a lui aussi augmenté. Par orthodoxe, il faut entendre les Églises orthodoxes chalcédoniennes (qui ont accepté les décisions du IVe concile œcuménique de Chalcédoine en 451), qui sont quatorze à être autocéphales, c’est-à-dire pleinement indépendantes tout en étant en communion, dans le monde. On y adjoint parfois, à tort, les Églises dites orthodoxes orientales, ou préchalcédoniennes, comme les Églises arménienne, copte, éthiopienne et syriaque, qui ne sont pas en communion avec les Églises orthodoxes chalcédoniennes.

La question du nombre des croyants est très discutée. Le chiffre de 200 000 était avancé jusque dans les années 1990 pour la France. Il est incontestablement supérieur aujourd’hui. L’Annuaire 2017 pose celui de 500 000. Dernièrement, un article du quotidien La Croix mentionnait même 700 000 orthodoxes. 

Le symbole le plus important de ce dynamisme est sans doute l’inauguration du « centre spirituel et culturel orthodoxe russe »le 19 octobre 2016 à Paris, entre Tour Eiffel et Invalides, au pied du pont de l’Alma. Le centre est constitué de la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité, d’un centre culturel comprenant deux salles d’exposition, d’un bâtiment administratif doté d’un auditorium de 200 places, des locaux du service culturel de l’ambassade de Russie et d’appartements. Sans oublier un pôle éducatif qui devrait accueillir jusqu’à 150 enfants et adultes autour de salles de classe, d’ateliers, d’une bibliothèque et d’une cour avec préau. La grande croix surmontant le plus haut dôme culmine à 36,20 mètres, une hauteur contrainte par les règles d’urbanisme dans ce périmètre classé au patrimoine de l’Unesco.

Plusieurs paroisses roumaines francophones ont été créés ces dernières années. A Auvers-sur-Oise, les catholiques leurs ont vendu une chapelle.


Position commune des orthodoxes et des catholiques d’Islande sur l’euthanasie

Lu sur Orthodoxie :

"L’évêque catholique de Reykjavik, David Tenser, et l’archiprêtre Timofeï Zalotouski, recteur de la paroisse orthodoxe stavropégique Saint-Nicolas, ont signé et adressé au Parlement islandais une lettre commune, exprimant leur position sur la prochaine discussion de l’euthanasie par les parlementaires. Tuer qui que ce soit, ou aider qui que ce soit à se tuer lui-même n’est ni une bonne mort (« euthanasie ») ni une aide à mourir (« aider celui qui meurt »), mais un acte criminel, est-il souligné dans la lettre. « Nous ne pouvons en aucun cas approuver ces actes, car ils vont à l’encontre des lois de la nature et contredisent les principaux commandements du christianisme » affirment les orthodoxes et catholiques dans leur lettre. Les auteurs du message disent à la fin de la lettre espérer que la discussion de l’euthanasie ne sera pas incluse à l’agenda du Parlement islandais. Cette déclaration commune de l’évêque catholique et du recteur de la paroisse orthodoxe témoigne de la mise en application des principes énoncés lors de la rencontre du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie avec le pape François de Rome à La Havane, en février 2016. Cette rencontre avait abouti à un accord sur le soutien commun des valeurs morales chrétiennes traditionnelles. Le patriarche Cyrille et le pape François avaient aussi exprimé leur rejet de l’euthanasie, de l’avortement et des unions homosexuelles."


L’Église orthodoxe de Bulgarie dénonce l’idéologie du « genre »

L’Église orthodoxe de Bulgarie demande au parlement bulgare de ne pas ratifier la « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». Tout en soulignant qu’il s’oppose tant aux violences à l’égard des femmes qu’aux discriminations touchant celles-ci, le Saint-Synode de l’Église bulgare se dresse contre l’idéologie du « genre » contenue dans la Convention d’Istanbul et qui a été atténuée dans la traduction bulgare du texte incriminé. Voici l’appel du Saint-Synode :

Capture d’écran 2018-01-24 à 20.03.45« Chers compatriotes, chers enfants de Dieu de notre sainte Église orthodoxe de Bulgarie, chers représentants du pouvoir civil,

La raison de notre appel est la « Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». Ladite convention soulève des inquiétudes sur l’avenir de la civilisation européenne chrétienne, du fait qu’elle contient une nouvelle conception de l’homme, l’homme comme auto-suffisant, l’homme sans Dieu, qui suit ses désirs et ses passions à un point telle qu’il puisse déterminer même son sexe.

Ce concept ouvre la porte à la déchéance morale qui conduit inévitablement à la destruction psycho-physique de l’homme, à une « seconde mort » qui est une mort spirituelle. Cela est diamétralement opposé à notre foi, au centre de laquelle se trouve le Dieu-homme Christ, et qui nous enseigne que le sens de la vie du chrétien consiste dans le salut et l’amour envers Dieu et le prochain. C’est pourquoi il n’y a pas de chrétien qui n’approuve la lutte contre la violence, plus encore la violence à l’égard des femmes.

La déclaration d’Istanbul sort du cadre de la régulation juridique de cette question, étant donné qu’elle amène au changement de notre vision du monde. Les liens entre les sexes, l’attitude envers la religion, les traditions, les usages, l’instruction, tels qu’incarnés dans les idées de la convention, contredisent les convictions séculaires du peuple bulgare dans le domaine de la foi, de la nationalité, de la moralité, de l’honnêteté, de la dignité, de l’instruction et de la famille. Au cours de plus d’un millier d’années, notre peuple a vécu avec une seule aspiration : incarner la justice, l’amour et la sainteté évangéliques, devenir un peuple saint et un peuple de Dieu (I Pierre 2, 9-10, I, 15-16) qui, au cours de son histoire, prêche les valeurs divines et les vertus. Bien qu’il s’agisse d’un acte juridique, la Convention possède aussi une dimension spirituelle – c’est un instrument qui instille un système de valeurs qui nous sont étrangères, qui permet à la société d’être dirigée par un nouveau modèle qui correspond aux intérêts d’une petite partie.

Dans le texte officiel de la Convention en anglais, partout où [en bulgare, ndt] est utilisé le terme « sexe social », se trouve le mot « genre ». Dans ce texte, la conception de « genre » diffère catégoriquement de celle de sexe, constituant ainsi une autre notion, inconnue du système juridique bulgare et inexistante dans le dictionnaire de la langue bulgare. Aussi, une nouvelle traduction ne changera pas le sens et l’esprit de la Convention, dans laquelle l’utilisation du terme « genre » et ses dérivés poursuivent des buts différents de ceux qui sont proclamés, à savoir la défense de la femme contre la violence. Ces termes sont utilisés pour faire de la politique de l’État une idéologie qui nie que l’être humain existe comme homme ou femme, et cela est confirmé par une langue artificielle nouvelle que nous trouvons dans la Convention, et qui est étrangère et inconnue à notre mentalité, notre culture, nos usages et à la tradition orthodoxe. Selon cette idéologie, le sexe de l’être humain comme homme ou femme n’a pas d’importance pour sa personnalité, mais se présente comme « la dictature de la nature » sur le libre choix de l’homme, une dictature dont il faut se libérer. Cette idéologie qui, par la ratification de la Convention, deviendrait une règle de droit contraignante pour les citoyens bulgares, nie une vérité biblique fondamentale: «Et Dieu créa l’homme ; il le créa à l’image de Dieu ; il les créa mâle et femelle. « (Genèse 1:27).

Pour le Saint-Synode, exprimant la voix des chrétiens orthodoxes bulgares, la lutte avec la violence concernant les femmes et la violence dans la famille sont liés directement aux vertus évangéliques, la première et la plus grande de toutes étant l’amour envers Dieu et les hommes. Les dispositions de la Convention sur l’introduction de l’enseignement du « rôle non stéréotypé des genres » « dans les programmes d’enseignement officiels et à tous les nouveaux de l’éducation » sont dirigées contre le mariage prescrit entre homme et femme – l’Église domestique, dans laquelle l’amour est exprimé et sert au salut de l’homme. Conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme : « La famille est l’élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l’État ». Le point de repère pour conserver cela est la fidélité et la confiance entre les époux dans toutes leurs dimensions. Sans cela, la société se désintégrera et la génération ainsi créée sera privée d’amour, de soins et d’éducation. Les conséquences de la négation des vérités bibliques sont tragiques, et nous les observons dans de nombreuses sociétés, dans lesquelles l’idéologie du « genre » est depuis longtemps une politique d’État. Nous appelons l’Assemblée nationale à ne pas ratifier la Convention d’Istanbul, qui introduit des concepts contraires à notre foi orthodoxe, nos traditions nationales et notre système juridique. Nous appelons le peuple bulgare à défendre sa foi, qu’il a préservée au milieu de toutes les épreuves historiques ! Le devoir sacré et paternel du Saint-Synode de l’Église orthodoxe bulgare est de rappeler au peuple de Dieu les paroles de la sainte Bible : « Malheur à ceux qui appellent qui déclarent bien le mal, et mal le bien ! » (Isaïe V, 20)."


Exposition exceptionnelle sur les peintres russes non conformistes au Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe

Couv VSAlors que l’on célèbre le centenaire de la révolution sanglante de 1917, l’exposition sur les peintre russes non-conformistes rend hommage à tous ces artistes héroïques qui résistèrent au nom de la liberté, avec leurs pinceaux et leur volonté : Chemiakine, Rabine, Neizvestnyi, Boulatov, Titov, Nemoukhine, Zverev…

Qu’on les appelle « non officiels » « deuxième avant-garde », « dissidents », «underground» ou encore «non conformistes», les peintres russes qui s’opposèrent, au péril de leur vie, à partir de la fin des années 1950 aux canons formels de l’art officiel soviétique - le tristement célèbre réalisme socialiste - ont profondément marqué l’histoire de la Russie.

Exposée pour la première fois en France, la collection privée de Victor Scherrer est consacrée aux peintres russes « non conformistes », pour certains contraints à l’exil après l’« Exposition des Bulldozers » de 1974 et pour d’autres pourchassés par le régime soviétique, entre 1959 et son effondrement, symbolisé par la chute du mur de Berlin en 1989. Cette collection unique témoigne de ces trente années de trou noir dans l’histoire culturelle russe. Peintres méprisés, bafoués ou persécutés, avec leurs oeuvres confisquées ou détruites, ces artistes sortent aujourd’hui de l’oubli et de l’ombre pour remplir ce vide laissé dans l’histoire de l’art russe. La saga non conformiste marque ainsi la naissance d’un mythe. Un mythe mobilisateur pour la peinture et les peintres du XXIe siècle.

CentreOrthodoxe-9Cette exposition exceptionnelle est organisée par Grégoire Boucher, directeur des éditions TerraMare, sous le patronage de Monseigneur Nestor, Évêque de Chersonèse, en charge des communautés du Patriarcat de Moscou en France, Suisse, Espagne et Portugal, à l’occasion de la parution aux éditions TerraMare du livre de Victor Scherrer, et retrace l’itinéraire d’un chef d’entreprise et collectionneur français, « russophile et philorthodoxe ».

L’exposition se tient au Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe Russe du 16 au 30 novembre, du mardi au dimanche, de12h00 à19h00 -

Entrée libre - Peintre russes NON conformistes de Victor Scherrer www.editions-terramare.com


Dans l'esclavage du sovkhoze

I-Moyenne-10535-comme-l-eclair-part-de-l-orient.-itineraire-d-un-pelerin-russe.aspxNé dans le Caucase en 1981, Alexandre Siniakov est entré au monastère à Kostroma à l’âge de quinze ans. Il a ensuite étudié à l’Institut catholique de Toulouse avant de poursuivre sa formation à Paris et à Louvain. Il témoigne de sa jeunesse dans un sovkhoze communiste et de sa conversion dans un ouvrage intitulé Comme l'éclair part de l'Orient. Itinéraire d'un pèlerin russe.

Le père Alexandre Siniakov raconte son chemin atypique qui l’a conduit des steppes du Caucase à la France, témoignant aussi de son itinéraire spirituel et intellectuel, dans un milieu communiste ... qu'il retrouve en France :

"Quant aux révolutionnaires inassouvis, plus nombreux en France qu'en Russie, c'est pour n'avoir pas connu la collectivisation des terres qu'ils se prennent parfois à l'espérer. Il peut s'agir de communistes de désir qui s'acharnent à voir en tout échec d'une révolution passée la marque de son incomplétude ou de son insuffisante radicalité et qui se muent dès lors volontiers en archéologues bienveillants des réalisations collectives soviétiques les plus présentables. [...] Aux uns comme aux autres, il me faut rappeler ou apprendre ce que fut mon sovkhoze, comme le psalmiste lui-même rappelait ou apprenait au peuple juif ce qu'avait été son esclavage.

Petit-fils de Cosaques illettrés, j'ai été coupé de mes racines par les éducateurs de l'école soviétique, qui m'ont encouragé à rougir de mes origines. J'ai renié les coutumes "obscurantistes" de mes aïeux pour devenir "octobriste", puis "pionnier" de l'humanité nouvelle, étant régulièrement promu à ces grades honorifiques qui ponctuaient le cursus honoris des jeunesses communistes. Au cours des cérémonies solennelles célébrant le régime, j'ai été tour à tour vestale du "feu inextinguible" du Soldat inconnu, j'ai pratiqué avec enthousiasme le culte de la Révolution et de la Victoire, vibré au son des hymnes patriotiques, défilé en brandissant fièrement le drapeau rouge dans les parades du 1er mai."


Rapport des Etats-Unis sur la liberté des chrétiens en Turquie

Dans son rapport 2016 sur la liberté religieuse en Turquie, le Département d’État américain évoque la question de la Faculté de Halki et de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, ainsi que les interventions des diplomates des États-Unis à ce sujet :

« Le gouvernement [turc] continue à ne pas reconnaître le Patriarcat œcuménique comme le leader des 300 millions de chrétiens orthodoxes dans le monde, de façon cohérente avec la position gouvernementale selon laquelle il n’y a pas d’obligation légale de le faire. La position du gouvernement reste que le patriarche œcuménique n’est pas « œcuménique », mais qu’il est seulement le leader religieux de la population grecque orthodoxe minoritaire du pays. Le gouvernement continue à permettre aux seuls citoyens turcs de voter dans le cadre du Saint-Synode patriarcal ou à être élus patriarche. Toutefois, il a continué sa pratique d’accorder la citoyenneté à un certain nombre de métropolites orthodoxes grecs, ceci constituant une solution « bouche-trou » arrêtée en 2011, afin d’élargir le panel des candidats lors de la prochaine élection patriarcale. Le Gouvernorat d’Istanbul, qui représente le gouvernement à Istanbul, continue à soutenir que les leaders des Grecs orthodoxes (le Patriarcat œcuménique), de l’Église apostolique orthodoxe arménienne, et des communautés juives doivent être des citoyens turcs, bien que les coreligionnaires de ceux-ci venus de l’extérieur du pays aient assumé des positions dirigeantes dans ces groupes, de façon informelle, dans certains cas.

Pendant le mois du Ramadan, la chaîne de la télévision d’État Diyanet TV, a retransmis la déclamation de versets du Coran depuis Sainte-Sophie, qui avait été sécularisée et transformée en musée en 1935. Le directeur des affaires étrangères a donné une interview spéciale depuis Sainte-Sophie, alors que l’appel musulman à la prière était retransmis depuis ses minarets. Au mois d’octobre, le gouvernement a nommé un imam à plein temps au Pavillon du Sultan, une annexe construite durant la période ottomane, adjacent à la basilique, mais qui en est séparé. Dans le passé, le pavillon hébergeait les prières deux fois par jour avec la participation d’un imam d’une mosquée avoisinante. Depuis la nomination du nouvel imam à plein temps, les prières ont été effectuées cinq fois par jour dans le pavillon.

Le Patriarcat apostolique arménien et le Patriarcat œcuménique ont continué à rechercher une reconnaissance légale. Leurs communautés opèrent comme des agglomérations de fondations religieuses individuelles. Étant donné que les patriarcats ne disposent pas de la personnalité juridique, des fondations associées contrôlées par des conseils individuels détiennent tous les biens des communautés religieuses, et les patriarcats n’ont pas l’autorité légale leur permettant d’utiliser leur patrimoine ou de diriger de quelque façon leurs communautés. Lors de leurs rencontres avec les représentants du gouvernement [turc], l’ambassadeur et le consul général [des États-Unis] à Istanbul ont soulevé la question de l’importance historique de Sainte-Sophie ainsi que de sa signification extraordinaire, en tant que symbole de la coexistence pacifique et de dialogue significatif entre les religions (…). Lors de rencontres à Washington, le secrétaire d’État et le secrétaire d’État adjoint ont exhorté les représentants du gouvernement à rouvrir le Séminaire orthodoxe grec à Halki. L’ambassadeur des États-Unis, lors des rencontres avec les représentants du gouvernement, a réitéré la position des États-Unis sur cette question. En octobre, le représentant spécial du Département d’État pour la religion et les affaires mondiales a rencontré des représentants du gouvernement [turc] et des différentes minorités religieuses, y compris les communautés protestante, musulmane alévite et orthodoxe syriaque, afin de discuter de ses préoccupation au sujet de la liberté religieuses suite au coup d’État du 15 juillet 2016. Le représentant spécial a également exprimé son soutien à la réouverture du Séminaire de Halki aux représentants du gouvernement et au patriarche Bartholomée ».

Source


Mutations de l'orthodoxie

Selon Christophe Levalois, l'orthodoxie est en croissance en France :

Couv_annuaire_2-214x300"Au début des années 2000, on comptait environ 160 paroisses et lieux monastiques. Le nombre s’est accru rapidement. Selon l’Annuaire de l’Église orthodoxe publié en 2017, on recense actuellement 278 lieux de culte, monastères inclus (une vingtaine), ils étaient 238 en 2010. A ce rythme, on est fondé à estimer qu’en une génération, depuis le début du présent siècle, le nombre des lieux de célébration orthodoxe doublera, peut-être même largement. Le nombre des évêques (10), ainsi que des prêtres et des diacres (330 pour les deux) a lui aussi augmenté. La juridiction ayant aujourd’hui le plus grand nombre de paroisses est la Métropole roumaine (91).

La question du nombre des croyants est très discutée. Le chiffre de 200 000 était avancé jusque dans les années 1990 pour la France. Il est incontestablement supérieur aujourd’hui. L’Annuaire 2017 pose celui de 500 000. Dernièrement, un article du quotidien La Croix mentionnait même 700 000 orthodoxes. Bien sûr, comme dans toutes les confessions, tout dépend des critères de ce que l’on nomme un croyant. Si l’on recense juste ceux qui se rendent régulièrement à une célébration religieuse, ils sont moins nombreux, sans doute plusieurs dizaines de milliers. Ensuite, s’y ajoutent ceux qui y viennent occasionnellement, ou exceptionnellement, mais qui se considèrent orthodoxes, d’autres encore fréquentent l’Église surtout, voire uniquement, dans leur pays d’origine où le lien avec celle-ci est vivace pour la grande majorité de la population comme en Roumanie (plus de 80%), d’autres enfin sont baptisés, en France ou ailleurs, et ne fréquentent pas l’Église et ses offices ou très rarement. C’est pourquoi, en prenant l’acception du mot orthodoxe au sens le plus large, le chiffre de 500 000 est un ordre de grandeur pertinent."

Par ailleurs on apprend que la communauté orthodoxe de Porto-Rico a rejoint la pleine communion catholique le 10 juin dernier. La communauté « pan-orthodoxe de Saint-Spyridon » à Trujillo Alto a été reçue dans l’Eglise catholique comme communauté grecque catholique sous la juridiction cde l’archevêque latin Roberto Gonzales. Le pasteur de cette communauté ex-« pan-orthodoxe », Andrew Vujisic, né dans le Monténégro, était archimandrite de l’archidiocèse grec-orthodoxe de Mexico (qui a juridiction sur 22 pays d’Amérique latine) et y était vicaire épiscopal du secrétariat général des ministères pan-orthodoxes. Il était aussi recteur de l’Institut orthodoxe Saint Grégoire de Nazianze. Il célèbre selon le rite slavon dans le calendrier julien mais il dépend du patriarcat de Constantinople. C’est lui qui avait fait entrer dans l’Eglise orthodoxe les quelque 500.000 membres (essentiellement indiens) de l’« Eglise catholique orthodoxe du Guatemala ». En 2009 il avait été élu à l’unanimité du saint synode du patriarcat de Constantinople comme « évêque de Tralles », mais il avait demandé à ce que sa consécration soit suspendue…


Le patriarche orthodoxe de Géorgie s’est déclaré en faveur de la restauration d’une monarchie

Lu ici :

"Une nouvelle fois, le patriarche Elie de Géorgie s’est déclaré en faveur de la restauration d’une monarchie constitutionnelle pour son pays. Pour le patriarche celle-ci apporterait la paix au pays. Il a rappelé dans son homélie, dimanche dernier, que la tradition monarchique est très ancienne en Géorgie."


En Moldavie, des orthodoxes interrompent le déroulement d’une manifestation LGBT

Lu sur Orthodoxie :

265144.b"Le 21 mai, des fidèles orthodoxes ont empêché les minorités sexuelles de défiler selon le trajet prévu à Chișinău, capitale de la Moldavie. Les fidèles ont bloqué la route sur laquelle s’avançait la marche. La police a évacué les participants de celle-ci en bus. À la marche avaient pris part quelques centaines de personnes, des activistes LGBT de l’ONG « Gender-doc », des représentants de la société civile, des politiciens et des journalistes. Il y avait également du personnel de plusieurs ambassades occidentales. La marche était organisée sans drapeaux arc-en-ciel, sans slogans et pancartes soutenant les minorités sexuelles, les organisateurs ayant déclaré que la marche était dirigée contre la discrimination en général. Les policiers ont accompagné les participants à la marche, entourant la colonne de tous les côtés. À peine les participants avaient-ils parcouru quelques centaines de mètres, moins de la moitié du trajet prévu, que quelques centaines de fidèles ont bloqué la rue. Les orthodoxes sont sortis avec des étendards et des pancartes, entonnant des chants liturgiques. Sur leurs pancartes était écrit « La Moldavie est un pays orthodoxe ! ». « Maman, papa, moi-même, c’est la famille ! », et d’autres slogans en faveur de la famille traditionnelle. Plusieurs centaines de policiers ont séparé les deux groupes. Au bout de quelques minutes, la décision a été prise d’interrompre la marche. Ses participants ont rejoint les bus mis à leur disposition par la police."


"Le Kosovo, une chrétienté en péril" : KTO revient sur ces autres chrétiens martyrisés

A découvrir

"Le Kosovo-Métochié est une terre où la chrétienté orthodoxe est présente depuis plus de 700 ans. Ce "berceau" du christianisme orthodoxe en Serbie, compte plusieurs monuments placés sur la liste du patrimoine mondial de l´UNESCO mais aussi sur la liste du patrimoine mondial en péril. Le Kosovo, c´est une chrétienté en péril: depuis l´an 2000 on dénombre près de 150 lieux de culte chrétien pillés, détruits, incendiés...

Pour les serbes orthodoxes, il s'agit donc d'un enjeux de première importance depuis l'autoproclamation d´indépendance du Kosovo : maintenir la flamme vivace et préserver tout ce qui peut l´être. Ce documentaire est une sorte d´état des lieux de la situation dans laquelle perdurent la tradition et la présence serbe orthodoxe, comment elle se maintient en vie dans ses monastères et rayonne dans ses villages, chez les fidèles. Une communauté soumise à épreuve face à la tentation de radicalisation d´un Islam démographiquement majoritaire au Kosovo".

 


Églises d’Orient : Les syriaques orthodoxes

RawEn 451 un concile œcuménique réunit 343 évêques à Chalcédoine. L'assemblée publia des professions de foi affirmant que le Christ est pleinement Homme et pleinement Dieu. Le concile condamna donc le monophysisme. Le patriarche d'Alexandrie refusa cette position et rejeta donc les canons du Concile. De nombreuses communautés syriennes sortirent alors de la communion avec les églises acceptant le concile.  

Au VIème siècle, l’impératrice Théodora, épouse de Justinien, décida de soutenir les syriaques et nomma deux évêques qui parcoururent l’Asie Mineure et la Syrie, ordonnant de nombreux prêtres, diacres et évêques. L’Église Syriaque Orthodoxe était née.

Comment cette Église autocéphale vit son carême ?

En sus des quarante jours représentant la traversée du désert par le Christ, dix jours sont ajoutés pour les morts. Le Carême dure ainsi 50 jours avec deux jours de jeûnes par semaine : le mercredi et le vendredi. Le mercredi commémore le jour où les juifs commencèrent à comploter contre Notre Seigneur Jésus-Christ, c'est  « le mercredi des mouvements », et le vendredi, parce qu’il symbolise la crucifixion du Seigneur. 

Pour la période du Carême aucune nourriture d'origine animale n’est tolérée, de la viande jusqu’au lait. Chaque jour, deux messes sont célébrées.

En raison des durées variables du Carême, le jour de Pâques n'est pas toujours la même qu'avec l’église latine. 

Le patriarche syriaque orthodoxe est Sa Béatitude Ignace Ephrem II Karim. SOS Chrétiens d'Orient travaille au quotidien avec sa communauté.


Une église, ancien musée de l'athéisme, rendue au culte

Là où il y a une volonté... Cela se passe en Russie, à San Petersbourg : 

"Construite selon les plans de l’architecte français Auguste Ricard de Montferrand entre 1818 et 1858, la cathédrale Saint-Isaac avait à l’époque impériale le statut de principale cathédrale de Russie. Les offices religieux y ont repris à partir de 1990 à l’occasion d’importantes fêtes religieuses, mais elle reste l’un des principaux musées de Saint-Pétersbourg, rapportant d’importantes recettes : plus de 800 millions de roubles en 2016, soit environ 12,6 millions d'euros, avec 3,9 millions de visiteurs.

Si l’Église reprend le contrôle de la cathédrale, comme l’a annoncé le 10 janvier l’administration municipale, le ticket d’entrée, jusque-là de 250 roubles, sera désormais gratuit".


Une église à Tbilissi avec les dons des femmes qui se repentent d’avoir avorté

Lu sur Orthodoxie

Unknown-6"Les femmes qui se repentent d’avoir commis un avortement, et les médecins gynécologues qui les ont assistées, vont construire une église dédiée à la Sainte-Trinité, selon les informations communiquées par le Patriarcat de Géorgie. Dans les conditions de l’État athée, nombreux étaient ceux qui n’avaient pas conscience du grand péché que constitue l’avortement et considéraient celui-ci comme quelque chose d’habituel. « Après qu’une grande partie de notre population ait commencé à s’ouvrir à la vie d’Église, le souhait s’est manifesté chez les mères (parmi elles des médecins gynécologues) que trouble le péché de l’avortement, de construire une église dédiée à la Sainte-Trinité en signe de repentir », est-il dit dans le communiqué du Patriarcat. L’église sera construite sur le territoire attenant à la forêt de Khudadov à Tbilissi. Le catholicos-patriarche de Géorgie Élie II a donné sa bénédiction au groupe des personnes investies dans ce projet de construction et leur a souhaité la réussite dans la mise en œuvre de l’entreprise commencée. En 2012, 40.000 avortements ont été enregistrés officiellement en Géorgie. En 2014, le nombre des avortements a été réduit à 33.000."


"Je ne pense pas que ce soit un processus naturel, que les jeunes s’éloignent des valeurs chrétiennes"

KyrillLe patriarche Kirill a accordé à RT un long entretien où il s'exprime sur les principaux sujets sociétaux et géopolitiques, et sur les attaques contre le christianisme, le tout dans la perspective de la récente élection de Donald Trump. Extrait final.

Vous avez eu une rencontre avec l'archevêque de Canterbury (chef de l’Eglise d’Angleterre après le monarque Britannique), lors de laquelle vous avez exprimé des préoccupations au sujet de la libéralisation de la doctrine de l'Eglise d’Angleterre sur certaines questions, telles que les femmes prêtres et même de la morale et de la famille. Comment, à votre avis, peut-on rendre ces valeurs chrétiennes traditionnelles attractives pour les jeunes d'aujourd'hui, qui – au moins en Occident – s'éloignent de plus en plus de l'Eglise, et sont tentés par l'athéisme. Comme les faire revenir à l'Eglise ?

Je ne pense pas que ce soit un processus naturel, que les jeunes s’éloignent des valeurs chrétiennes. C’est un résultat d’influences qui sont exercées sur l'esprit des gens, et pas seulement les jeunes. Si vous regardez le cinéma, les émissions de télévision, la littérature, vous constaterez l’existence d’un paradigme idéologique tout à fait clair, visant, entre autres, à détruire les valeurs religieuses et morales, souvent sans confrontation directe. Il faut uniquement créer une image d'une vie prospère et heureuse sans Dieu, sans avoir à faire passer ses actions et les actions des autres par une épreuve de conscience. Que cela signifie-t-il ? Cela signifie que Dieu est sciemment poussé hors de la vie humaine, cette tendance n’est pas une coïncidence. Et à proprement parler, cela doit être ainsi. Nous savons que l'histoire peut évoluer de différentes manières. Et quand le mal occupe de plus en plus de place dans la vie d'un être humain, il commence à l'emporter. Et il se trouve que le bien est en minorité. Aujourd'hui, les chrétiens sont en minorité.

Aujourd'hui, les valeurs que nous prêchons sont soit immédiatement rejetées, soit ignorées. Pourquoi ? Parce que nous appelons à ce que les gens s’élèvent, gravissent la montagne [de l’esprit]. Et tout ce qu’offre la culture populaire aujourd'hui les tire vers le bas. Si une personne suit son instinct, si notre civilisation est basée sur l'instinct, alors bien sûr, la majeure partie de la population vivra de cette façon, car c’est beaucoup plus simple. Pas besoin de se casser la tête, se créer des difficultés. Voilà une vie facile. Mais la même chose est dite dans l'Évangile : le chemin du salut –est le chemin le plus étroit. Et dans un sens, ce chemin est toujours associé à l'exploit. Mais si ce n’est pas le cas, l'humanité, en effet, va glisser dans l'abîme. Car Jésus n'a pas convaincu tout le monde qui l'écoutait. En outre, à la suite de ce sermon, il aurait fini sa vie sur la croix, s’il n'avait pas ressuscité. Donc du point de vue d’un homme étroit d’esprit, le Christ est un perdant. Si les gens ne croient pas à la résurrection, comment se présente sa fin ? Il a été tué, il a été exécuté.

Depuis 2 000 ans, tout ce qu'ont prêché Jésus-Christ et les apôtres inspirent les gens et les artistes, les écrivains, qui en dépit de la pression externe existant aujourd'hui, créent tout de même leurs œuvres. Mais le plus important, c’est que Jésus trouve sa place dans le cœur de tant de gens. Et aujourd'hui en Russie, énormément de gens se tournent vers la foi. C’est vraiment un phénomène d'une importance historique – la restauration de la vie de l'Eglise, la conversion des jeunes. Et quand les gens choisissent le «chemin le plus étroit», ce chemin les mènera vers les étoiles, parce que c’est le chemin vers le ciel, le chemin vers le haut. Il est toujours difficile, mais il est salutaire."

Il dénonce également les législations dénaturant le mariage, issue d'une idéologie, que l'Eglise ne pourra jamais accepter.


Inauguration d'une cathédrale orthodoxe à Paris

Le "centre spirituel et culturel orthodoxe russe" a été inauguré le 19 octobre à Paris, entre Tour Eiffel et Invalides, au pied du pont de l'Alma, en l'absence de Vladimir Poutine, qui avait annulé la semaine dernière sa visite prévue de longue date, en pleine brouille entre Paris et Moscou sur la Syrie. Il a transmis un message lu par son ministre de la Culture, Vladimir Medinski: ce centre est "le témoignage de la solidité des relations bilatérales franco-russes", a-t-il affirmé.

L'Elysée et Matignon avaient délégué le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, qui a fait l'éloge d'un dialogue franco-russe "permanent, structurant", même quand, a-t-il relevé lors de la cérémonie d'inauguration, "sur certains sujets nous ne sommes pas d'accord". 

Ont participé agélement le maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, le député apparenté FN Gilbert Collard, Rachida Dati (Les Républicains), maire du VIIe arrondissement accueillant le centre. L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement était là en tant que représentant spécial de la France pour la Russie.

Le centre est constitué de la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité, d'un centre culturel comprenant deux salles d'exposition, d'un bâtiment administratif doté d'un auditorium de 200 places, des locaux du service culturel de l'ambassade de Russie et d'appartements. Sans oublier un pôle éducatif qui devrait accueillir jusqu'à 150 enfants et adultes autour de salles de classe, d'ateliers, d'une bibliothèque et d'une cour avec préau. La grande croix surmontant le plus haut dôme culmine à 36,20 mètres, une hauteur contrainte par les règles d'urbanisme dans ce périmètre classé au patrimoine de l'Unesco. 

Les fidèles orthodoxes devront attendre le 4 décembre pour l'inauguration religieuse de leur nouvelle cathédrale. La dédicace de l'église aura lieu, sous la présidence du patriarche "de Moscou et de toute la Russie", Kirill. Et ce n'est qu'en 2017 que le monument sera doté de son iconostase et de ses fresques.


Putsch en Turquie : des hypothèses très intéressantes

Alors que "nos" médias ("nos" comme nous écririons "notre" gouvernement, ou "notre" république) conspuent en cœur les dernières "atteintes-aux-droits-de-l’homme" (qu’il ne s’agit pas pour nous de nier) d'Erdogan, tandis qu’ils les ignorent volontiers chez leurs complices/alliés notamment Moyen-orientaux, des hypothèses fort intéressantes émergent dans les médias dissidents quant aux circonstances, objectifs et conséquences de le tentative de putsch et de sa répression.

Elles sont d’autant plus intéressantes qu’elles émanent d’analystes différents et ne sont pas des « copier-coller » les unes des autres mais se complètent.

Sans, évidemment, leur donner une valeur de certitude, mais en soulignant derechef leur intérêt en tant qu’hypothèses, nous vous proposons celle d’Alexandre Douguine, en video, dont le script peut être lu ici, et les liens vers trois analyses, étalées sur une semaine, du blog dedefensa.

 

Philippe Grasset, de dedefensa nous expose successivement (dans l’ordre de mise en ligne des articles):

Les liens Gülen, CIA, Clinton,

Les conséquences envisageables de l’échec du putsch, dont la crainte/l’espoir d’un Turxit de l’OTAN,

Les interactions Etat profond US et armée de l’air turque.


19 mars : installation du premier des 5 bulbes de la future cathédrale orthodoxe de Paris, quai Branly

Project_gallery_image_2435_image_frA 37 mètres du sol, samedi, sera hissé le premier des cinq bulbes de la future cathédrale orthodoxe de Paris : 8 tonnes, 12 mètres de haut pour 11 de diamètre. L'inauguration de l'édifice est prévue pour le mois d'octobre. La cathédrale de la Sainte-Trinité, à une encablure de la tour Eiffel, devient une réalité, sur un territoire de 8 400  m2 occupé auparavant par Météo France. Ce "centre spirituel et culturel orthodoxe russe" abritera, outre l'église, une école bilingue, une maison paroissiale et un centre culturel.

Le secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, sera présent, ainsi que l'ambassadeur Alexandre Orlov et l'évêque Nestor, et surtout le vice-premier ministre russe, Sergueï Prikhodko, et le directeur général des affaires de l'administration présidentielle, Alexandre Kolpakov. Anne Hidalgo semble aux abonnés absents.

Budget : 170  millions d'euros au total, payés par l'Etat russe.


Des Orthodoxes demandent pardon à l’Eglise grecque-catholique ukrainienne

Dans une tribune signée par 18 personnalités orthodoxes

"Il est urgent pour les chrétiens orthodoxes de reconnaître la terrible vérité du 10 mars 1946

Le 10 mars 1946, à Lviv, l’Eglise Orthodoxe de Russie a intégré de force l’Eglise grecque catholique ukrainienne en son sein sous la pression du pouvoir soviétique. Au moment où les participants au synode votèrent les 8 et 9 mars pour la « réunification » de leur Eglise au patriarcat de Moscou tous les évêques grecs catholiques ukrainiens se trouvaient en prison sous les verrous. Les 216 prêtres et 19 laïcs réunis à la cathédrale Saint Georges de Lviv par le NKVD, ancêtre du KGB, étaient à la merci d’un « groupe d’initiative » conduit par deux évêques orthodoxes Antony Pelvetsky et Myhailo Melnyk et par un prêtre orthodoxe Gavril Kostelnyk. Les archives révèlent que c’est Staline lui-même qui décida de l’élimination de cette Eglise grecque catholique ukrainienne en février 1945 douze jours après la conférence de Yalta tenue en compagnie de Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt.

Les historiens et théologiens sérieux n’émettent aucun doute sur le fait que le synode de Lviv des 8-10 mars 1946 de l’Eglise grecque catholique ukrainienne ne fut qu’un simulacre. Bohdan Bociurkiw, qui fut professeur d’histoire à l’université Carleton d’Ottawa, a écrit une somme à ce sujet qui n’a jamais été contredite. Le pape Benoît XVI a parlé en 2006 d’un « pseudo-synode » ayant « porté gravement atteinte à l’unité ecclésiale ». Nicolas Lossky, théologien orthodoxe français membre du patriarcat de Moscou, a reconnu lui aussi qu’il s’agissait d’un simulacre. A cause de sa suppression en 1946 et jusqu’en 1989, l’Eglise grecque catholique, forte de plus de 5 millions de membres en Ukraine, devint de facto, la principale victime mais aussi la principale force d’opposition au régime soviétique à l’intérieur des frontières de l’URSS. Aussi nous appelons les autorités orthodoxes actuelles, en Russie, en Ukraine et ailleurs, à reconnaître la nullité des décisions tragiques du concile de Lviv.

L’Eglise Orthodoxe de Russie dans son ensemble ne peut pas être tenue responsable de décisions prises par des autorités ecclésiastiques manipulées ou terrorisés par le NKVD-KGB. Cependant nous, chrétiens orthodoxes, vivant 70 ans après les événements, nous nous sentons responsables du silence coupable qui entoure la destruction de cette Eglise par le régime soviétique avec la participation du patriarcat de Moscou. Nous savons que des millions de chrétiens orthodoxes dans le monde condamnent fermement les persécutions anti-religieuses du gouvernement soviétique et de Joseph Djougachvili en particulier. Aussi, en ce jour commémoratif du 10 mars 1946, et à la veille du dimanche 13 mars 2016, dimanche du Grand Pardon dans le calendrier liturgique orthodoxe, nous assurons l’Eglise grecque catholique ukrainienne de notre solidarité, de notre prière pour toutes les victimes innocentes de cette Eglise, qui furent emprisonnées, torturées, déportées et assassinées par le gouvernement soviétique avec la complicité du patriarcat de Moscou.

Nous leur demandons humblement pardon pour toutes les injustices dont ils ont été victimes sous couvert de l’autorité de l’Eglise Orthodoxe, et nous nous inclinons devant les martyrs de cette Eglise grecque catholique ukrainienne."


L’archevêque gréco-catholique de Kiev estime positivement la rencontre entre le pape et le patriarche

Unknown-9Pour l’archevêque gréco-catholique de Kiev, Mgr Sviatoslav Shevchuk, l’accolade entre le pape et le patriarche est un événement clairement positif, même s’il faut prendre en compte une certaine perplexité. Lors d’une rencontre avec des journalistes, il a déclaré :

«Nous voulons cheminer ensemble avec les orthodoxes, construire non seulement la paix, mais nous voulons l’unité entre les Églises».

Pour Mgr Sviatoslav Shevchuk, un aspect positif apparaît aussi dans la reconnaissance  du patriarcat de Moscou du droit à l’existence des « communautés ecclésiales » et du « droit d’assister nos fidèles partout ». Il précise cependant que «nous ne devons pas demander à quelqu’un le droit d’exister, seul Dieu l’établit».


Un très grand texte pour l’avenir du christianisme

Bernard Antony salue la déclaration commune entre le pape et le patriarche de Moscous :

"Les cheminements de l’histoire, si souvent humainement imprévisibles, auront été marqués ce vendredi 12 février 2016 par la rencontre dans l’aéroport de Cuba du chef de l’Église catholique, le pape François, avec le patriarche Kirill, le chef d’un des neuf patriarcats byzantins orthodoxes, le plus important aujourd’hui sous bien des aspects, celui de Moscou.

La rencontre a été d’autant plus marquante qu’avec ce patriarcat byzantin de Moscou, à la différence de certains autres, et notamment de celui de Constantinople, elle a été la première après le millénaire de rupture consécutif au grand schisme de 1054 du patriarche de Constantinople Michel 1° Cérulaire.

La Déclaration commune en trente points qui s’en est suivie aussitôt, simultanément publiée en italien et russe, et traduite en bien des langues, est un texte d’une très grande clarté et lisibilité, à la différence de certains autres du pape François nécessitant un effort de clarification. On en retiendra pour le moins les traits essentiels que voici :

  • Un texte placé dans le rappel du partage de « la tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme » dans l’invocation de « la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, des saints et des « innombrables martyrs ayant manifesté leur fidélité au Christ ».
  • Dès le 8° point, François et Kirill expriment : « Notre regard se porte avant tout vers les nombreux pays où des chrétiens subissent la persécution ».
  • Ils évoquent « les nombreux pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord où nos frères et sœurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers ».    
  • Très clairement, au point 9, ils appellent « la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l’éviction des chrétiens du Proche-Orient ».
  • On retrouve là, mille ans après, avec les formes actuelles, les accents des appels pour faire cesser les effroyables abominations en Terre Sainte des Turcs Seldjoukides et les perversions massacreuses du calife al-Hâkim, modèles des terroristes de l’État islamique aujourd’hui. Les « actions urgentes » contre les barbares à l’appel du pape et des patriarches s’appelaient alors « croisades ».
  • François et Kirill dénoncent aussi vigoureusement (point 15) « la restriction de la liberté religieuse dans tant de pays, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles ». Ils déplorent « la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme souvent agressif s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique ». Comment ne pas voir que cette préoccupation s’applique explicitement à bien des pays d’occident et particulièrement à la France ?
  • François et Kirill poursuivent très fermement en effet : « Nous mettons en garde contre une intégration européenne qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses ». Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Et sans ambiguïté encore : « Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Évangile pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne ». Nous retrouvons là les accents de Saint Jean-Paul II qui, le 10 avril 1985, à Rome m’encourageait : « Oui, opposez-vous avec vigueur à la décadence de l’Europe ! ».
  • La Déclaration continue ensuite notamment (points 19 et 20) avec les propos d’une réitération impérative de la commune doctrine chrétienne sur la famille « fondée sur le mariage, acte d’amour libre et fidèle d’un homme et d’une femme ». On y lit : « Nous regrettons que d’autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l’homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique ». On ne peut avoir plus claire condamnation de la loi Taubira et autres législations semblables.
  • Enfin, le point 21 rappelle l’exigence du respect du droit inaliénable à la vie. « Des millions d’enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu. (cf. Gn 4, 10). Ces lignes se poursuivent avec la totale condamnation de « la manipulation de la vie humaine, atteinte aux fondements de l’existence de l’homme, créé à l’image de Dieu ». Sur tous les points essentiels de la doctrine sociale, la Déclaration est donc très encourageante pour les chrétiens fidèles, aussi bien orthodoxes que catholiques.
  • Ces derniers pourraient en revanche considérer que le pape a fait une inutile concession historique au patriarche qui se manifeste dans les lignes exprimant le regret de la méthode de « « l’uniatisme » du passé. On le sait, ce fut là un des points d’achoppement entre Moscou et Rome alors que les uniates ukrainiens gréco-catholiques ont payé très lourdement leur fidélité à la papauté.
  • Mais le texte lève toute ambiguïté sur le présent en réaffirmant leur « droit d’exister et d’entreprendre tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles, recherchant la paix avec leurs voisins. »
  • On y lit : « Orthodoxes et gréco-catholiques ont besoin de se réconcilier » et plus loin, le clair appel à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit ukrainien.
C’est là bien sûr le dossier dans lequel le Vatican et le patriarcat de Moscou devront exemplairement s’employer à œuvrer pour la paix.

La Déclaration est d’une portée immense. Elle constitue comme une réanimation de la réalité et d’une conception moderne de la chrétienté. Les militants et amis de Chrétienté-Solidarité, catholiques et orthodoxes, l’accueillent avec une grande et confiante ferveur."


François et Cyrille se sont entendus pour dire tout le mal qu'ils pensaient de l'Union européenne

De l'abbé de Tanoüarn à propos de la rencontre entre le pape François et le patriarche orthodoxe :

"[...] Ce qui est surprenant ? François - est-ce parce qu'ils se sent issu du Nouveau monde ? - et Cyrille se sont entendus pour dire tout le mal qu'ils pensaient de l'Union européenne :

"Nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangère à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme si souvent agressif, s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique".

Images-22La liberté religieuse mise en cause par les tenants du sécularisme (ainsi dans les Pays anglo-saxons appellent-ils la sacro-sainte laïcité), c'est une excellente formule, dont on espère qu'on la reverra souvent dans les textes du magistère authentique.

Depuis son passage devant le Conseil de l'Europe, François insiste sur la défense des peuples, de leur identité (il emploie le terme de temps à autre) et de leurs "racines chrétiennes", bref - le mot y est cette fois-ci : de leur civilisation. 

François insiste ici à nouveau avec le Patriarche Cyrille sur l'importance de l'identité des peuples de l'Union européenne :

"Le processus d’intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses. Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Evangile, pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne".

Jean-Paul II parlait déjà de l'âme de l'Europe. Mais la nouveauté du discours pontifical par rapport à Jean-Paul II est dans cette notion d'"intégration européenne". On l'avait déjà constaté (je l'avais montré dans Monde et Vie à l'époque) : le pape parle des peuples chrétiens de l'Union européenne, il défend les peuples - à la bonne heure - comme il a toujours défendu le peuple argentin, en bon péroniste qu'il est... Il défend aussi (cela va de pair) les "identités", en particulier "religieuses", on peut le constater dans le petit livre de ses sermons aux Argentins, publié chez Parole et silence sous le beau titre : La patrie est un don et la nation un devoir. Mais, cette fois, il a oublié les nations au profit de ce qu'il nomme "l'intégration" dans l'UE., c'est-à-dire l'abandon consenti de souveraineté qui est actuellement en cours au profit de la Superstructure bruxelloise.

Que sont les peuples sans les nations ? Une formule de Jean-Paul II dans son Discours à l'ONU en 1980 le dit très clairement : "Les nations sont les grandes institutrices des peuples". Un peuple sans institutrice est un sauvageon... Gare aux sauvageons par intégration forcée dans un magma sans souveraineté où - au nom du multiculturalisme - on parviendrait encore à reconnaître des peuples (avec éventuellement leurs droits propres) mais plus des nations. L'Union Européenne est en train de faire disparaître ce trésor millénaire de la politique chrétienne, né en France, poursuivi en Angleterre, que l'on appelle la nation. La nation est la seule structure politique qui, dans sa définition même, ne puisse pas prétendre être le tout (contrairement à l'Empire, dont on sait combien les papes ont souffert jusqu'à, inclusivement la prise de Rome en 1527).

L'Empire représente une mystique et l'empire de la mondialisation ne fera pas exception. A cette grande Idée, comme naguère au Moloch, certains sont prêts à tout sacrifier. La nation se veut un service politique du peuple (voir le sacre des rois de France). La politique nationale reste toujours dans l'ordre des moyens, à dimension humaine.

François Mitterrand, jamais vraiment remis de son rêve collaborationniste et toujours fasciné par "l'Europe nouvelle", disait "Les nations c'est la guerre". On s'aperçoit au contraire aujourd'hui que les nations c'est la paix et que là où la nation est ébranlée (Irak, Syrie, Libye, Kosovo, Tunisie and so on), la guerre n'est jamais loin. [...]"


Prière contre remise de dettes

La société d’ingénierie, qui avait conçu un projet de nouvelle chaudière pour le diocèse orthodoxe de Nijni Novgorod (Volga) en Russie, a porté plainte en août dernier contre celui-ci, l’accusant de n’avoir payé que la moitié des travaux et exigeant le versement de 458.000 roubles (5 150 euros). Les deux parties ont finalement conclu un accord à l’amiable, selon lequel les autorités religieuses se sont engagées à verser au plaignant près de la moitié de la somme, soit 200 000 roubles (2250 euros), et à « prier pour la santé » du PDG et du responsable technique de la société, ainsi que pour « leur prospérité », selon la même source. L’accord a été validé par la cour d’arbitrage de Nijni Novgorod.


Rencontre historique entre le pape François et le patriarche orthodoxe de Moscou

Déclaration commune du Pape François et du Patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie :

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« La grâce de Notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous » (2 Co 13, 13).

 1.  Par la volonté de Dieu le Père de qui vient tout don, au nom de Notre Seigneur Jésus Christ et avec le secours de l’Esprit Saint Consolateur, nous, Pape François et Kirill, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, nous sommes rencontrés aujourd’hui à La Havane. Nous rendons grâce à Dieu, glorifié en la Trinité, pour cette rencontre, la première dans l’histoire.

Avec joie, nous nous sommes retrouvés comme des frères dans la foi chrétienne qui se rencontrent pour se « parler de vive voix » (2 Jn 12), de cœur à cœur, et discuter des relations mutuelles entre les Eglises, des problèmes essentiels de nos fidèles et des perspectives de développement de la civilisation humaine.

 2.  Notre rencontre fraternelle a eu lieu à Cuba, à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest. De cette île, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle, nous adressons notre parole à tous les peuples d’Amérique latine et des autres continents.

Nous nous réjouissons de ce que la foi chrétienne se développe ici de façon dynamique. Le puissant potentiel religieux de l’Amérique latine, sa tradition chrétienne séculaire, réalisée dans l’expérience personnelle de millions de personnes, sont le gage d’un grand avenir pour cette région.

 3.  Nous étant rencontrés loin des vieilles querelles de l’« Ancien Monde », nous sentons  avec une force particulière la nécessité d’un labeur commun des catholiques et des orthodoxes, appelés, avec douceur et respect, à rendre compte au monde de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).

4.  Nous rendons grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus par la venue au monde de son Fils unique. Nous partageons la commune Tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme. Les témoins de cette Tradition sont la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, et les saints que nous vénérons. Parmi eux se trouvent d’innombrables martyrs qui ont manifesté leur fidélité au Christ et sont devenus « semence de chrétiens ».

 5.  Malgré cette Tradition commune des dix premiers siècles, catholiques et orthodoxes, depuis presque mille ans, sont privés de communion dans l’Eucharistie. Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l’explicitation de notre foi en Dieu, un en Trois Personnes – Père, Fils et Saint Esprit. Nous déplorons la perte de l’unité, conséquence de la faiblesse humaine et du péché, qui s’est produite malgré la Prière sacerdotale du Christ Sauveur : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous » (Jn 17, 21).

6.  Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Puisse notre rencontre inspirer les chrétiens du monde entier à prier le Seigneur avec une ferveur renouvelée pour la pleine unité de tous ses disciples ! Puisse-t-elle, dans un monde qui attend de nous non pas seulement des paroles mais des actes, être un signe d’espérance pour tous les hommes de bonne volonté !

 7.  Déterminés à entreprendre tout ce qui nécessaire pour surmonter les divergences historiques dont nous avons hérité, nous voulons unir nos efforts pour témoigner de l’Evangile du Christ et du patrimoine commun de l’Eglise du premier millénaire, répondant ensemble aux défis du monde contemporain. Orthodoxes et catholiques doivent apprendre à porter un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire. La civilisation humaine est entrée dans un moment de changement d’époque. Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune.

 8.  Notre regard se porte avant tout vers les régions du monde où les chrétiens subissent la persécution. En de nombreux pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, nos frères et sœurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers. Leurs églises sont détruites et pillées de façon barbare, leurs objets sacrés sont profanés, leurs monuments, détruits. En Syrie, en Irak et en d’autres pays du Proche Orient, nous observons avec douleur l’exode massif des chrétiens de la terre d’où commença à se répandre notre foi et où ils vécurent depuis les temps apostoliques ensemble avec d’autres communautés religieuses.

 9.  Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l’éviction des chrétiens du Proche Orient. Elevant notre voix pour défendre les chrétiens persécutés, nous compatissons aussi aux souffrances des fidèles d’autres traditions religieuses devenus victimes de la guerre civile, du chaos et de la violence terroriste.

10.  En Syrie et en Irak, la violence a déjà emporté des milliers de vies, laissant des millions de gens sans abri ni ressources. Nous appelons la communauté internationale à mettre fin à la violence et au terrorisme et, simultanément, à contribuer par le dialogue à un prompt rétablissement de la paix civile. Une aide humanitaire à grande échelle est indispensable aux populations souffrantes et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins. Nous demandons à tous ceux qui pourraient influer sur le destin de ceux qui ont été enlevés, en particulier des Métropolites d’Alep Paul et Jean Ibrahim, séquestrés en avril 2013, de faire tout ce qui est nécessaire pour leur libération rapide.

11.  Nous élevons nos prières vers le Christ, le Sauveur du monde, pour le rétablissement sur la terre du Proche Orient de la paix qui est « le fruit de la justice » (Is 32, 17), pour que se renforce la coexistence fraternelle entre les diverses populations, Eglises et religions qui s’y trouvent, pour le retour des réfugiés dans leurs foyers, la guérison des blessés et le repos de l’âme des innocents tués. Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu’elles fassent preuve de bonne volonté et s’asseyent à la table des négociations. Dans le même temps, il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l’aide d’actions communes, conjointes et coordonnées. Nous faisons appel à tous les pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour qu’ils agissent de façon responsable et prudente. Nous exhortons tous les chrétiens et tous les croyants en Dieu à prier avec ferveur le Dieu Créateur du monde et Provident, qu’il protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale. Pour que la paix soit solide et durable, des efforts spécifiques sont nécessaires afin de redécouvrir les valeurs communes qui nous unissent, fondées sur l’Evangile de Notre Seigneur Jésus Christ.

12.   Nous nous inclinons devant le martyre de ceux qui, au prix de leur propre vie, témoignent de la vérité de l’Evangile, préférant la mort à l’apostasie du Christ. Nous croyons que ces martyrs de notre temps, issus de diverses Eglises, mais unis par une commune souffrance, sont un gage de l’unité des chrétiens. A vous qui souffrez pour le Christ s’adresse la parole de l’apôtre   :

« Très chers !… dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse » (1 P 4, 12-13).

13.   En cette époque préoccupante est indispensable le dialogue interreligieux. Les différences dans la compréhension des vérités religieuses ne doivent pas empêcher les gens de fois diverses de vivre dans la paix et la concorde. Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d’actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu,  « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de    paix » (1 Co 14, 33).

14.  Attestant de la haute valeur de la liberté religieuse, nous rendons grâce à Dieu pour le renouveau sans précédent de la foi chrétienne qui se produit actuellement en Russie et en de nombreux pays d’Europe de l’Est, où des régimes athées dominèrent pendant des décennies. Aujourd’hui les fers de l’athéisme militant sont brisés et en de nombreux endroits les chrétiens peuvent confesser librement leur foi. En un quart de siècle ont été érigés là des dizaines de milliers de nouvelles églises, ouverts des centaines de monastères et d’établissements d’enseignement théologique. Les communautés chrétiennes mènent une large activité caritative et sociale, apportant une aide diversifiée aux nécessiteux. Orthodoxes et catholiques œuvrent souvent côte à côte. Ils attestent des fondements spirituels communs de la convivance humaine, en témoignant des valeurs évangéliques.

15.  Dans le même temps, nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangère à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme si souvent agressif, s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique.

16.  Le processus d’intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses. Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Evangile, pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne.

17.  Notre regard se porte sur les personnes se trouvant dans des situations de détresse, vivant dans des conditions d’extrême besoin et de pauvreté, alors même que croissent les richesses matérielles de l’humanité. Nous ne pouvons rester indifférents au sort de millions de migrants et de réfugiés qui frappent à la porte des pays riches. La consommation sans limite, que l’on constate  dans certains pays plus développés, épuise progressivement les ressources de notre planète. L’inégalité croissante dans la répartition des biens terrestres fait croître le sentiment d’injustice à l’égard du système des relations internationales qui s’est institué.

18.  Les Eglises chrétiennes sont appelées à défendre les exigences de la justice, le respect des traditions des peuples et la solidarité effective avec tous ceux qui souffrent. Nous, chrétiens, ne devons pas oublier que « ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu » (1 Co 1, 27-29).

19.  La famille est le centre naturel de la vie humaine et de la société. Nous sommes inquiets de la crise de la famille dans de nombreux pays. Orthodoxes et catholiques, partageant la même conception de la famille, sont appelés à témoigner que celle-ci est un chemin de sainteté, manifestant la fidélité des époux dans leurs relations mutuelles, leur ouverture à la procréation et à l’éducation des enfants, la solidarité entre les générations et le respect pour les plus faibles.

20.  La famille est fondée sur le mariage, acte d’amour libre et fidèle d’un homme et d’une femme. L’amour scelle leur union, leur apprend à se recevoir l’un l’autre comme don. Le mariage est une école d’amour et de fidélité. Nous regrettons que d’autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l’homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique.

21.  Nous appelons chacun au respect du droit inaliénable à la vie. Des millions d’enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu (cf. Gn 4, 10).

Le développement de la prétendue euthanasie conduit à ce que les personnes âgées et les infirmes commencent à se sentir être une charge excessive pour leur famille et la société en général. Nous sommes aussi préoccupés par le développement des technologies de reproduction biomédicale, car la manipulation de la vie humaine est une atteinte aux fondements de l’existence de l’homme, créé à l’image de Dieu. Nous estimons notre devoir de rappeler l’immuabilité des principes  moraux  chrétiens,  fondés  sur  le  respect  de  la  dignité  de  l’homme  appelé  à  la   vie, conformément au dessein de son Créateur.

22.  Nous voulons adresser aujourd’hui une parole particulière à la jeunesse chrétienne. A vous, les jeunes, appartient de ne pas enfouir le talent dans la terre (cf. Mt 25, 25), mais d’utiliser toutes les capacités que Dieu vous a données pour confirmer dans le monde les vérités du Christ, pour incarner dans votre vie les commandements évangéliques de l’amour de Dieu et du prochain. Ne craignez pas d’aller à contre-courant, défendant la vérité divine à laquelle les normes séculières contemporaines sont loin de toujours correspondre.

23.  Dieu vous aime et attend de chacun de vous que vous soyez ses disciples et apôtres. Soyez la lumière du monde, afin que ceux qui vous entourent, voyant vos bonnes actions, rendent gloire à votre Père céleste (cf. Mt 5, 14, 16). Eduquez vos enfants dans la foi chrétienne, transmettez-leur la perle précieuse de la foi (cf. Mt 13, 46) que vous avez reçue de vos parents et aïeux. N’oubliez pas que vous « avez été rachetés à un cher prix » (1 Co 6, 20), au prix de la mort sur la croix de l’Homme-Dieu Jésus Christ.

24.  Orthodoxes et catholiques sont unis non seulement par la commune Tradition de l’Eglise du premier millénaire, mais aussi par la mission de prêcher l’Evangile du Christ dans le monde contemporain. Cette mission implique le respect mutuel des membres des communautés  chrétiennes, exclut toute forme de prosélytisme.

Nous ne sommes pas concurrents, mais frères : de cette conception doivent procéder toutes nos actions les uns envers les autres et envers le monde extérieur. Nous exhortons les catholiques et les orthodoxes, dans tous les pays, à apprendre à vivre ensemble dans la paix, l’amour et à avoir « les uns pour les autres la même aspiration » (Rm 15, 5). Il ne peut donc être question d’utiliser des moyens indus pour pousser des croyants à passer d’une Eglise à une autre, niant leur liberté religieuse ou leurs traditions propres. Nous sommes appelés à mettre en pratique le précepte de l’apôtre Paul : « Je me suis fait un honneur d’annoncer l’Évangile là où Christ n’avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d’autrui » (Rm 15, 20).

25.  Nous espérons que notre rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent  entre  gréco-catholiques  et  orthodoxes.  Il  est  clair   aujourd’hui  que  la  méthode  de   l’« uniatisme » du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la  détachant de son Eglise, n’est pas un moyen pour recouvrir l’unité. Cependant, les communautés ecclésiales qui sont apparues en ces circonstances historiques ont le droit d’exister et d’entreprendre tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles, recherchant la paix avec leurs voisins. Orthodoxes et gréco-catholiques ont besoin de se réconcilier et de trouver des formes de coexistence mutuellement acceptables.

26.  Nous déplorons la confrontation en Ukraine qui a déjà emporté de nombreuses vies, provoqué d’innombrables blessures à de paisibles habitants et placé la société dans une grave crise économique et humanitaire. Nous exhortons toutes les parties du conflit à la prudence, à la  solidarité sociale, et à agir pour la paix. Nous appelons nos Eglises en Ukraine à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit.

27.  Nous exprimons l’espoir que le schisme au sein des fidèles orthodoxes d’Ukraine sera surmonté sur le fondement des normes canoniques existantes, que tous les chrétiens orthodoxes d’Ukraine vivront dans la paix et la concorde et que les communautés catholiques du pays y contribueront, de sorte que soit toujours plus visible notre fraternité chrétienne.

28.  Dans le monde contemporain, multiforme et en même temps uni par un même destin, catholiques et orthodoxes sont appelés à collaborer fraternellement en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut, à témoigner ensemble de la dignité morale et de la liberté authentique de la personne, « pour que le monde croie » (Jn 17, 21). Ce monde, dans lequel disparaissent progressivement les piliers spirituels de l’existence humaine, attend de nous un fort témoignage chrétien dans tous les domaines de la vie personnelle et sociale. De notre capacité à porter ensemble témoignage de l’Esprit de vérité en ces temps difficiles dépend en grande partie l’avenir de l’humanité.

29.  Que dans le témoignage hardi de la vérité de Dieu et de la Bonne Nouvelle salutaire nous vienne en aide l’Homme-Dieu Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur, qui nous fortifie spirituellement par sa promesse infaillible : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12, 32) !

Le Christ est la source de la joie et de l’espérance. La foi en Lui transfigure la vie de l’homme, la remplit de sens. De cela ont pu se convaincre par leur propre expérience tous ceux à  qui peuvent s’appliquer les paroles de l’apôtre Pierre : « Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n’obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde » (1 P 2, 10).

30.  Remplis de gratitude pour le don de la compréhension mutuelle manifesté lors de notre rencontre, nous nous tournons avec espérance vers la Très Sainte Mère de Dieu, en l’invoquant par les paroles de l’antique prière : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu ». Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, par son intercession, conforter la fraternité de ceux  qui la vénèrent, afin qu’ils soient au temps fixé par Dieu rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu, à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité !

François
Évêque de Rome
Pape de l’Eglise catholique

&

Kirill
Patriarche de Moscou et de toutes la Russie


Si le Patriarche a estimé opportun de rencontrer le Pape, c’est probablement parce qu’il mesure la gravité des enjeux d’aujourd’hui

Quelques questions à Guillaume d'Alançon, qui revient de Russie :

Etes-vous surpris par la rencontre prévue le 12 février prochain à la Havane entre le Pape François et le Patriarche Kirill ?

Images-18Oui et non. Il faut bien dire que ce moment était attendu depuis longtemps et préparé tout autant en diverses manières. Nous n’allons pas ici faire l’histoire du réchauffement des relations entre la papauté et l’orthodoxie russe mais n’importe quel observateur remarquera les efforts de la diplomatie ces dernières décennies. Benoît XVI espérait une telle rencontre. Pour ma part, je suis très heureux de cette rencontre qui sent bon les retrouvailles et qui relance notre espérance.

Y-a-t il un point qui vous semble particulièrement crucial ?

Si le Patriarche Kirill a estimé opportun de rencontrer le Pape François, c’est probablement parce qu’il mesure la gravité des enjeux d’aujourd’hui. Les chrétiens doivent être toujours plus unis pour affronter les difficultés de notre temps. Je me réjouis profondément que la Russie, retrouvant progressivement sa culture chrétienne, soit davantage reconnue par le monde catholique. Un autre point me semble crucial : le renouvellement des liens avec l’Occident. En effet, face à une Europe de l’ouest assez matérialiste et superficielle, les peuples de Russie éprouvaient et continue d’éprouver une certaine réserve. N’oublions pas aussi que pour un russe, l’Occident c’est la latinité. Cela ne veut pas dire qu’il n’y pas de points communs entre les deux mondes, mais la révolution bolchevique de 1917 a fragilisé les relations entre les deux poumons de l’Europe. Les Romanov ne cousinaient-ils pas avec les souverains d’Occident et d’Europe Centrale ? Après la 1ère Guerre Mondiale, l’Empire désormais décapité est forcé d’épouser le marxisme en faisant table rase de son histoire, comme la France en 1789. C’est pourquoi un français catholique peut être en mesure d’entrer en amitié profonde avec la Russie blessée et restaurée dans sa foi.

Quelles peuvent être les conséquences d’un rapprochement entre le Patriarcat de Moscou et le Vatican ?

Une question aussi vaste ne trouvera certainement pas une réponse satisfaisante en quelques lignes. Quelques dossiers essentiels seront certainement mieux défendus : la cause des chrétiens d’Orient, la défense de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à son terme naturel, la promotion du mariage et de la famille… En décembre dernier, Monseigneur Hilarion de Volokolamsk, Président du Département des Relations extérieures du Patriarcat de Moscou, m’écrivait qu’il espérait « que notre collaboration pour la défense des valeurs chrétiennes traditionnelles et de la dignité humaine dans les pays d’Europe continuerait à se développer ». Ces chantiers sont immenses et les bénéfices prometteurs.

Quels seraient ces bénéfices ?

Images-19Au plan de la théologie spirituelle, je crois savoir que les saints de « l’Eglise indivise » (avant le schisme de 1054) attirent l’attention et suscitent la dévotion d’un certain nombre d’orthodoxes russes. J’ai pu avoir la confidence d’un higoumène en ce sens et y vois un enjeu très profond : imaginons un rayonnement de Saint Benoît vers les vastes terres de l’Est… N’oublions pas la grande figure de Saint Cyrille, l’évangélisateur des peuples slaves, dont le corps repose dans une chapelle de la basilique Saint Clément à Rome. Dans l’autre sens, la découverte de belles figures de sainteté comme Séraphim de Sarov, Féodor Kouzmitch, des martyrs orthodoxes du XXème siècle… par les fidèles catholiques est riche de promesses.

Sur le plan liturgique, Benoît XVI a voulu renouveler la conscience des fidèles en les ouvrant au véritable esprit de la liturgie, notamment avec la mise en application du Motu Proprio Summorum Pontificum (2007). Nous savons que cet événement liturgique a été salué par de nombreuses personnalités du monde orthodoxe habitué à vivre les cérémonies liturgiques selon l’antique tradition.

Sur le plan doctrinal, pourquoi ne pas envisager à frais nouveaux l’approfondissement de certains points du dogme dans un plus grand souci de vérité et de fidélité, par-delà les parasitages de l’histoire liés à des questions politiques ou à l’orgueil humain ? Je veux parler ici de l’approfondissement théologique qui a besoin de l’Ecriture Sainte et de la Tradition des Pères du premier millénaire de l’Eglise. Catholiques et Orthodoxes pourraient travailler ensemble avec fruit le fameux Commonitorium de Saint Vincent de Lerins (5ème siècle) et l’essai sur le développement du dogme du Cardinal Newman (19ème siècle). Nous avons là un rocher doctrinal très sûr pour nous mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint qui ne s’est pas arrêté de parler pendant le deuxième millénaire.

Le Pape a-t-il une idée derrière la tête ?

Dieu seul le sait ! Ce que pour ma part je constate, c’est que cette rencontre arrive au terme de l’année de la vie consacrée et au début du jubilé de la Miséricorde proposés par le Souverain Pontife à l’ensemble de l’Eglise Catholique. La Providence a ses desseins. En effet, le réveil du monachisme en Russie ne passe pas inaperçu dans le monde catholique et la riche doctrine spirituelle des anachorètes orthodoxes est bien souvent en osmose avec celle de leurs homologues latins. Dans le secret des skites de Valaam on n’est pas loin de l’esprit qui règne à la Grande-Chartreuse.

Selon vous, cette rencontre historique plaît-elle à tout le monde ?

Si certains dans l’Eglise en France peuvent avoir quelques réticences face à un rapprochement avec l’orthodoxie russe, c’est parce que les idées libérales de mai 68 n’ont pas encore totalement disparu. Les temps sont autres maintenant car des franges de plus en plus larges de l’Eglise Catholique, je parle ici de la situation française, n’ont plus peur désormais d’aller à contre-courant de la société et ne redoutent pas la pensée dominante. Il faut bien se le dire, et la Manif pour tous l’a révélé, des millions de catholiques français sont heureux et fiers de suivre le Christ et n’ont pas peur des intimidations de la culture mortifère d’aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle ils sont et seront heureux de coopérer avec les orthodoxes de Russie. Ne partagent-ils partagent les mêmes convictions pro-vie et pro-famille face à un monde qui, de bien des façons, est sous l’emprise du Mal ? En d’autres termes, n’ayons pas peur de nous mouiller dans les eaux de la Moscova, elles n’ont rien à envier aux rapides de la Seine.

Comment vous qui êtes catholique romain percevez-vous le Patriarche Kirill ?

Unknown-50Je garde un souvenir marquant. Il se trouve qu’il y a quelques mois j’ai retrouvé une photo prise lors d’un pèlerinage en Russie en juillet 1993. Nous étions près de 80 participants, français et russes, catholiques et orthodoxes, à marcher pendant une centaine de kilomètres au cœur de la Russie post-soviétique. Lors d’une pause dans un village, nous avons rencontré un jeune métropolite. En regardant cette photo, je reconnus celui qui devait devenir le Patriarche Kirill. A l’époque, nous avions perçu son ouverture de cœur à l’endroit des catholiques que nous étions, ce qui était prometteur et n’était pas partagé par tous en Russie.

La Moscova peut-elle se jeter dans le Tibre ?

Attention aux formules toutes faites. Ici-bas les choses sont complexes. Comme toujours lorsqu’il s’agit de l’extension du règne du Christ dans les âmes, il faut apprendre à lire de l’intérieur et chercher à entendre les désirs de Dieu pour y répondre. Lui seul sait ce qui est bon. « Qu’ils soient un » avait prié le Christ. Sans oublier l’intercession de la Vierge Marie, tant aimée de l’Atlantique à l’Oural.


Paris : la construction du centre spirituel et culturel orthodoxe russe avance

Ce projet ambitieux, d'un coût évalué à 100 millions d'euros, a été commandé par l'État russe à l'architecte français Jean-Michel Wilmotte. Quai Branly, le long de la rive gauche de la Seine, sur un terrain de 4 600 m2 où était érigé auparavant le siège de Météo France, cinq bulbes couronneront la cathédrale orthodoxe au coeur d'un vaste centre culturel, avec notamment une école primaire franco-russe, une librairie, des salles d'exposition, un café et un centre paroissial avec un auditorium. C'est le chantier naval vannerais Multiplast, qui réalise les cinq dômes dorés à l'or fin qui, l'an prochain, couronneront l'édifice orthodoxe en cours de construction près de la Tour Eiffel.

En plus du dôme principal, quatre autres bulbes identiques aux dimensions moindres, d'une hauteur et d'un diamètre de 6 m, sont construits.

« Deux sont déjà totalement dorés à l'or fin. C'est une technique très particulière menée par deux salariées des ateliers parisiens Robert Gohard, qui ont ainsi travaillé sur le dôme de l'Hôtel des Invalides et la place de la Concorde à Paris, ou encore la statue de la Liberté à New York. Il faut une semaine pour dorer un petit dôme et deux pour le plus grand. Au total, ces deux femmes vont placer 90 000 feuilles d'or, larges de 8 cm sur 8 cm, sur une surface de 600 m2 », précise Guillaume Kemlin.


La touchante histoire des Lykov et d'Agafia

En 1978, des géologues soviétiques découvrent, perdue dans la Taïga de la république de Khakassia, en Sibérie, une famille de Vieux Croyants vivant à l’écart du monde, en totale autarcie, dans une existence rythmée par les traditions de cette "petite église" orthodoxe : les Lykov. Leur histoire passionne le pays, entrainant de nombreuses manifestations de sympathie à l'égard de ses représentants d'une autre époque. Aujourd'hui seule Agafia, la fille de la famille, demeure en vie, fidèle à la tradition de sa famille, dans les mêmes lieux.

Un livre "Ermites dans la Taïga" a raconté cette histoire vraie. Aujourd'hui, la chaine russe Russia Today (RT) propose un reportage sur Agafia. C'est en anglais.

Enfin, RT relaie l'appel à l'aide d'Agafia, qui à bientôt 70 ans a du mal à faire face dans la solitude aux nécessités de la survie sibérienne.